• Aucun résultat trouvé

Construire le "je" par le jeu : les récits à la première personne en classe

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2021

Partager "Construire le "je" par le jeu : les récits à la première personne en classe"

Copied!
98
0
0

Texte intégral

(1)

HAL Id: dumas-00781059

https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-00781059

Submitted on 25 Jan 2013

HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci-entific research documents, whether they are pub-lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers.

L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés.

Marine Robert

To cite this version:

Marine Robert. Construire le ”je” par le jeu : les récits à la première personne en classe. Education. 2012. �dumas-00781059�

(2)

IUFM SITE DE NANTES

AnnŽe universitaire 2011/2012

CONSTRUIRE LE Ç JE È PAR LE JEU

Les rŽcits ˆ la premire personne en classe

ROBERT Marine

Sous la direction de Martine DORDAIN

Master 2 MŽtiers de lÕEnseignement de lÕEducation et de la Formation

SpŽcialitŽ Enseignement du Premier DegrŽ

(3)

RŽsumŽ en franais :

Les rŽcits ˆ la premire personne permettent de rendre la lecture plus comprŽhensible ˆ lՎcole et plus accessible en particulier le rapport auteur, narrateur et personnage. Le travail de lecture gagne ˆ sÕarticuler ˆ lՎcriture. Ces rŽcits en Ç je È offrent des intŽrts ˆ la fois sur le plan linguistique, pŽdagogique mais aussi psychologique. Ce genre littŽraire ˆ toute sa place a lՎcole.

Mots clŽs :

RŽcits ˆ la premire personne - Lecture Ð Ecriture - MŽtalinguistique - Construction de soi

English summary:

First person writings allow for a more comprehensible reading in school and particularly a more accessible rapport between the author, narrator and character. The reading work benefits its expression through the writing.

These "I" writings offer interests in linguistics, pedagogics as well as psychology. This literary style finds its place in its entirety at school.

Key words:

(4)

Je tiens ˆ remercier ma directrice de mŽmoire ainsi que ceux qui mÕont laissŽ entrer dans leur classe, enseignants et ŽlvesÉ

(5)

! "#$%&'()$"&#! *! "+!,-!,"$$.%-$(%.!'.!/.(#.00.!-(!0.%1").!'(!%.)"$!-!,-!2%.3".%.! 2.%0&##.! 4! 56!7(8.0$9).!7(8(#!%.)"$!-!,-!2%.3".%.!2.%0&##.!:! 4! ;6!,.!%.)"$!'.!1".<!(#!=.#%.!-3>"=(! 5?! "#!$"%&'()$!%*)+(!+),)%(-&'')$! ./! 0#!"1(&0-&2$"34-)!)(!+-'%)$-()! ..! %#!,)!($"5"-,!6)!,"!7)7&-$)! .8! @6!.#$%.!1.%"$.!.$!A")$"&#! 5@! "#!,)+!+()$)&(93)+!61!2)'$)! .:! 0#!,"!,-7-()!"5)%!,*"1(&;-%(-&'! .<! B6!.#!,"$$.%-$(%.!'.!/.(#.00.<!(#!2-#.,!'.!%.)"$0! 5C! "#!(93&,&2-)!6)+!$)%-(+!"!,"!3$)7-)$)!3)$+&'')!)'!,-(()$"(1$)!6)!=)1')++)! .>! 0#!,)+!$)%-(+!"!,"!3$)7-)$)!3)$+&'')!)'!,-(()$"(1$)!6)!=)1')++)! .?! ""+!,-!,"$$.%-$(%.!.#!D!/.!E<!(#.!"#A,(.#).!0(%!,.!=&($!'8.)%"%.! ;@! 56!.)%"%.!-(!)F),.!@! ;@! "#!,)+!3$&2$"77)+! 8:! 0#!)%$-$)!6"'+!,"!%,"++)!6)!,-(()$"(1$)! 8@! %#!)%$-$)!A!B1),+!)'=)1C!6-6"%(-B1)+!D!)(!3)6"2&2-B1)+!E! 8>! ;6!2&(%7(&"!.)%"%.!-!,-!2%.3".%.!2.%0&##.!:! ;4! "#!3+9%4&,&2-)! 8F! 0#!,"!;&'%(-&'!6)!%)+!$)%-(+! :/! @6!,.0!3&$"1-$"&#0!'(!,.)$.(%! @;! "#!"1()1$!)(!,)%()1$G!1'!7)7)!7&0-,)! :8! 0#!!,)!,)%()1$G!1')!%1$-&+-()!-'"5&1"0,)! :H! B6!(#!0(22&%$!2%"1",.=".!2&(%!3&$"1.%!,8.)%"$(%.!.#!D!/.!E!G!,-!2&.0".! @H! """+!2&.0".<!%-22&%$!-(!3&#'.<!-!0&"<!-!,-!,-#=(.! @4! 56!,-!2&.0".!-!,8.)&,.! @4! ;6!.)%"%.!0(%!0&"!2&(%!0.!)&#0$%("%.! B@! @6!.)%"%.!0(%!0&"!2&(%!)&#0$%("%.!0&#!%-22&%$!-(!3&#'.! H?! B6!,-!A&#)$"&#!3.$-,"#=("0$"7(.!'(!,-#=-=.! H5! "#!)%$-(1$)!3&)(-B1)!)(!7)(",-'21-+(-B1)! <8!

(6)

0#!61!=&1$'",!-'(-7)!"!,"!7)(",-'21-+(-B1)! <H!

)&#),(0"&#! H*!

>">,"&=%-2I".! H4!

(7)

INTRODUCTION

Ç Samedi 11 juillet 1942

Papa, Maman et Margot ont encore du mal ˆ sÕhabituer au carillon de la Westertoren, qui sonne tous les quarts dÕheure. Moi pas, je lÕai tout de suite aimŽ, et surtout la nuit, cÕest un bruit rassurant. Il tÕintŽressera peut-tre de savoir quelle impression cela me fait de me cacher, eh bien, tout ce que je peux te dire, cÕest que je nÕen sais encore trop rien. Je crois que je ne me sentirai jamais chez moi dans cette maison, ce qui ne signifie absolument pas que je mÕy sens mal, mais plut™t comme dans une pension de famille assez singulire o je serais en vacances. Une conception bizarre de la clandestinitŽ, sans doute, mais cÕest la mienneÉ È1

Cet extrait fait Žcho chez certaines personnes. En effet, nous avons tous des souvenirs de ces lectures o auteur/narrateur et hŽros ne font quÕun. Qui nÕa pas, au cours de sa scolaritŽ, lu ou du moins approchŽ des autobiographies, des rŽcits de vie, des journaux intimes ou encore des romans Žpistolaires ? Beaucoup dÕentre nous avons en mŽmoire les correspondances de Mme de SŽvignŽ, les Essais de Montaigne, les Confessions de Jean-Jacques Rousseau, le journal DÕAnne Franck et bien dÕautres. JÕai moi mme durant mon enfance lu beaucoup dÕÏuvres de ce genre, en les dŽvorant parfois. Par ailleurs, mon cursus scolaire orientŽ vers la littŽrature mÕa permis de me questionner sur ce genre si particulier et de mÕy intŽresser plus en profondeur car jÕai remarquŽ que ce type de rŽcits intŽresse toujours autant et suscite lÕengouement ds le plus jeune ‰ge. De plus, lors de mes diffŽrentes expŽriences professionnelles en tant que professeur stagiaire jÕai notŽ que ce genre a fait une entrŽe trs marquŽe dans le milieu scolaire et surtout, ce qui va mÕintŽresser pour mon Žtude, ˆ lՎcole primaire. Les programmes de lՎcole primaire de 2008, sÕinscrivent dans le cadre du socle commun de connaissances et de compŽtences qui constituent la rŽfŽrence. La ma”trise de la langue franaise Ð qui prend appui sur un programme dՎtude de la langue et de lecture Žcriture accordant une large place ˆ la littŽrature Ð est placŽe au centre de lÕapprentissage. CÕest dans lÕesprit de ces nouveaux programmes quÕont ŽtŽ crŽŽes de nouvelles

1

(8)

collections de manuels. Des thmes sont abordŽs pour aider les Žlves ˆ rentrer dans un genre ou un type de texte et construire des connaissances et compŽtences. CÕest le cas des rŽcits en Ç je È qui se voient aujourdÕhui, dans les manuels de franais de cycle 3, consacrer une place non nŽgligeable. Les textes proposŽ sur ce genre littŽraire sont divers et variŽs afin de garantir ˆ lՎlve une exploration dÕunivers et de rŽfŽrences culturelles. Dans certains manuels on va faire dŽcouvrir aux Žlves des textes appartenant ˆ un genre non fictif afin de faire Žmerger lÕidŽe que lire cÕest aussi se renseigner sur la vie des autres qui vivent des rŽalitŽs diffŽrentes mais que la lecture permet aussi de rencontrer, par le texte, un autre enfant ˆ travers duquel on va se retrouver. Mais les manuels insistent aussi sur la diffŽrenciation entre fiction et rŽalitŽ, question qui est posŽe ˆ travers la notion de narrateur/personnage. Ces explorations thŽoriques et de terrain au cours de mes diffŽrents stages mÕont donc amenŽes ˆ mÕinterroger sur lÕintŽrt de proposer ce type de rŽcits si t™t ainsi que sur les apports Žventuels de ceux-ci ˆ de jeunes Žlves.

