HAL Id: dumas-01615552
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Incidences de la préparation d’un festival sur l’analyse
de films documentaires en termes de réécriture
Virginie Briffaut
To cite this version:
Virginie Briffaut. Incidences de la préparation d’un festival sur l’analyse de films documentaires en termes de réécriture. Sciences de l’information et de la communication. 2000. �dumas-01615552�
Virginie BRIFFAUT
MAÎTRISE EN
SCIENCES DE L'INFORMATION ET DE LA DOCUMENTATION
Rapport de
stageStage
effectué du
29 juin
au31
août
2000
aux
CAHIERS DU FUTUR
Lille
Les
cahiers dm
environnement et développement
2 BrueJean Moulin 59800 Lille Fiance Tél.: 33(0)3 20 55 55 58
Fax: 33(0)3 20 12 01 00 y
Email:ecofilmJôlclub-intemet.tr
Sous la direction de :
Marie
Després-Lonnet,
responsable universitaire
Thierry Maous,
responsable professionnel
LILLE 3 12 octobre 2000
UNIVERSITE CHARLES DE GAULLE
UFR IDIST
D
III
B.U.C. LILLE 3
llllllllllllll
569985 8Virginie BRIFFAUT
MAITRISE EN
SCIENCES DE L'INFORMATION ET DE LA DOCUMENTATION
Rapport de
stageStage effectué
du
29 juin
au31
août 2000
aux
CAHIERS DU FUTUR Lille
Les cahiers du
environnement etdéveloppement 2 BrueJeanMoulin59800LilleFrance
Email: ecofîlm®club-intemei.fr
Sous la direction de :
Marie
Després-Lonnet,
responsable universitaire
Thierry Maous, responsable
professionnel
LILLE 3
UNIVERSITE CHARLES DE GAULLE
UFR IBIST
«
Incidences
de la
préparation
d'un festival
sur
l'analyse de
films documentaires
en
terme
de
réécriture
»
Tabledes matières.
Introductiondusujet p.2
PREMIEREPARTIE :LESCAHIERSDUFUTUR : EDUCATIONAL'ENVIRONNEMENTET
FESTIVALECOFILM p.3
1- LesCahiers duFutur :sensibiliser à l'environnement p.4
2- Ecofilm, Festival International du Film d'Environnement p.4
DEUXIEMEPARTIE : BASEDEDONNEESETANALYSE p.8
1- La base dedonnées de Cahiersdu Futur p.9
2- Exemple d'une recherchesurla base p.10
3- Résumésetdescriptifs p.12
TROISIEMEPARTIE : SURLE TERRAIN p.15
1- Présentation etméthode de travail p.16
2- Précisionssurlecontenu des fiches p.18
3- Quelques exemples de fiches d'analyse réalisées après visionnage p.20
QUATRIEMEPARTIE : L'AUDIOVISUEL,UN DEFI POUR LES DOCUMENTALISTES p.25
1- Ledocumentaire, un genredifficile àcerner p.26
2- Survolhistorique p.27
3- Ladocumentation du documentaire p.28
4- Leslimites de lavidéothèquedesCahiersdu Futur p.30
Conclusion p.32
Sources d'information p.36
Introductiondusujet.
Lapréparation d'unfestivalde films inclut,entreautrestâches, la sélection des œuvres
présentées en compétition et lors de projections thématiques. Ecofîlm, le Festival
International du Film d'Environnement, n'échappe pas à cette règle. Les films proposés au
public répondentàuncertainnombredecritèrespropres àchaque manifestation.
Il estdoncprimordial,avant de sélectionner les films, de cernerclairement les besoins du festival : quelenestsonthème ? Qu'englobe-t-il ? Que rejette-t-il ? Egalement, à queltype
de public a-t-on affaire? Quel(s) type(s) de films veut-on montrer? En un mot, pourquoi
privilégier un film et pas un autre? La réponse à ces interrogations passe par l'analyse des
films.
Le thème d'Ecofïlm englobe de nombreuses notions liées à l'environnement en
général. Cependant, l'homme n'est jamais absent des sujets exploités. Pollution, développement, contrôle de l'écosystème, dérèglements climatiques, traitement des déchets sont des thématiques préférées à celles des documentaires purement animaliers. Les films
présentés à Ecofîlm gardent tous en fil rouge les relations de l'être humain avec son
environnement.
L'étude suivante tentera de mettre enrelief la portée etle type d'influence qu'exerce
l'organisation d'une manifestation spécifique (ici, un festival) sur le contenu des champs d'analyse d'un genre audiovisuel particulier, en l'occurrence le documentaire.
Les
Cahiers
du
Futur
:
éducation
a
l'environnement
et
1- LesCahiersduFutur: sensibiliseral'environnement.
Dans le cadre de la maîtrise Sciences de l'Information et de la Documentation, j'ai
effectué un stage de deux mois au sein de l'association Les Cahiers du Futur, 2B rue Jean
Moulin, 59 800 Lille.
Les différentes activités de l'association s'inscrivent dansune politique de promotion
de la culture scientifiqueet del'éducation àl'environnement.
Ainsi, au cours de l'année, l'association intervient au niveau des établissements
scolaires (collèges et lycées), des foyers de jeunes travailleurs, ainsi que des maisons de
quartiers de la région Nord-Pas-de-Calaispour y assurer des animations, projections etdébats autourdeproblématiques liées à l'environnement (actionsenmatière d'espacesverts ; gestion
de l'eau ;traitement des déchets...).
Par ailleurs, l'association est présente lors de chaque manifestation officielle réunissant les acteurs de l'environnement, de l'éducation et de l'audiovisuel (Assises Nationales de l'Educationàl'Environnement; Salon de la Nature, Festival de Cannes...).
2-Ecofilm, Festival InternationalduFilmd'Environnement.
a- Qu 'est-cequelefestival Ecofilm ?
En outre, l'association organise tous les ans depuis sa première édition en 1998
Ecofilm, le Festival International du Film d'Environnement. Cette manifestation est un lien
entre les jeunes, les enseignants, animateurs et éducateurs, les professionnels de
l'environnement et de l'audiovisuel. A travers l'association, elle est un instrument facilitant l'organisation de projets grâce à la mise à disposition d'outils pédagogiques (films), de documentation, de données sur l'environnement. Ecofilmest unlieu d'échanges et de débats autourdeproductions audiovisuelles surl'environnement.
