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LES SOPHISMES MIGRATOIRES ET LA RÉPUBLIQUE

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LES SOPHISMES MIGRATOIRES ET LA

RÉPUBLIQUE

Gérard-François Dumont

To cite this version:

Gérard-François Dumont. LES SOPHISMES MIGRATOIRES ET LA RÉPUBLIQUE. Panoramiques, 2001, pp.112-121. �halshs-01114229�

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Pour bien penser, il faut bien r6fl6chir

L e s s o p h i s m e s

mig

ratoires

e t l a R e p u b l i q u e

par Gdrard-Frangois

Dumont

La question de l'immigration verse trop sou-vent dans les excds I d'un cdt6, certains pr6-nent une oaverfiire totale des frontiires ; d l'oppos6, d'autres demandent leur ferme-ture complite, inchunt le renvoi des << fitrangers chez eux >. Compte tenu de la relative pauvretd du ddbat ddrnocrati4ue en France, tout discours sar l'immigation est rapidement clnssd dans l'une ou l'autre catdgorie, mAme s'il consiste simplernent d vouloir proposer ane analyse objective de l'immigratinn.

r 1 2

Cette fermeture du ddbat, symbolis6e pen-dant longtemps par I'idde de ltabsence de ter-rain de discussion hors des excBs ddmagogiques de Harlem D6sir et de I.e Pen, signifie en rdalitdla donination de raisonne-ments ayant les apparences de la vertu et dont I'utilisation et la r6petition dcartent toute approche scientifique et rdaliste de la ques-tion de I'immigraques-tion. Quatre sophismes migratoires m6ritent un examen particulier: le sophisme sentimental, le sophisme m6ca-niste, le sophisme utiliariste et le sophisme rousseauiste. I I I 't 3 '' :., '] $'' i

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ks sophismes migratoires et la Ripublique

I* sophisme sentimental

Tout citoyen attach6 aux valeurs r6publi-caines souhaite que son pays s'honore d'une tradition d'accueil. Certains en concluent sans hdsitation que la France dewait avoir des frontibres totalement poreuses permettant une libre circulation et une libre installation sur le sol de l'Hexagone de toute personne, quelles que soient ses origines g6ographi-ques, les raisons de sa venue, et son comportement.

A l'origine de ce point de vue se trouve l'id6e selon laquelle la France se doit d'6tre une terre des liben6s. D'ailleurs, n'est-ce pas cette caract6ristique de la France qui lui a permis de recevoir de grands intellectuels comme Eugdne Ionesco, Virgil Gheorgiu, Mircea Eliade, Milan Kundera venus de pays totalitaires et devenus les h6ros d'une France ouverte ?

Etre une terre de libert6s, c'est 6videm-ment avoir une politique migratoire diam6-tralement oppos6e e celes des r6gimes totalitaires. Or ces rdgimes ont tendance i rendre le moins permdables possible les fron-tihres i l'dmigration comme i I'immigration. Par exemple, du temps du rdgime sovidtique, il y avait certes une modeste immigration de travail en Europe de I'Est. Mais elle venait uniquement de pays << frbres > (Cor6e du Nord, Vi6t-Nam, Cuba) et les immigrds 6taient, plus encore que les autochtones, sou-mis i des rdgles strictes empdchant toute mobilit6 g6ographique ou professionnelle. Il s'agissait essentiellement d'exploiter une main-d'euwe peu on6reuse, qui s'est d'ail-leurs trouvde fo* d6pourvue aprds la chute du mur de Berlin.

Au contraire, dans un r6gime qui se veut d6mocratique, I'immigrd doit b6n6ficier des liben6s courantes dont jouissent les citoyens: libert6 de circulation, de changer d'emploi et de lieu de rdsidence, libertd d'adhdsion aux syndicats ouvriers et aux associations les plus diverses... La politique migratoire d'irn pays d6mocratique doit donc satisfaire i I'ouverhrre totale des frontidres, symbolisant la libert6 op.pos6e au totalita-risme. Pour tout citoyen qui a du ccur, une telle formulation est une dvidence, et le rai-sonnement semble conforme aux rbgles de la logrque.

N6anmoins, il convient d'examiner au

moins I'une des consdquences pratiques de la mise en application de ce raisonnernent. Si les frontibres de la France, ou de I'Europe, demeurent grandes ouvertes, cela ne va-t-il pas accentuer l'immigration venant des pays du Sud ? L'immigration pr6sent6e comme une chance pour la France est-elle aussi une chance pour les pays de ddpart ? L'intdrdt bien compris de ces derniers est-il que les pays les plus d6velopp'6s ouvrent toutes gran-des leurs frontibres ? Car, dans ce cas, leurs jeunes actifs et tout particulibrement les plus qualifi6s risquent d'€Ee attir6s par les lumib-res des villes des pays les plus riches, ampli-fiant le ddpart des cerveaux dont ils ont besoin pour le d6veloppement. Lorsque le chancelier Gerhard SchrCrder annonce en

L'immigration prdsentde

comme une

chance

pour la France est-elle aussi

une chance

pour les pays de

ddpart ?

