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La paroisse de Vasles aux XIVe et XVe siècles : aspects économiques et sociaux

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Academic year: 2021

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(1)

m.

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FACULTE DES LETTRES

\ THESE PRESENTEE A L'ECOLE"-DES GRADUES DE L'UNIVERSITE LAVAL POUR L'OBTENTION DU DIPLÔME D'ETUDES SUPERIEURES

EN HISTOIRE PAR

BENOIT BEAUCAGE

LA_PAROISSE DE_VASLES AUX XIVe__ET XVe SIECLES;_ASPECTS_EÇONOMI£UES_ET SOCIAUX

(2)

Avant-propos

On assiste depuis une vingtaine d'années à un regain d'intérêt pour l'étude des trois derniers siècles du Moyen Age. Alors que de grands travaux s'appliquent à décrire les structures économiques et sociales d'une région donnée (1), d'autres au contraire, s'intéressent plus particulièrement à certains aspects qui ont échappé jusqu'ici au labeur de l'historien (2). Pendant longtemps, les chercheurs avaient fait porter leurs efforts sur la période classique du Moyen Age, celle "de la cathédrale et de la croisade" et celle du

"bon roi Louis". Il est certain que le caractère de maturité des XlVe et XVe siècles, souligné II y a déjà plusieurs an-nées par Johan Huizinga (3)* n'a pas été étranger à ce mouve-ment .

Quelle que soit l'importance de ce mouvement, un examen rapide des plus récentes thèses nous montre que plusieurs ré-gions n'ont pas encore reçu toute l'attention qu'elles méri-tent. Il y a peu de temps, E. Carpentier et J. Glônisson qui présentaient les résultats des études démographiques sur la France du XlVe siècle, déploraient le manque de travaux sé-rieux sur presque toutes les localités de l'Ouest et du Nord

(5).

Il est bon d'autre part de rappeler que les recherches concernant l'état économique et social de la France à la fin du Moyen Age sont souvent gênées par l'absence de monogra-phies qui seules permettent de constater l'impact des phéno-mènes généraux au plus bas niveau qui soit, celui des petites paroisses rurales. Au plan local, il est plus facile de

me-surer l'ampleur des désastres matériels, les difficultés des exploitations seigneuriales et les moyens mis en oeuvre pour les aplanir.

1. G. Fourquin, Les campagnes de la région parisienne à la fin du Moyen Age. Paris, r.U.F., 1964» 3&5 pages; E7 Fournial, Les villes et l'économie d'échange en Forez aux XlIIe et XlVe siècles. Paris, JtvlincKsieck, 1967. 5&5 pages; J. Schneider, La ville de Metz aux XlIIe et XlVe siècles. Nancy, 1950, $95 pages.

2. E. Baratier, La démographie provençale du XlVe au XVIe siècle. Paris, S.E.V.P.E.N., 1961; Ph. Wolff, Commer-ces et marchands de Toulouse, vers 13__0-vers lLj.50. Paris,

Ï95LT.

3. J. Huizinga, Le déclin du Moyen Age. 1ère édit. et trad, françaises, 1932.

Ix* "bilans et méthodes: La démographie française au XlVe siècle", AESC, tome XVII (1962), pp. 109-129.

(3)

Le Poitou accuse un certain retard par rapport à d'au-tres régions, quant à l'état des recherches sur sa situation au Moyen Age. Il existe certes plusieurs excellents travaux

sur le premier âge féodal (6), mais â quelques exceptions près, tous s'arrêtent dès l&jfi*) , . au XlIIe siècle. (7). Alors qu'au début du siècle les érudits analysaient surtout les structures politiques et juridiques du Poitou médiéval, on se tourne plus volontiers aujourd'hui vers les aspects é-conomiques et sociaux.

C'est dans cette optique nouvelle que nous avons entre-pris l'étude de la paroisse de Vasles à partir des années 1220 jusqu'au milieu du XVe siècle. Considérant avec J. Heers

(8) que l'étude des structures était déjà fort avancée, nous avons voulu faire nôtre le conseil que donnait Marc bloch dans son Métier d'Historien (9)> et chercher l'action des hommes derrière l'ensemble des témoignages que le passé nous a transmis. Il est évident que cette attitude donne un ca-ractère descriptif à l'exposé. Elle a cependant l'avantage de nous faire participer à ia vie médiévale, durant une épo-que particulièrement fertile en changements de toute sorte.

6. G.T. Beech, A rural society in medieval France: The Ggtine of Poitou in the XIth and Xllth centuries. Baltimore, 1961; ; W. Garaud, Les châtelains de Poitou et l'avènement du régime féodal (Xle et Xlle siècles), Poitiers, 1967; R. San-façon, Défrichements, peuplement et Institutions seigneuria-les du Xe au XlIIe siècle. Québec, 1967.

7. Il nous faut signaler l'excellente mais très brève étude de J.Salvini. Le diocèse de Poitiers à la fin du Moyen Age, Paris, 191i6.

Ô. J. Heers, L'Occident aux XlVe et XVe siècles, Paris, 1963, P. 263.

9. Marc Bloch, Apologie pour l'histoire ou métier d'historian, Paris, 1961)., p, Ix.

(4)

TABLES DES MATIERES

Avant-propos ii Table des matières iv

Sigles et abréviations vi Sources et bibliographie. ._ vii

Introduction 1 Le milieu géographique de la paroisse de Vasles. Les

do-cuments de l'abbaye Sainte-Croix de Poitiers.

Chapitre I: Du Poitou féodal au Poitou royal: Vasles durant

la paix de Cent Ans Ix

A- La longue querelle des bois: Un nouveau venu aux dents longues, Bouchard de Marly; Un enquêteur permanent, Al-phonse de Poitiers; Croissance et manifestation de la

présen-ce royale.

B- Le contrôle économique de la région de Vasles: succès et résistances: La concentration des droits de percep-tion par une politique concertée d'achats; Un facteur peu con-nu, la structure des fiefs; Des éléments inégaux de résistance,

C- Les origines de Vasles et sa situation à la fin du XlIIe siècle: Le peuplement et l'aménagement du territoire; La réalité des pouvoirs: l'abbaye, la châtellenie et la

parois-se; Le patrimoine de l'église de Vasles.

Chapitre II: Les temps difficiles (13=.0-1_|50) : Crises écono-miques et bouleversements sociaux durant la

guer-de Cent Ans 30 A- Les caractéristiques de la nouvelle structure

féodale: Le Poitou anglais (1356-1373): les aveux et dénombre-ments de 1362 et l'apparition des grands domaines; La recon-quête française et l'accélération de la concentration des fiefs.

B- Une société affaiblie en proie à la crise écono-mique: Les faits mesurables: les difficultés d'exploitation et

la baisse des revenus seigneuriaux, un bas niveau de civilisa-tion matérielle; Une solucivilisa-tion miracle, 1'arrentement; Les des-tructions matérielles et l£S limites, de la reprise économique. C- L'escalade des troubles sociaux et la lente re-montée du pouvoir royal: Le la simple fraude à la

(5)

désobéis-Conclusion 61; Le déclin de l'abbaye Sainte-Croix de Poitiers à la fin

du XVe siècle. Cartes

A- Carte du Poitou au 1/500.000e. B- La région de Vasles au l/80.000e.

C- La grande requête pour l'usage des bois de la châtellenie de Montreuil-Bonnin.

D- Les terres de la paroisse de Vasles, dénombrées en 1362 par R. Glraut du Chllleau et S. Bonnln de la Boulinière. E- La région de Vasles au l/8_;.000e, d'après le géographe

(6)

SIGLES ET ABREVIATIONS

AESC Annales (Economies, Sociétés, Civilisations). AHP Archives historiques du Poitou.

AM Annales du Midi.

AV Archives de la Vienne, série H, Sainte-Croix, liassa

BEC Bibliothèque de l'Ecole des Chartes. BPH Bulletin philologique et historique.

BSAO Bulletin de la Société des Antiquaires de l'Ouest. EHR The economic history Review.

ES Etudes sociales. '

GC Gallia Christiana in provincias eccleslasticas distri-buta.

GR Gallia regia.

MA Le Moyen Age.

MSAO Mémoires de la Société des Antiquaires de l'Ouest. RB Revue bénédictine.

