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Analyse du vote pour le PDS en ex-Allemagne de l'Est depuis 1990 aux élections fédérales allemandes

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Université de Montréal

Analyse du vote pour le PDS en ex-Allemagne de l’Est depuis 1990 aux élections fédérales allemandes

par

Rébecca Verdon

Département de Science Politique Faculté des Arts et des Sciences

Mémoire présenté à la Faculté des études supérieures en vue de l’obtention du grade de M.Sc.

en Science politique

Septembre 2006

2UO6Cr 05

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Université

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de Montréal

Dïrection des bWliothèques

AVIS

L’auteur a autorisé l’Université de Montréal à reproduire et diffuser, en totalité ou en partie, par quelque moyen que ce soit et sur quelque support que ce soit, et exclusivement à des fins non lucratives d’enseignement et de recherche, des copies de ce mémoire ou de cette thèse.

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Ce mémoire intitulé:

Analyse du vote pour le PDS en ex-Allemagne de l’Est depuis 1990 aux élections fédérales allemandes

présenté par: Rébecca Verdon

a été évalué par un jury composé des personnes suivantes:

Louis Massicotte président-rapporteur André Biais directeur de recherche Richard Nadeau membre du jury

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Résumés

Résuméen langue française

Cette recherche vise à faire une synthèse des analyses au sujet du vote des Allemands de l’Est pour le Parte j des Demokratischen Sozialismus. Le but est de comprendre pourquoi une proportion variant entre 15% et 20% des électeurs votent encore pour l’ancien parti communiste de l’Allemagne de l’Est depuis 1990. Trois hypothèses y sont étudiées: une hypothèse socio-économique, une hypothèse sur l’impact des valeurs et une hypothèse sur l’affirmation d’un sentiment d’unicité.

Nous en arrivons à la conclusion que les données empiriques ne permettent pas de confirmer totalement les hypothèses, mais qu’elles semblent valides. En fait, nous notons que l’insatisfaction économique et les valeurs particulières sont à la source du développement du sentiment d’unicité suite à la période de transition entre les deux régimes.

Mots clés : Allemagne, études électorales, communisme, vote, Allemagne de l’Est, Partei des Demokratischen Soziatismus

Résumé en langue anglaise

This research synthesizes the analyses regarding East German vote for the Partei des Demokratischen Sozialisinus. The goal is to understand why a portion, varying between

15% and 20% of voters, stili vote for the East German Communistparty, since 1990. Three hypotheses are studied: one based on socio-economics, one on the impact of values, and the third on the affirmation of a uniqueness sentiment in East Germany. We arrive at the following conclusion, that the empirical data does not permit us to completely confirm the hypotheses, but that they seem valid. In fact, we note that the economic dissatisfaction and particular values are the basis for the development of a uniqueness sentiment, following the transition period between the two regimes.

Keywords: Germany, electoral studies, communism, vote, East Germany, Partei des Demokratischen Soziatismus

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Table des matières

Analyse du vote pour le PDS en ex-Allemagne de l’Est depuis 1990 aux élections

fédérales allemandes 1

Introduction 1

Chapitre Y —Les anciens partis communistes en Europe de l’Est 3

Le cas de l’Allemagne 6

Chapitre 2 —Hypothèses, concepts et méthodologie $

Concepts et méthodologie 9

Concept de valeur 9

Concept d’identité 10

Méthodologie 10

Le PDS (Partei des Demokratischen Sozialismus) 11

Fondation du parti 13

Le programme politique 13

Chapitre 3 — Analyse et discussion 1$

Présentation des résultats électoraux 18

Analyse sommaire 19

Interprétation des résultats 19

Approche socio-économique et l’impact des valeurs et des attitudes 21

Le contexte socio-économique 23

Les valeurs des Allemands de l’Est face aux valeurs du PDS 29

Les attitudes 35

Le sentiment identitaire des Allemands de l’Est 40

Type d’électeur 45

Les membres 45

Les électeurs non membres 47

Discussion 53 Conclusion 62 Annexe 1 65 Annexe 2 66 Bibliographie 73 Ouvrages de référence 73 Périodiques 73 Sites Internet 75

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Liste des tableaux

Tableau 1: Distribution du vote national parparti au Bundestag 1$

Tableau 2: Distribution du vote Est/Ouest aux élections du Bundestag 19

Tableau 3 : Vote aux élections de 199$ en Allemagne de l’Est selon la catégorie d’âge,..52 Tableau 4 : Conclusions des auteurs en lien avec l’hypothèse socio-économique 66

Tableau 5 : Conclusions des auteurs en lien avec l’hypothèse des valeurs 68

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Liste des figures

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Remerciements

Messieurs Massicotte et Nadeau,

J’aimerais tout d’abord vous remercier pour vos commentaires généraux et individuels. Ils ont su nourrir ma réflexion et rediriger mon texte afin de le rendre plus structuré et plus convainquant. ils m’ont permis d’explorer des avenues nouvelles et de développer davantage les points déjà entamés dans le cadre de mon analyse.

Afin de répondre à vos exigences, j’ai tout d’abord pris le temps de faire l’ensemble des corrections que vous avez effectuées à même le texte. J’ai ensuite réévalué ma structure pour séparer ma réflexion en trois chapitres, tel que demandé. Le premier point majeur que j’ai corrigé est le manque de référence par rapport au phénomène global en Europe de l’Est. La création de ce premier chapitre a donc été ma première priorité dans la mesure où elle était nécessaire dans le cadre de ma réflexion.

Je voulais aussi clarifier mes conclusions et c’est pourquoi j’ai utilisé ces mêmes

études dans le cadre de mon analyse, de ma discussion et de mes conclusions. J’ai aussi fait un tableau synthèse des principales études utilisées, de leur méthodologie et de leurs conclusions en annexe afin de faciliter la tâche au lecteur. Ce tableau permet d’avoir un résumé des principales approches à l’étude sans avoir à se référer constamment au texte.

Je dois cependant vous informer que je n’ai pas utilisé les Reprdsentative

Wahlstatistik du BWL puisque tous les textes sont en allemand et que la traduction que j’en avais laissait nettement à désirer. J’ai cependant tenu compte des commentaires sur

le processus d’illusion et de désillusion, sur la montée générale de la gauche ainsi que

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finalement, dans le but d’éliminer le plus possible les fautes d’orthographes, mon travail a été corrigé par un tiers. Par ailleurs, le terme sentiment d’unicité a été remplacé par celui de sentiment identitaire ou d’identité.

J’aimerais aussi remercier le Pr. André Blais pour sa supervision et son travail tout au long de mon mémoire. Vos commentaires ont été très précieux et ont suscité ma réflexion tout au long de mon écriture. Je tiens à vous dire merci pour le temps que vous avez pris ainsi que pour votre support durant cette période.

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INTRODUCTION

La chute du communisme en Europe a créé une scène politique particulière avec la naissance de nouvelles démocraties. Plusieurs partis politiques ont vu le jour tandis que dans plusieurs de ces pays les anciens partis communistes tentaient de se renouveler afin de survivre au sein des nouveaux systèmes en développement. Ces partis, dans certains pays tels que la Hongrie, la Slovaquie et le territoire de l’ex-Allemagne de l’Est, ont reçu depuis 1994 un appui de la population que nul n’aurait pu prédire.

fi est donc intéressant de se pencher sur ce phénomène particulier et de se demander quelles sont les causes de ces succès. Nous avons décidé, dans le cadre de cette recherche, de nous concentrer sur le cas du Partei des Demokratischen $oziaÏisrnus (PDS) en AÏÏemagne de l’Est de 1990 à 2002 puisque son succès au niveau régional est sans contredit l’un des plus étonnants. Arrivé sur une scène politique déjà établie par des partis occidentaux bien en selle, le PDS a su se faire une place respectable en ex Allemagne de l’Est en recueillant de 15% à 20% des voix entre 1990 et 2002.

Le texte qui suit est divisé en trois chapitres. Tout d’abord, dans le premier chapitre, il sera question du vote pour les anciens partis communistes en Europe de l’Est ainsi que des principales hypothèses et méthodes d’analyse utilisées par les chercheurs. Dans le deuxième chapitre, nous présenterons les hypothèses, les principaux concepts utiles à la présente recherche ainsi que de la méthode de recherche utilisée. Ensuite, nous examinerons le programme politique du PDS afin de comprendre sa place sur l’échiquier politique allemand. Dans le troisième chapitre, nous analyserons d’abord les résultats

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électoraux de 1990 à 2002 au Bundestag. Pour continuer, nous examinerons le profil socio-économique des électeurs du PDS ainsi que les valeurs et les attitudes de ces derniers. Nous analyserons aussi la question du sentiment identitaire présent au sein des Allemand de l’Est ainsi que son impact sur le vote. Ceci nous amènera à présenter le type d’électeur le plus susceptible de voter pour le PDS. Nous procéderons finalement à une discussion sur les hypothèses en parallèle avec les constatations faites par le biais des différentes études présentées.

