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Gastrectomie : effet sur les comportements alimentaires; huit mois post-chirurgie

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Academic year: 2021

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Gastrectomie: Effet sur les comportements

alimentaires; huit mois post-chirurgie

Mémoire doctoral

Andrée-Anne Guenette

Doctorat en psychologie (D. Psy.)

Docteure en psychologie (D. Psy.)

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Gastrectomie : Effet sur les comportements alimentaires, huit mois

post-chirurgie

Mémoire doctoral

Andrée-Anne Guénette

Sous la direction de :

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RÉSUMÉ

La problématique de l’obésité a progressé au cours des dernières décennies et elle est aujourd’hui un enjeu important de santé publique à travers le monde. Un fait plus inquiétant encore; de plus en plus d’individus présentent une forme plus sévère de l’obésité s’exposant ainsi aux complications physiques et psychologiques qui en découlent. Pour une majorité de ces individus

qui souffrent d’obésité sévère (Indice de masse corporelle : IMC > 40 kg/m2), les traitements

conventionnels de perte de poids s’avèrent la plupart du temps inefficaces. Pour cette raison, plusieurs se tournent vers la chirurgie bariatrique pour améliorer leur condition. Depuis 2013, la gastrectomie verticale par laparoscopie (GL) est la technique chirurgicale la plus pratiquée dans le domaine bariatrique au Canada et au Québec. Bien qu’elle occasionne de faibles taux de complications et de bons résultats de perte de poids à court terme, il semble qu’elle s’accompagne d’une reprise de poids chez certains patients après deux ans post-chirurgie. Selon certains chercheurs, ce regain de poids serait en partie expliqué par les comportements alimentaires adoptés par les patients en période postopératoire. La présente étude avait donc pour objectif principal d’approfondir la compréhension de l’effet de la GL sur certains comportements et attitudes alimentaires à huit mois post-chirurgie. Pour ce faire, 76 individus ayant reçu la GL

(55 femmes et 21 hommes), présentant un âge moyen de 41 ans et un IMC moyen de 48.1 kg/m2,

ont été recrutés à l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec (IUCPQ) et invités à remplir des questionnaires évaluant les comportements alimentaires avant et huit mois après la chirurgie. Les résultats des analyses de corrélation indiquent que les comportements alimentaires que présentent les participants avant et après la chirurgie ne seraient pas liés au pourcentage d’excès de poids perdu (PEP) à huit mois. Des analyses de corrélation montrent néanmoins un changement intéressant dans les patrons de relation qui lient la dépendance alimentaire (DA), la susceptibilité à la faim et la restriction; la DA et la susceptibilité à la faim étant associées négativement à la restriction en période préopératoire, alors qu’elles le sont positivement huit mois postopératoires. Les analyses de variances à mesures répétées (ANOVAS) montrent une diminution significative de la dépendance alimentaire (DA), de la désinhibition, de la restriction et de la susceptibilité à la faim huit mois après la chirurgie, alors que la préoccupation par rapport au poids demeure inchangée. Cela suggère que la perte de poids

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patients entretiennent par rapport à leur corps et à leur poids. Une perception de soi profondément ancrée, ou encore la crainte éventuelle de reprendre du poids pourraient être en lien avec ces préoccupations, ce qui évoque l’importance d’offrir un soutien aux patients en période postopératoire.

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TABLE DES MATIÈRES RÉSUMÉ ... III TABLE DES MATIERES ... V LISTE DES TABLEAUX ... VI LISTE DES FIGURES ... VII REMERCIEMENTS ... VIII INTRODUCTION GÉNÉRALE ... 1 1. OBÉSITÉ ... 2 1.1 ÉTAT ACTUEL DE L’OBÉSITÉ ... 2 1.2 CONSÉQUENCES DE L’OBÉSITÉ ... 4 1.2.1 Conséquences physiques ... 4 1.2.2 Conséquences psychologiques ... 5 1.2.3 Conséquences économiques ... 7 1.3 TRAITEMENTS DE L’OBÉSITÉ ... 8 1.3.1 Traitements standards et pharmacologiques ... 8 1.3.2 Chirurgie bariatrique ... 11 2. GASTRECTOMIE ... 13 2.1 GASTRECTOMIE: COMPORTEMENTS ET ATTITUDES ALIMENTAIRES ... 15 3. OBJECTIFS ET HYPOTHÈSES ... 17 4. MÉTHODOLOGIE ... 18 4.1 PROCÉDURE ... 18 4.2 PARTICIPANTS ... 20 4.3 MESURES ... 20 5. ANALYSES DES DONNÉES ... 22 5.1 ANALYSES DESCRIPTIVES ... 22 5.2 ANALYSES PRINCIPALES ... 23 6. RÉSULTATS ... 25 6.1 EFFETS DE LA GL SUR LA PERTE DE POIDS ET LES VARIABLES ALIMENTAIRES ... 25

6.2 ASSOCIATIONS ENTRE LA PERTE DE POIDS (PEP) ET LES VARIABLES ALIMENTAIRES ... 25

6.3 TRAJECTOIRES DE PERTE DE POIDS ... 26 7. DISCUSSION ... 27 CONCLUSION ... 37 RÉFÉRENCES ... 45 ANNEXE A ... 64 ANNEXE B ... 66 ANNEXE C ... 69 ANNEXE D ... 74

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LISTE DES TABLEAUX

Tableaux

1. Caractéristiques préopératoires des participants ayant complété les questionnaires pour

l’examen des variables alimentaires avant et huit mois après la chirurgie...45

2. Moyennes des scores aux questionnaires au T0 et au T8mois...46

3. Identification du nombre optimal de trajectoires/classes latentes...47

4. Probabilités moyennes d’appartenance à postériori à chaque classe latente...47

5. Résumé des paramètres du modèle de classes latentes pour l’IMC...47

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LISTE DES FIGURES

Figures

1. Organigramme du recrutement des participants pour les données de perte de poids (IMC) et les données sur les variables alimentaires (questionnaires complétés) ...48

2. Graphique illustrant les deux trajectoires de perte de poids à partir de l’IMC au T0,

T4mois, T8mois et T18mois...49

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REMERCIEMENTS

Plusieurs personnes ont contribué, de près ou de loin, à la réalisation de ce projet. J’aimerais tout d’abord remercier l’équipe de la Chaire de recherche de l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec (Dr André Tchernof, Madame Suzie Laroche, Madame Mélanie Nadeau et Monsieur Marc Lapointe), sans qui la collecte de mes données n’aurait pas été possible. Plus particulièrement, je remercie Madame Mélanie Nadeau pour tout le temps qu’elle m’a accordé au cours des dernières années. J’aimerais aussi remercier Dre Simone Lemieux, membre de mon comité de recherche, qui a accepté de m’accompagner dans la réalisation de ce projet en prenant soin de lire et de commenter judicieusement mon mémoire. Votre expertise en nutrition m’aura certainement permis d’envisager et d’interpréter mes résultats sous différents angles. Merci à Madame Hélène Paradis, statisticienne, de m’avoir donné un coup de main plus d’une fois avec mes analyses statistiques.

J’aimerais également remercier tous les membres de mon laboratoire de recherche pour leur compagnie et leur soutien moral, lors de toutes ces journées de travail passées à l’université. Je tiens à remercier Christopher qui a toujours su prendre le temps de répondre à mes mille et une questions, mais aussi pour tous ses conseils tant sur le plan personnel que professionnel. Merci à toi, Audrey, qui m’a accordé de ton temps plus particulièrement dans les derniers miles de ce projet, ton aide m’a été très précieuse. Enfin, je tiens à prendre quelques lignes pour remercier tout spécialement Marilou Côté, une personne qui a joué un rôle important depuis le tout début de mon cheminement universitaire et envers qui je serai éternellement reconnaissante. Merci de tout cœur de m’avoir fait confiance en m’impliquant dans la réalisation de ta thèse doctorale, car c’est à partir de ce moment que j’ai décidé de poursuivre des études doctorales et que j’ai eu l’opportunité d’évoluer par la suite au sein de l’équipe du laboratoire de troubles alimentaires. Tu es pour moi une femme exemplaire, tant personnellement que professionnellement, pour qui j’aurai toujours beaucoup d’admiration.