RHEF Revue d'histoire de l'Eglise de France. RM Revue Mwblllon.

(7)

I Sources: A) Manuscrites.

Archives départementales'de la Vienne, série H, Sainte-Croix,

liasse Ixlx: Vasles, Salnt-Philbert et Vausseroux ( 1221-11; jj.0 ) ; quelques textes des liasses 1;5 et 1;6.

B) Imprimées.

Lénifie, Heinrich. La désolation des églises, monastères et hô-pitaux en France pendant la guerre de Cent Ans. Tome I:

"Documents relatifs au XVe siècle". Paris, 1597. (ré imp. anast. 1965). 60& pages.

Guerin, Paul. Recueil des documents concernant le Poitou conte-nus dans les registres de la Chancellerie de France. AnP,

tomes XI, XIII, XVII, XIX, XXI, XXIV, XXVI, XXIX, XXXII. Monsabert, Dom P. de. "Anciens usages de l'abbaye Sainte-Croix

de Poitiers avant la réforme de 1519". ______ 1922, pp. 263-276.

Monsabert, Dom P. de. "Documents inédits pour servir à l'histoi-re de l'abbaye Sainte-Croix de Poitiers". RM, tome IX

(1913-1914). pp. 50-61; 259-282; 373-395.

Teulet, Alexandre. Layettes du trésor des chartes. tome II, Paris, Pion, 1866, 741 pages.

II Bibliographie:

A) Répertoires et cartes.

Cottineau, Dom L.-H. Répertoire topo-bibliographique des abbayes et prieurés. Mâcon, 1935-1939. 2 vol.

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Dupont-Ferrier, Gustave, Gallla régla ou état des officiers royaux des bailliages et sénéchaussées et les institutions monarchiques locales en France s la fin du Moyen Age

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Ledain, Bélisaire. Dictionnaire topographique des Deux-Sèvres. Poitiers, 1902, 357 pages.

Rédet, Louis. Dictionnaire topographique de la Vienne. Paris, l88l, 526 pages.

Rédet, Louis. Inventaire des titres de l'abbaye Sainte-Croix de Poitiers. Manuscrit déposé aux archives do la Vienne. Carte de France au l/60.000e et au 1/500.000e.

(8)

B) Ouvrages généraux et divers.

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Berthet, abbé B. "Abbayes et exploitations: L'exemple de Saint-Claude et des forêts jurassiennes". AESC, tome V (1950), pp. 68-71;.

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(9)

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(11)

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Portejoie, Paulette. Le régime des fiefs d'après la coutume de Poitou. MSAQ, 4ème série, tome III, Poitiers, 1959, 218 pages.

Puis-Vaillant, Félix du. "Notice historique sur le château de Montreuil-Bonnin". MSAQ, 1ère série, tome XXXIV

(1869), pp. 232-265.

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(12)

INTRODUCTION

La paroisse de Vasles (1) est une commune du département des Deux-Sèvres, située à une trentaine de kilomètres à l'Ouest de Poitiers. Elle n'est traversée par aucun cours d'eau di-gne de ce nom. Elle est cependant bordée au nord par

l'Au-xance qui va se jeter dans le Clain un. peu en aval de Poitiers, après avoir traversé entre autres les paroisses d'Ayron et de Latillé. La marécageuse Boivre prend sa source à faible dis-tance de l'agglomération de Vasles, s'élargit en étang à Mon-treuil-Bonnin et rejoint aussi le Clain, cette fois à Poitiers même. Près des anciens logis seigneuriaux, plusieurs des nom-breux ruisseaux qui sillonnent la région ont été aménagés en étangs dès avant le XlIIe siècle.

D'autre part, la carte d'état-major (2) nous révèle l'exis-tence de nombreux massifs boisés qui ont gardé une certaine im-portance jusqu'au début du XXe siècle: les bois l'Abbesse, de Fontenalen et de la Ratelière. Enfin, l'importance du rôle qu'a joué la forêt dans la vie et l'économie de Vasles nous est montré par la persistance de plusieurs toponymes fores-tiers comme le Chêne, la Touche, les Brousses-Colin. D'ail-leurs, la plupar+des documents (3) antérieurs au XlVe siècle

1. Vasles, cant. Ménigoute, arrond. Parthenay (D.-S.). 2. Carte d'état-major, modèle 1909, au 1/80,000e.

3. De 1221 à 1322, 11+ documents sur 19 concernent des problèmes forestiers. ;

(13)

essarts. Enfin, la Gâtine du Poitou (1+) avec ses terres per-dues à la culture, ses terres gastes, se trouve toute proche. On retrouve des brandes et des terres froides jusqu'aux For-ges (5). Là, c'est sans doute à cause de la grande pauvreté des sols plutôt que par manque d'initiative, que les défriche-ments furent si tardifs (1276) et si décevants (6). Il est

symptomatique que le seigle, céréale pauvre par excellence, occupe, et de loin, la première place dans les redevances sei-gneuriales payées en nature. Les deux principaux instigateurs des défrichements à V&sles furent, au moins jusqu'au milieu du XlIIe siècle (7), les châtelains de Montreuil-Bonnin et les abbesses de Sainte-Croix de Poitiers, ÛV% ';$& f*t\TA&MA.£*JT L**\ JV.Vv'b.CTlOfcl .&v>JC la plus grande partie de la paroisse.

Les destructions de la guerre de Cent Ans et des guerres de Religion sont la cause semble-t-il (8) du fait que la col-lection des documents de l'abbaye Sainte-Croix ne contient que très peu de pièces antérieures au XlVe siècle. A partir de cette époque cependant, les documents administratifs

de-1+. G,T. Beech, ouvr. cit., p. 33 (carte): Le bourg de Vasles qui n'est pas indiqué sur la carte, serait à placer un peu sous La Ferrière (partie droite de la carte).

5. Les Forges, cant. Ménigoute, arrond. Parthenay (D.-S. ). 6. R. Sanfaçon, ouvr. cit., p. 1+2.

7. En 121+2, la châtellenie de Montreuil-Bonnin fut en-levée aux sires de Lusignan et fut incluse dans l'apanage d'Alphonse de Poitiers.

8. Dom P. de Monsabert, "Documents inédits pour servir à l'histoire de l'abbaye Sainte-Croix de Poitiers", RM, tome IX (1913-1911+), p. 50.

(14)

3 viennent de plus en plus nombreux et nous permettent

d'analy-ser, en partie du moins, les changements économiques et so-ciaux que subit l'exploitation rurale du domaine de Vasles. Or, les problèmes de ces lieux changèrent complètement entre la première et la seconde moitié du XlVe siècle. Avant 1350, l'abbaye Sainte-Croix tenta par tous les moyens de protéger ses privilèges forestiers et d'affermir son emprise sur Vasles. A partir de la guerre de Cent Ans, des crises économiques et

sociales successives, caractérisées principalement par le re-fus des paysans d'acquitter leurs redevances et l'apparition de la violence armée, amenèrent l'abbaye à introduire des chan-gements importants dans son administration. A partir de 11+35 enfin, le pouvoir royal put être exercé à nouveau dans les ré-gions assez éloignées de Paris et put obtenir à Vasles du moins, la punition des crimes les plus flagrants. C'est

(15)

Du Poitou féodal au Poitou royal: Vasles durant la paix de Cent Ans.

Durant les premières décennies du XlIIe siècle, trois /

expéditions militaires furent organisées par la monarchie ca-pétienne. En 1201+-1205, Philippe-Auguste ravit le Poitou aux Plantegenêts, mais n'en contrôla que les environs immédiats de Poitiers avant de gagner la Normandie. Immédiatement a-près son sacre, Louis VIII conduisit une chevauchée jusqu'à

La Rochelle durant l'été 1221+, mais elle n'assura pas mieux la domination du Poitou. Au printemps 121+2, l'entrée d'Al-phonse de Poitiers dans son apanage provoqua un soulèvement nobiliaire dirigé par le comte -de la Marche, Hugues de

Lusi-gnan. La faiblesse de l'intervention d'Henri III d'Angleter-re, l'inconsistance de la noblesse poitevine et la vivacité de la riposte de Louis IX, contribuèrent à rétablir rapide-ment la paix. Désormais, et cela pendant un peu plus de cent ans, la paix régna en Poitou; il fut administré tour à tour par le sérieux Alphonse de Poitiers, par des fonctionnaires

du domaine royal et enfin par les princes héritiers français de la première moitié du XlVe siècle.