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Suite à l’effondrement de l’empire soviétique, les pays de l’Europe de l’Est, nouvellement formés, se retrouvèrent face à un vide politique. Les différents électeurs étaient maintenant libres de choisir leurs dirigeants. Le plus grand défi que les anciens partis communistes ont dû relever est celui de se transformer afin de pouvoir survivre dans un système démocratique. Certains ont eu davantage de succès que d’autres, mais un phénomène est présent dans l’ensemble de l’Europe de l’Est: la remontée des votes pour ces anciens partis.

Ces partis ont certes eu un impact sur la démocratisation de l’Europe de l’Est. En fait, comme il est mentionné dans l’article de Ziblatt, il y aurait trois bénéfices directs provenant de ces partis : «the re-socialization of an otherwise exctuded segment of the post-colnlntmist eÏectorate, the estabÏislzment of a more coherentparty landscape, and

the channeling ofdiscontent awayfrom right wing nationaïist xenophobic inovements >. Plusieurs études ont été faites sur les élections en Europe de l’Est depuis 1990. Afin de mieux comprendre le phénomène en Allemagne de l’Est, et ainsi effectuer des parallèles avec nos hypothèses de recherches, nous allons aborder quelques théories avancées pour expliquer le vote pour les anciens partis communistes en Europe de l’Est.

fl faut cependant comprendre que ces partis n’ont pas eu le même succès dans chacun

des pays.

Dans leurs études, Evans et Whitefield explorent deux hypothèses pour expliquer

le vote pour ces partis : celle du positionnement sur l’échelle politique et l’impact du

succès économique, notamment la perception que les électeurs ont de ce succès. fls

‘Ziblatt. DanielF. 1998. «The Adaptation ofEx-Communist Parties to Post-Communist East Central Europe: a Comparative Study ofEast German and Hungarian Ex-Communist Parties ».p.12l.

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étudient principalement le cas de la République Tchèque, de la Slovaquie et de la Hongrie. Il s’agit de trois pays présentant des différences majeures au niveau du vote pour les anciens partis communistes. La Hongrie a élu en 1994 l’ancien parti communiste, la Slovaquie démontre un appui oscillant autour de 15%, alors que l’ancien parti communiste (CPBM) est marginal en République Tchèque. Après analyse, ils en arrivent à la conclusion que les électeurs du CPBM ne sont pas plus extrémistes que les autres concernant les politiques économiques avec lesquelles les partis sont associés. En fait, ce sont les électeurs qui perçoivent le parti comme étant plus extrémiste. Par

conséquent, la variable économique a davantage un impact. fis concluent donc que ce sont les «stresses variations in experience of the econoinic transition rather than dtfferences in tÏze strategies adopted by the successor parties »2

qui expliquent plus l’appuï aux anciens partis communistes.

En effet, ils notent que la situation économique est nettement meilleure en République Tchèque que dans les deux autres pays et que les électeurs ont la même perception de leur économie autant individuelle que nationale. 55% des Tchèques croient que l’économie va s’améliorer au cours des cinq prochaines années contre 29% des Slovaques et 33% des Hongrois. Les statistiques se resserrent au niveau individuel. 39% des Tchèques croient que l’économie de leur ménage va s’améliorer au cours des 5 prochaines années, contre 27% des Slovaques et 31% des Hongrois3. Lorsque l’on procède à une analyse régressive de ces données avec l’idéologie économique ainsi que l’emplacement à la gauche de l’échiquier politique, les coefficients sont significatifs. Ce

2

Evans, Geoffrey. Whitefield Stephen. 1995. «Economic Ideology and Political Success. Communist successor Parties in the Czech Republic, Siovakia and Hungary Compared». p.S65.

(15)

sont ces résultats qui permettent aux auteurs de conclure en l’importance de la variable économique.

Le succès hongrois a par ailleurs intrigué le chercheur Andras Kovacs. fi a décidé de se concentrer sur la théorie des perdants, en se demandant si les perdants de l’unification sont vraiment ceux qui ont contribué à la victoire de l’ancien parti communiste. fi se concentre notamment sur la théorie voulant que « the large social groups which suffered from the dismantiing of socialist economies and the ensuing econoniic recession voted for the successors ta ruling socialist parties out ofa nostaïgia for the securiry they enjoyed under the old system Ii note d’ailleurs que, suite à l’instauration de réformes économiques radicales, le support envers le marché économique a considérablement baissé et que la demande pour une protection sociale s’est accrue. Malheureusement, il ne donne pas de données démontrant ce phénomène. Il note que cette deuxième attitude n’a pas eu d’impact majeur sur le vote puisqu’elle était présente chez l’ensemble des électeurs.

Kovacs identifie aussi deux groupes votant principalement pour le parti socialiste hongrois t les hommes entre 33 et 49 ans ayant un diplôme et possédant des postes de

direction ainsi que les cols bleus qualifiés et les cols blancs de moins de 33 ans.

Une autre explication du succès de ces partis réside dans ce que Mangott nomma la théorie des « two comparative advantages ».

Le premier avantage serait les forces organisationnelles et financières des anciens partis communistes par rapport à leurs

Andras Kovacs. Did the losers reattywin?An analysis of electorat behavior in Hungary in 1994

-Central and Eastern Europe: Gains and Losses in the Transition to Democracy, [En lignel.

http://www.findarticles.comlp/articles/mi m22671is n2 v63/ai 18693759 (Page consultée le 16juillet 2005)

Mangott, Gerhard. 1995. When Ballot Boxes Tom Red: The Retum ofthe Former Communists—A Threat to the Consolidation ofthe New Democracies in the East, p6.

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nouveaux compétiteurs. Le deuxième avantage que ces anciens partis possèdent est le fait que les cadres de ces partis possèdent des compétences administratives qui sont nécessaires pour le bon fonctionnement des nouvelles sociétés post-communistes.

On retrouve cette théorie dans le texte de Ziblatt, qui nous mentionne que l’un des avantages que le HSP (Parti socialiste hongrois) possédait était celui de l’organisation. En effet, ce parti jouissait d’un membership largement plus grand que n’importe quel autre parti en place et entretenait une relation étroite avec les syndicats locaux. Le HSP a réussi dès 1994 à se faire élire, d’ailleurs.

Ce qui ressort des ces analyses cadre avec le processus d’illusions et de désillusions que semble avoir subi une bonne partie des Européens de l’Est suite à la chute du communisme. Dès 1990, les attentes étaient élevées. Ils s’attendaient à une amélioration rapide et considérable de leurs situations. Comme ces changements tardaient à venir, une forme de désillusion s’est installée. Par conséquent, un sentiment d’insatisfaction, particulièrement au niveau économique, s’est répandu dans certains pays, profitant ainsi aux anciens partis communistes. 11 s’agit d’un point que nous allons défendre tout au long de ce texte.

Le cas de l’Allemagne

Il nous apparaît important de souligner d’entrée de jeu qu’il faut voir le cas de l’Allemagne avec une certaine distinction lorsque l’on aborde cette question. En effet, comparativement aux autres partis, ce dernier est arrivé dans une scène politique déjà établie. Par conséquent, les anciens partis communistes n’ont pas connu totalement la même réalité que le PDS. Le PDS était un parti régional alors que les autres partis sont des partis nationaux.

(17)

Dans le cadre de la présente recherche, c’est le cas de l’Allemagne de l’Est qui nous intéresse particulièrement. Historiquement, cette société a vécu la période de la guerre froide de façon particulière, car elle était un terrain source de discorde, spécialement lorsque son territoire a été scindé, créant ainsi l’Allemagne de l’Ouest dans le camp allié aux Américains et l’Allemagne de l’Est du côté soviétique. Pendant que l’Ouest évoluait dans une société capitaliste axée vers le développement des libertés individuelles et du libre-marché, l’Est devait composer avec une dictature soviétique au sein d’un régime policier totalitaire. Les citoyens de l’Est, encore profondément marqués par le souvenir de cette époque, s’adaptent tant bien que mal au régime occidental de l’Allemagne unifiée depuis 1990.

