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Configuration de l'espace domestique des Inuits historiques du nord du Labrador pendant la période de contacts - approches archéologique, micromorphologique et géochimique

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Academic year: 2021

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Configuration de l’espace domestique des Inuits

historiques du nord du Labrador pendant la période de

contacts

Approches archéologique, micromorphologique et géochimique

Mémoire

Andréanne Couture

Maîtrise en sciences géographiques

Maître ès sciences (M. Sc.)

Québec, Canada

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Résumé

Dans le contexte de changements climatiques et d’intensification des contacts avec les Européens de la fin du XVIIe siècle, on dénote l’apparition de maisons multifamiliales dans le paysage

labradorien. Afin de documenter la configuration interne de ces habitations, les approches micromorphologique, sédimentologique et géochimique sont utilisées. Notre étude porte sur trois maisons multifamiliales situées sur les sites archéologiques d’Oakes Bay-1 et d’Uivak Point, au nord de la côte du Labrador.

Les indicateurs anthropiques identifiés par nos analyses ont été associés à des résidus d’activités domestiques tels que la préparation et la consommation des repas et l’entretien de la lampe en stéatite. On note une différenciation des signatures anthropiques dans la Maison 1, mais les données des maisons 2 et 7 reflètent une dispersion des indicateurs anthropiques à travers la maison. Cette dispersion pourrait résulter d’épisodes de nettoyage ou indiquer que les activités pratiquées n’étaient pas spécialisées ou bien délimitées.

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Table des matières

Résumé ... 1

Table des matières ... v

Liste des tableaux ... ix

Liste des figures ... xi

Abréviations ... xv

Remerciements ... xvii

Introduction ... 1

Cadre théorique de l’étude ... 3

Archéologie de la maisonnée ... 3

L’habitus ... 8

La maison semi-souterraine inuite comme unité d’analyse archéologique ... 9

Relation Homme-Environnement ... 9

Géoarchéologie ... 11

Géoarchéologie de la maisonnée ... 12

Objectif général et objectifs spécifiques ... 13

Hypothèse ... 14

Organisation du mémoire ... 14

Chapitre 1 : Contexte spatio-temporel de l’étude ... 16

1.1 Région d’étude ... 16

1.1.1 Localisation ... 16

1.1.2 Géologie, géomorphologie et histoire postglaciaire ... 18

1.1.3 Climat ... 20

1.1.4 Biogéographie ... 20

1.2 Historique de l’occupation néoesquimaude du centre-nord du Labrador ... 21

1.2.1 Culture thuléenne classique (fin 13e siècle au 16e siècle) ... 22

1.2.2 Culture thuléenne modifiée (Modified Thule) (16e siècle - début du 17e siècle) ... 25

1.2.3 Intensification des contacts avec les Européens et culture inuite historique (début du 17e siècle - 19e siècle) ... 27

1.3 Sites d’études ... 33

1.3.1 Oakes Bay-1 (HeCg-8) ... 33

1.3.2 Uivak Point (HjCl-09) ... 34

Chapitre 2 : Problématique et revue de la littérature ... 37

2.1 Maisons semi-souterraines hivernales unifamiliales ... 37

2.1.1 Localisation et mode de construction ... 37

(6)

2.2 Maisons semi-souterraines hivernales multifamiliales inuites ... 44

2.2.1 Motifs de l’adoption de maisons multifamiliales au Labrador ... 46

Chapitre 3 : Méthodologie et traitement des données ... 50

3.1 Étude géoarchéologique de la configuration interne de l’espace domestique ... 50

3.1.1 Coupes stratigraphiques ... 50

3.1.2 Sédimentologie : granulométrie et perte au feu ... 51

3.1.3 Micromorphologie ... 51

3.1.4 Géochimie ... 52

3.1.5 Intérêt scientifique de cette étude ... 55

3.2 Travaux de terrain ... 56

3.2.1 Échantillonnage en vrac en vue des analyses sédimentologiques et géochimiques ... 56

3.2.2 Échantillons de contrôle ... 61

3.2.3 Échantillonnage en vue d’analyses micromorphologiques ... 63

Localisation ... 63

Nombre de boîtes de Kubiëna échantillonnées ... 63

3.2.4 Entreposage et séchage des échantillons ... 64

3.3 Travaux de laboratoire ... 64

3.3.1 Stratigraphie ... 64

3.3.2 Sédimentologie ... 65

3.3.3 Micromorphologie ... 69

3.3.4 Géochimie ... 71

3.4 Traitement des résultats ... 75

3.4.1 Sédimentologie ... 75

3.4.2 Micromorphologie ... 76

3.4.3 Géochimie ... 76

3.4.4 Utilisation de la littérature archéologique, anthropologique et ethnologique dans l’interprétation de l’ensemble des résultats géoarchéologiques ... 78

4.1 Résultats : Stratigraphie des coupes excavées dans les maisons semi-souterraines multifamiliales d’Oakes Bay-1 et Uivak Point ... 79

4.1.1 Oakes Bay-1 ... 79 4.1.1.1 Maison 1 ... 79 4.1.1.1.2 Échantillonnage de la Maison 1 ... 85 4.1.1.2 Maison 2 ... 85 4.1.1.2.1 Échantillonnage de la Maison 2 ... 91 4.1.2 Uivak Point ... 92

(7)

4.1.2.1 Maison 7 ... 92

4.1.2.1.1 Échantillonnage de la Maison 7 ... 96

4.1.3 Synthèse et comparaison des coupes stratigraphiques des maisons à l’étude ... 97

4.1.3.1 Sable stérile (U0) ... 97

4.1.3.2 Phase d’occupation archéologique (U1) ... 98

4.1.3.3 Phase d’abandon (U2) ... 98

4.1.3.4 Litière subactuelle (U3) ... 99

4.2 Résultats : Données granulométriques ... 100

4.2.1 Oakes Bay-1 ... 101

4.2.1.1 Maison 1 ... 101

4.2.1.2 Maison 2 ... 102

4.2.2 Uivak Point ... 104

4.2.2.1 Maison 7 ... 104

4.3 Résultats : Micromorphologie des sédiments archéologiques ... 108

4.3.1 Signatures micromorphologiques identifiées dans les différentes zones de la maison ... 108

4.3.1.1 Composantes clastiques et détritiques ... 109

4.3.1.2 Composantes bio-pédologiques... 110

4.3.1.3 Microstructure sédimentaire et post-sédimentaire ... 115

4.3.1.4 Signatures des processus cryogéniques et pédologiques ... 118

4.3.1.5 Processus anthropiques ... 120

4.3.1.6 Résidus de fabrication des lames minces ... 121

4.3.2 Comparaison des signatures anthropiques provenant des différents secteurs de la maison ... 123

4.3.2.1 Plate-forme arrière ... 123

4.3.2.2 Plancher ... 125

4.3.2.3 Support de lampe ... 127

4.3.3.3 Tunnel d’entrée ... 127

4.4 Résultats : Données géochimiques ... 130

4.4.1 Traitement des résultats ... 130

4.4.2 Oakes Bay-1 ... 132 4.4.2.1 Perte au feu ... 132 4.4.2.2 Composition géochimique ... 133 4.4.3 Uivak Point ... 139 4.4.3.1 Perte au feu ... 140 4.4.3.2 Composition géochimique ... 140

(8)

4.4.4 Matrices de corrélation de Pearson ... 144

4.4.5 Indicateurs anthropiques ... 145

4.4.6 Analyse statistique des résultats géochimiques ... 146

Chapitre 5 : Interprétations et discussion ... 156

5.1 Impact anthropique sur le sédiment ... 156

5.2 Différenciation des signatures en fonction des aires d’activités ... 158

5.2.1 Plates-formes arrière, latérale et frontale ... 164

5.2.2 Plancher, support de lampe et cache ... 167

5.2.3 Tunnel d’entrée ... 168

5.3 Potentiel de l’approche géoarchéologique dans des contextes d’occupations par des populations de chasseurs-cueilleurs semi-sédentaires ... 170

5.4 Prise en considération du facteur humain dans l’utilisation de l’approche géoarchéologique 172 Chapitre 6 : Conclusion ... 175

6.1 Retour sur l’hypothèse et les objectifs de recherche ... 175

6.2 Recommandations ... 176

Bibliographie ... 179

Annexe 1 : Nombre d’échantillons utilisés dans le calcul des concentrations géochimiques moyennes ... 199

(9)

Liste des tableaux

Tableau 1 : Localisation des échantillons micromorphologiques ... 63

Tableau 2 : Échantillons archéologiques sélectionnés pour les analyses granulométriques et géochimiques ... 65

Tableau 3 : Disposition de la colonne de tamis ... 66

Tableau 4 : Limites de détection de l'ICP-AES radial ... 73

Tableau 5 : Code de couleurs utilisé pour la présentation des résultats ... 101

Tableau 6 : Fréquence et développement des composantes micromorphologiques ... 108

Tableau 7 : Grille de description des lames minces de plate-forme arrière ... 124