Les champs couverts par le festival sont variés : biodiversité, agriculture, eaux, air,
environnementurbain,rapportNord-Sud,paysage...
Les films se présentent sous la forme de films d'animation, de dessins animés, de
films de fiction, de courts-métrages et de documentaires et sontdestinés à différents types de
public (scolaires, grand public, professionnels del'environnement, de l'audiovisuel et acteurs
^Le festivaltouche de nombreusessphères. Ainsi, il concerne :
- au niveau
international, les réalisateurs, producteurs, directeurs de programmes
TV;
au niveau national, les réalisateurs, producteurs, distributeurs, directeurs de
programmes TV, la presse (radio, TV, magazines, presse spécialisée, presse
associative) ;
auniveaurégional, les professionnels de l'audiovisuel,acteurs de l'environnement,
grandpublic, enseignants, lycées, collèges, écolesetassociations, TVetpresse ;
- au niveau
local, les acteurs de l'environnement, le grand public, les lycéens, collégiens etécoliersetles associations.
^Lefestival Ecofilmtientunrôle assezlargeauniveaurégional :
-unrôle culturel : lefestival estunévénementcinématographique : courts-métrages,
animation,fiction,reportages... ;
-un rôle environnemental : c'est un outil de communication en direction de
plusieurs centaines de journalistes. De plus, il sensibilise un public très large
pendant 4 jours àtraverssamédiatisation;
un rôle de mémoire audiovisuelle : un exemplaire de chaque film est déposé à la
MaisonNatureetEnvironnement ;
un rôle éducatif: des animateurs sensibilisent à l'année des lycées, collèges et
écolesetdesassociationsenutilisant les 300 cassettesreçues en 1998et 1999 ;
- un rôle
économique : l'ensemble du budget est dépensé en Région Nord-Pas de
Calaisetdes créationsd'emplois jeunes sontprévues.
Le festival Ecofilm est organisé sous la direction de Thierry Maous. Bénévole permanent aux Cahiers du Futur, il est aidé par un à trois stagiaires tout au long de Tannée.
Ceux-ci ontdes profils variés : étudiants enbiologie ou en environnement, élèves attachés de presse, étudiants en documentation, futurs professionnels de l'audiovisuel... La durée des stagesdépassantrarement trois mois, l'équipe changesans cesse.
La première édition d'Ecofilm s'est tenue de justesse en 1998. Le responsable de
l'association lilloise Ecofilmayantcessétouteactivité, le festival aétérepris trois mois avant
la dateprévuepourl'édition 98 etentotalitéparl'association les Cahiers du Futur. Le festival
Ecofilm 98 a pu être organisé grâce à des subventions allouées par le Ministère de
l'Environnement, la société ELF Atochemetle Conseil Régional.
A l'issue du festival 98, s'est tenue une réunion à laquelle ont participé Thierry
Maous et ses co-organisateurs ainsi que Marie-Christine Blandin. Consciente des difficultés
rencontrées lors de lapréparation du festival et de la faible participation du public, celle-ci a
proposé à l'équipe de préparer néanmoins une seconde édition en les assurant de la participation du Conseil Régional.
Cette secondeéditions'esttenuedu 12 au 16 octobre 1999auNouveau SiècleàLille1.
Trois compétitions différentes ont été organisées, réunissant chacune unjury et remettant
plusieurs prix. La compétition officielle avait pourjury un représentant des métiers de la
documentation, une réalisatrice, unejournaliste etun étudiant enBTS audiovisuel. Ce jury a remis le Grand Prix du développement durable (documentaire), au nom du Conseil Régional
Nord-Pas de Calais, le Prix Agenda 21 couronnant la fiction et le court-métrage, le Prix du film d'animation et le Prix de la meilleure enquête. Un jury spécial composé d'un
représentant du service audiovisuel du Ministère de l'Agriculture etde la Pêche, du directeur
du Carrefour Rural (relais d'information mandaté par la Communauté Européenne dans le
Nord-Pas de Calais), d'un réalisateur, d'un animateur duCEDAPAS (Centre d'Etude pour le
Développement d'une Agriculture plus AutonomeetSolidaire) etdu directeur communication
de l'InstitutSupérieur d'Agriculturearemis le prix du développement durable enmilieu rural,
au nom du Ministère de l'Agriculture et de la Pêche. Enfin, la troisième compétition, une
nouveauté 99, était réservée auxfilmsd'entreprise etauxfilms de collectivité territoriale dont lejury regroupait une représentante des Eco Maires, la directrice du CNAP (Centre National des Archives Publicitaires), le directeur de l'Agence Régionale de l'Energie et la directrice Information et Communication du Département du Nord.. Ce jury a remis les premier et deuxième prix du film d'entreprise ainsi que les premier et deuxième prix du film de
collectivité territoriale. Le palmarès peut être consulté sur Internet sur le site du Conseil
régional du Nord-Pas de calais, ainsique des extraits des films
primés.2
Le festival 99 a proposé, en plus de la programmation des films en compétition, des
soirées thématiques : une soirée Afrique,une soirée courtsmétrageset une soirée projetant le
1
cf.annexe,extraitsducatalogue99,pp.i àv
2
meilleur d'Ecofilm 1998. Deplus, deux débatsontétéorganisés : «Commentinformer surles
risques majeurs ? » en collaboration avec les Eco Maires et «Comment la pub surfe sur
l'environnement... ».
La manifestation a bénéficié d'une couverture médiatique aussi large que variée :
presse régionale et nationale, radio, télévision régionale etnationale ont fait la promotion de l'événement, ce qui a permis d'élargir le public ainsi que d'augmenter la fréquentation.
L'édition 1999 a été une réussite,malgré les difficultés rencontrées lors de son organisation,
notamment auniveau des financements. L'association les Cahiers du Futur étant à but
non-lucratif, elle nepeutse passerdesubventionsetde sponsoring.
Fortde sonsuccès, Ecofilm 99 aété repris clé en main par une dizaine de villes dont
Calais, Hendaye, Saint-Dié des Vosges, Lewarde...ainsi qu'au Burkina-Faso (par les centres
culturels français de Ouagadougou et de Bobodioulasso). Thierry Maous projette de décentraliser le festival dans les stations de ski cet hiver, dans quelques autres villes françaises ainsi qu'en Belgique, en Angleterre, en Italie et en Norvège. Par ce moyen, non
seulement le festival se fait connaître hors des frontières du Nord-Pas de Calais mais de plus,
les recettes apportées sontinsufflées dans l'organisation de laprochaine édition (avril 2001),
ce qui permetderelâcher la dépendancefinancière dufestivalpar rapportaux sponsorsetaux
organismes.