Au cours de mon travail de recherche jÕai eu lÕoccasion de constater la trs grande richesse des ouvrages de littŽrature de jeunesse Žcrits ˆ la premire personne. De plus, je me suis rendu compte que ce genre littŽraire Žtait trs utilisŽ dans les classes et ce ds le cycle 2, surtout ds le CE1. Beaucoup dÕenseignants trouvent ces supports trs riches et trs adaptŽs, dÕautant plus que certaines Ïuvres se trouvent dans les listes de littŽrature de jeunesse ŽditŽes par le Ministre de lÕEducation Nationale. Il nÕa donc pas ŽtŽ difficile de trouver des personnes intŽressŽes pour me faire partager leur pratique de classe. Afin de construire mon Žtude, jÕai pu profiter de lÕexpŽrience dÕune enseignante de CE1/CE2 qui mÕa fait partager son projet dÕune annŽe autour du journal intime. De plus, jÕai pu mener en classe une sŽquence avec des Žlves de CM2 autour de la poŽsie en Ç je È, ce qui mÕa permis de recueillir des donnŽes trs intŽressantes afin dÕenrichir mon analyse. Enfin, afin dÕenrichir mon corpus jÕai ŽtudiŽ un grand nombre dÕÏuvres de littŽrature jeunesse de ce genre, ce qui mÕa permis de voir sous quels angles Žtait abordŽe cette littŽrature avec des enfants.

Philippe Lejeune a Žcrit Ç Lire (lÕautobiographie) au fond cÕest une lecture comme une autre, avec des motivations plus fortes peut-tre ou du moins diffŽrentes : la curiositŽ, le gožt du vrai, un mode diffŽrent dÕidentificationÉLՎcrire, en

(9)

revanche, ce nÕest pas une Žcriture comme une autre. Les mots, la ma”trise du langage peut-tre si. Mais lÕacte, non. On ne vient pas au collge pour raconter sa vie. On vient pour apprendre, apprendre la ma”trise du langage comme le reste et on apprend plus ou moins toujours en faisant semblant. La distance, le jeu, la simulation, lÕimitation font partie du plaisir. Alors ma vie, tout cru, tout vif, aux profs et aux copains, au nom de quoi le dirais-je, et en ai-je envie ? È. En effet, parler de littŽrature et dՎcriture en Ç je È ne peut se dissocier de la production dՎcrit. Avoir comme objectif de sensibiliser ˆ une forme de rŽcit particulire, le rŽcit ˆ la premire personne, ne peut tre indissociable dÕun autre objectif liŽ ˆ lÕacquisition de compŽtences dՎcriture. Donc, passer par lՎcriture permettrait aux Žlves de se libŽrer de certaines contraintes liŽes ˆ lÕaffectif et au personnel pour entrer entirement dans les caractŽristiques littŽraires et dans le r™le dՎcrivain, ˆ travers ce type de littŽrature.

LÕacte de lire est aussi liŽ ˆ part entire avec lÕacte dՎcrire. On pourrait mme dire que, de faon naturelle, et pour comprendre le fonctionnement des rŽcits en Ç je È, surtout pour des enfants, il faut passer par lՎcriture et se confronter aux contraintes du genre. CÕest donc tout autant lՎcriture que la lecture et la littŽrature qui vont tre les objectifs dÕun tel projet de recherche.

Aprs avoir ŽtudiŽ et mis en avant tout ce qui pouvait tre sous-tendu par la question des rŽcits ˆ la premire personne, des aspects les plus psychologiques aux aspects les plus littŽraires tout en intŽgrant cette question ˆ la littŽrature de jeunesse jÕai pu alors dŽfinir une problŽmatique de recherche :

Comment la littŽrature de jeunesse et lՎcriture en Ç je È peuvent-elles aider ˆ mieux sÕaccepter et ˆ mieux se construire en tant quՎlve et quÕenfant?

Dans un premier temps je montrerai que la littŽrature de jeunesse est au service du rŽcit ˆ la premire personne puis dans un second temps jÕexpliquerai en quoi la littŽrature en Ç je È influe sur le gožt dՎcrire. Enfin, jÕaborderai le rapport au monde, ˆ soi et ˆ la langue ˆ travers la poŽsie et le journal intime.

(10)

I. LA LITTERATURE DE JEUNESSE AU

SERVICE DU RECIT A LA PREMIERE

PERSONNE

Les rŽcits ˆ la premire personne ont des caractŽristiques littŽraires bien particulires qui font dÕeux un genre bien dŽfini et inŽdit. Ces spŽcificitŽs sont prŽsentes dans toutes les Ïuvres appartenant ˆ ce genre pour nÕimporte quels ‰ges et servent aussi bien la littŽrature Ç adulte È que la littŽrature jeunesse.

1) QuÕest-ce quÕun rŽcit ˆ la premire personne ?

LÕimportance du Ç Moi È

LÕautobiographie suppose que le narrateur soit ˆ la fois lÕauteur et le personnage central.

Le sujet de lÕautobiographie est le personnage central, et lui seul. Tous les ŽvŽnements nÕexistent que par rapport ˆ lui et sont rapportŽs exclusivement selon son point de vue. Cette situation du Ç je È auteur, narrateur et personnage implique une sorte de dŽdoublement. LÕauteur, ˆ partir de son prŽsent, part ˆ la recherche de son Ç moi È passŽ. Il recompose le sens de sa vie a posteriori.

Les caractŽristiques de lՎcriture

Le rŽcit de vie se caractŽrise par une alternance de rŽcit et dÕanalyse. Le rŽcit est consacrŽ ˆ une restitution ou une reconstruction du passŽ. LÕanalyse se situe gŽnŽralement au moment de lՎcriture. LÕauteur souligne tout ce qui lՎloigne ou le rapproche de lՐtre quÕil fut dans le passŽ.

Le jeu des temps

Le rŽcit de vie est une forme dՎcriture qui se tourne vers le passŽ : cÕest ˆ lՉge adulte que lÕon envisage de faire revivre sa vie antŽrieure. Le rŽcit rŽtrospectif se trouve donc constamment dŽcalŽ par rapport au prŽsent de lՎcriture.

(11)

2) Le rŽcit de vie, un genre ambigu

a) Raconter cÕest sŽlectionner

Raconter c'est trier, choisir des faits susceptibles de constituer une cha”ne de causes, de consŽquences. C'est rŽpondre ˆ un vital besoin d'unicitŽ et de sens.

LÕauteur/ narrateur va sŽlectionner des caractŽristiques qui lui sont propres. Il va les organiser dans le souci de Ç bien dire È et d'aider la reprŽsentation. L'Žcrivain peut rŽduire, dŽformer le trait.

Cette sŽlection fait que lÕobjectivitŽ que l'auteur s'emploie ˆ mettre dans son Ïuvre, dans sa description est sujette au soupon. L'objectivitŽ n'est-elle pas plus suspecte quand l'auteur est aussi l'objet de sa perception ?

ƒcrire sur soi c'est mettre en intrigue certains ŽlŽments, c'est sŽlectionner et agencer les faits. Par l'Žcriture l'Žcrivain va tenter de se confŽrer un identitŽ narrative, ˆ la fois narrateur et personnage principal.

L'autobiographie est indissociable d'un pacte dans lequel l'auteur s'engage respecter l'identitŽ de son nom avec celle de son personnage hŽros et du narrateur.