C’est dans ce contexte que le Partei des Dernokratischen Sozialisnzus (PDS) tente de prendre place sur la scène politique. En 1990, le parti SED (SoziaÏistische Einheitspartei Deutschlands) de l’ancien régime socialiste devient le PDS, un parti socialiste disant défendre les intérêts et les valeurs des citoyens Est-Allemands. Le PDS doit donc s’adapter à la démocratie et se détacher le plus possible de l’image dictatoriale soviétique du SED. Il doit aussi se forger une place sur une scène politique marquée par la présence de quatre autres partis politiques.

Tenant compte de ce contexte, il est intéressant d’identifier la clientèle du PDS et de se demander pourquoi ces personnes votent pour, et donc accordent leur confiance à, ce parti politique depuis l’unification. C’est donc aux questions suivantes que ce texte tente de répondre: qui sont les électeurs du PDS depuis 1990? Ont-ils évolué avec le temps? Pourquoi votent-ils pour ce parti?

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La présente recherche vise à tester trois hypothèses spécifiques sur le cas particulier de l’Allemagne de l’Est et du PDS et ainsi voir si les mêmes explications peuvent s’appliquer pour le PDS jusqu’en 2002 que pour les autres anciens partis communistes ayant connu du succès. Tout d’abord, il y a l’hypothèse de l’insatisfaction économique puisque, suite à l’unification, les Allemands de l’Est ont vécu un grand chambardement. Plusieurs d’entre eux se sont retrouvés sans emploi. Certains programmes ont été mis sur pied afin de les aider, mais il reste que bon nombre d’entre eux se sont mal adaptés à l’univers capitaliste. Par conséquent, il est possible de penser que ces derniers votent pour le seul parti qui n’est pas identifié au système capitaliste qu’ils perçoivent comme responsable de leurs difficultés économiques, soit le PDS.

fi y a ensuite l’hypothèse idéologique, selon laquelle les électeurs du PDS votent pour ce parti parce qu’ils adhèrent à des valeurs de solidarité sociale et d’égalité, valeurs provenant de l’ancienne Mlemagne de l’Est et que le PDS est le seul à défendre de façon viable. Cette hypothèse vise aussi à analyser les attitudes des Allemands de l’Est et voir l’impact des celles-ci sur le vote. Pour illustrer ceci, on peut souligner que l’Allemagne de l’Est avait l’un des plus faibles taux de chômage chez les femmes6. Ce constat témoigne de l’ouverture des Allemands de l’Est sur la place des femmes dans la société et au sujet de l’égalité pour tous et chacun. Avec l’unification, le monde a changé et le nouvel univers capitaliste a fait augmenter le taux de chômage, particulièrement chez les femmes. On peut ainsi supposer que l’une des raisons motivant les électeurs à voter pour l’ancien parti communiste, le PDS, est qu’ils recherchent une affirmation de leurs

6

Christopher Flockton et JosefEsser, “Developments in German Politics” dans Gordon Smith et al.,

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valeurs et attitudes. Ces valeurs, exprimées ici dans le cadre du milieu de travail, sont, notamment, la solidarité, la coopération, l’égalité, la place de la femme par opposition à l’univers de compétition et le système basé sur le mérite de l’Allemagne unifiée.

La troisième hypothèse est l’hypothèse identitaire, selon laquelle les électeurs du PDS appuient ce parti parce qu’ils le perçoivent comme le seul vraiment dédié à défendre les intérêts communs des Allemands de l’Est. Les Allemands de l’Est ont été élevés dans le cadre de l’idéologie antifasciste, c’est-à-dire que l’Allemagne communiste identifiait le fascisme comme étant l’affaire de l’Ouest. Il y avait un sentiment de rejet quant à ce phénomène historique. Le PDS défendait encore cette vision en 2OO2. Dès l’intégration de cette idéologie dans leur vie, les individus ont commencé à se percevoir comme différents des Allemands de l’Ouest. On remarque qu’actuellement plusieurs Allemands de l’Est ne sentent pas qu’ils sont pleinement intégrés depuis l’unification, au point où certains se sentent perçus comme des citoyens de seconde classe.

Concepts et méthodologie

Deux concepts sont centraux dans l’analyse de nos questions de recherche: le concept de valeur et le concept d’identité. Les définitions retenues serviront donc de base à l’ensemble de la recherche.

Concept de valeur

L’un des concepts importants pour cette recherche est le concept de valeur. En effet, l’une des hypothèses que nous défendons est celle voulant que les électeurs s’identifient aux valeurs défendues par le PDS, valeurs qui ne se retrouveraient pas ou peu au sein

Mark R. Thompson. «Reluctant Revolutionaries: Anti-Fascism and the East German Opposition ».

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des autres partis. Bref, ceci équivaut à dire que les électeurs du PDS voteraient en fonction de leurs valeurs, valeurs probablement acquises pour un bon nombre d’entre eux pendant la période pré-1990 de l’Allemagne de l’Est. La définition du concept de valeur retenue pour les fins de cette étude est celle-ci

A concept ofwhat is desirabte or good or in some usage, the good or desiredthing itsef Valuesma)’ thus reflectwhata personwants—a goal, a

preference, adesire end-state - or they may reftect oize ‘sconcept of what is

good or right, what one ought ratherthan what on wants to do. Values are internai, subjective concepts that postula te standards of rnorality, ethic, esthetics, and personal preference. A set of related value hetd by a person, or shared by o group is catled û value system. 8

Concept d ‘identité

La définition retenue pour le concept d’identité est celle d’Andreas Staab que nous retrouvons dans National Identity in Eastern Gennany. La définition d’identité selon Staab est donc la suivante:

Idendty reflects the state ofmmd of an individuat toward his orher social

comnzunity. k represents o process of discovering and generating a consciousness toward one ‘s environment, a social assertion of the self as being somebody in the world. Through such an identily the individual locates and defines him or herself in the world, acquiring a collective personality basedonshared valties, experiences and orientations.9

Méthodologie

La méthodologie privilégiée ici est davantage d’ordre qualitatif puisque le but principal est de faire une synthèse des différentes approches mises de l’avant depuis 1990 à propos de l’appui du PDS en Allemagne de l’Est et de vérifier si, par le biais d’analyses électorales, elles sont valides. L’analyse des recherches va nous permettre de saisir à la fois l’argumentation des auteurs qui ont examiné le sujet et de déterminer si

$

PLANO, Jack C. et al. TheDictionaiy of Political Analysis. (Oxford, ABC-CLIO: 2e edition, 1982) 1658.

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les interprétations sont convaincantes. Le but ultime est ainsi de prendre position par rapport aux trois hypothèses soumises précédemment.

Nous avons décidé d’étudier le PDS de 1990 à 2002. En 2005, le PDS s’est allié une partie dissidente du SPD afin de créer le Linkspartei (le parti de la gauche), une alliance socialiste plus visible sur la scène nationale que le PDS l’était. La dynamique du parti est donc différente et le Linkspartei a recueilli un nombre de vote supérieur au PDS avec 8.7% des appuis. Ce changement de dynamique, la nouvelle orientation du parti et la proximité de l’élection font en sorte que nous avons pris la décision de ne pas aborder l’élection de 2005 dans cette étude.

Nous voulons aussi examiner l’évolution du profil de l’électeur PDS depuis 1990. Encore là, il sera possible d’utiliser des recherches et des analyses existantes sur le sujet. En plus de cela, il est pertinent d’utiliser des données provenant des membres du PDS. Ce profil est susceptible de nous aider dans la vérification du bien-fondé de nos hypothèses.

L’une des principales lacunes de la recherche est le fait que je ne comprends pas l’Allemand. Par conséquent, plusieurs publications ne me sont pas accessibles pour faire l’analyse, limitant considérablement le nombre de publications utilisées. II reste que bon nombre de ces publications sont abordées par le biais d’autres auteurs de langue anglaise et que cela permet de faire un survol de ce type de littérature.

Le PDS (Partei des Demokratischen Sozialismus)

Afin de mieux comprendre ce qui pousse les électeurs à voter pour le PDS, nous allons nous attarder sur le parti et son programme. fi faut comprendre qu’il s’agit d’un

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parti régional, dans la mesure où malgré le fait que le PDS présente des candidats dans tout l’Allemagne, ce n’est qu’à l’Est qu’il bénéficie d’une certaine popularité et parvient à faire élire des candidats. Pour donner une définition plus spécifique d’un parti régional, prenons la définition de Daniel Hough «At the potiticat levet, it is regionaÏty based potitical parties that act as expticit agents of structural spectficity fostering and/or

reflecting territorial consciousness and regionat identification. »1O

Cette conscience territoriale est le fruit d’un environnement politique, économique, social et culturel particulier.

