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Attention sélective et prise de décision chez les volleyeurs : comparaison entre passeurs et autres joueurs

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Academic year: 2021

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Texte intégral

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Attention sélective et prise de décision chez les

volleyeurs : comparaison entre passeurs et autres

joueurs

Thèse

Daniel Fortin-Guichard

Doctorat en psychologie

Philosophiæ doctor (Ph. D.)

Québec, Canada

(2)

Attention sélective et prise de décision chez

les volleyeurs : comparaison entre passeurs

et autres joueurs

Thèse

Daniel Fortin-Guichard

Sous la direction de :

Simon Grondin, directeur de recherche

Christiane Trottier, codirectrice de recherche

(3)

Résumé

En psychologie du sport, les capacités perceptivo-cognitives des athlètes ont surtout été étudiées selon le paradigme experts-novices (Wrisberg, 2001). Selon le contexte à l’étude (p. ex. expertise, représentativité des tâches), le nombre et la durée des éléments visuels fixés varient (Broadbent et al., 2015). Toutefois, une constante demeure : les athlètes experts anticipent plus efficacement la suite de l’action que des novices (McRobert et al., 2011).

Au cours des deux dernières décennies, des chercheurs ont comparé les capacités perceptivo-cognitives d’experts entre eux parmi plusieurs sports (p. ex. soccer, taekwondo, volley-ball). Ces études vérifient si de subtils facteurs permettent de mieux comprendre la performance experte en sport (p. ex. Milazzo et al., 2015). Un facteur ne semble toutefois pas avoir été étudié, soit la responsabilité décisionnelle. Dans une perspective d’expertise, le volley-ball est intéressant car la spécialisation à une position y est marquée. Plus important encore, l’une des positions au volley-ball, celle du passeur, comporte une plus grande responsabilité décisionnelle que les autres. En effet, ces joueurs doivent fréquemment décider à quel attaquant envoyer le ballon pour maximiser les chances de marquer le point. L’objectif général de la thèse est de vérifier si des différences perceptivo-cognitives existent entre des experts ayant une grande responsabilité décisionnelle en raison de la position occupée et d’autres experts issus du même domaine. Deux études ayant des buts spécifiques sont incluses dans la thèse pour répondre à cet objectif. La première étude est basée sur le Recognition-Primed decision model (RPDM). Ce modèle explique comment des experts prennent des décisions lors de situations issues de leur domaine d’expertise. Le but de l’étude est de comparer, sur la base du modèle, le processus d’anticipation des passeurs avec celui d’autres experts et de non-experts. Vingt-cinq passeurs, 36 autres experts et 19 contrôles ont visionné 50 séquences vidéo de volley-ball : 10 services, 10 réceptions, 10 passes, 10 attaques et 10 contres. Les séquences s’arrêtaient 120 ms avant le contact du joueur avec le ballon et les participants devaient expliquer verbalement

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leur processus d’anticipation en répondant à quatre questions : « Que feriez-vous face à cette situation? », « Que regardiez-vous ? », « À quoi pensiez-vous ? » et « Qu’est-ce qui vous a mené à prendre cette décision? ». Les réponses ont été transcrites verbatim et transformées en score de ressemblance avec le modèle, où des points étaient attribués en fonction du nombre et de la pertinence des verbalisations en lien avec le modèle. Les résultats révèlent que les scores des passeurs étaient plus élevés que ceux des autres experts et que ceux des contrôles. Les autres experts ont aussi obtenu de meilleurs scores que les contrôles. Les résultats valident le RPDM et montrent son utilité pour identifier des décideurs clés. La seconde étude présente des résultats obtenus à l’aide de mesures plus fréquemment utilisées en psychologie du sport, soit le suivi des mouvements oculaires et l’efficacité d’anticipation. Les mêmes participants que ceux de la première étude (en plus d’un passeur et d’un contrôle supplémentaire) ont visionné les mêmes séquences vidéo. Lors de l’occlusion des séquences, les participants devaient prédire la direction du ballon. De plus, leurs mouvements oculaires sur l’écran d’ordinateur étaient enregistrés. Les résultats révèlent que les passeurs et les contrôles fixent plus souvent, mais en moyenne moins longtemps, que les autres experts. Toutefois, les deux groupes d’experts anticipent mieux la direction du ballon que les contrôles. Une analyse dynamique des mouvements des yeux indique que le haut du corps du joueur adverse juste avant le contact est un indice visuel important dans toutes les situations de jeu. Les résultats montrent que les passeurs forment un sous-groupe d’experts qui se distinguent par la façon avec laquelle ils lisent le jeu, sans pour autant être meilleurs pour l’anticiper.

Considérés dans leur globalité, les résultats des deux études indiquent que les passeurs ont une façon spécifique de chercher des informations visuelles et d’expliquer leurs décisions. Ces résultats suggèrent que la responsabilité décisionnelle peut être un facteur à considérer pour diversifier les capacités perceptivo-cognitives des athlètes. Il est recommandé que des études sur le terrain soient menées, tant en volley-ball que dans d’autres sports où une position ayant une responsabilité décisionnelle peut être identifiée (p. ex. quart-arrière au football).

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Abstract

In sports psychology, researchers mostly analyzed athletes’ perceptual-cognitive skills using the “experts-novices” paradigm (Wrisberg, 2001). Depending on the research context (e.g., expertise, task representativeness), the number and duration of ocular fixations vary (Broadbent et al., 2015). However, one result seems consistent from one study to the next: expert athletes anticipate better the follow-up action than novices do (McRobert et al., 2011).

In the last two decades, an observable trend in sports psychology invites researchers to clarify the notion of perceptual-cognitive expertise by comparing expert athletes among themselves. These studies aim at isolating subtle factors involved in expert performance (e.g., Milazzo et al., 2015). A factor yet to be studied in this perspective concern decisional responsibilities. From an expertise perspective, volleyball is quite interesting: it is one of the sports where specialization in a specific position is the most marked. Most importantly, one position, namely the setter, involves greater decisional responsibility than other positions. They frequently have to decide to which hitter they need to set the ball to in order to maximize the chances of scoring. Therefore, the general goal of the thesis is to compare experts with important decisional responsibility with experts from the same domain having less responsibility. Two studies with specific goals address this question.

The first study is based on the Recognition-primed decision model (RPDM). The RPDM explains how experts make decisions when facing situations from their area of expertise. The aim of the study is to analyze, with respect to the model, how setters differ regarding anticipation process compared to other experts and non-experts. Twenty-five setters, 36 other players and 19 controls viewed 50 volleyball video sequences: 10 services, 10 receptions, 10 sets, 10 attacks and 10 blocks. Sequences stopped 120 ms before ball contact and participants had to explain their anticipation process by answering four questions verbally: “What would you do facing this situation?”, “What were you looking at?”, “What were you thinking of?” and “What led you to this decision?”. Answers were transcribed verbatim. Scores

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were computed, where points were awarded depending on verbalization number and relevance with the model. Results revealed that setters scored generally higher than other players and controls. Other players also had higher scores than controls. Results support the validity of the RPDM to explain how volleyball players with different levels of decision-making responsibilities differ. Discussion suggests the validity of the RPDM and to use it as a tool to identify key decision-makers.

The second study considers more frequent perceptual-cognitive measures, namely eye movement and anticipation efficacy. The same participants as in the first study (in addition to a supplementary setter and a control) watched the same video sequences. Sequences stopped 120 ms before ball contact and participants, whose eye movements were recorded, had to predict the ball direction. Results revealed that setters and controls made more but shorter fixations than other players. However, both expert groups made better predictions than controls. Dynamic analysis of eye movement over time shows that players’ upper body is a most relevant attentional cue right before all types of ball contact, as both expert groups attend this specific area of interest more than controls. Results are discussed in terms of decision-making responsibilities to identify key decision-makers in volleyball and in general. Results point towards specific perceptual-cognitive abilities found in setters and support the idea that setters constitute a subgroup of experts, although they are not better than other players in anticipating the game.

