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Caractérisation des espaces à risque de paludisme à M'bahiakro, Côte d'Ivoire

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Academic year: 2021

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Texte intégral

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© Brou Aka Gabriel Ahui, 2019

Caractérisation des espaces à risque de paludisme à

M'bahiakro, (Côte d'Ivoire)

Mémoire

Brou Aka Gabriel Ahui

Maîtrise en sciences géographiques - avec mémoire

Maître en sciences géographiques (M. Sc. géogr.)

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Caractérisation des espaces à risque de paludisme à

M’Bahiakro, Côte d’Ivoire

Mémoire

Gabriel Ahui

Sous la direction de :

Nathalie Barrette, directrice de recherche Serge Olivier Kotchi, Codirecteur de recherche

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iii

Résumé du mémoire

Partout en Côte d’Ivoire, la juxtaposition de la vulnérabilité sociale et des milieux naturels et artificiels favorisant la prolifération des moustiques, augmente considérablement le risque de contracter le paludisme. Mais à l’échelle locale la transmission du paludisme peut significativement varier d’un espace à un autre. Ainsi, la mise en évidence d’un patron spatial qui permettra d’expliquer cette variation, s’avère nécessaire pour affiner la stratégie de lutte contre le paludisme à l’échelle locale. C’est dans cette logique que l’expertise géographique des questions de santé intervient au travers de cette étude pour identifier les caractéristiques biogéographiques, microclimatiques, topographiques, comportementales et socioéconomiques en lien avec la morbidité du paludisme à l’échelle des quartiers de M’Bahiakro, une petite ville située au centre de la Côte d’Ivoire en Afrique de l’Ouest.

Pour ce faire, une image satellitaire Sentinel 2 à 10 m de résolution spatiale a été utilisée pour classifier l’occupation du sol. Des images Lands at 8 OLI/TIR (30 m) ont servi à estimer les paramètres microclimatiques en lien avec le développement des gîtes larvaires de moustiques dont la température de surface (TS) et l’indice TVDI (Temperature/Vegetation Dryness Index) de l’humidité de surface. La topographie de M’Bahiakro a pu être mise en évidence après le traitement d’un modèle numérique de terrain provenant de la base de données topographique GMTED 2010 (Global Multi Resolution Elevation Data 2010). En plus, une régression logistique a permis d’estimer le poids du comportement des populations dans la transmission du paludisme à M’Bahiakro.

L’analyse de l’occupation du sol et des paramètres microclimatiques et topographiques montre que tous les quartiers de M’Bahiakro sont soumis à un risque très élevé de prolifération de moustiques vecteurs du paludisme. Par ailleurs, une bonne corrélation positive a été observée entre la morbidité déclarée de paludisme et la proportion d’utilisation des moustiquaires imprégnées d’insecticides. Ces résultats tendent à indiquer que la variabilité spatiale du paludisme à M’Bahiakro est régie par le comportement des populations vis -à-vis du paludisme.

Mots-clés : Paludisme, espace à risque, caractéristiques physiques du milieu, caractéristiques socio-comportementales, géographie, M’Bahiakro (Côte d’Ivoire)

(4)

iv Table des matières

Résumé du mémoire………...iii

Listes des figures………viii

Listes des tableaux ………...xi

Liste des sigles et Abréviations………xiii

Dédicace………xv

Remerciements………xvi

Introduction générale………...1

CHAPITRE 1: REVUE DE LITTÉRATURE ET CADRE THÉORIQUE ...3

1.1 LE PALUDISME, UNE MALADIE À TRANSMISSION VECTORIELLE ...3

1.1.1 Parasites et vecteurs du paludisme ... 3

1.1.2 Cycle de transmission et facteurs de risque du paludisme ... 4

1.2 LES FACTEURS DE RISQUE DE PALUDISME LIÉS AUX CONDITIONS DU MI LIEU...5

1.2.1 Le climat... 5

1.2.2 Les eaux de surface... 6

1.2.3 Le couvert végétal ... 7

1.2.4 Le relief et le sol ... 7

1.3 LES CONDITIONS SOCIOÉCONOMIQUES...8

1.3.1 L’urbanisation ... 8

1.4 GÉOGRAPHIE ET LUTTE CONTRE LE PALUDISME ...9

1.4.1 La géographie et l’analyse des problèmes de santé ... 9

1.4.2 L’analyse spatiale et la lutte contre le paludisme ... 9

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v

1.4.4 La cartographie comme mode de visualisation des espaces à risque sanitaire ...10

1.4.5 Apport de la télédétection à l’analyse des problèmes de santé...11

1.4.6 Les Systèmes d’Information Géographique (SIG) ...12

1.5 CONCLUSION PARTIELLE DE LA REVUE DE LITTÉRATURE ... 13

1.6 PROBLÉMATIQUE, OBJECTIFS ET HYPOTHÈSES DE RECHERCHE ... 13

1.6.1 Problématique...13

1.6.2 Objectifs de recherche ...15

1.6.3 Les hypothèses de recherche...15

CHAPITRE 2 : MÉTHODOLOGIE DE RECHERCHE... 17

2.1 LA ZONE D’ÉTUDE... 17

2.1.1 Géographie de la zone d’étude ...17

2.1.2 Caractéristiques physiques de la zone d’étude ...19

2.2 LA COLLECTE ET LES SOURCES DES DONNÉES ... 23

2.2.1 Données sur les paramètres environnementaux ...24

2.2.2 Données sanitaires et socioéconomiques ...26

2.3 TRAITEMENTS ET ANALYSES... 28

2.3.1 Analyse de la variation spatiale de la morbidité du paludisme...28

2.3.2 Caractérisation des déterminants environnementaux associés aux habitats des vecteurs du paludisme à l’aide de la télédétection...29

2.3.3 Cartographie de la sensibilité du paludisme à partir de l’occupation du sol ...32

2.3.4 Calcul des paramètres microclimatiques ...33 2.3.5 Modèle numérique de terrain (MNT) et la carte topographique de M’Bahiakro et ses environs

(6)

vi

2.3.6 Analyse de la relation entre la morbidité diagnostiquée du paludisme et les variables

environnementales. ...40

2.3.7 Analyse des caractéristiques socioéconomiques et comportementales en lien avec la morbidité du paludisme ...40

2.4 CONCLUSION PARTIELLE DE LA PREMIÈRE PARTI E... 42

CHAPITRE 3 : RÉSULTATS ... 44

3.1 LE PALUDISME UN PROBLÈME DE SANTÉ PUBLIQUE MAJEUR À M’BAHIAKRO... 44

3.1.1 Le profil sanitaire de M’Bahiakro...44

3.1.2 Analyse de la transmission du paludisme à l’échelle des quartiers de M’Bahiakro...45

3.2 CARACTÉRISTIQUES DU MILIEU PHYSIQUE EN LI EN AVEC LA TRANSMISSION DU PALUDISME À M’BAHIAKRO ... 50

3.2.1 Occupation du sol et niveau de sensibilité au développement de gîtes larvaires de moustiques...51

3.2.2 Analyse des déterminants microclimatiques en lien avec la transmission du paludisme à M’Bahiakro ...57

3.2.3 La topographie ...61

3.2.4 Niveau de sensibilité de l’occupation du sol (OS) et la transmission du paludisme dans les différents quartiers de M’Bahiakro ...63

3.3 CARACTÉRISTIQUES SOCI OCOMPORTEMENTALES ET LA MORBIDITÉ DU PALUDISME À M’BAHIAKRO ... 65

3.3.1 Types d’habitat et morbidité du paludisme ...67

3.3.2 Le niveau de scolarité et morbidité du paludisme...69

3.3.3 Type d’installations sanitaires et morbidité du paludisme...70

3.3.4 Conservation des ordures ménagères et morbidité du paludisme ...71

3.3.5 Conservation de l’eau et morbidité déclarée du paludisme ...73

(7)

vii

3.3.7 Usage des moustiquaires imprégnées d’insecticide et morbidité du paludisme ...75 3.4 ANALYSE DU POIDS DES VARIABLES SOCIOCOMPORTEMENTALES DANS LA TRANSMISSION DU PALUDISME À M’BAHIAKRO... 77