Au plan plus personnel, je tiens d’abord à remercier ma famille. Maman, depuis le tout début, tu as toujours été ma plus grande "fan" et je n’aurais su comment traverser cette aventure qu’est le doctorat sans tes mots d’encouragements et tes petits plats préparés. De ressentir ton support et ton amour, même en étant physiquement loin l’une de l’autre, m’a donné à plusieurs reprises la force de continuer et de persévérer. En parlant de persévérance, je te remercie papa

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d’avoir été et d’être encore aujourd’hui le plus bel exemple de tenacité et d’ardeur au travail. Marie-Pier, ma petite sœur d’amour et ma complice, merci tout simplement d’être la personne sur qui je peux toujours compter. Mamie et Papi, j’ai aussi une petite pensée pour vous puisque votre soutien m’a été indispensable dans les dernières années. Il était aussi important pour moi de dédier quelques lignes à Stéphanie, Chanel, Andrée-Ann et Edith, puisque notre amitié est sans aucun doute le plus beau souvenir que je garderai de mes études doctorales. Merci « Steph » pour ton écoute et ta facilité à toujours trouver les bons mots pour me réconforter. Merci « Chachoune » pour ta façon de voir les choses toujours positivement. « Nane », si tu savais à quel point ton courage et ta force de caractère ont été pour moi une inspiration au cours des dernières années. « Edoune », merci à la vie de t’avoir mise sur mon chemin, car peu de gens peuvent compter sur des amies loyales et attentionnées comme toi. Enfin, merci à mon allié, mon meilleur ami et mon amoureux, Antoine. Chacune des étapes importantes de ce parcours universitaire, tu les as traversées à mes côtés avec beaucoup d’admiration pour mon tavail, ce qui a été l’une de mes plus grandes sources de motivation. Merci d’être la personne qui rend les choses tellement plus simples et belles à la fois. Ton sens de l’humour m’est aujourd’hui indispensable et il a d’ailleurs certainement contribué à ma santé mentale au cours de ces dernières années! Alors qu’une étape importante est sur le point de se terminer pour moi, merci de continuer à croire en moi pour la suite et de m’offrir tout l’amour et le support dont j’ai besoin.

Finalement, la dernière et non la moindre, je tiens à remercier Catherine Bégin, ma directrice de recherche. Dès mes premiers mois au doctorat, malgré les incertitudes et le stress, j’ai su que j’y parviendrais puisque je réalisais à quel point j’étais entre bonnes mains. Au cours des années et à chaque grande étape de mon parcours, il était tellement réconfortant de savoir que je pouvais compter sur une superviseur comme toi, confiante et généreuse de son temps, pour me guider. Je te remercie d’avoir su créer un environnement dans lequel je me suis toujours sentie à ma place et où il était facile pour moi de partager mes inquiétudes. Ton expertise et ton sens de l’humour ont su rendre mes études doctorales à la fois enrichissantes et plaisantes. Enfin, merci infiniment d’avoir cru en moi et de m’avoir donné le privilège de construire mon identité professionnelle à tes côtés.

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INTRODUCTION GÉNÉRALE

L’obésité se définit par une accumulation anormale ou excessive de graisse corporelle qui représente un risque pour la santé (OMS, 2016). Les dernières données disponibles de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS, 2016) indiquent qu’à ce jour, 650 millions d’adultes à travers le monde souffriraient d’obésité, portant cette problématique à un niveau pandémique. Ce portrait épidémiologique est inquiétant, considérant les conséquences physiques, psychologiques et économiques qui peuvent découler de l’obésité, particulièrement l’obésité sévère (Abilés, Rodriguez-Ruiz, Abiles, Mellado, Garcia et al., 2010). En ce sens, l’obésité et les comorbidités qui en résultent sont associées à une forte utilisation des services de santé tant au Canada qu’au Québec (Abilés et al., 2010).

Chez les individus aux prises avec une problématique d’obésité sévère, les traitements standards de perte de poids qui visent un changement dans les habitudes de vie s’avèrent souvent insuffisants pour générer une perte de poids qui serait assez grande pour réduire les problèmes de santé physique ainsi que les conséquences psychologiques liées à l’obésité (Colquitt, Pickett, Loveman, & Frampton, 2014). Pour ces individus, il est désormais reconnu que la chirurgie peut représenter une option de choix qui engendre une perte de poids suffisante pour améliorer leur condition physique (Arterburn, & Courcoulas, 2014). Ainsi, de plus de plus en plus d’individus qui souffrent d’obésité sévère se tournent vers la chirurgie bariatrique et l’on constate d’ailleurs une augmentation du nombre de chirurgies effectuées dans les hôpitaux canadiens depuis les années 2000 (Institut canadien d’information sur la Santé : Chirurgie bariatrique au Canada, 2014).

Depuis 2013, la gastrectomie verticale par laparoscopie (GL), une chirurgie visant une diminution du volume gastrique et une altération des hormones régulant les sensations d’appétit, est la chirurgie la plus communément effectuée au Canada (Angrisani, Santonicola, Iovino, Formisano, Buchwald et al., 2015). Au Québec, à l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec (IUCPQ), centre spécialisé dans

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le traitement de l’obésité sévère, la GL est également la technique bariatrique la plus fréquemment pratiquée (IUCPQ, 2017). Sa popularité se justifie par sa technique moins complexe à réaliser que les autres chirurgies, son faible taux de complications postopératoires et ses bons résultats de perte de poids à court terme (Angrisani et al., 2015). Toutefois, la GL n’étant reconnue officiellement comme une chirurgie à part entière seulement depuis 2008, son efficacité à long terme n’est que très peu documentée (Deitel, Crosby, & Gagner, 2008). Or, les quelques résultats publiés à cet effet tendent à montrer un regain de poids dès la deuxième année postopératoire (Himpens, Dobbeleir, & Peeters, 2010; Saif, Strain, Dakin, Gagner, Costa et al., 2012). Cette reprise de poids est, selon plusieurs auteurs, attribuable à deux grandes catégories de facteurs, soient les facteurs liés aux patients (facteurs psychologiques et comportementaux) et ceux liés aux mécanismes de la chirurgie (facteurs anatomiques et chirurgicaux) (Lauti, Kularatna, Hill, & MacCormick, 2016). En ce qui concerne les facteurs liés à l’individu, il semble que les comportements alimentaires adoptés par les patients après la chirurgie aient un plus grand impact sur la variation pondérale au long cours que ceux adoptés avant la chirurgie, les conséquences de ces derniers ne faisant pas consensus au sein de la littérature (Hindle, de la Piedad Garcia, & Brennan, 2017). À ce jour, encore peu d’études se sont intéressées aux effets de la GL sur les comportements alimentaires problématiques susceptibles de nuire à la perte et au maintien du poids, de même qu’aux associations entre les comportements alimentaires pré et postopératoires et la perte de poids. Le présent projet de recherche s’inscrit dans cette lignée, puisqu’il vise à approfondir les connaissances quant aux effets de la GL à court terme sur les comportements et attitudes alimentaires problématiques.

1. OBÉSITÉ

1.1 État actuel de l’obésité

L’obésité et le surpoids se mesurent à partir de l’indice de masse corporelle (IMC),

soit le poids en kilogramme divisé par le carré de la taille en mètre (kg/m2) (OMS, 2016). Il

est possible de classifier les individus avec cette mesure et d’évaluer ainsi les risques pour la santé selon les différentes catégories d’IMC. Actuellement, le surpoids est défini comme

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un IMC entre 25 et 29,9 kg/m2 et l’obésité comme un IMC égal ou supérieur à 30 kg/m2. En ce qui concerne l’obésité, trois sous-catégories ont été formées afin de distinguer les différents degrés de sévérité. La catégorie I comprend les individus ayant un IMC entre 30

kg/m2 et 34,9 kg/m2, la catégorie II, entre 35 kg/m2 et 39,9 kg/m2 et la catégorie III, de plus

de 40 kg/m2 (Katzmarzyk, & Mason, 2006). Les individus appartenant à cette troisième

catégorie sont considérés comme souffrant d’obésité sévère (Tjepkema, & Shields, 2004; Katzmarzyk, & Mason, 2006).