Taken altogether, the results from both studies indicate that setters can be considered a subgroup of expert volleyball players, as they present with a different way of gathering visual information and explaining their anticipation process. These results suggest that decisional responsibility could be considered as a factor in diversifying athletes’ perceptual-cognitive skills. It is recommended that in-situ studies be carried out, both in volleyball and in other sports where a position with decision-making responsibility can be identified (e.g., quarterback in American football).

(7)

Table des matières

Résumé ... ii

Abstract ... iv

Table des matières ... vi

Liste des figures ... viii

Liste des tableaux ... x

Liste des abréviations ... xi

Remerciements ... xiii

Avant-propos ... xxii

Introduction... 1

Chapitre 1 – Recension des écrits sur le développement de l’expertise, l’attention sélective et la prise de décision en sport ... 5

1.1. Le développement de l’expertise ... 5

1.1.1. La pratique délibérée ... 6

1.2. L’attention sélective ... 9

1.2.1. Les rapports verbaux ... 13

1.2.2. Les mouvements oculaires ... 14

1.2.3. L’attention sélective en psychologie du sport ... 16

1.3. La prise de décision ... 19

1.3.1. Modèle de la reconnaissance amorcée... 20

1.3.2. La prise de décision en psychologie du sport ... 23

1.4. Comparaison des capacités perceptivo-cognitives entre athlètes experts ... 28

Chapitre 2 – Objectifs et hypothèses ... 34

Chapitre 3 – Étude 1 : Analysis of the typicality of volleyball situations with the Recognition-primed decision model ... 37

3.1. Résumé ... 38

3.2. Abstract ... 39

3.3. Introduction ... 40

3.3.1. Decision-making and anticipation in sports ... 40

3.3.2. The Recognition-primed decision model ... 42

3.3.3. The RPDM in volleyball ... 46

3.3.4. The present study ... 47

3.4. Method ... 48

3.4.1. Participants ... 48

3.4.2. Material ... 49

3.4.3. Measures ... 51

3.4.4. Procedure ... 55

3.4.5. Research design and data analysis ... 56

3.5. Results ... 57

3.5.1. Examples of verbalizations (free translation from French) and scoring breakdown ... 57

3.5.2. Percentage of similitude with the RPDM (initial score) ... 58

3.5.3. Percentage of similitude with the RPDM (continuous score)... 62

3.5.4. Variation of the RPDM used ... 63

(8)

3.7. Acknowledgments ... 71

3.8. Declaration of conflict of interests ... 71

3.9. References ... 72

Chapitre 4 – Étude 2 : Decision-making and dynamics of eye movements in volleyball experts ... 75

4.1. Résumé ... 76

4.2. Abstract ... 77

4.3. Introduction ... 78

4.3.1. Comparison of perceptual-cognitive skills among experts ... 81

4.3.2. The present study ... 83

4.4. Methods ... 84

4.4.1. Participants ... 84

4.4.2. Material ... 86

4.4.3. Measures ... 87

4.4.4. Procedure ... 89

4.4.5. Research design and data analysis ... 90

4.5. Results ... 92

4.5.1. Number of fixations ... 92

4.5.2. Average fixation duration ... 93

4.5.3. Number of AOI fixated per sequence ... 93

4.5.4. Number of correct predictions ... 95

4.5.5. Predicted probability that an AOI is fixated according to time ... 96

4.6. Discussion ... 102

4.6.1. Number of fixations and duration ... 102

4.6.2. Exploring the AOIs fixated ... 104

4.6.3. Limitations, strengths and future studies ... 106

4.6.4. Conclusion ... 108

4.7. References ... 109

4.8. Acknowledgments ... 113

4.9. Author contributions statement ... 113

4.10. Competing interests ... 113

4.11. Supplementary material... 114

Chapitre 5 – Discussion générale ... 131

5.1. Synthèse des résultats ... 131

5.2. Intégration théorique des résultats ... 134

5.2.1. L’expertise ... 134

5.2.2. L’attention sélective ... 136

5.2.3. Prise de décision ... 138

5.3. Contributions pratiques... 140

5.4. Considérations méthodologiques et limites ... 149

Conclusion... 154

Recommandations ... 154

Bibliographie ... 157

Annexe A – Formulaire de consentement ... 169

Annexe B – Questionnaire d’admissibilité et de renseignements généraux ... 174

Annexe C – Questionnaire sociodémographique ... 182

(9)

Liste des figures

Chapitre 3

Figure 3.1. Recognition-prime decision model and its variations (Klein, 1989) ... 45 Figure 3.2. Mean percentages of agreement with the Recognition-Primed

Decision Model (initial score) according to group and sequence types.

Error bars represent the standard error of the means ... 59

Figure 3.3. Mean percentages of agreement with the Recognition-Primed

Decision Model (continuous score) according to group and sequence type.

Error bars represent the standard error of the means ... 62

Figure 3.4. Proportion of each variation of the Recognition-Primed Decision

Model used according to group and sequence type. Proportions within a

same position and a same type of ball contact totalize 100% ... 64

Chapitre 4

Figure 4.1. Mean number of fixations per sequence according to group and

sequence types. Error bars represent the standard error of the means. Lines between data points are meant to facilitate the distinction between sequence types across groups, and not to presume of any quantitative link

between groups ... 92

Figure 4.2. Mean fixation duration according to group and sequence types. Error

bars represent standard the standard error of the means. Lines between data points are meant to facilitate the distinction between sequence types across

groups, and not to presume of any quantitative link between groups ... 93

Figure 4.3. Mean number of AOIs fixated per sequence according to group

and sequence types. Error bars represent the standard error of the means. Lines between data points are meant to facilitate the distinction between sequence types across groups, and not to presume of any quantitative link

between groups ... 94

Figure 4.4. Mean correct predictions according to group and sequence types.

Error bars represent the standard error of the means. Lines between data points are meant to facilitate the distinction between sequence types across

groups, and not to presume of any quantitative link between groups ... 95

Figure 4.5. Predicted probability that an AOI is fixated according to time

(10)

Figure 4.6. Predicted probability that an AOI is fixated according to time

and group for bumps ... 97

Figure 4.7. Predicted probability that an AOI is fixated according to time

and group for sets ... 98

Figure 4.8. Predicted probability that an AOI is fixated according to time

and group for attacks ... 99

Figure 4.9. Predicted probability that an AOI is fixated according to time

and group for blocks ... 100

Chapitre 5

Figure 5.1. Nombre moyen de fixations par séquence en fonction du groupe, du

type de séquences et des variantes du RPDM. Les barres représentent les erreurs standard des moyennes ... 145

Figure 5.2. Durée moyenne des fixations en fonction du groupe, du type de

séquences et des variantes du RPDM. Les barres représentent les erreurs

standard des moyennes ... 146

Figure 5.3. Pourcentage de prédiction correctes en fonction du groupe, du type de

séquences et des variantes du RPDM. Les barres représentent les erreurs

(11)

Liste des tableaux

Chapitre 3

Table 3.1. Sociodemographic Characteristics of Setters, Other Players

and Controls ... 49

Table 3.2. Operationalization of each By-product of the Recognition-Primed

Decision Model for the Continuous Score ... 54

Table 3.3. Most Frequently Reported Cues According to the Type of Ball

Contact, with Examples of Frequently Reported Rules ... 60

Chapitre 4

Table 4.1. Sociodemographic Characteristics of Setters, Other Players

and Controls ... 85

Table 4.2. Areas of Interest (AOIs) for Each Type of Video Sequences ... 89 Table 4.3. Criteria for Selecting the Appropriate Number of Degrees for each

Model Regarding Predicted Probability that an Area of Interest is Fixated

According to Time and Group for each Type of Sequence ... 101

Chapitre 5

Tableau 5.1. Corrélations de Pearson entre le score de ressemblance au

Recognition-Primed Decision Model d’une part et l’efficacité d’anticipation

(12)

Liste des abréviations

RPDM : Recognition-Primed Decision Model GEE : Generalized Estimated Equations

(13)

À Yas et No, mes sœurs, avec tout mon amour et mon admiration.

À P’pa, m’man et Lise, mes parents, avec tout mon amour et ma gratitude.

À mes amis, la famille que j’ai choisie, avec tout mon amour et ma complicité.