Daniel COUTY, a affinŽ la dŽfinition de Lejeune en ŽnumŽrant trois contraintes spŽcifiques liŽes au genre de l'autobiographie :

! le narrateur est le hŽros, lui tout seul

! le narrateur (installŽ dans le prŽsent) compose un rŽcit ˆ postŽriori, chargŽ de reconstituer le passŽ du hŽros

! l'autobiographe appelle un lecteur public

Il est en rŽalitŽ impossible de dŽfinir les rŽcits la premire personne car la frontire entre rŽel et fiction est trop mince. Chaque fantaisiste comporte une part d'autobiographie et il est impossible d'Žcrire sans faire rŽfŽrence ˆ son vŽcu.

(12)

Selon P. Lejeune, Ç Ç Du mentir vrai È ˆ l'autofiction, le roman autobiographique littŽraire s'est rapprochŽ de l'autobiographie au point de rendre plus indŽcise qu'elle n'a jamais ŽtŽ la frontire entre ces deux domaines. È2

b) Autobiographie et sincŽritŽ

Ces rŽcits sont liŽs ˆ des contraintes gŽnŽriques car il faut dŽterminer la coordination entre auteur/narrateur/hŽros. Le Ç je È renvoie ˆ l'auteur. Ainsi, d'aprs P. Lejeune, les autobiographes, les auteurs Žtablissent au dŽbut de leur Ïuvre un Ç pacte autobiographique È, dŽclaration d'intention qui peut s'exprimer de diffŽrentes manires : titres, dŽdicaces, prŽambules...

Mais ce pacte concerne aussi le lecteur, l'auteur sÕengage ˆ dire la vŽritŽ et oblige le lecteur ˆ se soumettre ˆ ses paroles. Le lecteur ne pourra pas vŽrifier l'authenticitŽ de ces faits et il lui est prŽfŽrable d'admettre que l'auteur dit vrai tout en mesurant la vraisemblance des ŽlŽments fournis.

Ce pacte est scellŽ ds le dŽbut ds que le Ç je È et le Ç moi È sont identifiŽs. Mais une grande partie du travail pour l'auteur est celui qu'il va faire sur sa mŽmoire, il va probablement faire des oublis (dus ˆ la mŽcanique physique de la mŽmoire), s'autocensurer. Les souvenirs arrivent en vrac et se bousculent, il va donc falloir les classer de faon rigoureuse et chronologique (souci de cohŽrence narrative, contrainte gŽnŽrique) ce qui peut tre un frein ˆ la reformulation. De plus, les souvenirs d'enfance peuvent tre liŽs eux-mmes ˆ des rŽcits oraux, racontŽs par autrui (cercle familial) et sont souvent liŽs ˆ des stŽrŽotypes, liŽs ˆ la mŽmoire collective et qui correspondent ˆ l'attente des lecteurs : naissance, portraits de famille, premier amour...

Le travail de mŽmoire est autant d'affabulation que de mŽmorisation. Il y a toujours une part de fantasme ˆ l'Ïuvre dans un rŽcit de vie.

2

Philippe LEJEUNE, Le Pacte autobiographique, Seuil, Ò PoŽtique Ó (Nouvelle Ždition, Ò Points Ó, 1996)

(13)

c) Le travail de la mŽmoire

"C'est un gosse qui parle. Il a entre six et seize ans, a dŽpend des fois. Pas moins de six, pas plus de seize. Des fois il parle au prŽsent, et des fois au passŽ. Des fois il commence au prŽsent et il finit au passŽ, et des fois l'inverse. C'est comme a, la mŽmoire, a va a vient. ‚a rend pas la chose plus compliquŽe ˆ lire, pas du tout, mais j'ai pensŽ qu'il valait mieux vous dire avant. C'est rien que du vrai. Je veux dire, il n'y a rien d'inventŽ. Ce gosse, c'est moi quand j'Žtais gosse, avec mes exacts sentiments de ce temps-lˆ. Enfin je crois. Disons que c'est le gosse de ce temps-lˆ revŽcu par ce qu'il est aujourd'hui [...]" 3

La mŽmoire reconstruit le passŽ, elle opre plusieurs transformations du rŽel vŽcu dans un temps passŽ. La mŽmoire est un processus de sŽlection et mme si lÕauteur ne voulait pas sŽlectionner des Ç instants È de sa vie sa mŽmoire le ferait ˆ sa place car cÕest un phŽnomne naturel. Le rŽcit est alors agencŽ dÕune telle faon que lÕauteur narrateur ne reprend pas comme tel la chronologie de sa vie. Le rŽcit de vie est toujours une reconstruction du rŽel aussi la modification de la chronologie des ŽvŽnements se fait selon quatre procŽdŽs :

- suppression : une grande pŽriode temporelle est escamotŽe ou alors ne prend que quelques lignes pour assurer la linŽaritŽ ;

- la dilatation : une courte pŽriode va, au contraire, occuper beaucoup dÕespace de texte ;

- la suppression/adjonction, on supprime un ŽvŽnement vŽcu pour un autre inventŽ ; - la permutation : on dŽplace des ŽvŽnement dans le temps de faon ˆ les anticiper ou les retarder (effets flashback).

Tous les ŽvŽnements qui sont trs ŽloignŽs, le passŽ lointain, souffrent avec le temps et la mŽmoire ne permettant pas de rendre tous ces ŽvŽnements intacts, va commettre des oublis et rendre le rŽcit chaotique et discontinu. Le narrateur va donc tre amenŽ ˆ

3

(14)

raccommoder son rŽcit avec des ŽlŽments imaginŽs ou partiellement inventŽs et cela va contaminer son souvenir dÕo une certaine part de fantasme et dÕaffabulation. Enfin, Žcrire son autobiographie cÕest essayer de cerner sa personnalitŽ pour la donner ˆ voir ce qui explique certains arrangements qui ne sont pas toujours conscients mais qui vont maquiller la rŽalitŽ.

Pour faire ressurgir les ŽvŽnements passŽs certains ŽlŽments sont trs importants comme les lieux qui vont guider la mŽmoire et les sens (ou•e, odorat, gožt) qui vont obliger la mŽmoire ˆ refaire un trajet qui permet dՎclairer une personnalitŽ adulte. Pour raconter on attend toujours que a soit terminŽ, le rŽcit de vie est ainsi tŽlŽologique, tout entier tournŽ vers sa fin et le sens quÕon veut lui donner.

3) Entre vŽritŽ et fiction

a) Les stŽrŽotypes du genre

Les stŽrŽotypes thŽmatiques :

Certains thmes apparaissent rŽgulirement dans le rŽcit ˆ la premire personne et ils correspondent bien entendu aux attentes des lecteurs : naissance, portrait de famille, petite enfance, escapade, accident, maladie, entrŽe en apprentissage premier amourÉLe souvenir est imaginŽ dÕaprs des rŽcits appartenant ˆ la mŽmoire collective.

Importance de lÕenfance :

Les hŽros de la littŽrature de jeunesse sont souvent des enfants ce qui est liŽ comme on lÕa vu au processus dÕidentification mais lÕenfance en gŽnŽral est un thme porteur dans tout rŽcit de vie ou toute autobiographie. Ce genre littŽraire a pour spŽcificitŽ de faire ressurgir le passŽ a postŽriori. L'auteur va devoir faire un choix et sŽlectionner des passages clŽs de sa vie mme s'il est guidŽ par la chronologie, c'est donc souvent dans l'enfance que l'on va puiser ses souvenirs. Mais ces souvenirs sont ˆ interroger car on peut douter de l'authenticitŽ de ces souvenirs qui co•ncident avec une pŽriode

(15)

lointaine, floue o il ne reste que des 'vestiges affectifs' car ˆ 4 ans on se souvient uniquement de sentiments agrŽables ou dŽsagrŽables. Cependant, les souvenirs liŽs ˆ la pŽriode de 4 ˆ 8 ans sont de nature diffŽrente et une mŽmoire pŽnŽtrŽe par la rŽflexion est rendue possible gr‰ce ˆ l'acquisition du langage et de ses structures. Mais, et il y a un mais, l'adulte lors de sa retranscription de son vŽcu sera contaminŽ par de nouvelles intentions, inconscientes. En effet, l'enfance est trop rapidement associŽe ˆ la nostalgie, ˆ l'innocence et aux paradis perdus, rien d'Žtonnant alors dans le fait que le passŽ soit transformŽ, amŽliorŽ par l'imagination.