Le PDS est présent sur l’ensemble des scènes politiques, à la fois au Bundestag, au Bundesrat et au Parlement européen. De plus, le PDS fait bonne figure sur la scène municipale. En mars 199$, 193 maires allemands étaient des membres élus sous la bannière du PDS et 911 sièges municipaux étaient entre leurs mains”. fl s’agit donc d’un parti actif et important sur toutes les scènes politiques. Malheureusement, l’étude relatant ces faits ne donne pas le nombre de candidats présentés au total.

II est un parti considéré comme nécessaire par 62% des Allemands de l’Est. En fait, 57% veulent que le PDS ait une place au Bundestag afin de défendre leurs intérêts12. Ceci en fait un parti important de la scène politique Est-allemande, comme en témoigne d’ailleurs l’appui au parti dans les différents niveaux électoraux.

10

Daniel Hough. «Made in Eastern Germany: The PDS and The Articulation oflastern German Interests ». German PotiticsVolume 9, Numéro 2 (2000) 129.

Ibid. 140.

12

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Fondation du parti

Le PDS est l’ancien parti communiste de l’Allemagne de l’Est. 11 était alors connu sous le sigle de SED. C’est en décembre 1989 que l’Allemagne, dans la foulée des événements menant à son unification, voit le PDS se dissocier des visées anti démocratiques du SED pour devenir un parti renouvelé sous le leadership de Gregor Gysi. En brisant ainsi l’image qui l’associait avec l’ancienne vision dictatoriale et stalinienne du communisme, le PDS a comme but principal d’être un parti socialiste moderne et de participer au nouveau processus démocratique. Conscients qu’ils devaient traîner avec eux le lourd passé historique du SED, les membres du PDS ont rapidement assumé les responsabilités de cette difficile période, tout en axant leur programnie électoral sur le rejet de ces anciennes valeurs au profit de la solidarité, de l’égalité et de la liberté. C’est en gardant en mémoire ces explications sur la fondation du parti qu’il faut comprendre et analyser l’ensemble du programme électoral que propose le PDS à l’électorat.

Le programme politique

Une fois que nous comprenons d’où vient le parti, il est important de voir les objectifs, l’idéologie et la vision du PDS. En effet, ceci s’avère essentiel afin de pouvoir analyser l’appui à ce parti et surtout les raisons poussant un certain type d’électeurs à voter pour le PDS. Pour ce faire, nous allons nous attarder au programme électoral du PDS et ainsi faire état des propositions faites par ce parti à l’électorat. II s’agit du tout dernier programme du parti, soit celui adopté en octobre 2003 dans sa version anglaise officielle. fi y a eu une légère évolution dans le temps, mais l’ensemble des plateformes

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est axé sur les mêmes valeurs et sur les considérations des Allemands de l’Est depuis 1994.

Il est aussi de mise de comparer le PDS aux autres partis présents sur la scène

politique en considérant sa place sur l’échiquier politique. Le PDS se présente comme le parti le plus à gauche de la scène politique, voire un parti d’extrême-gauche. Suivant la notion de l’axe droite/gauche, la scène politique se dresse comme suit (de la droite à la gauche): FDP, CDU-CSU, SPD, Verts, PDS. La place est plus limitée sur la scène gauchiste puisque trois partis se partagent l’espace. Cependant, le SPD est un parti davantage de centre-gauche, et les Verts défendent principalement les idées environnementalistes, le tout dans un contexte national allemand, donc différemment du PDS. Sur l’échiquier politique, les électeurs, y compris ceux qui ne votent pas pour le PDS, considèrent ce dernier comme étant un représentant des intérêts des Allemands de l’Est, et comme étant un parti nécessaire pour faire un contrepoids aux partis occidentaux.

Tout d’abord, il est important de rappeler que les trois valeurs de base du PDS sont la liberté, l’égalité et la solidarité. Elles sont à la base même de la vision que le parti

a du socialisme.

À

l’intérieur du programme, le PDS propose la définition suivante du socialisme:

For tts, sociatism is a necessary goal — a society in which the free

developrnent of each and eveiy wornan and inan is the condition for thefree developrnent of alt. For tts, socialisin is a inovement against the exploitation of inan by maiz, against patriarchal oppression, against the despoiting of the naturat environment, for the preservation and development of human

culture, for the implementation of huinan rights, for a society in which

citizens, women and men, seule their affairs democraticatly. For us,

(25)

justice, the preservation of the natural environment and peace are inseparabte. 13

Cette définition permet au PDS de conclure que le socialisme a été lourdement endommagé par les régimes précédents. Par conséquent, ils admettent que le SED fait parti des exemples peu glorieux du socialisme.

En défendant la liberté, le PDS prend position pour la paix et pour les méthodes pacifiques de résolution de conflits. Le PDS défend donc une position guerre, anti-guerre au terrorisme et anti-terroriste. Le parti n’hésite pas à qualifier les États-Unis de «puissance hégémonique et impérialiste », ayant des visions militaires, tout comme

l’OTAN.

En effet, le PDS est un parti actif sur la scène politique de l’Union Européenne et approuve ce que fait cette dernière. Cependant, ceci est sous certaines réserves. En effet, l’Union Européenne se doit de respecter les valeurs prônées par le parti, soit d’être un organisme supranational qui fait la promotion de la liberté, de l’égalité, de la solidarité et de la paix en Europe et dans le monde. Par ailleurs, le PDS considère que l’Union Européenne peut faire le poids contre les ambitions hégémoniques américaines ainsi que contre le néo-libéralisme. Le PDS est d’ailleurs prêt à endosser le développement d’un rôle indépendant de l’Union Européenne face aux États membres en matière de politique dans le but de contrer cette hégémonie. Mais, dans un autre sens, il faut faire attention de ne pas donner trop de pouvoir relevant des pays membres sans procéder à une

13

PDS. Programme ofthe Party of Democratic Socialism, [En ligneJ.

http://sozialisten.de/pol itik/international/fremdsprachige dokumente/pdf/programm englisch.pdf (Page consultée le 26 février 2005)

(26)

démocratisation du processus de prise de décision de l’organisme. Finalement, le PDS a appuyé la création d’une Charte des droits et libertés européenne.

La valeur de l’égalité pousse le PDS à prendre position contre l’influence des intérêts des institutions financières et des entreprises sur la scène politique. Les membres du parti croient que toute forme de propriété doit promouvoir les bases culturelles et sociales de l’Allemagne et non servir des intérêts financiers personnels. Par conséquent, ils sont aussi contre les mesures de l’Organisation mondiale du commerce et du FMI. On peut aussi considérer le PDS en faveur de la protection de la propriété publique lorsque ceci s’inscrit dans les intérêts de la population. Bref, la politique sur la propriété selon le PDS se définit comme suit « We stand for the protection of public property and its

expansion

f

and when this is meaningful in the interest of the public. We want to strengthen cooperative ownership. We reject the limitation of public power of disposai connected with the progressive privatisation of public property. >14

En effet, le PDS axe beaucoup sa vision sur le fait que la balance du pouvoir doit être modifiée afin d’arriver véritablement à changer les choses. Ce rééquilibrage doit se faire seulement dans le but de réaliser des politiques socialistes.

Finalement, il est important de souligner qu’une bonne partie du programme est dédiée à faire la critique et la dénonciation du traitement des Allemands de l’Est depuis 1990. 11 est logique de voir un tel point soulevé dans ce programme parce que le PDS vise principalement à aller chercher le vote de cette partie de l’électorat. Bref, le PDS souligne que bien que les Allemands de l’Est soient représentés de façon démocratique

‘4PDS. Programme ofthe Partv ofDemocratic Sociatism, [En ligne].

http://sozialisten.de/politik/internationaUfremdsprachige dokumente/pdf/programm englisch.pdf (Page consultée te 26 février 2005)

(27)

dans les nouvelles structures en place et que le droit individuel de chaque citoyen, aussi envers la loi, soit respecté, il reste que justice n’est pas rendue. En effet, le parti déclare que:

The ruting elites of united Gerrnany have ignored the historicat heritage of the GDR and its peacefut poptilar movernent of 1989/90 in order to tnaintain their own predominance and prevent social and democratic reforms in an enta rged Gerrnany. Their poticy also invotved a violation of the basic principles of the untjïcation treaty. As a resuit there are growing social inequality and political as well as legat disadvantages for East Germans. b

(28)

Présentation des résultats électoraux

Afin de comprendre le vote du PDS, il est d’abord important de prendre note des résultats électoraux lors des différentes élections depuis 1990. Le tableau ci-dessous présente les résultats en pourcentage par parti de 1990 à 2002 au niveau national, donc de l’Allemagne unifiée.

