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Caractérisation d'une population de délinquants sexuels évalués en période présententielle avec l'inventaire clinique multiaxial de millon-II (MCMI-II)

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RENÉE-CLAUDE DOMPIERRE

UL

ot 000

CARACTÉRISATION D’UNE POPULATION DE DÉLINQUANTS SEXUELS

ÉVALUÉS EN PÉRIODE PRÉSENTENTIELLE AVEC

L’INVENTAIRE CLINIQUE MULTIAXIAL DE MILLON- II (MCMI-II)

Mémoire présenté

à la Faculté des études supérieures de l’Université Laval

pour l’obtention

du grade de maître en psychologie (M.Ps.)

École de psychologie

FACULTÉ DES SCIENCES SOCIALES UNIVERSITÉ LAVAL

AVRIL 2000

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Ce mémoire a pour objectif Γidentification de profils de personnalité distincts au sein d’un échantillon de 105 délinquants sexuels évalués en période présententielle au moyen de l’Inventaire Clinique Multiaxial de Millon-II (MCMI-II). Une analyse de regroupement multivariée de type k-means est appliquée aux échelles de personnalité du MCMI-II. Les classes repérées à l’aide de cette procédure confirment l’hétérogénéité de la population et reproduisent les résultats obtenus par une procédure de regroupement de nature plus clinique. Trois profils d’agresseurs se dégagent de l’analyse : le profil contenu, le profil antisocial-colérique et le profil de rapprochement-évitement. Ces classes de sujets se distinguent significativement sur 22 des 26 échelles du test et sur quelques variables externes de type sociodémographique et criminologique. Une présentation de soi stratégique incarnée dans une exagération de symptômes est repérable chez le profil antisocial-colérique, alors que le profil contenu démontre surtout de la désirabilité sociale. Le profil de rapprochement-évitement manifeste à la fois les deux modes de présentation stratégique. En somme, cette étude démontre l’utilité potentielle du MCMI-II à la création d’une typologie de délinquants sexuels évalués en période présententielle.

Jean-Marc Lessard directeur de recherche Renée-Claude Dompierre

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Ce mémoire est le fruit de longs mois de travail, parsemés d’un ou deux moments de découragement et de quelques bouffées de panique, mais aussi de nombreux instants de grande satisfaction.

Pour avoir traversé ce périple à mes côtés, je tiens d’abord à remercier du fond du cœur monsieur Roger Gravel, qui s’est impliqué dans ce projet sans jamais compter les heures. Ses enseignements, empreints d’intelligence et de respect pour les idées d’autrui, sont stimulants et donnent le goût de pousser l’effort un peu plus loin. Nos rencontres du mercredi furent le meilleur carburant pour mon moral, car son bel optimisme rendait toujours l’impossible réalisable!

Merci à monsieur Jean-Marc Lessard pour avoir permis à ce projet de trouver sa place dans le milieu universitaire. Je vous sais gré de votre patience et de votre soutien, malgré vos occupations de nouveau retraité. Merci aussi à Rodolphe Arsenault et Hans !vers pour leurs conseils judicieux en matière de statistiques. Vous avez éclairé notre lanterne à plusieurs reprises.

Mes remerciements vont enfin à mes proches, dont les multiples encouragements m’ont permis de persévérer. Merci d’abord à mes parents, pour m’avoir répété que j’étais la meilleure, merci à Sébastien, Julie, Nancy, Bryan, Isabelle et Steven, ainsi que mes collègues de l’audiovisuel, qui ont si bien su m’encourager pendant les périodes sombres.

J’adresse un merci particulier à David, mon compagnon de tous les efforts, pour son travail inestimable dans ce mémoire. Sa logique inflexible m’a parfois donné du fil à retordre, mais sans ses bonnes tapes dans le dos (et ses quelques coups de pieds au derrière!), j’aurais certainement perdu mon combat contre les statistiques. Merci mille fois.

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RÉSUMÉ... 1

REMERCIEMENTS...2

TABLE DES MATIÈRES... 3

LISTE DES TABLEAUX... 5

INTRODUCTION... 6

CHAPITRE 1 : CONTEXTE THÉORIQUE... 9

1.1 La délinquance sexuelle : un problème social majeur...9

1.2 L’identification de profils de personnalité chez les délinquants sexuels... 10

1.3 L’utilisation de données empiriques dans la classification des délinquants sexuels... 11

1.4 Les classifications psychométriques de délinquants sexuels avec le MMPI... 11

La comparaison de groupes d'agresseurs sexuels avec le MMPI...12

Le repérage des configurations d’échelles dominantes au MMPI... 13

L’analyse de regroupement appliquée aux données MMPI... 15

1.5 Les classifications psychométriques de délinquants sexuels avec le MCMI... 16

1.6 Critique générale des classifications psychométriques de délinquants sexuels... 20

Attention séparée portée aux divers types d'abuseurs sexuels...20

Utilisation de populations carcérales... 21

Problèmes liés au choix de la procédure de classification...22

1.7 Résumé et objectifs... 25

CHAPITRE 2 : EXPÉRIMENTATION... 29

29

2.1 Sujets

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L’Inventaire Clinique Multiaxial-II de Millon (MCMI-II)... 30

Autres mesures utilisées... 35

CHAPITRE 3 : RÉSULTATS... 38

3.1 Procédure d’analyse des données... 38

Analyses de regroupement... 40

Autres analyses statistiques... 41

3.2 Présentation des résultats... 42

Profil moyen de l’échantillon... 42

Concordance des méthodes de classification...44

Description des profils...44

Différenciation des profils... 45

CHAPITRE 4: DISCUSSION... 53

4.1 Description des profils obtenus... 55

4.2 Applicabilité du modèle...58

4.3 Limites de l’étude et implications futures... 60

CHAPITRE 5 : CONCLUSION... 64 RÉFÉRENCES...66 ANNEXE A...78 ANNEXE B...80

84

ANNEXE C

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TABLEAU 1: Structure et composition de ΓInventaire Clinique Multiaxial de

Millon, version II (1987) 32

TABLEAU 2: Groupes typologiques proposés par Therrien (1999) 39

TABLEAU 3: Répartition des profils rares au sein des trois classes typologiques de

Therrien (1999) 39

TABLEAU 4: Moyennes (écarts-types) des échelles MCMI-II pour Γensemble de

Γéchantillon (N=105) 43

TABLEAU 5: Matrice de concordance entre les profils de Therrien (1999)

et les profils k-means 45

TABLEAU 6: Moyennes, écarts-types et analyses de variance univariées des échelles MCMI-II en fonction des classes issues de l’analyse k-means 47 TABLEAU 7: Répartition des sujets en fonction des variables sociodémographiques à

l'étude 49

TABLEAU 8: Répartition des sujets en fonction des variables criminologiques à

l'étude 50

TABLEAU 9: Variables sociodémographiques et criminologiques significatives au test

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L'agression sexuelle constitue un problème de plus en plus inquiétant pour la société. Il est notamment difficile pour les services correctionnels de prendre des décisions éclairées concernant la prise en charge des individus commettant ce type de délit. En effet, les délinquants sexuels forment une population hautement hétérogène en regard des multiples problématiques déviantes et des divers profils de personnalité rencontrés. L’obtention d’un modèle de classification de ces agresseurs pourrait donc être utile au travail des professionnels.

Une approche utilisée pour identifier des sous-groupes homogènes d'agresseurs sexuels s’incarne dans !'utilisation d’instruments psychométriques tels l'Inventaire Clinique Multiaxial de Millon (MCMI), un questionnaire intéressant particulièrement les troubles de personnalité de l’Axe II du Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders

(DSM). Bien que prometteuses, ces classifications psychométriques ont présenté jusqu’à maintenant des failles typiques restreignant !’applicabilité des résultats. Ainsi, les sujets sont fréquemment divisés sur la base de leur diagnostic sexuel (pédophiles, violeurs etc.) et ce, malgré le fait que ces délinquants ne semblent pas se limiter à un seul type de déviance au cours de leur carrière criminelle. De plus, on a souvent recours à des populations carcérales, ce qui rend les résultats peu généralisables à l'ensemble des agresseurs sexuels, souvent évalués en ambulatoire. Enfin, les diverses procédures de classification préconisées par les chercheurs présentent toutes des lacunes qui compromettent la valeur clinique des classes sortantes. Comme il s'avère difficile de vérifier les résultats d'un échantillon à l'autre et de les valider par des variables externes ayant une plus grande signification clinique, aucun modèle typologique n’a jusqu’à présent été unanimement reconnu.