(14)

Remerciements

Ce sera probablement très cliché que de caractériser mon passage au doctorat et l’écriture de cette thèse comme étant une aventure. Je me dis que si c’est devenu un cliché, c’est qu’il y a probablement du vrai quelque part là-dedans. En tout cas, cette fois-ci, je m’aligne avec le stéréotype : quelle épopée! Une fierté immense m’habite d’avoir complété cette thèse. Obtenir mon doctorat n’aura pas été mince affaire et je suis passé à travers; je dirais même que je suis encore deboute. Et j’insiste, je ne suis pas debout, mais bien deboute. Étrangement, mon doctorat ne constitue pas ma plus grande fierté issue de mon passage à l’Université. Avoir choisi de grandir et m’être donné le droit d’être moi-même sont mes plus grandes réalisations.

À la fin de mon baccalauréat (jadis déjà), j’ai suivi un cours qui se nommait

Présentation orale en public. Lors de la dernière semaine, l’enseignante a fait le tour

de tout le monde dans la classe pour dire quelques mots sur chacun. Quand ça a été mon tour, elle a dit : « Daniel, eh boy qu’on ne sait pas au début si on l’aime lui. On finit par l’aimer, mais en tout cas dès le début, on sait qu’on ne pourra pas être indifférent. » Vous comprendrez qu’à l’époque, pour moi, c’était une victoire. J’avais cette faim insatiable de laisser une trace profonde dans toutes mes rencontres, qu’importe la nature de la trace. Je voulais être le gars dont on se souvient. Dont tout le monde se souviendrait. Mais à passer la gratte aussi largement, on ne sait plus ce qu’on ramasse. On fait de la place à trop de gens dans notre vie, on s’oublie et on ne distingue plus les gens avec qui on connecte vraiment des autres. Aujourd’hui, ma plus grande fierté ce n’est pas mon doctorat. C’est d’être capable de laisser des gens indifférents après mon passage et d’être moi-même capable d’être indifférent à d’autres.

Par contre, de nombreuses personnes ne m’ont pas laissé indifférent et méritent d’être remerciées pour leur contribution personnelle ou professionnelle (ou les deux) à la complétion de cette thèse. On m’a dit au début de mon doctorat une phrase qui m’a marqué : « Le propre d’une thèse, c’est de la faire seul, c’est d’être

(15)

Certes, la rédaction, les séminaires et certaines réflexions se font seuls. Mais les meilleures idées naissent de conversations. Et surtout, sans soutien moral, je ne pense pas que ce soit possible d’y arriver. Ainsi, à ceux et celles qui ont eux aussi choisi de rester dans cette gratte autrefois beaucoup trop large, je vais prendre le temps de vous remercier un à un. Vos apports à mes travaux de recherches ont été variés et importants, mais vos apports à ma vie personnelle seront ceux que je soulignerai surtout parce que sans vous, je ne pense pas que je me serais rendu au boute.

Je commencerai par mon très cher superviseur de thèse, Simon. Merci Simon de m’avoir fait confiance dans un projet qui te sortait drastiquement de ta zone de confort. J’ai senti que tu croyais en moi et tu m’as laissé aller, tout en m’épaulant du début à la fin. Ta rapidité à retourner des rétroactions sur un texte ou une présentation est vertigineuse, mais ça nous permet d’avancer. Merci de m’avoir permis de manger pendant mes études doctorales à travers le support financier du lab et de m’avoir ainsi permis de progresser vers le chercheur que je suis aujourd’hui. Confronter des idées, se laisser aller à des projets avec des partenaires inespérés; c’est aussi ça être supervisé par toi. J’ai senti que j’avais toute ta confiance pour aider à l’encadrement d’autres étudiants, à participer à toutes les activités du lab, et éventuellement à me laisser aller à l’autre bout du monde, deux fois plutôt qu’une. Mais surtout, Simon, merci pour ton écoute et ta porte ouverte. Merci pour nos 1001 discussions hockey. Merci d’être devenu, avec les années, une figure d’attachement sécuritaire sur qui j’ai toujours pu compter. Merci d’avoir été l’un de mes mentors. Merci pour ton amitié. Merci Simon.

Merci aussi à ma cosuperviseure Christiane. Merci de m’avoir laissé le lousse dont j’avais besoin pour développer mon autonomie en tant que chercheur. Malgré ça, j’ai toujours senti que tu étais présente si j’avais besoin de quoi que ce soit. Ta bonne humeur est contagieuse et ton désir de garder ton équipe toujours active m’aura appris l’importance de continuer à bûcher même lorsque la motivation était moins présente. Merci aussi pour les opportunités de financement, de stages et de publications en dehors de mes études doctorales : dans tous ces cas j’ai toujours

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senti ton support en cas d’incertitude. Merci également pour ta présence dans les moments difficiles personnels et professionnels. Merci Christiane.

Merci à François Vachon pour ses commentaires constructifs tout au long de la réalisation de ma thèse. Je considère que mon travail en est sorti grandement enrichi. Tu m’as sorti du trouble à quelques reprises avec des prêts de matériel et des suggestions de lecture clés et je t’en remercie.

J’aimerais prendre le temps de remercier quelques personnes qui ont contribué d’une manière ou d’une autre à mon projet de thèse ou à ma jeune carrière de chercheur, sans pour autant avoir fait partie de mon quotidien des cinq dernières années. J’aimerais commencer par Pascal Clément et Rock Picard, des entraîneurs de volley-ball chevronnés qui m’ont permis d’assurer la validité des stimuli vidéo de ma thèse. Un merci particulier à Anne-Sophie Julien, statisticienne, qui m’a grandement aidé à analyser et présenter les résultats de mouvements des yeux de l’Étude 2. Merci à Alain Vigneault pour son amitié, pour les opportunités professionnelles qu’il m’a offertes et pour m’avoir permis de développer mon réseau de contacts dans des sphères du monde du sport extrêmement difficiles d’accès. Justement, l’un de ces contacts a été auprès des Remparts de Québec et j’aimerais remercier Steve Bélanger, Christian Vermette et Patrick Roy d’avoir permis à notre équipe de recherche de mener des études complètement flyées et stimulantes en parallèle de nos thèses. J’aimerais prendre une seconde pour remercier Damian Farrow, chercheur australien auprès de qui j’ai eu l’occasion de mener un stage de recherche extrêmement enrichissant. Merci à l’équipe de recherche au sein de laquelle j’évolue présentement à Amsterdam. David Mann, Geert Savelsbergh et tous les autres du Department of Human Movement Sciences, vos idées me font grandir quotidiennement et votre bonté a facilité mon acclimatation à une culture drastiquement différente de la mienne. Merci à Johnathan Crépeau qui m’a d’ailleurs aidé à connaître l’existence de cette offre d’emploi, avec qui j’ai pu confronter mes idées en sciences cognitives du sport et avec qui je partage un paquet d’intérêts. Merci mon chum. Dans cette lignée, merci aux gars de la LIGEQ pour avoir apprécié mon intensité et continuer à me demander conseil sur le hockey même si ça fait déjà

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quelques années que j’ai quitté. Finalement, merci à mes coéquipiers et entraîneurs d’Ultimate frisbee des dernières années pour m’avoir permis de lever la soupape lorsque j’en avais besoin et d’apprécier mon intensité et mes multiples interventions verbeuses.