Tableau 1. Distribution du vote national par parti au Bundestag 2e vote

Année CSU/CSU SPD FDP Verts PDS Autres

2002 38.5 38.5 7.4 8.6 4.0 3.0

1998 35.2 40.9 6.2 6.7 5.1 5.9

1994 41.5 36.4 6.9 7.3 4.4 3.5

1990 43.8 33.5 11.0 5.0 2.4 4.3

Source Ainerican Institute for Conternporaiy Gennan Studies

Malgré les prédictions affirmant la mort du PDS dès l’élection de 1990, le parti n’a cessé d’élargir son appui électoral jusqu’en 1998, pour finalement atteindre le fameux seuil de 5% requis pour participer à la distribution de députés de liste’6.

Il ne suffit pas de regarder les résultats nationaux. Ce qui nous intéresse principalement, ce sont les résultats de l’Allemagne de l’Est. Voici un tableau comparatif présentant l’évolution du vote pour le PDS en Allemagne de l’Est et de l’Ouest.

16

y a un seuil minimum que chaque parti doit atteindre afin d’avoir le privilège et la chance de faire élire des députés de listes. Ce seuil est de 5% des voix nationales exprimés ou l’élection de trois députés de circonscriptions. C’est ce seuil qui cause certains problèmes au PDS (ce dernier ne l’ayant pas atteint lors des élections de 2002). Comme il s’agit d’un parti régional, et donc margnaJ au plan national, il est plus difficile pour le PDS d’obtenir les 5% requis. Ils doivent donc miser le plus possible sur l’élection de trois candidats, puisque l’Allemagne de l’Est constitue un électorat moins important que l’Ouest.

(29)

Tableau 2. Distribution du vote Est/Ouest aux élections du Bundestag 2e vote

Année Partie Participation CDU/CSU SPD FDP Verts PDS Autres

1990 Ouest 78.6 44.3 35.7 10.6 4.8 0.3 4.4 Est 74.5 41.8 24.3 12.9 6.2 11.1 3.8 1994* Ouest $0.6 42.1 37.5 7.7 7.9 1.0 3.9 Est 72.9 38.5 31.5 3.5 4.3 19.8 2.4 199$** Ouest $2.8 42.4 37.2 7.1 7.0 1.1 5.1 Est 80.3 35.6 27.6 5.2 3.6 19.5 8.5 2002 Ouest - 40.8 38.3 7.6 9.4 1.1 2.8 Est - 28.3 39.8 6.4 4.8 16.8 3.9

*Ouest comprenant Berlin Ouest, Est comprenant Berlin Est.

** Ouest sans Berlin, Est comprenant Berlin

Source American Institute for Contemporary Gennan Studies

Nous pouvons donc constater l’évolution du vote pour le PDS depuis 1990. On remarque d’abord la remontée spectaculaire du PDS à l’Est en 1994, la consolidation en 1998, mais aussi Je fait que le parti ait connu un léger déclin en 2002. Bien que le vote ait légèrement augmenté en 1994 à l’Ouest, le pourcentage de vote exprimé est resté sensiblement le même depuis. On remarque aussi l’importante hausse du SPD ainsi que la baisse de la CDU/CSU en 2002 par rapport à 199$, ce qui affecte directement le vote du PDS.

Analyse sommaire

Interprétation des résultats

Le PDS a réussi à se démarquer et à augmenter considérablement son électorat entre 1990 et 199$, sans toutefois parvenir à faire une véritable percée dans l’Ouest.

(30)

Toutefois, il est important de noter qu’il existe une mutation dans la stratégie que le PDS utilise depuis 1990 afin de séduire l’électorat. Ceci permet de comprendre l’évolution du vote et donc la montée et la récente baisse du vote accordé au PDS.

Le PDS a dû au départ se former une identité propre et se réformer de l’intérieur. Le parti se présentait alors à l’électorat en tentant de montrer une forme renouvelée du socialisme de l’Allemagne de l’Est17. Cela n’a pas eu le succès escompté, le parti recueillant seulement 11.1% du vote chez les Allemands de l’Est.

Vers 1992, le PDS a centré son discours davantage sur les problèmes de transition, voyant ainsi une possibilité de se rallier une bonne partie de l’électorat frustré et lésé par l’unification. Il exploitait ainsi le désenchantement et l’insatisfaction face à la transition effectuée depuis 1990.

Les Allemands de l’Est, en réaction à ceci et au sentiment de rejet, sont devenus nostalgiques, comme le démontre entre autres Stuart Gapper. Cette nostalgie ne cesse de grandir depuis 1992 et est à la base d’un sentiment identitaire.

The perceived arrogance of the elite actors in the otd Liinder (alo,zg with those newty arrived in the East) and the blatant disregard for most things

eastern Gerinans led many to feet like strangers in their own country. As a reaction of titis, feelings of nostatgia for some aspects of the GDR system began to grow and there was increased sense of (defiant) eastern distinctiveness.18

Les Allemands de l’Est développaient à ce moment une nouvelle perception de l’unification. En fait, ils percevaient l’événement davantage comme une annexion pure et simple.

17

Stuart Gapper. «The Rise and Fali of Germany’s Party of Democratic Socialism ».German Politics

Volume 12, Numéro 2 (2003) 66.

18

(31)

Le PDS n’a pas eu le même succès en 2002, n’ayant même pas réussi à atteindre le seuil pour la répartition des sièges de liste. En fait, seulement deux députés ont été élus, deux femmes dans des comtés de Berlin-Est. L’une des raisons principales de cet échec est sans aucun doute la perte du charismatique leader Gregor Gysi’9.

Il faut aussi noter que le PDS a été plutôt lent à réagir aux inondations de 2002 et que le SPD de Schr5der a quant à lui offert un soutien immédiat aux familles dévastées par les intempéries, aidant ainsi le SPD à obtenir le vote des électeurs potentiels du PDS. Bref, selon l’American Institute for Contemporaiy German Studies (AICGS), le SPD a pu démontrer qu’il se souciait lui aussi des Allemands de l’Est. Ces électeurs ont aussi opté pour le parti ayant le plus de chances de défaire la CSU. Ils ont préféré faire un vote stratégique que de voter pour le PDS. Ce même SPD a aussi pris position contre la guerre en kaq, prônant ainsi l’idéologie pacifiste généralement défendue par le PDS20. Ce sont ces quelques raisons qui permettent d’expliquer la baisse du PDS en 2002.

Approche socio-économique et l’impact des valeurs et des attitudes

fi est maintenant temps d’aborder la première hypothèse, soit que les gens votent pour le PDS selon des considérations socio-économiques, c’est-à-dire en fonction d’une insatisfaction économique.

Tout d’abord, observons globalement les motivations des électeurs du PDS. II est important de constater qu’en dépit du fait que les Allemands de l’Est soient généralement insatisfaits de l’unification, comme le reconnaît l’Ambassade de

19

Ibid. 71.,JohnsHopkins University. American Institute for Contemporary German Studies. A1CGS, [En ligneJ. http://www.aicus.org/ (Page consultée le $ octobre 2003)

20

Johns Hopkins University. American Institute for Contemporary German Studies. AJCGS, [En ligne]. http://www.aices.org/ (Page consultée le $ octobre 2003)

(32)

l’Allemagne à Washington D.C., ce qui motive les électeurs du PDS, c’est le caractère régional et ses positions sociales. Selon un sondage du Der Spieget à l’été 1998 demandant aux électeurs réguliers du PDS d’expliquer leur vote:

[H]alf the respondeizts cited the PDS’s eastenz roots and its positions on

social poticy. About a third said they intended their votes for the PDS as a protest against either lie Kohi governinent or western influence in setting policy for the east. Five percent described their sttpport for the PDS as a protest againstunification. 21

Ne connaissant pas les détails complets de l’étude, il faut prendre ces propos avec un peu de recul. R se peut que ces explications ne soient en fait que des rationalisations. Les répondants étaient invités à inscrire les raisons expliquant le PDS conime choix électoral et ceci n’est qu’une brève partie de l’analyse. Nous retrouvons par contre sensiblement le même argument chez Jonathan Olsen, qui lui aussi témoigne d’une insatisfaction générale envers un système occidental qui semble détaché des valeurs des Allemands de l’Est. Comme il l’affirme dans l’un de ses articles

The PDS’s sttccess can be explained by rnany eastern German voters’ disenchantment with the social, cuttural, and economic effects of reunification as well as by tue distinctive regional and fragrnented character of the German Potiticat Party System that altows the PDS, as the sef-proclairned defender of “eastern interests,” disproportionate potiticat influence.22

Cependant, bien qu’il y ait une forme de désenchantement comme l’affirme Olsen, très peu d’électeurs du PDS retourneraient de toute façon à l’ancien système communiste de la RDA. En effet, selon un sondage du Der Spie gel, la grande majorité

21

Ambassade de l’Allemagne à Washington. Germany Info: Information Service: Archive : Background Papers, [En ligne].

http://www. gerrnany-info.or/relaunc Mn o/archivesIbackcround/afterwalI.html (Page consu1te le 8 octobre 2003)

22

Jonathan Olsen. Jonathan Otsen: Gennany’sPDS:BetweenEastAnd West,[En ligne].