Selon l’OMS (OMS, 2016), l’obésité et le surpoids s’expliquent par un déséquilibre énergétique entre la quantité de calories consommées et dépensées. D’ailleurs, à l’échelle mondiale, une plus grande consommation d’aliments caloriques, riches en lipides, est constatée en concomitance à une augmentation de la sédentarité (OMS, 2016). Les environnements obèsogènes dans lesquels évoluent les individus ont certainement contribué à ce phénomène. En effet, d’un côté, la facilité d’accès à la nourriture en termes de temps et de coûts (ex. : restauration rapide) incite à la consommation excessive de nourriture et d’un autre côté, la modernisation de la société (ex. : sédentarisation des emplois, utilisation croissante de l’automobile, service au volant, etc.) encourage peu l’activité physique (Feng, Glass, Curriero, Stewart, & Schwartz, 2010; Swinburn, Sacks, Hall, McPherson, Finegood et al., 2011; Lear, Teo, Gasevic, Zhang, Poirier et al., 2014). En ce qui concerne la génétique, elle contribue à la variance du phénotype de l’obésité, 50 à 90% de la variance de l’IMC ayant été expliquée par des facteurs génétiques (Maes, Neale, & Eaves, 1997; Locke, Kahali, Berndt, Justice, Pers et al., 2015). Enfin, certains facteurs individuels tels que les habitudes et les comportements alimentaires auraient aussi un impact d’une grande importance sur l’émergence et le maintien de l’obésité (Terpitz, & Remund, 2013).

Les estimations les plus récentes de l’OMS (datant de 2016) révèlent que la prévalence mondiale de l’obésité a presque triplé entre 1976 et 2016. Plus spécifiquement, en 2016, plus de 1,9 milliard (39%) d’adultes étaient en surpoids mondialement et sur ce nombre, 650 millions (13%) étaient obèses (OMS, 2016). Au Canada, les plus récentes données de mesures récoltées en 2015 par l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes (ESCC) indiquaient qu’environ 9,5 millions (34.6%) de Canadiens faisaient

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partie de la catégorie surpoids et 7,3 millions (26.7%) de la catégorie obésité (Statistique Canada, 2015). Au Québec, en 2015, toujours selon l’ESCC, près de 2,4 millions (36.5%) de Québécois étaient en surpoids et 1,5 million (23.1%) obèses (Statistique Canada, 2015). Par conséquent, les taux élevés de surpoids et d’obésité témoignent de l’ampleur de cette problématique qui est devenue un enjeu de santé publique mondial (Shields, Carroll, &

Ogden, 2011), voire même la maladie du 21e siècle (King, 2011).

1.2 Conséquences de l’obésité

1.2.1 Conséquences physiques

De façon générale, l’obésité est associée à une augmentation du risque de souffrir de maladies chroniques telles que les maladies cardiovasculaires, les troubles musculo-squelettiques et le diabète de type II. À cela s’ajoute un risque accru de développer de l’hypertension, de l’apnée du sommeil obstructive et de la dyslipidémie (Tjepkema & Shields, 2004; Finucane, Stevens, Cowan, Danaei, Lin et al., 2011; OMS, 2014). En présence d’obésité, le risque d’être atteint d’un cancer se voit aussi augmenté, particulièrement le cancer colorectal (Calle, Rodriguez, Walker-Thurmond, & Thun, 2003; Ning, Wang, & Giovannucci, 2010). À l’échelle mondiale, il appert que l’obésité et le surpoids soient liés à 44% des cas rencontrés de diabète de type II, à 23% des cas de cardiopathies ischémiques et entre 7 à 41% des cas de certains cancers (OMS, 2014).

Un plus haut risque de mort prématurée est également associé à l’obésité, en lien avec toutes les conditions médicales qui y sont liées (Tjepkema & Shields, 2004; OMS, 2014). Les catégories II et III d’obésité sont celles qui comptent le plus de décès prématurés (Agence de la santé publique du Canada et Institut canadien d’information sur la santé, 2011). Chaque année, mondialement, au moins 2,8 millions de personnes meurent des conséquences de cette problématique (OMS, 2016). Les résultats d’une étude européenne effectuée auprès de 360 000 adultes montrent une réduction de l’espérance de vie de deux à quatre ans pour les individus ayant un IMC entre 30 et 35, et de huit à dix ans pour ceux présentant un IMC entre 40 et 45, après avoir ajusté pour d’autres facteurs de risques associés à la mortalité (Pischon, Boeing, Hoffmann, Bergmann, Schulze et al., 2008).

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diminution de l’espérance de vie pourrait s’élever jusqu’à 20 ans (Fontaine, Redden, Wang, Westfall, & Allison, 2003). Plus près de chez nous, au Canada, 48 000 à 66 000 Canadiens meurent annuellement des maladies associées à l’obésité (Statistique Canada, 2014). Il semble qu’une mort prématurée sur dix, auprès d’adultes âgés entre 20 et 64 ans, soit directement attribuable aux conséquences qui découlent de l’obésité (Lau, Douketis, Morrison, Hramiak, & Sharma, 2006).

Il existe aussi une relation robuste entre l’obésité et la qualité de vie liée à la santé; les personnes aux prises avec cette problématique rapportent une moins bonne qualité de vie que ceux de poids santé (Sarwer, Lavery, & Spitzer, 2012; Ul-Haq, Mackay, Fenwick, & Pell, 2012). Par exemple, un important excès de poids rend plus difficile l’accomplissement de certaines activités au quotidien telles que monter les escaliers, faire du sport, ou même travailler (Fontaine & Barofsky, 2001; Kolotkin, Meter, & Williams, 2001). L’obésité a aussi des répercussions sur le fonctionnement sexuel, un autre domaine important de la qualité de vie (Sarwer, Lavery, & Spitzer, 2012).

1.2.2 Conséquences psychologiques

En plus des problèmes liés à la santé physique, l’obésité est associée à des conséquences sur le plan de la santé psychologique. En effet, les individus qui présentent de l’obésité s’exposent à un risque accru de souffrir de dépression, d’anxiété et de troubles des conduites alimentaires, comparativement aux individus de poids normal (Abilés et al., 2010). En ce qui concerne la dépression et l’obésité, plusieurs méta-analyses et études épidémiologiques montrent une association entre ces deux conditions intrinsèquement reliées (McIntyre, Konarski, Wilkins, Soczynska, & Kennedy, 2006; De Wit, Luppino, Van Straten, Penninx, Zitman, et al., 2010; Mannan. Mamun, Doi & Clavarino, 2016). Effectivement, leur relation est bidirectionnelle puisqu’il y a une augmentation de 37% du risque de souffrir d’obésité chez les individus souffrant de dépression, et une augmentation de 18% du risque de souffrir de dépression chez les personnes présentant de l’obésité à long terme (Mannan, Mamun, Doi & Clavarino, 2016). D’un côté, les individus déprimés sont susceptibles de prendre du poids suite à la prise d’antidépresseurs (Stunkard, Faith, & Allison, 2003), en raison d’une mauvaise qualité de sommeil, ou d’un rythme de vie plus

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sédentaire (Riemann, Berger, & Voderholzer, 2001). D’un autre côté, les personnes atteintes d’obésité sont aussi plus enclines à devenir déprimées en raison de leur inactivité physique (Heo, Pietrobelli, Wang, Heymsfield, & Faith, 2010), de leur pauvre qualité de vie (Fontaine, & Barofsky, 2001), ou des conséquences liées aux préjugés sociaux auxquels elles sont régulièrement confrontées (Puhl, & Brownell, 2006). Néanmoins, les résultats de méta-analyses appuient davantage l’idée de la dépression en tant que facteur de risque pour l’obésité que l’inverse (De Wit et al., 2010; Mannan. Mamun, Doi & Clavarino, 2016).

De plus, comparativement aux individus de poids normal, les individus présentant de l’obésité affichent des prévalences de troubles anxieux significativement plus élevées (Gariepy, Nitka, & Schmitz, 2010). Cela peut s’expliquer, entre autres, par un soutien social plus pauvre, un statut socio-économique moins élevé et le fait de vivre davantage de discrimination (Maranto, & Stenoien, 2000; Puhl, & Heuer, 2009). À cet effet, l’ESCC de 2002-2003 rapporte que les individus souffrant d’obésité sont plus susceptibles de présenter un niveau de stress élevé au travail, en plus d’un manque de soutien de la part de leurs collègues, comparativement aux individus avec un poids santé (Park, 2009). Ce constat peut expliquer les taux plus élevés d’absentéisme, ainsi que le chômage et la retraite précoce observés chez les individus qui souffrent d’obésité (Yach, Stuckler, & Brownell, 2006; Shamseddeen, Getty, Hamdallah, & Ali, 2011). Il est à noter que le lien entre l’obésité et l’anxiété semble varier selon la sévérité de l’IMC, puisqu’un lien plus fort est observé entre ces deux conditions chez les personnes présentant un IMC supérieur à 35, comparativement à celles présentant un IMC entre 30 et 35 (Zhao, Ford, Dhingra, Li, Strine et al., 2009).