2000 le recrutement possible de 20 @0 infor-maticiens indiens en Allemagne, ne pille-t-il pas les ressources humaines de f'Union indienne ? Au nom du d6veloppement de I'Inde, du Pakistan ou du Bangladesh, faut-il se rdjouir de voir des cadres de ces pays tra-vailler en Am6rique et notamment en Cali-fornie au profit de I'essor 6conomique am6ricain ? Si l'on songe aux besoins de ddveloppement du Maghreb, faut-il se r6jouir de voir augmenter le nombre de cadres mag-hrdbins b6n6ficiant n 1'6conomie euro-p6enne ? Enfin, lorsque la France recrute des m6decins originaires du tiers monde, n'est-ce pffi une aufre forme d'atteinte au ddveloppe-ment des pays pauwes comme l'a6t€ en son temps, sous une forme bnrtale, I'esclavage ? En effet, les pays du Sud ont besoin de leurs ressources humaines et plus encore de leur population active la plus qualifrde ; les en pri-ver, c'est freiner leur essor 6conomique et social. Bien sfir, les techniciens et cadres immigr6s ne sont pas responsables des ereurs politiques et des politiques libetici-des qui, comme en Alg6rie, sont un frein au

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On ouvre les frontibres ? Chiche ! Et apris ?

{6v91opp-ement et i la libert6 d'enteprendre. I1 n'emp0che que I'application du sophisme sentimental concourt i accentuer les 6carts de d6veloppement. Des politiques europ6en-nes facilitant la rdduction des 6carts de il6ve-loppement ne seraient-elles pas pr6fdrables ? L'ouverture maximale des frontibres euro-p6ennes, c'est donc I'expression de bons sen-?iments dont on deyrait ilourtant savoir qu'ils ne font jamais une bonne politique, au moins pour les pays subissant l'6migration. Penser 0tre un bon citoyen {u molde parce qu'on encourage son-pays d ouwir le plus grand possible .ses frontidres, c'est oubliei que l'6*iga4on -peut Otre une. malchance pour les pays de d6part.

I* sophhme mdcaniste

Si le sophisme sentimental n'est I'apanage que d'une p1r-tre de la population, celle q-ui tait preuve d'une compassion i courte vue susceptible d'accentuer la pauvretd dans le Sud, -le -sophisme m6canisie est largement partag€ dans toutes les sphEres de l'Spinion car il comprend deux vo-lets diff6renti mais corollaires. Le premier volet consiste i pen-ser que lever tout obstacle i la mieration-aux fronlibres est favorable i I'immiEration. Le second elp+me que rollte politi{ue migra-toire restrictive a pbur effet d-'enrayer I'inini-gration. Au total, le raisonnemerit aboutit i la conclusion que l'installation d'immigrds 4uqr * pays 9s! m6caniquement d6pendinte de la nature de la politique migratoire.

Or I'Histoire montre que f importance de l]immigralion dans un p,ayl n'est pas propor-tionnelle i la permdabilitd de ses frtintibres et,,memg parfois inversement proportion-nelle. Ainsi en France, dans les airndes 60 et jusqu'en 1974,les frontibres sont assez lar-gement ouvertes aux migrations de travail et pourtant l'immigration ne < fait pas pro-!lep" >>, _ort raison de ses caractdristirjues d'alors. D'une part, la maieure partie de I'immigration eft temporair6, releiant d'un ph6nombne de noria. L'immigr6 entrant sur Ie territoire frangais vient y-chercher une am6lioration du sort 6conomique de sa famille vivant au pays grAce i des revenus plus 6lev6s qu'il envoie dans son pays d'ori-gine. Aprbs quelques ann6es, il retburne dans TL4

son village et est remplacd, souvent dans le m€me emploi, par un frbre ou un autre mem-bre du groupe villageois qui, d son tour, aide financibrement le village par des envois de fonds 56g-ulier9. C-ette-irnrnigration rempo-raire vit dans la discr6tion ei le provisoire, son seul objectif 6tant d'augmentri les reve-nus de son village d'origine avant d'y retourner.

D'autre part, existe,une immigration per-manente, compos€e de personnes alrivant avec la voloirtd de slntdgrer au pays d'accueil, non de se diffdrencidr. Cette imnii-gration pennanente, quantitativement modeste, est moins importante que I'immi-gration temporaire. L'oluverture iles frontib-Ies ne l'encourage pas car elle rend possible re processus oe nona.

I-a fermeture des frontidres aLDc

travailleurs immigrds a donc

stntcture

llement mo

dirtA

l' immigration, transformnnt

les

immigrants temporaires

en

immi

g rants p e ftnnnent

s.

De m6me que l'existence de frontibres ouveltes ne signifie pas n6cessairement de nombreux apports migratoires, la fermeture des frontidre-s peut noripas empdcher l'immi-gratron permanente, comme on le pense au premier abord, mais au confaire la favoriser, comme la France I'a constatd aprbs sa ddci-sion de fermeture de ses frontiEres aux ffa-vailleurs en 1974. En effet, par une circulaire du 5 juillet 1974,le gouve-mement franeais suspend temporairement I'immigration, fer-mant ainsi la porte d'entr6e et in-directement la porte de sortie. Ne pouvant prendre le ris-que {e nq p?s pouvoir Ore remplacd par un membre de leur r6seau, le,s migrants tempo-raires se sont trouvds obligds-de rester-en France. La fermeture des frbntidres aux tra-vailleurs immierds a donc structurellement modifi6 I'imriligration, fransformant les immigrants temporaires en immigrants

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Les sophismes migratoires et Ia Rdpublique

permanents et meme encourageant I'essor de i'immigration permanente cohme I'attestent les rdgularisations des clandestins faites par la suite.

