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63 A la fois huissier, conciliateur, policier et juge d'Instruc-

tion, il fut un/facteur d'ordre de première importance au ni- veau villageois (108).

108. Il faudrait nuancer l'opinion de B. Guénée (ouvr. cit., p. 213) selon laquelle le sergent ne pouvait "se mêler de juger en aucune façon". Car, s'il ne siégeait pas au tri- bunal proprement dit, il était souvent le principal artisan

Nous avons pu suivre pendant un peu plus de 2 siècles les les problèmes et les politiques de l'abbaye Sainte-Croix de Poitiers sur ses terres de'Vasles. Dans un premier temps, l'abbaye sut mettre à profit un conflit féodal opposant les Luslgnans aux Capétiens, pour affermir son emprise économique

sur le paroisse. Parallèlement, les moniales prirent des me- sures judiciaires contre ceux qui partageaient avec elles les droits d'usage dans les bois de Montreuil-Bonnin. Les premiè- res opérations de la guerre de Cent Ans frappèrent soudaine- ment et avec vigueur ce pays habitué à la paix par une' longue administration royale et apanagiste. Aux désastres matériels causés par la guerre et les épidémies, vinrent s'ajouter les crises économiques et le désarroi social. Pour s'assurer des revenus fixes, l'abbaye se mit à arrenter systématiquement ses biens et ses droits à Vasles. D'autre part, un pouvoir royal

en pleine ascension et consacré à la réorganisation du royau- me ne jugula qu'avec peine la violence armée et les fraudes multiples dont s'étaient rendus coupables les hobereaux parois-

siaux. Le mouvement de restauration politique et sociale de- vint perceptible dans notre région à partir des années 11+39- 11+1+0. Il ne fait pas de doute que la paix d'Arras (11+35) en éloignant le péril bourguignon et les trêves renouvelées avec

les Anglais au cours de ces années n'aient favorisé le travail des administrateurs à tous les niveaux. Mais ce n'est qu'a-

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près quelques combats sporadlques, de 11+1+9 à 11+53, que l'on entra définitivement dans la période de reconstruction.

Durant la seconde moitié du XVe siècle, il y eut en Fran- ce un redressement économique continu, mais nuancé selon les réglons. Les zones les plus dévastées reçurent un certain nombre d'immigrants étrangers et français, qui venaient de ré- gions bien è l'abri des combats par leur situation géographi- que excentrique, ou dont l'absence de richesses n'avait aucun attrait pour des envahisseurs éventuels. C'est ainsi que le Bordelais et le Quercy furent repeuplés par des Poitevins, des Saintongeais et des Basques, pour compenser la saignée démo- graphique due aux conquêtes,'aux reconquêtes et aux épurations

successives (1). Le Poitou, qui fut relativement épargné à partir du premier quart du XVe siècle, connut une reprise éco- nomique plus rapide que certains de ses voisins comme la Guyen- ne par exemple. Nous avons d'ailleurs signalé plus haut (2) ce qui nous paraît être une augmentation des exigences sei- gneuriales vis-à-vis les nouveaux locataires. Ce phénomène est l'un des signes les plus sûrs d'une augmentation rapide de la population agricole et donc du retour d'un équilibre ter- res-paysans favorable aux propriétaires des domaines.

Les difficultés de l'abbaye Sainte-Croix furent désormais 1. Voir par exemple: J. Lartigaut, "Ferriers pyrénéens établis en Quercy au XVe siècle", AM, tome LXXV (1963), pp. 195- 201; R. Boutruche, Les courants de peuplement dans 1'Entre-deux- Mers", AHES, tome VII (1935), pp. 13-37; Ch. Hlgounet, "Mouve- ments de population dans le Midi de la France du Xle au XVe

siècle d'après les noms de personnes et de lieux", AESC, tome VII (1953). PP. 1-21+.

intimement liés à des problèmes internes. L'indépendance presque complète des prieurés de l'abbaye et le goût du luxe qui s'y était installé furent les principales causes des que- relles de nomination du XVe siècle.(3). Nous avons conservé deux rapports de notaire faits en 11+91 (1+)* qui décrivent mi- nutieusement l'attentat perpétré à Vasles contre le prieuré, par des soldats au service de 2 des prétendantes au siège ab- batial. Cet épisode violent s'Inscrit dans un conflit plus

général que n'ont pas manqué de décrire plusieurs historiens du Poitou et de l'abbaye Sainte-Croix (5). Le 9 janvier 11+91, des hommes armés envahirent la forteresse-grenier de Vasles et

s'emparèrent des céréales qui y étalent entreposées sous pré- texte de les vendre au profit des 2 prétendantes, Marguerite de Vivonne et Ysabeau de Bourbon. Du 12 au 20 janvier suivant, Loyset, l'un des fiers-à-bras, distribua à ses amis et à des habitants de Vasles, de grandes quantités de seigle. Pour se protéger de toute poursuite éventuelle de la part de l'abbaye, le gardien de la forteresse, Pierre Caillet, demanda à 2 notai- res d'enregistrer l'attentat dont 11 avait été la victime et de décrire avec force détails les sévices dont 11 avait été roe-

3. L. Coudanne, "Crise et réforme à l'abbaye Sainte- Croix de Poitiers", BSAO, 1+ième série, tome II (1953)» Pp. 1+97-506; Dom P. de Monsabert,"Anciens usages de l'abbaye Sain-

te-Croix de Poitiers avant la réforme de 1519"» RM» 1922, pp. 263-265.

1+. AV, liasse 1+6, 11+91.

5. L. Coudanne, art, cit., pp. 1+99-500; R. Crozet, ouvr. cit., pp. 71-72; J. Salvini, Le diocèse de Poitiers à la fin du Moyen Age, Paris, 191+6, p. 83.

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nacé. Les 12 jours qui séparent l'attentat de la rédaction des rapports notariaux, nous montre bien la lenteur mise par le pouvoir royal à assurer le respect des lois. En effet du- rant ce temps, aucun des coupables ne fut inquiété par la jus- tice. Le fait que Marguerite de Vivonne ait été la soeur du

sénéchal de Poitou a sans doute été très utile.

Nous avons pu noter un certain nombre de faits économi- ques analogues à ceux qui furent remarqués dans d'autres ré- glons à la même époque. Ainsi, la rareté du bois au XlIIe siècle; le retard de la région de Vasles à nous donner des signes des difficultés économiques du XlVe siècle; la baisse brusque des revenus seigneuriaux entre 1362 et 1379; la gra- ve crise sociale des débuts du XVe siècle, contemporaine de la quasi disparition du pouvoir monarchique français; enfin, à partir des années 11+1+0, la renaissance de l'Etat, qui demeure un phénomène limité par les possibilités de communiquer rapi- ment entre la capitale et les provinces et par le bon vouloir

des fonctionnaires locaux, comme nous le montrent les événe- ments violents survenus à Vasles en 11+91.

Nous admettons sans peine que l'étude des biens fonciers de l'abbaye Sainte-Croix dans leur ensemble aurait donné plus de poids aux tendances que nous venons de signaler. Mais com- me l'édition des titres de ce monastère est encore presqu'en-

tièrement à faire, un travail de cette envergure aurait de beaucoup dépassé les cadres d'un diplôme d'études supérieures.

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