Merci à ma famille. À vous, à qui j’ai principalement dédié cette thèse, je vous remercie pour votre support moral et votre curiosité. Dans la vie, on ne choisit pas avec qui on partagera des liens de sang. Et aujourd’hui, je ne peux pas assez remercier la vie d’avoir la famille que j’ai. Je ne m’en cacherai pas, ça n’a pas toujours été le cas. Mais quand je pense à vous m’man, Lucie, p’pa et Lise, je comprends aujourd’hui tout à fait que ça peut être difficile de vouloir donner à quelqu’un qui semblait montrer tellement d’assurance et qui semblait déjà tout avoir. Merci d’avoir fait tout ce que vous avez pu tout au long de ma vie, même si je n’en ai pas toujours semblé reconnaissant. Merci de vous montrer ouverts à mes suggestions et de fournir une écoute lorsque j’en ai besoin. Mais surtout, merci d’avoir choisi de « stepper in » récemment et d’aujourd’hui partager avec moi un lien d’attachement indélébile que plus rien ne pourra briser. Ma famille, c’est aussi mes deux sœurs. Merci à Yas et No d’avoir été deux perles dans ma vie. Je vous admire pour votre maturité et votre curiosité. Je ne pourrai jamais assez remercier la vie d’avoir fait en sorte que nos chemins se chevauchent. Des liens comme ça vont bien au-delà des liens du sang et on le sait tous les trois depuis longtemps. Vous êtes mes confidentes et mes amies. Je sens que j’ai toute votre confiance et que je pourrai toujours compter sur vous. J’ai confiance que vous ferez votre place dans la vie, la place que vous aurez choisie. Une grande portion du travail liée à cette thèse s’est fait en pensant à vous. Vous êtes des sources intarissables de motivation. Merci à vous, ma famille, je vous aime.

Passer 10 ans à l’École de psycho comme étudiant veut aussi dire multiplier les équipes de recherche auxquelles on prend part. Ça fait donc pas mal de monde à remercier. Je commencerai par les gens avec qui j’ai partagé des milliers d’heures de recherche pendant mon doctorat, les gens du lab de perception. Merci à Hugo, Audrey-Anne, Jérôme, Antoine, Pier Alexandre, Angéla, Mei Li et Philippe d’avoir

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rendu mon quotidien plus agréable à un moment ou l’autre de mon doctorat. Un merci particulier à Dorian pour son aide lors du recrutement et de la retranscription des verbatims. Merci à Vincent qui m’a grandement enseigné sur les principes statistiques derrière le GEE et pour sa bonne humeur intarissable. Un autre merci particulier à Nic Thibault qui a été mon contre codeur tout au long de l’Étude 1 et qui a su acquérir toute ma confiance pour des tâches de plus en plus complexes. J’ai trouvé en toi un ami et un chercheur prometteur. Merci à André bodé pour sa bonne humeur et sa persévérance sans fin. Lorsque tu as une idée quelque part, elle n’est pas ailleurs. On peut presque y goûter. Merci mon chum. Un merci particulier à Alric, Jamie et François, trois personnes avec qui j’ai connecté sur un paquet d’intérêts, de qui l’écoute m’a été précieuse et dont la qualité remarquable du travail et de leurs personnes me font croire en un futur brillant à l’École de psychologie. Je vous aime mes amis. J’aimerais prendre une seconde pour remercier du fond du cœur quatre personnes avec qui, pour une raison ou pour une autre, je ne me serais jamais attendu à connecter autant, mais qui sont devenues des amis précieux. Claudie, Joanie, Louis-Charles et Esteban, vous êtes mes révélations du doctorat. Je vous aime profondément, gardez votre folie. Je sens que je peux être moi-même en votre compagnie et je vous remercie pour ce cadeau. Et finalement un merci particulier à Émie. Tu es l’une des personnes les plus brillantes, curieuses et cultivées que je connaisse et je te remercie d’avoir conçu avec moi l’équivalent d’une thèse sur le hockey en plus de nos thèses respectives. Lorsque je travaille avec toi, j’ai l’impression que rien ne peut nous arrêter, que mon cerveau roule à 300 à l’heure. À ton contact, j’ai choisi de grandir, j’ai choisi de devenir une meilleure personne. À ton contact, j’ai développé mon sens critique, ma rigueur et ma créativité, je suis devenu un meilleur chercheur. Merci Émie.

En plus du lab de perception, j’ai eu la chance de faire partie du lab de recherche en psycho du sport au Département d’éducation physique. Merci à Pénélope, Allyson, Christiana, Roxane, Marie-Christine, Camille, Stéphanie, Will et Joey pour vos idées et rétroactions lors de mes présentations. Un merci particulier à Véro et Élise avec qui j’ai partagé de nombreuses heures sur la route et donc eu l’occasion d’échanger, d’apprendre à vous connaître et à me connaître. Vous êtes

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devenues des amies inestimables, des grandes sœurs avec qui je sens un lien puissant qui ne tarira pas. Vous me faites sentir compétent et apprécié. Merci, je vous aime.

Ma dernière équipe, le fameux CQEPTJ, ou comme j’aime les nommer, « les gens du 13 ». D’abord merci à Isabelle de m’avoir donné ma première chance en recherche et de m’avoir gardé comme électron libre pendant toutes ces années. Je me suis senti chez moi dans ton lab Isabelle. Dans le calme comme dans la tempête, j’ai toujours su que j’avais un havre de paix qui m’attendait au 13. Impossible de passer à côté de remercier mon premier mentor, l’érudit Christian. D’abord un boss, puis un collègue et maintenant un grand ami. Ton rire caractéristique, ton écoute remarquable et tes solutions créatives manqueront certainement à mon quotidien, mais je sens bien qu’il ne s’agit là que de partie remise. Merci mon chum. Avec la première gang du 13e, on a fait les 400 coups et j’aimerais remercier David, Doum, Catherine, Mél, Em Vez, FG et Annie pour nos multiples folies, pour m’avoir appris les bases du métier, mais surtout pour avoir été les premiers à me refléter que je n’avais pas besoin d’être « le plus » dans tout, tout le temps, pour qu’on m’apprécie. Avec les générations subséquentes, ça s’est calmé (heureusement), mais merci à Isabelle Smith, Camille, Chanelle et Audréanne d’avoir continué à porter le flambeau du légendaire 13e. J’aimerais prendre une seconde spéciale pour remercier

quelques grands chums. Jo, Ben, Alex et Fred (CQEPTJiens d’adoption), votre humour douteux, vos idées complètement outside the box, votre intensité et votre écoute resteront avec moi à jamais. Je vous aime les gars.

En terminant, j’aimerais remercier une série d’amis à qui j’ai aussi dédié cette thèse. Ils sont la famille que j’ai choisie; ils sont ceux qui m’ont tenu deboute du début à la fin.

Sim. Un gars qui me ressemble sur tellement d’affaires. Un style d’humour avec lequel je connecte et une écoute à tout casser. Merci Sim de répandre la bonne humeur autour de toi et de prendre des nouvelles de temps en temps. En ta présence, les heures plates au PEPS devenaient hilarantes, intéressantes ou sérieuses, mais jamais inutiles. Avoir fondé et assuré la pérennité des PPJT avec

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toi est un honneur que j’espère pouvoir actualiser toute ma vie. Merci mon chum, j’t’aime.

Christo, sans trop vouloir paraître quétaine, je dirais que j’ai trouvé en toi un jumeau. Jumeau non pas seulement parce que nos coches mal taillées se rejoignent (même si c’est le cas), mais parce que nous avons choisi de grandir ensemble, au même moment. Nous avons choisi de faire de ces coches mal taillées nos outils qui nous rendent uniques et appréciables. Merci pour ton écoute, merci pour ta compréhension, merci de me refléter que ce que je suis a de la valeur. Parler de nos dates respectives, de ce qui nous arrive, tout ça me motive à continuer à avancer. T’es un chum pour la vie mon vieux. J’t’aime.

Tét, mon espèce d’énergumène stressé. Le paquet de nerf par excellence, le meilleur public que je connaisse. Te raconter une blague, c’est bon pour l’estime, parce qu’on se sent toujours drôle. Et pourtant, j’ai trouvé en toi une capacité de t’asseoir et d’écouter comme pas deux. La capacité de faire un sens avec un fouillis. La capacité de hucker des longues qui ont de l’allure au Ultimate qui me sont destinées, ça aussi c’est bon pour mon estime. Tu m’inspires par ta curiosité, en t’intéressant à tout, en t’intéressant à moi, en prenant de mes nouvelles, merci Tét. J’t’aime.

Vallée. Si c’était politically correct à ce moment-ci de te traiter de différents noms qu’on entend habituellement dans une chambre de hockey, je le ferais. Parce que c’est comme ça que j’ai l’habitude de te communiquer à quel point tu es important pour moi. Tu m’inspires par ta capacité à t’émerveiller et par ton désir de faire le bien autour de toi. T’as choisi de stepper in dans ma vie au moment où j’en avais le plus besoin et je ne l’oublierai pas de sitôt. Merci Frank, j’t’aime.