A) La longue querelle des bols.

(16)

les défrichements furent tels, tant aux confins de l'Europe X

qu'autour des anciens terroirs (1), qu'on accomplit, en Fran-ce par exemple, le plus grand accroissement de la surfaFran-ce culturale depuis les temps préhistoriques (2). Autour de Vasles, les premiers défrichements semblent avoir suivi les cours d'eau dont les rives apportaient la fertilité des li-mons , et l'eau, un moyen de transport relativement peu

coû-teux (3). Puis, on se mit à essarter les brandes et à in-tensifier les déboisements,* de façon à compenser le faible rapport des sols nouveaux par des emblavures plus étendues (1+). Devant un mouvement d'une telle ampleur, les bois de-vinrent rares et l'on se préoccupa de les protéger. Les comp-tes seigneuriaux de l'époque font état des sommes versées aux gardes forestiers et aux verdiers (5), dont l'importance au

sein du personnel administratif alla croissant durant tout l'Ancien Régime. A mesure que la valeur marchande du bois et le rythme de sa consommation domestique augmentaient, les

1. L. Génicot, Le XlIIe siècle européen, Paris, 1969, pp. 311-318.

2. M. Bloch, Les caractères originaux de l'histoire ru-rale française, Paris, tome I, nouv. édit, , 1961+, p .

5-3. Voir la carte C en appendice. Il nous a semblé symp-tomatique que les villages qui réclamaient l'usage des bois de la châtellenie de Montreuil-Bonnin aient tous été situés

sur la Boivre ou l'Auxance. Ce droit qu'ils ont en commun, nous semble le signe d'un défrichement parallèle qui arrait eu lieu vers 1175, alors que Richard Coeur de Lion était duc d'Aquitaine. C'est à peu près de cette date qu'ils disent tenir leur droit d'usage.

1+. Il s'agit ici d'un phénomène d'une ampleur européen-ne, noté par E. Perroy, "Les crises du XlVe siècle", AESC, tome IV (1949), p. 166; et G. Duby, L'économie rurale et la vie des campagnes dans l'Occident médiéval, Paris, tome I, 1962, p. 561+.

(17)

à des procès.

1- Un nouveau venu aux dents longues: Bouchard de Marly.

Le château de Montreuil-Bonnin avait été dès le début du Xle siècle au plus tard, "la maison de plaisance des ducs d'A-quitaine" (7). Il fut acquis par les Plantagenêts grâce au mariage d'Henri II et d'Aliénor, la dernière héritière des ducs

indépendants. Son pouvoir s'étendait (6) sur les paroisses de Montreuil-Bonnin, Bénassy, Béruges, Chiré, Latillé, Vouillé

et sur des portions de celles d'Ayron, Chalandray, La Chapel-le-Montreuil, Saint-Martin-du-Fouilloux, Vasles et Vausseroux

(9). Les paroisses que le châtelain de Montreuil-Bonnin con-trôlait complètement, formaient un bloc compact autour du château. A la périphérie cependant, comme c'était le cas à Vasles, des hobereaux avaient acquis une certaine puissance territoriale, ce qui limitait singulièrement le pouvoir immé-diat du seigneur de Montreuil. Au début du XlIIe siècle, cet-te châcet-tellenie fut accordée à Bouchard de Marly (10), grand seigneur de la cour de Philippe-Auguste, qui possédait déjà

6. Ibid.

7. F. du Puis-Vaillant, "Notice historique sur le châ-teau de Montreuil-Bonnin", MSAQ, 1ère série, tome XXXIV (1669), p. 242.

6. L. Rédet, Dictionnaire de la Vienne, Paris, l88l, p. 277.

9. Nous avons été incapable de représenter graphiquement ia châtellenie de Montreuil à cause de l'interpénétration des juridictions dans plusieurs paroisses.

10. L'acte de donnation ne figure pas dans le Recueil des actes de Philippe-Auguste, édit. par H.F. Delaborde, Pa-ris, 1916-1943, 2 vol.

(18)

des terres dans la région parisienne et en Languedoc (11). Le nouvel arrivant s'intéressa aussitôt à récupérer l'ensem-ble de ses bois, dont l'intégrité était menacée par les con-,

cessions des ducs d'Aquitaine, faites à l'abbaye Sainte-Croix de Poitiers dans la paroisse de Vasles (12). Une charte dou-ble de 1221 entre l'abbesse et Bouchard de Marly (13) nous ap-prend que, de fait, le bois de Vasles appartenait à la commu-nauté religieuse (11+), même s'il se trouvait compris dans la châtellenie de Montreuil-Bonnin. En raison de son droit de garde, Bouchard réclama le tiers des ventes qui y seraient faites. Le bois représentait un autre avantage dont le châte-lain ne se priva pas d'user: celui de pouvoir récompenser à peu de frais ses hommes fidèles, ou d'assurer son salut, en troquant le droit d'usage contre un anniversaire pour le re-pos de son âme et celles de ses proches. En 1225, il concé-da au chevalier Guillaume Bonnin un usage presqu'illimité dans tous ses bois,(l5). Non seulement le bénéficiaire pou-vait prendre tout ce dont 11 apou-vait besoin, tant en bois mort

11. Dom P. de Monsabert, art, cit., p. 80.

12. Le bois avait été enlevé aux moniales par Richard Coeur de Lion; AV, vers 1265, copie d'une charte de 1199.

13. AV, 1221; Monsabert, art, cit., XV.

ll+. AV, 1221 : ". . . convenimus super vendicione nemoris nos-tri et ecclesie nostre in castellania de Mosterolio siti..."

15. AV, 1225. Une copie de cet acte est comprise dans une grande requête adressée â Alphonse de Poitiers vers 1265. Elle y fut sans doute incluse à la demande d'Hugues Bonnin, successeur de Guillaume, a'fin de justifier ses prétentions à l'usage dans les bois de Montreuil-Bonnin. Comme il habi-tait la Bou_J.nière, domaine situé à la limite des paroisses des Forges et de Vasles, c'est sans aucun doute dans les bois de Vasles, qu'il dut principalement utiliser son privilège.

(19)

pour le chauffage qu'en bois vert pour construire, mais il obtenait en plus un droit de pacage pour ses animaux dans tou-te la châtou-tellenie, sauf en quelques taillis et défens. Il é-tait bien dit cependant, et c'éé-tait là la seule restriction, que ce privilège ne pourrait être ni vendu ni concédé par Guil-laume Bonnin. Un an auparavant, Bouchard de Marly avait accor-dé .à l'abbaye cistercienne hotre-Dame-des-Châtelllers (16) un usage plein aux granges de Beauvoir (17) et de l'Aumône (16). Dans ce cas (19) cependant, le droit de pacage était stricte-ment réglestricte-menté. Alors qu'à Beauvoir les bêtes devaient de-meurer sur les terres concédées, elles pouvaient à l'Aumône, paître dans les bois environnants. Sans doute se méfiait-on de l'importance du cheptel ovin des Cisterciens et des dépré-dations qu'il aurait pu commettre. En échange de ce bienfait, l'abbé accorda au châtelain et aux siens un anniversaire.

2- Un enquêteur permanent: Alphonse de Poitiers. En 1227 (20), la châtellenie de Montreuil-Bonnin fut en-levée par la régente à Pierre de Marly, successeur de Bouchard, et vendue à Hugues X de Lusignan. Son insurrection de 121+2. a-mena le roi à reprendre la châtellenie et à l'incorporer à

l'a-16. Les Châtelliers, anc. abbaye, comra. Fomperron, cant. Ménigoute, arrond. Parthenay (D.-S.).

17. Beauvoir, ferme, coram. Ménigoute, cant. Ménigoute, 8rrond, Parthenay (D.-S.).

18. L'Aumône, ferme, comm. des Forges, cant. Ménigoute, arrond. Parthenay (D.-S.).

19. AV, 1221+. Copie, v. 1265.

20. B. Ledaln, Histoire d'Alphonse, frère de saint Louis et du comté de Poitiers sous son administration (1241-1271), Poitiers, 1669, p". 12. Le premier aveu de Montreull-oonnin par Hugues de Lusignan est du 30 mai 1230, A. Teulet,

Layet-tes du trésor des charLayet-tes, Paris, tome II, 1666, no 2052, pp. 175-176.