Les stŽrŽotypes narratifs :

Les Žtapes conventionnelles du rŽcit biographiques ont ŽtŽ modŽlisŽes par Yves Stalloni4 notamment:

Les stŽrŽotypes mentaux :

LÕinsertion de lieux communs et de citations Ç nobles È rendent le rŽcit plus naturel et plus Ç vrai È et garantissent une conformitŽ ˆ lÕidŽologie Žtablie. LÕutilisation de stŽrŽotypes permet de donner une fonction vraisemblabilisante au rŽcit et donne lÕillusion du rŽel, une fonction Žvocatrice pour aider le lecteur ˆ se sentir dans une

4

Yves Stalloni, Les genres littŽraires, Armand Colin, 2008 La naissance

(origines, famille et proches, lieux dŽterminants, formation)

L'entrŽe dans la vie

(adolescence, dŽbut de l'‰ge adulte, vie sentimentale, initiation professionnelle)

(16)

ambiance familire, une fonction sociale, les stŽrŽotypes crŽent du lien social, une fonction esthŽtique et allier le plaisir de la surprise ˆ la reconnaissance et enfin une fonction argumentative, il est plus facile dÕutiliser des clichŽs pour convaincre de leur pertinence.

Ces clichŽs recherchŽs ou non sŽduisent le plus grand nombre mais ils ont leurs limites car ils peuvent produire lÕeffet inverse, moquerie, irritation du lecteur et pireÉennui.

b) La limite avec lÕautofiction

Les rŽcits ˆ la premire personne en tant que genre flirtent trs souvent et de plus en plus avec la fiction. Au-delˆ dÕun mensonge o dÕune invention quelconque qui feraient que certains rŽcits se retrouvent ˆ la marge avec le genre romanesque on voit alors sÕimposer un nouveau genre littŽraire, lÕautofiction.

Par complaisance, manque d'imagination ou par une impŽrieuse nŽcessitŽ intŽrieure, l'Žcrivain utilise ainsi sa biographie comme matire, pour une forme narrative o il s'abrite derrire un personnage romanesque. Et pour que cette attitude narrative soit conduite jusqu'ˆ son terme, il est nŽcessaire que l'Žcrivain laisse entendre que son texte est une confession, qu'il encourage une lecture en partie rŽfŽrentielle. Le roman personnel n'est donc qu'ˆ demi fictif, son contenu et l'effet qu'il recherche sont aussi autobiographiques.

La fictionnalisation de soi consiste ˆ s'inventer des aventures que l'on s'attribuera, ˆ donner son nom d'Žcrivain ˆ un personnage introduit dans des situations imaginaires. Cette activitŽ de fictionnalisation de soi exploite une tendance onirique et fantasmatique qui est inhŽrente ˆ la condition humaine. Aprs tout, les rives nocturnes, la rverie diurne, le fantasme ne font rien d'autre que de mettre en Ïuvre, de faon plus narcissique et plus complaisante, un tel processus. Entre le temps du sommeil o il glisse dans des fantasmagories qu'il ne contr™le pas et les rives ŽveillŽes qu'il provoque et entretien, une grande partie de l'existence de l'tre humain se dŽpense dans l'invention, l'Žlaboration et la contemplation d'histoires imaginaires o il joue un r™le. Si la fabulation est, ˆ en croire, Bergson, une facultŽ aussi naturelle que le sens de la vue ou du toucher, que dire de l'affabulation intime !

(17)

On doit ˆ Serge Doubrovsky5 d'avoir crŽŽ un terme qui permette de dŽsigner l'activitŽ littŽraire de la fictionnalisation de soi en littŽrature, le terme "autofiction". Il ne s'agissait pour lui, ˆ l'origine, que de nommer une forme inŽdite d'autobiographie. Le mot fera pourtant fortune avec une extension beaucoup plus large, pour dŽsigner des Ïuvres totalement Žtrangres au projet autobiographique. A la diffŽrence de l'autobiographie qui serait l'apanage des vies mŽmorables, l'autofiction serait le refuge des vies ordinaires. Elle permettrait ˆ chacun de raconter sa vie, ds lors qu'il la dote des atours de la fiction. Ç Les humbles qui n'ont pas droit ˆ l'histoire, ont droit au roman È6. L'autofiction selon Doubrovsky partagerait donc avec d'autres formes de l'Žcriture de soi l'autoportrait, l'autobiographie) l'authenticitŽ du vŽcu qui y est rapportŽe.

Avatar de l'autobiographie, rŽfŽrentielle en thŽorie mais assez fictive en pratique, romanesque au sens d'une certaine modernitŽ, inŽdite en son genre, tels sont les caractres de l'autofiction selon Doubrovsky, du moins jusqu'ˆ Fils7. Une dŽfinition voit alors le jour : une autofiction est une Ïuvre littŽraire par laquelle un Žcrivain s'invente une personnalitŽ et une existence, tout en conservant son identitŽ rŽelle (son vŽritable nom).

Ds lors, le vocable autofiction peut sembler impropre pour dŽsigner ce qui va faire l'objet de notre travail en littŽrature de jeunesse, pour nommer des Ïuvres souvent trs ŽloignŽs de l'autobiographie et une forme littŽraire o la fiction l'emporte sans Žquivoque avec des personnages/enfants crŽŽs de toute pice par un auteur adulte. A cette objection, on ne peut que rŽpondre qu'une situation de fait s'est Žtablie et que le nŽologisme de Doubrovsky est le seul terme qui se soit imposŽ aussi bien dans la presse que dans l'institution scolaire ou mme scientifique.

5

Serge Doubrovsky, Ò Autobiographie/ VŽritŽ / Psychanalyse Ó, in Autobiographiques, P.U.F., 1988

6

Serge Doubrovsky, Ç Autobiographie/ VŽritŽ / Psychanalyse Ó, in Autobiographiques, P.U.F., p.90, 1988

7

(18)

4) En littŽrature de jeunesse, un panel de rŽcits

a) Typologie des rŽcits ˆ la premire personne en littŽrature de

jeunesse

Ce qui va nous intŽresser en littŽrature de jeunesse cÕest la production littŽraire o lÕexpression personnelle tient ˆ travers lÕemploi du Ç je È une place centrale, Ç focale È qui gouverne tous les autres ŽlŽments et assure la cohŽsion de la structure. Ce genre est donc vaste mais il peut se dŽcomposer en sous-genres ; la production littŽraire et extra littŽraire prend des formes variŽes en littŽrature lorsquÔelle sÕannonce comme vŽridique et de nombreuses fictions sÕattachent ˆ imiter ces formes.

LÕautobiographie

ƒtymologiquement, lÕautobiographie est le rŽcit que lÕon fait soi-mme de sa propre vie. Les trois "je" se confondent (auteur, narrateur et personnage) comme pour LŽon. LÕautobiographie est Žcrite dans le but dՐtre publiŽe.

Le rŽcit de vie

Le narrateur parle ˆ la premire personne et raconte l'histoire de quelqu'un d'autre (Grand-pre, Le secret de grand preÉ)

Le rŽcit en Ç je È

Le narrateur parle ˆ la premire personne et raconte une histoire dont il est ou non le hŽros (Le hollandais sans peine, Mon cygne argentŽ, Trfle d'orÉ)

Autobiographie fictionnelle

L'auteur est diffŽrent du narrateur mais narrateur et personnage sont confondus et le rŽcit rend compte d'une partie de l'Histoire (Otto, Little Lou, Loup rouge)

(19)

Le journal intime

CÕest un Žcrit qui aborde gŽnŽralement les sentiments, pensŽes et aventures intimes de son personnage. Il a la particularitŽ d'tre rŽdigŽ rŽgulirement, souvent ˆ un rythme quotidien, et ses entrŽes sont datŽes. Il peut ainsi relater des pŽriodes variŽes de l'existence. Il peut prendre des formes variŽes en littŽrature de jeunesse, rarement vŽridique (Le Journal dÕAnne Franck) mais plut™t inventŽ (Mon je-me-parle, Le journal dÕAdleÉ).

Le rŽcit Žpistolaire

Le rŽcit se compose de la correspondance fictive dÕun ou plusieurs personnages (Lettres des Isles Girafines, Lettres de lՎcureuil ˆ la fourmi...).

b) Les rŽcits ˆ la premire personne en littŽrature de jeunesse

Le Ç je È en littŽrature :

LÕutilisation de la premire personne modifie lՎcriture et dŽfinit certaines catŽgories de lecture fixant ˆ notre activitŽ un horizon dÕattente particulier. Nous allons donc dŽfinir les deux visages du Ç je È :

- Le Ç je È peut tre le narrateur donc il va prendre en charge le rŽcit et le commenter parfois.