Dans l’espoir de pallier à quelques-unes de ces lacunes méthodologiques, la présente étude tente de caractériser une population de délinquants sexuels présentant des

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classification des sujets, deux procédures distinctes sont utilisées, puis comparées. Ainsi, une analyse de regroupement multivariée est appliquée aux profils MCMI-II d’un échantillon préalablement étudié de manière clinique selon une technique de repérage des principales codifications d'échelles. Les classes générées sont ensuite comparées en fonction de leurs scores à l’ensemble des échelles du MCMI-II, en prêtant une attention particulière aux présentations de soi stratégiques empruntées par chacune des classes de sujets. Enfin, une série de variables externes de .nature sociodémographique et criminologique sont récoltées en vue de valider les modèle avec des données autres que psychométriques.

La première section du mémoire fera un survol critique de la documentation scientifique traitant des procédures de classification de délinquants sexuels avec le MMPI et avec le MCMI. La section intéressant la recherche proprement dite s’attardera à décrire le processus de sélection des participants, l’instrument d’évaluation utilisé et les procédures statistiques permettant de réaliser les objectifs de l’étude. Les résultats seront rapportés, puis une section finale s’attardera à décrire la procédure d'application du modèle, son rapport avec les études antérieures, ses limites et l’ouverture sur des pistes de recherche ultérieures.

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1.1 La délinquance sexuelle : un problème social majeur

La délinquance sexuelle s’impose depuis quelques années comme un problème social des plus onéreux pour la collectivité. Le prix à payer revient d’abord aux victimes, stigmatisées à jamais par des sévices psychologiques et physiques difficiles à cicatriser. Il en coûte aussi à la population générale, rendue méfiante et craintive d’avoir dans son entourage un agresseur pouvant menacer la sécurité de ses enfants. Enfin, une lourde facture incombe aux services correctionnels qui doivent assumer les dépenses occasionnées par la gestion de ces délinquants. Les motifs sont donc nombreux pour souhaiter une amélioration des programmes d’intervention auprès des agresseurs sexuels, le souhait ultime de chacun étant d’en arriver à l’extinction de ces agissements délictueux.

Les statistiques soulignent à elles seules la nécessité de déployer des efforts accrus d’intervention auprès des délinquants sexuels. Ainsi, on recense au Canada pour l’année 1997, quelque 30 735 affaires d’infractions sexuelles signalées à la police, ce qui représente 10% des crimes de violence (Statistique Canada, 1999). La prévalence réelle des infractions d’ordre sexuel est toutefois difficile à estimer, car les données recueillies s’appuient essentiellement sur les cas dénoncés. Selon les enquêtes sur la victimisation, seulement 10 à 20% des crimes sexuels seraient enregistrés, de nombreuses victimes choisissant de se taire plutôt que de faire face à l'agresseur et au système judiciaire (Aubut & coll., 1993; Statistique Canada, 1999). Toutefois, la proportion de délinquants sexuels pris en charge par les services correctionnels est suffisamment importante pour que l'on recherche des moyens plus efficaces de les traiter et surtout, d'empêcher de nouvelles récidives. Pour ce faire, il importe d'abord d'améliorer notre compréhension de cette population particulière de criminels, de manière à mettre sur pied des programmes d'intervention mieux adaptés aux besoins spécifiques de chacun.

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1.2 L’identification de profils de personnalité chez les délinquants sexuels

Les dernières décennies ont favorisé l'émergence d'une documentation scientifique de plus en plus solide et complète sur la question de la délinquance sexuelle ( Knight & Prentky, 1990). À la lumière de ces études, on constate cependant l'absence de réponses définitives aux questions concernant la personnalité de ces infracteurs. Pourtant, les caractéristiques de la personnalité sont souvent utilisées pour décrire la motivation sous- jacente à l’offense sexuelle. Elles sont même perçues comme des corrélais stables du comportement sexuellement anormal (Langevin, Paitich, Freeman, Mann & Handy, 1978; Langevin, 1985). En fait, les troubles de la personnalité sont considérés comme des facteurs dynamiques de la chaîne délictueuse, pouvant être modifiés à plus ou moins long terme avec un traitement approprié. On peut donc espérer un changement durable chez un délinquant sexuel dont les troubles de personnalité sont traités adéquatement, ce qui peut conséquemment diminuer le risque de récidive post-traitement ( Proulx, Pellerin, Paradis, McKibben, Aubut & Ouimet, 1997). En somme, on croit que !'identification de profils de personnalité précis pourrait être une étape fondamentale, voire préliminaire à !’organisation des procédures d’évaluation, à la planification des programmes de traitement et à !’identification des facteurs de récidive au sein de cette population (Knight, 1985).

Plusieurs chercheurs ont donc tenté de tracer un portrait psychologique susceptible de décrire adéquatement cette population. Jusqu’à présent, un consensus bien établi au sein de la communauté scientifique et clinique désigne les agresseurs sexuels comme un groupe hautement hétérogène, réunissant sous une même terminologie des individus aux problématiques sexuelles diverses, avec des caractéristiques psychologiques et comportementales tout aussi variées ( Erickson, Luxenberg, Walbek & Seely, 1987; Levin & Stava, 1987; Marshall & Hall, 1995). Cette grande disparité remet en question l'utilité de rechercher un profil résumant à lui seul toute cette population. Au contraire, une meilleure compréhension semble s’incarner dans sa subdivision en groupes plus interprétables et homogènes (Knight, 1985; Clements, 1996).

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1.3 L’utilisation de données empiriques dans la classification des délinquants sexuels

Pour parvenir à une subdivision valide et rigoureuse de populations hétérogènes comme les délinquants sexuels, on utilise généralement les résultats de mesures empiriques, permettant de récolter systématiquement les mêmes données sur chaque sujet. Chez les délinquants sexuels, plusieurs types de mesures sont utilisés, allant des rapports officiels de police aux mesures de la réponse pénienne (pléthysmographie), en passant par les résultats de tests psychométriques. Ces derniers sont souvent utilisés pour établir les profils de personnalité des agresseurs sexuels, car ils constituent une manière économique et rapide d’avoir accès à une vaste gamme d’informations sur le fonctionnement psychologique des sujets (Aubut & coll., 1993).

Parmi les instruments psychométriques généralement employés, citons le Sixteen Personality Factor Questionnaire (16-PF), le Eysenck Personality Questionnaire (EPQ), les taches d’encres de Rorschach ou le NEO-Five Inventory (NEO-PI). L’Inventaire Multiphasique de la Personnalité Minnesota (MMPI) a cependant été le plus utilisé, probablement parce qu’il s’agit d’un outil d’auto-appréciation employé couramment dans la pratique clinique ( Hanson, Cox & Woszcyna, 1991). Il s’agit d’un questionnaire visant à déterminer le degré de psychopathologie d’un individu selon l’Axe I du

Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders (DSM).

1.4 Les classifications psychométriques de délinquants sexuels avec le MMPI

Les résultats MMPI servent souvent d'assises empiriques aux classifications de délinquants sexuels. Dans cette optique, trois techniques de classification sont plus fréquemment employées. La première consiste à diviser un échantillon sur la base de divers facteurs déterminés par le chercheur (par exemple le diagnostic sexuel), puis à observer les scores MMPI de ces sous-groupes afin d’identifier un profil psychologique unique à chacun d'eux. La seconde méthode consiste à repérer des configurations dominantes d'échelles MMPI (par exemple, la combinaison des échelles 4 et 9) au sein

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d'un échantillon et à interpréter le profil psychologique des sujets présentant ces codifications. La troisième méthode recourt à des analyses statistiques multivariées pour fabriquer des regroupements de sujets à partir des résultats de toutes les échelles du MMPI.

La comparaison de groupes d'agresseurs sexuels avec le MMPI

Des études ont tenté de comparer les scores MMPI moyens de délinquants sexuels divisés en fonction de facteurs hypothétiquement importants tels l’orientation sexuelle de l’agresseur (Langevin & al., 1978), le degré de violence utilisé ( Panton, 1978) ou le nombre d’offenses antérieures à l’évaluation ( McCreary, 1975). L’intention sous-jacente est alors de démontrer que ces groupes se distinguent les uns des autres par des profils de personnalité particuliers. Il s'avère toutefois impossible de distinguer ces sous-types d'agresseurs sexuels à partir de leurs scores MMPI ( Aubut & coil., 1993; Hall, Shepherd

&Mudrak, 1992).