Les individus qui présentent de l’obésité sont aussi régulièrement stigmatisés, ce qui est susceptible de contribuer à une plus faible estime de soi (Abilés et al., 2010; Sikorski, Luppa, Kaiser, Glaesmer, Schomerus et al., 2011). D’ailleurs, des attitudes et croyances négatives à l’égard des individus souffrant d’obésité se manifestent par des stéréotypes véhiculés et des comportements discriminatoires (Puhl, &, Heuer 2009). En effet, les personnes aux prises avec une problématique d’obésité sont souvent perçues comme

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indisciplinées, sans volonté et paresseuses par une majorité d’individus en société (Puhl, & Brownell, 2006; Puhl &, Heuer, 2009).

1.2.3 Conséquences économiques

Enfin, l’obésité suscite une utilisation importante des services de santé. Par exemple, au Canada, en 2008, les coûts imputables à l’obésité atteignaient 4,6 milliards de dollars (4,1% des dépenses totales en santé du pays), soit 735 millions de plus (19% de plus) que les 3.9 milliards dépensés pour cette problématique en 2000, en tenant compte uniquement des coûts associés aux huit maladies chroniques les plus souvent liées à l’obésité (Institut canadien d’information sur la santé, 2011). Les coûts indirects de l’obésité, soit les pertes de revenus attribuables à une diminution de productivité, sont aussi à prendre en considération. Ces coûts sont calculés à partir de la perte de salaire engendrée par les gens invalides au travail, ou qui doivent réduire leurs heures de travail, en raison d'incapacités attribuables au surplus de poids. Au Canada, l’absentéisme et l’invalidité causés par l’obésité ont occasionné des pertes de productivité de cinq milliards de dollars en 2006 (Anis et al., 2010).

Au Québec, entre 1994 et 2011, comparativement aux individus présentant un poids normal, ceux avec un surpoids ou de l’obésité utilisaient davantage les services de santé, entre autres, par des visites plus fréquentes chez le médecin, des séjours plus fréquents à l’hôpital et une plus grande consommation de médicaments (Blouin, Vandal, Barry, Jen, Hamel, et al., 2016). Chaque année, au Québec, le surpoids et l’obésité entraînent des coûts de l’ordre de 1,4 milliard de dollars en frais d’hospitalisation, de 860 millions en médicaments et de 110 millions en visites médicales (Blouin et al., 2016). À ces coûts directs totalisant 2,3 milliards de dollars s’ajoutent des coûts indirects de 630 millions de dollars attribuables aux congés de maladie, pour un total de 2,9 milliards de dollars. Cela représente 10% des coûts totaux pour les consultations médicales et les hospitalisations au Québec (Blouin et al., 2015).

À la lumière de ces constats, force est de constater que l’obésité suscite un large éventail de conséquences à différents niveaux. Pour remédier à la situation, divers

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traitements ont été mis sur pied dans le but de diminuer les taux d’obésité et les conséquences associées.

1.3 Traitements de l’obésité

Les individus qui souffrent d’obésité peuvent avoir recours à différentes méthodes pour perdre du poids comme les traitements traditionnels de perte de poids, la pharmacothérapie ou encore la chirurgie bariatrique. Toutefois, pour que des améliorations sur les comorbidités associées à l’obésité soient observées, telles une diminution du risque cardiovasculaire ou une réduction de l’incidence du diabète de type II, une perte de 5 à 10% du poids initial serait nécessaire (Avenell, Broom, Brown, Poobalan, Aucott et al., 2004; Ryan, & Bray, 2013). La courbe morbidité-mortalité en fonction de l’IMC est une courbe hyperbolique : dès lors, perdre relativement peu de poids permet déjà de gagner beaucoup en terme de morbidité-mortalité, même chez les individus avec une obésité sévère (Basdevant, Laville, & Ziegler, 1998; Després, Lemieux, & Prud’homme, 2001; Ryan, & Bray, 2013).

1.3.1 Traitements standards et pharmacologiques

Les interventions standards mettent l’accent sur la perte de poids via l’augmentation de la restriction alimentaire et de l’activité physique (Wadden, Butryn, & Wilson, 2007). Ce type d’intervention a démontré une certaine efficacité à court terme chez les individus qui présentent de l'obésité, menant à une diminution d’environ 5 à 10 % (2 à 5 kg) du poids corporel, selon le poids initital, dans les six à 12 premiers mois suivant le début de l’intervention (Perri, & Crosica, 2002; Wing, 2004; Wadden, Butryn, & Wilson, 2007). Toutefois, le maintien de cette perte de poids à long terme est une préoccupation majeure, puisque dans l’année qui suit la fin de l’intervention, certains individus ayant bénéficié d’un traitement tendent à reprendre entre le tiers et les deux tiers du poids perdu. Après cinq ans, plus de 50% d’entre eux sont susceptibles d’avoir repris entièrement leur poids (Wadden, 1993; Perri, & Crosica, 2002; Wing, 2004 ; Wadden, Butryn, & Wilson, 2007). Ainsi, les études révèlent qu’une proportion importante d’individus qui perd du poids à l’aide de traitements conventionnels échoue à le maintenir (Jeffery, Drewnowski, Epstein, Stunkard,

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Wilson et al., 2000; Mann, Tomiyama, Westling, Lew, Samuels et al., 2007; Franz, VanWormer, Crain, Boucher, Histon et al. 2007; Nguyen, Champion, Ponce, Quebbemann, Pattersonm et al., 2012). La restriction alimentaire, une des pierres angulaires des traitements conventionnels de perte de poids, a d’ailleurs été associée à des difficultés subséquentes telles que la présence de désinhibition alimentaire et d’accès hyperphagiques (Venditti, Wing, Jakicic, Butler, & Marcus, 1996; Mann et al., 2007). Le cycle restriction-désinhibition peut mener à ce que plusieurs nomment « l’effet yoyo », un problème important qui se traduit par une alternance répétée entre une perte et un regain de poids (Goldbeter, 2006; Mann et al., 2007). À cet effet, il est possible d’observer un regain de poids, ou même un poids supérieur à celui précédant la diète, chez les individus qui suivent un programme de perte de poids axé sur la restriction alimentaire (Venditti, Wing, Jakicic, Butler, & Marcus, 1996; Dong, Jackson, Wang, & Chen, 2015).

Quant à la pharmacologie, elle est généralement recommandée comme un traitement complémentaire aux traitements standards, pour les individus présentant un IMC supérieur à 30, ou un IMC supérieur à 27 en présence de comorbidités (National Institute of Health, 2000). Au Canada, trois médicaments sont actuellement approuvés par Santé Canada pour la perte de poids; Orlistat (Xenical), Liragutide (Saxenda) et depuis quelques mois seulement Bruprotion-Nalterxone (Contrave) (Wharton, Lee, & Christensen, 2017). Il appert que l’utilisation de ces médicaments entraine une perte de poids supplémentaire de 2,7 à 5,9 kg, comparativement à une condition placébo (Rucker, Padwal, Li, Curioni, & Lau, 2007; Astrup, Carraro, Finer, Harper, Kunesova et al., 2012; Wadden, Hollander, Klein, Niswender, Hale et al., 2013). Toutefois, plusieurs études ont montré qu’une cessation de la prise de la médication menait, dans la majorité des cas, à un regain de poids (Pi-Sunyer, Astrup, Fujioka, Greenway, Halpern et al., 2015; Wharton, Lee, & Christensen, 2017), contraignant ainsi les individus à prendre leur médication en continu, afin de maintenir leur perte de poids sur le long cours.

Par conséquent, la littérature illustre que les traitements standards et pharmacologiques ne parviennent pas à favoriser une perte de poids durable dans le temps, du moins pour une proportion importante de personnes souffrant d’obésité. Dans le même

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ordre d’idées, les résultats obtenus avec ces types de traitements auprès d’individus plus sévèrement atteints sont insatisfaisants; une majorité de ces patients ne parvenant pas à maintenir le poids perdu (Christiansen, Brunn, Madsen, & Richelsen, 2007; Ryan, Johnson, Myers, Prather, McGlone et al., 2010).