- Le Ç je È peut tre le personnage principal dont le Ç je È narrateur raconte lÕhistoire, cÕest le personnage de lÕhistoire racontŽe.

Le Ç je È joue sur la rŽcapitulation dՎvŽnements comme dans lÕautobiographie mais aussi sur la fragmentation comme dans les romans Žpistolaires ou dans les journaux intimes.

Ç Dans une histoire, le lecteur se projette en sÕidentifiant au personnage car il suscite en lui un intŽrt Žmotionnel, un envožtement ou un rejet. A travers lui, on aime, on hait, on rit, on pleure. Certains personnages laissent parfois en nous une trace extrmement profonde. È 8

8

(20)

Les rŽcits en Ç je È permettent ˆ lÕenfant de sortir de son propre Ç je È pour sÕidentifier au Ç jeÈ textuel, faisant ainsi une expŽrience possible, un essai, sans risque. Lire ces rŽcits sÕapparente ˆ un besoin de se comprendre, intellectuellement et Žmotionnellement ˆ travers lÕidentification et la projection aux autres. Ce sont les mmes besoins pour les enfants et les adolescents quand ils se tournent vers les rŽcits intimes du Ç je È. A lՎcole, il semble intŽressant de montrer aux enfants, ˆ travers une lecture littŽraire dÕÏuvres rŽflŽchie une autre faon dÕassouvir ce besoin existentiel si souvent prŽsentŽ dans les Žmissions trs en vogue ces derniers temps, la tŽlŽrŽalitŽ. La production de rŽcits de vie ˆ la premire personne est fort abondante en littŽrature de jeunesse. Les titres de certaines collections jeunesse sont rŽvŽlatrices comme Scnes de vie chez JÕai lu jeunesse, Tempo, des romans au rythme de la vie chez Syros jeunesse et CÕest ma vie chez Nathan.

Quand nous lisons, nous sommes tous sujets lecteurs et nous nous projetons dans le livre et cela nous permet de rentrer ˆ lÕintŽrieur de lÕÏuvre et dans le texte.

Ç Les personnages ont un r™le essentiel dans lÕorganisation des histoires. Ils permettent les actions, les assument, les subissent, les relient entre elles et leur donnent du sens. DÕune certaine faon, toute lÕhistoire est lÕhistoire des personnages. È 9

Du cycle 1 au cycle 3 les enfants vont donc, par la littŽrature de jeunesse construire la notion de personnage et lÕaffiner au fil des cycles en allant, au cycle 1, de lÕidentification ˆ lÕapproche de la fonction symbolique du personnage au cycle 3. CÕest ce fil rouge qui va guider les enseignants pour mettre en place une progression littŽraire au fil des cycles. Ç Le personnage est le pivot du rŽcit. LÕaction nÕacquiert son sens que par rapport ˆ un personnage. Comprendre les personnages demeure donc le moyen fondamental de comprendre lÕhistoire comme un tout. È10. CÕest donc en

9

Y. Reuter, LÕanalyse du rŽcit, Armand Colin, 2007 10

(21)

faisant Žvoluer cette vision du personnage que lÕon va pouvoir aborder les rŽcits ˆ la premire personne. Avec la narration ˆ la premire personne (journal intime, autobiographie, forme Žpistolaire), lÕauteur favorise lÕidentification du personnage ou son rejet Moi Milton, Hayde, C1 ; Je mange, je dors, je me gratte, je suis un wombat, J.French, C2; Mon je-me-parle, S. Pernush, C3. Les sujets plus graves sont donc propices ˆ une interpellation du lecteur au travers du devenir des personnages. La vie, la mort, lÕamour, la construction de soi sont des thmes qui poussent le lecteur ˆ sÕinterroger sur ses Žmotions, ses valeurs et ˆ les confronter lors dՎchanges avec dÕautres, Pou-poule, Loufane, C1 ; Le doudou mŽchant, C. Ponti, C2; Jojo la m‰che, O. Douzou, C ; Nuit dÕorage, M.Lemieux, C3; Grand-pre, G. Rapaport, C3; La rŽdaction, A. Skameta, C3. Tout le long de lՎcole primaire lÕenfant va pouvoir faire Žvoluer sa vision du personnage et ses Žmotions ˆ travers les albums de littŽrature de jeunesse afin de dŽvelopper, peu ˆ peu, sont regard critique sur le personnage.

Au cycle 1

Au cycle 1, le processus dÕidentification des enfants est prŽdominant. LÕobjectif dÕapprentissage en littŽrature dÕailleurs pour ce cycle est lÕidentification au personnage (ou le rejet). La littŽrature de jeunesse pour les trs jeunes enfants dŽborde de rŽcits ˆ la premire personne. Pour un grand nombre dÕouvrages la narration est en Ç je È ou Ç moi È. Le personnage principal est le narrateur, toujours un jeune enfant ou un animal, qui parle donc ˆ la premire personne. Le personnage raconte des moments du quotidien, des instants de vie, comme dans Et si jՎtaisÉ une souris ?, de Eve Tharlet. Le petit garon aspire ˆ ne pas faire son lit, ˆ ne pas se faire gronderÉ sÕil Žtait une souris, oui mais quand on est une souris on a peur du chat alors ce nÕest pas si mal dՐtre un petit garonÉ La sŽrie des Milton, ces albums sont souvent comme des petites leons de vie et le jeune enfant sÕidentifie plus ˆ un autre enfant (ou animal) quՈ un adulte par exemple. La narration ˆ la premire personne au cycle 1 est un mini jeu de r™le ou lÕenfant va pouvoir jouer ˆ tre comme le personnage. Le Ç je È sollicite le jeune lecteur et facilite lÕentrŽe dans la langue et dans le livre.

(22)

Au cycle 2

Au cycle 2, les rŽcits ˆ la premire personne ont une double fonction. Comme au cycle 1, le processus dÕidentification est trs fort surtout pour des Žlves de grande section. Cependant, les enfants de cet ‰ge montrent une certaine empathie, un partage des Žmotions avec le personnage qui raconte. La narration ˆ la premire personne permet un exutoire, permet de dŽpasser ses craintes et ses peurs. Quand on a lu La Petite peur qui monte, qui monteÉ de Michel Piquemal on en retire quÕaprs tout, il est bien normal dÕavoir peur quand on est petit et tout seul, on est plut™t rassurŽ. Les thmes abordŽs sont aussi des questions existentielles pour des enfants.

Au cycle 3

Les rŽcits ˆ la premire personne trouvent toute leur place au cycle 3. Non pas quÕils ne soient pas importants dans les deux autres cycles mais cÕest pendant ce cycle quÕils vont tre abordŽs en tant que genre littŽraire ˆ part entire avec ses caractŽristiques littŽraires et lÕon va pouvoir puiser des sources dans un panel dÕouvrage. LՎlve va tout autant sÕidentifier au hŽros que se servir de ces Ïuvres comme tremplin pour dŽpasser ses peurs et ses craintes mais lÕexploitation de rŽcits ˆ la premire personne va permettre dÕaller plus loin. En effet, on va tre alors face ˆ une multitude de genres. On va trouver de la Ç vraie È autobiographie comme LŽon de LŽon Walter Tillage o lÕenfant va pouvoir, par le biais de la narration ˆ la premire personne dŽcouvrir une pŽriode de lÕhistoire, lÕesclavage ; du journal intime, Mon Je-me parle de Sandrine Pernush et Ginette Hoffman ou en version thŽ‰tre Le Journal de grosse patate de Dominique Richard ; du rŽcit de vie, Comment jÕai changŽ ma vie dÕAgns Desarthes ou Moi et Rien de Kitty Crowther ; de romans Žpistolaires comme les Lettres de lՎcureuil ˆ la fourmi de Toon Tellegen ou encore dÕouvrages qui se voudraient rŽalistes et qui jouent avec la narration ˆ la premire personne comme Le Journal dÕun chat assassin dÕAnne Fine. CÕest dÕailleurs lˆ que le travail devient intŽressant car on dŽpasse lÕidentification et on sÕinterroge sur la vraisemblance des Žcrits.

Travailler sur un genre ˆ lՎcole permet de travailler la comprŽhension. Cela facilite la lecture car il y a des attentes et des constantes, on ne mobilise pas les mmes activitŽs suivant le genre quÕon lit. Cela permet aussi de mobiliser les connaissances du lecteur,

(23)

quand on conna”t les genres on peut jouer sur la transgression et on peut alors Žcrire en sachant dans quel cadre sÕinscrit la production. Mais on se demande alors quelles sont les spŽcificitŽs de ce genre littŽraire.