3.4.1 Usage de la moustiquaire imprégnée d’insecticide et le paludisme à M’Bahiakro. ...78 3.4.2 Utilisation quotidienne des moustiquaires imprégnées d’insecticides comme facteur

déterminant les espaces à risque de paludisme à M’Bahiakro...79 3.5 CONCLUSION PARTIELLE DE LA DEUXIÈME PARTI E ... 83

CHAPITRE 4 : DISCUSSION ET PERSPECTIVES ... 84

4.1 M’BAHIAKRO : UN PIÈGE SPATIAL CARACTÉRISÉ PAR UN ENVIRONNEMENT EN TOUT LIEU FAVORABLE À LA PROLIFÉRATION DES GÎTES LARVAIRES DE MOUSTIQUES ET DES CONDITIONS SOCIO COMPORTEMENTALES QUI AMPLIFIENT LE RISQUE DE CONTRACTER LE PALUDISME... 84

4.2 LA PROPORTION D’UTILISATION DES MII COMME FACTEURS EXPLICATIFS DE LA VARIATION DU PALUDISME À L’ÉCHELLE DES QUARTIERS M’BAHIAKRO ... 87 4.3 VAINCRE LE PALUDISME PAR LE RENFORCEMENT DE L’IMPLICATION DES POPULATIONS DANS LA STRATÉGIE DE LUTTE 88

CONCLUSION GÉNÉRALE ... 91 BIBLIOGRAPHIE... 93 ANNEXE ... 99

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viii

Liste des figures

Figure 1: Mode de transmission du paludisme à l’homme (Source : www.nature.com)Erreur ! Signet non défini.

Figure 2: Cycle de développement des moustiques (inspiré de Mouchet et al. (2004) ...5 Figure 3: Carte de la ville de M'Bahiakro ...Erreur ! Signet non défini. Figure 4: Moyenne pluviométrique de 1961-2015 à M’Bahiakro (source : SODEXAM, Abidjan (Côte

D’Ivoire) ...Erreur ! Signet non défini.

Figure 5: Occupation du sol de la ville de M’Bahiakro et ses environs (Source : Google Earth) ... Erreur ! Signet non défini.

Figure 6: Carte topographique de M’Bahiakro et ses environs (Source : GMTED 2010)Erreur ! Signet non défini.

Figure 7: Profil topographique de direction nord-ouest/ sud-est de M’Bahiakro et ses environs .... Erreur ! Signet non défini.

Figure 10: Le quartier N'Gatakro sous les eaux du N'Zi, Ahui Juin 2016 ...Erreur ! Signet non défini. Figure 11: Le N’Zi inondant la nationale A 80 à l’entrée ouest de M’Bahiakro en septembre 2018

(Koaci.com ...Erreur ! Signet non défini.

Figure 12: Relation entre la TS et le NDVI (Sandholt et al., 2002) ...Erreur ! Signet non défini. Figure 14: Espace TS/NDVI de la ville de M’Bahiakro et ses environs...Erreur ! Signet non défini. Figure 15: Limite supérieure de l’espace TS/NDVI de M’Bahiakro ...Erreur ! Signet non défini. Figure 16 Limite inférieure de l’espace TS/NDVI de M’Bahiakro...Erreur ! Signet non défini. Figure 17: Maladie diagnostiquées dans le DSM (DSM, 2017) ...Erreur ! Signet non défini. Figure 18: Maladies diagnostiquées à M’Bahiakro en % (DSM,2017) ...Erreur ! Signet non défini. Figure 19: Carte de la répartition spatiale de la morbidité diagnostiquée du paludisme à M’Bahiakro entre

(9)

ix

Figure 20: Taux d’incidence du paludisme /quartiers à M’Bahiakro sur un échantillon de 100 ménages en

2017 ...Erreur ! Signet non défini.

Figure 21: Carte de l’occupation et de l’usage du sol de la ville de M’Bahiakro et ses environs en 2018

...Erreur ! Signet non défini.

Figure 22: Répartition de l’occupation et de l’usage du sol dans la zone tampon (500m) à M’Bahiakro en

2018 ...Erreur ! Signet non défini.

Figure 23: Carte de la sensibilité de l’occupation du sol à développer des gîtes larvaires de moustiques à

M’Bahiakro ...Erreur ! Signet non défini.

Figure 24: Répartition du niveau de la sensibilité de l’occupation du sol à développer des gîtes larvaires

de moustiques à M’Bahiakro ...Erreur ! Signet non défini.

Figure 25: Pourcentage de l’occupation du sol dans la zone tampon des quartiers de M’Bahiakro

présentant des sensibilités élevées et très élevées au développement des gîtes larvaires de moustiques ...Erreur ! Signet non défini.

Figure 26: Carte de la répartition de la température de surface à M’Bahiakro et ses environs ... Erreur ! Signet non défini.

Figure 27: Répartition de la température de surface par quartier à M’Bahiakro à l’intérieur de la zone

tampon (500m) ...Erreur ! Signet non défini.

Figure 28: Carte de la répartition de l’humidité de surface à M’Bahiakro et ses environsErreur ! Signet non défini.

Figure 29: Répartition de l’humidité de surface par quartier de M’Bahiakro à l’intérieur de la zone tampon

(500 m) ...Erreur ! Signet non défini.

Figure 30: Modèle numérique de terrain de M’Bahiakro par réseau triangulé irrégulier (TIN)... Erreur ! Signet non défini.

(10)

x

Figure 31: Altitude moyenne par quartier de M’Bahiakro à l’intérieur de la zone tampon (500 m). Erreur ! Signet non défini.

Figure 32: Variation de l’incidence du paludisme en fonction du niveau de sensibilité élevé de l’occupation

du sol à développer des gîtes larvaires de moustiques ...Erreur ! Signet non défini.

Figure 33: Distribution des 100 ménages enquêtés à M’Bahiakro en novembre 2017 (source : Google

Earth, nos enquêtes)...Erreur ! Signet non défini.

Figure 34 : Entrée d'un habitat de bas confort au quartier N'gatakro (Ahui, Juin 2016) ...64 Figure 35: Un habitat de moyen confort vu de profil au Quartier représentant (Ahui, juin 2016) ... Erreur ! Signet non défini.

Figure36 : Habitat de haut confort au quartier Dougouba (Ahui, Juin 2016) ...64 Figure 37: variation de la morbidité déclarée du paludisme en fonction du type d’habitat à M’Bahiakro en

2017 ...Erreur ! Signet non défini.

Figure 38: Variation de la morbidité déclarée du paludisme en fonction du niveau d’étude à M’Bahiakro

en 2017...Erreur ! Signet non défini.

Figure 39: Sanitaires traditionnelles et insalubre dans un ménage au quartier Koko 2, (Gabriel Ahui,

novembre 2017) ...Erreur ! Signet non défini.

Figure 40: Variation de la morbidité déclarée de paludisme en fonction du type de sanitaires à M’Bahiakro

en 2017...Erreur ! Signet non défini.

Figure 41: Un tas d'ordure devant une concession au quartier Baoulékro (Octobre 2017, Ahui) .... Erreur ! Signet non défini.

Figure 42 : Variation de la morbidité déclarée de paludisme à M’Bahiakro en foncti on du mode de

conservation des ordures ménagères...Erreur ! Signet non défini.

Figure 43: Variation de la morbidité déclarée de paludisme et mode de conservation de l’eau à

(11)

xi

Figure 44: Puits non couvert au quartier Représentant (Octobre 2017, Ahui) ...Erreur ! Signet non défini. Figure 45: Variation de la morbidité du paludisme en fonction du mode d’accès à l’eau ... 75 Figure 46: Affiche de la campagne de distribution des moustiquaires sur le mur de l’hôpital général de

M’Bahiakro en octobre 2017 (Ahui, octobre 2017) ...Erreur ! Signet non défini.

Figure 47: Variation de la morbidité déclarée du paludisme en fonction de l’usage de la moustiquaire

imprégnée en 2017 à M’Bahiakro ...Erreur ! Signet non défini.

Figure 48: Variation de l’incidence du paludisme en fonction de l’usage des MII à l’échelle des qu artiers

de M’Bahiakro en 2017 ...Erreur ! Signet non défini.

Figure 49: Carte de la répartition spatiale de l’incidence du paludisme et de proportion d’usage des MII à

M’Bahiakro en 2017...Erreur ! Signet non défini.