De ce fait, la chirurgie bariatrique devient une option intéressante pour ces individus aux prises avec une problématique d’obésité sévère et la littérature révèle qu’elle est le traitement le plus efficace pour parvenir à une perte de poids stable et durable dans le temps (Buchwald, Avidor, Braunwald, Jensen, Pories, et al., 2004; Sjöström, Lindrops, Peltonen, Torgerson, Bouchard et al., 2004; Karlsson, Taft, Rydén, Sjöström, & Sullivan, 2007; Carlsson, Peltonen, Ahlin, Anveden, Bouchard et al., 2012). Pour cette raison, un intérêt grandissant pour la chirurgie bariatrique est observé au Canada. À titre d’exemple, en 2013-2014, environ 6 500 chirurgies bariatriques ont été pratiquées dans les hôpitaux canadiens, ce qui est presque quatre fois plus qu’en 2006-2007 (Réseau canadien en obésité, 2017). Dernièrement, pour l’année 2015-2016, ce sont aux alentours de 8500 chirurgies qui ont été effectuées (Réseau canadien en obésité, 2017). Au Québec, à l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec (IUCPQ), le nombre de chirurgies bariatriques effectuées a doublé en cinq ans, passant de 275 en 2008-2009, à 544 en 2014 (Marceau, Biron, Marceau, Hould, Lebel et al., 2015).

Par conséquent, la littérature illustre que les traitements standards et pharmacologiques ne parviennent pas à favoriser une perte de poids durable dans le temps, du moins pour une proportion importante de personnes souffrant d’obésité. Dans le même ordre d’idées, les résultats obtenus avec ces types de traitements auprès d’individus plus sévèrement atteints sont insatisfaisants; une majorité de ces patients ne parvenant pas à maintenir le poids perdu (Christiansen, Brunn, Madsen, & Richelsen, 2007; Ryan, Johnson, Myers, Prather, McGlone et al., 2010). De ce fait, la chirurgie bariatrique devient une option intéressante pour ces individus aux prises avec une problématique d’obésité sévère et la littérature révèle qu’elle est le traitement le plus efficace pour parvenir à une perte de poids stable et durable dans le temps (Buchwald, Avidor, Braunwald, Jensen, Pories, et al., 2004; Sjöström, Lindrops, Peltonen, Torgerson, Bouchard et al., 2004; Karlsson, Taft,

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Rydén, Sjöström, & Sullivan, 2007; Carlsson, Peltonen, Ahlin, Anveden, Bouchard et al., 2012). Pour cette raison, un intérêt grandissant pour la chirurgie bariatrique est observé au Canada. À titre d’exemple, en 2013-2014, environ 6 500 chirurgies bariatriques ont été pratiquées dans les hôpitaux canadiens, ce qui est presque quatre fois plus qu’en 2006-2007 (Institut canadien d’information sur la Santé: Chirurgie bariatrique au Canada, 2014). Dernièrement, pour l’année 2015-2016, ce sont aux alentours de 8500 chirurgies qui ont été effectuées (Réseau canadien en obésité, 2017).

1.3.2 Chirurgie bariatrique

L’Institut Nationale de Santé (INS) suggère que la chirurgie bariatrique soit envisagée comme traitement pour les individus ayant un IMC supérieur à 40, ou un IMC supérieur à 35, accompagné de comorbidités sérieuses (diabète de type II, apnée du sommeil, maladies cardiovasculaires, etc.) (INS, 2000). Une chirurgie bariatrique est définie comme une transformation/modification de l’estomac avec ou sans modification de l’intestin, en vue d’une perte de poids (Crookes, 2006). Les critères d’efficacité de la chirurgie bariatrique ont été établis par Reinhold (1982) et se fondent sur la perte de l’excès

de poids (PEP). Le pourcentage de la PEP se calcule selon la formule suivante : [(IMC

pré-chirurgie – IMC post-pré-chirurgie/ (IMC pré-pré-chirurgie - 25) x 100], c’est-à-dire la perte de

poids post-chirurgie divisée par l’excès de poids pré-chirurgie et le résultat multiplié par 100. Suite à la chirurgie, la PEP est considérée excellente lorsqu’elle est supérieure à 75 % deux ans post-chirurgie, satisfaisante si elle se situe entre 50 % et 75 %, modérée entre 25 % et 50 %, et enfin, elle est considérée comme un échec lorsqu’elle est en dessous de 25 % (Reinhold, 1982). Les procédures chirurgicales sont classées en fonction des mécanismes qui conduisent à la perte de poids, soit la restriction, avec ou sans ajout de la malabsorption (De Maria, 2007).

Les procédures de malabsorption diminuent l’absorption des aliments par le système digestif, en créant une dérivation de l’intestin grêle (petit intestin). Cette dérivation du petit intestin entraine une perturbation du processus de digestion. Les procédures restrictives, quant à elles, visent une diminution du volume gastrique (estomac), jumelée à un ralentissement du passage des aliments dans le petit intestin, mais ne touchent pas au

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processus d’absorption et de digestion de la nourriture (Crookes, 2006). Les procédures restrictives comprennent l’anneau gastrique ajustable (AGA) (ou bande gastrique) ainsi que la gastrectomie verticale par laparoscopie (GL) (ou gastrectomie en manchon, gastrectomie pariétale ou « Sleeve » en anglais). En général, elles sont les moins complexes à effectuer et engendrent moins de complications que les procédures de malabsorption puisque le processus de digestion demeure intact (Santry, Gillen, & Lauderdale, 2005). Les procédures mixtes combinent une diminution du volume gastrique (partie restriction) à une dérivation du petit intestin (partie malabsorption). Les procédures mixtes comprennent la dérivation biliopancréatique (DBP) ainsi que la Roux-en-Y (RYBPG) (pontage gastrique ou « gastric bypass » en anglais) (Karmali, Jonhson, Sharma, Stadnyk, Christiansen et al., 2010).

Au cours des dernières années, il semble y avoir une diminution de l’intérêt pour la DBP et l’AGA en raison de la complexité de la procédure et des risques plus élevés qui lui sont associés (DPB), ou en conséquence aux résultats de perte de poids insuffisants et des complications à long terme (AGA) (Ciangura, & Corigliano, 2012; Coblijn, Verveld, van Wagensveld, & Lagarde, 2013; Chang, Stoll, Song, Varela, Eagon et al., 2014). Mondialement, la RYBPG et la GL sont les deux chirurgies les plus fréquemment pratiquées dans les centres bariatriques (Angrisani et al., 2015). Or, les dernières analyses de tendance montrent que depuis 2010, le nombre de GL effectuées augmentent, en comparaison au nombre de RYBPG qui tend à diminuer légèrement (Angrisani et al., 2015). La facilité relative de la procédure, le faible taux de complications et le temps moins long d’opération, en comparaison à la RYBPG, ainsi qu’une perte de poids et une rémission des comorbidités acceptables pourraient être en partie à l’origine de l’intérêt grandissant pour la GL (Abbatini, Rizzello, Casella, Alessandri, Capoccia et al., 2010; Paluszkiewicz, Kalinowski, Wróblewski, Bartoszewicz, Białobrzeska-Paluszkiewicz et al., 2012). D’ailleurs, en 2014, elle est devenue la procédure bariatrique la plus populaire et correspondait à 58,4% des chirurgies effectuées mondialement, en comparaison à 37,6% pour la RYBPG (Khorgami, Shoar, Andalib, Aminian, Brethauer et al., 2017). Dans les hôpitaux canadiens, la même tendance se dessine, la GL étant la chirurgie la plus pratiquée depuis 2013 (Argrisani et al., 2015). Au Québec, à l’IUCPQ, alors que la DBP a longtemps été la technique préconisée, il semble qu’elle soit de moins en moins pratiquée (261 DBP

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en 2011 vs 146 en 2016) pour faire place à la GL (186 GL en 2011 vs 390 en 2016), la chirurgie la plus fréquemment effectuée depuis 2013 (Julien, Biertho, Biron, Bouvet, Hould et al., 2017). En ce qui concerne la RYBPG, il appert qu’elle soit offerte à l’IUCPQ uniquement depuis 2014 et bien que le nombre d’opérations bariatriques réalisées avec cette technique ait augmenté depuis, la GL demeure tout de même la chirurgie la plus pratiquée (Julien, Biertho, Biron, Bouvet, Hould et al., 2017).

À la lumière de ces faits, la GL semble être le traitement chirurgical préconisé par plusieurs experts pour les patients qui présentent une obésité sévère ce qui justifie la pertinence de s’attarder à cette chirurgie plus en profondeur (Sundbom, 2014).

