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5. ANALYSES DES DONNÉES 1 Analyses descriptives

6.3 Trajectoires de perte de poids

Préopération. Au T0, des corrélations positives et fortes ont été observées entre la

DA et la désinhibition alimentaire (r = 0.628, p < .01), la susceptibilité à la faim et la désinhibition alimentaire (r = 0.734, p < .01), ainsi que la DA et la susceptibilité à la faim (r = 0.549, p < .01). Des corrélations négatives de moyennes à fortes sont aussi constatées entre la DA et la restriction (r = -.423, p < .01), ainsi qu’entre la susceptibilité à la faim et la restriction (r = -.309, p < .05). Aucune relation ne s’est révélée significative avec les préoccupations par rapport au poids.

Postopération. Au T8mois, une corrélation positive de force modérée est constatée

entre la restriction et la DA (r =0.400, p < .05), ainsi qu’entre la restriction et la susceptibilité à la faim (r = 0.391, p < .05) et une forte corrélation est relevée entre la désinhibition et la susceptibilité à la faim (r = 0.714, p < .05).

Aucune association significative n’a été trouvée entre les variables alimentaires au T0 et au T8mois.

6.3 Trajectoires de perte de poids

La MCLCC a révélé un modèle significatif à 2 trajectoires (p < .001). La trajectoire 1 (71.1%) se caractérise par des individus qui présentent une perte de poids qui tend à stagner à partir du T8mois. La trajectoire 2 (28.3%) se définit par des individus qui manifestent une perte de poids continue jusqu’au T18mois. La diminution du BIC entre le modèle à 1 trajectoire et le modèle à 2 trajectoires, ainsi que l’estimation du facteur Bayes log (> 10) suggèrent que le modèle à 2 trajectoires est statistiquement préférable au modèle à 1 trajectoire, ou à 3 trajectoires (voir Tableau 3). Les probabilités moyennes d’appartenance a posteriori des individus à l’une ou l’autre des 2 trajectoires (classes latentes) se situent aux alentours de 0.95 (voir Tableau 4), ce qui supporte également le choix du modèle à 2 trajectoires comme étant le plus adéquat. Cela indique une attribution appropriée des participants dans leur trajectoire respective. Le résumé des paramètres des classes latentes est disponible dans le Tableau 5. Ces paramètres sont représentés graphiquement dans la Figure 2 qui illustre graphiquement les trajectoires d’IMC des deux

significativement inférieure à l’ordonnée de la trajectoire 2, signifiant que les individus de la trajectoire 1 présentent un IMC préopératoire plus petit que les individus de la trajectoire 2. Le patron de changement de la trajectoire 1 se caractérise par une diminution marquée de l’IMC entre le T0 et le T8mois, suivi d’un maintien dans le temps entre le T8mois et le T18mois. En ce qui concerne la trajectoire 2, les changements d’IMC dans le temps demeurent constants et l’IMC diminue continuellement entre le T0 et le T18mois.

Les ANOVAS à plans simples indiquent qu’il n’y a aucune différence statistiquement significative entre les individus faisant partie de la trajectoire 1 et ceux appartenant à la trajectoire 2 pour ce qui est des variables alimentaires au T0 et au T8mois.

7. DISCUSSION

Le premier objectif du projet était d’examiner les effets de la GL à court terme sur la perte de poids, ainsi que sur les variables alimentaires. En ce qui concerne la perte de poids, les résultats obtenus soutiennent l’hypothèse initiale et concordent avec les conclusions de la majorité des études réalisées antérieurement qui appuient l’efficacité de la GL en ce qui a trait à la perte de poids à court terme, c’est-à-dire dans la première année postopératoire (Gagner, Deitel, Kalberer et al., 2009, Gagner, Deitel, Erickson et al., 2013 ;

Casella et al., 2016; Lauti et al., 2016). En effet, les résultats de la présente étude indiquent