Tableau 8 : Grille de description des lames minces de plancher et de support de lampe ... 126

Tableau 9 : Grille de description des lames minces du tunnel ... 129

Tableau 10 : Géochimie des échantillons de sédiment d’Oakes Bay-1 ... 134

Tableau 11 : Géochimie des échantillons de sédiment d’Uivak Point ... 142

Tableau 12 : Concentrations des indicateurs anthropiques dans les zones des maisons multifamiliales à l’étude ... 163

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Liste des figures

Figure 1: Schématisation du concept d’unité domestique ... 8

Figure 2: Carte du Labrador ... 17

Figure 3: Carte des provinces géologiques du Labrador ... 19

Figure 4: Chronologie chronoculturelle de l'Arctique ... 23

Figure 5 : Localisation des sites inuits hivernaux au 18e siècle sur la côte du Labrador ... 32

Figure 6 : Plan du site d'Oakes Bay-1 ... 33

Figure 7 : Plan du site d’Uivak Point ... 35

Figure 8 : Plan d’une maison semi-souterraine hivernale unifamiliale groenlandaise ... 40

Figure 9 : Plan et répartition des puits de sondage échantillonnés dans la Maison 1, Oakes Bay-1 . 58 Figure 10 : Plan et répartition des puits de sondage échantillonnés dans la Maison 2, Oakes Bay-1 59 Figure 11 : Plan et répartition des puits de sondage échantillonnés dans la Maison 7, Uivak Point .. 60

Figure 12 : Localisation des échantillons de contrôle, Oakes Bay-1 ... 61

Figure 13 : Localisation des échantillons de contrôle, Uivak Point ... 62

Figure 14 : Coupes stratigraphiques, Maison 1, Oakes Bay-1 ... 80

Figure 15 : Coupes stratigraphiques, Maison 2, Oakes Bay-1 : ... 86

Figure 16 : Coupe stratigraphique 10S3E (Maison 2, Oakes Bay-1) montrant l’unité U2 ... 88

Figure 17 : Coupe stratigraphique 10S7E (Maison 2, Oakes Bay-1) montrant la sous-unité U2a... 90

Figure 18 : Coupes stratigraphiques, Maison 7, Uivak Point ... 93

Figure 19 : Relation entre la taille moyenne et l'indice de tri des échantillons archéologiques de la Maison 1 et des échantillons de Roy, Oakes Bay-1 ... 101

Figure 20 : Relation entre la taille moyenne et l'indice d'asymétrie des échantillons archéologiques de la Maison 1 et des échantillons de Roy, Oakes Bay-1 ... 102

Figure 21 : Relation entre la taille moyenne et l'indice de tri des échantillons archéologiques de la Maison 2 et des échantillons de Roy, Oakes Bay-1 ... 103

Figure 22 : Relation entre la taille moyenne et l'indice d'asymétrie des échantillons archéologiques de la Maison 2 et des échantillons de Roy, Oakes Bay-1 ... 104

Figure 23 : Relation entre la taille moyenne et l'indice de tri des échantillons archéologiques de la Maison 7 et des échantillons de Roy, Uivak Point ... 105

Figure 24 : Relation entre la taille moyenne et l'indice d'asymétrie des échantillons archéologiques de la Maison 7 et des échantillons de Roy, Uivak Point ... 106

(12)

Figure 25 : a) Grain de quartz entouré de matière organique (H7 2S1E 29-39 cm, ~ 38 cm/surf., PPL) ; b) Grain de biotite inséré entre des grains de quartz (H2 10S7E 5-15 cm ~ 10 cm/surf., PPL) ; c) Grain de feldspath plagioclase (H2 10S7E 5-15 cm cm, ~ 14 cm/surf., PPL) ; d) Grain de feldspath plagioclase (H2 10S7E 5-15 cm, ~ 14 cm/surf., XPL) ... 109 Figure 26 : a) Matière organique et boulettes fécales (H2 7S4E 17-27 cm, ~ 24.5 cm/surf., PPL) ; b) Fragment de plume (H2 8S6E 16-26 cm, ~ 23 cm/surf., PPL) ; c) Fragments d’os frais présentant des micronodules minéralisés (flèches) associés à des attaques bactériennes (H2 15S5E 20-30 cm, ~ 23 cm/surf., PPL) ; d) Os frais entouré de matière organique (H2 7S4E 17-27 cm, ~ 22.5 cm/surf., PPL) ; e) Fragment d’insecte couvert de poils (H7 2S8E 40-50 cm, ~ 43 cm/surf., PPL) ; f) Diatomées au sein de matière organique décomposée (H2 15S5E 20-30 cm, ~ 26 cm/surf., PPL) ... 111 Figure 27 : a) Fragment de bois de conifère (H7 2S8E 40-50 cm, ~ 49 cm/surf., PPL) ; b) Coupes

transversales de racines entourées de matière organique (H7 2S8E 24-34 cm, ~ 44 cm/surf., PPL) ; c) Feuilles de mousse entourées de grains de quartz et de matière organique (H7 2S8E 40-50 cm, ~ 49 cm/surf., PPL) ; d) Feuilles de mousses (H2 10S7E 17-27 cm, ~ 25 cm/surf., PPL) ; e) Coupe oblique d’aiguille de conifère (H2 8S6E 16-26 cm, ~ 24 cm/surf., PPL) ; f) Fragment d’écorce d’arbre (H1 T1 32-42 cm, ~ 37 cm/surf., PPL) ... 113 Figure 28 : a) Fragment de lichen (H7 2S1E 29-39 cm, ~38 cm/surf., PPL) ; b) Hyphes de

champignon (H2 10S7E 17-27 cm, ~ 20 cm/surf., PPL) ; c) Sclérote de champignon (H2 7S4E 17-27 cm, ~ 26 cm/surf., PPL) ; d) Fructification de champignon (H1 T1 32-42 cm, ~ 30 cm/surf., PPL) ; e) Manteaux d’ectomycorhize (H7 4S7E 28-38 cm, ~35 cm/surf., PPL) ; f) Manteaux d’ectomycorhize (H1 T1 32-42 cm, ~ 35.5 cm/surf., PPL) ... 115 Figure 29 : a) Fabrique massive et compacte (H1 PF2 38-48, ~ 47-48 cm/surf., PPL) ; b) Fabrique granulaire (organique) (H7 2S8E 40-50 cm, ~ 47-48 cm/surf., PPL) ; c) Vides d’entassement composés (H2 7S4E 17-27 cm, ~ 20-21 cm/surf., PPL) ; d) Chenal (H2 15S5E 20-30 cm, ~ 25-26 cm/surf., PPL) ; e) Vides en plan (H2 15S5E 20-30 cm, ~ 24.5 cm/surf., PPL) ; f) Chambres et fabrique en bandes (H2 8S6E 16-26 cm, ~ 21.5-22.5 cm/surf., PPL) ... 117 Figure 30 : a) Lit de sable (H1 PF2 38-48 cm, ~ 43.5-44.5 cm/surf., PPL) ; b) Lit de sable (H7 2S8E 24-34 cm, ~ 33.5 cm/surf., PPL) ; c) Fabrique granulaire (minérale) (H2 10S3E 4-14 cm, ~ 12 cm/surf., PPL) ; d) Distribution relative énaulique (H1 T1 32-42 cm, ~35 cm/surf., PPL) ; e) Vides d’entassement simples (H2 10S3E 4-14 cm, ~ 13.5 cm/surf., PPL) ; f) Vides d’entassement complexes (H2 7S4E 33-43 cm, ~ 40-41 cm/surf., PPL) ... 118 Figure 31 : a) Microcercle (H2 10S7E 17-27 cm, ~ 21.5 cm/surf., XPL) ; b) Grains verticaux (H2

15S5E 20-30 cm, ~ 28 cm/surf., XPL) ; c) Imprégnation d’oxyde de fer (H2 8S6E 16-26 cm, ~ 20.5 cm/surf., PPL) ; d) Coiffe de matière organique au sommet d’un grain de quartz altéré (H7 2S8E 24-34 cm, ~ 30 cm/surf., PPL) ; e) Altération linéaire d’un grain de biotite (H1 T1 32-42 cm, ~ 36 cm/surf., PPL) ; f) Séricitisation d’un grain de feldspath plagioclase (H2 10S7E 5-15 cm, ~ 8 cm/surf. XPL) ... 119 Figure 32 : a) Résidu de fabrication reposant par-dessus de la matière organique décomposée (H7 2S8E 24-34 cm, ~ 33 cm/surf., PPL) ; b) Bulles d’air par-dessus un grain de quartz (H7 2S8E 24-34 cm, ~ 32.5 cm/surf., PPL) ; c) Résidus de fabrication entre les grains de la matrice minérale (H2 10S3E 4-14 cm, ~ 11.5 cm/surf., PPL) ; d) Résidus de fabrication dans une bulle d’air ( H7 2S8E 40-50 cm, ~ 45 cm/surf., PPL) ... 122