Les mêmes constats sont formulés lorsqu’on subdivise ces criminels en fonction de leur diagnostic sexuel (pédophile, violeur, incestueux ou autre). On observe alors un chevauchement considérable des types d’abuseurs, confirmant par le fait même leur grande hétérogénéité (Hall, Graham & Shepherd, 1991; Langevin & al., 1978;). En fait, la seule observation relevée presque systématiquement dans les profils MMPI d’agresseurs sexuels est l’élévation significative de l’échelle de psychopathie et de déviance (échelle 4). Cette dernière est généralement associée à une des échelles suivantes: l'échelle dépression (2), l'échelle schizophrénie (8) ou l'échelle hypomanie (9) (Armentrout & Hauer, 1978; Hall, Vitaliano & Proctor, 1987; McCrary, 1975; Panton, 1979; Rader, 1977) Toutefois, la prévalence de l'échelle 4 est aussi repérée chez les délinquants non sexuels, ce qui porte à croire que la psychopathie est peut-être caractéristique des populations criminelles en général (Heersink & Strassberg, 1995).

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Les comparaisons de groupes d’agresseurs sexuels ont quand même permis d’établir une nomenclature de variables potentiellement importantes pour décrire cette population. Entre autres, l’orientation sexuelle du prévenu, ses antécédents en matière de criminalité, les caractéristiques des victimes (âge, genre), le lien avec la victime ou !’utilisation de violence comptent parmi les variables pouvant potentiellement différencier les agresseurs sexuels (Hall & al., 1986; Langevin & al., 1978 ). Toutefois, les résultats non significatifs ou les contradictions relevées dans la littérature pourraient être liés à cette subdivision initiale des sujets. Elle s'effectue en effet à partir d’une seule dimension jugée importante par le chercheur, au détriment d’autres facteurs pouvant peut-être interagir et permettre une meilleure différentiation de la population. Par ailleurs, on remarque que les comparaisons statistiques effectuées sur ces groupes d'abuseurs sont le plus souvent univariées, consistant à comparer les groupes en fonction des scores moyens obtenus sur une ou plusieurs des échelles du test. Ce type d’approche s’attarde donc au profil général d’un ensemble de sujets, sans tenir compte de la possible hétérogénéité des profils individuels. On obtient alors des groupes faussement homogènes et les différences individuelles sont aplanies au profit de descriptions stéréotypées et excessivement simplifiées ( Erickson et al., 1987; Hall & al., 1986). Pour pallier à ces diverses critiques, on tend désormais à employer une autre méthode de classification, qui procède de manière inverse en isolant des profils homogènes de sujets

à partir de la réponse au MMPI, au lieu de s'en servir comme variable de comparaison.

Le repérage des configurations d’échelles dominantes au MMPI

La subdivision des populations de délinquants sexuels à partir de leurs scores au MMPI découle du postulat que des profils distincts de personnalité peuvent émerger lorsqu’on regroupe ensemble les sujets présentant des configurations d'échelles semblables. Des systèmes actuariels de classification ont donc été développés, dans lesquels les codifications les plus fréquentes sont identifiées ( Gilberstadt & Duker, 1965; Marks, Seeman & Haller, 1974). Par exemple, Erickson et ses collaborateurs (1987) utilisent cette procédure auprès de 403 agresseurs sexuels incarcérés, évalués avant l'arrêt de leur

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sentence. Ils parviennent ainsi à identifier deux profils dominants. Il s'agit des profils 4-5 (psychopathie et masculinité-féminité) et 4-8 (psychopathie et schizophrénie), deux configurations d’échelles repérées fréquemment dans les études antérieures ( Armentrout & Hauer, 1978; Hall, 1989; Quinsey, Arnold & Pruesse, 1980). Malgré l'obtention de groupes assez cohérents au sens clinique, un problème important réside dans ce type de procédure. Il s’avère en effet très difficile de représenter l'extrême variété de profils repérés dans un échantillon à partir de seulement quelques codifications dominantes. Ainsi, dans l'étude d'Erickson et ses collaborateurs (1987), presque toutes les combinaisons imaginables de profils sont repérées, ce qui limite le nombre de sujets pouvant adhérer aux principaux groupes formés. En fait, seulement 25,7% de leur échantillon total est représenté par les profils 4-8 et 4-5. La même hétérogénéité est observée par Hall, Maiuro, Vitaliano et Proctor (1986), auprès de 406 pédophiles incarcérés. Ils découvrent que le profil MMPI typique de leur échantillon s'incarne dans l’élévation des échelles 4 et 8, mais cette configuration représente à peine 7% de !'échantillon. Ils admettent donc !’impossibilité d’isoler un profil caractéristique des délinquants sexuels et remettent en doute l'utilité clinique du MMPI pour évaluer et différencier des profils au sein d'une population d'agresseurs sexuels.

Dans les faits, il est possible qu’une structure sous-jacente puisse relier l’ensemble des profils, mais cette structure peut passer inaperçue lorsqu'on relève uniquement les premières élévations d'échelles d'un test. C'est pourquoi on privilégie généralement les analyses multivariées dans les procédures de classification psychométriques. Elles permettent d’identifier la structure inhérente à un ensemble de données, en analysant les effets de plusieurs variables mesurées simultanément, ce que !'identification de profils dominants n'autorise pas. Cependant, l'adoption d’une procédure statistique multivariée peut constituer un véritable casse-tête pour le statisticien en herbe, car plusieurs techniques peuvent être utilisées, sans pour autant que les mêmes résultats soient observés. Parmi la vaste gamme de procédures statistiques disponibles, les analyses de regroupement (cluster analysis) apparaissent comme les plus pertinentes lorsqu'on souhaite caractériser une population ( Aldenferder & Blashfield, 1984; Blackburn, 1999).

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Ce terme générique rassemble une panoplie de techniques statistiques utilisées pour repérer des regroupements naturels au sein d'un ensemble de données apparemment complexe ou hétérogène, afin d'en retirer des sous-groupes relativement homogènes et mutuellement exclusifs (Lorr, 1983). Ainsi, l’analyse de regroupement peut fournir des informations importantes sur les populations cliniques possédant une disparité considérable comme les agresseurs sexuels (Lorr & Stack, 1990).

L’analyse de regroupement appliquée aux données MMPI

Chez les pédophiles comme chez les violeurs, les résultats d'analyses de regroupement appliquées aux données MMPI sont marqués par une hétérogénéité substantielle. Cette hétérogénéité se manifeste déjà dans le nombre de groupes identifiés pour chaque étude, variant entre deux et huit (Duthie & Mclvor, 1990; Hall & al., 1991). Un repérage rapide des points communs à ces études permet d'identifier deux profils particuliers, retrouvés chez la plupart des auteurs, indépendamment de la taille de !'échantillon, du type de délit commis ou du moment de l'évaluation (Duthie & Mclvor, 1990; Hall & al., 1991; Hall & al., 1992; Heersink & Strassberg, 1995; Kalichman & Henderson, 1991; Kalichman, Dwyer, Henderson & Hoffman, 1992; Shealy, Kalichman, Henderson, Szymanowski & McKee, 1991; Schlank, 1995). Le premier profil identifié est généralement composé de scores situés sous le seuil de signification, indiquant une structure de personnalité "saine". Le score le plus élevé de ce profil est le plus souvent associé à l'échelle de psychopathie et déviance (échelle 4), laquelle est parfois accompagnée des échelles masculinité-féminité (échelle 5) ou hypomanie (échelle 9). Malgré l’apparence d’une personnalité bien adaptée, ce profil serait plutôt un indice de contrôle sur soi, cachant une personnalité de nature antisociale et égocentrique où l’impulsivité, la difficulté à se conformer aux règles, la faible tolérance à la frustration et l'absence d'empathie pour autrui peuvent prédominer. Le second groupe identifié est beaucoup plus pathologique que le précédent en regard des multiples élévations d'échelles significatives repérées. Les scores prédominants se situent alors aux échelle 2 (dépression), 4 (psychopathie et déviance), 7 (psychasthénie) et 8 (schizophrénie). Pour expliquer une telle constellation