Base
de données
et
analyse.
L'association les Cahiers du Futur possède un outil documentaire majeur pour
organiserde façonméthodique l'afflux de films reçus en prévision d'Ecofilm. Ainsi, tous les
films sélectionnés pour le festival depuis ses débuts sont entrés dans la base de données de l'association (Filemaker Pro3), soit environ 1600 titres. Cette base est équipée de trois
thésaurus dont deux sont en activité. Ils regroupent environ 500 mots clés, classés dans de
grandes catégories à thématique environnementaliste. Elle est sollicitée toute l'année, notamment par les animateurs de l'association. Grâce à elle, ils peuvent préparer une
animation à la carte dans les centres aérés, les écoles et autres. Cette année, par exemple, un
centreaéréqui avaitpourthème conducteur lamer abénéficié d'une animation sur cethème.
La base de données est indispensable au fonctionnement des Cahiers du Futur hors
festival mais elle ne prend pas forcément en compte tous les points de l'analyse des films
qu'ellecontient.
1-LABASE DE DONNEESDESCAHIERSDUFUTUR.
L'association est équipée de Filemaker Pro3 installé en réseau sur les 3 ordinateurs principaux. La base a divers rôles : carnet d'adresse général, carnet d'adresse spécifique à Lille, base de données consacrée aux festivals régionaux, nationaux et internationaux et
surtout, en ce qui concerne cette étude, d'une base de données consacrée aux films ayant
participéà Ecofilm ouàundesesdérivés.
Chacun de ces films correspond à une fiche descriptive, composée de champs
variés3.
Ainsi, plus ily ad'informations sur unfilm, plus il estfacile de leretrouverdans la base. On
peut donc sortir une fiche à partir, par exemple, du genre du film (dessin animé, documentaire, fiction...), du pays de production, du réalisateur ou de la source. Toutes ces
informations peuvent être retrouvées grâce à des menus déroulants. De plus, chaque fiche est dotée d'unrapide résumé du filmenfrançaisetenanglais.
On peut également entreprendre une recherche thématique grâce aux thésaurus
contenus dans la base. Ils sont au nombre de trois : l'Anisaurus, consacré aux mots clés
animaliers, le Géosaurus, recensantleslieux clés, etle Thésauruspour lesmots clés généraux
dontles cinq facettessont:
ressourcesnaturelles etagriculture ;
-géographieetaménagementdes territoires ;
industrieseténergies ;
- homo
sapiens
durabilis4
Asignalerquel'Anisaurus n'étaitpas enservice lors demonstage.
2- Exemple d'unerecherche sur la base.
Les Cahiers du Futur sont souvent sollicités par d'autres organismes désirant bénéficier ponctuellement de sa vidéothèque. L'an dernier, l'association a ainsi préparé un
mini-festival sur le thème des arbres pour la ville de Réaumont,en prolongement du festival
Ecofilm. L'expérience ayant été concluante, la municipalité désire réitérer l'événement cette
année. A cette occasion, il afallu rechercher de nouveaux films sur le thème de l'arbre dans
les catalogues 1999 ou2000 d'autresfestivals (ou plusexactementdans les listes déjà établies pour Ecofilm 2001 à partir de ces catalogues) ainsi que dans la base de données. Afin de ne pas retomber dans la base sur des films déjà proposés l'année précédente, l'un des critères
était l'année de production. Le champ année répondait donc à « 1999
»5.
Il a fallu ensuite définirunchoix demotsclés àpartirdu thésaurus général.La requête était donc la suivante : afficher les films produits en 1999 et dont le sujet
concerne l'arbre/lesarbres.
Dans la facette «ressources naturelles et agriculture» du thésaurus, les séquences
suivantes ontétéretenues :
TG CULTURE ET ELEVAGE TS 1 sylviculture TS 2déboisement TS 2reboisement TG BIODIVERSITE TS 1 flore 3
cf.annexe,exemples,pp. viàviii
4
cf. annexe,contenudes thésaurus,pp. ix à xiii
5
TGESPACES NATURELS
TS 1 forêt
TS 2 forêt demontagne TS 2forêtprimaire
TS 2 forêttropicale humide
Dans la facette « industries et énergies » du thésaurus, la séquence suivante a été retenue :
TG INDUSTRIES DETRANSFORMATION
TS 1 industrie du bois
TS 2 papier
Lesmotsclés ontété choisis auniveaudestermesspécifiques 1.
Les quatrerequêtes peuventêtrerésumées commesuit :
ANNEE DE PRODUCTION 1999 MOT-CLE Sylviculture ANNEE DEPRODUCTION 1999 MOT-CLE Flore ANNEE DEPRODUCTION 1999 MOT-CLE Forêt ANNEE DEPRODUCTION 1999
MOT-CLE Industrie du bois
Ces requêtes, menées une par une, ont permis de retrouver environ cinq films
répondant à la demande de l'Eco Maire de Réaumont.
Les films entrés dans la base de données sont des documents qui ont été sélectionnés
pourle festival. Celanesignifie pas quetous ces films ontété retenus pour la programmation lorsdes éditions d'Ecofilm. En 1999, seuls soixante-sixfilmsontétéprogrammés. Cependant,
l'association conserve dans sa vidéothèque tous les films reçus et qui présentent un intérêt
3- RESUMESETDESCRIPTIFS.
Lors de la préparation du festival, chaque film candidat à la programmation est
visionné et analysé dans le but de décider de son intérêt et de sa qualité informationnelle et
audiovisuelle. Si le film répond favorablementauxattentesde l'association, il est rentré dans
la base. La recherche parmotsclésporte surlecontenudu thésaurusetnon pas surle résumé.
Celui-ci est bien souvent simplement recopié à partir de la jaquette de la cassette envoyée ou, le plus souvent, sur les catalogues où les œuvres sont repérées. Au besoin, ces résumés tout prêts sont légèrement modifiés si l'accent n'est pas assez mis sur l'aspect
environnemental du document. Dans l'optique de cette étude, il était nécessaire de faire
abstraction de ces résumés et de rédiger des descriptifs indépendants et répondant auxrègles établies par Colette Loustalet et ses
collègues6.