Les politiques des anndes 80 prouvent i nouveatu coribien la d6cision de ferrrenre des frontibres suscite non du repoussement mais de l'attirance. La logique du gouverne-ment install6 en 1981 para?t a priori impara-ble: il d6cide en m6me temps de r6gulariser les clandestins et de fermer 6nergiquement les frontibres. Cette volont6 politique est si affinn6e que les statistiques offrcielles de I'Insee n'h6sitent pas i I'inscrire dans ses publications en indfquant, pendant plusieurs ^arurdes

suivant le iecenJement de 1982, comme solde migratoire de la France le chif-fre z€ro. Dans cette p6riode, un scientifique qui osait constater, par des mesures indirec-fes, que la France restait un pays d'immigra-tion, commettait un crime de ldse-majest6 et 6tait d6nonc6 dans les termes les plus exces-sifs par la ministre en charge du dossier. Or ce iefus de reconnaitre -la poursuite de l'immigration avait de graves consdquences puisqu'il encourageait les fantasmes les plus exceSsifs et qu'il conduisait i consid€rer qu'aucune po'litique d'int6gration' n'6tait n6cessaire puisque, ofEciellement, aucun. immier6 nouveau n'entrait. tr fallut affendre la fin-des anndes 80 pour que les statistiques officielles affichent des donndes montant que I'immigration s'6tait accrue malgr€ la foHtique oftciele de fermeture des

-diff6-rents gouvernemenB.

D'aufies exemples montrent que la ferrre-ture des frontiEres n'est pas un frein if immi-gration, comme le ias des travailleurs 6landestins embauch6s pour r6aliser les infrastmctures des Jeux olympiques de Savoie (1994) ou la ligne du TGV Atlantique.

Y compris dans les pays totalitaires, le sophisme-mfuaniste a une valeur tout i fait refative. MOme aprEs I'installation du rideau de fer, L'Allemagne de I'Est n'a pu totale-ment emp6cher l'6migration. Il en a 6tE de mOme Ou ViCt-Nam cdmmuniste aprds 1975.

Le premier volet du sophisme m6caniste est ddnc souvent d6menti par les taits puis-que la fermeture des frontiEies ne signifi-e pas Itarr6t de I'immigration, mais peut au con-traire l'encourager.

Le second volet du sophisme m6caniste est dgalement ddmenti par-les faits: ouverture

des frontibres ne signifie pas n6cessairement forte immigration. Ainsi, appartenant d I'Union europ6enne et a l'Espace 6conomi-que europ6en, la France ouvre ses frontibres l- d'autres pays europdens dans le cadre de la libre circulation. M0me si cela se traduit par quelques mouvements ddmographiques enffe lbs pays d'Europe, il faut reconnaitre que les flu'i cbnstatds sbnt fort modestes, torit sim-plement parce que les hommes pr6fbrent !6n6ralement << viwe et travailler au pays >.

Autre exemple, le droit migratoire frangais des anndes g0autorise, selon des procddures prdvues, I'enff6e de travailleurs pefinanents -venant

de pays non europdens. On polnait donc imagin6r que cela-se traduit-chaque annde par-l'entr6-e de nombreux ravailleurs non euiopdens dans I'Hexagone. Or, il n'en est rien. -Les chiffres indiquent mOme une forte diminution des entrdes de nouveaux fra-vailleurs pennanents qui sont passdes de plus de 24000 en 1993 aux envirbns de 10-000 en 1998.

Ainsi, contrairement i l'afftnnation du sophisme m6caniste, les politiques de ferme-ture peuvent €tre un encouragement el'immi-pnatibn tandis que des politiques d'ouverture ile facilitent i'uAre i'immigration si les immigrds n'y voient pas des avantages pro-fessio-nnels. L' intensif6 de I' immigration per-manente ne d6pend donc pas forc6ment des politiques de cbntrOle aui frontibres, et 91t mOme souvent contraire aux politiques affi-chdes. Car elle tient en rdalrtd i tout un ensemble d'autes 6l6ments 1i6s aux facteurs d'attirance et de repoussement.

I* sophisme atilitariste

Lonelemps rest6 rarement explicit6, le sophishe u^tilitariste s' est exprim6 officielle-ment et mOme brutalement dans un rapport de I'ONU publi6 en 2000 sous le tite << Les misrations-de remplacement >. Selon celui-ci,-le vieillissemdnt de la population en Europe n'est pas un problbme, puisqu'il suf-fira pour le vieux c6ntinent d6 pui3er dans les ressources humaines des pays du Sud. Autrement dit, la ressource humaine est une question encore moins co0teuse que celle de lt6nergie qui, elle, suppose en effet une r6mu-ndratiSn ries hydroCarbwes achet6s auprEs

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On ouvre les fronti\res ? Chiche ! Et apris ?

des pays producteurs. En revanche, la res-source humaine ne.co0te rien puisqutil suffit de faire venir des 6trangers sails m'eme avoir h.fquner.q.lep pays d;origine de leur con_ trfbuuon a l'€ducation de ses personnes. Le vieillissement et donc le mandue prdvisible de main-d'ceuvre en Europe esi unbroblbme facilement soluble par l'dccueil de mittd; d'immigrants.