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d’échelles significatives, l’hypothèse d’une exagération de symptômes est émise, mais on retient surtout l’idée d’un appel à l’aide provenant d’individus hautement perturbés et instables sur le plan émotionnel. Bien que !'identification de ces deux groupes d'abuseurs au sein de plusieurs études apporte une preuve de validation pour ces profils, leur signification ultime dépend de la capacité de relier ces groupes à des variables autres que les données psychométriques utilisées dans la classification. Malheureusement, aucune étude ne parvient à identifier de variables externes (démographiques ou criminologiques) susceptibles d'apporter une validation externe à ces classes dérivées de l'analyse statistique (Hall & al., 1991; Heersink & Strassberg, 1995; Kalichman, Dwyer, Henderson & Hoffman, 1992; Kalichman, Henderson, Shealy & Dwyer, 1992)

Selon certains détracteurs du MMPI, l’hétérogénéité découlant des tentatives de classification d’agresseurs sexuels serait liée au choix de cet outil d’évaluation auprès des délinquants sexuels. Il semblerait effectivement qu'en dépit du nombre impressionnant de recherches entreprises, cet instrument ne soit pas la mesure la plus appropriée pour étudier la personnalité de ces criminels (Langevin, 1988; Lehne, 1994; Levin & Stava, 1987). En fait, ce test est conçu pour examiner les psychopathologies et n’est pas directement mis en relation avec les troubles de personnalité retrouvés chez les délinquants sexuels. Ainsi, même si le diagnostic relié à l’offense sexuelle relève de l’Axe I du DSM, le second diagnostic posé est majoritairement associé à un trouble de personnalité de l’Axe II, et ce, bien avant tout autre type de comorbidité (psychose, abus de substances, affections neurologiques) (Knight, 1985; Langevin, 1988). C’est pourquoi les chercheurs se tournent de plus en plus vers le MCMI, un test construit pour repérer les troubles de personnalité et quelques syndromes cliniques majeurs du DSM (Craig, 1999).

1.5 Les classifications psychométriques de délinquants sexuels avec le MCMI

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années une alternative intéressante au MMPI, d’une part parce qu’il est dérivé d’un modèle théorique de personnalité et de psychopathologie (Millon 1987), d’autre part parce que ce test est coordonné avec les troubles de personnalité (Axe II) et les syndromes cliniques (Axe I ) incorporés dans les dernières éditions du DSM. En fait, les inventaires de Millon (MCMI-I, II et III) tendent depuis leur première version à correspondre davantage à la nomenclature DSM qu’à la théorie de la personnalité de l’auteur (Craig, 1999).

Bamett et McCormack (1988) comptent parmi les premiers chercheurs à utiliser le questionnaire de Millon (première version) auprès d'une population de délinquants sexuels. Leur échantillon, composé de 147 pédophiles incarcérés, est étudié afin de tracer un portrait psychologique global en fonction des scores moyens obtenus aux échelles du test. Ils notent ainsi un profil prédominant dans leur population. Il s'agit du profil dépendant-conformiste (profil 3-7), indicateur d'une personnalité soumise et respectueuse des conventions. Lehne (1994) utilise la même version de l’inventaire et recourt au même type d'analyse modale auprès d'un échantillon de 99 agresseurs sexuels (principalement des pédophiles) inculpés ou reconnus coupables d’au moins un délit d’ordre sexuel et rencontrés à diverses étapes du processus judiciaire. L’auteur identifie à son tour l'échelle de dépendance (3), accompagnée cette fois de l'échelle passive- agressive (8) comme étant représentatives de l’ensemble de ce groupe d'agresseurs sexuellement compulsifs.

Outre ces profils modaux somme toute peu représentatifs de l'ensemble de la population puisqu’ils en dessinent seulement les grands traits au détriment des différences individuelles (Erickson & al., 1987), des analyses de regroupement multivariées ont aussi été appliquées aux résultats MCMI de délinquants sexuels. Bard et Knight (1987) posent les premiers jalons de ce type de procédure avec le MCMI-II, en appliquant une analyse de regroupement aux scores des 10 échelles de personnalité relevés sur 101 protocoles de délinquants sexuels, incarcérés pour une période indéterminée en raison de

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leur dangerosité. Il s'agit principalement de violeurs (N=66) et de pédophiles (N=31), dont le comportement sexuel est jugé compulsif et violent. Ils parviennent ainsi à identifier quatre profils de personnalité. Le premier, nommé type détaché, est identifié par des élévations significatives aux échelles 2 (Évitant), 1 (Schizoide) et 3 (Dépendant). Les individus de ce groupe (constitué à parts presque égales de violeurs et de pédophiles) sont décrits comme introvertis et peu enclins aux interactions sociales. Le second profil, composé à 82% de violeurs, est appelé type criminel. Les échelles 5 (Narcissique), 6A (Antisocial) et 4 (Histrionique) y sont particulièrement élevées, indiquant une structure de personnalité confiante, ne supportant pas l’autorité et recherchant le contrôle et la manipulation d’autrui pour arriver à ses fins. Le troisième profil correspond aux élévations des échelles 6A (Antisocial) et 8A (Passif-agressif), c’est-à-dire à un type de personnalité colérique. Les sujets de ce groupe sont caractérisés par un intense ressentiment envers la société qui les aurait selon eux mal traités. En réaction à cette « trahison », ils adoptent une attitude colérique et mesquine dans leurs rapports interpersonnels, commettant ainsi des délits de nature plutôt agressive que sexuelle. Le dernier groupe, étiqueté type sain, se définit par l’absence de toute élévation significative d’échelle, malgré de subtiles tendances aux échelles Y (désirabilité sociale), 7 (Compulsif), 4 (Histrionique) et 5 (Narcissique). Il ne s’agit pas pour autant d’un profil adapté, car on remarque un aménagement plus pervers de la personnalité, où les délits sont planifiés au lieu d’être impulsifs. Des antécédents d’inceste sont souvent présents dans l’enfance, aboutissant à l’âge adulte en une conception singulière de la sexualité et des relations sociales.

L’étude de Bard et Knight (1987) s’appuie sur une population constituée de plusieurs types de déviants sexuels (pédophiles, violeurs et autres). De nombreux chercheurs croient cependant qu’il est préférable de considérer chaque paraphilie distinctement des autres en raison des différences liées à la nature même des délits et aux motivations orientant l’agresseur vers un type précis de passage à l’acte sexuel. Ainsi, Lussier et Proulx (1998) ont mené des analyses de regroupement sur une population de délinquants évalués avec le MCMI-I au début de leur programme de traitement. Aucune distinction

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n’est faite entre les sujets évalués en milieu psychiatrique et ceux évalués en clinique externe. Par contre, les sujets sont divisés préalablement en fonction de leur diagnostic sexuel (violeur ou pédophile) et les analyses de regroupement sont conduites séparément pour ces deux groupes. L’objectif est de cibler d’éventuelles similarités ou différences dans les styles de personnalité de ces délinquants. Lussier et Proulx (1998) parviennent ainsi à identifier trois profils MCMI-I pour chaque diagnostic sexuel. En ce qui a trait aux pédophiles (N=48), un premier groupe, défini par une élévation unique à l’échelle 3 (dépendant) est appelé profil séducteur. Un second groupe nommé profil instable est représenté par les échelles schizoide (1), évitant (2), dépendant (3) et passif-agressif (8), avec une symptomatologie anxieuse (A) et dysthymique (D). Le troisième groupe baptisé profil retrait, se décrit par des élévations significatives aux échelles schizoide (1), évitant (2), dépendant (3), schizotypique (S), avec une symptomatologie anxieuse (A) et dysthymique (D). Une terminologie presque semblable est utilisée pour décrire les trois profils de violeurs (N=43), étant donné les ressemblances de certaines configurations d’échelles. On repère alors un profil instable (échelles évitant [2], antisocial [6], passif-agressif [8], avec 5 élévations d’échelles de symptômes sur 9), un profil retrait (échelles schizoide [1], évitant [2], avec anxiété [A] et dysthymique [D]) et un profil psychopathe (échelles narcissique [5] et antisocial [6]). Les grandes tendances mises en relief par cette étude résident dans l’obtention de profils plus marqués de dépendance et d’anxiété chez les pédophiles, et par des traits plus antisociaux chez les violeurs.