(33)

des supporteurs du PDS préféreraient habiter dans un mélange entre la RFA et la RDA que dans la présente Allemagne unifiée23.

Il reste que cette unification, que l’on peut nommer «phase de transition » entre deux types d’Allemagne, est plutôt différente des autres transitions entre le communisme et la démocratie. En effet, Dalton avance l’idée que la transition démocratique à l’Est est différente de la majorité des transitions de l’Europe de l’Ouest parce que les Allemands de l’Est commencent cette nouvelle expérience démocratique avec des attitudes positives envers le système démocratique. fls possèdent aussi des valeurs démocratiques24. Ce sont ces deux points qui les distinguent de ces autres transitions.

Le contexte socio-économique

Depuis l’adhésion de l’Allemagne de l’Est à l’Allemagne de l’Ouest, nous assistons à un changement marqué au sein de l’économie de l’Est. En fait, le système économique en Allemagne de l’Est était basé sur une structure fondamentalement axée vers l’industrie lourde. Par conséquent, l’Allemagne de l’Ouest se doit d’adapter l’économie de l’Est au monde capitaliste et les nouveaux standards rendent jusqu’à 70% des emplois de l’Est complètement obsolètes25. Ceci a mené à une restructuration économique touchant plusieurs emplois. Ce sont davantage les emplois des apprentis et des femmes qui ont été touchés, ceux-ci n’ayant pas les qualifications requises dans l’Allemagne unifiée pour travailler ou voyant leurs emplois devenus obsolètes. La RDA avait un système double de formation dans lequel on apprenait l’emploi en devenant

23

Der Spiegel in Daniel Hough, «Made in Eastern Germany: The PDS and The Articulation ofEastern German Interests», 139.

24

Russell J. Dalton. «Communists and Democrats : Democratic Attitudes in the Two Germanies ».

British Journal of Potitical Science 24 (1994)$469-493 25

Christopher Rockton et Josef Esser, “Developments in German Politics” dans Gordon SMITH et al., Developrnents in Gemian Politics, 287.

(34)

apprenti, ce qui totalisait les deux tiers des demandes d’emploi. Quant aux femmes, 90% d’entre elles travaillaient26.

En effet, 58,5% des chômeurs post-réunification en ex-RDA étaient des femmes27. Certains secteurs ont davantage été affectés par le chômage que d’autres. Le secteur manufacturier avait accusé une baisse de 60%, le secteur des mines et énergie avait enregistré, pour sa part, une baisse de 39% et le secteur des services avait vu son effectif réduit de 22%. Par contre, le secteur des constructions a connu une hausse de 10%, attribuable notamment à la modernisation des routes et des bâtiments, principalement à Berlin. En tout, on évalue que 40% à 50% des Allemands de l’Est ont connu le chômage au moins une fois depuis l’unification28.

Le taux de chômage est plus élevé à l’Est qu’à l’Ouest, atteignant des sommets autour de 20% lors de la récession du milieu des années 1990. Depuis le milieu de 1998, le chômage a considérablement baissé à l’Est pour cependant remonter en 2001. En janvier 2005, le taux de chômage à l’Est était de 20.5%, et de 9.9% à l’Ouest. Une figure en annexe 1 démontre la disparité en matière de chômage en 2004. Ceci témoigne du fait que l’Est est encore nettement plus dépendant de la création d’emploi que l’Ouest.

Et maintenant, comme le soutient Grix dans ses études, les hauts taux de chômage donnent lieu à une forme de nostalgie envers le socialisme et à une attitude négative face au système de l’Ouest, un système, faut-il le rappeler, qui était déjà là et accepté par l’Ouest avant l’unification. Donc, encore une fois, tout ceci est favorable au PDS, puisque les attitudes liées à l’économie jouent un rôle dans le choix des électeurs

26

Id

271d.

28

(35)

Est-allemands. Par conséquent, les électeurs se tournent vers le parti défendant ces attitudes et valeurs de socialisme, d’égalité sociale et de critique envers le système de l’Ouest. Bref, l’économie a un lien direct sur l’identité même d’un peuple et a eu, par

conséquent, un effet marquant sur les Allemands de l’Est. fi argumente que le développement économique de l’ancien régime a forgé toute une partie de leur identité.

Cependant, grâce à une restructuration au niveau de l’emploi, plusieurs habitants de l’Est ont pu bénéficier de différents types d’aide au marché du travail. Au total, on a pu compter 350 000 participants à des programmes de création d’emploi, 90 000 travailleurs re-spécialisés dans un nouveau domaine et 280 000 bénéficiaires d’un régime spécial de préretraite29. fi reste que malgré ces efforts, plusieurs citoyens restent insatisfaits, notamment un bon nombre de gens qui ont dû prendre une retraite hâtive. En 1999, on évaluait à plus de 1.3 millions le nombre d’Allemands de l’Est ne possédant pas un emploi régulier, dont 400 000 étant considérés comme des chômeurs de longue durée30.

Malgré tous les efforts déployés pour réduire le fossé entre l’Est et l’Ouest, il existe toujours plusieurs inégalités aux niveaux social et économique, plusieurs années après l’unification. En effet, l’Allemagne de l’Est avait seulement 56 % du produit intérieur brut de l’Allemagne de l’Ouest, 30% de son impôt, 60% de sa productivité et 80% de son salaire moyen31, laissant ainsi croire que l’Est est en fait subventionné par

l’Ouest. Bien que les données sur le salaire moyen soient un peu faibles, les autres sont

29

Christopher Flockton et Josef Esser, “Developments in German Politics” dans Gordon SMITH et al., Devetopments in Gemian Potitics, 287.

30

Daniel Hough, «Made in Eastern Germany: The PDS and The Articulation ofEastern German Interests », 132.

SASA London.AusDeiiz Dekornnetz—Panel, [En ligne].

(36)

bien significatives de la différence présente entre les deux régions. Cependant, les Allemands de l’Est se sont adaptés relativement rapidement au modèle capitaliste et ont même vu leurs salaires de base augmenter d’environ 53% entre 1991 et 199532, ce qui

n’est toutefois pas assez pour parvenir à une égalité entre l’Est et l’Ouest. En 1991, 85% des Allemands de l’Est considéraient les différences salariales en l’Est et l’Ouest comme injustes. En 1993, ce nombre atteignait 79%33, ce qui est toujours très élevé. Cela témoigne grandement de l’insatisfaction générale, bien que cela ne soit qu’un indicateur possible parmi d’autres pour faire une analyse de la situation.

li est certain qu’il faut garder à l’esprit que le retard économique de l’Est suite au communisme ne pouvait être rattrapé en quelques années. fi reste que les citoyens sont déçus des promesses de l’Ouest qui n’ont pas été, selon eux, respectées. fi y a une insatisfaction face aux méthodes utilisées pour essayer d’enrayer le chômage, d’intégrer les Allemands de l’Est au mode de vie capitaliste ainsi que face à la situation socio économique en général. En effet, on assiste à un grave problème de chômage en Allemagne de l’Est, et la perception est que le système économique en place est inefficace. On peut alors penser que le vote accordé au parti durant cette période, allant jusqu’en 1994, est un vote de contestation contre les mauvaises conditions socio

économiques34.