Cependant, la propension à coller à lathématique du festival ainsi que la lecture préalable des résumés influent certainement sur la
rédaction des descriptifs.
En effet, celle-ci reprend parfois des mots ou expressions utilisés préalablement dans le résumé du film traité mais c'est surtout parce que ces mots sont ceux qui répondent le
mieux àlathématique environnementaliste d'Ecofilm. Le meilleur exemple estcelui du film
Green Stress. Ce film est assez difficile àdécrire puisqu'il s'apparente àun essai dont l'idée conductrice n'évolue pas au cours du film. Le résumé proposé est concis et précis : « le mal d'être d'une ville vu par ses végétaux ! ». En une phrase, on retrouve deux mots clés ou
assimilés(villeetvégétaux)ainsi quel'oppositionqueleurs notionsimpliquent, cequi le situe
pleinement dans le faisceau de films recherchés. Il est donc parfois difficile de rédiger un
descriptif qui ne recoupe pas, d'une manière ou d'une autre le résumé, du moins dans sa
première phase (une phrase qui donne des précisions surl'objectif du film).
En effet, dans le cas de l'entrée du film dans une vidéothèque classique, on peut
imaginer que le descriptif aurait été tout à fait différent ou du moins pas autant axé sur la
dimension écologique ou environnementaliste du sujet. Par exemple, le film La Rivière des
Galets de Sylvaine Dampierre. Il montre la réinsertion professionnelle d'un groupe de chômeurs de la Réunion grâce au travail effectué dans un jardin d'insertion. Le film est
composésurtoutd'entretiensavec ces personnagesetavec le personnel encadrant ainsiquede
6
Loustalet, Colette.Décrire l'audiovisuel:manuelméthodologiquepourl'analyse decontenudesdocuments
audiovisuelsà caractère documentaire. Paris: CentreNational de DocumentationPédagogique, 1983. Collection GuidesPratiques. ISBN2 240 00005-8.
scènes de leur vie quotidienne. Pour une vidéothèque classique, le sujet principal, c'est la réinsertion des travailleurs, le côté social et économique du projet. Mais pour le festival,
l'intérêtdufilm, c'est lejardin. Il représenteunnouvel enracinement, la possibilité duretourà la terre après la déstructuration du paysage par l'essor économique, essor qui a exclu les
personnages. A signaler que ce film fait partie d'une série appelée «D'un jardin, l'autre »
dont un autre épisode a été primé lors de l'édition 1999
d'Ecofilm7.
Pour une vidéothèque normale, cettesérie utiliseunjardincommeprétexte,commefil rougemais elle dressesurtoutdes portraits d'êtres humains dans une situation difficile. Pour Ecofilm, le jardin est l'instrument d'un changement dans la vie des chômeurs, il apporte un bien-être, en bref, la
naturevientau secoursde l'homme.
Dansl'optique d'Ecofilm, l'analyse decefilmestdonc la
suivante8
:Champ 4 Typedudocument Reportage
Objectifetobjet Visantàsuivre leparcoursde la réinsertionprofessionnelle de Réunionnaisgrâceautravail dansun
jardin
procedesderealisation Prises de vueréelles
preponderanceal'ecran
-Plusieurs personnages : des
chômeursetdesmembres
dupersonnel
d'encadrement;
- Lieux : le
jardin, le domicile
des chômeurs, le bureau
d'insertion
Utilisationde /
elementsessentiels de la bandeson
Interviews en sondirect, sous-titres
(créole)
Structureettonalité Alternanced'interviewsetde
séquencesmontrantles stagiairesau
travail dans lejardin, enformationetà lamaison
7
UnenclosdeSylvaine Dampierre. Production Playfilm, 1999. Cefilmtraceleportrait de détenuesà laprison
deRennes.Ces femmesontlapossibilité de travailler dansunjardinentrelesmursde laprison.
8
Fiched'analyse proposée dans le livre de ColetteLoustalet,op.cit.Leschamps 1 à 3 serventà identifier le document.
Champ 5 Descriptif Ledocumentveutmontrerle rôle d'un
jardin d'insertion dans leretourau travail d'un groupe de chômeurs de
longue durée.
Nombreuses scènes filmées dans la
nature :jardin d'insertion,campagne
environnante,jardins personnels des stagiaires.
Alternanceavecinterviews de
stagiairesexpliquantles problèmes qu'ilsrencontrentliés à leur chômage
etl'impact positifounégatif du
programme du jardin d'insertion.
Interviewsduformateur.
Dans le descriptif, le choix a été fait de mettre en avant l'impact du jardin sur la vie des chômeurs et non pas sur les conditions sociales et économiques de la Réunion, thème
également abordé dans le film. On voit bien ici l'influence de la thématique d'Ecofilm sur
l'analyse dufilm.
Il reste encore à décrire la méthode utilisée pour établir l'analyse d'un film documentaire dans le cadre de la préparation du festival non pas de manière hypothétique maisconcrètement.
SUR
LE
TERRAIN...
1- PRESENTATIONETMETHODEDETRAVAIL.
Sélectionner des films pour unfestival estuntravail de longue haleine. La méthode la
plus utilisée consiste à repérer des films entrant dans la thématique recherchée dans les catalogues d'autres manifestations sur la base de simples résumés. Un courrier est ensuite
adresséau producteurou audistributeur du filmretenu. Si ceux-ci sontintéresséspar le projet
(ce quiest fréquent, les festivals étant un des meilleurs moyens de faire connaître sontravail
dans le milieu de l'audiovisuel), ils envoient unexemplaire de l'œuvre à l'organisation de la manifestation. A réception de la cassette, le film est visionné et retenu ou non pour la
programmation. Cette méthode prend beaucoup de temps à cause des envois postaux et les
films serévèlentparfois décevantsparrapportà leur résumé quipeutêtretrompeur.
Une seconde méthode consiste à aller chercher les films à la source : les festivals.
Grâce aux vidéothèques proposées dans ces manifestations, il est facile de consulter les
catalogues, de faire une présélectionet de visionner immédiatement les films intéressants sur place, sans avoir à subir les délais d'organisation d'un mailing et le temps de réaction des
maisons de production et de distribution. Certes, il faut financer l'entrée au festival, les
déplacementsetlogements éventuels mais le fait de participer àces manifestations procurede
nombreux avantages tels le contact direct avec les acteurs de l'audiovisuel et la presse et la
possibilité de visionner des nouveautés.