Ces résultats font écho aux observations antérieures de Chantry et Craig (1994), qui emploient le même protocole de recherche auprès de 202 pédophiles et de 195 violeurs, évalués avec le MCMI-II au moment de leur admission dans un pénitencier. Leurs analyses de regroupement permettent de repérer approximativement les mêmes configurations d’échelles chez les pédophiles et chez les violeurs que celles de Lussier et Proulx (1998). Ainsi, cette découpe des délinquants sexuels en trois classes

pouvoir se repérer d’un échantillon à l’autre. Toutefois, une certaine ressemblai^ les profils de pédophiles et de violeurs soulève un doute quant à l’utilité de d!\

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deux catégories d’abuseurs pour les étudier. Chantry et Craig reconnaissent d’ailleurs qu’il s’agit d’une des limites de leur étude, d’autant plus que les profils repérés s’apparentent aussi aux profils de Bard et Knight (1987) décrits précédemment, qui utilisent une population mixte de délinquants sexuels.

1.6 Critique générale des classifications psychométriques de délinquants sexuels

La caractérisation des délinquants sexuels à partir de données psychométriques semble prometteuse, mais la persistante hétérogénéité des résultats observés au MMPI et au MCMI impose une révision des méthodologies employées dans ce type d'étude. Les principales lacunes relevées dans les recherches antérieures avec le MMPI et le MCMI relèvent notamment de !’attention séparée portée aux divers types d’abuseurs (pédophiles, violeurs), du moment choisi pour mener l'évaluation (avant le procès, avant l'arrêt de la sentence, pendant la période d'incarcération), et des difficultés liées au choix d’une procédure de classification.

Attention séparée portée aux divers types d’abuseurs sexuels

Comme nous l’avons constaté précédemment, la vaste majorité des études intéressant les délinquants sexuels utilise des échantillons séparés pour les pédophiles et les violeurs, sans toutefois parvenir à identifier des profils distincts pour ces deux populations. (Lussier & Proulx, 1998; Chantry & Craig, 1994; Hersink & Strassberg, 1995) En effet, malgré une incapacité à différencier statistiquement les agresseurs sexuels d’adultes et d’enfants, le corpus de recherche semble figé dans la conviction que ces deux groupes sont distincts (Duthie & Mclvor, 1990; Heersink & Strassberg, 1995). Pourtant, des données récentes affirment que les agresseurs sexuels peuvent présenter de multiples diagnostics sexuels, très différents de celui pour lequel ils sont accusés (Hall, 1986; Schlank, 1995, Beech, 1998). Déjà en 1980, Abel et ses collaborateurs découvrent que des délinquants sexuels non judiciarisés (N=561), interrogés confidentiellement sur leurs agissements délictueux, admettent avoir à leur actif jusqu'à dix types de comportements

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sexuels déviants, sans égard à l'âge, au sexe ou au lien (familial ou autre) entretenu avec la victime. Ils remarquent entre autres qu'un père incestueux peut fort bien agresser des enfants à l'extérieur du milieu familial, ces deux types d'abus n'étant pas mutuellement exclusifs. De plus, certains agresseurs sexuels d'adultes peuvent attenter à des enfants au cours de leur carrière criminelle, et réciproquement pour les pédophiles qui peuvent agresser des adultes. Hall (1991) abonde dans ce sens en soulignant que les agresseurs sexuels d'adultes fournissent sensiblement les mêmes profils que les pédophiles lorsqu'on décortique les scores MMPI de ces deux groupes. Il y aurait donc de fortes probabilités pour que certains profils de pédophiles soient plus similaires aux profils de violeurs, et que certains violeurs puissent présenter des caractéristiques s'apparentant aux pédophiles (Schlank, 1995; Hall, 1990). Ainsi, en l'absence d'observations concluantes à cet égard, l'acharnement à rechercher des profils au sein de populations divisées selon leur diagnostic sexuel risque non seulement d’échouer, mais pis encore, d'entraîner le chercheur dans de fausses pistes d’investigation.

Utilisation de populations carcérales

Une importante critique émise à l'égard des classifications d'agresseurs sexuels, tant au MMPI qu'au MCMI, concerne l’utilisation d’échantillons constitués de criminels incarcérés, en dépit du fait qu’en Amérique, seulement 15 % des crimes sexuels mènent à la détention (Heersink et Strassberg, 1995). La plupart des données de recherche sur le sujet sont donc actuellement difficiles à généraliser à l’ensemble des déviants sexuels et peuvent rendre leur utilisation difficile dans un contexte autre que carcéral.

Mergargee (1985) propose donc aux chercheurs d’évaluer les agresseurs sexuels à plusieurs étapes du processus judiciaire, car les présentations de soi risquent de varier en fonction des circonstances de l'évaluation. En effet, les situations d’entrevue amènent souvent les délinquants sexuels à falsifier leur réponse aux tests et à tenter de se présenter sous un jour favorable (Becker & Kaplan, 1990). Cette motivation aurait

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d'abord un caractère utilitaire, comme éviter !'incarcération, faire bonne figure auprès du juge ou se faire intégrer dans un groupe de thérapie pour alléger la sentence (Aubut & coll., 1993). Abel et al. (1988) remarquent qu'une peur des répercussions sociales et légales négatives inhiberait Γauthenticité des réponses fournies dans les échelles d’auto- appréciation. Par exemple, si les résultats d’une évaluation peuvent avoir des conséquences sur la sentence qui sera prononcée, le prévenu aura souvent tendance à se protéger en mentant sur les circonstances et les caractéristiques de son offense. En utilisant une forme de déni, il peut alors alléguer que la victime était consentante et recevait des bénéfices affectifs de cette relation. Il peut aussi utiliser la minimisation

pour amoindrir les torts causés à la victime, pour sous-estimer le nombre réel de ses délits antérieurs ou pour diminuer sa part de responsabilité dans l'offense pour laquelle il est accusé (Barbaree, 1991). De façon générale, un accusé évalué avant d’être reconnu coupable tendra à minimiser l’ensemble de sa problématique et à répondre d’une manière socialement désirable, ce qui lui permettra peut-être d’être disculpé des charges pesant contre lui. La présentation de soi stratégique d’un individu évalué après la reconnaissance de sa culpabilité s’incarnera surtout dans une exagération des problèmes non sexuels, visant à excuser sa part de responsabilité dans l'affaire. Cette stratégie vise alors l’évitement de !’incarcération et l’orientation vers un programme de thérapie (Aubut et coll., 1993).

Problèmes liés au choix de la procédure de classification

En survolant les diverses études de classification entreprises avec les délinquants sexuels, on remarque d'emblée la grande variété de procédures utilisées pour l’analyse des données. Cependant, la plupart parviennent à des résultats inconsistants ou encore impossibles à reproduire avec un autre échantillon. Ainsi, nous avons déjà critiqué !'utilisation des comparaisons de moyennes sur un mode univarié, car elles nivellent les différences individuelles et donnent l'impression trompeuse d'une homogénéité de la population étudiée. Nous avons aussi souligné les pièges du repérage des codifications dominantes dans les profils au sein d'un échantillon, car elles tendent au contraire à

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exagérer l’hétérogénéité de la population, par l’identification d'une multitude de configurations différentes. Malgré !’utilisation d’analyses multivariées pour pallier les failles de ces méthodes, il semble que les typologies basées sur des analyses de regroupement présentent elles aussi quelques défauts typiques (Blashfield, 1989). En effet, les analyses de regroupement n’échappent pas à certaines décisions arbitraires concernant le choix de l’algorithme utilisé dans la procédure, le nombre de classes à retenir et les moyens utilisés pour valider le modèle et lui donner une vraisemblance clinique.

Choix de !,algorithme et du nombre de groupes . Une panoplie de techniques statistiques permet de procéder à des analyses de regroupement (Ward, average linkage, nearest neighbor, k-means etc.) Devant la diversité des choix offerts, il est nécessaire de se questionner sur la technique ayant le meilleur potentiel pour décrire la structure sous- jacente aux données. Cette réflexion est d’autant plus importante que les analyses de regroupement peuvent générer des résultats passablement différents, selon l'algorithme utilisé et le nombre de groupes choisis (Grove & Andreasen, 1986; Donat & Walters, 1989; S altstone & Fraboni, 1990; Schlank, 1995). En fait, l’appartenance à un groupe peut être tellement divergente d’une méthode à l’autre que !’assignation des sujets devient alors équivalente à la chance (Saltstone & Fraboni, 1990). C’est pourquoi les auteurs suggèrent de prendre certaines précautions, en définissant des bases théoriques sous-jacentes aux procédures de classification et en validant une méthode par une seconde, par le calcul d’un taux d’accord entre les deux matrices de classification.