Prenons l'exemple de la France : le

document considire qu'elle doit

accueillir 1,7 million- d' immigrants

per an, soit 94 millions en 5"5 ans,

p?ryr,ne

pas aggraver son

vrcuussement-Ralle .rapport _de I'ONU, le maintien de l'erecut de la population d'6ge actif (15-64 ans), n'est dbnb pas la g6ro;tocrois_ sance, mais une f6condilt6 devEnue insuffi_ s-ante. Cet objectif corrsid6r6 seul suppose d'aillsur5 des- flux d'inrmigranis moindres que.les .degx auqes. objec-tifs du rapport (maintenir la population europ6enne e'^son ruveau actuel et maintenir leiapport entre I'effectif des personnes dg6es de i3 n 64 ana et celut des personnes 6g6es de 65 ans ou plus), et, meme en recourant aux migrations de remplaceme-nt, il parait diffrcile i auein_ ore. b,n eftet, si comme cela est largement le cas,.les populqions immigr6es finissent par aba$ser leur f6condit6 e des niveaux 6gdle_ ment infdrieurs au seuil de simple rempiace-ment_des gdn6rations, le remplicement^de la lopplalion d'6ge actif par des g6n6rations equrvarentes n'est pas possible i temre. Au plan strictement quantititif, si la f6condita;; re_monte pas,^l'apport pr696dqq de migra_ trons n'aura tait que retarder l,6ch6ancJdu non-remplacement de la population active. r,aute de retour d une f6condit6 suffisante, il faut continuer sans arrOt de recourir a I'imini: gration,- ce recours pennanent faisant alors songer i une sorte de tonneau des Danardes. . Le sophisme utilitariste peut d'abord Ofe

ecarte pour des raisons soi:iales car il con_ siste niplus p mgils i imaginerune nouvelle ronne de tratte ou- les pays d'origine sont pri_ v6s du travail d'une- pbpuhtio-n de jeuirii acqlfs qui b6n6ficie aui fays d'ac.u"ii.

Il neot-"-o ouffe Otre pris en d6faut sur deux ppints: d'une part, co-ntrairement d ce qu'il 3Tt*t?, il ne permet pas de r6soudre la ques_ uon du vrerllrssement; d,aufte part, il aggmve les 6carts de d6veloppement.

Prenons I'exemple de la n'rance : le docu_ ment considdre qu'elle doit accueillir

1,7 million d'immigrants par an, soit 94 r,il_ lipT:.en 55 ans, pour ne pas aggraver son vieillissement Or le rafport "d'e. t'Olt-l mdlange deux ph6nomdneddisdncts, te vieit_ Irssement et la g6rontocroissance. J,ai d6si-gxe sous l" terme de g6rontocroissance !'aggmggtation du nombie de personnes QSde.s 4^ i I'am6lioration de leur bspeianci de vie. C'est une 6volution tout n fait positlVe puisqu'elle signifie que les progrds eionomi_ ques .et sanitaires -et les comportements p'hygibne des populations perirettent la barsse de Ia mortali-.tg des catEigories 6g6es. En revanche,le vieillissement piovient d:une impoftante baisse-de-t4 population jeune due i la faiblesse de Ia f6conriit6 qui i" permet pas le remplacement des g6n6rationr.'enri, ra causeJushlrant l'un des trois objectifs fix6s 1 1 6

Faute de retour d une fdcondit|

sffisante, il faut continaer sans

arrAt de recourir d l'immigration,

ce recours perrnanent

faisant alors

songer d une sorte de tonneau des

Danai'des.

Fn second lieu, le sophisme utilitariste rejoint le sophisme sentim6ntal par son carac-tere 6goiste. En effet, attirer de jeunes actifs d'auffes.pays,. c'est priver ces iays de rei_ sources humaines et-donc ob6n-ir ieur d6ve_ llppement. C'est en outre accentuer les d6s6quilibres d€mographiques dans les pays du Sud. En effet, coritrairement aux i'Oei:s regues togjours trds r6pandues, la transition cemographr.qug e-st trds avancde et parfois m€me termin6e dans de nombreux piys du Sud. Des pays comme la Tunisie, s6loh des

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- !

lzs sophismes migratoires et la RdpubliEte

membres de l'Association des ddmographes maghrdbins, sont pass6s en dessous d'u ieuil de r9mgl1c1:rygnf des g6n6rations depuii I'ann6e 1999. Ces pays vont donc avoir,^eux aussi, i taire face au vieillissement,

Le sophisme utilitariste doit donc €te rejete. ) la fois parce gu'il ne r6sout pas les questions pour lesquelles il croit parvenir d une solution et parce qu'il est ddfavorable au d6veloppement-des pays les moins d6velop-gds. E-n_g.uttg, ilpassesous silence la ques-tion de I'int6gratibn, adh6ranl implicitement au soprusme rousseaurste.

vagues migratoires, i la question de I'int6-gratiq,n des populatiqr,rs d'origine 6trangdre dans les pays d'accueil, et aux confrontations culturelles susceptibles de crder i terme des tensions sociopolitiques, cortlme c'est mal-heureusement le cas dans certaines r6gions d'Europe.