C'est dans cetteoptique quej'ai eu l'occasion deme rendre à Lussas,enArdèche, afin
departiciperauxEtats Généraux duFilm Documentaire, du 20au26 août 2000.
a- Lussas,sourcede l'étude.
Depuis 1989, le petit village de Lussas reçoit quelques milliers de visiteurs de toutes
origines (4 000 l'an dernier) le temps du festival. Les Etats Généraux du Film Documentaire
se veulent différents d'un festival traditionnel. Chaque programmateur signe sa sélection et
toute projection donne lieu à des débats et des discussions, souvent en présence des
réalisateurs. De plus, l'événement étant concentré dans l'unique rue du village, c'est un lieu
de rencontres et d'échanges axé autour des films documentaires. Dans mon cas, cependant,
c'est surtout la vidéothèque de la Maison du Documentaire qui a été mise à contribution. Environ 700 films produits en 1999-2000 sont à disposition du public. Répertoriés dans un
documentaires sont également classés dans des index nominaux et thématiques. C'est là que j'aiputrouverlamatièrepourréalisercetteétude.
Maméthode de sélection fut la suivante :j'ai d'abord consulté les index thématiques
de la vidéothèque. Parmi les thèmes abordés, plusieurs ont retenu mon attention car ils
correspondaient à la thématique d'Ecofilm. Ainsi, j'ai présélectionné les documentaires
classés sousles thèmes suivants (par ordrealphabétique) :
climat; -développement; - eau ; -écologie; - environnement ; - mer ; -paysage ; -pêche ; -pollution.
Une fois le nom des films et leur cote relevés, j'ai affiné ma sélection par la
consultation ducatalogue. Alalecture des résumés indicatifs correspondantauxtitres retenus,
je me suis rendu compte que certains documentaires ne correspondaient pas à nos critères,
malgré leur classement thématique. Par exemple, undocumentaire classé sous « écologie » et
nommé Nain Rouge, titrepeu évocateur, s'estrévélé hors sujet. Il s'agissait en fait d'un film
sur les écureuils qui semblait trop «animalier» et où la présence de l'homme n'intervenait
pas, comme expliqué plus haut. Devant l'existence de plusieurs festivals du film animalier,
Ecofilm se démarque donc de cette thématique. En conséquence, Nain Rouge a été écarté de maprésélection à l'issue de laquelleunevingtaine de titressontrestés.
b- Les outilsdetravail
C'est par un visionnage et une analyse du contenu quej'ai pu faire un tri dans cette
première sélection. Afin de m'aiguiller, j'ai utilisé le livre Décrire l'audiovisuel: manuel
méthodologique pour l'analyse de contenu des documents audiovisuels à caractère
documentaire9. Cet ouvrage présente les règles d'harmonisation du travail de description des
documents audiovisuels à caractère documentairedégagéespar un groupede travail animépar Colette Loustalet, une documentaliste, dans le cadre de l'association Médiadoc-Sciences.
C'est dans le souhait d'améliorer la diffusion et l'utilisation des documents audiovisuels
disponibles enFrance que cesrègles ontété énoncées. Il semblait nécessairede normaliser un
passage assez délicat : celui du visionnage d'un document audiovisuel, donc composé
d'images et de sons, à larédaction d'une «reproduction» sous un mode écrit du contenu de
ce même document. Ne possédant pas ou peu de connaissances particulières surl'analyse de
documents audiovisuels,j'ai donc pris comme guide les fiches proposées par ce livre. Cette
aide m'a permis de prendre conscience des informations importantes à signaler sur la fiche
d'analyse mais également de me familiariser avec le vocabulaire particulier à l'audiovisuel.
Ainsi,j'ai pu, à mon échelle, réaliser les analyses de quelques documentaires, tout en étant
consciente de mes limites : faire cette exercice sur la base du visionnage d'une quinzaine de
films et sans «garde-fou » (c'est à dire sans documentaliste chevronné pour m'épauler etme
corriger, comme cela a été le cas aux Cahiers du Futur) entraîne forcément quelques lacunes
etmaladresses.
2- PRECISIONSSUR LE CONTENU DES FICHES.
Une fois le choix d'un filmarrêté, il apparaîtque lecontenu des champs d'analysede
ces films, et particulièrement leur descriptif, varie selon les critères du festival en cours
d'organisation. Dans Décrire l'audiovisuel: manuel méthodologique pour l'analyse de
contenu des documents audiovisuels à caractère documentaire, Colette Loustalet et ses
collègues recommandent fortement de «ne parlerstrictement de ce que l'on voitet dece que
l'on entend et de rien d'autre qui soir extérieur au document visionné
»10
au moment de la rédaction du descriptif. Certes, mais celle-ci est-elle néanmoins influencée parla thématiquedu festival, comme évoqué plus haut? Quels sont les facteurs qui influent sur cette
rédaction ? Deplus, commentse fait le passage d'un documentaudiovisuel (le documentaire) àundocument écrit(la fiche d'analyse du même documentaire) ?
a- Leschampsetleurcontenu.
Les fiches proposentcinqchamps d'analyse, eux-mêmes divisés enblocs. Les champs
1 à 3 concernent les données d'identification du document : titre, durée, production,
9
ColetteLoustalet,op.cit.
10
réalisation, entre autres. Les champs 4 et 5 concernentl'analyse de contenudu document. Le champ 4 donne des critères de macroanalyse (six blocs) et le champ 5 correspond au
descriptif.
Lamacroanalyseest conçue comme un canevas : lastructure estdonnée commeguide detravail etil suffitde «remplir les trous ». Lesdifférents blocspermettentde définir:
- le
typedu document (reportage, essai, fiction... ) ;
-l'objectif visépar sonauteur ;
lesprocédés de réalisation (prises devueréelles, images animées... ) ; latonalité dudocument.
Le descriptif,quant à lui,estune descriptionducontenudu documentenlangage libre. Il apour but d'inciter l'usager à visionner le document et non pas à l'en dispenser. Ce n'est
pas un résumé. Il doit être néanmoins suffisamment explicite pour permettre à l'usager de juger si ouiou nonle document répond àsesattentes.