(12)

xii

Listes des tableaux

Tableau 1: Caractéristiques des images Landsat 8 ... 25

Tableau 2: Caractéristiques des images Sentinel 2 ... 26

Tableau 3: Répartition de la population par quartier enquêté (Source : INS, 2014) ... 27

Tableau 4: Données Sanitaires et socioéconomiques collectées à partir du questionnaire à M'Bahiakro ... 28

Tableau 5: Occupation du sol de la ville de M’Bahiakro et ses environs... 31

Tableau 6: Grille de lecture du K de Cohen inspiré de Landis et Kock (1977) ... 32

Tableau 7: Coefficient Kappa de Cohen... 32

Tableau 8: Classes d’occupation du sol et niveau de risque palustre associé, inspiré de Dambach et al., (2009) ... 33

Tableau 9: Description qualitative de l’état hydrique du sol, inspiré de Xiao et al. (2005) ... 39

Tableau 10: Variables d’analyses socioéconomiques et comportementales en lien avec le paludisme ... 41

Tableau 11: Coefficients Phi et niveau d’association résultant ... 42

Tableau 12: Morbidité diagnostiquée du paludisme à M’Bahiakro d’avril à septembre 2017 ... 46

Tableau 13: Morbidité déclarée et taux d’incidence (%) du paludisme à M’Bahiakro ... 48

Tableau 14: Classes d’occupation du sol et niveau de sensibilité au développement des gîtes larvaires de moustiques à M’Bahiakro... 54

Tableau 15: Répartition du niveau de sensibilité de l’occupation du sol à développer les gîtes larvaires de moustiques dans les différents quartiers de M’Bahiakro (% de la superficie) ... 57

Tableau 16: Cas déclarés de paludisme par type d’habitats à M’Bahiakro ... 68

Tableau 17: Cas déclarés de paludisme et niveau d’étude à M’Bahiakro ... 69

Tableau 18 : Cas déclarés de paludisme et type d’installation sanitaire ... 70

(13)

xiii

Tableau 20: Cas déclarés de paludisme et le mode de conservation de l’eau M’Bahiakro... 73 Tableau 21: Cas déclarés de paludisme et mode d’accès à l’eau à M’Bahiakro ... 74 Tableau 22: Cas déclarés de paludisme et usage des moustiquaires imprégnées à M’Bahiakro ... 76 Tableau 23: Test d’association de Khi carré entre la morbidité du paludisme et les variables socio

comportementales à M’Bahiakro en 2017 ... 78

Tableau 24: Coefficient V cramer et Phi évaluant la force de l’association entre l’usage des moustiquaires

et la morbidité du paludisme à M’Bahiakro ... 78

Tableau 25: résultats du modèle de régression logistique de la morbidité diagnostiquée du paludisme en

fonction de l’usage quotidien du paludisme à M’Bahiakro... 79

Tableau 26: proportion de l’utilisation des moustiquaires par quartiers à M’Bahiakro ... 80 Tableau 27: Orientations stratégiques de lutte contre le paludisme en Côte d’Ivoire 2014-2017 ... 89

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xiv

Liste des sigles et Abréviations

CCC Communication pour le changement de comportement CTA Combinaison thérapeutique à base d’Artémisinine DSM District Sanitaire de M’Bahiakro

EDS-MICS Enquête Démographique et de Santé et à Indicateurs Multiples ES Émissivité de Surface

ESA Europeen Spatial Agency

ESRI Environmental system research institute FIT Front Intertropical

GMTED Global multi terrain elevation data HG Hôpital Général

HS Humidité de Surface HTA Hypertension artérielle

IEC Information/Éducation/Communication INS-CI Institut Nationale de Statistique Côte d’Ivoire IRA Infection Respiratoire Aigüe

IRT Rayonnement infrarouge thermique LAV Lutte anti vectorielle

MII Moustiquaire Imprégnée d’insecticide

MILDA Moustiquaire Imprégnée à Longue Durée d’action NDVI Normalized difference vegetation index

NDWI Normalized difference water index OMS Organisation mondiale de la santé OS Occupation du sol

PID Pulvérisation intra domiciliaire

PNDS Plan national de développement sanitaire

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xv PV Proportional vegetation

RASS Rapport annuel de la situation sanitaire RGPH Recensement général de la population SIG Système d’information géographique

SODEXAM Société d’exploitation et de développement aéroportuaire et météorologique SSSU Service de santé scolaire et universitaire

TB Température de brillance

TPI Traitement préventif intermittent TVDI Temperature/vegetation dryness index TS Température de surface

USGS United stated geological survey UTM Universal transverse Mercator WGS World global system

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xvi

Dédicace

« Ce mémoire, je le dédie à mon ami Tiessiehoué Biaka Samuel, qui nous a quittés brusquement dans la fleur de l’âge le matin du 13 janvier 2016 à Bouaké. Samuel, nos rêves deviendront réalité et nos succès seront les tiens ».

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xvii

Remerciements

Mon arrivée à Québec le 30 décembre 2016 marque le début d’une aventure humaine et académique exceptionnelle. Riche de mes 400 CAD qui me restait en poche et sans bourse, je me suis maintes fois posé la question de savoir : comment vais-je pouvoir assumer mes frais de vie et ma scolarité ? Une petite voix me répondit n’ai pas peur « toute chose concoure au bien de ceux qui aiment Dieu ». Elle n’avait pas menti. À cet effet mes premiers mots vont à l’endroit du seigneur tout puissant. Merci de me porter dans le creux de ta main. Ensuite aucun mot ni acte ne pourraient traduire ou marquer ma reconnaisse et mon admiration à ton endroit. Car sans ton soutien, ta disponibilité et tes conseils judicieux, ce travail de recherche aurait été moins agréable. Nathalie tu es plus qu’une directrice de recherche, tu es comme une mère pour moi. Professeure Barrette, tout simplement merci et ce, du plus profond de mon cœur. Mes remerciements vont ensuite à l’endroit de mon codirecteur de recherche le Dr Serge - Olivier Kotchi. Serge, merci de m’avoir pris sous ton aile et de me faire l’honneur de ton amitié. Mais surtout de me permettre de toucher du doigt les réalités du métier de géographe médical au sein de l’équipe de géomatique de l’Agence de la Santé Publique du Canada (ASPC) à Saint-Hyacinthe. Je tiens également à remercier la professeure Marie-Hélène Vandermissen, directrice du département de géographie de l’Université Laval. Marie-Hélène, merci d’avoir accepté de siéger sur mon comité de direction, mais aussi pour ta patience à mon égard et tes encouragements. Merci également à M. Yves Brousseau, professeur agrégé au département de géographie de l’Université Laval pour ses conseils avisés. Grand merci à Mme Stéphanie Brazeau et à toute l’équipe de géomatique de l’ASPC de Saint-Hyacinthe pour votre accueil chaleureux. Merci aux Dr Tra bi Armand, Diomandé Beh Ibrahim, Soro Nambégué et au Professeur Assi Khaudjhis Joseph, et à tous les enseignants du département de géographie de l’Université Alassane Ouattara de Bouaké (Côte d’Ivoire).

Merci au Dr Manouan Jean Marc, directeur départemental de santé de M’Bahiakro et à toute son équipe. Notamment M. Kra jacques, M. Essis, Dr Koffi et au Dr Brou Ballé Séraphin pour m’avoir permis d’accéder aux données sanitaires de M’Bahiakro.

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xviii

Je suis reconnaissant envers les membres de ma famille, mes premiers supporteurs. Merci, maman Mossoubra et papa Ahui Brou, pour votre amour infini et vos énormes sacrifices. Merci à tous mes frères et sœurs, spécialement à toi Fabrice tu es un exemple de réussite. Je ne pourrai jamais te rembourser ce que tu as fait pour moi. Loin des yeux mais près du cœur, ton soutien indéfectible et ton amour me donnent des ailes. Merci, Kouadio Justice « Nadré », d’être à mes côtés malgré les 15000 km qui nous séparent. Merci à Prisca et à Karl de m’avoir ouvert vos portes. Vos petits plats m’ont permis de passer l’hiver sans trop déprimer. Merci à la famille Djigo de me faire l’honneur de leur amitié.

J’aimerai dire merci à Koudou ange William, mon compagnon d’infortune. Merci à mon ami Éric Tchindongo, ta joie de vivre et nos longues conversations m’ont fait me sentir moins seul , si loin de ma famille. Merci à Jean Philippe Gilbert et M. Benoît Lalonde pour votre aide et vos encouragements. Merci à tous mes amis de la faculté de géographie de l’Université Alassane Ouattara de Bouaké (Côte d’Ivoire).