(13)

Figure 33 : a) Agglomérats vacuolaires (dépôts de graisse animale) (H7 2S8E 40-50 cm, ~ 46.5 cm/surf., PPL) ; b) Trace de piétinement (flèche) (H7 2S8E 24-34 cm, 33.5 cm/surf., PPL) ; c) Charbon (H7 2S8E 24-34 cm, ~30 cm/surf., PPL) ; d) Os brûlé (H7 2S8E 24-34 cm, ~ 32.5

cm/surf., PPL) ... 123

Figure 34 : a) Os brûlé entouré de matière organique, notez le fragment d’écorce sous l’ossement (H7 4S7E 28-38 cm, ~ 34.5 cm/surf., PPL) ; b) Agglomérats vacuolaires (graisse animale) (H2 10S7E 17-27 cm, ~ 20.5 cm/surf., PPL) ; c) Matière organique carbonisée (H2 10S7E 17-27 cm, ~ 25.5 cm/surf., PPL) ; d) Traces de piétinement (flèches) (H2 8S6E 16-26 cm, ~ 19 cm/surf., PPL) ... 125

Figure 35 : a) Charbon de bois (conifère) (H7 2S1E 29-39 cm, ~ 38 cm/surf., PPL) ; b) Agglomérats vacuolaires (graisse animale) (flèches) H7 2S1E 29-39 cm, ~ 35 cm/surf., PPL) ; c) Os brûlé (H2 15S5E 20-30 cm, ~ 28.5 cm/surf., PPL) ; d) Trace de piétinement (flèches) (H2 15S5E 20-30 cm, ~ 24 cm/surf., PPL) ; e) Fragment de chert ferrugineux (H7 2S1E 29-39 cm, ~ 34 cm/surf., PPL) ; f) Fragment de chert ferrugineux (H7 2S1E 29-39 cm, ~ 34 cm/surf., XPL) ... 128

Figure 36 : Diagramme bivarié présentant la relation entre la concentration en V et en Cu, Maison 1, Oakes-Bay-1 ... 147

Figure 37 : Diagramme bivarié présentant la relation entre la concentration en Mg et en Mn, Maison 1, Oakes-Bay-1 ... 147

Figure 38 : Diagramme bivarié présentant la relation entre la concentration de Pb et de Ti, Maison 1, Oakes-Bay-1 ... 148

Figure 39 : Diagramme bivarié présentant la relation entre la concentration en V et en Cu, Maison 2, Oakes Bay-1 ... 149

Figure 40 : Diagramme bivarié présentant la relation entre le concentration en V et en Cu, Maison 7, Uivak Point ... 150

Figure 41 : Dendrogramme de classification ascendante hiérarchique, Maison 1, Oakes Bay-1... 151

Figure 42 : Dendrogramme de classification ascendante hiérarchique, Maison 2, Oakes Bay-1... 151

Figure 43 : Dendrogramme de classification ascendante hiérarchique, Maison 7, Uivak Point ... 152

Figure 44 : Graphique présentant l'analyse en composantes principales, Maison 1, Oakes Bay-1 . 153 Figure 45 : Graphique d'analyse en composantes principales, Maison 2, Oakes Bay-1 ... 154

Figure 46 : Graphique d'analyse en composantes principales, Maison 7, Uivak Point ... 155

Figure 47 : Graphique d’analyse en composantes principales, Maisons 1 et 2 Oakes Bay-1 ... 160

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Abréviations

Si : Silice Ti : Titane Al : Aluminium Fe : Fer Mn : Manganèse Mg : Magnésium Ca : Calcium Na : Sodium K : Potassium P : Phosphore

Porg : Phosphore organique

S : Soufre Ba : Baryum Cr : Chrome La : Lanthane Ni : Nickel Sc : Scandium Sr : Strontium V : Vanadium Y : Yttrium Zn : Zinc Zr : Zirconium Co : Cobalt Cu : Cuivre Pb : Plomb Mo : Molybdène As : Arsenic Cd : Cadmium PAF : Perte au feu

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(17)

Remerciements

D’abord, je tiens à remercier ma directrice de recherche, Mme Najat Bhiry, pour sa grande disponibilité et ses conseils. Je remercie mon codirecteur de recherche, M. James Woollett, de m’avoir transmis sa passion contagieuse pour l’Arctique et le Labrador. Un merci spécial à M. Yves Monette pour son aide précieuse, sa disponibilité et ses encouragements constants.

Je remercie le personnel du département de géographie de l’Université Laval et de l’INRS-ETE d’avoir veillé au bon déroulement de mes analyses et de mon cheminement de maîtrise, tout spécialement Élisabeth Robert et Stéfane Prémont. Je dois faire une mention spéciale à M. Donald Cayer qui a eu la patience de m’initier à la sédimentologie et qui m’a aidée dans le casse-tête que furent mes analyses granulométriques. Je l’admire comme scientifique d’une grande rigueur et comme être humain et j’espère avoir la chance de travailler de nouveau avec lui. Également, je tiens à remercier Sarah Aubé-Michaud de son aide précieuse, ainsi que tous ceux qui m’ont épaulée lors des deux saisons de terrain auxquelles j’ai eu la chance de participer, particulièrement Lindsay Swinarton et Amelia Fay. Je remercie Mme Cynthia Zutter d’avoir accepté de partager ses échantillons avec moi.

Je dois également exprimer ma gratitude aux organismes qui ont investi dans mon projet de recherche. Le support financier qui a contribué à réaliser cette étude a été fourni par le Conseil de recherche en sciences humaines du Canada, le Fonds québécois de recherche en sciences humaines, le Programme de formation scientifique dans le Nord du Canada et le Groupe d’archéométrie de l’Université Laval.

Je tiens à remercier la tribu Couture, la famille Vincent et la famille Dussault pour leur support. Un merci tout spécial à Frédéric pour ses encouragements, sa patience et ses conseils. Ta rigueur et ta force m’ont inspirée tout au long de cette aventure et je te suis extrêmement reconnaissante pour ta générosité. Finalement, je tiens à dédier ce mémoire à Denis Couture et Lucie Vincent. Merci de m’avoir supportée et encouragée tout au long de mes années d’études. Merci d’avoir été des modèles si extraordinaires pour moi et de m’avoir inculqué l’importance de poursuivre ses rêves, quels qu’ils soient et aussi risqués qu’ils soient.

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Introduction

La période de contact représente une époque de transformation culturelle pour plusieurs populations aborigènes d’Amérique. Les populations inuites de l’Arctique ne sont pas en reste. Pour chacune d’entre elles, les contacts avec les Européens (baleiniers, marchands, missionnaires) se sont déroulés dans des circonstances différentes et, conséquemment, ont eu des répercussions à plusieurs niveaux. Les contrecoups de la période de contact ont depuis longtemps représenté un sujet d’étude captivant en archéologie, et cela pour des sites situés aux quatre coins du Nouveau Monde. Il est en effet fascinant d’étudier comment les populations locales ont vécu le contact avec les Européens et comment il a changé leur mode de vie traditionnel.

Chez les Inuits du nord du Labrador (Gouvernement du Nunatsiavut, Terre-Neuve-et-Labrador, Canada), l’un des phénomènes les plus perceptibles archéologiquement se situe au niveau de changements dans l’architecture des habitations hivernales. Alors que celles-ci contenaient traditionnellement une seule famille nucléaire (maisons semi-souterraines hivernales unifamiliales), on observe, entre la fin du 17e siècle et le début du 19e siècle, l’adoption d’habitations pouvant abriter

plusieurs familles (maisons semi-souterraines hivernales multifamiliales) (Taylor, 1968, 1974, 1977; Taylor et Taylor, 1977). L’unité sociale de la maisonnée est à la base de plusieurs aspects sociaux, économiques et politiques de la culture et du mode de vie des Inuits de l’époque. L’organisation sociale et la réalisation de plusieurs activités économiques, qui s’insèrent dans l’espace domestique, reposent sur les liens familiaux et la division sexuelle des tâches qui sont établis au sein de la maisonnée. Conséquemment, les répercussions de l’adoption d’habitations multifamiliales ont dû être considérables, tant au niveau social, qu’économique et politique.

L’adoption des maisons multifamiliales au Labrador a été documentée par plusieurs archéologues et une série d’hypothèses ont été formulées afin de tenter de déterminer les motifs de cette transition architecturale (Bird, 1945; Taylor, 1968; Fitzhugh, 1972; Jordan, 1974; Taylor, 1974; Schledermann, 1976a; Jordan, 1977; Taylor et Taylor, 1977; Jordan, 1978; Jordan et Kaplan, 1980; Kaplan, 1983; Richling, 1993; Woollett, 1999; Kaplan et Woollett, 2000; Woollett, 2003, 2007, 2010; Kaplan, 2012). Ces études ont tenté de peindre un portrait de ces habitations en documentant les méthodes de fabrication, la configuration et les dynamiques sociales et domestiques des maisons multifamiliales.