Ce genre littŽraire produit en littŽrature de jeunesse les mmes questionnements quÕen littŽrature Ç classique È. Les enfants (qui deviendront des adolescents) aiment lire ce type de rŽcit tout comme les adultes et on en vient ˆ se demander quelles sont leurs motivations alors que les rŽcits dÕaventures de plus en plus extraordinaires, la science-fiction et le fantastique connaissent un grand succs aujourdÕhui. Kitty Crowther, auteur de littŽrature de jeunesse dit quand elle parle de son ouvrage Moi et Rien Ç Le c™tŽ fascinant de la crŽation, ce sont les liens trs forts entre une Žmotion vŽcue et sa rŽapparition sous une forme ou lÕautre. ÈÉ Ç Petite, je mettais les vestes et les manteaux de mon pre qui Žtait souvent absent, pour avoir lÕimpression dÕavoir des bras immenses. È, Lila, le personnage de son album porte comme habit une veste trop grande pour elleÉ QuÕest-ce qui pousse les auteurs ˆ Žcrire ˆ la premire personne, sur eux ou sur des personnages emprunts dÕeux-mmes. De ces constats dŽcoulent une question Žvidente, surtout pour la littŽrature de jeunesse sur la frontire entre fiction et rŽalitŽ et sur les motivations dՎcrivain.

(24)

II. LA LITTERATURE EN Ç JE È, UNE

INFLUENCE SUR LE GOUT DÕECRIRE

Les rŽcits ˆ la premire personne provoquent lÕenvie de lire mais en rŽalitŽ, avec des Žlves (et peut tre avec nÕimporte quel liseurÉ), ce genre littŽraire encourage la production Žcrite et le jeu avec la langue. Finalement lՎcriture renouvelle le plaisir de la lecture et permet au lecteur de sՎvader ˆ nouveau en prenant la plume.

1) Ecrire au cycle 3

a) Les programmes

On peut sÕinterroger sur la place de lՎcriture littŽraire dans les programmes. ConsidŽrŽe comme un prolongement naturel de la lecture, lՎcriture est traitŽe de faon beaucoup plus succincte et nÕest prŽsente dans aucun document dÕaccompagnement ˆ ce jour.

Au cycle 2, les Žlves apprennent ˆ rŽdiger de manire autonome un texte court : rechercher et organiser des idŽes, choisir du vocabulaire, construire et encha”ner des phrases, prter attention ˆ lÕorthographe. Ils sont amenŽs ˆ utiliser lÕordinateur : Žcriture au clavier, utilisation dÕun dictionnaire Žlectronique.

Au cycle 3, la rŽdaction de textes fait lÕobjet dÕun apprentissage rŽgulier et progressif : elle est une prioritŽ du cycle des approfondissements. Les Žlves apprennent ˆ narrer des faits rŽels, ˆ dŽcrire, ˆ expliquer une dŽmarche, ˆ justifier une rŽponse, ˆ inventer des histoires, ˆ rŽsumer des rŽcits, ˆ Žcrire un pome, en respectant des consignes de composition et de rŽdaction. Ils sont entra”nŽs ˆ rŽdiger, ˆ corriger, et ˆ amŽliorer leurs productions, en utilisant le vocabulaire acquis, leurs connaissances grammaticales et orthographiques ainsi que les outils mis ˆ disposition (manuels, dictionnaires, rŽpertoires etc.).

(25)

En matire dՎcriture le cycle 3 doit garantir des acquisitions nombreuses et importantes. LՎcole, et donc plus particulirement lors du cycle 3, doit permettre aux Žlves de rentrer dans lՎcrit. Il faut rappeler que le but de la classe de 6e est que chaque Žlve soit capable de produire un texte narratif cohŽrent dÕune page environ, ce qui ne va pas de soi pour un Žlve de 10/11 ans. Le passage de lÕoral ˆ lՎcrit reste une Žtape difficile ˆ franchir mme pour des adultes. Nous nՎcrivons pas comme nous parlons et ce passage dÕune langue ˆ lÕautre nŽcessite des apprentissages rŽels et solides.

LՎcriture est une activitŽ qui met en Ïuvre plusieurs processus. Ecrire cÕest dÕabord et avant tout copier, graphier, Žcrire de manire autonome, rŽŽcrire mais aussi mettre en page dans une perspective de projet dՎcriture.

Selon les programmes de 2008 la progression est organisŽe de la faon suivante du CE2 au CM2 : E C R I T U R E

- Copier sans erreur (formation des lettres, orthographe, ponctuation) un texte de cinq ˆ dix lignes en soignant la prŽsentation.

- En particulier, copier avec soin, en respectant la mise en page, un texte en prose ou pome appris en rŽcitation.

- Copier sans erreur un texte dÕune dizaine de lignes, en respectant la mise en page sÕil y a lieu.

- Copier sans erreur un texte dÕau moins quinze lignes en lui donnant une prŽsentation adaptŽe. R E D A C

- Dans les diverses activitŽs scolaires, proposer une rŽponse Žcrite, explicite et ŽnoncŽe dans une forme correcte.

- Dans les diverses activitŽs scolaires, noter des idŽes, des hypothses, des informations utiles au

- Dans les diverses activitŽs scolaires, prendre des notes utiles au travail scolaire.

(26)

T I O N R E D A C T I O N

- RŽdiger un court texte narratif en veillant ˆ sa cohŽrence temporelle (temps des verbes) et ˆ sa prŽcision (dans la nomination des personnages et par lÕusage dÕadjectifs qualificatifs), en Žvitant les rŽpŽtitions par lÕusage de synonymes, et en respectant les contraintes

syntaxiques et

orthographiques ainsi que la ponctuation.

- RŽdiger un court dialogue (formulation des questions et

des ordres).

- Savoir amplifier une phrase en ajoutant des mots : en coordonnant par et un nom ˆ un autre, un adjectif ˆ un autre, un verbe ˆ un autre.

- AmŽliorer (corriger et enrichir) un texte en fonction des remarques et aides du ma”tre.

travail scolaire.

- RŽdiger un court dialogue (formulation des questions et des ordres).

- RŽdiger des textes courts de diffŽrents types (rŽcits, descriptions, portraits) en veillant ˆ leur cohŽrence, ˆ leur prŽcision (pronoms, mots de liaison, relations temporelles en particulier) et en Žvitant les rŽpŽtitions.

- Savoir amplifier une phrase simple par lÕajout dՎlŽments coordonnŽs (et, ni, ou, mais entre des mots ou des phrases simples ; car, donc entre des phrases simples), dÕadverbes, de complŽments circonstanciels et par lÕenrichissement des groupes nominaux. - Ma”triser la cohŽrence des temps dans un rŽcit dÕune dizaine de lignes.

- RŽdiger diffŽrents types de textes dÕau

moins deux paragraphes en veillant ˆ leur cohŽrence, en Žvitant les rŽpŽtitions, et en respectant les contraintes syntaxiques et orthographiques ainsi que la ponctuation. - ƒcrire un texte de type poŽtique en obŽissant ˆ une ou plusieurs consignes prŽcises.

(27)

b) Ecrire dans la classe de littŽrature

Les projets dՎcriture dans la classe de littŽrature ne sont pas nŽcessairement longs. On peut les classer selon les objectifs dÕapprentissage.

Interaction lecture et Žcriture :

Ð Identifier des stŽrŽotypes et en jouer : parodies, dŽtournements, pastiches. Ð Produire des textes courts appartenant :

¥ ˆ un genre identifiŽ (contes Žtiologiques, voir Kipling, ou nouvelle policire) ;

¥ ˆ une symbolique particulire (Les Trois ClŽs dÕor de Prague).

Ð Faire expliciter les relations avec dÕautres textes ou dÕautres images (dŽvelopper lՎcriture en faisant raconter par un personnage le rŽcit auquel il est fait allusion ou rŽfŽrence).

Ð Plus gŽnŽralement, insŽrer un texte dans un texte lu ou Žcrire la fin dÕune Ïuvre ouverte afin de dŽvelopper des compŽtences textuelles.

Ð RŽŽcrire pour transposer lÕÏuvre (ou une scne) pour le jeu dramatique.