Le descriptif mentionne les sujets abordés dans le document mais n'entrepas dans les détails et de plus, il donne des informations sur le traitement du sujet. Le première tâche à
accomplirlors de l'élaboration d'un descriptifestlaprisedenoteslors du visionnage, qui aide
àretrouver la structure du document. Il faut retrouver une «table des matières » détaillée du
document11 qui seralacharpente du descriptif. En résumé, ledescriptifse composede :
- une
phrase qui donne des précisionssurl'objectif du film ;
l'annoncerapide de sa composition;
- lecontenude
chaque partie du point devue informatifetaudiovisuel. Eventuellement, onpeutajouterdes précisions surla tonalité du document.
b- La méthodeappliquée à Ecofilm.
Dans le cas de la préparation d'Ecofilm, l'accent a été mis sur le contenu
environnemental, écologique des documents. En effet, l'élaboration de ces descriptifs ayant
eu lieu après visionnage à Lussas, il fallait que, de retour, à Lille, l'intérêt du film pour le
festival soit immédiatementretrouvé à la lecture des fiches. On constatedonc que, influencée
par un élément subjectif (ici, le thème du festival), la rédaction de l'analyse de contenu est
axée dansce cas sur unaspectparticulier du document : sonsujet.
11
ColetteLoustalet,op.cit., p.46.
Enconséquence, les règles émisesparColette Loustaletet ses collègues ontété suivies
mais dans l'optique particulière de la sélection pour une programmation thématique. Afin de
mesurer ceque cette contrainte implique, il faut s'appuyersurdes exemples.
3-Quelquesexemplesdefichesd'analyserealisees après visionnage.
Quelques exemples de fiches d'analyse réalisées à partir de notes prises lors du visionnage à la vidéothèque de Lussas sont reproduits ci-dessous. Seuls les champs 4 et 5
apparaissent12.
a-Exemplesetcommentaires succincts.
Exemple 1.
Titre : GOELANDS, LA MENACE
Champ 4 TYPE DEDOCUMENT Reportage
OBJECTIF ET OBJET Visantàanalyserle problème de la
prolifération des goélands dueaux déchets humains
PROCEDES DE REALISATION Prisesdevueréelles. PREPONDERANCE AL'ECRAN Plusieurspersonnages :
spécialistesettémoins
interviewés surleslieux de
prédilection des goélands.
- Animaux : les
goélands
Lieux : ladécharge
d'Entressen, l'archipel de Riou,
unportde pêche.
UILISATION DE /
ELEMENTS ESSENTIELS DE LA
BANDESON
Sondirect, interviews sondirect,
commentaire voix off
STRUCTURE ET TONALITE Non-linéarité dudocument : succession
d'interviews de spécialistes
(ornithologues, guides), de«témoins »,
deplanssurles goélandsetles lieux
qu'ils occupent.
Clarté du discours des intervenants.
12
Documentvisantàattirer l'attention
des spectateurssur leproblème des
décharges à cielouvertàtraversla prolifération des goélands dansces
lieux.
Alternanced'interventions de divers
personnages, spécialistesoupas, surles conséquencesdu surnombre des
goélandsetde visites de lieux.
Interviewd'unspécialiste des goélands
avecladécharge d'Entressen pilléepar ces oiseauxau secondplan.
Visite del'archipel de Riou guidée par
unspécialiste de l'environnement.
Explicationssurles dégâts causéspar
lesgoélands surl'écosystème des îles. Interviews de «témoins »des méfaits
desgoélands dans unport depêcheet
enville.
Pourquoi ce film a-t-il été sélectionné : thématique de la pollution humaine et de ses
conséquences sur l'écosystème. De plus, le sujet bénéficie d'un traitement classique et didactique.
Exemple 2.
Titre : GREENSTRESS
Champ 4 typede document Essai
objectif et objet Visant à illustrer lapollution urbaine à
travers lesvégétaux
procedes de realisation Prises devue réellesàpartir d'images
fixes (80%)
preponderance al'ecran Objets : végétaux urbains detoutes
sortes
uilisationde Vuesaériennes(avion: vuesur une
pelouse)
elements essentiels de la
bande son
Bruits d'ambiance : bande-son d'une
bataille(talkie-walkie, hélicoptères,
coups de feu... )
structure et tonalite Enchaînement deplansfixessurles
végétauxetdegrosplanssurles tissus imprimés à fleurs de larue(vêtements,
nappes, sacs...)
Contenuimplicite : humour, métaphore, polémique.
Champ 5 descriptif Documentvisant àalertersurla
pollution des villesautraversd'images
devégétauxet surfond de bruits de guerre.
Gros planssurtoutes sortesde
végétaux urbains.
Présence d'une séquenceconsistant à fairede grosplanssurles tissus et
objets de la villeayantpourmotifs
fleursetfeuilles.
Pourquoi ce film a-t-il été sélectionné : thématique de la pollution urbaine. Deplus, le
sujet esttraité d'une manière succincte et humoristique, ce qui le sort un peu du lot. Il a une dimensionmétaphorique intéressante.
Exemple3.
Titre :LEPAYSAN, LESVACHES ET LA CANAILLE.
Champ 4 typede document Reportageàvocation documentaire objectif et objet Visant à suivre leconflitjuridique
opposant unagriculteur àun
entrepreneur
procedes derealisation Prises devueréelles preponderance al'ecran -personnage unique : lepaysan
- animaux : les vaches
uilisation de Effetsspéciaux : les vaches parlent. elementsessentielsde la
bandeson
Interviewsensondirectetvoix off.
Chanson des vachesenguise de
conclusion.
structure et tonalite Linéarité. Alternance d'interviews du paysanetdes vaches etde scènes de
vie.
Champ 5 DESCRIPTIF Le document consiste àsuivre le
déroulement d'un conflitjuridique
opposantunagriculteur àun
entrepreneursuite àuneopération qui a
entraîné lapollution de l'eau du
paysan.
Lerésumédesfaits estnarré parles
vachesdupaysan sur unton
humoristique.
Interviews des vaches entrechaque étape du conflit.
Scènesdevie dupaysanalternantavec les couloirs dupalais dejustice.
Pourquoi ce film a-t-il été sélectionné : thématique de la pollution, des «petitesgens »
(le paysan) se trouvant abusées parla recherche du profit aux dépends de la nature et de la
tradition. L'intervention desvachesdonneunedimensionhumoristique etoriginale à un «fait divers »qui seraitresté classiquesanscet apport.