une PEP moyenne de 63% à huit mois, supérieure à une PEP de 50%, une mesure métrique communément utilisée en clinique et en recherche pour délimiter le succès (PEP> 50%) ou l’échec (PEP < 50%) d’une chirurgie bariatrique (Chevallier, Paita, Rodde-Dunet, Marty, Nogues et al., 2007). Ce résultat s’apparente à la PEP rapportée par d’autres chercheurs à six mois (60.2%) (Coluzzi, Raparelli, Guarnacci, Paone, Del Genio et al., 2016), (67.3%) (Casella et al., 2016), (64%) (Martin, Lee, Rigas, & Tam, 2015) et à 12 mois (varie entre 55 et 80%) (Bohdjalian, Langer, Shakeri-Leidenmühler, Gfrerer, Ludvik et al., 2010; D'Hondt, Vanneste, Pottel, Devriendt, Van Rooy et al., 2011; Angrisani et al., 2015; Albanopoulos, Tsamis, Natoudi, Zografos, Leandros et al., 2016). Il est possible de constater une certaine hétérogénéité dans la littérature quant à l’étendue de la perte de poids, en raison de l’influence de plusieurs facteurs méthodologiques, anatomiques, ou psychologiques qui diffèrent entre les études (ex. : critères d’inclusion/exclusion utilisés, l’IMC préopératoire

des patients, la taille de la bougie utilisée initialement pour l’opération, la taille restante du manchon et du fundus suite à l’opération, l’adhésion aux suivis professionnels (ex. : psychologie, nutrition, etc.) et aux recommandations postopératoires, les habitudes et comportements alimentaires, etc.) (Hindle et al., 2017).

En ce qui a trait aux variables alimentaires, suite à la GL, les individus présentent

globalement moins de comportements alimentaires problématiques et moins de symptômes de DA ; néanmoins les préoccupations par rapport au poids demeurent inchangées après la chirurgie. Quatre études répertoriées se sont intéressées à l’effet de la GL sur les comportements alimentaires mesurés par le TFEQ, mais à des temps de mesures différents, soit à six (Langer, Bohdjalian, Shakeri-Manesch, Zacherl, Riener et al., 2008), 12 (Rieber et al., 2013), 19 (Figura et al., 2017) et 48 (Mack et al., 2016) mois de suivi post-chirurgie. À tous les temps de mesures, les chercheurs s’entendent sur une diminution de la désinhibition, ce qui concorde avec les résultats du projet actuel. Pour ce qui est de la susceptibilité à la faim, trois de ces études (Rieber et al., 2013; Mack et al., 2016; Figura et al., 2017) montrent également une diminution, mais Langer et ses collaborateurs (2008) constatent une augmentation à six mois postopération. La petite taille d’échantillon (n =15), ou le fait que la moitié des patients (n = 7) étaient super-obèses (IMC > 50 kg/m2) peut possiblement expliquer cette divergence (Langer et al., 2008). En ce qui a trait aux scores de restriction après la chirurgie, il semble y avoir une grande variabilité puisque selon certains chercheurs, elle demeure inchangée à 12 (Rieber et al., 2013) et 48 mois (Mack et al., 2016), alors qu’elle augmente à six (Langer et al., 2008) et à 19 mois (Figura et al., 2017) selon d’autres. Néanmoins, aucune étude ne semble donc avoir observé une diminution de la restriction telle que nous l’avons retrouvée. Les scores moyens de restriction préopératoire (M= 9.28, ET = 4.80) des 29 patients inclus dans les analyses du projet s’avoisinent pourtant à ceux des études mentionnées ci-haut qui ont aussi utilisé le TFEQ; (M = 9.30) (Rieber et al., 2013), (M=8.50) (Mack et al., 2016), (M=10.50) (Figura et al., 2017). L’inconsistance relevée entre les résultats demeure difficile à expliquer mais pourrait être, en partie, attribuable aux mesures de restriction qui n’ont pas été prises au même moment.

Pour ce qui est de la DA, une diminution des symptômes à huit mois postopératoires appuie les résultats des études de Sevincer (2016) et Pepino (2014) qui ont examiné l’effet général des chirurgies (RYBPG, AGA et GL) sur la DA et qui trouvent également une diminution des symptômes de DA à six, neuf et 12 mois post-chirurgie (Pepino et al., 2014; Sevincer et al., 2016). Il est à noter que les participants de notre étude ont tendance à endosser moins de symptômes de DA en période préopératoire que ce qui est rapporté dans la plupart des études qui ont examiné la DA chez des candidats en attente de la chirurgie (Brunault, Ducluzeau, Bourbao-Tournois, Delbachian, Couet et al., 2016). Par exemple, les participants (136 sur 166 avec la GL) de l’étude de Sevincer (2016) présentent un score moyen de DA respectivement de 3.76, 2.76 et 2.06 symptômes avant, six et 12 mois après la chirurgie, ce qui est supérieur aux nombres de symptômes moyens rapportés par les 29 patients de la présente étude qui endossent un score moyen de 2.41 et de 1.34 avant et après la GL.