Il en est de même pour le choix du nombre de classes à retenir pour la solution finale. Plusieurs règles officieuses permettent de déterminer le nombre optimal de groupes nécessaires à l’élaboration de classes homogènes et mutuellement exclusives. Cependant, aucune n’est reconnue comme la plus efficace pour résoudre le problème de la détermination des groupes, et , comme dans le cas des algorithmes, !'utilisation de règles différentes peut aboutir à un nombre de groupes différents (Everitt, 1979). Parmi les procédures suggérées, !’observation du nombre de classes identifiées dans les études

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antérieures peut être un indicateur, de même que certaines règles de calcul (Mojena, 1977), mais aucune de ces méthodes ne permet d’affirmer avec certitude que le nombre de groupes choisi est adéquat. La méthode la plus employée est cependant !’observation du dendogramme fourni par certains types d’analyses de regroupement. Un dendogramme est une sorte de schéma à forme d’arbre qui permet de repérer visuellement le nombre de groupes offrant les classes les mieux définies. Comme le nombre de groupes choisi peut avoir un effet déterminant sur les résultats finaux, il est essentiel d'appuyer sa décision sur une démarche rationnelle et de l’expliquer clairement dans la recherche afin de permettre la reproduction de l’analyse (Blashfield, 1980).

Validation du modèle. La validation du modèle de classification est une des questions les plus délicates à résoudre en analyse de regroupement. En effet, même si les classes repérées semblent cohérentes et présentent un certain potentiel interprétatif, le risque est grand d'obtenir des groupes qui ne seront pas reproductibles dans d'autres échantillons, ou qui se distingueront sur les variables psychométriques utilisées pour la classification, mais pas sur des données externes issues de !'observation clinique.

La reproduction d'une étude avec un nouvel échantillon doté des mêmes caractéristiques (populations semblables, évaluées dans les mêmes circonstances) apparaît comme une solution de validation adéquate, mais serait plus liée à la fidélité de la classification qu'à sa validité, puisqu'on vérifie alors la stabilité de l'épreuve avec deux échantillons différents (Aldenderfer & Blashfield, 1984). Ainsi, en arrivant à démontrer qu'une solution est reproductible au sein d'un autre échantillon, on acquiert une certitude que l'échelle se comporte de manière stable, mais on ne peut affirmer que les classes de sujets repérées ont une validité clinique. En d'autres mots, l'échec à reproduire une solution de regroupement constitue un motif valable pour rejeter le modèle, mais son succès n'assure pas pour autant sa validité.

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des données qui ne sont pas utilisées pour produire l'analyse de regroupement. En effet, on peut difficilement accorder du sérieux à une étude qui valide son modèle en appliquant d'autres tests statistiques (analyse discriminante, MANO VA) sur les mêmes échelles qui ont servi à produire l'analyse de regroupement. Pour valider un modèle de classification, le meilleur moyen consiste à calculer des tests de comparaisons sur plusieurs variables externes, de type psychométrique (comme d'autres échelles de personnalité) ou de type plus clinique (comme des variables sociodémographiques ou des données liées à la problématique étudiée). L'obtention de différences significatives sur ces types de variables permettrait alors de démontrer la validité externe du modèle. Cependant, pour des raisons souvent liées à l'accessibilité des données, une telle approche est encore trop peu utilisée malgré son apport potentiel à la création d'une classification plus solide.

1.7 Résumé et objectifs

En dépit des nombreuses tentatives initiées par les chercheurs pour repérer des classes homogènes de délinquants sexuels à l’aide de données psychométriques, aucun résultat concluant n’a pu être observé jusqu’à présent. De nombreuses limites expliquent peut- être l’absence de solution satisfaisante. Premièrement, la vaste majorité des études utilisent le MMPI comme outil d’évaluation, qui n’est peut-être pas le meilleur instrument pour étudier des populations concernées par des problématiques de l’Axe II. Ensuite, la division des sujets sur la base du diagnostic sexuel n’apparaît pas comme un choix judicieux puisque les agresseurs peuvent commettre plus d’un type de délit sexuel au cours de leur carrière criminelle. Troisièmement, !’utilisation de populations carcérales, quoique faciles d’accès et utiles pour comprendre une catégorie d’agresseurs jugés plus dangereux, ne sont guère représentatives de l’ensemble des délinquants sexuels. Enfin, aucune des trois techniques d'analyse des données préconisées par les chercheurs (analyse modale, repérage des codifications dominantes, analyse de regroupement) n'a apporté de résultats à la fois vérifiables d’un échantillon à l’autre et validés par des variables externes ayant une plus grande signification clinique.

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Par ailleurs, on remarque que par le passé, les auteurs ont toujours privilégié un seul type d’analyse de données dans leurs efforts de classification des agresseurs sexuels. Il semble pourtant qu'à l'examen des forces et des faiblesses de chacune d'elles, on gagnerait à les associer, notamment la classification clinique et la classification statistique par analyse de regroupement. À notre connaissance, seul Hyer (1994) a utilisé ces deux techniques combinées auprès de vétérans de guerre évalués avec le MCMI-II. Ce chercheur affirme que l’identification statistique de regroupements est une extension logique aux taxonomies plus cliniques, comme le repérage des codifications dominantes. C'est donc la procédure envisagée dans cette étude pour opérer une classification des modes de fonctionnement d'agresseurs sexuels évalués en ambulatoire, au cours de la période présententielle, à l'aide du MCMI-II.

La présente recherche poursuit une procédure de classement clinique entreprise par Themen (1999) avec le même échantillon de sujets. Cette dernière entreprend de classifier les profils MCMI-II de 105 délinquants sexuels évalués en période présententielle, à partir des 10 échelles de personnalité du test (là 8B), tout en tenant compte des présentations de soi stratégiques (échelles X, Y et Z). La composition des groupes de Themen (1999) s’appuie sur le repérage clinique des deux premières élévations significatives d’échelles de personnalité, avec extension des permutations jusqu'à la troisième échelle. Elle parvient ainsi à repérer 10 groupes de sujets. En omettant les sujets inclassables en raison de configurations marginales d’échelles (23 sujets sur 105), Themen entrevoit une restructuration des profils restants en trois types de personnalité plus généraux qu’elle nomme profil défensif, profil dépendant-évitant et

profil antisocial-colérique.

L’objectif de cette étude est donc d’identifier statistiquement des profils de personnalité homogènes au sein d’un échantillon de délinquants sexuels évalués en période présententielle avec le MCMI-II. Plus précisément, cette étude vise à répondre à trois

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questions : (1) Est-ce qu’une analyse de regroupement statistique peut corroborer les résultats de l’analyse configúrale traditionnellement utilisée en clinique pour interpréter les profils de personnalité? (2) Est-ce que les sous-groupes obtenus se distinguent en fonction des présentations de soi stratégiques et de la symptomatologie évaluées par les autres échelles du MCMI-II? (3) Est-ce qu’on peut valider le modèle par des données externes de nature sociodémographique et criminologique?

En regard de ces objectifs, les hypothèses suivantes sont émises. D'abord, on peut penser que l'hétérogénéité dans les modes de fonctionnement psychologique des délinquants sexuels se vérifiera de nouveau. De plus, on peut supposer qu’une procédure de regroupement statistique permettra de repérer les classes préalablement identifiées par la méthode de classification clinique de Therrien (1999). Comme les sujets de !’échantillon optent pour un plaidoyer de culpabilité, on peut croire aussi, pour reprendre les propos de Aubut et coll. (1993), que des présentations de soi stratégiques incarnées dans une exagération des problèmes seront présentes chez une grande proportion d’individus et s'illustreront par des élévations significatives à l’échelle de dévalorisation de soi (Z). Enfin, on peut espérer retrouver des éléments de validation externe en comparant les classes de sujets sur des variables de type sociodémographique et criminologique.

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2.1 Sujets

Les dossiers consultés pour les fins de classification proviennent des archives de la

Clinique d’évaluation et de traitement des troubles du comportement sexuel du Centre Hospitalier Robert-Giffard (C.H.R.G.) entre 1993 et 1998. Ces documents contiennent les informations recueillies lors des examens sexologique, psychiatrique, pléthysmographique et psychométrique, menés dans le cadre d’une évaluation présententielle demandée par le Service de probation du Ministère de la Sécurité publique. Tous les sujets soumis à cette évaluation ont plaidé coupable aux chefs

d’accusation sexuelle, mais la reconnaissance de la responsabilité ou de la déviance sexuelle est variable d’un individu à l’autre. L’évaluation pluridisciplinaire sert donc à éclairer la Cour pour l’arrêt de la sentence. Dans le cadre d’une évaluation psycholégale, les sujets ne sont pas soumis à la règle usuelle du consentement libre et éclairé. Cependant, le centre hospitalier fournit l’accord déontologique permettant d’utiliser les données d’archives à des fins de recherche (Annexe A). Il est entendu que l’anonymat des sujets est respecté et que toute information susceptible de permettre une identification des répondants (nom, adresse, numéro de téléphone) est soustraite des dossiers.