En plus des différences au niveau des salaires, les gens de l’Est digèrent mal l’augmentation fulgurante des taxes. Selon le Aus dem Dekornnetz- Panel, cinq raisons permettent d’expliquer ces problèmes:

32

Andreas Staab,National IdentityinEastern Gennany, 33. Ibid. 37.

(37)

1. The currency exchaitge rate of 1: 1 which destroyed the East Gernian

coinrnodity markets. 2. The rapid raising of wages far over the productivity levet, whiclz set back east Gerinan enterprises. 3. The tack ofinvestment (the depreciation of the capital stock was 90%). 4. The lack of earnings/revenue from privatisation (so the necessaiy investment had to be financed by subsidies and taxes). 5. The dtfference of living standard was mach bigger than expected.

Par conséquent, les citoyens de l’Allemagne de l’Est sont toujours insatisfaits. En plus des inégalités, il y a aussi de l’insatisfaction suite aux Treuhand policies35 mises en place par le gouvernement Kohl. Ce gouvernement a, par le biais de ces politiques, pris la décision de favoriser la restitution des entreprises plutôt que la voie de la compensation, faisant ainsi en sorte que chaque réclamation de propriété doit faire l’objet d’une bataille judiciaire. Donc, chaque propriété d’entreprise se retrouvait devant les tribunaux pour un processus long et fastidieux, créant une colère et une frustration au sein des entrepreneurs est-allemands. Cette colère était axée directement vers la nouvelle autorité en place ainsi que vers le système légal. Certaines entreprises ne remplissaient pas les standards et ont tout simplement fermé. Ceci a eu pour conséquence d’innombrables pertes d’emplois. Bref, le manque d’intérêt des nouveaux dirigeants de l’Ouest envers les préoccupations locales de l’Est, c’est-à-dire les pertes d’emploi, la fraude et l’implication des dirigeants face aux Treuhand poticies36, a engendré une frustration encore plus grande et un sentiment de colonisation.

On note un impact direct de cette insatisfaction au sein de l’opinion publique. En 1990, les sondages montraient que 77% de citoyens de l’Allemagne de l’Est avaient une bonne opinion de l’économie de libre marché. Deux ans plus tard, ils n’étaient que 50%

à penser cela. Finalement, en 1997, ce pourcentage de gens satisfaits du système

Andreas Staab,NationalIdentityin Eastern Germany, 34-35.

36

(38)

économique a chuté à un seuil de 30%. LeAus dem Dekonznetz, dans une étude portant sur la démocratisation des anciens pays communistes, en vient ainsi à la conclusion que

la confiance dans «the democratic institutions and commun ities tike trade unions,

political parties, churches, citizens’ initiatives is much weaker in the new coïtntries than in the west and stili decreasing. Only a minority in the new countries wiÏl actively supportthe dernocratic values ofa civil society.

Nous retrouvons aussi l’insatisfaction envers les conditions de vie. En 1992, 72% des Allemands de l’Est étaient déçus des conditions de vie. En 1994, le nombre d’insatisfaits a chuté à 64%. Ce nombre est plus élevé chez les partisans du PDS. Même si ce pourcentage est en baisse, il reste que ce 64% paraît très élevé dans les circonstances actuelles. Malgré tout, ils admettent que la situation est meilleure qu’avant dans une proportion de 47% en 1992, contre 54% en 1994.

Nous devons toutefois rester critiques face à ces données puisqu’elles ne font que noter les principales lacunes économiques des Allemands de l’Est et ne témoignent pas toujours de l’ampleur des améliorations depuis 1990. 11 faut souligner aussi les réussites économiques de l’Allemagne de l’Est depuis l’unification, réussite la plus rapide et la plus productive de tous les pays du bloc soviétique.

This flourishing and steadlly expanding private sector testfies to the scale of the economic change that has occurred in eastern Germany since

untfication. The ftttl extent of this change is often overtooked, thottgh: eastern Gennany‘s economic progress is invariably rneasured against by

Ïzow close it tias corne to inatching western Gerinan peiformance tevets

rather than howfar it put centralized planning and COMECON-focused

trade behind it. financial, technical and legal assistance from the western German states have helped eastern Gerrnany make a more rapid and SASA London. Aus Dem Dekornnetz—Panel, [En ligne].

http://www.dekomnetz.de/e2/e66flohausslondon.html (Page consultée le 14juillet 2004) 38

iu.

(39)

argttably less disruptive transition to the Jree inarket thon the other onetime Warsaw Pact member states.4°

D’ailleurs, selon le même organisme, la productivité en 1997 avait plus que doublé dans les domaines manufacturiers depuis l’unification.

On remarque que les citoyens ont dû subir toutes sortes de transformations et de chamboulements au niveau de leurs vies afin de pouvoir s’adapter au nouveau monde occidental capitaliste qui venait de s’ouvrir à eux. D’ailleurs, c’est à partir de 1994 que le PDS a commencé à gagner une certaine popularité, laissant ainsi le temps aux Allemands de l’Est d’être insatisfaits et de se tourner vers le seul parti semblant avoir réellement les mêmes valeurs. Nous croyons ainsi qu’en vertu des données présentées, nous pouvons affirmer que l’insatisfaction économique a tenu un rôle majeur dans le choix du PDS. fl y a insatisfaction, mais les prochaines sections vont nous permettre éventuellement de voir s’il existe bel et bien un impact sur le choix des électeurs.

Les valeurs des Allemands de l’Est face aux valeurs du PDS

Le PDS défend trois valeurs principales à l’intérieur de sa plate-forme électorale, soit la solidarité, l’égalité et la liberté. Ces valeurs ne sont pas défendues par tous les partis, ce qui est notamment le cas de la CDU/CSU. La question est de savoir si ce sont des valeurs que les Allemands de l’Est possèdent et recherchent dans un parti politique, du moins plus précisément les électeurs-types. En effet, la présente section vise notamment à définir les valeurs des Allemands de l’Est et voir en quoi cela peut être

40

Ambassade de l’Allemagne à Washington. Germany Info Information Service : Archive : Background Papers, [En ligne].

http:Ilwww. germany-info.org/relaunchlinfo/archi vesfbackground/afterwall html (Page consultée le 8

(40)

profitable au PDS, spécialement ci ces valeurs se rapprochent de celles véhiculées par les partis en place.

Valeurs et économie — Dans le régime communiste, les habitants ont développé un

système de valeurs et d’éthique de travail fort différent de celui de l’Ouest. Staab4’ a démontré que les Allemands de l’Est avaient un sérieux manque au niveau des qualités pour être de bons directeurs et ne prenaient aucun risque en affaire. Ces derniers ont des valeurs plutôt traditionnelles à l’ancien régime, soient l’assiduité, le sens du devoir, l’honnêteté et la fiabilité comparativement aux valeurs du système allemand actuel qui privilégie les valeurs de compromis, de créativité, de flexibilité et la prise de risques. fi y a cependant une bonne adaptation de la part des Allemands de l’Est. Cela ce voit notamment par la hausse d’entreprises qui ont vu le jour depuis l’unification sur le territoire, ainsi que la grande motivation dont font foi les travailleurs. Cependant, ces différences au niveau des valeurs donnent lieu au développement de perceptions péjoratives. Les Allemands de l’Ouest ont l’impression que les Allemands de l’Est sont incompétents. Les Allemands de l’Est, quant à eux, perçoivent les Allemands de l’Ouest comme des individus arrogants42. Bref, les Allemands de l’Est, au niveau du travail, ne se retrouvent pas dans les valeurs véhiculées par les entreprises de l’Allemagne unifiée. Cela s’ajoute aux insatisfactions économiques déjà en place, provoquant à la fois colère et frustration.

Andreas Staab, National ldentity in Eastern Gennany, 38.

42

(41)

Valeurs, attitudes et culture politique — La culture politique est déterminée en fonction

de la société dans laquelle les gens évoluent. Dans le cas de l’Allemagne de l’Est, l’impact du régime communiste est important. Dalton43 aborde justement la question du remodelage de la culture politique selon ce point de vue. La première constitution de la RDA parlait d’État démocratique pluraliste et de protection des droits civils. Les structures impliquaient et menaient à une grande participation les citoyens dans des institutions sociales et économiques variées. Dans la réalité, c’était un État non démocratique. Suite à son étude, Dalton conclut que les attitudes démocratiques à l’Est sont étroitement reliées aux promesses de prospérité de l’Ouest. fl note d’ailleurs que l’appui à la démocratie est plus grand chez les jeunes. Donc, selon Dalton, les valeurs démocratiques de l’Est sont nées d’une combinaison entre la socialisation contraire à la culture, l’union potentielle avec l’Ouest et les évaluations économiques reliées aux évènements critiques de la chute de la RDA. De plus, aucune corrélation entre les statuts sociaux et les attitudes démocratiques n’est notable.