Frank Nadeau. Eh boy que je ne suis pas tout le temps en accord avec toi. Mais bonyenne que tu me gardes sur le qui-vive. Merci de me refléter à quel point tu apprécies mon intensité et ce que je suis au-delà de ce que je fais. On partage un sens de l’humour douteux pour des blagues que juste toi pi moi on trouve drôle et j’imagine que ça témoigne d’une connexion assez unique. Nos intérêts communs

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sont innombrables, rendant nos conversations toujours inspirantes. Merci Frank, j’t’aime.

Nic. J’te l’ai déjà dit et j’te le redis, t’es l’une des personnes les plus authentiques que je connaisse. Tu m’inspires par ta simplicité, par ton désir de comprendre les gens qui t’entourent et d’implanter des graines de bonheur dans leur cœur. Ton sens de l’humour me fait du bien, ta propension à m’inviter à des soirées qui commencent à 18h00 alors qu’il est 19h00 me fait sentir important. Une confiance réciproque qui s’actualise régulièrement, ça me fait du bien. Merci d’avoir confiance en mes capacités professionnelles, merci de faire confiance à mes capacités interpersonnelles. Merci Nic. J’t’aime.

SP. Un autre authentique de qui je m’inspire pour m’aider à être moi-même. Ça a l’air contradictoire dit comme ça, mais ce que je veux dire par là, c’est que tu m’as appris c’était quoi s’assumer. J’aimerais dire que je ne sens pas un brin de malice en toi, mais je dois avouer qu’on voit sortir le fin stratège de temps en temps autour d’une bonne table de PPJT. Autrement, sans un brin de malice, toujours à chercher à comprendre le monde qui t’entoure pour y faire le bien. Merci SP de me montrer ton affection comme j’aime montrer la mienne. Tes grosses colles où tu me brises le dos en deux me font du bien. Elles me font sentir bien présent, les deux pieds sur Terre, prêt à me tenir deboute, prêt à avancer. Merci SP, j’t’aime.

Max. Un homme à la curiosité infinie et à l’intensité si spontanée. Au début de notre amitié, je voulais être comme toi. Mais rapidement j’ai compris que notre relation ne serait pas teintée d’une hiérarchie. À travers toi, j’ai compris ce que ça faisait en d’dans que de se sentir égale et compris, mais aussi épaulé. Merci de me faire sentir important en me demandant conseil et en me soulignant que tu ne veux pas que je m’en aille. Merci à Annie et toi de ma faire confiance en me permettant d’avoir une relation privilégiée de mononcle avec votre gars. Merci Max, j’t’aime.

Karèle. Celle qui me connaît par cœur. Celle avec qui j’ai envie de tout partager. Tu es de ces personnes qui ont toujours cru en ma valeur, même quand je n’y voyais plus clair. Tu m’inspires en plaçant quotidiennement tes actions là où

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sont tes mots. J’apprécie que tu souhaites m’inclure dans plusieurs activités, que tu penses aux petits détails qui me concernent et qui me font tellement plaisir. Merci pour tes conseils culinaires, merci de danser bizarre avec moi, merci de me permettre d’être à la fois l’ado masqué que j’étais et l’homme en voie de devenir authentique que je suis. Merci Karèle, j’t’aime.

Et le dernier. P-Y, mon frère, mon ami, mon phare dans la nuit, je te remercie d’être dans ma vie. Il n’y a pas grand-chose que je ne t’ai pas déjà dite, autre peut-être que je te suis infiniment reconnaissant de m’avoir reflété un jour au gym que j’avais une volonté presque infinie. Tu m’as fait prendre conscience ce jour-là de ma plus grande force; et que cette force était en dedans, et non dans le regard des autres. Je me sens compris en ta présence, je ne me sens pas jugé malgré les pires atrocités qui peuvent me passer par la tête. Je t’ai déjà dit que comme Dumbldore l’avait dit à Hagrid, j’irais jusqu’à te confier ma vie. Mais je n’en suis plus là. Ma vie m’appartient, mais je te remercie de me guider lorsque je perds le nord. J’ai une confiance infinie en toi. Merci P-Y, j’t’aime.

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Avant-propos

La présente thèse débute par une introduction, suivie d’une recension des écrits décrivant les principaux thèmes qui sous-tendent les travaux. Deux articles empiriques présentant les résultats des recherches sont inclus. Une discussion générale intègre ces résultats et une conclusion présente des recommandations scientifiques et pratiques. Le formulaire de consentement et les questionnaires auxquels devaient répondre les participants sont placés en annexe de la thèse (Annexe A, B et C). Les deux articles sont présentés tels qu’ils ont été soumis ou publiés, à trois différences près. D’abord le style bibliographique a été ajusté (tant dans le texte que dans les listes de références) à la facture générale de la thèse, soit l’APA 7e édition. Ensuite, les tableaux et les figures ont été déplacés à travers

le texte plutôt qu’à la fin pour faciliter la lecture. Finalement, dans le second article (Chapitre 4), l’article tel que publié présente la section Méthode à la fin de l’article en raison des exigences de la revue ciblée. Afin d’adapter ce chapitre à la facture générale de la thèse (c.-à-d. l’APA 7e édition), la section Méthode a été placée entre

l’introduction et les résultats. Puisque les articles ont été rédigés en anglais, un résumé en français est aussi inclus pour augmenter la portée de la thèse.

Dr Simon Grondin et Dre Christiane Trottier ont supervisé la totalité des travaux de la thèse. Voici les références des deux articles empiriques de la thèse et la contribution détaillée de chacun des auteurs :

Article 1 (Chapitre 3)

Fortin-Guichard, D., Thibault, N., Tétreault, É, Trottier, C., & Grondin, S. (2020).

Analysis of the typicality of volleyball situations with the Recognition-primed decision model. Manuscrit en préparation.

Daniel Fortin-Guichard, auteur principal, a été responsable de la recension des écrits, de l’élaboration du devis de recherche, de la demande d’approbation éthique, du recrutement des participants, de la collecte des données, de l’analyse qualitative et quantitative des données, de l’interprétation des résultats de même

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que la rédaction de l’article. Nicola Thibault a grandement contribué à l’analyse et à l’interprétation des résultats, en plus de commenter la rédaction de l’article. Émie Tétreault a participé à l’élaboration des mesures quantitatives en plus de commenter la rédaction de l’article. Christiane Trottier et Simon Grondin ont guidé de près la recension des écrits, l’élaboration du devis de recherche, l’analyse et l’interprétation des données et la rédaction de l’article.

Article 2 (Chapitre 4)

Fortin-Guichard, D., Laflamme, V., Julien, A.-S., Trottier, C., & Grondin, S. (2020). Decision-making and dynamics of eye movements in volleyball experts.

Scientific Reports, 10, 172-188. https://doi.org/10.1038/s41598-020-74487-x

Daniel Fortin-Guichard, auteur principal, a été responsable de la recension des écrits, de l’élaboration du devis de recherche, de la demande d’approbation éthique, du recrutement des participants, de la collecte des données, de l’analyse quantitative de certaines données, de l’interprétation des résultats de même que la rédaction de l’article. Vincent Laflamme et Anne-Sophie Julien ont grandement contribué aux analyses statistiques et à l’interprétation des résultats, en plus de commenter la rédaction de l’article. Christiane Trottier et Simon Grondin ont guidé de près la recension des écrits, l’élaboration du devis de recherche, l’analyse et l’interprétation des données et la rédaction de l’article. L’article a été publié dans

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Introduction

Depuis de nombreuses décennies, la maximisation de la performance constitue un thème de recherche dans plusieurs disciplines sportives1. Par exemple,

en biomécanique, l’utilisation des muscles ou la précision des mouvements font l’objet d’études afin de vérifier dans quelles conditions physiques les athlètes arrivent aux meilleures performances (p. ex. Ackland et al., 2009; Belluye & Cid, 2001; Vukasevic et al., 2020). Également, en ingénierie sportive, des chercheurs tentent de développer des équipements, matériaux et mécanismes de plus en plus adaptés à l’atteinte de performances supérieures comme des vélos plus aérodynamiques (Arora et al., 2019; Too, 1990) ou des bâtons de hockey sur glace plus légers et flexibles (Hannon et al., 2011).