Je ne saurais en si peu de lignes remercier toutes ces personnes qui ont contribué à l’aboutissement de ce travail de recherche. Veillez recevoir chers amis et collègues mes remerciements.

(19)

1

Introduction générale

Le paludisme est une maladie mortelle dont le parasite est transmis d’une personne à l’autre par les piqûres de moustiques (l’anophèle). Il existe cinq types de paludisme humain : le plasmodium vivax, P. malariae, P. ovale, le P. falciparum et le P. knowlesi. Le P. falciparum est le parasite du paludisme le plus prévalent dans le monde. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS, 2016), il est à l’origine de 99% des cas de paludisme estimés en Afrique subsaharienne. Cette partie du monde, concentre à elle seule 90% des cas enregistrés en 2016. Le paludisme est un problème de santé publique majeur qui préoccupe au plus haut point la communauté internationale. À cet effet, la cible 3.3 des objectifs du développement durable de l’Organisation des Nations Unies (ONU), prévoit mettre fin à l’épidémie du paludisme d’ici 2030 (ONU, 2015). Pour ce faire, 2,7 milliards de dollars ont été investis en 2016 par les gouvernements des pays endémiques et les partenaires internationaux pour le contrôle et l’élimination de la maladie. Puisqu’aucun vaccin n’est disponible à ce jour, la lutte contre cette épidémie dans le monde se résume essentiellement à la distribution de moustiquaires imprégnées d’insecticide (MII) pour se prémunir des vecteurs du paludisme.

En Côte d’Ivoire, l’influence de l’environnement physique et humain semble être l’une des causes majeures de la virulence du paludisme. La juxtaposition de l’aléa engendré par le milieu naturel (les températures chaudes, la dynamique saisonnière de la pluviométrie et l’humidité) qui favorise la prolifération des moustiques et la vulnérabilité sociale des popula tions fait que le risque de contracter le paludisme est très élevé. Le programme de lutte contre le paludisme a vu le jour en 1996 pour s’attaquer à cette problématique. Cependant après plus de deux décennies d’actions basées sur la sensibilisation des populations et la distribution de masse des MII, le paludisme sévit toujours de façon endémique en Côte d’Ivoire. C’est le cas dans la ville de M’Bahiakro, l’objet spatial de notre étude où le paludisme représente 70% des consultations médicales selon le District sanitaire de M’Bahiakro (DSM) en 2017. La transmission du paludisme résulte de l’interférence entre les facteurs environnementaux, anthropiques, et physiques et les moyens financiers alloués pour lutter contre cette maladie ne sont pas illimités dans un pays pauvre comme la Côte d’Ivoire, l’expertise géographique incluant l’analyse spatiale et des outils tels que les systèmes d’informations géographiques et la télédétection semblent alors

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2

intéressants pour compléter la stratégie de lutte. Par la caractérisation des espaces à risque de paludisme à M’Bahiakro, nous envisageons de mettre à la disposition des autorités sanitaires de la ville, une cartographie qui est basée sur la spatialisation du risque de paludisme. Cela permettra à terme de mieux orienter l’action du programme local de lutte contre le paludisme.

Par ailleurs, M’Bahiakro a été choisie comme zone d’étude pour deux raisons particulières. La première, c’est que nous avons eu l’opportunité d’accéder rapidement et aisément à des données sanitaires fiables sur la ville. La seconde, c’est qu’aucune étude de ce genre n’y a encore été réalisée. De plus, la politique d’aménagement des bas-fonds entourant cette localité pour la culture intensive du riz, expose un peu plus les populations aux vecteurs du paludisme. Les rizières sont d’excellents gîtes pour le développement des larves de moustiques (Adja et al., 2008).

Ce présent mémoire est structuré en quatre grandes parties. En entrée, la revue de la littérature, la problématique et les objectifs de recherche nous permettent de mettre ce travail dans son contexte scientifique. Au deuxième chapitre, la méthodologie présente la zone d’étude, les données et les différentes méthodes de traitement et d’analyse de ces données. Le troisième chapitre expose les résultats de nos analyses. Dans le quatrième et dernier chapitre, nous avons été à même de discuter nos résultats et de proposer des solutions en vue d’améliorer la stratégie de lutte contre le paludisme à M’Bahiakro.

(21)

3

Chapitre 1: Revue de littérature et cadre théorique

Le point sur l’état actuel de la recherche révèle que la dynamique spatiale de la transmission du paludisme a fait l’objet de plusieurs écrits. L’organisation des différentes idées nous a permis de structurer la revue de la littérature autour des thèmes suivants :

-

L’état des connaissances sur le paludisme et le cycle de développement des moustiques ;

- La contribution de la géographie à la lutte contre le paludisme ;

- L’approche géographique et les facteurs de risque de paludisme lié à l’environnement.

1.1 Le paludisme, une maladie à transmission vectorielle

L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS, 2012) définit les maladies à transmission vectorielle comme des maladies pour lesquelles l’agent pathogène (virus, bactérie ou parasite) est transmis d’un individu infecté (hôte vertébré) à un autre par l’intermédiaire d’un arthropode. Cette même organisation estime que les maladies à transmission vectorielle sont responsables de plus de 17% des maladies infectieuses et provoquent plus d’un million de décès chaque année à travers le monde (OMS, 2016). Le paludisme est la maladie vectorielle qui fait le plus grand nombre de victimes au monde (Sy et al., 2016).

1.1.1 Parasites et vecteurs du paludisme

Le paludisme est une infection parasitaire due à un hématozoaire du genre plasmodium (Fakih, 2014). Le paludisme est endémique dans pratiquement toutes les zones tropicales chaudes et humides. Cette maladie est transmise par la piqûre de moustiques du genre anophèle (Bourée, 2006) (figure 1). Le même auteur poursuit en précisant qu’il existe plus de 450 espèces d’anophèles dont environ 80 sont vectrices de différents plasmodiums (Bourée, 2006). En Afrique subsaharienne, on dénombre près de 150 espèces d’anophèles dont une douzaine sont d’excellents vecteurs du paludisme (Carnevale et Robert, 2009). En Côte d’Ivoire des travaux réalisés par le passé ont montré l’implication de l’anophèle gambiae et de l’anophèle funestus dans la transmission du paludisme (Doussou-Yovo et al.,1995 ; Girandin et al., 2004). Outre les

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deux vecteurs cités plus haut, les travaux d’Adja et al. (2008) présentent l’espèce Anophèle nili s.s comme le troisième vecteur de transmission du paludisme en Côte d’Ivoire et ce quel que soit le milieu phytogéographique dans lequel on se trouve.

Figure 1: Mode de transmission du paludisme à l'homme (Source: www.nature.com) 1.1.2 Cycle de transmission et facteurs de risque du paludisme

Pour Pages et al.,(2007), la présence de vecteurs dépend des conditions locales qui expliquent une part importante de l’hétérogénéité de la distribution du paludisme. Ainsi, l’anophèle tient compte de plusieurs facteurs pour choisir son site de ponte (Carnevale et Robert, 2009). Ce site est généralement une retenue d’eau douce, non polluée et peu agitée, faisant des zones rurales ou des périphéries urbaines leurs zones de prédilection (Pages et al., 2007). Selon Tchicaya et al. (2014), les anophèles sont des diptères holométaboles qui présentent quatre stades au cours de leur vie (figure 2). Les trois premiers stades dits pré-imaginaux sont aquatiques et comprennent les œufs, les larves et les nymphes. Le dernier stade, adulte ou imago est aérien. La durée de la phase aquatique dépend des espèces et de la température du gîte larvaire (Keïta et al., 2016). Celle de l’anophèle gambiae, est en moyenne de 7 à 10 jours (Robert et al., 1985), tandis que celle de l’anophèle funestus est relativement longue, variant de 20 à 30 jours (Hamon, 1955). Les anophèles funestus et gambiae sont très répandus dans les pays au sud du Sahara et constituent avec l’anophèle arabiensis les plus importants vecteurs de paludisme (Koekemoer et al., 2002). Ces espèces vivent dans les gîtes permanents : marécages, bords de lacs et étangs, rives

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herbeuses de fleuves, rivières et ruisseaux, zones d’inondation des cours d’eau (Mouchet, 1999). Elles peuvent aussi se développer dans les rizières (Betsi et al., 2012).