(20)

panage de son jeune frère. Comme ce dernier préférait admi-nistrer de Paris l'ensemble de ses domaines, il lui fallut or-ganiser un dense réseau de fonctionnaires résidents. A l'ex-emple de Louis IX, Alphonse de Poitiers entreprit de faire sur-veiller ses administrateurs par des enquêteurs itinérants (21). Mais ce système avait quand même des limites et parfois, les particuliers devaient s'adresser directement au comte pour ob-tenir justice. C'est ainsi que vers 1265-1270 (22), les mo-niales de Sainte-Croix auraient elles-mêmes réclamé une enquê-te (23) afin de faire cesser les usages illégaux et les spoli-ations dont elles se disaient les victimes dans les bois de Montreuil-Bonnin (21+). Les dix-neuf communautés d'habitants

et les deux hobereaux qui étaient appelés à témoigner, affir-mèrent tenir ce droit, soit de Bouchard de Marly, soit de

Ri-chard Coeur de Lion. L'abbesse ne contesta pas le fait qu'ils

21. A. Fliche, "L'Etat toulousain", dans l'Histoire des institutions françaises au Moyen Age, tome I: Les institutions seigneuriales, Paris, 1957, p. 94^.

22. AV, vers 1265; L. Rédet, Inventaire manuscrit des ti-tres de l'abbaye Sainte-Croix de Poitiers: "...rôle de parche-min de 1,1 m. de long sur 18 cm. de large, formé de trois mor-ceaux, renfermant...(les copies de diverses chartes et un pro-cès-verbal)"; Dom P. de Monsabert, art, cit., no XXVII, se ral-lie à cette date, après avoir examine une autre hypothèse qui aurait vieilli le document d'une dizaine d'années.

23. Un autre texte de la même époque (AV, vers 1265), fait état de revendications de l'abbaye Sainte-Croix à

Alphon-se de Poitiers. D'autre part, dans une lettre d'Aliarde, prieure de Sainte-Croix (AV, 1263), les moniales disent ap-puyer les revendications de l'abbesse.

21+. Il existe une certaine ambiguïté dans les textes, où l'on parle tour à tour des bois de Montreuil-Bonnin et des bois de Vasles. A notre avis, la paroisse de Vasles était à l'époque féodale couverte de forets. Les comtes de Poitou y venaient chasser fréquemment. C'est pourquoi, compte tenu de la relative imprécision des limites territoriales, il nous a paru essentiel de faire état des contestations qui apparurent à propos des usages dans ces bois, sans nous en tenir stricte-ment aux limites actuelles de la commune de Vasles.

(21)

utilisaient présentement les bols, mais elle affirma qu'ils avaient usurpé cette coutume en mettant à profit les troubles politiques de la première moitié du XlIIe siècle.

En fait, les localités revendicatrices (25) étaient tou-tes situées le long de la Boivre ou de l'Auxance et avaient dû participer aux premiers défrichements locaux à la suite des concessions du châtelain (26). D'ailleurs, les arguments de l'abbesse parurent de plus en plus faibles, au fur et à mesu-re que chacune des communautés d'habitants justifia son droit par une série de devoirsqu'elle rendait au châtelain de Mon-treuil-Bonnin (27). Elles firent si bien que l'abbesse dut accepter de partager l'usage de ses bols (26).

Le pouvoir du châtelain était très fortement implanté à Vasles et dans les environs, comme le montrent les dépositions des habitants de la région. A Bôruges (29) et à Montreuil

(30), chaque maître de maison (caput hospicil) était tenu de verser une fois l'an, au châtelain, dans le premier cas un de-nier, dans le second deux. A Latillé (31), on avait recours à un fouage: chaque foyer devait donner annuellement un nier. A la Forêt-Marot (32), le fouage était de douze

de-25. Voir la carte C, en appendice. 26. Voir la note 3, page'5.

27. AV, vers 1265. On ne peut ici partager l'affirmation de R. Sanfaçon (ouvr. cit., p. 109), selon laquelle c'est l'ab-besse qui recevait les devoirs. Il est bien spécifié que c'est

le châtelain de Montreuil-Bonnin.

26. R. Sanfaçon, ouvr. cit., p. 109.

29. Béruges, cant. Vouillé, arrond. Poitiers (V.).

30. Montreuil-Bonnin, cant. Vouillé, arrond. Poitiers (V.).

31. Latillé, cant. Vouillé, arrond. Poitiers (V.).

32. La Forêt-Marot, hameau, comm. Latillé, cant. Vouillé, arrond. Poitiers (V.).

(22)

11 nlers. Quinze des communautés étaient assujetties à la

tail-le qui variait considérabtail-lement d'un lieu à l'autre, passant de huit sols à la Guillotière (33), à soixante-dix à Sauvigny

(3l+). Les revenus du châtelain en étalent augmentés de plus de vingt-cinq livres. La petite agglomérarion de Maury (35), exemptée de taille, devait par contre payer six livres de ren-te par an, en deux versements égaux. Les redevances en natu-re n'étaient pas générales, mais elles étalent réparties très inégalement. Alors que des villes comme Béruges, Latillé et Montreuil ne devaient rien, on exigeait d'un hameau comme le Pouzet (36), douze setiers de seigle annuellement. Le châte-lain réclamait aussi des services de ceux à qui 11 avait ac-cordé l'usage dans ses bois. Ces corvées étaient civiles et militaires et elles étaient de beaucoup les plus répandues. L'une d'elles, le blannium ad corpus castrl, obligeait "Î0l>T£$ L&S communautés d'habitants à l'exception de celles de Mon-treuil, Vaulorin (37) et Béruges, à venir récurer les fossés du château et à effectuer une foule de travaux d'entretien et de réfection, dont les domestiques étaient Incapables seuls de s'acquitter. Lorsqu'une autre corvée était exigée, elle é-tait en général limitée dans l'espace et dans le temps. Ain-si les habitants de Montreuil qui possédaient une charrette

33. La Guillotière, anc. chat, et village, comm. Vausse-roux, cant. Ménigoute, arrond. Parthenay (D.-S.).

3I+. Sauvigny, hameau, coram. Chlré-en-Montreuil, cant. Vouillé, arrond.' Poitiers (V.).

35. Maury, comm. Latillé, cant. Vouillé, arrond. Poi-tiers (V. ).

36. Le Pouzet, village, comm. Vasles, cant. Ménigoute, arrond. Parthenay (D.-S.).

37. Vaulorin, village, comm. Ayron, cant. Vouillé, ar-rond. Poitiers (V.).

(23)

(quadriga). étaient tenus d'apporter un charroi de bois chaque année, la veille de Noël; comme les autres, Ils devaient fau­ cher le pré Béraut (38), sécher le foin et le transporter à Montreuil; enfin, tous étaient corvéables à merci, lorsque le châtelain ou ses gens avaient besoin de bois de construction ou de chauffage. A toutes ces exigences en argent, en nature et en services, s'ajoutaient des devoirs de caractère militai­ re, également très variables. Neuf communautés, dont celle de Latillé, devaient l'armée et la chevauchée (equltatura) au châ­ telain de Montreuil­Bonnin, à leur propre frais pendant quaran­ te jours. Sept autres devaient entretenir un sergent (ser­ viens) pendant le même temps; Maury devait en fournir deux et

Salnt­Philbert huit (39). Ce nombre, important à première vue, nous semble justifié par la défense du pont de Vasles sur l'Au­ xance, dont l'existence est attestée dans une vente de vigne

effectuée en 1275 (1+0 ). Il faut enfin noter que le seul noble dont le service militaire avait été précisé, le chevalier

Guillaume Renaut, devait au châtelain de Montreuil l'host et la chevauchée pendant quarante jours et quarante nuits, secun­ dum consuetudine patrie.