Dans le domaine de la psychologie du sport, plusieurs chercheurs mettent de l’avant que les performances sportives maximales vont bien au-delà des capacités physiques des athlètes ou des outils matériels qu’ils utilisent. L’exemple le plus marquant relève de l’étude classique sur la facilitation sociale des cyclistes rapportée par Norman Triplett en 1898. L’auteur y comparait la vitesse de cyclistes lorsque plusieurs concourent en même temps plutôt que seuls. Déjà à l’époque, cette étude illustrait un processus social de la psychologie du sport selon lequel de meilleures performances sportives individuelles peuvent être accomplies lorsque des athlètes coursent en même temps par rapport à lorsqu’ils sont seuls.

Depuis cette étude, d’autres aspects psychologiques comme les capacités perceptivo-cognitives ont été étudiés afin d’en vérifier l’impact sur la performance sportive. La cognition réfère aux processus mentaux permettant de traiter les informations perçues par les sens de façon à les transformer, les réduire, les élaborer, les emmagasiner, les rappeler et les utiliser (Neisser, 1967; 2014). Gilovich (1984) rapporte que le contexte du sport constitue l’un des terreaux les plus fertiles pour comprendre les processus perceptivo-cognitifs optimaux de l’humain. Plus

1 Le masculin est utilisé pour alléger le texte, et ce, sans préjudice pour la forme féminine. Par

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précisément, inviter des athlètes experts à exécuter des tâches typiquement issues de leur sport serait la source d’information la plus riche. Cette vision du sport en tant que riche source d’informations pour étudier l’expertise cognitive semble d’ailleurs avoir persisté dans le temps (p. ex. Araújo et al., 2019; Bar-Eli et al., 2006).

En psychologie du sport, les capacités perceptivo-cognitives ont historiquement surtout été étudiées selon le paradigme « experts-novices » (Travassos et al., 2013; Wrisberg, 2001). En effet, plusieurs chercheurs comparent des athlètes experts à des novices sur leur capacité à identifier les régions visuelles pertinentes d’une scène sportive afin d’en tirer un maximum d’informations et d’effectuer une prédiction adéquate quant à la suite de l’action (p. ex. Abernethy & Russell, 1987; Piras et al., 2010; Schorer et al., 2013; Vaeyeyns et al., 2007; Williams et al., 1999). De telles études permettent d’isoler de quelle façon l’entraînement sportif favorise le développement d’habiletés perceptivo-cognitives spécifiques au sport pratiqué. Typiquement, les athlètes experts prédisent correctement plus fréquemment l’action à venir que les non-experts (p. ex. Vansteenkiste et al., 2014). De plus, les experts se distinguent des novices puisqu’ils fixent moins d’éléments visuels, mais fixent plus longtemps certains éléments spécifiques pour en tirer davantage d’informations utiles à la prédiction subséquente (Mann et al., 2007). Il convient de mentionner que cet effet n’est pas systématique puisque certains athlètes experts effectuent de plus nombreuses fixations courtes lorsque davantage de temps est à leur disposition que des novices. Ils fixent plus souvent des régions visuelles contenant des informations utiles par rapport à des régions moins importantes (p. ex. Gegenfurtner et al., 2011; Roca et al., 2011). Aussi, une récente méta-analyse montre que de plus en plus de chercheurs en sport n’arrivent plus à trouver d’effet d’expertise quant au nombre de fixations oculaires et à leur durée, mais continuent d’observer des différences entre experts et novices quant aux régions visuelles préférées (Klostermann & Moeinirad, 2020). Ces résultats laissent entendre que la définition même d’un expert en sport par rapport à ses capacités perceptivo-cognitives est encore nébuleuse.

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Identifier des régions spécifiques d’une scène visuelle relève de l’attention sélective, alors qu’effectuer une prédiction adéquate relève de l’anticipation, une composante de la prise de décision. En effet, l’attention sélective réfère à la direction de l’attention vers une cible particulière en faveur d’une autre à un moment spécifique dans le temps ou à l’intérieur d’une fenêtre temporelle limitée (Lamy et al., 2013; Posner & Boies, 1971). De son côté, la prise de décision est définie comme la capacité à sélectionner la meilleure option parmi un ensemble d’alternatives pour répondre à une situation (Bar-Eli et al., 2011). Ces deux processus cognitifs sont donc centraux en psychologie du sport dans des perspectives d’amélioration des performances sportives et d’expertise.

Les études issues du paradigme « experts-novices » permettent de mieux comprendre les capacités attentionnelles et décisionnelles des athlètes experts qui favorisent l’atteinte des performances sportives les plus élevées. Toutefois, dans les deux dernières décennies, des chercheurs ont comparé des athlètes experts entre eux sur ces capacités afin de vérifier si des facteurs encore plus subtils permettent de mieux comprendre la performance experte en sport (p. ex. Afonso et al., 2012; Gabbett et al., 2007; Milazzo et al., 2015; Savelsbergh et al., 2005). Jusqu’à maintenant, il semble que les athlètes experts puissent se distinguer entre eux en fonction des performances offertes (Savelsbergh et al., 2005), du nombre d’années d’expérience (Milazzo et al., 2015), des capacités décisionnelles préexistantes (Afonso et al., 2012) et de la position occupée dans un sport d’équipe (Gabbett et al., 2007).

Dans la présente thèse, les capacités attentionnelles et décisionnelles de joueurs de volley-ball experts seront comparées sur la base de la position qu’ils occupent et de la responsabilité décisionnelle inhérente à chacune d’elle. Le volley-ball est choisi en raison de sa grande popularité au Québec (Réseau du Sport Étudiant du Québec, 2019) et du fait que les rôles et l’expertise varient grandement d’une position à l’autre (Palao et al., 2014). Les concepts théoriques liés à l’expertise, à l’attention sélective et à la prise de décision seront décrits en détail et rattachés au domaine de la psychologie du sport, avec une attention particulière

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portée sur le volley-ball. Ensuite, les travaux scientifiques plus spécifiques desquels découle cette thèse seront décrits. Deux articles seront insérés dans la thèse, chacun proposant une méthodologie spécifique pour comparer les joueurs de volley-ball selon la position à laquelle ils évoluent. Enfin, une discussion générale visera à intégrer les résultats des deux articles en plus d’élargir leurs portées théoriques et pratiques à la lumière des trois thèmes présentés au prochain chapitre.

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Chapitre 1 – Recension des écrits sur le

développement de l’expertise, l’attention sélective

et la prise de décision en sport

Le présent chapitre vise à dresser un portrait de l’état des connaissances sur les principaux thèmes retrouvés dans la thèse, soit l’expertise, l’attention sélective et la prise de décision. Une recension des écrits sur chaque thème est présentée, accompagnée d’éléments spécifiques à la psychologie du sport et de leurs principales mesures appuyées empiriquement. Enfin, les études visant à comparer les athlètes experts entre eux et qui permettent d’étudier les facteurs les plus subtils impliqués dans la performance sportive sont explicitées.

1.1. Le développement de l’expertise

À travers l’histoire de la civilisation occidentale, la performance individuelle exceptionnelle a souvent été reconnue et même encouragée (Ericsson et al., 1993). Un expert dans un domaine est une personne capable d’obtenir de telles performances de manière constante, sur un ensemble de tâches spécifiques à ce domaine (Ericsson et al., 2018; Ericsson & Smith, 1991). Cette notion permet d’exclure les individus qui arrivent à des performances exceptionnelles à seulement une ou quelques reprises. De telles performances peuvent trop facilement être expliquées par des facteurs environnementaux bien spécifiques ayant créé des circonstances exceptionnelles menant à leurs réalisations (p. ex. conditions météorologiques, absence d’un adversaire clé).