Certains facteurs pourraient expliquer l’amélioration des comportements alimentaires problématiques après l’intervention. Entre autres, les modifications

physiologiques provoquées par la GL, c’est-à-dire la restriction de la taille de l’estomac et

le retrait du fundus (responsable de la sécrétion de ghréline) pourraient avoir un rôle à jouer dans la diminution des symptômes de DA, de désinhibition et de susceptibilité à la faim. En effet, durant la première année post-chirurgie, le rétrécissement de l’estomac amène les individus à ne plus être physiologiquement capables d’ingérer de grandes quantités de nourriture et le cas échant, plusieurs sont susceptibles d’avoir des vomissements (Rusch, & Andris, 2007). De plus, la réduction des niveaux de ghréline entrainant une diminution de l’appétit, il semble que les individus soient moins enclins à manger lorsqu’ils se retrouvent exposés à des déclencheurs de la faim (ex. : odeur, moment de la journée) (Langer, Reza Hoda, Bohdjalian, Felberbauer, Zacher et al., 2005 ; Langer et al., 2008). À ce sujet, des chercheurs ont rapporté que des niveaux réduits de ghréline à six mois post-GL étaient corrélés à des scores significativement moins élevés de susceptibilité à la faim à l’échelle du TFEQ au même moment (Langer et al., 2008). À court terme, la GL agirait donc à titre de « contrôle externe » sur les comportements alimentaires. L’incapacité d’ingérer une grande quantité d’aliments gras ou sucrés, en raison de ce contrôle exercé par la GL,

pourrait aussi expliquer pourquoi les participants voient leur besoin de se restreindre diminuer après la chirurgie. Néanmoins, avec le temps, un affaiblissement des mécanismes de contrôle physiologiques induits par la GL a été constaté (Braghetto et al., 2012; Dogan

et al., 2016), ce qui pourrait possiblement être lié à une augmentation de la restriction,

observée par certains chercheurs à plus long terme (Figura et al., 2017). En effet, lorsque les effets de la chirurgie deviennent moins prédominants, des efforts cognitifs supplémentaires pourraient être nécessaires pour tenter de contrôler certaines envies alimentaires. Une étude portant sur les goûts alimentaires illustre d’ailleurs l’idée que la restriction pourrait se manifester davantage sur le long cours, en montrant une diminution de l’intérêt pour les aliments sucrés chez tous les patients à six et 12 mois après la GL, alors qu’à 24 mois postopératoires, une augmentation significative de cet intérêt est constatée chez 20% d’entre eux (Coluzzi et al., 2016). Par conséquent, à court terme, une perte d’intérêt à consommer des aliments palatables pourrait entraîner une diminution du besoin de se restreindre, telle que retrouvée dans notre étude, alors qu’à plus long terme, une proportion d’individus devrait faire usage de leur capacité d’autocontrôle pour résister aux tentations alimentaires, ce qui pourrait être en lien avec une augmentation du comportement de restriction avec le temps (Figura et al., 2017).

Enfin, malgré la diminution objective de leur IMC, les patients continuent à manifester des inquiétudes à l’égard de leur poids, huit mois après la GL. Les scores obtenus à l’échelle mesurant les préoccupations par rapport au poids avant (M= 3.93) et après la chirurgie (M = 3.72) sont d’ailleurs supérieurs aux valeurs normatives des individus sans problématique alimentaire (M = 1.2 ±1.0) et avec un trouble d’hyperphagie boulimique (M = 3.4 ± 1.2) (Hilbert, Tuschen-Caffier, & Ohms, 2004). Ces résultats ressemblent peu à ceux des autres études qui rapportent une diminution des préoccupations à 12 (Melero et al., 2014) et 48 mois après la GL (Mack et al., 2016). Un recours à des outils de mesures différents entre les études pour évaluer les préoccupations à l’égard du poids (Body Shape Questionnaire et Body Checking Questionnaire) pourrait être en partie responsable des divergences observées. D’un point de vue clinique, selon ce que les participants ont rapporté à l’entrevue (EDE-Q) de huit mois, il est aussi possible de penser que les préoccupations étaient présentes, en raison du contexte de ralentissement de la perte

de poids à ce moment. En effet, certains exprimaient des inquiétudes relatives au fait que leur perte de poids était de moins en moins importante. La peur d’un échec éventuel de la chirurgie et le retour d’un poids plus élevé font probablement partie des préoccupations.