Figure 2 : Cycle de développement des moustiques (inspiré de Mouchet et al. (2004)

1.2 Les facteurs de risque de paludisme liés aux conditions du milieu

1.2.1 Le climat

D’après Sanni et Ze (2013), le paludisme a une répartition géographique très fortement liée au climat, au comportement humain et au relief qui conditionnent la vie et le développement de ses vecteurs. Les paramètres climatiques sont des déterminants importants dans le développement du paludisme. Le paludisme ne sévit que dans les régions tropicale et subtropicale. Robert et al. (1985), ont eu à mesurer le taux d’inoculation entomologique du Plasmodium Falciparum sur une

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période égale ou supérieure à une année dans les principaux faciès phytogéographiques et humains en zone de savane au Burkina Faso. Ces chercheurs ont pu observer que le taux d’inoculation entomologique était lié à la variation des saisons climatiques au Burkina Faso. De plus, Robert et al. (1985) constatent dans la même étude que la sèche est globalement défavorable au développement des vecteurs du paludisme dont la densité diminue durant cette saison. Par contre au Gabon, Koumba et al. (2018) ont remarqué une production larvaire de moustiques plus élevée en saison pluvieuse par rapport à la saison sèche. La pullulation de moustique en saison des pluies serait en partie due à la disponibilité des gîtes larvaires de moustiques tant en qualité qu’en quantité pour (N’Diaye et al. 2001).

La pluviométrie, l’humidité et la température conditionnent largement la propagation des vecteurs et la dynamique des parasites (Mouchet et al., 2004). Les pluies multiplient les sites de reproduction des moustiques, l’humidité favorise la survie des vecteurs et la température influence la vitesse de développement des parasites (OMS, 2012).

1.2.2 Les eaux de surface

Assako et al. (2005) soutiennent que les eaux de surface sont un biotope favorable au développement des insectes vecteurs de maladies transmissibles qui demeurent un problème majeur de santé publique en Afrique. Dans le cadre d’une étude portant sur l’écologie des gîtes larvaires et la bioécologie de la faune culicidienne, Betsi et al. (2012) ont mené une enquête entomologique dans la région forestière ouest de la Côte d’Ivoire. Les prospections réalisées font état de deux catégories de gîtes larvaires : les gîtes naturels et les gîtes artificiels. Ensuite au sein de ces grandes catégories se distinguent les gîtes à eau stagnante et les gîtes à eau courante. Les gîtes naturels à eau stagnante sont constitués par des marécages, des mares, des flaques d’eau issues des cours d’eau en décrue. Les gîtes naturels à eau courante sont essentiellement des cours d’eau et des ruisseaux. De plus, les gîtes artificiels à eaux stagnantes observés dans l’ouest de la Côte d’Ivoire sont les étangs de piscicultures, des trous d’emprunt de terre ou de sable, des traces de pas et des casiers rizicoles provenant de l’aménagement des bas-fonds. De même Mouchet et al. (1962) avaient déjà insisté sur le fait que les fleuves et les rivières sont des gîtes

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privilégiés pour l’anophèle nili, lorsque le courant est rapide et pour l’anophèle mouchiti dans les rivières à écoulement lent.

1.2.3 Le couvert végétal

Sanni et al., (2013) estiment que la transmission du paludisme est globalement plus faible en zone urbaine qu’en zone rurale et que la modification importante du couvert végétal et l’utilisation du sol constituent l’une des causes et l’un des facteurs aggravants dans la propaga tion du paludisme. La localisation de la végétation à proximité des lieux d’habitation accentue les risques de transmission du paludisme (Sanni et al., 2013). Dans son rapport de 2012, l’OMS constate que la destruction des forêts tropicales entraîne une augmentation rapide des cas de paludisme. Une faible diminution de la superficie des massifs forestiers augmente sérieusement le nombre de moustiques qui sont les vecteurs du paludisme. Ainsi, la dégradation de la forêt pour les activités agricoles peut favoriser la création de gîtes larvaires pour les vecteurs de plasmodium, faire varier leur productivité et donc expliquer des différences de densités (Ageep et al., 2009). Dans cette optique, Adja et al. (2008), ont conduit durant une année dans la ville d’Adzopé, au sud de la Côte d’Ivoire une étude qui visait à rechercher l’impact de l’aménagement des bas-fonds, pour des activités agricoles (rizicultures et cultures maraîchères) sur la transmission du paludisme. Il s’est avéré que les populations vivant à la périphérie de la ville où sont aménagés les bas-fonds sont trois fois plus exposées au risque de contracter le paludisme que les populations vivant dans le centre-ville. Cette forte transmission du paludisme est probablement due aux cultures qui offrent ainsi des gîtes favorables au développement des An. gambiae, principal vecteur du paludisme en Afrique (Adja et al., 2008).

1.2.4 Le relief et le sol

Pour Mouchet et al., (2004), le relief modifie les conditions épidémiologiques en fonction du degré d’inclinaison des pentes et de l’altitude. De plus, le relief dont les principaux descripteurs sont l’altitude et la pente permet de prédire ou d’expliquer la distribution des vecteurs de plasmodiums dans plusieurs contextes géographiques (Costantini et al., 2009). Par ailleurs, selon leur perméabilité, les sols sont plus ou moins favorables au maintien des gîtes larvaires

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d’anophèles (an). Les sols hydromorphes sont régulièrement saturés en eau, ce qui peut provoquer l’établissement de zones humides et donc potentiellement de gîtes favorables aux moustiques (Betsi et al., 2012).

1.3 Les conditions socioéconomiques

Aujourd’hui, on reconnaît que le paludisme est à la fois une maladie due à la pauvreté et une cause de pauvreté (Roll Back Malaria, 2001). Les pays d’endémie paludique sont parmi les plus pauvres du monde (Goodman et al., 2003). Pour Pierrat (2012), la seule présence d’anophèle ne suffit pas pour constituer un risque palustre en soi. Certaines conditions socioéconomiques et culturelles sont susceptibles de favoriser le risque palustre (Pierrat et al., 2012). En effet, la représentation et la connaissance du paludisme de la population, la précarité des habitats, les mauvaises conditions d’hygiène, d’assainissements publics et individuels constituent d’importants facteurs de risque qui contribuent à la dégradation de l’état sanitaire de la population et favorisent les lieux de ponte des anophèles (Tatoloum, 2016).

1.3.1 L’urbanisation

Kouassi, (2012) relève que les difficultés de contrôle et de maîtrise des formes d’occupation de l’espace urbain constituent des facteurs de détérioration de l’environnement urbain. Le même auteur précise qu’avec l’accroissement rapide de la population et l’extension démesurée de l’espace urbain, diverses pratiques de gestion des déchets ménagers ont été envisagées conformément aux caractéristiques sociospatiales des milieux urbains ivoiriens. Cependant, force est de constater que les différentes alternatives proposées pour enrayer le phénomène de la présence anarchique des sites de dépôt des déchets ménagers dans les agglomérations urbaines restent peu viables. L’amoncellement des déchets au niveau des friches urbaines, la présence des détritus le long des rues, l’encombrement des réseaux d’assainissement par les déchets et la couverture des espaces publics par les rejets de déchets industriels constituent des exemples illustratifs de la manifestation de l’insalubrité à l’échelle des villes ivoiriennes. Dongo et al. (2008) démontrent que le déficit de drainage et d’évacuation des eaux usées domestiques est un facteur de risque de plusieurs maladies, dont le paludisme. Les mêmes auteurs

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poursuivent leur analyse par l’observation d’un envahissement des rues et des terrains vagues par des dépôts d’ordures et des déversoirs d’eaux usées et d’eaux stagnantes abritant des gîtes larvaires de moustiques.