Des études classiques portant sur différentes activités comme les échecs (Chase & Simon, 1973), la musique (Ericsson et al., 1993), les mathématiques (Gustin, 1985) ou le sport (Kalinowski, 1985; Monsaas, 1985) mettent en évidence que pour atteindre l’expertise, il serait nécessaire qu’un individu s’exerce de manière active et volontaire pendant au moins 10 ans ou 10 000 heures. La notion d’implication volontaire est d’ailleurs au cœur d’une théorie du développement de l’expertise bâtie à partir de ces études classiques : la pratique délibérée (Ericsson et al., 1993).

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Avant de détailler cette théorie, il convient de mentionner que plusieurs autres modèles de développement du talent et de l’expertise existent en sport ou dans d’autres domaines (pour une revue détaillée, voir Côté et al., 2012). Par exemple, Côté (1999) propose le modèle développemental de la participation au sport (traduction libre de developmental model of sport participation) dans lequel il invite les enfants à essayer plusieurs disciplines (en y jouant pour le plaisir) avant de se dédier à l’accumulation d’heures de pratique dans une seule spécialité. Côté reconnaît que l’accumulation du nombre d’heures de pratique en bas âge (c.-à-d. spécialisation hâtive) puisse mener au succès. Toutefois, son modèle met en évidence une alternative (c.-à-d. les années d’échantillonnage avant l’investissement et la spécialisation) ayant reçu de nombreux appuis empiriques (Côté & Vierimaa, 2014; MacPhail et al., 2003). Bien que le modèle de Côté offre une explication au développement du talent et de l’expertise, il ne fournit pas de critères pour déterminer ce qu’est un expert. Ainsi, cette thèse s’appuie davantage sur la théorie de la pratique délibérée, du moins, sur une version adaptée en fonction des critiques émises au fil des années. Cette orientation de la thèse est justifiée par son utilité au moment d’identifier des athlètes d’expérience et par le fait que le but n’est pas de prédire le talent futur, mais plutôt de recruter des individus ayant déjà de l’expérience.

1.1.1. La pratique délibérée

L’idée principale de la pratique délibérée porte sur l’importance, certes, d’accumuler 10 000 heures de pratique pour atteindre l’expertise, mais surtout sur la façon dont ces heures sont mises à profit. Selon Ericsson et ses collaborateurs (1993), la simple répétition d’une activité n’améliore que très marginalement la performance et ne favorise pas l’expertise. Plutôt, les individus doivent être prêts à faire des efforts volontaires (délibérés) pour s’améliorer. Ces efforts doivent être exempts de motivations extrinsèques ou même parfois intrinsèques. Autrement dit, un individu n’ayant pas envie de pratiquer à un moment donné, même s’il y éprouve généralement du plaisir, devrait tout de même le faire pour favoriser le développement de l’expertise. Le second élément clé vers l’expertise relève de

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l’adéquation entre la tâche à accomplir et les connaissances préexistantes de l’individu. Ceci permet d’assurer que la tâche est bien comprise et appropriée à son niveau de compétence. Finalement, l’individu en quête d’expertise doit obtenir de la supervision par des experts établis prodiguant des conseils et des rétroactions justes et fréquentes à propos des erreurs commises et des réussites accomplies. À noter que l’individu doit s’engager à faire des efforts délibérés à chaque occasion qu’il a de pratiquer et non seulement lorsqu’il a accès à des supervisions.

Le modèle de la pratique délibérée d’Ericsson et ses collaborateurs (1993) comprend certaines limites devant être mentionnées pour en nuancer la capacité prédictive de l’expertise. Plusieurs auteurs (p. ex. Côté, 1999; Côté et al., 2007; Hambrick et al., 2014; Macnamara et al., 2014) considèrent que ce modèle accorde trop d’importance à ce type de pratique et néglige d’autres facteurs essentiels qui devraient être pris en compte. Pour identifier ces facteurs, des auteurs ont récemment mené des recensions des écrits et des méta-analyses visant à quantifier le pourcentage de variance de la performance expliquée par la pratique délibérée (Hambrick et al., 2014; Macnamara et al., 2014). Hambrick et ses collaborateurs (2014) observent qu’aux échecs et en musique, la pratique délibérée expliquerait 34,0 % et 29,9 % respectivement de la performance. Dans la même lignée, Macnamara et ses collaborateurs (2014) observent que la pratique délibérée en sport expliquerait 20,0 %2 de la performance. De tels résultats illustrent le rôle

important que joue la pratique délibérée dans l’atteinte d’expertise, mais que d’autres facteurs doivent également être pris en compte.

Parmi les facteurs identifiés dans la littérature, on retrouve notamment l’âge au moment où l’activité a débuté, les capacités cognitives et les autres activités connexes pratiquées. En ce qui concerne l’âge du début de pratique, bien que les individus qui débutent plus tôt ont eu accès à davantage de pratique délibérée, la relation entre la performance et l’âge de début n’est pas médiée par le nombre d’heures de pratique délibérée (Gobet & Campitelli, 2007; Howard, 2012). Hambrick

2 Ce nombre provient d’un erratum (Macnamara et al., 2018). Le nombre rapporté dans la

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et ses collaborateurs (2014) suggèrent plutôt l’existence d’une période critique, en bas âge, favorisant l’acquisition d’habiletés complexes comme c’est le cas dans l’acquisition du langage. En ce qui a trait aux capacités cognitives, Meinz et Hambrick (2010) observent que la capacité du maintien actif en mémoire (mesuré à l’aide de quatre tâches expérimentales de mémoire) permet de prédire la performance de pianistes expérimentés en lecture à vue, malgré un lien quasi nul entre cette capacité et les heures de pratique délibérée. Plus concrètement, certains individus ayant une meilleure mémoire à court terme peuvent offrir de bonnes performances, sans avoir à nécessairement réaliser les 10 000 heures de pratique délibérée. Enfin, pour ce qui est de la pratique d’autres activités connexes, Baker et ses collaborateurs (2003) questionnent 28 athlètes évoluant en sport d’équipe au niveau national sur leur parcours de vie pour dégager des facteurs clés dans le développement de leur expertise. Les auteurs notent une corrélation négative (r = -0,54) entre le nombre d’activités sportives différentes pratiquées, organisées ou non, (M = 8,6 [É.T. = 3,6]) et le nombre d’heures de pratique effectuées (M = 3939 [É.T. = 1769]). Dans une récente étude s’inscrivant dans la continuité de celle de Baker et ses collaborateurs (2003), Coutinho et ses collaborateurs (2016) définissent les activités sportives organisées comme celles entreprises dans un contexte formel (p. ex. club, Sport-études), supervisées par un adulte qualifié (p. ex. entraîneur, professeur) et ayant comme but premier d’améliorer la performance. De leur côté, les activités non organisées réfèrent à celles entreprises dans un environnement informel, où le meneur prend aussi part à l’activité et ayant le plaisir comme but premier. Les résultats de Baker et ses collaborateurs (2003) suggèrent que la participation à d’autres activités sportives connexes (avant ou en parallèle) permet de développer des capacités transférables d’un sport à l’autre, allant jusqu’à potentiellement remplacer des heures de pratique délibérée spécifique au sport maîtrisé.

Une recension systématique des écrits menée par Swann et ses collaborateurs (2014) vise à aider les chercheurs en sciences du sport à mieux définir leurs échantillons lorsqu’ils étudient des athlètes de haut niveau. Les auteurs proposent une taxonomie incluant davantage de facteurs que la pratique délibérée.

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En effet, ils ajoutent que le niveau le plus élevé atteint par un athlète, ses succès au plus haut niveau et la popularité de son sport dans son pays et dans le monde devraient également être pris en compte afin de déterminer si un athlète est bel et bien un « expert ». Par exemple, plus un sport est populaire, plus il est difficile d’accéder aux compétitions les plus relevées.

En somme, il apparaît que la pratique délibérée doit être prise en compte parmi un ensemble de facteurs pour considérer qu’une personne est experte dans son domaine. De même, dans le domaine du sport, pour qu’un athlète soit considéré expert, le calcul du nombre d’heures de pratique ne suffit pas. D’autres facteurs, comme le nombre d’activités sportives pratiquées, doivent également être considérés. Le second thème central à la présente thèse concerne l’attention sélective, soit un processus cognitif ayant fait l’objet de nombreuses études en psychologie et en sciences du sport auprès d’athlètes experts.