En résumé, les résultats du premier objectif montrent que la GL est efficace pour la perte de poids à court terme et l’amélioration de la plupart des comportements alimentaires problématiques, susceptibles de nuire à la perte et au maintien du poids après l’opération. Les préoccupations par rapport au poids semblent toutefois se maintenir malgré la perte de poids, ce qui pourrait suggérer que chez des individus ayant vécu avec l’obésité depuis longtemps, leur historique pondéral pourrait faire en sorte qu’ils demeurent insécures.

Le deuxième objectif visait à examiner les relations entre le poids perdu et les comportements alimentaires. En ce qui concerne les comportements préopératoires plus précisément, l’absence de relation avec la PEP indique que les comportements alimentaires que présentent les candidats à la chirurgie avant l’opération ne seraient pas liés à leur perte de poids à court terme. Ce résultat est peu surprenant, considérant la tendance émergente actuelle au sein de la littérature selon laquelle les comportements préopératoires ne seraient pas liés à la perte de poids, et ce, peu importe le type de chirurgie (Livhits et al., 2012; Rieber et al., 2013; Sioka et al., 2013; Koball, Clark, Collazo-Clavell, Kellogg, Ames et al., 2015; Sevincer et al., 2016; Figura et al., 2017). Quelques chercheurs obtiennent toutefois des résultats qui diffèrent, en trouvant une association positive et négative respectivement entre les comportements de désinhibition et de restriction préopératoire et la PEP à un an post-chirurgie (six participants sur 90 avec la GL), suggérant que plus un individu présente des comportements de désinhibition alimentaire avant la chirurgie, plus sa PEP est élevée à un an, et moins il est restreint avant la chirurgie, plus sa PEP à un an est élevée (Miras, Al- Najim, Jackson, McGirr, Cotter et al., 2014). L’inclusion de patients ayant reçu d’autres types de chirurgies que la GL dans l’échantillon (72 avec RYBPG et 12 avec AGA) a pu influencer les résultats de cette étude, considérant les mécanismes de perte de poids (restriction vs malabsorption) qui diffèrent entre les procédures chirurgicales. Bref, il appert que le lien entre les comportements alimentaires préopératoires et la perte de poids suscite certaines incohérences entre les études ce qui illustre la nécessité de poursuivre les efforts

empiriques pour clarifier la relation entre les deux construits.

Contrairement à ce qui était attendu, aucune association entre les variables alimentaires postopératoires et la PEP n’a été trouvée, ceci suggérant que les comportements alimentaires adoptés par les patients huit mois après la GL ne seraient pas liés à leur perte de poids au même moment. Bien que des études observent une association entre la perte de poids après la GL et certains comportements alimentaires problématiques postopératoires (Colles, Dixon, O’Brien et al., 2008; Ivezaj, Kessler, Lydecker et al. 2017), d’autres obtiennent des conclusions semblables à celle de la présente étude quant au lien entre les mêmes comportements alimentaires problématiques étudiés (désinhibition, restriction, susceptibilité à la faim, DA et préoccupations par rapport au poids) et la perte de

poids engendrée par la GL avec un suivi à six, 12 et 19 et 48 mois (Melero et al., 2014 ;

Mack et al., 2016 ; Rieber et al., 2016; Sevincer et al., 2016; Figura et al., 2017). Le fait que certaines études portant sur d’autres types de chirurgies (AGA et RYBPG) trouvent néanmoins un lien entre le fait de présenter certains de ces comportements après la chirurgie (désinhibition, susceptibilité à la faim et préoccupations par rapport au poids) et la PEP à différentes périodes de suivi (12, 24 et 72 mois) (Konttinen, Peltonen, & Sjostrom,

2015; Amundsen, Strommen, & Martin, 2017) laisse croire à des différences selon le type

de chirurgie.

L’IMC avant l’opération est ressorti comme le seul facteur associé négativement à la PEP, signifiant que plus l’IMC des individus est élevé avant la chirurgie, plus leur PEP à

huit mois est faible. Une revue de la littérature portant sur les prédicteurs de la perte de

poids a révélé que l’IMC avant l’opération serait lié à la perte de poids ; 37 études sur 62 observaient une association négative (Livhits et al., 2012), tel que constatée dans le présent projet.

Pour ce qui est des relations entre les variables alimentaires, les résultats indiquent que les comportements alimentaires manifestés par les patients avant l’opération ne seraient pas liés à ceux rapportés huit mois après la chirurgie. Or, tel qu’attendu, en période préopératoire la désinhibition, la susceptibilité à la faim et la DA sont toutes corrélées

positivement, ce qui témoigne d’un patron général de suralimentation avant de recevoir la chirurgie. Des associations significatives et négatives ont également été soulevées entre la DA et la restriction, ainsi qu’entre la susceptibilité à la faim et la restriction. Ainsi, avant de recevoir leur chirurgie, plus les candidats endossent des symptômes de DA et plus ils sont réactifs aux sensations internes et aux indices externes associés à la faim (susceptibilité à la faim), moins ils tentent de se restreindre. Il semble que cette étude soit la première à avoir observé ces relations entre la DA, la restriction et la susceptibilité à la faim auprès d’un échantillon de patients en attente de la chirurgie.