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De plus, avec l’objectif de documenter le contexte dans lequel s’est insérée cette transition architecturale, certains chercheurs ont mené des recherches adoptant une approche sociale et historique (Taylor, 1974; Jordan, 1977; Taylor et Taylor, 1977) ou environnementale (Schledermann, 1976a; Richling, 1993). Certains chercheurs ont, quant à eux, privilégié une approche prenant en considération tant les facteurs sociaux qu’environnementaux (Kaplan, 1983; Woollett, 1999; Kaplan et Woollett, 2000; Woollett, 2003, 2007, 2010; Kaplan, 2012; Roy, et al., 2012). Des études en archéologie environnementale et en paléoenvironnement ont aussi été menées sur divers sites composés de ces habitations multifamiliales (Woollett, 1999, 2003, 2007; Zutter, 2009; Woollett, 2010; Roy, et al., 2012). Elles ont permis de documenter l’environnement en périphérie des sites, de cibler quelles ressources étaient partie intégrante de l’économie de subsistance des communautés inuites et de déterminer les impacts que ces dernières ont eus sur leur environnement.

La branche de l’archéologie se spécialisant dans l’étude de la maisonnée a, depuis quelques décennies, commencé à réaliser le potentiel de l’approche géoarchéologique dans l’étude de l’espace domestique (Robin, 2003). Effectivement, l’analyse du sol d’occupation d’une habitation peut fournir des données très intéressantes sur la disposition interne des aires d’activités dans une maison (da Costa et Kern, 1999; Fernández, et al., 2002) et, ainsi, donner une meilleure idée des activités et des relations sociales prenant place dans le contexte domestique.

Malgré le fait que la géoarchéologie offre la possibilité de documenter l’organisation spatiale d’activités domestiques, elle a très rarement été appliquée en contexte arctique. Cependant, utiliser cette approche pour documenter la problématique des maisons multifamiliales inuites du Labrador sur deux sites dont le contexte archéologique et environnemental est bien documenté permettra d’en vérifier la pertinence et la fiabilité. Les sites archéologiques d’Oakes Bay-1 et d’Uivak Point sont situés au nord de la côte du Labrador.

Une approche multidisciplinaire et intégrée en géoarchéologie a été sélectionnée dans la réalisation de ce projet de recherche. La géoarchéologie se définit comme étant une science multidisciplinaire appliquant les méthodes et techniques des sciences de la Terre à des problématiques archéologiques (Rapp et Hill, 2006). Pour cette étude, nous avons combiné des données sédimentologiques, micromorphologiques et géochimiques dans le but de documenter l’évolution

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d’un site archéologique et de cibler les impacts anthropiques subis par le sol d’occupation. Nous sommes d’avis que la combinaison de ces méthodologies permettrait d’obtenir des données inédites témoignant de la disposition des aires d’activités dans les maisons multifamiliales inuites.

Cadre théorique de l’étude

Archéologie de la maisonnée

Robin (2003) soutient qu’avant la fin du 19e siècle, les études ayant trait à l’architecture se

résumaient principalement à l’analyse de grands bâtiments et donc, indirectement, des classes sociales aisées. L’étude de ces dernières était aisément possible en raison des nombreuses archives faisant état de leur mode de vie. Les premières études portant spécifiquement sur les habitations ont été effectuées à la toute fin du 19e siècle et ont permis aux archéologues de réaliser qu’ils ne

pouvaient pas totalement comprendre les populations qu’ils étudiaient sans prendre en considération la sphère domestique. En effet, par le biais de l’archéologie de la maisonnée, il devenait possible d’étudier une portion de la population qui avait généralement été omise des archives officielles et qui était donc jusqu’alors demeurée très peu étudiée : les classes populaires (Allison, 1999; Robin, 2003). Ainsi, l’archéologie de la maisonnée, en tant que ramification de l’archéologie, est issue d’un mariage entre l’analyse spatiale et l’analyse des schèmes d’établissement et sa croissance a débuté dans les années 1970 (Steadman, 1996; Robin, 2003; Ames, 2006).

L’avancement des connaissances dans ce domaine, notamment à l’aide d’études interculturelles menées par des chercheurs versés en études féministes et en anthropologie économique, a permis de questionner la vision homogène de la maisonnée et de démontrer la variabilité, présente dans le temps et dans l’espace, dans les types de maisonnées (Hendon, 1996; Robin, 2003). Les connaissances plus approfondies de cette variabilité ont permis, entre autres, de briser certains a

priori, de raffiner la définition du concept de maisonnée et de déterminer les différents critères qui le

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La maisonnée

Encore aujourd’hui, il n’y a pas de consensus au sein de la discipline concernant les critères et la définition de la notion de maisonnée, en partie en raison de la grande variabilité spatio-temporelle des types de maisonnées (Bender, 1967). Toutefois, tous semblent s’entendre pour définir la maisonnée comme étant l’unité sociale qui, tout de suite après l’individu, se situe à la base de l’organisation sociale et qui constitue le fondement économique de toutes sociétés (Hendon, 1996; Steadman, 1996; Robin, 2003; Brandon et Barile, 2004).

Bender (1967) soutient que la distinction des notions de maisonnée et de famille représente l’une des étapes importantes du processus de définition de la notion de maisonnée. En effet, il soulève que, dans le cas de plusieurs cultures, les membres d’une maisonnée ne partagent pas nécessairement des liens de sang (Bender, 1967; Anderson, 2004; Bonine, 2004). En plus de se pencher sur la question des liens familiaux, Bender (1967) a également abordé la question des critères de corésidence et de fonctions domestiques attribués à la maisonnée. Bien que la corésidence caractérise souvent une maisonnée (Hendon, 1996), il existe plusieurs exemples de cultures où ce n’est pas le cas (Bender, 1967). Conséquemment, si certaines maisonnées n’habitent pas dans la même habitation, il devient fastidieux de déterminer quelles fonctions domestiques sont universelles. La personne ou le groupe responsable de réaliser certaines tâches domestiques varie grandement d’une culture à l’autre. Ces tâches peuvent incomber à une femme, à une famille ou même à un groupe de personnes provenant de différentes maisonnées. Conséquemment, on ne peut pas pointer de fonction domestique précise pour définir une maisonnée. Bender (1967) conclut que la famille, la corésidence et les fonctions domestiques varient indépendamment dans le temps et l’espace : ce qui permet de percevoir l’abondance des types de maisonnées observées à travers les cultures et les époques (Brandon et Barile, 2004). En effet, bien que le but commun de toutes les maisonnées soit la survie, elles n’emploient pas nécessairement les mêmes stratégies pour y arriver et n’obtiennent pas toutes le même degré de succès (Hendon, 1996).

Il est aussi important de retenir que la notion de maisonnée n’est pas synonyme du concept démographique et sociologique de « ménage » (household comme unité démographique utilisée lors de recensement) (Wilk et Miller, 1997). En effet, puisque le concept de ménage suppose qu’une

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personne n’appartient qu’à une seule maisonnée, il ne reflète en rien la variabilité présente dans le temps et dans l’espace au niveau des types de maisonnée existants ou ayant existé (Wilk et Miller, 1997).

Pour bien refléter la grande diversité dans les types de maisonnées, certains archéologues ont préféré baser la définition du concept de maisonnée sur les divers types d’activités qu’elle pratique plutôt que sur le contexte physique dans lequel elle évolue ou les types de liens sociaux reliant ses membres (Wilk et Rathje, 1982; Hendon, 1996; Bonine, 2004). En conséquence, certains considèrent la maisonnée comme étant un groupe de personnes pratiquant en commun une diversité d’activités entrant dans une ou plusieurs de ces catégories : production, distribution, transmission et reproduction (Wilk et Rathje, 1982; Wilk, 1983; Steadman, 1996; Allison, 1999; Brandon et Barile, 2004). La réalisation de ces activités peut être concentrée dans des aires spécifiques, que les archéologues appellent « aires d’activités », et laisser des concentrations de restes matériels dans ces aires (Anderson, 2004). Selon Steadman (1996), puisque les activités de production et de distribution relèvent de l’économie domestique d’une maisonnée, elles sont plus susceptibles d’être perceptibles à travers les données archéologiques (Costin, 1991). C’est plus difficilement le cas pour les activités de transmission et de reproduction, du fait qu’elles sont plus abstraites et qu’elles laissent plus rarement des biens matériels derrière. En se référant à nos connaissances par rapport à l’économie d’une société, il est possible d’inférer quels types de maisonnées sont présentes sur un site archéologique et quelles activités ont généré les types de restes matériels composant les assemblages archéologiques (Wilk et Rathje, 1982). Wilk (1983) mentionne que les variations entre les types de maisonnées peuvent être décrites en faisant référence à leur taille, les liens de parenté de leurs membres, leur cohérence, leur permanence. Il nous réfère à cette description comme étant la « morphologie » d’une maisonnée.