Ð Combiner des Ïuvres (des scnes) en mlant les personnages ou les actions ; transposer un rŽcit dans un autre temps, dans un autre espace, etc.

Ð RepŽrer des motifs, des formes rŽcurrentes dans des textes lus et les utiliser pour crŽer de nouveaux textes (fonction des nombres 3 ou 7 comme dans le conte Le Chant des gŽnies, La poule qui voulait pondre des Ïufs en or, Contes russes, etc.).

Ð RepŽrer des rgles dՎcriture portant sur lÕun des diffŽrents niveaux de la fabrication du texte, sollicitant lÕimaginaire et un retour rŽflexif sur le jeu de la langue et du langage, et les rŽutiliser.

Projets dՎcriture dÕune durŽe plus longue

Ces projets dŽveloppent des interactions avec les autres domaines artistiques (arts visuels, musique, thŽ‰tre, etc.). Ils peuvent par exemple exister dans le cadre dÕune classe ˆ projet artistique et culturel.

Ð Correspondance avec un auteur, un pote, un illustrateur.

(28)

publications littŽraires, participation ˆ des comitŽs de lecture, exposition, vente de livres, etc.

Ð RŽalisation dÕun recueil collectif de textes pour diffusion dans lÕenvironnement proche de lՎcole.

Ð ƒcriture dÕun livret dÕopŽra, dÕune pice de thŽ‰tre, dÕun scŽnario, etc.

Le projet dՎcriture comprend plusieurs Žtapes (chacune dÕelles faisant lÕobjet dÕun premier jet et de rŽŽcritures) constituant un parcours personnel pour les Žlves qui cheminent dans la pensŽe et le langage.

Le ma”tre, lecteur attentif des Žcrits produits, choisira les consignes dՎcriture successives, les apports culturels (autres lectures, etc.) et la durŽe du projet. Selon les compŽtences des Žlves et la nature du projet, lÕaccompagnement sÕexercera de manire diffŽrenciŽe au cours des diffŽrentes phases.

Il est important que le contrat dՎcriture soit clair afin que les Žlves sÕy investissent et dŽpassent les difficultŽs liŽes ˆ la gestion de lÕensemble des t‰ches. Des aides et des activitŽs Ç dŽcrochŽes È seront prŽvues par le ma”tre afin que les Žcrits produits correspondent aux attentes dŽfinies.

Projets dՎcriture personnelle

Les programmes signalent une pratique dՎcriture Ð tenue dÕun carnet de lecture Ð quÕil conviendra de dŽvelopper dans la classe afin dÕencourager les Žcrits personnels des Žlves sur leurs lectures. Les Žlves y Žvoqueront ce qui relve du jugement esthŽtique, de lՎvocation des Žmotions, de la subjectivitŽ. Il sÕagit alors de construire avec eux les modalitŽs pratiques de la mise en Ïuvre (forme, Žchanges, temps dՎcriture, etc.).

c) Ecrire : quels enjeux didactiques É et pŽdagogiques ?

Ecrire cÕest formuler de manire cohŽrente sa pensŽe gr‰ce ˆ des textes cohŽrents utilisant des phrases sensŽes et justes (syntaxiquement, orthographiquement, etc.).

(29)

Certains travaux montrent que produire un Žcrit est un moteur dÕapprentissage du franais, une mise en Ïuvre concrte de compŽtences de ma”trise de la langue.

ƒcrire est une activitŽ essentielle pour motiver, mobiliser et transfŽrer la plupart des apprentissages en franais (comprŽhension, formulation de sa pensŽe, manipulation de la langue en situation sensŽe, rgles syntaxiques, orthographiques, etc.). Mais une problŽmatique particulire de la didactique de la production des Žcrits reste leur destination. La destination dÕun Žcrit est centrale pour la dŽtermination de ses caractŽristiques morpho syntaxique. Mais, si depuis plusieurs annŽes on a insistŽ sur les Žcrits et les situations de communication (Žcrire pour quelquÕun dÕautre), cÕest surtout pour le c™tŽ motivant et faisant sens pour les Žlves. Toutefois les recherches rŽcentes et lÕexpŽrience de beaucoup montrent quՎcrire pour soi ou pour les Žlves de la classe, est une activitŽ qui fait sens pour la plupart des Žlves et qui gŽnre plaisir et apprentissage sans user la volontŽ de tous sur la production dÕun Žcrit publiable.

Ainsi, Žcrire est une activitŽ essentielle ˆ lÕacquisition de compŽtences de ma”trise de la langue complexe, mobilisant et nŽcessitant le transfert de la plupart des savoirs en ma”trise de la langue franaise, dont les Žlves connaissent souvent les attendus.

La pratique de lՎcriture ˆ lՎcole est trs importante et ˆ ne surtout pas nŽgliger car elle permet aux Žlves de primaire dÕentrer dans une problŽmatique littŽraire. LՎcriture vient au service de la lecture et en est un moteur. En effet lՎlve qui est lui mme Žcrivain va pouvoir tre sensible aux procŽdŽs dՎcriture tout autant quÕau contenu relatŽ. Certaines consignes dՎcriture permettent Žgalement dÕenseigner quelques techniques narratives, telles que la distinction auteur/narrateur, la notion de point de vue ou la notion de personnage. Enfin lÕimitation, pastiche ou parodie, peut aider ˆ approcher les caractŽristiques stylistiques de tel ou tel auteur. LÕessai dՎcriture personnelle quÕils ont rŽalisŽ eux-mmes aide les Žlves ˆ observer de faon plus attentive les choix dՎcriture de lÕauteur et dÕen apprŽcier lÕoriginalitŽ. Comment ne pas mieux entrer dans un rŽcit de vie quÕen ayant dŽjˆ essayŽ de sÕy confronter ˆ lՎcrit ?

Ecrire permet donc de construire des compŽtences comme la distinction auteur/narrateur.

Des choix dՎcriture sont Žgalement ˆ effectuer sur le mode de narration utilisŽ. Il est parfois dŽlicat de faire distinguer aux Žlves lÕauteur, personne physique dont le nom

(30)

figure sur la couverture du livre et qui touche les droits dÕauteur et le narrateur, tre de papier qui raconte lÕhistoire. Cette distinction est dŽlicate dans le cas de la narration ˆ la premire personne. LՎcriture ˆ la premire personne racontant un fait qui leur est arrivŽ ou pas, parce quÕils ont observŽ la frŽquence de ce mode de narration dans les rŽcits en Ç je È quÕils auront dŽjˆ vu aide les Žlves ˆ apprŽcier les ouvrages de littŽrature de jeunesse qui utilisent ce procŽdŽ.

De mme, Le journal dÕun chat assassin de Anne Fine, figurant dans la sŽlection ministŽrielle pour le cycle 3 permet de faire Žprouver la distinction entre le personnage-narrateur et lÕauteur du roman. La rŽdaction dÕune journŽe supplŽmentaire au journal du chat permettrait dÕasseoir cet apprentissage.

QuÕelle soit une Žcriture ponctuelle comme dans le dernier exemple citŽ ou quÕelle relve dÕun projet dՎcriture longue, la rŽdaction ˆ la premire personne est le meilleur moyen de faire Žprouver ˆ de jeunes enfants la spŽcificitŽ de la posture littŽraire.

2) Pourquoi Žcrire ˆ la premire personne ?

a) Psychologie

Se voit-on tel que l'on est ?

Le regard de l'autre ne nous informe t-il pas plus que le regard que l'on a sur soi ?

Quelles sont les fins, conscientes ou non, que l'autobiographe met dans son discours ? Qu'est-ce qui les justifie ?

Cela pose donc le problme de la connaissance et de la reprŽsentation de soi. C'est ce que Freud appelle la thŽorie des instances psychiques. Selon lui, il y a trois instances ou trois parties qui sont le Ç Moi Ç (intŽrts narcissiques), le Ç ‚a È (c™tŽ pulsionnel) et le Ç Surmoi È (intŽrts extŽrieurs). Pour l'autobiographe faire son portrait c'est se donner voir, lire. L'autobiographie est souvent inspirŽe d'expŽriences dures. Ecrire sur soi, sur sa vie serait un peu comme la mŽtaphore de la psychanalyse, cÕest comme si on sÕallongeait sur un divan pour parler de soi et aller mieux, Žcrire cÕest une sorte de

(31)

thŽrapie. L'identitŽ se regarde alors au grŽ de l'Žcrit qui la fige en retour de l'ŽternitŽ de la page.