1.4 Géographie et lutte contre le paludisme

1.4.1 La géographie et l’analyse des problèmes de santé

La géographie de la santé ne peut plus faire l’impasse d’un positionnement clair dans le champ de la santé publique aux côtés des autres sciences de la santé. Pour la connaissance de l’écologie de la transmission des maladies, la priorité passe désormais par la compréhension des politiques de santé et leur application sur le terrain. Par sa capacité à développer des méthodes propres permettant de mettre en relation l’espace et le temps, les pôles et le réseau, les milieux et les sociétés, l’approche géographique a pris ce virage thématique et pratique (Handschumacher, 2004). Les travaux du père de l’épidémiologie moderne John Snow, sur le choléra à Londres (Snow, 1856) et ceux de Sorre (1933) sur le complexe pathogène en sont l’illustration parfaite. Lysanuik (2009, p.56) écrit : « la géographie de la santé s’attache à mesurer l’ajustement du système de soins aux besoins de santé. Son objectif est l’étude globale et spatiale de la qualité de la santé des populations, de leurs comportements et des facteurs de leurs environnements, tant naturel que socioculturels qui participent à l’amélioration ou à la dégradation de leur santé ». Les méthodes de la géographie apportent certes une contribution intéressante à la connaissance et à la lutte contre les maladies. Mais leur mise en œuvre repose sur plusieurs sciences et techniques géographiques dont il convient d’analyser les contributions spécifiques à la résolution des problématiques liées à la santé.

1.4.2 L’analyse spatiale et la lutte contre le paludisme

À Tori Bossito, une commune située au nord du Bénin, Pierrat (2012) a élaboré des cartes thématiques qui identifient clairement des territoires de risque palustre et une grande hétérogénéité des situations épidémiologiques et socioéconomiques selon les villages. Cette étude a été réalisée au moyen d’une analyse spatiale avec le logiciel ArcGis (ESRI, Redlands, Canada). Somé (2010) quant à lui a réussi à observer l’organisation spatiale des formes

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moléculaires M et S d’an. gambiae et à identifier les facteurs déterminant son développement au Burkina Faso. Cette recherche visait également à produire des modèles de distribution spatiale des espèces visées, ce qui a permis de savoir que deux facteurs environnementaux opposés caractérisent les zones de concentration et influencent de façon significative la distribution spatiale de ces deux formes moléculaires. Le premier groupe de facteurs est lié à l’humidité et se compose des précipitations, de la végétation et de la pression atmosphérique. Le second groupe évoque plutôt l’aridité et se compose de l’insolation, de la température, de l’évapotranspiration potentielle et du vent. À partir de ces déterminants de l’espace, deux modèles de distribution spatiale ont été réalisés permettant l’élaboration d’une carte de distribution spatiale de l’abondance relative des formes moléculaires M et S d’an. gambiae sur l’ensemble du Burkina Faso. En Côte d’Ivoire, Dongo et al. (2008) ont analysé la situation de l’environnement sanitaire des quartiers précaires dans le tissu urbain de la commune de Yopougon, à Abidjan. L’étude s’est appuyée sur l’utilisation de l’imagerie satellitaire Quickbird à très haute résolution spatiale et sur des données quantitatives et qualitatives. Les résultats de cette étude montrent que l’action combinée des divers facteurs environnementaux et des conditions socioéconomiques exposent les populations à des risques de maladies telles que le paludisme et la diarrhée.

1.4.3 Techniques géographiques et études des problèmes de santé

Les géographes utilisent certaines techniques en vue d’opérationnaliser leur approche. Il s’agit essentiellement de la cartographie, des systèmes d’informations géographiques (SIG), de la télédétection, la géostatistique, la photo-interprétation et la photogrammétrie. Selon les cas, les outils spatiaux servent à formuler des hypothèses, à les vérifier, à orienter les activités de terrain et à faire des prédictions (Pin Diop, 2006). Tous ces outils à la disposition du géographe lui donnent la possibilité de mener à bien son analyse.

1.4.4 La cartographie comme mode de visualisation des espaces à risque sanitaire

La cartographie offre à l’épidémiologie d’importantes possibilités théoriques et pratiques (Dedet, 1977). Elle permet la localisation précise du foyer naturel d’infection, la visualisation des variables environnementales associées au complexe pathogène. En ce sens, elle aide à une meilleure

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compréhension de la dynamique du complexe pathogène. La cartographie s’avère donc indispensable à l’élaboration et à la réalisation des programmes de lutte contre les maladies (Dedet, 1977). Pour Ledeur (2004), la cartographie permet de représenter les problèmes de santé publique en relation avec le milieu environnant. Une planification des actions à mener est directement visualisable. Abossolo et al. (2013), lors d’une étude portant sur des indicateurs de zones vulnérables au paludisme à Yaoundé, ont eu à cartographier les zones de vulnérabilité forte, moyenne et faible du paludisme dans les quartiers Ekellé et Nsimeyong. La méthode cartographique utilisée dans cette étude a permis d’avoir une vision plus globale et spécifique de la nature de la vulnérabilité des populations au paludisme dans les deux quartiers. Au Burkina Faso, la cartographie statistique réalisée par Badolo et al. (2014) a permis d’identifier la partie sahélienne, l’est et le sud-ouest du pays comme des régions à fort risque de morbidité et de mortalité maternelle associée au paludisme. En Côte d’Ivoire, Kouamé et al. (2016) ont analysé et cartographié le risque sanitaire du choléra en vue d’améliorer sa surveillance pour mieux lutter contre la maladie dans la ville d’Abidjan. Les résultats obtenus mettent en évidence la vulnérabilité au choléra des populations vivant dans les quartiers précaires. Cette vulnérabilité varie du niveau fort à extrême. La méthode utilisée pour cette étude peut servir à l’analyse des déterminants régissant la transmission d’autres maladies telle que le paludisme.

1.4.5 Apport de la télédétection à l’analyse des problèmes de santé

L’application des outils d’observation de la terre pour la surveillance et le contrôle des vecteurs de maladies remonte à 1949. À cette époque l’analyse de la végétation à partir des photographies aériennes en noir et blanc avait permis de déterminer les foyers endémiques de typhus en Asie du Sud-Ouest (Pin Diop, 2006). Jeanne (2000), nous rapporte qu’au-delà de la simple visualisation des données et de l’actualisation cartographique, les nouvelles possibilités d’acquisition, de gestion et de traitement d’information sur le milieu grâce aux satellites de télédétection, offrent un intérêt certain dans le domaine des pathologies liées à l’environnement. Meynard et al., (2003) dans un article portant sur l’utilisation des satellites en santé publique expliquent que l’utilisation des images satellitaires permet l’acquisition et la collecte d’informations sanitaires géoréférencées en temps presque réel. L’intérêt réside dans l’étude d’association entre les

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maladies transmissibles et les facteurs environnementaux, la connaissance de ces associations pouvant permettre d’identifier des zones à risques, de modéliser et de prédire la survenue des maladies (Meynard et al., 2003). C’est dans cette optique que Mikolajczak (2011) a utilisé des images à très haute résolution spatiale pour la production de cartes de risque paludique à Dakar. Cette étude s’est appuyée sur le cycle de l’anophèle et les principaux éléments environnementaux contrôlant sa présence ont été identifiés. Dans cette même veine, à Yopougon (Abidjan, Côte d’Ivoire) Dongo et al. (2008) font une interprétation visuelle des bandes panchromatiques, multi spectrales et des compositions colorées des images QUICKBIRD à très haute résolution spatiale afin de relever les différentes structures des habitats et produire une carte d’occupation du sol. L’intégration des innovations de la télédétection en zone urbaine a contribué à améliorer l’approche développée dans cet article couplant les techniques spatiales aux investigations de terrain pour l’analyse de l’environnement sanitaire de Yopougon (Côte d’Ivoire).

1.4.6 Les Systèmes d’Information Géographique (SIG)

Selon Kouamé et al. (2016), les systèmes d’information géographique (SIG) avec leur approche systémique et certaines capacités d’analyses spatiales jouent un rôle clé d’interface entre l’environnement, la santé publique et l’épidémiologie. À cet effet à Ouagadougou (Burkina Faso), Kientga (2008) a mis en lumière par une approche SIG les principaux déterminants de la gestion des déchets et leurs conséquences sur la santé. À Antananarivo (Madagascar), un SIG a été mis en œuvre en regroupant plusieurs facteurs afin de déterminer des zones à risque sanitaires. Les analyses statistiques et spatiales ont montré une inégalité de distribution spatiale des ressources sanitaires (Randremanana et al., 2001). Par ailleurs, la combinaison de l’information multi sources (image Quickbird, données exogènes, résultats d’enquêtes socio-environnementales) dans un SIG, a permis d’analyser l’environnement sanitaire de six quartiers précaires situés le long d’un canal d’évacuation des eaux usées à Yopougon (Abidjan, Côte d’Ivoire). Les résultats obtenus ont permis de planifier et de valider les mesures à prendre pour remédier aux déficits d’assainissement de ces milieux précaires (Dongo et al., 2008). Une étude plus récente menée par Kursah (2016) s’est évertuée à modéliser la susceptibilité du paludisme dans le district de Saboba au nord du Ghana en s’appuyant sur un SIG. Il ressort de ces travaux que, bien que le

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district ait enregistré des cas élevés de paludisme (environ 62,2%), la prévalence de la maladie est concentrée sur un espace restreint (1,7% du district) donnant lieu à des points chauds du paludisme (Kursah, 2016). Le même auteur affirme que les SIG peuvent être utilisés pour modéliser et prédire l’occurrence du paludisme.