La maisonnée représente l’unité d’analyse la plus accessible pour en apprendre davantage sur une société (Wilk et Rathje, 1982; Allison, 1999; Franklin, 2004). Winter (1974) voit en fait deux grands avantages à étudier la maisonnée. Tout d’abord, pratiquement tous les membres d’une société en font partie. Ce n’est pas le cas pour des groupes comme des associations professionnelles ou des classes sociales. Donc, la maisonnée est une unité sociale universelle. Deuxièmement, les restes archéologiques reliés à la maisonnée sont nombreux et simples à localiser. En outre, ces vestiges

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informent directement sur l’ensemble de la société puisque la maisonnée en reflète l’idéologie. Autrement dit, la maisonnée concrétise, à petite échelle, plusieurs conceptions et fondements de l’identité culturelle d’un peuple (Wilk et Rathje, 1982; Robin, 2003). Elle représente un microcosme de la société, (Deetz, 1982; Franklin, 2004) en plus d’être un acteur social instigateur de changement au sein d’une culture (Franklin, 2004).

Hendon (1996) soutient que, trop souvent, une série d’actions posées au sein de la maisonnée soit catégorisée en tant que pratiques domestiques et soit immédiatement considérée comme caractéristique d’une société. Cela en vient à sous-estimer le pouvoir de la variabilité intermaisonnée. Il faut toujours se rappeler que la maisonnée se compose d’acteurs sociaux d’âges, de rôles et de genres différents dont les ambitions ne concordent pas toujours (Hendon, 1996). Notre compréhension des relations économiques et sociales devient beaucoup plus nuancée lorsqu’on considère les membres d’une maisonnée comme des acteurs sociaux plutôt que comme des entités abstraites soumises à des mécanismes d’adaptation (Hendon, 1996; Robin, 2003). La mentalité, issue des courants théoriques promouvant une vision du choix culturel comme étant un produit de mécanisme d’adaptation qui étaient populaires avant les années 1980, a évolué vers une conception plus proactive de l’Homme dans ses choix culturels (Leeuw et Redman, 2002). Cette conception amène à réaliser l’importance de facteurs reliés au genre et à la classe sociale dans les comportements et choix culturels d’un groupe. Brumfiel (1992) insiste d’ailleurs sur l’importance de la notion de genre dans les sociétés traditionnelles dont l’unité sociale principale est la maisonnée et dont plusieurs aspects du mode de vie se basent sur une division sexuelle des tâches bien définie.

Espace domestique

L’espace domestique représente aussi un concept de premier plan en archéologie de la maisonnée puisqu’il représente l’espace dans lequel la maisonnée évolue et que, conséquemment, il représente l’endroit le plus commun ciblé par les interventions archéologiques (Deetz, 1982). En effet, en raison de sa superficie, l’espace domestique représente un objet d’étude réaliste. De plus, cette unité d’analyse est universelle dans toutes les cultures et donc disponible dans tous les contextes archéologiques (Deetz, 1982). Cette universalité rend aussi les comparaisons interculturelles plus réalisables.

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La maison remplit tant une fonction utilitaire que symbolique et elle reflète souvent la réalité sociale et culturelle d’une société (McGuire et Schiffer, 1983; Wilk, 1983). La fonction utilitaire se résume principalement à baliser les relations entre les personnes et à délimiter les aires nécessaires à la réalisation de différentes tâches (McGuire et Schiffer, 1983). Quant à la fonction symbolique, elle peut pousser certaines personnes à ajouter des éléments non utilitaires à l’architecture de leur habitation. Cette fonction peut notamment se traduire par l’ajout de décoration, l’utilisation de matériaux rares et chers, l’adoption d’une forme particulière pour la maison ou l’utilisation de certaines techniques de construction. McGuire et Schiffer (1983) suggèrent que l’ajout d’éléments symboliques dans l’espace domestique augmente en fonction de la différenciation sociale présente au sein d’une société.

Bien que le concept d’espace domestique puisse suggérer que la « zone d’influence » de la maisonnée se résume essentiellement à la maison, il n’en est rien pour plusieurs cultures à travers le monde. En fait, on constate souvent que l’impact des activités domestiques d’une maisonnée s’étend bien au-delà des murs de son habitation. Certains aménagements extérieurs tels que des fours, des aires d’activités ou d’entreposage extérieures sont également des manifestations matérielles de l’action d’une maisonnée, même s’ils se situent à quelques mètres de la maison (Winter, 1976).

Winter (1974; 1976), lors de son étude de sites de la vallée d’Oaxaca au Mexique, a été le premier à utiliser le concept d’unité domestique (household cluster) pour illustrer cette réalité (Figure 1). Bien que l’habitation représente le noyau d’une unité domestique, elle n’en est pas l’unique composante. Effectivement, l’unité domestique comprend d’autres éléments tels des dépotoirs, des sépultures et des caches, qui gravitent autour du noyau et qui sont également mis à contribution dans la réalisation des activités domestiques d’une maisonnée (Winter, 1974; Winter, 1976). En effet, le concept d’unité domestique suppose que les aires d’activités extérieures se trouvant à proximité d’une habitation ont été exploitées par les occupants de cette habitation (Bogucki et Grygiel, 1981).

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Winter (1976) insiste sur la distinction entre l’unité domestique et la maisonnée en spécifiant que l’unité domestique comporte des artefacts et des éléments architecturaux alors que la maisonnée se compose plutôt des individus qui ont produit ces vestiges architecturaux et matériels (Bogucki et Grygiel, 1981). L’utilisation du concept d’unité domestique (Figure 1) contribue à éviter que des aménagements extérieurs soient considérés comme des entités culturelles isolées et à qu’ils soient plutôt vus comme étant aussi les manifestations matérielles d’une maisonnée (Winter, 1976)

Figure 1: Schématisation du concept d’unité domestique Source : Traduit de Winter (1976)

L’habitus

Le raisonnement derrière la configuration de l’espace domestique émane d’une notion que Bourdieu (1972, 1989) a nommée l’habitus (Allison, 1999). L’habitus consiste en un ensemble de perceptions et de comportements qui caractérisent une communauté. La mémoire collective, les structures sociales, les expériences, les interactions avec d’autres groupes dictent ces perceptions et ces comportements qui, eux, s’appliquent, entre autres, à certains contextes sociaux et physiques. Conséquemment, ils déterminent les comportements qu’un groupe va adopter face à ces contextes précis (Allison, 1999; Crossley, 2001). Des pratiques ou des activités ont lieu dans un contexte spatial bien défini qui rassemble des critères et des caractéristiques dictés par l’habitus (Frankel, 2000). Si l’on suit ce raisonnement, un comportement donné serait toujours pratiqué au même endroit. On pourrait donc en déduire que l’idée d’aire d’activités est tributaire du concept

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d’habitus. L’habitus est intégré dès l’enfance d’un individu. Elle est enseignée, autant de façon consciente qu’inconsciente, par l’entourage (Allison, 1999; Crossley, 2001). L’espace domestique est l’un des premiers espaces sur lesquels l’influence de l’habitus se fait sentir (Allison, 1999). Cela fait de l’espace domestique (sa forme, son évolution, son rôle, ses enjeux et la culture matérielle qui lui est reliée) un objet d’étude idéal pour documenter le mode de vie de la maisonnée (Allison, 1999). Donc, l’étude d’un nombre suffisant d’unités domestiques pourrait constituer un échantillon représentatif pour produire des données reflétant le mode de vie d’une société (Deetz, 1982). Notre étude vise à étudier les maisons semi-souterraines hivernales multifamiliales du 18e siècle au

Labrador pour documenter les dynamiques domestiques des Inuits historiques du Labrador.

La maison semi-souterraine inuite comme unité d’analyse archéologique

Les composantes et la configuration des maisons semi-souterraines hivernales multifamiliales seront décrites en détail dans la problématique de recherche de notre étude (Chapitre 2). Puisque ce type d’habitation représente un effort de modelage du paysage naturel par les Inuits afin de répondre à leurs besoins, nous sommes d’avis, à l’instar de Dawson (2001), qu’il devrait être considéré comme étant un « artefact » en soi et non seulement comme un « contenant » à artefacts. Autrement dit, la maison semi-souterraine représente un « paysage construit » et doit conséquemment être considérée comme une unité d’analyse à part entière, au même titre que la culture matérielle qu’elle contient. De plus, le concept d’unité domestique s’intègre parfaitement au contexte archéologique des établissements inuits historiques de notre étude. En effet, on pourrait qualifier de noyau la maison semi-souterraine hivernale et définir que les aménagements extérieurs de l‘unité domestique inuite comportent le dépotoir, les caches et l’aire d’entreposage des embarcations.