1.2. L’attention sélective

La sélectivité constitue l’une des caractéristiques de l’attention les plus étudiées, notamment en psychologie du sport (Memmert, 2009). Deux facteurs principaux peuvent influencer la direction de l’attention vers une cible plutôt qu’une autre. Elle peut être dirigée par les données ou par les concepts (Steelman et al., 2011). À noter que certains auteurs argumentent contre cette dichotomie en avançant l’idée que d’autres facteurs doivent être considérés, comme l’histoire de sélection (Awh et al., 2012) ou encore l’effort requis par la tâche en cours (Steelman et al., 2011).

Le traitement dirigé par les données (aussi appelé exogène ou bottom-up) concerne l’incidence des caractéristiques concrètes des stimuli sur la direction de l’attention. Par exemple, plusieurs études illustrent que lorsqu’un stimulus possède une ou des caractéristiques saillantes (c.-à-d. non homogènes avec l’ensemble des stimuli présentés et donc facilement détectables et discriminables; Nothdurft, 2000), ce stimulus attire l’attention plus facilement et produirait un effet de « pop-out » (Treisman, 1986). L’étude de Treisman et Gormican (1988) en constitue un exemple

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typique. Ils observent que lorsqu’une ligne verticale courte (cible) est présentée parmi un ensemble de lignes verticales longues (distracteurs), la cible est détectée plus rapidement que lorsqu’elle est présentée parmi des distracteurs de longueur moyenne. Toutefois, ces études ont été réalisées à l’aide de scènes visuelles simples et statiques peu représentatives de la réalité à laquelle l’humain est confronté.

Lors de scènes complexes et dynamiques (p. ex. tâches ouvertes en sport comme le volley-ball où plusieurs événements se produisent en peu de temps et au cours desquelles le participant ne peut dicter le rythme de l’action), la saillance de stimuli semble affecter différemment le traitement dirigé par les données. Par exemple, Boot et ses collaborateurs (2006) observent que plus une situation est complexe, moins des changements pourtant évidents sont repérés. Plus récemment, Vachon et ses collaborateurs (2012) ont montré que des changements évidents dans une scène visuelle ne sont pas détectés dans près de 18% des cas même s’ils reçoivent de l’attention (c.-à-d. que le regard s’y est posé). Ce résultat suggère que le système visuel capte ces changements, mais la complexité de la scène empêche d’allouer à chacune des cibles suffisamment de ressources attentionnelles pour les détecter toutes. Ainsi, il apparaît qu’en situation complexe ou dynamique (ou les deux), la saillance d’un stimulus ne garantit pas que l’attention y soit dirigée.

Des facteurs liés au traitement dirigé par les concepts (aussi appelé endogène ou top-down), tels que les attentes de l’individu quant aux probabilités qu’un événement survienne ou les consignes à suivre, peuvent également moduler l’attention sélective (Theeuwes et al., 2009). Par exemple, Rensink et ses collaborateurs (1997) observent qu’un changement entre deux photographies attire l’attention plus facilement s’il survient dans une région jugée intéressante que lorsqu’il survient dans une région plus banale. Ce résultat a été corroboré à de multiples reprises. Notamment, l’attention est attirée plus facilement par des changements probables, centraux, pertinents à la scène et/ou dans la figure que lors

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la détection de changements improbables, en marge, impertinents ou dans l’arrière-plan (Beck et al., 2004; Porubanová-Norquist & Sikl, 2013).

Bien que la dichotomie endogène et exogène permette une compréhension simple et efficace de l’attention sélective, où le traitement exogène est vu comme automatique et le traitement endogène comme volontaire, elle a été remise en question dans la dernière décennie. En effet, des auteurs suggèrent une troisième composante au traitement attentionnel sélectif, soit l’histoire de sélection (Awh et al., 2012). L’histoire de sélection se définit comme la préférence attentionnelle pour des stimuli déjà présentés dans un contexte donné. Autrement dit, l’entraînement à une tâche peut modifier les choix attentionnels. Il est même raisonnable de croire que l’entraînement à long terme (c.-à-d. avec l’acquisition d’expertise) puisse influencer la sélectivité attentionnelle. L’histoire de sélection serait distincte de l’influence endogène parce qu’elle va parfois à l’encontre des buts principaux à suivre. Par exemple, Theeuwes et van der Burg (2011) informent des participants, à l’aide du mot « rouge », que la cible à identifier parmi des distracteurs avait 80 % de chance d’être un cercle rouge. La caractéristique indicée variait d’un essai à l’autre pour distinguer l’effet endogène de l’effet exogène. Les résultats n’indiquent pas de bénéfice de l’indice en termes de temps de détection, suggérant que des distracteurs ont aussi capturé l’attention. En fait, les résultats indiquent plutôt que l’indice devait être le même d’un essai à l’autre pour observer une sélection parfaite. Ceci suggère plutôt que l’influence de l’histoire de sélection est déconnectée à la fois du but en cours (endogène) et de la saillance physique du stimulus (exogène). Il convient de mentionner qu’à ce jour, une telle compréhension de l’attention sélective nécessite davantage d’appuis empiriques. Toutefois, les résultats déjà disponibles suggèrent tout de même qu’une modélisation dichotomique de l’attention sélective est insatisfaisante.

D’autres travaux visant à modéliser l’attention sélective au-delà de la dichotomie exogène et endogène portent sur l’effort placé sur la tâche. Steelman et ses collaborateurs (2011) ont proposé le modèle computationnel NSEEV (Noticing = Salience, Expectancy, Effort and Value) visant à prédire comment l’attention est

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distribuée en contexte dynamique. Plus spécifiquement, le modèle tente de prédire l’endroit et la durée des fixations oculaires sur la base de quatre facteurs : la saillance, les attentes, l’effort et la valeur. Ainsi, une région visuelle saillante (c.-à-d. facilement discriminable), qui a beaucoup de chances de contenir la cible (selon l’individu), qui nécessite peu d’effort pour être consultée et qui a le potentiel de contenir des informations de valeur en lien avec la tâche aura plus de chances d’être fixée. Les auteurs proposent une validation de leur modèle en étudiant les mouvements oculaires de pilotes d’avion expérimentés placés dans un simulateur. Le modèle permettait de prédire 90 % de la variance du temps passé à fixer dans toutes les régions d’intérêt et les phases de vol en comparaison avec seulement 8 % pour l’aspect de saillance, 76 % pour la probabilité et 72 % pour la valeur. Ce résultat suggère qu’une intégration des différents aspects de l’attention sélective (c.-à-d. endogène et exogène) offre une compréhension plus complète qu’une approche où ces aspects sont considérés séparément. Il met aussi en évidence une importance relative plus grande du traitement endogène chez des individus expérimentés placés dans des situations issues de leur domaine d’expertise. Il est à noter que ce modèle a été développé dans un contexte de détection de changements, rendant son utilité en contexte sportif limité. Ce modèle ne sera donc pas retenu pour modéliser les mouvements oculaires dans la présente thèse.

Force est d’admettre que l’attention sélective chez l’humain est un thème de recherche toujours en développement. Les études présentées dans cette recension des écrits montrent jusqu’à maintenant que l’attention sélective puisse être étudiée à l’aide des temps de détection et du suivi des mouvements oculaires. D’ailleurs, les mouvements oculaires constituent l’une des mesures de l’attention sélective ayant le plus d’appuis empiriques, notamment en psychologie du sport. Dans ce domaine, des études utilisent également les rapports verbaux, une mesure plus rare en psychologie cognitive fondamentale. Les rapports verbaux et les mouvements oculaires seront utilisés dans la présente thèse et mis en commun afin d’obtenir un portait global du déploiement attentionnel des joueurs de volley-ball.

Figure

Figure 3.1. Recognition-prime decision model and its variations (Klein, 1989).
Figure  3.2.  Mean  percentages  of  agreement  with  the  Recognition-Primed  Decision  Model  (initial
Figure 3.3 illustrates the mean percentage of similitude with the RPDM on the  continuous score and standard error as a function of groups and ball contact types
Figure 3.4. Proportion of each variation of the Recognition-Primed Decision Model used according to group and sequence type
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