1.5 Conclusion partielle de la revue de littérature

De cette revue de la littérature, nous pouvons retenir que la dynamique de la transmission du paludisme est régie par des variables de l’environnement naturel et des variables anthropiques (environnements modifiés par l’être humain), des variables socioéconomiques et des variables relatives au comportement humain. De plus, la géographie de par son objet, son approche et ses outils apporte une contribution indispensable à la connaissance des problèmes de santé. Cependant force est de constater qu’aucune recherche scientifique alliant espace et dynamique de la transmission du paludisme n’a été effectuée à M’Bahiakro. C’est ce constat qui nous a amenés à choisir cette ville située au centre de la Côte d’Ivoire comme notre zone d’étude. En outre, ce travail de recherche s’inscrit dans la dynamique d’ouverture de la géographie sur les problématiques de santé en abordant la caractérisation des espaces à risque de paludisme dans la ville de M’Bahiakro.

1.6 Problématique, objectifs et hypothèses de recherche

1.6.1 Problématique

Le paludisme est la maladie parasitaire la plus répandue dans le monde (Mouchet et al., 2004). Selon l’OMS en 2016, 40 % de la population mondiale, soit plus de deux milliards de personnes vivent dans des régions à risque. Quelque 216 millions de cas cliniques et 445 000 décès liés au paludisme ont été enregistrés en 2016 dans le monde. Cependant, près de 90% de ces décès sont enregistrés en Afrique subsaharienne où les personnes les plus touchées sont les femmes enceintes et les enfants de 0 à 5 ans (OMS, 2012), et ce en dépit de l’engagement pris par 189 pays en 2000 envers les objectifs du millénaire de lutter contre cette maladie, et renouvelé en 2015 avec les objectifs du développement durable.

En Côte d’Ivoire, le paludisme constitue la première cause de morbidité et de mortalité. Dans les établissements sanitaires, une personne sur trois qui se fait consulter souffre du paludisme, et

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l’incidence était de 154,5‰ en 2016 (RASS, 2016). Le paludisme représente 43% des motifs de consultation, et il constitue le facteur principal de mortalité infantile avec une incidence de 286,87‰ en 2016 (RASS, 2016). En outre, la transmission du paludisme est observée toute l’année sur l’ensemble du pays avec des pics lors des saisons de pluies (Dossou-Yovo et al., 1994). Le paludisme manifeste une dépendance plus ou moins marquée à l’égard du milieu. En général, l’agent vecteur présente une plus grande sensibilité au milieu et ses exigences jouent un rôle déterminant dans l’écologie du complexe pathogène (Le Bras et al., 2004). Le milieu naturel façonne les conditions de contamination. Mais celles-ci peuvent être modifiées par l’activité humaine (Carme, 1995).

Face à ce fléau, la réponse nationale est organisée autour de schémas thérapeutiques et de stratégies de prévention inscrites dans le Programme National de Lutte contre le Paludisme de la Côte d’Ivoire (PNLP-CI). Au titre de la prévention, l’accent est mis sur l’assainissement du cadre de vie et la promotion de l’utilisation des Moustiquaires Imprégnées à Longue Durée d’Action (MILDA). Mais les MILDA, ne sont utilisés que par 5% de la population adulte et 4% des enfants de 0 à 5 ans en milieu rural en Côte d’Ivoire (Tia et al., 2016). S’agissant de la prise en charge médicale, les cas simples de paludisme sont traités dans les centres de santé et les associations sociales et communautaires.

Malgré ces efforts, la Côte d’Ivoire en général et la ville de M’Bahiakro singulièrement, connaissent un développement continu du paludisme. En outre, M’Bahiakro se situe dans la zone de paludisme stable à faciès tropical. Dans cette localité de transition forêt-savane, la maîtrise des espaces à risque de paludisme est l’un des enjeux majeurs de la stratégie de lutte contre la maladie. Ainsi, le sujet de notre étude intitulée « Caractérisation des espaces à risque de

paludisme à M’Bahiakro » nous permettra d’analyser les relations qui existent entre la

dynamique de la transmission du paludisme à M’Bahiakro et les déterminants environnementaux et sociodémographiques.

Face à ce problème de gestion de l’environnement, il importe de savoir :

Comment les facteurs naturels et anthropiques régissent la transmission du paludisme à M’Bahiakro ?

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1.6.2 Objectifs de recherche 1.6.2.1 Objectif général

Cette étude vise à identifier les caractéristiques environnementales, microclimatiques,

comportementales et socioéconomiques, en lien avec la morbidité du paludisme à M’Bahiakro.

1.6.2.2 Objectifs spécifiques

De façon spécifique, il s’agit de :

1- Cartographier et analyser la morbidité du paludisme à M’Bahiakro ;

2- Classifier l’occupation du sol et identifier les sites favorables au développement des gîtes larvaires de moustiques à M’Bahiakro ;

3- Évaluer la température et l’humidité de la surface de la ville de M’Bahiakro ; 4- Décrire la topographie de la ville de M’Bahiakro ;

5- Étudier la relation entre l’occupation du sol, la topographie, les paramètres microclimatiques et la morbidité du paludisme à M’Bahiakro ;

6- Analyser les caractéristiques sociales et comportementales pouvant expliquer la répartition de la morbidité du paludisme des habitants de la ville de M’Bahiakro.

1.6.3 Les hypothèses de recherche

Les hypothèses que nous émettons sont les suivantes :

1- Il existe une hétérogénéité spatiale du risque de paludisme à M’Bahiakro ;

2- Cette hétérogénéité serait principalement le fait de la présence de profils socioéconomique et comportemental variables à M’Bahiakro ;

3- L’exposition à des environnements propices au développement des gîtes larvaires de moustiques serait pratiquement identique sur l’ensemble du territoire de M’Bahiakro. Nous avons bâti nos hypothèses à partir des entretiens que nous avons eus avec le directeur départemental de la santé et le directeur technique de la mairie de M’Bahiakro. Au cours de nos échanges, le premier responsable de la santé publique de la ville nous a fait savoir que les cas de paludisme dans la population étaient inégalement répartis à l’échelle des quartiers de M’Bahiakro. Quant au directeur technique de la mairie, il nous a instruit sur les caractéristiques

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physiques et les traits socioéconomiques des populations et des problèmes d’assainissement de la ville.

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Chapitre 2 : Méthodologie de recherche

Le second chapitre du mémoire, présente en entrée la géographie de notre zone d’étude dans sa composante humaine et physique. Puis le mode d’acquisition, le type et les sources des données. Pour enfin expliquer la méthode utiliser pour traiter et analyser les données collectées.

2.1 La zone d’étude

2.1.1 Géographie de la zone d’étude

Située au centre de la Côte d’Ivoire en Afrique de l’Ouest, la ville de M’Bahiakro (figure 3), constitue notre zone d’étude. Elle s’étend sur une superficie de 478 hectares et est le chef-lieu du département de M’Bahiakro, dans la région du N’Zi Iffou. M’Bahiakro est composée de 9 quartiers et d’un nouveau lotissement en cours de viabilisation que nous n’avons pas pris en compte dans notre étude. Il s’agit du quartier TP. La population de la commune est estimée à 14894 habitants, dont 7509 hommes et 7385 femmes (RGPH, 2014). Faisant anciennement partie de la boucle du cacao, l’économie de M’Bahiakro à l’image du reste du pays repose essentiellement sur l’agriculture. Les populations s’adonnent pour la plupart à l’agriculture d’exportation (cacao, café, hévéa et anacarde) et à l’agriculture vivrière (riz, maïs, ignames).