Relation Homme-Environnement

Le concept de la relation entre l’Homme et son environnement a beaucoup varié pendant le 20e

siècle. En effet, avant les années 1980, des mouvements comme l’écologie culturelle de Julian Steward ont prôné que l’Homme était soumis à son environnement et que, conséquemment, il n’avait d’autre choix que d’adopter un comportement réactif face à celui-ci. Donc, la culture était considérée

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comme étant le résultat de l’adaptation de la société à l’environnement (Brumfiel, 1992; Balée, 2006; Trigger, 2006). Cette conception était alimentée par la vague de déterminisme environnemental qui déferlait sur la discipline archéologique et qui a encouragé le développement des disciplines liées à l’archéologie environnementale. L’essor de cette branche de l’archéologie, pour qui la relation entre l’Homme et son environnement est une notion de premier plan, s’est donc réalisé dans un contexte de préséance des approches écologistes considérant les processus d’adaptation à l’environnement comme étant un moteur du développement culturel. Brumfiel (1992) déplore le fait que ce contexte ait ralenti le développement d’une approche environnementale prenant en considération le rôle des facteurs sociaux dans les problématiques entourant le changement culturel (Ardren, 2008).

Depuis les années 1980 et 1990, l’avancement des connaissances en archéologie environnementale et en paléoécologie a permis de démontrer que l’occupation humaine pouvait avoir des impacts, autant volontaires qu’indirects, sur la nature (Butzer, 1982). Ces avancées, combinées à l’arrivée de courants théoriques telle l’écologie historique, ont permis de mettre en lumière le caractère réciproque de la relation Homme versus environnement. L’écologie historique considère le paysage comme étant la matérialisation de cette relation et soutient que toute fluctuation dans cette relation se reflètera dans les données archéologiques (Crumley, 1994; Leeuw et Redman, 2002). En effet, on peut déduire ces informations puisque le paysage représente un compromis entre la volonté des gens de pouvoir et la réalité de la population locale. Par exemple, une occupation humaine modeste ou une exploitation temporaire peut ne laisser que peu de traces dans l’environnement puisque la nature aura eu le temps de se régénérer aisément suite à l’abandon. Cependant, les impacts humains peuvent être irréversibles lors d’occupation à long terme ou d’exploitation intensive. De plus, on peut observer des dommages collatéraux aux activités humaines puisqu’elles causent ou accélèrent souvent des processus naturels de changements écologiques. À titre d’exemple, on peut mentionner l’accélération des processus d’érosion générée par le labourage du sol ou l’introduction de nouvelles espèces végétales et animales par l’Homme dans un environnement (Redman, 2004; Balée, 2006).

Ces traces, laissées au gré du temps à travers le paysage, sont la preuve que la relation entre l’Homme et son environnement n’est pas à sens unique (Brumfiel, 1992; Balée, 2006; Trigger, 2006). En examinant les traces laissées par l’Homme dans le paysage, on peut tirer des conclusions sur

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l’intensité avec laquelle les ressources étaient exploitées par les populations ainsi que la durée pendant laquelle l’environnement a subi les contrecoups de cette exploitation. Certaines méthodologies, issues de l’archéologie environnementale, peuvent être mises à contribution pour aider à identifier les impacts de l’Homme sur l’environnement. Il demeure néanmoins primordial de ne pas négliger l’apport des facteurs culturels et sociaux dans l’interprétation des résultats. Selon Brumfiel (1992) les variables telles que le genre, les classes sociales et les factions ont, elles aussi, beaucoup de poids dans l’interprétation des données environnementales. Nous sommes d’avis que les résultats d’une étude utilisant une approche géoarchéologique, lorsqu’ils sont interprétés en tenant compte du facteur humain, peuvent aider à documenter l’impact de l’Homme sur son environnement. C’est pourquoi nous tentons, à l’aide de l’étude du sédiment archéologique, de distinguer l’impact de l’Homme dans l’espace domestique.

Géoarchéologie

Depuis ses débuts, l’archéologie s’est principalement concentrée sur l’étude des vestiges matériels et architecturaux mis au jour dans les sites archéologiques. Cependant, avec l’avènement de l’archéologie environnementale et la vague de déterminisme environnemental discutée plus haut, le regard de l’archéologie s’est tourné vers les données environnementales, notamment les restes végétaux et animaux, dans sa recherche de nouvelles informations concernant les cultures passées. Cependant, le succès de ces approches environnementales repose souvent sur la bonne préservation du matériel organique, laquelle est souvent mise en péril par certains facteurs d’altération et de décomposition (piétinement, oxydation, etc.) (Bhiry et Filion, 2001).

Ce n’est qu’il y a quelques décennies que l’archéologie a commencé à prêter attention à la ressource la plus abondante des sites archéologiques : la matrice sédimentaire et minérale qui les compose (Hassan, 1978; Wells, 2010; Salisbury, 2012). En effet, l’archéologie ne fait que commencer à mesurer le potentiel de l’étude des sols et des sédiments minéraux que renferment les sites archéologiques (Wilson, et al., 2008).

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La géoarchéologie est une science se trouvant à l’interface entre la géographie physique, la géologie et l’archéologie et elle consiste à utiliser les techniques et les approches méthodologiques des sciences de la Terre (géochimie, géophysique, géomorphologie, sédimentologie, micromorphologie et analyse spatiale) pour étudier des contextes archéologiques (Gladfelter, 1977; Waters, 1992; Scudder, et al., 1996; Garrison, 2003; Goldberg et Macphail, 2006; Rapp et Hill, 2006).

Plusieurs types d’analyses archéologiques se rapportant à la culture matérielle et aux structures demandent la destruction, partielle ou totale, de vestiges ou de restes archéologiques afin d’obtenir des résultats. Contrairement à ces analyses, l’approche géoarchéologique peut, dans plusieurs cas, apporter des résultats intéressants sans même nécessiter la destruction de données archéologiques reliées aux structures ou à la culture matérielle (Linderholm, 2010). Waters (1992) soutient que la géoarchéologie est une partie indispensable de la recherche archéologique moderne qui, de concert avec les autres ramifications archéologiques, améliore l’interprétation des données archéologiques traditionnelles. Colin Renfrew va même plus loin en affirmant:

« because archaeology recovers almost all of its basic data by excavation, every archaeological problem starts as a problem in geoarchaeology » (Renfrew, 1976: 2)

Géoarchéologie de la maisonnée

La géoarchéologie n’a cessé de gagner en popularité depuis ses débuts et la démonstration constante de son grand potentiel a intéressé plusieurs chercheurs travaillant en Arctique (Todisco et Bhiry, 2008b, a; Lemieux, et al., 2011; Aubé-Michaud, 2012; Roy, et al., 2012). En effet, bien que beaucoup de recherches impliquant l’approche géoarchéologique se concentrent sur l’étude du paléoenvironnement, on commence à observer un accroissement dans le nombre d’études géoarchéologiques visant à documenter le mode de vie des populations passées en étudiant les sédiments provenant de divers contextes archéologiques, dont celui de l’espace domestique (Aubé-Michaud, 2012; Salisbury, 2012)

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Allison (1999) soutient que l’espace domestique représente la manifestation d’anthropisation du paysage dont l’impact est le plus ténu sur l’environnement. Certains pourraient considérer l’association entre l’archéologie de la maisonnée et la géoarchéologie étonnante en raison de l’échelle microscopique de l’objet d’étude de la géoarchéologie. De plus, bien qu’il semble logique d’utiliser le sédiment dans l’étude de l’environnement, son lien avec des problématiques aussi culturelles et anthropiques que les dynamiques et l’espace domestique demeure plus nébuleux et abstrait. Néanmoins, ces réserves n’ont pas empêché certains chercheurs d’aller de l’avant avec cette combinaison disciplinaire inusitée. En effet, la possibilité de lire le sol d’occupation d’un site archéologique comme une archive documentant les différentes activités y ayant été pratiquées (Skinner, 1986; James, 1999; Entwistle, et al., 2000; Fernández, et al., 2002; Robin, 2003; Middleton, 2004; King, 2008; Todisco et Bhiry, 2008a; Holliday, et al., 2010; Walkington, 2010) a été vue par plusieurs comme une opportunité intéressante d’en apprendre davantage sur le contexte domestique de sites archéologiques. Ce que certains pourraient considérer comme un pari audacieux s’est avéré très fructueux et, depuis, le nombre d’études mariant l’archéologie de la maisonnée et la géoarchéologie n’a cessé d’augmenter.

C’est cette direction que notre étude se propose d’emprunter pour étudier les maisons semi-souterraines multifamiliales inuites du Labrador. Nous sommes d’avis que l’utilisation de la perspective géoarchéologique dans l’étude de ces habitations représente un moyen prometteur d’obtenir un portrait plus exhaustif de la configuration de l’espace domestique chez les Inuits historiques du Labrador.

Objectif général et objectifs spécifiques

L’objectif principal de cette étude est de déterminer la disposition des aires d’activités présentes dans les maisons semi-souterraines multifamiliales du nord du Labrador. Découlant de ce but général, trois objectifs spécifiques sont visés par notre étude :

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1. Identifier les signatures micromorphologiques, sédimentaires/post-sédimentaires et géochimique anthropiques dans les sédiments archéologiques des maisons semi-souterraines hivernales multifamiliales des Inuits historiques

2. Déterminer s’il est possible de distinguer, au sein du sédiment anthropisé, une différentiation de ces signatures anthropiques selon les différentes aires d’activités de ces habitations.