2. GASTRECTOMIE

La GL a été initialement introduite en 1990 par Hess et Marceau comme une première étape (partie restrictive) de la DBP, ou de la RYBPG, afin de minimiser les

risques chirurgicaux des patients à haut-risque (IMC > 60 kg/m2) (Ren, Patterson, &

Gagner, 2000 ; Regan, Inabnet, Gagner, & Pomp, 2003; Gagner, Deitel, Kalberer, Erickson, & Crosby, 2009). Depuis 2008, elle est considérée comme une chirurgie restrictive à part entière, générant de bons résultats en termes de perte de poids à court et à moyen terme pour le traitement des patients atteints d’obésité sévère (Sieber, Gass, Kern, Peters, Slawik et al., 2014; Moloney, Hynes, Kelly, Iqbal, O’Connor et al., 2016). Le principal mécanisme de perte de poids de la GL est la restriction du volume gastrique, jumelée à une altération des hormones qui régulent l’appétit (Gagner et al., 2009). La GL consiste à retirer les deux tiers de l’estomac (80%), laissant uniquement une petite poche gastrique en forme de manchon, pouvant contenir moins de 200 ml (Gagner et al., 2009). De cette façon, l’individu qui subit cette chirurgie n’est plus en mesure d’ingérer autant d’aliments qu’auparavant et est rassasié avec une plus petite quantité de nourriture. De plus, en retirant ce qu’on appelle le fundus gastrique, une partie de l’estomac contenant des cellules qui sécrètent de la ghréline (hormone orexigène impliquée dans le contrôle de l’appétit), le sentiment de faim se voit diminué (Gagner et al., 2009). Contrairement à la RYBPG, la GL n’implique pas de dérivation intestinale, ce qui fait que le risque de complications liées à la

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malabsorption est moins élevé, tout comme le risque d'ulcères anastomotiques et de syndrome de dumping; syndrome où les aliments ingérés quittent l’estomac trop rapidement, arrivant ainsi dans le petit intestin sans être digérés (Chang, Stoll, Song, Varela, Eagon et al., 2014).

De plus en plus d’études documentent l’efficacité de la GL à court terme, en termes de PEP, mais aussi pour ce qui est de la résolution des comorbidités associées à l’obésité sévère. De façon générale, les résultats laissent entrevoir que la PEP se situe autour de 50% à 12 mois post-chirurgie (40 à 65% selon les groupes) (Fisher, Hildebrandt, Bruckner, Kenngott, Linke et al., 2012; Gagner, Deitel, Erickson, & Crosby, 2013). À l’IUCPQ, les résultats de perte de poids de 1000 GL effectuées entre 2003 et 2014 indiquent une PEP moyenne de 55% à 12 mois postopératoires (n = 550) et de 53% à 24 mois postopératoires (n = 281) (Thériault, 2015). Bien que l’efficacité à court terme de la GL semble bien établie dans la littérature, les quelques données disponibles sur la perte de poids avec un suivi à plus long terme tendent à révéler un regain de poids qui débuterait dès la deuxième année postopératoire. Les taux de patients ayant reçu la GL qui présentent un regain de poids s’échelonneraient de 5,7% à deux ans, jusqu’à 75,6% à six ans post-GL, selon une revue de la littérature récente (Lauti et al., 2016). Cette revue qui porte sur les prédicteurs du regain de poids après la GL révèle qu’une reprise de poids, observée dès deux ans après la GL, serait due à deux catégories de facteurs, soit une catégorie de facteurs liés à l’individu et une catégorie liée à la chirurgie (Lauti et al., 2016). En effet, alors que certains chercheurs proposent que le regain de poids observé chez les patients soit attribuable à des causes anatomiques telles que la dilation du manchon avec le temps (Braghetto, Cortes, Herquiñigo, Csendes, Rojas et al., 2009; Braghetto, Csendes, Lanzarini, Papapietro, Càrcamo et al., 2012), la taille de la bougie initiale (instrument chirurgical sous forme de tige cyclindrique permettant d’explorer ou de dilater un canal naturel comme l’intestin ou l’œsophage) (Weiner, Weiner, Pomhoff, Jacobi, Makarewicz et al., 2007), ou une augmentation des niveaux de ghréline (Buzga, Zavadilova, Holéczy, Svagera, Svorc et al., 2014; Dogan, Ellidag, Aslaner, Cakir, Oruc et al., 2016), d’autres suggèrent que la reprise de poids après la chirurgie dépendrait de l’adoption de certains comportements alimentaires après la chirurgie (Sarwer, Wadden, & Fabricatore., 2005; Sioka, Tzovaras, Oikonomou,

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Katsogridaki, Zachari, et al., 2013; Keren, Matter, & Lavy, 2014; Meany, Conceicao, & Mitchell, 2014). En ce qui concerne l’association entre les comportements alimentaires pré-chirurgie et la PEP observée après l’opération, le lien est toutefois beaucoup moins clair (Livhits, Mercado, Yermilov, Parikh, Dutson et al., 2012; Hindle et al., 2017).

Par conséquent, bien que l’efficacité de la GL ait été démontrée à court terme, la perte de poids à plus ou moins long terme demeure incertaine et c’est pourquoi il appert pertinent de s’attarder aux facteurs qui pourraient possiblement l’influencer. Les résultats ci-dessus mettent en lumière la pertinence d’étudier les comportements et attitudes alimentaires manifestés par les patients avant la GL, considérant le manque de consensus dans la littérature quant à leurs effets sur les résultats de perte de poids, mais ils montrent surtout l’importance de se pencher sur les comportements post-chirurgie en raison de leur possible impact sur la variation pondérale après la chirurgie.

2.1 Gastrectomie: comportements et attitudes alimentaires

De façon générale, les études laissent entrevoir une diminution des préoccupations à l’égard du poids, de la silhouette et de la nourriture après la GL (Melero, Ferrer, Sanahuja, Amador, & Hernando, 2014; Mack, Ölschläger, Sauer, von Feilitzsch, Weimer et al., 2016). De même, une diminution de la désinhibition alimentaire, c’est-à-dire la surconsommation de nourriture en réponse à des stimuli autres que la faim (ex. : affect négatif), de la susceptibilité à la faim, soit une hypersensibilité/réactivité aux sensations internes et aux indices externes associés à la faim menant ainsi à la prise alimentaire, et des épisodes d’orgies/rages alimentaires est rapportée, 12 et 48 mois après la chirurgie (Kafri, Valfer, Nativ, Shiloni, & Hazzan, 2011; Rieber, Giel, Meile, Enck, Zipfel et al., 2013; Mack et al.,

2016; Figura, Rose, Ordemann, Klapp, & Ahnis, 2017). Ces mêmes chercheurs ont

également examiné l’effet de la GL sur la restriction alimentaire et certains n’ont observé aucun changement significatif sur ce comportement 12 (Rieber et al., 2013) et 48 mois (Mack et al., 2016) après la chirurgie, alors que d’autres ont constaté une augmentation à six (Langer, Bohdjalian, Shakeri-Manesch, Zacherl, Riener et al., 2008) et 19 mois (Figura et al., 2017). En ce qui concerne le lien entre ces comportements et attitudes alimentaires

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suite à la chirurgie et la perte de poids, peu d’études l’ont examiné et ces dernières révèlent une incohérence dans les résultats obtenus (Lauti et al., 2016; Livhits et al., 2012).

Également, aucune étude ne s’est intéressée à l’effet spécifique de la GL sur la

dépendance alimentaire (DA), un construit nouvellement documenté qui s’apparente à la dépendance aux substances, mais pour lequel la nourriture serait l’objet de dépendance. Les personnes aux prises avec une DA présentent des symptômes tels que des envies intenses de consommer certains aliments, une perte de contrôle envers ces derniers, en plus de rechutes fréquentes après un régime (Davis, Curtis, Levitan, Carter, Kaplan et al., 2011).