II est narf de penser que I'installation d'une population nouvelle sur un territoire, puis de ses descendants, puisse 0tre neutre. Tout apport de population a des effets sur le ter-ritoire of elle s'installe, et sur les conditions de la coh6sion sociale. La pdrennit6 des valeurs republicaines peut etre -tres diff6rente selon le nbmbre et la r6partition par dge et p{ sexe des immigrants, leur orijine cirltu-relle, leur comportement une fdis arriv6s {31rg. le pays ii'accueil, et les politiques o.mrcgrauon condultes.

.!i des migrations temporaires ou saison-nrOres sont peu ressenties par la soci6t6 d'accueil, la migratioSr permanente ne peur rester sans effet. Les immigr6s doivent bien habiter quelque part, et ils oEcupent donc une partie de I'espace de la soci6tdd'accueil. IIs peuvent €tre concenff€s dans certains quar-tiers ou dispersds dans d'autres. preirons I'exemple d'une 6cole : I'arriv6e d'un enfant de manouche crde un 6v6nement pour les autres enfants dont les parents sont J€dentai-res. Mais la port6e sociale de cet 6v6nement est limit6e, car chacun sait gue ceia n,aura qu'un temps. L'arriv6e dan-s l'6cole d'un enfant de rapatrids, de parents issus d,une autre culture, voire d'un6 r6gion of I'accent et certaines pratiques social-es quotidiennes sont diff6rents, esf beaucoup plud qu'un 6v6-nement. Cet enfant est v6ritablemeirt d'abord un << 6tranger >>, m6me s'il a la nationalitd du pays d'accueil, car il a vdcu ailleurs. Alors se met en route tout un cheminement social entre la tentation du reiet total. quand la classe se crispe sur son -vdcu d'auparavant, ou la tentation de I'ouverture pourteux qui se dis-ent que cet < 6tranger >>^connait peut-Otre. d.'autres jeu}, d'au6es histoires qu'il serait int6ressant d'entendre. Dans le preririer cas, 1'6tanger modifie la classe car iise cr6e contre lui une union qui sans doute n'existait pas, union qui se faif 6ventuellement autour d'un enfant-qui se met i devenir un leader. I1. se peut aussi que sa pr6sence divise [a classe.

Dans le second cas, les transformations

I* sophisme

rousseauiste

Selon ce dernier, la concorde sociale est un mdcanisme automatique car I'homme est le << bon sauvage > de J-ean-Jacques Rousseau. I] est donc inutile, voire scandaleux de s'interroger sur les n6cessit6s de formes d'intdgration conformes aux valeurs rdpubli-caines. La cohdsicin sociale est certaiire au sein d'une population poulvu que les habi-tants d9j1 ir:stall6s sachent railb preuve de ccur vis-i-vis des nouveaux amvants. Selon le sophisme. rousseauiste, I' esprit de citoyen-net6 s'agguie_rt aulomatiquerf,ent en passant fa frgqtiBre, de mOme qu'il serait un ^attribut h6r6ditaire ayant par exemple iustifi6la sup-pression des legohs de m6rali: et d'instru^c-tion civique d. l'6cole primaire...

Ce sophisme rousseauiste nie l'existence des deux dtffrcultds .du-processus- d'int6gra-4gr,- celle des immigrdS gdographiquement d6cal6s par rapport I leur-hiitoiie firniliate et sociale et celle de la soci6t6 d'accueil. Les m6mes, qui -e.Tpliquent avec la plus parfaite assurance qu'il leur serait impossrible iie viwe dans une socidtd am6ricaine << domin6e par une iddologie sdcuritaire et par le purita-rusme >>, [o parviennent pas d comprendre que les immigr6s peuvent iouffrir d'OLe con-duits i vivre dans un monde dont l'environ-nement g6ographique, culturel et social est si diffdrent de celui de leurs racines. Or << vou-loir viw-e ap pays >> est une formule qui n'est pas exclusive des paysans du Larzdc, mais s'entend aussi - d'Africains corlme d'Asiatiques.

- Ec-arter le sophisme rousseauiste suppose de r6fl6chir aux cons6quences humainrls des

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On ouvre les frontiires ? Chiche ! Et apris ?

sociales intervenant dans la classe peuvent 6tre trds diff6rentes en fonction du t6mp6ra-ment du << nouveau >. Ce dernier peut se join-dre aux jeux pratiquds lors des -r6cr6aiions, puis se pettre d enseigner d'autres jeux ou i parle.r {,e. so-n pays d origine. Mais il peut aussr v€hrculer une conception mythique de celui-ci, conduisant I'enseirble deia ciasse i des r6ves inaccessibles, puisqu'en fait inexistants.