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19 2.1.2 Caractéristiques physiques de la zone d’étude

2.1.2.1 Le climat

Le climat de la ville de M’Bahiakro est de type subtropical à quatre saisons. La variation du climat à l’instar du reste du pays est déterminée par le déplacement du front intertropical (FIT). Le FIT est une zone de confluence où se rencontrent deux masses d’air de caractéristiques différentes : la mousson, qui est un vent humide provenant de l’océan atlantique et l’harmattan (Alizé), un vent sec d’origine désertique. À partir de la seconde moitié du mois de novembre jusqu’au mois de février le FIT est poussé par les vents secs vers le sud de la Côte d’Ivoire. Mais à partir du mois de mars, la mousson rechargée par la haute pression de Sainte-Hélène envahit le littoral ivoirien et repousse le FIT à nouveau vers le nord du pays. Ce déplacement du FIT commande la variation des saisons en Côte d’Ivoire, donc par ricochet à M’Bahiakro. Lorsque le FIT se trouve au sud de la Côte d’Ivoire c’est la saison sèche à cause de la présence des vents secs sur l’ensemble du pays. À l’inverse lorsque le FIT remonte vers le nord, c’est la saison des pluies qui s’installe. Ainsi la ville de M’Bahiakro voit le passage du FIT deux fois par année et son climat se caractérise par une pluviométrie annuelle assez faible estimée à 1075 mm et une température moyenne annuelle de 27.5° C. La ville de M’Bahiakro est soumise à une alternance de deux saisons sèches (novembre à mars ; juillet à août) et de deux saisons des pluies (mars à juin ; septembre à octobre) (figure 4)

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2.1.2.2 La végétation

La végétation de M’Bahiakro et de ses environs a connu une mutation depuis la fin des années 1980. La forêt n’existe pratiquement plus à cause de la pression anthropique liée aux activités agricoles et agroforestières. L’introduction des cultures d’exportation telles que le cacao, l e café, l’hévéa et l’anacarde a conduit au recul du couvert forestier de la région. En observant une vue aérienne par satellite de M’Bahiakro (figure 5), il nous apparaît que la zone d’étude est recouverte à plus de 80% d’une mosaïque de savane herbeuse et de savane arborée. Cette nouvelle tendance végétale est interrompue à quelques endroits par des reliques de forêts.

2.1.2.3 Topographie et sols

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21 2.1.2.3.1 La topographie

M’Bahiakro a un relief assez monotone et très peu accidenté. La carte topographique (figure 6), nous montre que les altitudes varient généralement entre 120 m et 140 m à l’intérieur de la ville. Les surfaces les plus en saillie se rencontrent à l’ouest, au niveau du quartier TP. L’altitude baisse au fur et à mesure que nous progressons vers l’est de M’Bahiakro en direction du fleuve N’Zi. Cependant lorsque nous observons la topographie de la ville en prenant en compte ses espaces attenants, force est de constater qu’elle est bâtie dans une vallée qui semble être le lit du fleuve N’Zi. Le profil topographique de M’Bahiakro et ses environs de direction nord-ouest / sud-est (figure

7), nous permet d’illustrer parfaitement cette situation géographique particulière. Cela favorise

l’inondation fréquente de la ville en saison des pluies et aussi la prolifération des milieux humides qui peuvent constituer des gîtes larvaires de moustiques.

(40)

22

Figure 7 : Profil topographique de direction nord-ouest/ sud-est de M’Bahiakro et ses environs

2.1.2.3.2 Les types de sols

Le sol joue un rôle important dans le développement des gîtes larvaires de moustiques. Car le type de sol en présence sur un espace favorise la stagnation ou pas de l’eau sur cet espace. Dans la ville de M’Bahiakro, deux types de sols ont été identifiés par Dibi et al (2013). Dans les zones de faibles altitudes, variant généralement entre 128 m et 132 m, les sols sont similaires aux sols hydromorphes des bas-fonds. Ils se rencontrent le plus souvent dans la partie sud de la ville. Aux altitudes supérieures à 132 m, les sols observés sont semblables aux sols sablo-argileux. Les

figures 8 et 9 présentent les deux types de sols en présence à M’Bahiakro.

(41)

23 2.1.2.4 L’hydrographie

M’Bahiakro s’est construite autour du fleuve N’Zi qui prend sa source au nord de la Côte d’Ivoire. Le N’Zi est donc le principal trait hydrographique de la ville, coulant globalement dans une direction nord-sud avec une pente relativement constante de l’ordre de 0,053% (Kouassi, 2010). En plus du N’Zi, le ruisseau Cégréné traverse les quartiers Lycée et N’Gatakro en direction du N’Zi. Par ailleurs, les deux principaux cours d’eau de la ville que sont le N’Zi et le Cégréné ont tendance à sortir de leur lit pendant la saison des pluies. Cela génère fréquemment des inondations dans les quartiers riverains de ces cours d’eau (figures 10 et 11).

2.2 La collecte et les sources des données

L’analyse de la relation qui existe entre la dynamique de la transmission du paludisme et les déterminants environnementaux, sociodémographiques et comportementaux à M’Bahiakro revêt deux aspects : la description des paramètres environnementaux qui conditionnent le développement des gîtes larvaires d’anophèles vecteurs du paludisme et l’analyse des facteurs anthropiques responsables de la disparité spatiale de la morbidité du paludisme.

À cet effet, la connaissance des paramètres environnementaux constitue la porte d’entrée pour comprendre le complexe pathogène du paludisme à M’Bahiakro. L’acquisition des données nécessaires à l’étude de ces paramètres a consisté à un travail de recherche, de collecte et de compilation de données satellitaires et cartographiques qui nous a permis de pallier le manque

Figure 10 : Le quartier N'Gatakro sous les eaux du N'Zi, (Ahui, Juin 2016) Figure 11 : Le N’Zi inondant la nationale A 80 à l’entrée ouest de M’Bahiakro en septembre 2018 (Koaci.com)

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24

de données accessibles sur la géographie physique de notre zone d’étude. Quant aux données sanitaires, sociodémographiques et comportementales, dans un premier temps nous les avons collectées au district sanitaire de M’Bahiakro. Mais comme le présageait Vidal de la Blache inspiré d’Ardaillon et cité par Wolff (2013) : « Avec les livres on ne fait que de la géographie médiocre, avec les cartes on fait de la meilleure, on ne la fait très bonne que sur le terrain ». Ainsi munis d’un questionnaire, nous nous sommes rendus sur le terrain afin de recueillir auprès des ménages des informations en lien avec la morbidité du paludisme et les paramètres sociodémographiques à l’échelle des ménages de la ville de M’Bahiakro.

2.2.1 Données sur les paramètres environnementaux

Selon la littérature scientifique (Borderon, 2016), les paramètres environnementaux jouent un rôle majeur dans la transmission du paludisme : la pluviométrie, la température, l’humidité du sol, le relief, les types d’occupation du sol conditionnent la prolifération des moustiques, vecteurs de la transmission du paludisme à l’être humain. Mais à cause de l’échelle de notre zone d’étude, il est peu probable d’observer une variation notable de la pluviométrie et de la température de l’air sur cet espace. Alors, il nous est apparu judicieux d’utiliser les paramètres microclimatiques tels que la température et l’humidité de surface pour analyser les conditions climatiques en lien avec la dynamique de la transmission du paludisme, qui selon Mouchet et al. (2004, p.147), « sont considérées comme de meilleurs prédicteurs de la densité des moustiques » à une échelle aussi fine que celle de la ville de M’Bahiakro.

2.2.1.1 Données de la température et de l’humidité relative de la surface

Les paramètres microclimatiques varient rapidement dans l’espace et dans le temps. Cela constitue l’une des difficultés d’utilisation de ces données. C’est pourquoi nous avons choisi de calculer la température et l’humidité de surface sur plusieurs dates et de retenir leur moyenne pour caractériser le microclimat de la ville de M’Bahiakro. À cet effet, trois images Landsat 8 Operational Land Imager and Thermal Infrared Sensor (OLI /TIRS) à 30 m de résolution spatiale, datant du 01/ 01/2018, du 19/03/2017 et du 16/01/2016 sans couverture nuageuse ont été téléchargées gratuitement sur le site de United States Geological Survey (USGS) : https://earthexplorer.usgs.gov/ . Les caractéristiques de ces images sont contenues dans le

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