Milkenberg44, quant à lui, perçoit l’Allemagne comme un cas de discontinuités culturelles dans un cadre de transformation politique. fi aborde d’abord la RDA comme un État prônant des principes d’antifascisme, de démocratie, de socialisme, d’égalitarisme et de justice sociale, mais dans le cadre non démocratique d’un système à parti unique.

Milkenberg reprend aussi le concept de civic culture (Almond et Verba) pour évaluer la transition de cette forme de culture à l’Allemagne unie. Cette première

°

Russeil I. Dalton, «Communists and Democrats : Democratic Attitudes in the Two Germanies».

Micheal Milkenberg. «The Wall after the Wall : On the Continuing Division of Germany and the Remaking of Political Culture ». Comparative Potitics26 (1993) : 53-68.

(42)

révolution réussie de l’histoire allemande apporte un nouveau sens de compétence civique et de conscience démocratique aux citoyens est-allemand. L’auteur croit ainsi que si cette transformation de la culture politique en culture civique doit réussir, la reconstruction doit se faire lentement et socialement, dans un processus d’adaptation collectif.

Bref, nous pouvons dire que les deux auteurs s’entendent pour dire qu’il y a des attitudes qui sont particulières à l’Est. Ceci vient donc corroborer l’idée de base que les Allemands de l’Est possèdent des valeurs propres, soit celles de socialisme et d’égalitarisme, qu’ils aimeraient pouvoir exprimer sur la scène politique. Malheureusement, les auteurs ne précisent pas si cette culture politique particulière permet aux électeurs de trouver des motivations pour voter pour le PDS. Ce constat nous permet cependant de comprendre davantage les valeurs de l’Est afin de déterminerpar la suite si effectivement cela pourrait avoir ou non un impact sur le vote.

Valeurs, systèmes et politiciens — Les systèmes ont aussi un impact sur l’élite et leurs

valeurs. L’importance d’aborder ce point est de vérifier si l’élite possède les mêmes valeurs que la population qu’elle désire représenter. Rohrschneider45 se propose, en 1994, de demander aux élites quelles sont les composantes les plus importantes en démocratie. II croit qu’il y aura une différence entre l’Est et l’Ouest, mais aussi une différence générationnelle. Pour ce faire, il procède à une comparaison des résultats des élites qu’ils qualifient d’avant-guerre avec ceux d’après-guerre. Il constate d’abord qu’il y a effectivement une différence entre les élites plus âgées et les plus jeunes à l’Est au ‘

Robert Robrschneider. «Report from the Laboratory : The Influence of Institution on Political Elites

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niveau de la nécessité de la part des gouvernements de procurer une forme de sécurité sociale aux individus. II fait aussi le même constat pour l’importance de la démocratie directe. Dans les deux cas, les élites n’ayant connu que le système politique communiste de l’Allemagne de l’Est considéraient ces composantes comme étant plus importantes que leurs confrères plus âgés. Ceci démontre que le système peut avoir un impact sur les valeurs démocratiques des individus.

En fait, l’une des conclusions de cette recherche est que les membres du parti communiste étaient davantage exposés aux normes institutionnelles du système socialiste que les autres. Ceci a un impact direct sur les composantes qu’ils considèrent comme étant primordiales dans une démocratie. En effet, bien que tous les membres de l’élite aient fréquemment mentionné l’importance des droits civils et de la compétition politique, les représentants de l’Est étaient, malgré la différence générationnelle, beaucoup plus enclins à considérer la démocratie directe et l’égalité sociale comme étant des composantes fondamentales de la démocratie. Les membres du parti communiste accordaient d’ailleurs une moins grande importance aux droits démocratiques, mais étaient plus enclins que les membres des autres partis à défendre les conceptions d’une démocratie égalitaire pour tous46.

Cette étude confirme plusieurs points de vue émis par Dalton47, que nous avons vus plus haut. D’ailleurs, Rohrschneider conclut que les raisons expliquant que les élites de l’Est possédaient des valeurs démocratiques résultent entre autre du fait que les citoyens avaient accès aux moyens de communication de l’Ouest durant la guerre froide. Ceci leur permettait ainsi de se familiariser avec les concepts de la démocratie et

46

Russeil J.Dalton, «Communistsand Democrats : Democratic Attitudes in the Two Germanies».

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d’appuyer les droits civils démocratiques libéraux. Cependant, bien qu’ils supportaient cela, ils le faisaient dans un cadre démocratique privilégiant l’égalité sociale et la démocratie directe, deux valeurs qu’ils ont acquis à même le régime socialiste dans lequel ils ont évolué. Cela est davantage le cas lorsque c’est le seul régime qu’ils ont connu.

L’étude datant de 1994, il est possible de se demander si les choses peuvent avoir changé. Malheureusement, Rohrschneider ne fait pas de comparaison entre les élites des différents partis donc il n’est pas possible de savoir s’il y a une différence entre les élites du PDS et les élites de l’Est provenant d’autres partis. Le tout est présenté de façon générale. fl s’agit selon nous de la principale lacune de l’étude.

Valeurs et socialisme —Tout ceci nous amène à penser que les valeurs des Allemands de

l’Est sont en bonne partie le fruit de l’influence du régime communiste dans lequel ils vivaient. En effet, il semblerait que les Allemands de l’Est auraient tendance à privilégier des valeurs comme l’égalité comparativement aux valeurs dites démocratiques de la liberté et de la démocratie. La liberté est d’ailleurs une valeur défendue par le PDS. Elle se retrouve dans la population est-allemande, mais dans une moindre mesure que l’égalité, une autre valeur défendue par le PDS. Sur ce point, il est juste de dire que «[i]t is not only stowly changing, the gap in values between east and west is even deepening. » E n’existe malheureusement pas d’études électorales en anglais ou en français traitant de ces deux valeurs.

48SASA London. Aus Dem Dekornnetz—Panel, [En ligne].

(45)

Les attitudes

11 est important de mentionner que nous considérons les attitudes comme étant des composantes se formant en fonction du passé et du présent de la nation49 et qu’à la base, nous supposons qu’il existe en 1990 une différence entre les attitudes de l’Est et de l’Ouest. Bien que les valeurs soient plus générales et fondamentales, il reste que les attitudes sont des caractéristiques spécifiques qui en découlent directement. Dans le cas des Allemands de l’Est, nous retrouvons un comportement qui pourrait être en lien avec le vote pour le PDS.

Il est aussi important de souligner qu’au départ, il est possible d’analyser les attitudes selon deux approches, définies notamment par Jonathan Grix. Elles abordent principalement le sujet des attitudes envers les institutions, la démocratie et le désir de participer au processus politique en tant que tel. Tout d’abord, il y a l’approche des sociatist tegacies. Les tenants de cette approche considèrent que les expériences de socialisation à l’intérieur des systèmes politiques sont à l’origine des différences d’opinion en Allemagne. Bref, ce que les auteurs de cette approche tentent d’analyser est ceci : « the impact that experiences of living under sociaÏism had on east Gennans’ attitudes towards a variety offactors in post-umjïcation Gennany. »50

Il y a ensuite le situational factors approach. Les partisans de cette approche croient que le processus de transformation est à l’origine des différences qui existent encore au sein de la nation. Ce processus aurait un plus grand impact que les expériences

Jonathan Grix. «East German Political Attitudes: Socialist Legacïesy. Situational Factors—A False

Antithesis». Gemian PotiticsVolume 9, Numéro 2 (2000) 109.

50 Id.

Figure

Tableau 2. Distribution du vote Est/Ouest aux élections du Bundestag 2e vote Année Partie Participation CDU/CSU SPD FDP Verts PDS Autres
figure 1. Moyenne du taux de chômage par région pour l’année 2004 Deiitsclilaiid 10.5 (10.5) Westdeiitschlaiid 8.5 (8,4) Ostdeutschland 18.3 (18.5) n <= 8,4 n <= 12,0 n 10,7 — = 20,9 — fl1tItiIo*nquûtn In=25,1 Pront b oen lui iII I vllen n-eer eronen
Tableau 4. Conclusions des auteurs en lien avec l’hypothèse socio-économique
Tableau 5. Conclusions des auteurs en lien avec l’hypothèse des valeurs Russeil J. Dalton, Russeil J
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