3. Croissance et manifestation de la présence royale.

38. Peut­être les Béraudières, lieu disparu, paroisse de Vasles, cant. Ménigoute, arrond. Parthenay (D.­S.).

39. Saint­Philbert, village, comm. Vasles, cant. Ménigou­ te, arrond. Parthenay (D.­S.). Dom Cottineau, Répertoire to­ po­bibliographique des abbayes et prieurés,■tome II, Macon,

1939, col. 281+5: "Prieuré des Bénédictines de Sainte­Croix de Poitiers, conféré en 11+29 à Jeanne de Dercé ; acte de 1230, dio­ cèse de Poitiers".

(24)

13 Ces droits nombreux des châtelains de Montreuil-Bonnin

furent souvent contestés par l'abbesse de Sainte-Croix. Cel-le-ci ne possédait qu'une charte d'un acte passé en 1221 en-tre elle et Bouchard de Marly, peu avantageux pour elle ain-si qu'elle l'exprima vers 1265 (4^1). Pourtant, en 121+1+, el-le l'avait fait vidimer par l'évêque de Poitiers (1x2), tant ses droits paraissaient menacés'. Alphonse de Poitiers en ef-fet, loin de céder, parut même vouloir agrandir les droits dont il avait hérité avec la châtellenie de Montreuil-Bonnin

(1+3). Ceux-ci passèrent directement aux rois de France et Charles IV en prit acte notamment en 1322 (Ixlx) *

La monarchie de Philippe le Bel a connu des difficultés de trésorerie intimement liées au développement de l'appareil étatique. Le roi entreprit d'y faire face par tous les moyens possibles. En 1307 (L\S) Pa r exemple, il fit ordonner par son

sénéchal en Poitou Pierre de Ville Blouin, à Renaut de Monceau, maître de la forêt de Montreuil-Bonnin, d'aller voir si le

bois de la Vilière dans la paroisse de Vasles pouvait être ven-du avec profit. L'officier répondit que l'on ne pourrait

cou-1+1. AV, vers 1265: "Surveniens.. .Bochardus de Marie do-minus de Mosterolio dictas moniales suo tempore multum

oppres-sit et eas...restringere ad haec ne ipse moniales haberent in dictis nemoribus turn modo duas partes tertiam partem dictorum nemorum assumere sibi volens".

1+2. AV, 121+1+.

1+3. Il faudrait donc nuancer l'opinion de B. Ledain

(ouvr. cit., p. 1+8) selon laquelle Alphonse de Poitiers avait un "amour passionné de la justice". Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il surveillait ses intérêts avec beaucoup d'at-tention et de fermeté.

1+1+. AV, 1 3 2 2 .

(25)

per que le bois âgé de sept ans.

La fondation même de l'abbaye Sainte-Croix de Poitiers garantissait aux moniales une protection de tous les instants contre d'éventuelles menées des pouvoirs locaux. Parfois, com-me ce fut le cas en 1322 (1+6), le roi dut restreindre le zèle

de ses propres agents qui menaçaient de dépouiller l'abbaye de ses droits dans les bois de Montreuil-Bonnin. Des abus de cette sorte ne furent assurément pas très fréquents puis-que ce n'est qu'en ll+l8 (i+7 ) qu'une plainte similaire fut en-voyée à Paris.

B) Le contrôle économique de la région de Vasles: Suc-cès et résistances.

Au XlIIe siècle, "la valeur réelle des cens en argent baissa, constamment" (1+8). Il est impossible pour Vasles

d'ar-river â des résultats aussi précis que ceux que l'on a obte-nus dans le cas de l'abbaye de Rarasay (1+9). Cependant, il

est intéressant de voir jusqu'où cette tendance s'est manifes-tée dans un centre économique mineur et jusqu'à quel point el-le a pu influencer el-les politiques économiques.

1- Une politique concertée d'achats: La concentra-tion des droits de percepconcentra-tion.

En 1238 (50), l'abbaye acquit pour huit livres tournois 1+6. AV, 1322.

47. AV, 11+18.

1+8. G. Duby, L'économie rurale et la vie des campagnes dans l'Occident médiéval, Paris, 1962, p. 1+71.

49. «H Ambrose Raftis, The economy of the estate of Ram-say abbey, Toronto, 1957.

(26)

15

une part du four banal de Vasles, possédée jusque là par Pier-re de Fontmorin (51), Enarde sa femme et un valet nommé Jean Suard. Le pouvoir associé au four, c'est-à-dire le ban lui-même, était compris dans la vente. La transaction revêtait

donc un caractère politique et constituait une tentative abba-tiale de contrôler complètement la paroisse de Vasles. En 1270 (52), un autre pas fut fait dans cette direction. Cette fois, l'abbaye acheta une part de la dîme de Vasles et une

rente de quatre setiers de seigle sur des biens qu'avait l'ab-besse dans la région. Les moniales versèrent onze livres, monete currlente,./aux huit parsonniers parmi lesquels se trou-valent deux femmes (53). H est intéressant de noter que cer-tains noms de famille reviennent plusieurs fois dans le grou-pe; ainsi les Graboz (Jean, Guillaume et Jeanne) et les Ber-nardea (Regneault et Cliraence). Peut-être s'agit-il d'une freresche comme II en existait tellement dans la seigneurie voisine de Vouillé (5lx)'!

Les achats de droits ne décrurent aucunement au XlVe

siè-o V

cle, malgré l'ampleur des difficultés économiques que 1'on a

51. Fontmorin, hameau, comm. Vasles, cant. Ménigoute, arrond. Parthenay (D.-S.).

52. AV, 1270.

53. Les rédacteurs du contrat firent à ce sujet une in-téressante distinction. Dans le cas de la rente, ils écrivi-rent :"...quatre setiers de seigle qu'avaient les dits parson-niers...", alors que pour la dîme, on peut lire:"...que les

dits parsonniers disaient avoir dans l'église de Vasles..." On reconnaissait facilement la légitimité pour des laïcs de posséder une rente sur des biens ecclésiastiques, mais on é-tait loin d'admettre les usurpations qui avaient pour objet la dîme.

54- A« Dernier, "Les freresches de la seigneurie de

(27)

signalées un peu partout en Occident à cette époque. Au con-traire, les sommes déboursées furent beaucoup plus considéra-bles qu'auparavant. En 1321 (55), les moniales versèrent qua-rante-deux livres et dix sols à Guillaume de la Plaine (56), pour obtenir laXcession de tous les droits qu'il avait au bois de Vasles. En 1328 (57), l'achat de la plus grande par-tie de la dîme de Vaulifier (58), coûta à l'abbaye soixante-trois livres. Il est vrai que ce droit rapportait aux anciens propriétaires divers produits évalués à six setiers de seigle

et à trois d'avoine. Trois ans plus tard (59), Alienor des Monts, moniale de Sainte-Croix, acheta à Guillaume Bourreau paroissien de Vasles, le reste de la dîme de Vaulifier.

El-le versa trois livres pour El-les* terres situées entre Vaulifier même et les Fougères (60).

Les opérations que nous avons présentées jusqu'ici ne portaient que sur des achats de droits ou de rentes. Nous n'avons qu'un exemple d'achat de biens fonciers au XlIIe siè-cle et il s'agit de vignes. En septembre 1275 (61), donc pro-bablement peu de temps avant les vandanges, l'abbesse acheta de Jean Mercenier et de sa femme Philippa, tous deux parois-siens de Vasles, un certain vignoble pour quarante sols payés

$ $ . AV, 1321.

56. La Plaine, hameau, coram. Vasles, cant. Ménigoute, arrond. Parthenay (D.-S.).

57. AV, 1328.

58. Vaulifier, ferme, comm. Vasles, cant. Ménigoute, arrond. Parthenay (D.-S.).

59. AV, 1331.

60. Les Fougères, village, comm. Vasles, cant. Ménigoute, arrond. Parthenay (D.-S.).

(28)

17

comptant. Il était situé près du pont de Vasles et il était

contlgû* aux vignes du prieuré de l'abbaye Sainte-Croix â Vas-les. Il est possible que ce regroupement de terres soit à l'origine de la maison Saint-Philbert, dont on voit apparaî-tre le nom au XVe siècle. Quelques années plus tard, en 1283

(62), diminua son domaine en vendant la terre de la Rousseliè-re (63) à Guillaume et à Regneault Rousseau, ancêtRousseliè-res plus que probables de la très puissante famille Rousseau du XVe siècle

(61+).