Ce gui se passe dans une classe se produit, sous des formes comparables, dans I'ensem-ble de la soci6t6, avec des attitudes diffdren-tes de la soci€t6 d'accueil selon les qqraqt6-ns{quqs juridiques de I'immigration. Ainsi, le clandestin est souvent I'objeld'atti-tudes ambivalentes selon que I'on 6onsidbre le regard collectif ou le iegard individuel. Collectivement, le clandestintst globalement rlral vu : il n'a pas respectd la loi il a utilis6 des moygns illitites p6ur s'introduire dans la soci6te d'accueil. Ch le clandestin n'a sou-vent qu'une faible part de responsabilitd dans son aventure: il a pu souffrir d'un gouver-nement i tendance iotalitaire excessi-vernent soutenu de jure-.ou de facto par le gouverne-ment du pays d'accueil; il 6 pu 6fe a[6ch6 gar d9s filibrgg qui lui ont pnimis le paradis dans le pays d'aCcueil, filidies d'expl6itation qgntre l.gsguellgs le gouvemement^ du pays d' accueil lutte insuffisarnment.

En revanche, individuellement, certains clandestins sont souvent trbs appr6ci6s parce qu'ils repr6sentent une mainld'auvre' o16-cieuse : ils se contentent de rdmundrations faibJes, ils acceprent des tdches pour lesquel-les la main-d'euwe locale n'a^gubre diatti-rance. La diversit6 des cas est dionc grande. tr existe ainsi des << clandestins paisibles ,r, en pa*iculier ceux pour leiquels les employeurs (au noir, car il ne peut en Otre autrement, puisqu'ils sont en infraction de sgjogr). entreprennent des ddmarches pour rdgulariser leur situation : femme de m6n^age, ouvrier du bdtiment, joueur- d'qp" dquild sportive... $ngi, une partie .des flux.rrigra-toires clandestins correspond aux exrgences 6conomiques des socidt6s d'accueil, Jt plus prdcis6ment aux logiques structureiles iro-pres i tel ou tel march6 du travail.

L'ambivalence vis-i-vis de l,immigr6 clandestin se retrouve avec l'immigrd r6[u-lier. La venue de I'immigr6, travail-leur rion ou peu qualifi6, appel6 pour compl6ter une 1 1 8

main-d'cuvre insuffisante ou pour remplacer une main-d'ceuwe nationale ilont l,6io1e et la formation professionnelle assurent I'accds d 9q. activitds plus qualifi6es et mieux r6mu-19.t69t, est g6nEralement assez bien acceptde. Elle I'est moins lorsque le ch0mage est dlev6 avec le r6flexe maltli'usien .ooOoi-r*i a pen: ser qle les immigrds viennent ,. prendfe Ie travail >> des nationaux.

El outre, faute d'une politique adapt€e, la soci6t6 franqaise se sent un p,Ju d6seinpar6e face h la venue de membres -des familleis. Le droit au regroupement familial souldve des p.rob.lQmes nouveaux d'int6gration car il signifie assez souvent I'arrivde d'enfants insuffisamment prepards aux modes d'ensei-gnement europdens et de femmes venant de villages of lei conditions de,vie en soci6t6 et les sffuctures d'habitation dtaient profon-d6ment diff6rentes.

Le caractbre trds vari6 des possibilit6s d'intdgration des immigr6s se confirme en considdrant I'exemple des rdfueids. Selon leurs temp6raments, certains r6figids privi-l6gient comme objectif l'optimi-satioh du champ des aides publiques ou priv6es. Au contraire, d'autres r6fugi6s fonf preuve de volont6 de travail, d'ei'traide fariritiate, de

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Les sophismes migratoires et Ia Ripublique

souci d'encourager letus enfants i apprendre b l'6cole. Ces r6fugi6s souhaitent s'€farter le plus rapidement possible de l'€tat.d'assistd et privil6gient la promotion par le travail et I'effort.

Dans le domaine socio-dConomique, la population immigr6e est dgalement plirrielle, avec des effets sur la soci6td d'accueil fort diff6rents. Prenons I'exemple des immigra-tions arabes dans les pays europeens. Parmi les Arabes, il y a d'un c6t6 ceux qui dispo-sent de petrodollars, plagant leurs capitaux, effectuant des d6penses somptuaires. Ces Arabes sont g6n6ralement consid6r6s comme les bienvenus parce qu'ils << font marcher le commerce >>, aident i rentabiliser les palaces, concourent e certains investissements, signent des contrats... Ils sont apprecids en raison de leur fonction dconomique, et le principal souci de la soci6t6 d'accueil est de les emp6cher de pr€:f6rer {'autres pays pour effectuer leurs ddpenses. N6anmoins, les dchanges 6conomiques ne sont pas sociale-ment neutres. trs invitent i des attitudes et des comportements particuliersi pour y r6pon-dre. On sait en particulier combien un pays habitu6 i une grande rigueur'dconomique peut se mette i utiliser des mdthodes moins recomrnandables, voire de comrption ou mafieuses, vis-i-vis de certains cfiehts 6tran-gers. L'argent de certains immigr6s peut ainsi contribuer d ddvoyer certairies meurs de la soci6t6 d'accueil.

D'un autre c6t6, et pour simplifier, il y a des Arabes pauwes, sans formation, ayant d0 quitter un pays souvent mal gdr6, dventuel-lement menac6 par des troubles civils. Ils arrivent avec leur ddtresse. Selon les r6ac-tions propres i chacun, certains peuvent se confiner dans un d6seuwement imprdgnd de fatalisme, d'autres rechercher dans le favail r6gulier ou << au noir > des espoirs pour demain. I-es premiers comme les seconds offrent i la jeunesse des exemples discuta-bles, les premiers parce qu'ils montrent le mauvais exemple du laisser-aller, les seconds parce qu'ils incitent certains jeunes i ne pas vouloir Otre << exploitds >> comme eru(.