Or, deux études répertoriées qui ont examiné l’effet général des chirurgies (RYBPG et AGA) sur la DA, en y incluant quelques patients ayant reçu la GL, montrent une diminution des symptômes de DA à six, neuf et 12 mois post-chirurgie (Pepino, Stein,

Eagon, & Klein, 2014; Sevincer, Konuk, Bozkurt, & Coskun, 2016). Dans l’étude de

Sevincer (2016) (136 participants sur 166 avec la GL), la prévalence de la DA est passée de 57,8% à 7,2% et 13,7% avant, à six et à 12 mois respectivement après la GL. Quant à Pepino et ses collaborateurs (2014) (8 participants sur 44 avec la GL), une rémission est

observée à neuf mois postopératoires chez 93% des participants identifiés avec une DA

avant la chirurgie. Les chercheurs rapportent qu’une perte de 20% du poids initial engendrée par une chirurgie bariatrique (RYBPG, AGA, GL) permettrait une diminution significative de la DA. Il est quand même intéressant de noter que ces chercheurs ont constaté une augmentation du niveau de restriction alimentaire après la chirurgie, chez les patients présentant une DA avant l’intervention (Pepino et al., 2014). Ceci pourrait refléter le besoin des individus avec une DA à utiliser des stratégies cognitives, pour contourner leur sensibilité aux bénéfices associés à la nourriture, possiblement présente après l’opération (Pepino et al., 2014). L’utilisation de stratégies de restriction risquerait de susciter un sentiment de privation qui pourrait augmenter la vulnérabilité des individus présentant une DA à une surconsommation alimentaire et, par le fait même, à une reprise de poids après la GL, l’association positive entre la restriction alimentaire et la désinhibition ayant été maintes fois appuyée (Herman, & Mack, 1975; Bryant, King, & Blundell, 2007; Downe, Goldfein, & Devlin, 2009). Toutefois, encore ici, aucune autre étude n’a permis d’approfondir ces associations entre la DA, la restriction post-chirurgie et la perte de poids.

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Par conséquent, malgré l’intérêt grandissant de la GL comme procédure bariatrique, force est de constater que seulement quelques chercheurs se sont intéressés aux effets de cette chirurgie sur les comportements alimentaires problématiques des individus ayant eu recours à cette chirurgie. Pourtant, il serait pertinent d’approfondir les connaissances à ce sujet, considérant que les comportements alimentaires dysfonctionnels mentionnés ci-dessus sont susceptibles de nuire au maintien du poids perdu après la GL. Il serait d’abord intéressant de bien documenter les effets de la GL sur les attitudes et comportements alimentaires en y ajoutant l’examen de la DA. De plus, l’examen des associations entre les attitudes et les comportements alimentaires et le poids perdu nous permettra de poursuivre les premiers efforts empiriques visant à mieux comprendre comment interagissent ces variables alimentaires et la perte de poids suite à la GL.

3. OBJECTIFS ET HYPOTHÈSES

Le premier objectif du présent projet est d’examiner les effets à court terme de la GL (huit mois postopératoire) sur la perte de poids, en termes de pourcentage d’excès de poids perdu (PEP), ainsi que sur les variables liées aux comportements et aux attitudes alimentaires. Plus spécifiquement, les préoccupations à l’égard du poids (attitude alimentaire), de même que la présence de restriction, de désinhibition, de susceptibilité à la faim et de DA (comportements alimentaires) seront examinés. Considérant les effets positifs à très court terme de la GL, il est attendu que la chirurgie engendre une PEP suffisante, soit supérieure ou égale à 50%, dès huit mois post-opération. Étant donné que la GL entraine une modification de l’estomac et une altération des hormones responsables de l’appétit, il est attendu que les comportements alimentaires se modifient positivement huit mois après la GL et que les préoccupations diminuent.

Le deuxième objectif de l’étude est d’examiner les associations entre la PEP et les comportements alimentaires présents avant et huit mois après la chirurgie. Les relations existantes entre les variables alimentaires seront aussi examinées. Une relation négative est attendue entre les comportements alimentaires postopératoires, notamment la désinhibition, la susceptibilité à la faim, la DA, et la PEP. Des associations positives sont attendues entre

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la DA, la désinhibition et la susceptibilité à la faim, aussi bien avant qu’après la chirurgie. Pour ce qui est de la restriction, on s’attend à une relation négative entre celle-ci, la susceptibilité à la faim et la désinhibition en pré et postopératoire. Enfin, on pourrait s’attendre à une association positive entre la restriction et la DA en période postopératoire.

Le dernier objectif se veut exploratoire et vise à analyser le poids perdu après la GL, en tentant de déceler la présence de trajectoires distinctes de perte de poids. Ces trajectoires seront ensuite caractérisées et chacune d’elle sera comparée en fonction des variables alimentaires à l’étude, c’est-à-dire la restriction alimentaire, la désinhibition, la susceptibilité à la faim, la DA, ainsi que les préoccupations par rapport au poids. Il est attendu que les patients qui feront partie d’une trajectoire de perte de poids optimale présenteront moins de DA, de désinhibition et de susceptibilité à la faim que ceux qui feront partie d’une trajectoire où la perte de poids sera moins grande.

4. MÉTHODOLOGIE

4.1 Procédure

Un total de 175 individus (hommes et femmes) souffrant d’obésité sévère, avec un

IMC égal ou supérieur à 40 kg/m2, ou à 35 kg/m2 avec présence de comorbidités, ont été

recrutés à l’IUCPQ, centre de recherche spécialisé dans le traitement de l’obésité sévère. Le recrutement s’est échelonné de janvier 2014 à juin 2016, dans le cadre d’un projet longitudinal réalisé au sein du Laboratoire sur les problématiques reliées au poids et à l’alimentation de l’Université Laval. La présence d’une dépendance à une substance, ou le fait d’être enceinte étaient les seuls critères d’exclusion. Tous les autres patients admissibles à recevoir une chirurgie bariatrique et qui consentaient à participer à l’étude étaient inclus, que ces derniers présentent des conditions médicales (ex. : troubles cardiovasculaires, diabète de type II, etc.), des troubles psychologiques, ou qu’ils prennent de la médication, et ce, dans le but d’augmenter la validité externe.

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Avant leur rendez-vous médical, une infirmière de recherche rencontrait les patients afin de leur présenter le projet de recherche et d’évaluer leur intérêt à participer à l’étude. Cette rencontre permettait également d’évaluer la consommation de substances des participants, afin d’exclure ceux manifestant une problématique d’abus ou de dépendance à une substance. Suite à la rencontre avec l’infirmière, seuls les patients ayant accepté de participer à l’étude étaient rencontrés par un auxiliaire de recherche, afin d’obtenir la signature du formulaire de consentement. Durant cette même rencontre, une entrevue semi- structurée (EDE : Annexe B) était effectuée dans le but de documenter les comportements et attitudes alimentaires. Au terme de la rencontre, une série de questionnaires (voir mesures) à remplir à la maison était remise aux participants.

Environ deux semaines avant leur rendez-vous de suivi postopératoire, prévu à l’IUCPQ huit mois après la chirurgie (T8mois), uniquement les patients ayant reçu la GL (n = 76) et ayant complété leurs questionnaires au T0 (n = 52) étaient recontactés par téléphone. Lors de cet appel, l’auxiliaire de recherche vérifiait l’intérêt des patients à participer à la deuxième phase de l’étude, au cours de laquelle des questionnaires identiques au T0 étaient envoyés par la poste à ceux réitérant leur consentement. La même entrevue semi-structurée (EDE : Annexe B) que celle effectuée au T0 était réalisée au téléphone, afin d’évaluer les attitudes alimentaires des participants au T8mois. Enfin, l’auxiliaire de recherche récupérait les questionnaires complétés à la clinique bariatrique de l’IUCPQ, lors de la venue des patients pour leur rendez-vous de suivi.

En ce qui concerne le poids des participants aux différents temps de mesures, celui-ci a été mesuré par l’équipe bariatrique de l’IUCPQ lors des suivis médicaux postopératoires prévus à quatre, huit et 18 mois. L’IMC des participants aux différents temps de mesure a ensuite été transmis aux chercheurs du présent projet, avec le consentement des patients, pour l’obtention de la PEP et l’analyse de la perte de poids à partir de trajectoires.

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4.2 Participants

L’échantillon initial était composé de 76 patients (55 femmes et 21 hommes), majoritairement caucasiens (98.7%), ayant reçu la GL à l’IUCPQ et qui ont donné leur consentement pour participer à la présente étude (voir Figure 1). L’âge moyen de ces patients est de 41,01± 7,10 ans [23 – 58] et l’IMC moyen avant la chirurgie est de 48,13 ±

7,74 kg/m2 [36,60 – 75,50]. En raison des abandons et des refus de participation, 52

répondants (61,8% de l’échantillon initial : 40 femmes et 12 hommes) ont complété les questionnaires au T0 (avant la chirurgie) et 29 répondants l’ont fait (38,2% de l’échantillon initial: 24 femmes et 5 hommes) au T8mois (huit mois après la chirurgie) (voir Tableau 1).