Ces faits nous permettent de constater que l'abbaye Sain-te-Croix a pu disposer de sommes considérables durant une pé-riode financièrement très difficile. Elle a appliqué ses a-voirs à réunir dans sa main les moyens de contrôler économi-quement et politiéconomi-quement Vasles. Elle n'a pas cherché à ac-croître son domaine foncier, mais plutôt à augmenter ses re-venus en achetant et en exploitant des droits préexistants

(65).

2- Un facteur peu connu: la structure des fiefs. 62. AV, 1283.

63. La Rousselière, hameau, comm. Vasles, cant. Ménigou-te, arrond. Parthenay (D.-S.).

61;. P. Guerin (Recueils des documents concernant le Poi-tou contenus dans les registres de la chancellerie de France*) AHP, tome XXIV, p. 14,note) n'explique pas'Y' origine de la fa-mille et la fait apparaître brusquement au début du XVe siè-cle.

65. Il faudrait donc nuancer l'opinion de J. Gaudemet (Histoire des institutions françaises au Moyen Age, tome III: Les institutions ecclésiastiques, Paris, 1962, pT231) selon laquelle la propriété foncière bénédictine a régressé à par-tir du XlIIe siècle. A Vasles, s'il y eut diminution, elle fut de peu d'importance.

(29)

Pour toute la période 1220-1350, on a conservé uniquement deux aveux de fiefs, faits à l'abbesse de Sainte-Croix de Poi-tiers pour la région de Vasles. Il y a eu sans doute une des-truction massive de documents, car on ne pourrait expliquer sans celjst la prolifération des témoignages de ce type après 1362.

En 1330 (66), Guillaume Pouvreau, seigneur de La Barre (67), reconnut être l'homme lige de l'abbesse de Sainte-Croix pour les trois fiefs suivants: d'abord pour un grand domaine dont le texte ne donne pas la superficie et dont plusieurs points de repère ne figurent plus sur les cartes contemporai-nes. Cependant, par des aveux et dénombrements postérieurs, on voit que ce fief devait inclure à l'époque le domaine de la Bourlière (68) et peut-être celui des Brunetières (69). Celijl formait donc un grand rectangle de terre situé au sud du Chilleau (70). Guillaume Pouvreau reconnut aussi tenir la Guillotière (71) et ses dépendances, ce qui faisait selon l'a-veu, trente-six boisselées de terre, trois quartiers et demi

de pré et trois septérées et demi de bois et de pâturages. Enfin, il avoua la terre de la. Violière (?), qui contenait

66. AV, 1330.

67. La Barre, château et village, comm. Ménigoute, cant. Ménigoute, arrond. Parthenay (D.-S.).

68. Bourlière, village, comm. Vasles, cant. Ménigoute, arrond. Parthenay (D.-S.).

69. Brunetières, village, comm. Vasles, cant. Ménigoute, arrond. Parthenay (D.-S.).

70. Chilleau, village et château, comm. Vasles, cant. Ménigoute, arrond. Parthenay (D.-S.).

71. Guillotière, ancien château et village, coram. Vausse-roux, cant. Ménigoute, arrond. Parthenay (D.-S.).

(30)

19 neuf septérées de terre et rapportait chaque année cinq

se-tiers de seigle de rente. L'autre aveu fut fait en 135U (72) et il ne concernait pas des biens immeubles. Le curé Guillau-me Boutin de Vasles, au nom de ses parsonniers et frerescheurs,

reconnut tenir de l'abbaye Sainte-Croix le droit de percevoir le "nonain des bleds de la diraerie et terragerie de Vauli-fier". Il pouvait aussi réclamer les blés déliés, le lin, le chanvre, la paille et les grains.

Si ces documents ne nous révèlent pas l'ensemble de la structure féodale de la paroisse de Vasles, ils nous livrent au moins un certain nombre de faits. Les seigneurs de La Bar-re, puissants voisins demeurant à Ménigoute, tenaient des ter-res à Vasles au XlIIe siècle. Or, l'étendue de ces terter-res n'augmenta pas avec les années. En effet, comme nous le mon-trent les aveux et dénombrements du XVe siècle, l'abbaye Sain-te-Croix préféra confier les terres nouvelles à de petits sei-gneurs locaux dont la demeure était située à Vasles ou très près: les Rousseaux du Chilleau et les Bonnins de la Bouliniè-re (73). Parmi ces hobeBouliniè-reaux, Hugues Bonnin se distingua plus particulièrement. C'est lui qui, en partie du moins, prit la place laissée vacante par la transformation de

Mon-treuil-Bonnin en châtellenie royale. Avec ses sergents, il exerçait la surveillance (74) des bois Métois et de la Rate-lière. Comme le roi était à Paris et Hugues Bonnin à Vasles,

72. AV, 1354.

73. Boulinière, ferme et ancien château, comm. des F o ^ ^ X - l S ^ ges, cant. Ménigoute, arrond. Parthenay (D.-S.).

74. AV, 1276 et 1279. (*(

(31)

il était tout à fait normal que l'écuyer soit chargé de la sé-curité, dans un mouvement analogue â celui du premier âge féo-dal qui avait vu les châtelains s'ériger en défenseurs du pays. D'autre part, l'aveu du curé Boutin atteste l'existen-ce d'une freresche dès 135!+. Désormais, le mot"frerescheor" apparaîtra parfois à la place ou avec le terme "parsonnier". L'achat de la dîme de Vaulifier par l'abbaye une vingtaine

d'années plus tôt, servit donc à récompenser le curé de Vasles, dont la nomination relevait de Sainte-Croix (75).

3- Des éléments inégaux de résistance.

Il ne faut pas croire que la politique abbatiale n'a ren-contré aucun obstacle dans sa démarche de consolidation écono-mique. Dans deux cas au moins, l'abbaye dut menacer ses ad-versaires d'un procès afin de les amener à traiter. En 1230

REPOSER

(76), trois frères habitant Sanxay (77) se virent la continua-tion du bail de locacontinua-tion de leur terre située au Flouzet (76). L'ancienne prieure de Vasles, Eschine, avait accensé la terre en question pour la somme annuelle de douze sols. Or, ce con-trat se révéla à la longue une fort mauvaise affaire pour l'ab-baye (79). La nouvelle prieure Hilarie refusa de poursuivre

l'affaire aux mêmes conditions. Les trois frères durent ac-75. L.Rédet, Dictionnaire topographique de la Vienne, Paris, 1881, p. 26o~i

76. AV, 1230.

77. Sanxay, cant. Lusignan, arrond. Poitiers (V.).

78. Flouzet, hameau, comm. Vasles, cant. Ménigoute, ar-rond. Parthenay (D.-S.).

79. AV, copie vldimèe, 1262: "Succedans Hilaria prioris-sa dicte Vasles aliegans se fuisse gravata et quod illud ac-censamentum non debebat remanere maxime cum esset in prejudi-cium ecclesie".

(32)

21 cepter de payer dorénavant une rente de vingt-cinq sols, soit

un peu plus du double du montant qu'ils versaient auparavant. Le conflit de 1276-1279 (80)-entre l'abbaye et Hugues Bonnin est beaucoup plus intéressant â nos yeux, car il nous permet de suivre la marche des défrichements jusqu'à la fin du XlIIe siècle et nous fait voir le type de relations de pouvoir qui existaient entre l'abbaye et le plus puissant seigneur de Vas-les. Une plainte fut déposée par l'abbesse de Sainte-Croix devant 1'Officiai de Poitiers en 1276. Elle y accusait Hu-gues Bonnin d'avoir Induement perçu divers droits sur des ter-res situées à Vasles et dans les environs. Il aurait aussi profité de son droit de garde au bois Métois et au bois de la

Ratelière (81) pour faire abattre des arbres qu'elle évaluait à plus de cent livres. Elle lui reprochait enfin, d'avoir fait vendre et essarter des terres dépendantes des bois dont il avait la garde. Les deux parties en vinrent à une entente trois ans plus tard, mais devant un tribunal civil cette fois

(82). Le règlement même du litige nous montre la puissance de ce hobereau qu'était Hugues Bonnin. En effet, le tribunal divisa les droits contestés entre les deux parties. Les.mo-niales obtinrent les dîmes, pendant que l'écuyer et ses des-cendants étalent dispensés pour toujours de verser quelque terrage que ce soit à l'abbaye. On convint que si l'une des

60. AV, 1276 et 1279.

61. La Ratelière, forêt, comm. Vasles, cant. Ménigoute, arrond. Parthenay (D.-S.).

62. AV, 1279: "Item nous diet Guillaume Clary...(consen-tons à 1')...accomplissement de toutes et chaiscunes les cho-ses susdlctes par le jugement de la cour du roi notre sire".