Ainsi, I'analysg de I'ensemble des paramb-ffes concernant les populations imrnigtrdes montre que les transformations sociales n6es de I'immieration ne Deuvent se rdduire i con-siddrer dei catdgoriis d'immigr6s selon leur statut juridique 5u. leur originJg6ographique.

tr faut prendre en compte la diversit6 des hommes et de leurs attitudes.

La. eitoy

ennetf rdpublic

aine

Face alut situations originellement et humainement diffdrentes de5 anciens r6si-dents et des imrdgrants, la mise en euwe de l'int6gration sur le tenitoire frangais a long-temps surmont6les difficultds en s'appuyant sur une fiadition r€publicaine claire, confor-mdment h une C<instinrtion d6finissant la France comme <( une et indivisible >> : le citoyen rdpublicain n' avait qu' une all6geance i formuler, celle i l'6gard des valeurs rdpu-blicaines. Tout auffe sentiment ou comporte-ment d'appartenance n un corps interm6diaire tenitorial (paroisse, commune, r6gion...) ou culnrel relevait d'vn affectio societatis inf6rieur i celui qui rattache le citoyen i la nation. Le princrpe des valeurs rdpublicaines de la France, issu de la D6cla-rafron des droits de I'homme de 1789, n'est pas celui d'une addition de communautds vivant s6par6ment et unies par des relations contractuelles ; c'est I'attachement des citoyens e trois principes suffrierns, la libert6, l' flgalild- et la fraternit6. Cette concep-tion exclut tout attachement communautaire eui se situerait au m6me niveau, toute com-frunaut6 qui voudrait affirmer sur les indivi-dus une pr66minence dquivalente ou sup€rier:re i celle des valeurs rdpublicaines. La nationalitd frangaise consiste i souhaiter viwe sous les m6mes lois et marcher ensem-ble aux m6mes destin6es, 1'adh6sion aux valeurs rdpublicaines formant le premier lien f6ddrateur, d'essence sup6rieure i tous les autres liens sociaux. En consdquence, le res-pect des droits de I'homme et donc des droits de I'autre implique ipso facto celui des dif-f6rences b condition que celles-ci ne mettent pas en cause I'universel corlmun qu'est la Rdpublique.

Mais, depuis les ann6es 80, nombre de dis-cours et diverses d6cisions politiques ont mis i mal la radition r6publicaine. Nous n'avons pas ici la place de rappeler I'esprit d'apar-theid qui a pr6valu - sans nul doute incons-ciemment - dans la fagon d'organiser ce qui a 6t€ appeld l'enseignement des langues et cultures d'origine, dans les accords

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On ouvre les frontidres 7 Chiche ! Et apris ?

Le sophisme roussenaiste,

bien que

souvent dlfend.u par I' ultra-gau;he

au nom de l'internationalisme

rdvolutionnaire, reioint en fait

l' attitude ultralibdrate.

franco-alg6riens sur le service national, ou dans la r6forme intervenue en 1981 concer-nant des associations de 1901. Toutes. ces d6cisions port6es par de bons sentiments ont facilitd des d6rives communautaristes.

Ainsi constate-t-on la mont6e du commu-nautarisme, que je d6finis comme une ten-*3rr. d faire prdvaloir publiquement une drmenston communautaire, d caractbre sou_ vent ethnigge, sur.des comportements priv6s conformes i leur identitd 6u sur des aspira-tions individuelles i s'intdgrer i la soii6t6 d'accueil.

une malchance pour le pays de d6part. Le sophi-sme m6caniste pgnsi qu'* payi d6cou_ rag-e I'immigration S'il ferrre ses frontibres et la facilite s'il les ouvre, alors que I'His_ toire prouve souvent le contriire. -L sophisme utilitariste est convaincu oue I'immigration doit Otre quantitativern6nt massrve pour surmonter les graves cons6_ guences du vieillissement de la-population de la France et de I'Europe, ce qui bst scienti-fiquement inexact. Eniin le s6phisme rous_ seauiste considhre que la condorde sociale s'installe automatiqu-ement, alors que le com-munautarisme substitue e h tradition r6ou_ blicaine frangaise peut lui porter atteinte.-._ Ces sophismes migratoires sont nocifs car rls emp€chent de prendre en compte lar6alit6 des faits et la complexit6 social-e, prdalable indispensable- i la mise en euwe de poUti_ ques- favorables i la perennild des v'aleurs republicaines.

I,g.q3e.stion de I'immigration place chaque socidt6 dans une dialec-tique o-uverture-fer_ 1neture.. L.1^population autochtone peut avoir Ie souci d'Ote ouverte aux autres parce que I'aufe est un frbre qui arrive riche de ies diffdrences. Lorsqu'nne population se sent qme par des valeurs qui hii conftrent une forte identit6, elle ne -craint pas pour elle_ TeT:. et sait que- I'immigratitin est au ceur ce I'nrsto[e des hommes. En revanche, une population qui doute.d'elle-m6me, qui est $gurOte pour son-avenir, craint une imirrigra_ tion, susceptible_de miner les denriers rep5res qui lui r-estent. Celui qui doute de lui-m6me 3. peur {Cfq intluenc6 par le dialogue avec l]aqtre. Celui qui est imfr6gn6 de rfits iden-trtares assurant son dquilibre sait que ce dia_ logue ne peut que l'eririchir.