Ici, l'intérêt du festival pour ces films est assez clair. Les résumés du catalogue présentent déjà de nombreux points répondant aux critères de
sélection13
: utilisation demotsclés tels pollution, déchets, paysan, décharge... ; opposition environnement/pollution,
entrepreneur de travaux publics/paysans, ville/végétaux. Cependant, ces résumés ne rendent pas compte du contenu du document : interviews de spécialistes, visites de sites ou bruits
d'ambiance ne sontpas cités alors qu'ils déterminent letype de document, letonque l'auteur
avoulu y mettre. Le visionnage permetde donner des précision surces aspects du document
et d'avoirdéjà une idée de sa place dans le festival. Parexemple, Green Stress, par sa durée
assez courte et par son ton impertinent trouverait parfaitement sa place en ouverture ou en
clôturede séance.
c- Lasélectionpermetd'élargir le public.
Il est vrai que, loin de se cantonner à des films «sérieux», Ecofilm ouvre grand sa
porte à l'humour, le décalage et l'impertinence. Alors, quand un film traite d'un sujet aussi grave que la pollution ou les OGM avec humour, il est d'autant plus recherché pour la
sélection. Ce genre de «concession» faite à une tendance à considérerl'écologie comme un
approches. Comme détaillé précédemment, Ecofilm brasse un public très large. Un collégien
n'a pas les mêmes besoins qu'un professionnel de l'environnement, ni la même capacité de réception. En conséquence, la programmation doit coller le plus possible aux exigences de
son public. A signaler que lors des deux éditions d'Ecofilm, une salle était spécialement
réservée aujeune public, salle où la programmation pouvait être faite à la carte à partir de
films spécialement choisis, selon les souhaits des éducateurs. De plus, Ecofilm 1999 a vu la naissance d'unecompétition de films d'entreprise etde films de collectivité territoriale. Selon les organisateurs, lacommunication d'entrepriseoude collectivité territoriale valorise de plus
enplus souventune prise de conscience environnementale des décideurs. Par conséquent, un
tel panel de publics permet une sélection plus large. Dans le cas d'Ecofilm, les critères de
sélectionconcernant lepublicne sont doncpas d'unenature extrêmement contraignante, bien
aucontraire. La sensibilisationauxproblèmesd'environnementgagne actuellement du terrain
àplus d'untitre,cequipermetdedrainerdespublics toujours plusvariésetnombreux. Ilest à
prévoirque le grand public,notamment, porteraunintérêt croissant àEcofilm.
Enfin, la rédaction du descriptif, permet de déterminer des mots clés qui ne sont pas
forcément présents dans le résumé du catalogueet qui aideront à enregistrer et àretrouverles
documentsdans la base de données de l'association.
13
1-Le documentaire, ungenre difficileacerner.
Une attention particulière a été portée au documentaire dans cette étude. Il convient donc decerner ce qu'estce genre. Selon leDictionnaire du
multimédia14,
ledocumentaireest un «genre de production cinématographique ou télévisuelle qui se distingue d'une partde lafiction parce qu'il fait référenceà un réel tangible et d'autre part à des émissions de plateau
parce qu'il ne nécessite pas la présence d'un animateur. Le documentaire se rapproche du
reportage mais il n'utilise pas le direct et il fait plus appel aux techniques de montage». On
peut avancer également que le documentaire a une dimension didactique. Il est souvent
porteur de savoir. En effet, pour Martine Blanc-Montayeur, directeur de la BPI, «art au
service de la connaissance, fait de la matière brute, il [le documentaire] fait palpiterau plus
prés de lavie, illusion devérité et vérité mêlées. Il a la force de l'image animée qui attire le
spectateur,mais pour ne pasêtre de fiction, il n'est pas seulement copie du réel : il est aussi point devued'auteur, réalité saisie sous unangle particulieret apporte larichesse ambiguë du
documentauthentique transfiguréparleprismedu regard
personnel15
».Finalement,qu'est-cequele documentaire ? Il n'estpasfiction, ni cinémaromanesque
mais son auteury exprime un point de vue. Les avis se contredisent. Guy Gauthier, dans Le
documentaire, un autre
cinéma16,
résume la situation : «Le documentaire est un secteurmineur de laproduction cinématographique puis télévisuelle. Il se caractérise par sa méthode
élaborée empiriquement depuis les prises de vue des Lumière jusqu'aux enregistrements
synchrones de longue durée qu'autorisent les équipements légers, cinéma ou vidéo. Son
domaine est circonscrit par les usages sociaux : production, distribution, demande supposée
dupublic. Il se distingue du film narratif, qui domine largement la programmation cinéma et
télévision, par sa méthode et son statut; du film didactique et du film expérimental par ses
finalités ; du film d'animation et du film de synthèse par le recours quasi-exclusif aux
techniques d'enregistrementsurle terrain.
On appelle aussi documentaire chaque film se rattachant à l'ensemble
«documentaire ». Les frontières entre film narratif, film documentaire et film expérimental
sont parfois incertaines, dans lamesure où les trois domaines participent de la création ; de même, les frontières entre film documentaire et film didactique sont difficiles à établir car
14
Notaise, Jacques,Barda,JeanetDusanter,Olivier.Dictionnairedu multimédia:
audiovisuel-informatique-télécommunications. Paris: AFNOR, 1996.ISBN2 12 465027 0. 15
Colleyn, Jean-Paul. Le regard documentaire. Paris :Editions du Centre Pompidou, 1993.Collection
l'un et l'autre relèvent de la connaissance. On associe généralement les deux références
-créationetconnaissance-sous l'appellation«documentaire de création ». »
2- Survolhistorique.
Le documentaire n'a pas toujours existé sous sa forme actuelle, elle-même encore
difficile à définir. La première forme de documentaire a pris sa source dans l'optimiste
résultant des progrès de la photographie dans la deuxième moitiédu dix-neuvième siècle.
Soudain, laphotographie devenait«image du réel» mais, contrairement à la peinture, cet art
est ombré de soupçon. Le fait, par exemple, d'utiliser des effets spéciaux sur les
photographies, entraîneimmédiatementuneaccusation de falsifier la vérité.