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terres contestées demeurait en friches faute de tenancier, elle serait partagée à mi-fruits entre les deux contractants. Tous les méfaits dont on avait chargé Hugues Bonnin en 1276, furent passés sous silence trois ans plus tard. L'écuyer se contenta de reconnaître par écrit qu'il tenait un certain nom-bre de droits et de biens de l'abbaye Sainte-Croix de

Poi-tiers, ce qui ne l'empêcha nullement de continuer à y trou-ver son profit.

C) Les origines de Vasles et sa situation à la fin du XIIle siècle.

Les documents qui pourraient expliquer les origines de Vasles sont à peu près inexistants. Dès l'époque celtique, on y utilisait des haches de bronze (83). Au Xe siècle, il y avait sans doute un grand domaine rural et forestier, la

vil-la Valerius, comme on en trouvait partout en France aux épo-ques mérovingiennes et carolingiennes (81+). A part deux

ceri-siers et un rôle d'assises fort mal conservé, notre documenta-tion sur Vasles au XlIIe siècle est peu importante. Elle se réduit le plus souvent à des détails parfois infimes, qui ont au moins le mérite de permettre la datation de certains phéno-mènes paroissiaux.

1- Le oeulement et l'aménagement de la paroisse de Vasles.

L'abbesse de Sainte-Croix fit rédiger au moins deux

cen-63. G.T. Beech, ouvr. cit., p. 22.

61+. B. Ledaln, Dictionnaire topographique des Peux-Sè-vres, Poitiers, 1902, p. 266.

(34)

23

siers au XlIIe siècle, pour bien avoir en mémoire, le détail des redevances qu'étaient tenus de lui verser les paroissiens de Vasles. L'un est de 1267 (85) et l'autre de 1285 (66). Tous deux sont datés de la fête de sainte Radegonde, le 13 août, qui était pour l'abbaye, l'occasion de percevoir les droits et redevances annuels. Le censler de 1267, nous four-nit la liste de 1+7 personnes (87) qui devaient chacunes la som-me de 18 deniers par an. Il est assez étonnant que le terrage

exigé à Vasles ait été une somme fixe et non pas une part des fruits, comme c'était, semble-t-il, le cas ailleurs (68). Il est probable que les deux termes "cens" ef'terrage" avalent pour le rédacteur de l'acte le même équivalent latin : Terra-tlcus. Le censier ne nous révèle ni les noms, ni la

locali-sation des terres qui furent concédées. S'agissait-il d'hé-bergements qui obligeaient â la résidence ou seulement de lo-pins de terre accensés â des habitants des paroisses voisines d'Ayron et de Latillé, on ne peut le dire. Quoiqu'il en soit, l'abbesse recevait chaque année de ses terres louées à Vasles, 3 livres, 10 sols, 6_deniers, dont 36 deniers n'avaient pas en-core été payés lors de la rédaction du document. En 1265, le censier fut très nettement divisé en deux parties. Sous le

65. AV, 1267. 66. AV, 1265.

87. Ce type de document présente certaines difficultés de lecture dues principalement à une grande fantaisie dans la graphie des noms propres. C'est pourquoi, il est possible que certains noms reviennent plus d'une fois dans la liste. Mais il ne peut s'agir que de rares exceptions.

88. J.F. Niermeyer, Mediae latinltatis lexicon minus, fasc, 11, Leiden, 1961+, à l'article "Terraticus".

(35)

titre "item censivam domine abbatisse,..", on groupa les noms de 27 personnes qui versaient â l'abbaye des sommes variant de 2 deniers pour Bartholomeus de Vasles en raison de son hé-bergement, à 10 sols que payaient les frères Guillaume et Re-gneault Rousseau pour des pâturages et des terres en bordure du bois de la Ratelière. Chaque année, l'abbaye Sainte-Croix percevait 1+ livres, 2 sols, 6 deniers, dont une valeur de 1+5 deniers seulement en nature (chapons, gélines, céréales). La

seconde partie du document fiscal nous présente deux listes, comportant respectivement 36 et 25 noms. Ici encore, le cens était fixé à 18 deniers, quelle que soit l'exploitation

accen-sée.

Malgré toutes les réserves que l'on peut apporter à l'u-tilisation des censiers comme documents démographiques, Ils nous permettent d'appréhender un.certain nombre de faits. Pre-mièrement, on constate qu'entre les fiefs dont on a parlé plus haut, 11 existait dans la seconde moitié du XlIIe siècle, de nombreuses tenures relevant directement de l'abbaye

Sainte-Croix de Poitiers. De plus, l'accroissement même du nombre des accensements témoigne en faveur d'une brusque poussée dé-mographique. En effet, alors que le censier de 1267 rapporte 1+7 tenures, celui de 12&5 fait état de 61 exploitations, soit une augmentation de 23 % dans l'espace d'une génération. On

sait que la paroisse comptait l60 feux en 1750 (89). Peut-être en avait-elle un peu plus de 60 à la fin du XlIIe siècle.

(36)

25 La région de Vasles fut, partiellement tout au moins,

u-ne aire de défrichements assez tardifs (90). Les brandes et les terres froides durent attendre les dernières vagues de colons pour être essartées. Comme nous l'avons vu plus haut, le conflit entre Hugues Bonnin et l'abbaye Sainte-Croix avait porté principalement sur un partage éventuel des droits perçus

sur certaines nouvelles terres. L'effort des colons se por-ta aux extrémités est et ouest de la paroisse. Ce furent d'a-bord les terres situées "sous l'estang des Forges" qui retin-rent l'attention; on eut sans doute à les bonifier avant de les livrer aux agriculteurs. Puis, les essarts gagnèrent le bois de la Ratelière et l'ensemble des terres qui entouraient Paulier (91), dont le rôle comme centre de colonisation fut loin d'être négligeable. Le moteur de ces entreprises n'tait pas le seigneur eminent dont les intérêts économiques é-taient représentés dans bon nombre de paroisses, mats bien son vassal, dont toute l'attention était concentrée sur une région peu étendue.

2- La réalité des pouvoirs: L'abbaye, la châtellenie, la paroisse.

A l'origine, il y avait deux pouvoirs dont les juridic-tions tendaient à se confondre, par l'interpénétration de leurs limites respectives. La châtellenie et l'abbaye se par-tageaient les droits d'usage au bois de Vasles. D'autre part, la paroisse n'était pas en entier comprise dans la

châtelle-90. R. Sanfaçon, ouvr. cit., pp. 1+2-1+3.

91. Paulier, logis, comm. Vasles, cant. Ménigoute, ar-rond. Parthenay (D.-S.).

(37)

nie. Cependant, l'imbrication des pouvoirs les uns dans les autres au Moyen Age n'était pas le signe de l'imprécision de leurs limites (92). La démarche d'approche devient certes plus complexe, mais elle demeure possible si l'on veut utiliser tous les documents. Les aveux et dénombrements des XlVe et XVe siè-cles par exemple, peuvent nous être très utiles, à condition de poser comme hypothèse que la châtellenie de Montreuil-Bon-nin n'a pas subi à Vasles de modifications territoriales entre

le XlIIe siècle et la fin du Moyen Age. S'il y avait eu de tels changements en effet, certains titres de Sainte-Croix y feraient allusion. Or, il n'en est rien. Il ne nous reste plus qu'à indiquer sur une carte les divers domaines que les te-nanciers avouèrent tenir de l'abbesse de Sainte-Croix. On voit alors que tous les villages et hameaux situés au sud d'une li-gne qui relierait la Fontnoire, la Rousselière, la Plaine et la Boullnière, étalent hors de la châtellenie de Montreuil-Bonnin. La partie nord de la paroisse contenait elle aussi, mais en nombre moindre, des fiefs relevant de Sainte-Croix:

Le Flouzet, Verrines, Saint-Philbert. Certains hameaux et vil-lages du nord et de l'ouest de la paroisse appartenaient .à d'au-tres communautés religieuses (93). L'abbaye du Pin possédait Fontenalen et son bois, tandis que les Cisterciens des Châtel-liers tenaient le village de Porte-Bizlère. Si bien qu'à part le bourg de Vasles et quelques localités riveraines de

l'Auxan-92, B. Guénée, "La géographie administrative de la France à la fin du Moyen Age", MA, tome LXVII (1961), pp. 298-299.