Les effets de I'immigration d6pendent 6ga_ lement de l'6tat d'esprit des imniiemnts dins la .dialectique ouveriure-fermeturE. L'immi-€T9 qut q qultte son pays, parce que les con_ clrtrons de vie qui lui 6taient faites dtaient rnsupportables, est dispos6 i accepter les sp6_ cificit6s du pays d'ac6ueil. Il arrive avec un e.sprit d'ouverfure,- pr€t i comprendre les sen_ timents des autoclitones. En-s'adaptant i Ia soci6t6 d'accueil, il va lui-m6me 6vbluer. Au conhaire, celui qui.quittp son pays, parce qu on rur a lart mrrolter des avantages pure_ mqnt matdriels, exprime essentielleirent des exigences, car il ne pense qu'i tirer parti des possibilit6s existant dans le pays d'aicueil. I L" tgphigme rollss€auiste, bien que

sou-v.ent d6fendu_par l'ultra-gauche au nom de I'mternafionalisme r6volutionnaire, rejoint en fait l'attitude ultratib6rale, pensant Lu'il faut laisser faire tout ddplacement de p6pu-lation et ne pas s'interr6ger sur tes OEriiJs coilrmunautaristes au nom d'un << droit i la diff6rence ), qui se trouve en fait biaisd puis-que priv6 de tout corollaire de devor envers la R6publique.

Or il existe une autre approc.he,.celle du < droit i I'indiff6rence- rr, qii^ suppose que lis politiques d6ploienr des iroyehi d'iri,t6gra_ 9gn ,.apprentissage $e. la langue, syst5me eoucaur, acuon associative, service national ou civique - pour les immigrds et leurs des_ cendants et plus g6n6ralement pour chaque crtoyen, tout en laissant chacun fibre d'av6ir, dans la sphgre priv6e., des pratiques culturel-res ou relgteuses qul lui sont propculturel-res.

Sophismes

nocifs

Le sophisme sentimental pense qu,une ouverture totale i I'immigratio-n est jusiifi6e, sans consid6rer par ailleurs si ce ri'est pas 120

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Les sophismes migratoires et la Rdpublique

ne demande qu'ir b6n6ficier des droits, mais oublie les devoirs et devient agressif si l'on suggbre que les droits eq99mpt6-s.le sontpas sans timltes et sans conditions. M0me s'il ne souffre pas de s6gr6gation puisque, de juye ou de facto, il b6n6fiaie, corlme les autoch-tones, de l'accds aux ressources sociales, cul-turelles, politiques ou 6conomi9.ues, son elat d'esprit l-e met-en situation de s6paration. En raisdn de son attitude agressive vis-d-vis de la soci6t6 d'accueil, il va s'arc-bouter sur des revendications 6goistes, sans vouloir donner de lui-mdme, ce qui lui permettrait enfin d'avoir plus et de se sentir mieux. Ne don-nant pas, il ne pourra vraiment recevoir, hors des 6-l6ments mat6riels. Et il ne participera pas d la concorde sociale.

<< schismes verticaux >>. Le risque est accen-tu6 lorsque des leaders i la recherche de pou-voir sbuiignent, voire accusent, les diffdrences pour les opposer.

En revanihe, quand-les politiques et les attitudes sont positives, un processus centn-pdte est possible. La diversit6 des popula-iions rdsidant sur un territoire peut se reconnaitre dans des r6f6rences communes cofirme les valeurs r6publicaines, chacun pouvant vivre selon sa propre personnalit6 iespectueuse de celle des autres. Si les poli-tiques d'int6gration savent permettre b cha-que citoyen te s'identifier, notamment par lradh6si<in d un universel commun, dans le respect rdciproque des diversit6s humaines, le rneilleur dst pbssible : faire vivre ensemble dans la concorde sociale des populations res-pectant leurs diff6rences_ par I' acceptation de principes communs suP6rieurs.

Il ne demande

qu'd bdn4ficier des

droits, mais oublie les devoirs et

devient

agressif

si I'on suSSAre

que

les droits escompt€s

ne sont Pas

sans limites et sans conditions.

Gdrard- F rang ois DU M ONT

Autrement dit, les immigrations peuvent, suivant les cas, entrainer deux types de trans-formations sociales. Dans le cas oi les poli-tiques sont inadapt6es et oir les rapports entre Oes immigr6s et ja soci6t6 du payq d'accueil sont mauvais, se d6clenchent des forces cen-trifuees avec accentuation de la distance sociile, rejets r6ciproques et d6liquescence du tissu sticial por-iant-atteinte )r la-coh6sion sociale, 6l6ment essentiel du pacte civique qui doit r6gner dans tout le pays. On constate a'lor. ce q"u'Arnold Toynbee appelait dans son analyse du d6clin des civilisations les

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