3. Vérifier si la configuration de l’espace domestique démontrée par les analyses géochimiques et micromorphologiques s’apparente à celle rapportée par les écrits anthropologiques, ethnologiques, historiques et les données archéologiques.

Hypothèse

L’hypothèse de recherche à vérifier est la suivante :

Les sédiments minéraux des trois maisons semi-souterraines multifamiliales à l’étude ont enregistré le type d’activités ayant été pratiquées lors de leur occupation humaine.

Organisation du mémoire

Le premier chapitre de ce mémoire est consacré à la description du contexte spatio-temporel dans lequel ce projet de recherche s’insère. Une description de la région recherche y est faite et est suivie d’une section présentant les diverses phases de l’occupation humaine du nord du Labrador. La présentation des deux sites d’étude termine ce chapitre.

Le deuxième chapitre expose les diverses facettes entourant l’adoption des maisons semi-souterraines multifamiliales par les Inuits historiques du Labrador. Pour ce faire, une description des maisons semi-souterraines unifamiliales est réalisée, suivie des diverses modifications observées au niveau des maisons multifamiliales adoptées à la fin du 17e siècle. Par la suite, les différentes

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leur pertinence, dans le cadre de cette étude, et en démontrant en quoi elles peuvent aider à documenter la problématique des maisons multifamiliales inuites.

La méthodologie utilisée dans la réalisation de cette étude est présentée dans le troisième chapitre, en commençant par les méthodes de terrain, notamment l’échantillonnage. Une description des méthodes de laboratoire, incluant la granulométrie, la micromorphologie et la géochimie, est présentée par la suite. Finalement, la description des méthodes de traitement statistique des données conclut ce chapitre.

Le quatrième chapitre se concentre sur la présentation des résultats. On y présente d’abord une description des coupes stratigraphiques. Par la suite, on présente les résultats des analyses granulométriques avant de passer aux résultats micromorphologiques. La présentation des résultats des analyses géochimiques termine ce chapitre.

La discussion et l’interprétation des résultats sont présentées au chapitre cinq. Cette discussion vise à intégrer les données tirées de nos analyses sédimentologiques, micromorphologiques et géochimiques dans le contexte archéologique des maisons semi-souterraines hivernales multifamiliales du Labrador et présenter les grandes tendances observées parmi les résultats d’analyses.

Finalement, la conclusion fait un retour sur les principaux résultats de cette étude et présente les avenues de recherches qui pourraient s’avérer intéressantes en lien avec l’étude des maisons multifamiliales du Labrador ou avec la géoarchéologie de la maisonnée.

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Chapitre 1 : Contexte spatio-temporel de l’étude

Dans ce chapitre est présentée une description du contexte régional dans lequel s’insère notre projet de recherche, tant au niveau naturel qu’au niveau humain. Les conditions climatiques et les ressources environnementales y sont entre autres abordées. De plus, une synthèse de l’occupation humaine du nord du Labrador est réalisée afin de décrire les différentes populations ayant occupé le Labrador.

1.1 Région d’étude

Si la définition de la géographie de la côte du Labrador ne tenait qu’en un mot, le terme « écotone » serait probablement le plus approprié. Selon la terminologie en usage à Parcs Canada, ce concept se définit comme étant une zone où deux biomes s’interpénètrent et où l’on trouve des espèces liées à chacun d’eux (Bouchard et Gélinas-Surprenant, 1997). Puisque la côte du Labrador se situe à la jonction des zones bioclimatiques arctique et subarctique, son climat, son environnement et sa biodiversité constituent donc un amalgame des caractéristiques de ces deux biomes. La présence d’écotones dans la séquence latitudinale du Labrador est également visible à plus petite échelle, soit entre les différents écosystèmes caractérisant chacune des grandes baies qui longent la côte. Il existe également des transitions climatiques et biogéographiques entre les milieux côtiers et intérieurs de cette région (Payette et Bouchard, 2001). Plusieurs processus et phénomènes géomorphologiques et géologiques ont contribué à modeler le paysage du Labrador. Il a notamment été grandement marqué par l’histoire géologique, glaciaire et post-glaciaire du nord-est de l’Amérique du Nord.

1.1.1 Localisation

Le Labrador se situe au nord-est du Canada et fait partie de la province de Terre-Neuve-et-Labrador (Figure 2). Cette région est bordée par la baie d'Ungava au nord-ouest et par le détroit d'Hudson au nord. À l’est du Labrador se trouvent la mer du Labrador et l'océan Atlantique, alors que le détroit de

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Belle Isle et le golfe du Saint-Laurent se situent au sud. La province de Québec se situe à l’ouest du Labrador.

Figure 2: Carte du Labrador

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La communauté permanente le plus au nord du Labrador est actuellement le village de Nain, qui se trouve au sud de la baie de Nain. Selon le dernier recensement canadien (Statistique Canada, 2012) en 2011, ce village comptait 1188 habitants, en grande majorité d’origine inuite. De plus, Nain est, depuis 2005, le siège administratif du nouveau gouvernement inuit du Labrador : le gouvernement du Nunatsiavut (2009).

1.1.2 Géologie, géomorphologie et histoire postglaciaire

La côte du Labrador appartient à la province géologique de Nain (Figure 3), qui est caractérisée par une grande variabilité pétrographique (Stockwell, et al., 1972; Mengel, et al., 1991; Payette et Bouchard, 2001). Cette province d’âge archéen (4 Ga à 2.5 Ga) est constituée de roches sédimentaires plus ou moins métamorphisées, d’intrusions d’anorthosite, de granites, de gneiss et de roches volcaniques. Cette région renferme aussi les dykes de Napaktok qui datent du Paléoprotérozoïque (2.5 Ga à 1.6 Ga) (Kranendonk et Ermanovics, 1990; Kranendonk, 1996). La province géologique de Nain est également traversée par la bande de cisaillement de Komaktorvik, qui témoigne d’un cisaillement senestre. Mengel et al. (1991) incluent dans cette région le groupe de Ramah, qui s’étend en une bande parallèle aux monts Torngat (Kranendonk, 1996). Ce groupe est composé de quartzite, de mudstone calcaire à grain fin), de shale et de roches volcaniques et semble être demeuré relativement intact depuis la fin de l’Archéen (Mengel, et al., 1991).

En se basant sur la classification de Hare (1959), la zone d’étude fait partie Massif des monts Torngat, Kiplapait et Kaumajet. Payette et Bouchard (2001) décrivent le nord de la côte du Labrador comme ayant un relief très accidenté caractérisé, entre autres, par des fjords et des chaînes de montagnes telles que celles des Kiglapait, qui se trouve au nord de la baie de Nain. Les monts Kaumajet sont, quant à eux, situés au nord de la baie d’Okak. Les célèbres monts Torngat se trouvent dans la partie septentrionale de la côte du Labrador alors que la chaîne de montagnes des Mealy est plutôt située au sud du Labrador. La côte du Labrador est ponctuée de plusieurs vallées glaciaires, dont l’orientation est généralement est-ouest, et qui sont drainées par de nombreuses rivières (Payette, 2007). Elle est également caractérisée par la présence de nombreuses îles et baies. Le relief du nord de la côte du Labrador semble être le résultat de l’intense activité tectonique

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ayant eu lieu lors de l’ouverture de la section nord de l’Atlantique (Hamilton, 1983; Payette et Bouchard, 2001) et de diverses glaciations (Ives, 1978).

Figure 3: Carte des provinces géologiques du Labrador

Source : Traduit de Bell et Liverman, (1997)

Le secteur Labrador de l’Inlandsis laurentidien a atteint son emprise maximale sur la côte du Labrador lors du Pléniglaciaire, peu avant 20 000 AA (Avant Aujourd’hui). Toutefois, l’emplacement précis de la marge du glacier dans cette région fait toujours l’état d’un débat en raison du caractère équivoque et ambigu des dépôts et des traces d’altérations glaciaires. Les datations issues de ces vestiges glaciaires ne font pas, non plus, l’unanimité (Ives, 1978; Vincent, 1989).

Les premiers indices du début de la déglaciation de la côte du Labrador sont datés à environ 8500 AA. Les données indiquent un retrait des glaces qui s’est opéré selon un axe NE-SO, en parallèle avec une transgression marine atteignant jusqu’à 70 m d’altitude (Vincent, 1989; Clark et Fitzhugh, 1990). Le relèvement glacio-isostatique s’est ensuite graduellement réalisé, engendrant une régression marine. Tous ces processus ont contribué au modelage du paysage de la côte du Labrador en y laissant des vestiges glaciaires et postglaciaires tels des moraines, des fjords et des terrasses marines ainsi que des dépôts argileux et sableux (Payette et Bouchard, 2001).