De manière intéressante, un inversement de ces relations a été observé en période post-chirurgicale, où huit mois après la GL, une association positive a été relevée entre la DA, la susceptibilité à la faim et la restriction. Ces résultats signifient que moins l’individu est réactif aux sensations internes et aux déclencheurs externes de la faim (susceptibilité),

moins il se restreindrait cognitivement. Dans la même lignée, un patient présentant moins de symptômes de DA, donc moins vulnérable et sensible à la nourriture, se restreindrait moins. Cela voudrait aussi dire que plus un individu est vulnérable à la nourriture, plus il ressentirait le besoin de se restreindre. Une hypothèse neurologique pourrait expliquer cette relation positive entre la DA, la susceptibilité à la faim et la restriction. En effet, certains chercheurs ont lié la dopamine, un neurotransmetteur libéré dans le cerveau lors d’expériences plaisantes (ex. : manger), à la manifestation de comportements alimentaires tels que la restriction (Volkow, Wang, Maynard, Jayne, Fowler et al., 2003). Plus précisément, Volkow et ses collaborateurs (2003) ont trouvé une association positive entre la réceptivité à la dopamine lors de la présentation de stimuli alimentaires (ex. : odeur) et la restriction cognitive, suggérant que plus un individu est sensible et réactif (salivation) à la présentation de stimuli alimentaires, plus il tente de restreindre cognitivement sa prise calorique. En ce sens, on peut penser que les résultats de la présente étude selon lesquels moins il y a de symptômes de DA après la chirurgie, moins il y a de restriction, pourraient s’interpréter comme moins l’individu est activé par les stimuli alimentaires de son environnement (diminution de la DA), moins il sent le besoin de se restreindre. Il est aussi possible d’évoquer la relation où la restriction mènerait à la DA. De cette façon, les résultats de l’étude pourraient aussi s’interpréter comme moins un individu restreint sa prise

calorique, moins il est susceptible de présenter des envies alimentaires intenses et d’être sensible à la nourriture (diminution de la DA). Par conséquent, il serait intéressant d’approfondir les connaissances quant aux relations entre la DA et la restriction, afin de mieux comprendre comment ces variables interagissent entre elles, d’autant plus que ce sont des comportements alimentaires qui pourraient avoir des effets délétères sur le maintien du poids à plus long terme.

L’examen de la perte de poids à partir de trajectoires a révélé l’existence de deux trajectoires distinctes : l’une où les individus perdent continuellement du poids et l’autre où la perte de poids tend à stagner à huit mois. Les analyses effectuées n’ont pas permis de trouver de différence entre les individus faisant partie de chacune de ces trajectoires, en ce qui concerne les comportements et attitudes alimentaires pré et post-chirurgie. Étant donné la petite taille de l’échantillon, il est possible que l’absence de différence significative soit due à un manque de puissance statistique. L’IMC avant la chirurgie étant le seul facteur qui distingue les deux trajectoires, ceci voudrait dire que les individus qui ont un IMC plus élevé avant l’opération ont tout simplement besoin de plus de temps pour perdre leur poids que ceux dont l’IMC préopératoire est plus faible. Il est aussi possible que d’autres facteurs de nature physiologique (ex. : dilatation du manchon) interviennent dans le processus de perte de poids et expliquent ainsi l’obtention de ces deux trajectoires. Bien que ce dernier objectif ne présente aucun résultat révélateur, il demeure pertinent de continuer à examiner la perte de poids à partir de trajectoires, tel que mis en lumière par la littérature bariatrique. En effet, une revue de la littérature réalisée récemment s’est penchée sur les prédicteurs de la perte de poids suite à une chirurgie bariatrique (toutes procédures confondues, c.-à-d. AGA, RYBPG, GL), laquelle émet la conclusion qu’une meilleure trajectoire de perte de poids dans les six premiers mois post-chirurgie semble être le prédicteur le plus robuste de meilleurs résultats de perte de poids à 24 mois et plus (Hindle et al., 2017). Une meilleure trajectoire de perte de poids dans les premiers six mois était

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