Aux environs des années 1900, la lanterne magique est remplacée par des vues animées. Cesontles débuts ducinématographe. Celui-ci estmêmeutilisé pourpropager la foi
au Canada ! L'ancêtre du documentaire, à cette époque, bénéficie souvent d'une mise en scène. Lespremiersfilmsdece type sont muets, sans montage etlaprésencedes intertitres y
est réduite au maximum. Dans les années vingt, le cinéma doit se définir par rapport à la
réalité: on commence à utiliser parfois des effets spéciaux, des acteurs... Parmi les œuvres
françaises de cette période, nombreux sontles films d'exploration saharienne. Cependant, on
assiste à un glissement du documentaire vers le film de propagande, glissement réalisé en
faveur de l'empire colonial. Ces dérives entretiennent l'ambiguïté entre documentaire et
fiction.
Apparaît alors le mouvement nommé «documentaire romancé » dont fait partie Robert Flaherty, avec Nanouk (1920-1922). Flaherty est considéré comme le père du
documentaire. On appelle le mouvement«documentaire romancé»car le film prend l'allure
d'un récit, ce qui entraîne une certaine forme de suspense. Vers 1928, la «Nouvelle Vague
Documentaire», comme on lanommera plus tard, déferle en Europe avec la fin du cinéma
muet. L'intérêt des documentalistes setourneversle documentaire social.
Pourledocumentaire, lapost-synchronisation estunvéritable problèmecarelle enlève
toutespontanéité etde plus, elleprovoque la suspicion. Un progrès est fait cependant lorsque
les intertitres sontremplacésparuncommentaire. L'écriture dece commentairedevientunart etde nombreux écrivainss'ysont essayés(Prévert, Giono...). En France, le film colonial ouà
16
Gauthier, Guy. Ledocumentaire, unautrecinéma.Paris: éditionsNathan, 1995. Collection Fac.cinéma. ISBN 209 190773 1,p.243.
vocationexotique perdure jusqu'à la décolonisation qui coïncideavecl'arrivée d'une nouvelle ère : ledirect.
Après la guerre et ses films de propagande noyés sous des commentaires
grandiloquents, on voit apparaître en France un certain «réalisme poétique » qui puise son
inspiration chez Robert Doisneau et Jacques Prévert. Dans les années cinquante, le
documentaire estcinéma deslieux, des choses, des œuvres. Les documentaires consacrésaux artistes, aux villes... foisonnent C'est à cette période que l'art du commentaire connaît son
âged'or.
Puis, en même temps que la caméra ultra-légère synchrone, trois pôles de
développement du documentaire naissent avec les années soixante : Montréal, Paris et New
York. C'est la montée du cinéma ethnographique et sociologique. Cependant, les réalisateurs
rencontrent de nombreuses difficultés car le matériel reste lourd, ce qui pose des problèmes
pour enregistrer la parole en direct. On expérimente bientôt un nouveau matériel plus léger
qui permet au genre d'évoluer. Une demande de type sociologique et culturelle alliée aux
progrès techniques (caméra plus légère donc plus maniable, magnétophone qui permet la synchronisation du son, pellicule plus sensible qui rend inutile le recours à la lumière
artificielle) force le cinéma documentaire à adopter de nouvelles pratiques sur le terrain. Le
documentariste obtientenfin autonomieetliberté.
Comme le rappelle James M. Turner dans son livre Images en mouvement: stockage,
17
repérage, indexation , il a fallu 400 ans après l'invention de Gutenberg pour que soit entrepris un effort systématique de classement des documents. Les documents audiovisuels
sont devenus nombreux si rapidement qu'un tel effort doit être fourni beaucoup plus
rapidement.
3- Ladocumentationdudocumentaire.
Après l'analyse vient l'indexation. Celle des documents audiovisuels pose certains
problèmes. Une quantité considérable d'images en mouvement s'est accumulée depuis les
débuts du cinéma, accumulation qui s'est accélérée après la Deuxième Guerre Mondiale, ainsi
17
Tuner, James M.Imagesenmouvement:stockage,repérage, indexation. Québec :Pressesde l'Université de Québec, 1998. Collection Gestion de l'information. ISBN27605 0993 1.p.2.
qu'avec l'arrivée de lavidéo. L'évolution des technologies entraîne la nécessité de mettre au point de nouvelles méthodes de stockage.
Il n'existe pas encore de vocabulaire généralisé et normalisé pour le traitement des documents audiovisuels, d'où la certaine liberté prise dans l'analyse des documentaires
visionnés à Lussas. La méthode de Colette Loustalet et de ses
collègues18
poseindéniablement des bases mais rien n'est encore normalisé, ce qui pose de gros problèmes
d'uniformisation.
Certes, la base de données des Cahiers du Futur possède un système de recherche par
motsclés mais c'estune solution qui lui estpropre etqui aété élaborée parThierry Maouset
des collaborateurs. Cet exemple d'indexation n'échappe en rien aux difficultés que pose le passaged'undocument visuel àundocument verbal. Parmi celles-ci :
-l'ambiguïté et les erreurs possibles dans le choix des mots clés dues aux
caractéristiques de la langue (ex : la polysémie) ;
- la
possibilité d'interprétations multiples de la part des usagers de la base : tout le
monden'a pas la même approche des films donc la même interprétation du sujet ;
la relation entre un mot et un objet ou entre une image et un objet n'est pas la
mêmeselonlespersonnes,cequi complique la rechercheparmotsclés ;
- les
expressions changent de sens. Un mot qui signifiait x il y a quelques temps
n'estpeut-être plusutilisé aujourd'hui ou achangé desens.
Pour l'instant, aucune solution (type norme) n'a été arrêtée pour résoudre ces
problèmes. Néanmoins, l'interdépendance entre le texte et l'image estjustifiée par plusieurs
facteurs.
Laseuleméthode utilisée pourretrouverun document audiovisuel parmi d'autresreste l'utilisation du texte. Contrairement à la base des Cahiers du Futur, la plupart des bases de
données audiovisuelles prennent le texte d'accompagnement comme source de la recherche, c'est à dire que la recherchese fait surdutexte etnon sur de l'image. Letexte reste donc un élément indispensable au stockageet aurepérage des documents audiovisuels. Dans le cas de
la base des Cahiers, c'est sur le contenu des champs d'identification des films que se fait la recherche ainsi que sur le sujet. Cependant, il faut rappeler que la description verbale d'un documentvisuelnesuffitpasàendonneruneidée complète.
D'une manière générale, les usagers éprouvent des difficultés à faire le choix du bon
mot, dont les résultats de leur recherche dépendent. En conséquence, le choix d'un