Les participants qui ont abandonné ou refusé de participer à l’étude ne différaient pas significativement de l’échantillon total, ni de ceux qui ont été inclus dans les analyses en ce qui a trait à l’âge, au sexe, à l’IMC préopératoire et aux scores obtenus aux questionnaires évaluant les comportements alimentaires pré-chirurgie (valeurs t variant entre -0.532 et

1.64, p > 0.108). Le manque de temps, la longueur des questionnaires, ou le fait que les

patients ne prévoyaient pas assister à leur suivi postopératoire de huit mois figuraient parmi les principales raisons d’abandon, ou de refus. À cet effet, le taux d’attrition élevé entre les temps de mesures est une tendance communément observée chez les individus qui souffrent d’obésité sévère et qui sont en attente d’une chirurgie bariatrique (Sivagnanam, & Rhodes, 2010).

4.3 Mesures

L’IMC des participants aux différents temps de mesures a été récolté avec l’aide du personnel de l’IUCPQ via le dossier médical des patients. Ces données ont permis de calculer la PEP huit mois après la GL et d’étudier la perte de poids à partir de trajectoires.

Questionnaire démographique. Un questionnaire démographique maison a été

utilisé afin de prendre connaissance de la situation de vie générale des participants à l’étude (Annexe A). Ce questionnaire mesure le sexe, l’âge, l’origine ethnique et le niveau de scolarité complété par les participants.

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Eating Disorder Examination-Interview. Le Eating Disorder Examination (EDE;

Cooper, & Fairburn, 1987) est une entrevue semi-structurée, conçue pour évaluer la présence d’un trouble des conduites alimentaires, parmi l’anorexie mentale, la boulimie mentale et l’hyperphagie boulimique et concerne les trois mois précédant la passation de l’entrevue (Annexe B). Quatre sous-échelles sont retrouvées dans ce questionnaire et elles sont liées à la restriction, aux préoccupations face au poids, aux préoccupations face à la silhouette et aux préoccupations face à la nourriture. Plus les scores obtenus aux sous-échelles sont élevés, plus les préoccupations et les comportements alimentaires sont considérés comme fréquents ou sévères. Dans le cadre de cette étude, seulement la sous-échelle des préoccupations par rapport au poids (Alpha de Cronbach : 0.78) a été utilisée, en raison de la colinéarité élevée entre cette sous-échelle et celles des préoccupations par rapport à la silhouette et à la nourriture. L’EDE possède une bonne fidélité test-retest, allant de 0.50 à 0.88 et une bonne fidélité interjuges allant de 0.65 à 0.88 (Berg, Peterson, Frazier, & Crow, 2012).

Three-Factor Eating Questionnaire. Le Three-Factor Eating Questionnaire (TFEQ;

Stunkard & Messick, 1985) (Annexe C) est un questionnaire autorapporté, composé de 51 items (Stunkard & Messick, 1985). Il permet de mesurer trois sphères comportementales de l’alimentation, soit la restriction cognitive (scores de 0 à 21), la désinhibition (scores de 0 à 16) et la susceptibilité à la faim (scores de 0 à 14). La sous-échelle restriction cognitive évalue à quel point un individu contrôle sa prise alimentaire pour contrôler son poids, la sous-échelle désinhibition évalue la tendance d’un individu à surconsommer de la nourriture en réponse à des stimuli autres que la faim, alors que la sous- échelle susceptibilité à la faim évalue la tendance d’un individu à consommer des aliments en présence de sensations et de perceptions de la faim. La première section du TFEQ comprend 36 questions qui doivent être répondues par vrai ou faux. À l’exception de certains items pour lesquels le système de pointage est inversé, un point est généralement attribué pour une réponse « vrai », alors qu’aucun point n’est alloué pour une réponse « faux ». La deuxième section du questionnaire comprend 15 questions qui doivent être répondues sur une échelle de type Likert allant de un (rarement) à quatre (toujours). Pour chaque sphère de l’alimentation, il est possible d’obtenir un score en additionnant les points

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alloués à chaque item, selon un système de pointage. Le questionnaire a été validé et chacune des échelles présente une bonne cohérence interne, soit 0.93 pour la sous-échelle de restriction, 0.91 pour la désinhibition et 0.85 pour la susceptibilité à la faim (Taboada et al., 2015). Pour la présente étude, les trois sous-échelles (restriction, désinhibition et susceptibilité à la faim) montrent une bonne cohérence interne (Alpha de Cronbach : 0.84, 0.71 et 0.82 respectivement).

Yale Food Addiction Scale. La Yale Food Addiction Scale (YFAS; Gearhardt,

Corbin, & Brownell, 2009, traduite par Brunault, Ballon, Gaillard, Réveillère, & Courtois, 2014) vise à évaluer les comportements de DA, au courant des 12 derniers mois (Annexe D). Cet outil montre une bonne cohérence interne, soit α = .86 (Gearhardt et al., 2009). Il s’agit d’un questionnaire autorapporté de 25 items basés sur les sept critères diagnostiques de la dépendance aux substances, inclus dans le DSM-IV-TR (APA, 2000), adaptés à la nourriture (Gearhardt et al., 2009). Un critère diagnostique est considéré comme rempli si le participant endosse au moins un des items représentant ce critère. Il existe deux façons possibles de comptabiliser les scores, soit en additionnant le nombre de critères endossés (de zéro à sept) pour obtenir une mesure de sévérité́ de la DA, ou en posant un diagnostic de DA (présence ou absence). Le diagnostic peut être posé lorsqu’au moins trois critères sont remplis et que la personne rencontre le critère de détresse significative ou d’altération du fonctionnement (Gearhardt et al., 2009). Dans la présente étude, la mesure de sévérité a été utilisée pour évaluer la DA. La majorité des items sont répondus à l’aide d’une échelle de type Likert, allant de zéro (jamais) à quatre (plus de quatre fois par semaine ou tous les jours). Les items restants sont répondus de façon dichotomique, soit par « oui » ou par « non ». Le YFAS montre une bonne cohérence interne pour cette étude (Alpha de Cronbach de 0.87).

5. ANALYSES DES DONNÉES

5.1 Analyses descriptives

La version 24.0 de SPSS a été utilisée pour effectuer la plupart des analyses

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(moyennes) et de dispersion (écarts-types) ont d’abord été réalisées dans le but de décrire l’échantillon sur chacune des variables à l’étude. La normalité de la distribution de chaque variable, ainsi que la présence de données aberrantes univariées et multivariées ont été vérifiées, mais aucune transformation n’a été nécessaire.

5.2 Analyses principales

Dans le but de répondre au premier objectif, c’est-à-dire examiner les effets de la GL sur la perte de poids à huit mois post-chirurgie, la PEP a été calculée en utilisant la

formule suivante : [(IMC T0 – IMC T8mois) / (IMC T0 - 25) x 100]. Ensuite, pour

examiner les effets de la GL sur les variables alimentaires, cinq analyses de variances univariées (ANOVA) à mesures répétées ont été effectuées, permettant de vérifier la présence de différences significatives entre le T0 et le T8mois pour les cinq variables alimentaires (scores aux questionnaires) à l’étude; DA, désinhibition alimentaire, restriction alimentaire, susceptibilité à la faim et préoccupations par rapport au poids. Il était justifié de prioriser les ANOVAS aux MANOVAS, considérant le nombre élevé de données manquantes et la significativité du test multivarié pour certaines variables dépendantes (ex. : désinhibition et susceptibilité à la faim). Les coefficients d’éta-carré partiels ont aussi été calculés afin de mesurer les tailles d’effets (0.01 = effet de petite taille, 0.06 = effet modéré, 0.14 = effet de grande taille) (Cohen, 1988).

En ce qui concerne le deuxième objectif, des corrélations bivariées de Pearson ont été testées, afin de documenter les relations entre la PEP et les scores obtenus aux questionnaires évaluant les comportements alimentaires au T0 et au T8mois, de même qu’entre les variables alimentaires entre elles. La force des relations entre les variables est qualifiée à partir des balises de Cohen (1988) concernant la taille d’effet (0.10 = corrélation faible ou effet de petite taille, 0.30 = corrélation moyenne ou effet de taille moyenne, 0.50 = corrélation forte ou effet de grande taille).

Enfin, pour répondre au dernier objectif et analyser la perte de poids à l’aide de trajectoires, le programme PROC TRAJ de la version 9.0 de SAS a été utilisé. Une Modélisation de Classes Latentes pour Courbes de Croissance (MCLCC), aussi appelée

Figure

Figure 1. Organigramme du recrutement des participants pour les données de perte de  poids (IMC) et les données sur les variables alimentaires (questionnaires complétés)
Figure 2. Graphique illustrant les deux trajectoires de perte de poids à partir de l’IMC au  T0, T4mois, T8mois et T18mois

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