Les sujets retenus pour l’étude ont complété le MCMI-II au sein d’une batterie usuelle de tests psychométriques visant à cerner leurs fonctionnements cognitif et psychologique. Les protocoles retenus pour 1 ’expérimentation ont été complétés après que les sujets aient reconnu leur culpabilité, mais avant l’arrêt de leur sentence. Ceux qui ne répondaient pas à ce critère, de même que ceux qui présentaient un indice de validité (échelle V) supérieur ou égal à un, lurent automatiquement exclus de la sélection. Dans ce dernier cas, l’indice V signale un acquiescement inhabituel à des énoncés absurdes,

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relevant d’une potentielle réponse aléatoire ou d’une faible compétence verbale.

L’échantillon final se compose de 105 délinquants sexuels dont l’âge s’échelonne de 19 à 75 ans (M= 39,98; É-T=l 1,76; Md=38 ans) et dont la scolarité varie de la troisième à la dix-huitième année (M= 10,69; S=2,68; Md=ll années). Sur la totalité de !’échantillon, 36,5% des sujets ont reçu un diagnostic de pédophilie, leurs victimes étant âgées de moins de 14 ans. Les éphébophiles, dont les victimes sont âgées de 14 à 18 ans, constituent pour leur part 13,5% de l’ensemble des sujets. Les pères incestueux

(comprenant aussi les beaux-pères et les grands-pères abuseurs) forment 35,6% de !’échantillon. Enfin, la catégorie autres rassemble les diagnostics d’exhibitionnisme, de fétichisme, de viol, d’attouchements sexuels et de grossière indécence et constitue 14,4% de !’échantillon. Il est à noter que 22 des sujets de l’étude reçoivent un diagnostic sexuel polymorphe, c’est-à-dire qu’ils présentent au moins un autre diagnostic sexuel associé à leur diagnostic principal. La dichotomie 75% d’agressions sexuelles contre des mineurs et 25% autres paraphilies décrit assez bien la population clinique vue au C.H.R.G. depuis son ouverture en 1985.

2.2 Mesures

L’Inventaire CliniqueMultiaxial-IIde Millon (MCMI-II)

L’Inventaire Clinique Multiaxial de Millon, version II (Millon, 1987) est l’instrument utilisé pour établir la classification. La traduction française retenue par la Clinique d’évaluation et de traitement des troubles du comportement sexuel est celle de Louis Laplante, Ph.D., psychologue au C.H.R.G. Cette traduction, élaborée à partir de 1992, s’inspire d’une approche de type comité en s’appuyant d’abord sur des versions québécoises déjà existantes provenant de quatre milieux hospitaliers de la province. La forme expérimentale est ensuite soumise à des pairs, puis à Alan Manning du

Département des Etudes de Langues et de Littératures Modernes de l’Université Laval, dont l’exercice de rétro traduction est jugé concluant par l’initiateur du projet. Une

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utilisation de cette traduction dans la pratique clinique démontre que le phrasé des énoncés est suffisamment clair pour être compris de la majorité des répondants. En 1998, à la demande de la clinique, Catherine Deman, Helga Schlitler et Marie-Paule Ross révisent la traduction utilisée. Elles conviennent de sa qualité et relèvent seulement quelques erreurs sémantiques qui ne compromettent pas toutefois son équivalence critérielle.

Les échelles du MCMI-II.

Le MCMI-II comprend 175 questions de type Vrai ou Faux, réparties selon 26 échelles (voir tableau 1). L'index de validité (V) est constitué d'items absurdes destinés à cibler les sujets qui répondent au hasard, qui sont dyslexiques ou qui sont confus. L'indice de dévoilement (X) estime dans quelle mesure le sujet se révèle dans le test. Les échelles désirabilité (Y) et dévalorisation de soi (Z) évaluent les présentations stratégiques du sujet dans ses réponses. Les 10 échelles suivantes (1 à 8B) et leurs variantes dysfonctionnelles (S, C et P) permettent d’évaluer les troubles de personnalité correspondant à l’Axe II du DSM. Les syndromes cliniques de l’Axe I sont pour leur part repérés par les échelles A à T tandis que les syndromes sévères, à coloration psychotique, sont détectés par les échelles SS, CC et PP.

L’interprétation du MCMI-II.

Pour obtenir les scores permettant d’interpréter le MCMI-II, les résultats bruts sont compilés à partir des réponses fournies par le sujet. Ensuite, ces scores bruts sont convertis en scores BR {Base Rate) à l’aide de divers calculs de conversion spécifiques à chacune des échelles. C’est sous cette forme de taux basal que l’on interprète les résultats du test. Millon introduit !’utilisation de ces BR parce que les troubles de personnalité et les syndromes cliniques ne sont pas distribués normalement, rendant ainsi peu appropriée !’utilisation des traditionnels scores T pour convertir les données brutes (Craig, 1999). Le MCMI-II utilise un score BR de 85 ou plus pour indiquer la présence probable d’un trouble de personnalité à un niveau diagnostique. Un BR supérieur à 74

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Tableau 1: Structure et composition de l’Inventaire Clinique Multiaxial de

Millon, version II (1987)

V Validité X Dévoilement de soi Y Désirabilité sociale Z Dévalorisation de soi 1 Personnalité schizoide 2 Personnalité évitante 3 Personnalité dépendante 4 Personnalité histrionique 5 ' Personnalité narcissique 6A Personnalité antisociale 6B Personnalité agressive-sadique 7 Personnalité compulsive 8A Personnalité passive-agressive 8B Personnalité à conduite d’échec

S Personnalité schizotypique C Personnalité limite P Personnalité paranoïde A Troubles anxieux H Troubles somatoformes N Troubles bipolaires D Dysthymie B Assuétude à l’alcool T Assuétude à la drogue SS Trouble de la pensée CC Dépression majeure PP Troubles délirants Échelles d’attitudes face au test

Échelles de personnalité

Échelles des variantes dysfonctionnelles

Échelles des syndromes cliniques

Échelles de syndromes sévères

mais inférieur à 85 indique pour sa part la présence de caractéristiques révélatrices d’un trait de personnalité plutôt que d’un trouble. Les scores inférieurs à 74 sont jugés non significatifs, le trait mesuré n’étant pas plus présent chez cet individu que dans la population générale. Il est important de souligner que des résultats significatifs (>74 ou >84) révèlent la présence de caractéristiques associées à un trouble, mais ces résultats seuls ne permettent pas de poser un diagnostic clinique.

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La fidélité des échelles

La consistance interne des échelles. Les coefficients de consistance interne de chacune des échelles du MCMI-II, calculés suivant la formule Kuder-Richardson 20 (K-R 20), sont rapportés dans le manuel du test (Millon, 1987). Pour les échelles de personnalité de base (1 à 8B), le coefficient de consistance interne médian est de 0,88, pour des valeurs variant de 0,86 à 0,93. Les coefficients de consistance interne des trois échelles évaluant les variantes dysfonctionnelles de la personnalité sont tous supérieurs à 0,90. Pour les échelles de syndromes cliniques de base (A à T), les coefficients de consistance interne varient de 0,84 à 0,95, pour un coefficient médian de 0,87. Finalement, les coefficient de consistance interne des trois échelles de syndromes cliniques sévères varient de 0,84 à 0,90. Cependant, comme le soulignent McCann et Dyer (1996), les indices de consistance interne des échelles sont calculés à partir de la formule K-R 20 au lieu du coefficient alpha de Cronbach. Bien que ces deux statistiques produisent la moyenne de tous les tests de fidélité possibles selon la méthode des moitiés ( split half), le coefficient alpha est la statistique la plus générale en regard du format de réponse. Le coefficient K- R 20 est un cas particulier du coefficient alpha applicable aux échelles ayant un format de réponse dichotomique. Cette statistique n’est donc pas appropriée pour le MCMI-II puisque qu'une procédure de pondération des items (1 à 3) est utilisée dans la correction. Toutefois, comme les résultats pondérés et non pondérés du MCMI-II sont essentiellement les mêmes (Retzlaff, Sheehan et Lorr, 1990), !’utilisation du K-R 20, plutôt que de l’alpha de Cronbach, a vraisemblablement eu un effet négligeable sur les résultats.