93. B. Ledain, ouvr. cit., aux articles "Fontenalen" et "Porte-Bizlère".

(38)

27 ce, peu de hameaux ou de villages de la paroisse étaient

com-pris dans la châtellenie de Montreuil. Il est vrai qu'un cer-tain nombre de lieux comme la Grusardière, la Rivaudière et les Berlandières, par exemple, semblent, ne s'être rattachés à aucune châtellenie (91+) et que d'autre part, personne n'a-voua tenir ces lieux de l'abbaye Sainte-Croix. A Vasles mê-me, une grande partie du pouvoir était dans les mains des moniales; le four banal, la dîme et la nomination du curé.

Il n'y avait donc en fait que les établissements des rives de l'Auxance qui devaient au châtelain divers devoirs. Et enco-re, la plupart ne les rendaient-ils qu'en échange de l'usage qu'ils avaient eux bois de Montreuil-Bonnin.

Dès qu'Alphonse de Poitiers devint maître de la châtelle-nie (121+2), certaines relations de pouvoir se modifièrent pro-fondément, sans doute à cause de 1'éloignement du nouveau com-te. C'est ainsi qu'Hugues Bonnin, dont le père Guillaume a-vait obtenu l'usage aux bois de Vasles de Bouchard de Marly

(95), admit en 1279 (96) le tenir directement de l'abbesse de Sainte-Croix. Il semble bien que le pouvoir du châtelain à Vasles, qui reposait sur un droit de garde des bois, s'ef-frita au fur et à mesure que les nouveaux essarts

progres-saient. SI bien qu'au XVe siècle, Il ne lui resta plus que quelques têtes de pont dans la paroisse.

91+. B. Ledain, ouvr. cit., aux articles "Grusardière", "Rivaudière" et "Berlandières".

95. AV, 1225; voir plus haut, page 7, note 1$,

(39)

3- Le patrimoine de l'église de Vasles.

La paroisse médiévale était constituée par le fait que des gens d'un territoire donné venaient à leur église afin de participer communautaireraent aux cérémonies cultuelles

(97). Le clergé paroissial vivait en principe grâce aux dî-mes dont la perception manquait de régularité, même durant

les périodes politiquement calmes (98). Lorsque l'église a-vait un patron, clerc,moine ou laïc, la répartition de la dî-me se faisait alors toujours au détridî-ment du curé. Ce der-nier devait se reprendre sur "les revenus du patrimoine

pa-roissial qu'il administrait sous le contrôle de 1'évêque"(99). Par sa présence au chevet des moribonds, le curé était

admi-rablement placé pour exercer certaines pressions morales qui se traduisait la plupart.du temps par des legs importants à l'église locale. Il ne s'agissait pas à proprement parler de chantage et de simonie, mais plutôt d'une transaction où l'on faisait valoir toute la facilité qu'aurait une âme à entrer au paradis, si elle s'était auparavant libérée (en faveur de l'Eglise évidemment) de tous soucis matériels. Ce n'est qu' au début du XlIIe siècle, que les pouvoirs publics purent restreindre ce privilège ecclésiastique peu conforme en vé-rité, aux intérêts légitimes des héritiers (100).

97. J. Gaudemet, Histoire des institutions françaises au Moyen Age, tome III: "Les institutions ecclésiastiques", p.

303; P. Adam, La vie paroissiale en France au XlVe siècle, p. 98. P. Adam, ouvr. cit., p. 13.

99. J. Gaudemet, ouvr. cit., p. 203.

100. F. Lot et R. Fawtier, Histoire des institutions fran-çaises au Moyen Age, tome II: "Les institutions royales", p. 1+56.

(40)

29 L'église de Vasles a bénéficié de quelques dons qui ont

été consignés par écrit vers l'an 1300 (101). Cette liste comprenait les noms d'une vingtaine de donataires, hommes et femmes, dont plusieurs nous sont connus par d'autres docu-ments du XlIIe siècle. La plupart des dons étaient consti-tués par des rentes en deniers ou en quartauts de seigle, que les donataires retiraient de certains de leurs biens ou de leurs tenanciers. Il s'agissait donc moins d'un don pro-prement dit que de la cession d'un usufruit. Cela rappor-tait au curé de Vasles une livre, 1+ sols, 6 deniers en ar-gent, une vingtaine de quartauts de seigle et l'usage d'un lopin de terre (pecla terre). Mais il est fort possible que le patrimoine ait été plus important et que notre document, très mal conservé d'ailleurs, soit incomplet.

101. L. Rédet, Inventaire manuscrit des titres de l'ab-baye Sainte-Croix de Poitiers.

(41)

Les temps difficiles (1350-1450): Crises économiques et bou-leversements sociaux durant la guerre de Cent Ans.

Le Poitou vivait en paix depuis plus d'une centaine d'an-nées. Dans l'Ouest de la France, on se méfiait si peu des

garnisons anglaises stationnées en Guyenne, que l'on avait laissé les fortifications dans un état très avancé de délabre-ment. Le réveil fut brutal. En 131+6, le duc de Lancastre

s'empara de Poitiers et livra la ville au pillage pendant huit jours (1). Les trésors gardés jalousement dans les

é-glises et les abbayes depuis l'époque des ducs indépendants furent pour la plupart dérobés, tandis que les terres étaient dévastées par la violence et les excès des militaires. Une garnison anglo-gasconne fit durant cinq ans du château de

Lu-signan, situé â une vingtaine de kilomètres au sud-est de Vasles, le centre de ses rapines. Après une courte trêve, les chevauchées anglaises reprirent. De 1355 à 1357, le Lan-guedoc, le Poitou et la Touraine furent mis à sac (2) par des armées dont les services d'Intendance étalent peu

déve-1, Cet épisode est raconté en détail par J. Salvini, dans Le diocèse de Poitiers à la fin du Moyen.Age, Paris, 1946, pp. 1+6 et suiv,

2. Sur l'organisation des chevauchées du Prince Noir et leur parcours très détaillé, voir H.J. Hewitt, The Black Prince's expedition (1355-1357), Manchester University Press, 1956, 226 pages, cartes.

(42)

31 loppés et dont le fardeau du ravitaillement incombait par

con-séquent â l'habitant. Au traité de Calais, en 1360, tous les territoires situés au sud de la Loire furent cédés à l'Angle-terre tandis que les fonctionnaires français s'affairaient à ramasser 1'énorme rançon de Jean le Bon. A ces bouleverse-ments nés de la vanité et de la cupidité humaines, vinrent s'ajouter des fléaux, famines et pestes, dont on était Inca-pable alors d'enrayer l'action funeste et dont les ravages fu-rent effafu-rent s (3).

Nous sommes incapables de mesurer l'étendue des difficul-tés matérielles et des destructions dans la région de Vasles. Là où il aurait fallu des sources narratives, nous n'avons que des documents juridiques. Nous pouvons apercevoir cepen-dant les conséquences socio-économiques de la guerre. Dans la répartition des fiefs d'abord, où l'on vit durant l'occu-pation anglaise se constituer de grands domaines, puis après la reconquête (1373)» les seigneurs changer soudainement, com-me si leur collaboration avec l'ennemi avait acom-mené le roi à distribuer leurs dépouilles à de plus fidèles serviteurs. Le premier symptôme des difficultés économiques apparut en I36I+

(1+), alors que l'exploitant d'un moulin se vit Incapable de rencontrer ses obligations financières. La situation alla en empirant jusqu'au début du XVe siècle. On crut alors avoir découvert la solution miracle: au lieu d'exiger une part des

3. R. Favreau, "Epidémies à Poitiers et dans le Centre-Ouest", BEC, tome CXXV (1967), pp. 31+9-399.

t;. AV, I36I+: Plainte d'Arnaut Friquet contre Jehan Bon-nin.

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