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1.1.3 Climat

Le nord de la côte du Labrador est un milieu de transition entre les zones climatiques subarctique et arctique. Il est donc caractérisé par l’action d’une myriade de phénomènes climatiques et environnementaux qui cause la grande variabilité de son climat. Effectivement, des facteurs tels que les vents, le courant du Labrador (D'Arrigo, et al., 2003; Woollett, 2003) et la présence saisonnière de banquise le long de la côte (Woodward-Clyde Consultants, 1980) ont un rôle à jouer dans la détermination du climat labradorien. Cette grande diversité de facteurs se reflète, entre autres, dans la quantité de zones climatiques au Labrador : côtière, intérieure, boréale, arctique et tempérée (Banfield, 1981). Cette variété de types de climat se répercute également sur la présence de pergélisol dans le sol du Labrador. Cette région abrite en effet des zones de pergélisol continu, de pergélisol discontinu ainsi que des zones dépourvues de pergélisol (Woodward-Clyde Consultants, 1980; Payette, 2001; Payette et Bouchard, 2001). Nos sites d’études sont situés dans une zone de pergélisol discontinu (Woodward-Clyde Consultants, 1980) où plus de 50 % de la surface est sous régime pergélisolique (Payette, 2001).

Selon Banfield (1981), le nord de la côte du Labrador fait partie de la zone climatique arctique. Cette région est caractérisée par des températures froides, peu de précipitations (la plus basse moyenne du Labrador) et des étés courts (Banfield, 1981). En fait, les données récoltées à Nain par Environnement Canada (2012) entre 1971 et 2000 indiquent que la température moyenne annuelle à Nain est de -3 °C. La température est en moyenne 10,1 °C en juillet. La moyenne annuelle des précipitations est de 892,7 mm. Environ 492,2 mm de ces précipitations tombent sous forme de neige (Archives nationales d'informations et de données climatiques, 2012) .

1.1.4 Biogéographie

Le nord de la côte du Labrador se situe à l’interface entre la toundra forestière septentrionale et la toundra arctique arbustive et herbacée (Payette et Bouchard, 2001; Payette, 2007). Nos sites d’étude se situent plus particulièrement en zone de toundra forestière septentrionale. Celle-ci renferme quelques espèces d’arbres tels l’épinette blanche (Picea glauca), l’épinette noire (Picea mariana) et le bouleau (Betula glandulosa) (Payette et Bouchard, 2001; Payette, 2007), ainsi que diverses

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espèces de lichens, de mousses, de baies et d’arbustes (Payette et Bouchard, 2001). Quant à l’extrémité nord du Labrador et aux zones de plus hautes altitudes, elles sont plutôt caractérisées par une végétation de toundra arctique arbustive et herbacée. Aucun arbre n’y pousse en raison du climat rigoureux de la région, mais on peut y trouver des lichens, des espèces herbacées et arbustives (Payette et Bouchard, 2001).

Le Labrador renferme également une vaste biodiversité animale. De fait, plusieurs espèces terrestres (caribous, renards, lièvres), marines (diverses espèces de phoques et de poissons, morses, baleines) ainsi que plusieurs espèces d’oiseaux y vivent (Kaplan, 1983; Woollett, 2003; Gaudreau, 2011).

Bien entendu, les chercheurs en paléoenvironnement et en paléoécologie ont dénoté plusieurs fluctuations au niveau du climat, de l’environnement et de la biodiversité à travers les derniers siècles. Par conséquent, il est logique de penser que les populations humaines qui ont peuplé la côte du Labrador ont expérimenté un climat et un environnement quelque peu différent de ceux qui prévalent de nos jours. Néanmoins, les données archéologiques et historiques semblent indiquer que les diverses populations passées ont su, chacune à leur manière, tirer profit de la grande diversité de ressources disponibles sur la côte du Labrador.

1.2 Historique de l’occupation néoesquimaude du centre-nord du

Labrador

Bien que le Labrador soit caractérisé par une occupation humaine remontant à près de 7500-7000 AA (Figure 4) (Fitzhugh, 1972; McGhee et Tuck, 1975; Fitzhugh, 1976, 1977; Brake, 2006), l’emphase de cette section concernera plus particulièrement les cultures néoesquimaudes qui ont occupé la côte du Labrador. Avant l’arrivée de ces dernières, le Labrador a été occupé par la culture Archaïque maritime et des populations paléoesquimaudes, dont, notamment, les Pré-Dorsétiens et les Dorsétiens (Kaplan, 2012).

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1.2.1 Culture thuléenne classique (fin 13e siècle au 16e siècle)

Therkel Mathiassen (1927) fut le premier à situer l’origine de la culture thuléenne en Alaska. Les années et l’avancement des recherches sur la question lui donnèrent raison puisque plusieurs chercheurs (Maxwell, 1985; Morrison, 1989; McGhee, et al., 1994; Morrison, 1999; Whitridge, 1999; Rankin, 2009) appuyèrent son hypothèse dans les décennies qui suivirent. Des liens avec la culture Birnik ou Punuk et une émergence au 10e siècle de notre ère ont également été proposés (Maxwell,

1985; Morrison, 1989; Whitridge, 1999; McGhee, 2009).

Alors que la date de 1000 ans de notre ère (Fitzhugh, 1977; Maxwell, 1985) a longtemps été une date presque unanimement acceptée comme étant le début du mouvement migratoire thuléen vers l’est, elle ne fait plus aujourd’hui l’objet d’un consensus auprès des archéologues de l’Arctique. Les données tendent à indiquer qu’une première migration en provenance d’Alaska aurait eu lieu vers 1000 ainsi qu’une deuxième vers 1200 (Morrison, 1989, 1999). Friesen et Arnold (2008) présentent des datations au radiocarbone pointant d’ailleurs vers une migration qui s’est opérée au 13e siècle. Cette période concorde avec l’épisode de réchauffement climatique de l’Optimum Climatique Médiéval (Fitzhugh, 1994). Selon les datations les plus anciennes de sites thuléens disponibles à ce jour dans l’Arctique oriental, il semblerait que ces migrations aient été plutôt rapides (McGhee, 2009). Cette hypothèse semble être appuyée par le fait que les moyens de transport utilisés par les Thuléens leur permettaient de se déplacer plus rapidement que toutes les populations les ayant précédés dans l’Arctique (Fitzhugh, 1977; Kaplan, 1980; Maxwell, 1985; Labrèche, 2001; Woollett, 2003). La résolution encore incertaine du débat concernant les datations au radiocarbone associées à ce mouvement migratoire est étroitement liée à la problématique de l’effet réservoir qui influence les datations au radiocarbone faites sur des os de mammifères marins ou du bois flotté (Friesen et Arnold, 2008; Rankin, 2009). Les motifs ayant mené à la migration des Thuléens ont fait l’objet de nombreuses hypothèses. Certains ont d’ailleurs proposé que la chasse à la baleine ait amené les Thuléens à migrer vers l’Arctique oriental (McGhee, 1969/70), alors que d’autres ont supposé que la volonté d’acquérir le fer météorique du Groenland ait été la motivation derrière cette migration (McGhee, 1984, 2009). Le fer représentait un bon substitut pour des matériaux tels l’ivoire, la pierre et l’os. Il semblerait que la volonté d’acquérir du fer n’ait pas impliqué un désir d’adopter les

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techniques de fabrication européennes puisque les outils fabriqués à l’aide de fer étaient toujours confectionnés selon les techniques traditionnelles (Fitzhugh, 1985).

Figure 4: Chronologie chronoculturelle de l'Arctique

Source : Institut culturel Avataq

Avec les données actuelles, il n’est pas possible de déterminer avec certitude la route empruntée par les populations thuléennes pour se rendre jusqu’au Labrador (Kaplan, 2012). Cependant, Rankin et Ramsden (2013) soutiennent que la migration vers le Labrador proviendrait du sud de l’île de Baffin. Les datations au radiocarbone du site thuléen de Staffe Island placent l’arrivée des Thuléens au nord du Labrador à la fin du 13e siècle (Fitzhugh, 1994). Ces datations s’avèrent d’autant plus révélatrices puisqu’elles impliqueraient la possibilité que les Thuléens soient arrivés au Labrador vers la fin de la période paléoesquimaude ou un peu après. La problématique de possibles contacts entre les Dorsétiens et les Thuléens est un débat qui dure depuis longtemps en archéologie de l’Arctique et il n’est actuellement pas possible de prouver ou d’infirmer la possibilité de tels contacts avec certitude (Park, 1993; Park, 2008; Kaplan, 2012). Certains chercheurs sont d’avis que les Thuléens seraient arrivés plus tard au Labrador, vers la fin du 15e siècle, dans le but d’obtenir des biens européens. Ils

Figure

Figure 1: Schématisation du concept d’unité domestique  Source : Traduit de Winter (1976)
Figure 4: Chronologie chronoculturelle de l'Arctique
Figure 5 : Localisation des sites inuits hivernaux au 18e siècle sur la côte du Labrador
Figure 6 : Plan du site d'Oakes Bay-1
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