La stabilité test-retest des échelles. Craig (1997) recense sept études évaluant la stabilité des échelles du MCMI-II sur des intervalles de rappel variant entre 21 jours et quatre mois, la plupart des études situant leur deuxième passation entre les deuxième et troisième mois. À partir de ces études, les corrélations médianes des échelles de personnalité du MCMI-II varient de 0,62 (échelle de personnalité limite [C]) à 0,78 (échelle compulsive [7]), avec une corrélation médiane de 0,74 pour l’ensemble des

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échelles de personnalité. Pour les échelles de syndromes cliniques, les corrélations médianes des échelles varient entre 0,43 (Somatisation) et 0,72 (Dépendance aux drogues), avec une corrélation médiane de 0,66 pour Γensemble des échelles de syndrome clinique. Ces estimés de la stabilité des échelles sont légèrement inférieurs à ceux rapportés dans le manuel du test. Millon (1987) avance que la différence observée dans la stabilité des échelles de personnalité et des échelles de syndromes cliniques est normale d’un point de vue théorique, dans la mesure où les syndromes cliniques (pour le traitement desquels les sujets sont probablement hospitalisés) devraient être moins stables que les caractéristiques de la personnalité représentant des modes adaptatifs plus durables.

La validité des échelles

Validité convergente. Les recherches sur le MCMI ont porté sur plusieurs aspects de la validité, avec un intérêt particulier pour la validité convergente de l’instrument. Ce type de validité consiste à établir des corrélations entre un test et d’autres tests mesurant approximativement les mêmes construits, alors qu’on les présente à un même ensemble d’individus environ au même moment. Les résultats indiquent une validité convergente modérée avec des échelles d’ auto-appréciation similaires et plus faible avec des grilles psychiatriques. En l'occurrence, l'échelle paranoïde (P) a souvent fait l’objet de recherches. Dans 7 études faisant corréler l’échelle P du MCMI-II avec d’autres mesures similaires, on relève des corrélations variant de 0,21 à 0,52, avec une corrélation médiane de 0,38. Même si ces corrélations sont significatives pour la plupart, les patrons de corrélations suggèrent une validité convergente faible pour l’échelle P, impliquant que cette échelle ne mesure pas exactement ce qu’elle devrait mesurer, ou alors qu’elle le fait très différemment des autres mesures (Craig, 1999).

Validité liée à un critère. Millon (1987) présente les résultats satisfaisants d’une large étude de validité portant sur deux groupes de sujets. La méthode consiste à comparer avec les résultats du MCMI-II, les diagnostics posés par un groupe de cliniciens

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employant d’une part, les critères diagnostiques du DSM-III-R et d’autre part, le Millon Personality Diagnostics Checklist (MPDC). Bien que l’emploi d’une grille de cotation soit généralement jugé plus robuste que la formulation d’un diagnostic sans appui psychométrique, l’emploi conjoint du MPDC et du MCMI-II induit ici une augmentation artificielle de l’accord entre ces deux méthodes dont le contenu est fortement lié. Toutefois, les cliniciens ignorent les résultats obtenus par les sujets au MCMI-II au moment où ils complètent le MPDC. Il n’y a donc pas de contamination directe entre les méthodes employées. Les diagnostics formulés par les cliniciens à l’aide des deux méthodes (MPDC et critères DSM-III-R) sont ensuite comparés avec les résultats du MCMI-II. Ainsi, la sensibilité, c’est-à-dire la probabilité d’observer une élévation significative des échelles lorsqu’il y a effectivement présence d’un trouble de personnalité, varie de 50% à 79%. La spécificité, qui est la probabilité d’obtenir un résultat négatif au test lorsqu’un trouble n’est pas diagnostiqué, varie de 91% à 99%. La

puissance de prédiction négative (NPP) qui concerne la proportion de sujets diagnostiqués négativement parmi tous les sujets présentant un résultat négatif au test, varie de 93% à 98%. La puissance de prédiction positive (PPP), relative à la proportion de sujets diagnostiqués positivement parmi tous ceux présentant un résultat positif au test, varie de 58% à 80%. Enfin, la puissance de prédiction globale (PPG), c’est-à-dire la proportion de sujets bien classés selon la présence ou l’absence du diagnostic, varie de 88% à 97%, pour les échelles de personnalité et de 84% à 97% pour les échelles de syndromes cliniques, ce qui démontre la capacité du MCMI-II à établir correctement le diagnostic des sujets, dans une proportion supérieure à celle attendue par la chance.

Autres mesures utilisées

Des données sociodémographiques et criminologiques sont utilisées pour apporter une validité externe au modèle généré par l’analyse de regroupement. Les informations disponibles proviennent en majeure partie du témoignage de l’accusé, mais aussi (selon l’accessibilité des données) par le biais des rapports officiels de police et des déclarations des victimes. La plupart des variables externes sont colligées dans un format

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dichotomique (présence ou absence de la caractéristique mesurée) afín de simplifier et d’uniformiser la récolte des données.

Les données sociodémographiques recueillies sont relatives à l’âge du sujet, à la scolarité complétée (études secondaires complétées ou non), au statut civil (célibataire ou non au moment de l’évaluation) au statut occupationnel (à l’emploi ou non au moment de l’évaluation), au nombre d’enfants, aux expériences sexuelles traumatisantes (présence ou absence), aux problèmes liés à l'alcool, à la drogue ou au jeu compulsif (présence ou absence) et aux problèmes de comportement liés à la violence (présence ou absence).

Les données liées à l’histoire criminelle du sujet sont relatives aux antécédents de crimes sexuels (oui ou non), aux antécédents judiciaires non sexuels avec violence (oui ou non) ou sans violence (oui ou non), à l’âge et au genre de la (des) victime(s), au lien (familial ou autre) entretenu avec la (les) victime(s), à la nature des gestes sexuels, à !’utilisation de méthodes coercitives lors de l’agression (oui ou non), à l’intoxication au moment du délit (oui ou non), à !’utilisation de menace, de chantage ou de récompense (oui ou non).

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3.1 Procédure d’analyse des données

La classification clinique initiée par Themen (1999) avec le même échantillon sert d’amorce à la vérification statistique. L’auteure observe que les 10 principaux profils MCMI-II, repérés grâce aux deux premières élévations significatives d'échelles, pourraient se découper d'une façon encore plus économique. En omettant son groupe de sujets inclassables (N=23 sur 105), Therrien entrevoit en effet une réduction possible du nombre de catégories qui permettrait d'obtenir des sous-groupes plus larges, ouvrant ainsi la voie aux analyses multivariées. La découpe proposée par Therrien et illustrée au tableau 2 est définie par la terminologie suivante : profil défensif, profil antisocial- colérique et profil de rapprochement-évitement.

Afin d’intégrer au modèle les 23 profils présentant des configurations d’échelles marginales, un examen clinique plus exhaustif est conduit, en tenant compte cette fois de la totalité des élévations significatives d’échelles de chaque profil. On suppose avec une telle procédure que la plupart des sujets difficilement classables parviendront à être incorporés aux grandes catégories de sujets. De fait, les 23 profils sont reclassés assez aisément à l’intérieur des trois groupes de Therrien. Le rationnel de la démarche est le suivant. D’abord, les profils présentant une seule élévation significative d’échelle sont regroupés au sein du profil défensif, car on suppose une certaine retenue chez un individu se reconnaissant dans un seul trait de personnalité. Ensuite, les profils restants sont classés selon la portée clinique de l’ensemble des échelles significatives, en accordant une importance particulière aux échelles dont le BR est supérieur à 84, car on suppose qu’elles apportent une coloration particulière au profil. Le Tableau 3 illustre les résultats de cette répartition.

Figure

Tableau 2 : Groupes typologiques proposés par Therrien (1999)
Tableau 5 : Matrice de concordance entre les profils de Therrien (1999) et les  profils k-means
Tableau 6 : Moyennes, écart-types et analyses de variance univariées des échelles  MCMI-II en fonction des classes issues de l’analyse k-means  Échelles du MCMI-II Profil 1 (N=39) Profil 2 (N=21) Profil 3 (N=45) Sign
Tableau 7 : Répartition des sujets en fonction des variables sociodémographiques  à l'étude
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