ƒcrire une autobiographie c'est inscrire son histoire dans l'Histoire. Mais Žcrire sur soi c'est aussi Žcrire pour les autres. Le rŽcit de vie est Žgalement un portrait pour autrui. En se racontant le narrateur/auteur donne ˆ voir son intimitŽ, il se met en scne pour attirer le regard des autres et cela peut cožter quelques petites transformations, arrangements voire mme mensonges (souvent inconscients) : Ç RŽcits de vie : maquillage d'une mŽmoire ˆ sa toilette, effaant les rides, composant son visage È 11

b) La fonction de ces rŽcits

Si Žcrire sur soi est un acte Ç altruiste È on peut alors catŽgoriser les diffŽrentes fonctions des rŽcits Žcrits ˆ la premire personne. On peut dŽfinir six fonctions12 :

! Se forger une identitŽ : Žvoquer des souvenirs c'est les projeter sous un jour nouveau. Ce qui jaillit des rŽcits de vie c'est la question existentielle qui sommeille en chaque individu. Ce que j'ai vŽcu a t-il une valeur propre ou bien est-ce que j'existe vraiment et ai une raison d'tre ? L'autobiographie a pour premire fonction de rŽpondre ˆ ce doute. Les contenus du rŽcit de vie sont donc la manifestation consciente ou non d'un refus de l'insignifiance, elle nous montre que n'importe quel moment, aussi fugitif qu'il soit peut prendre de la valeur dans le temps. La vie serait un conte structurŽ avec un dŽbut et une fin remplis d'ŽvŽnements et de conqutes.

! Exorciser la mort : ƒcrire sa vie c'est se mesurer au temps et l'imprimer sur du papier c'est la rendre Žternelle. Toute autobiographie est une recherche du temps perdu au cours de laquelle on va puiser dans ses

11

Claude Abastado, Ç Raconte, raconte...Les rŽcits de vie comme objet sŽmiotique È, p 15, Revue des sciences humaines, Paris, no 191, 1983

12

Le RŽcit de vie, vade-mecum du professeur de franais, Luc Colls et Jean-Louis Dufays, Žditions Paris, 1989

(32)

doux souvenirs.

! Informer, tŽmoigner : Que le rŽcit de vie ait pour but premier d'informer va de soi. Toute personne animŽe par ce dŽsir d'Žcrire sur soi a bien pour volontŽ premire de donner des informations sur une Žpoque, une culture, une sociŽtŽ car toute tranche de vie est inscrite dans l'Histoire, but lŽgitime. Rousseau dŽsire faire Ç lire dans son cÏur È afin que nous en tirions une meilleure connaissance du genre humain.

! ƒdifier: Les personnages qui sont prŽsentŽs dans ces Ïuvres sont souvent exemplaires et on serait sujet ˆ les imiter, ce qui correspond ˆ la fonction Žthique du rŽcit de vie. Selon, Daniel MADELENAT13, Ç La biographie appara”t comme la forme de l'histoire la plus adaptŽe ˆ mettre en forme une morale pratique. Ainsi les Ç hŽros È des rŽcits de vie constituent-ils un panthŽon d'anctres recommandables, une communautŽ exaltante, un florilge de bonnes conduites qui s'offrent au mimŽtisme du lecteur, programmant un 'surmoi' culturel parfois bavard et indiscret È

! Se confesser, se blanchir : Dans Les Confessions Jean Jacques Rousseau Žcrit pour restituer la vŽritŽ, pour restaurer une image que d'autres contemporains auraient salit.

Ç Puisque mon nom doit durer parmi les hommes, je ne veux pas qu'il porte une rŽputation mensongre. Je ne veux point qu'on me donne des vertus ou des vices que je n'avais pas, ni qu'on me peigne sous des traits qui n'Žtaient pas les miens. È

La restitution de la vŽritŽ passe par l'aveu chez Rousseau mais comment jeter la pierre ˆ un homme qui s'accuse. L'auteur narrateur veut, par le biais de confessions intimes, se donner une image conforme ˆ celui qu'il souhaiterait tre.

! Le lecteur et son miroir : Outre le fait de souligner que les mobiles

13

Daniel MadalŽnat, Biographie et intimitŽ des Lumires ˆ nos jours, RŽvolutions et romantismes n¡13, Presses Universitaires Blaise Pascal, Clermont-Ferrand, p.187

(33)

d'Žcritures autobiographiques ne refltent que pur Žgocentrisme, il faut souligner que le lecteur est animŽ par les mmes dŽsirs. Auteur et lecteur ont le mme mobile, affectif, dans cette qute de sens et de vŽritŽ, le lecteur est Žtroitement impliquŽ.

En conclusion, aprs avoir fait le tour de toutes ces fonctions du rŽcit de vie on note que celles-ci sont d'une pluralitŽ remarquable. Cela nous conduit donc naturellement ˆ nous questionner sur les motivations du lecteur ˆ lire des Žcrits ˆ la premire personne.

3) Les motivations du lecteur

a) Auteur et lecteur, un mme mobile

Pourquoi lit-on des autobiographies sinon par espoir de trouver quelque image de soi-mme ?

Ç Le plaisir qu'on Žprouve ˆ Žcouter ou ˆ lire des rŽcits de vie est du mme ordre que le besoin de se raconter ; il correspond ˆ une qute d'identitŽ : non construction de soi, mais recherche d'une image au miroir È14

Ainsi le lecteur rejoint l'auteur dans sa contemplation narcissique de lui-mme. Le rŽcit de vie ne manque pas de nous rappeler des tranches de notre vie, de notre passŽ, d'ŽvŽnements dans lesquels on va s'identifier o les souvenirs d'enfance tr™nent ˆ la premire place.

Paradoxalement, la vie d'un individu deviendrait une gŽnŽralitŽ, chacun pouvant y trouver des diffŽrences Ç c'est sa vie... È mais dans le fond des ressemblances Ç tout le monde fait a et nous sommes tous pareils... È. Mais de lˆ ˆ affirmer comme Georges MAY qu'il y a nature humaine universelle commune ˆ tous les hommes il y a bien plus qu'un pas. Ce principe d'Ždification ne doit pas surprendre et Žtonner car imiter

14

Claude Abastado, Ç Raconte, raconte...Les rŽcits de vie comme objet sŽmiotique È, Revue des sciences humaines, Paris, no 191, 1983

(34)

constitue la base des apprentissages, l'homme aime trouver des modles pour tirer des leons. L'Ždification correspond elle aussi ˆ l'identification et ˆ la qute d'identitŽ qui est ˆ l'Ïuvre dans toutes les lectures de ce genre. Ce trait entretien un lien Žtroit avec l'histoire de ces rŽcits ˆ la premire personne, les premiers biographes de l'AntiquitŽ au Moyen-åge Žtaient essentiellement des apologies, des rŽcits qui vantaient les louanges d'un roi, d'un saint ou d'un gŽnŽral. Aujourd'hui c'est moins cette facette qui est mise en avant par les auteurs (modestie et objectivitŽ oblige) mais cela reste explicite dans certaines Ïuvres d'hommes politiques ou de vedettes de mŽdias.

L'autobiographie a une fonction Žgocentrique. Le lecteur est dans la qute de sens et de vŽritŽ, il est Žtroitement impliquŽ. Les prŽoccupations des Žcrivains trouvent leur reflet dans les motivations des lecteurs. Ce dernier a besoin de s'informer sur une Žpoque, une sociŽtŽ une culture, une expŽrience ou s'identifier des modles d'expŽrience et de s'Ždifier gr‰ce ˆ eux. Le lecteur est confrontŽ ˆ un dŽsir ambigu d'ancrer sa lecture dans le vŽcu.

Selon, Guy Scarpetta15, la fascination du lecteur peut tenir des motivations impures : - attrait pour un certain Žgotisme Ç aprs Freud È, centrŽ plus sur le corps que sur la psychologie et beaucoup plus sur l'objet que sur le sujet

-le dŽsir de s'identifier, lire par rapport ˆ soi

- lecture fŽtichiste o l'on peut survoler et sauter des passages - Lire en voyeur, en toute impunitŽ

Le rŽcit de vie offre des perspectives et des procŽdures de lecture trs variŽes, cela renforce le succs Žditorial de ce type de discours. S'il pla”t c'est dans sa nature mystŽrieuse et impure.

15

(35)

b) Le lecteur, une curiositŽ inavouable

Le dŽsir quՈ le lecteur de retrouver sa propre image n'est pas avouŽ comme tel mais relve d'un processus inconscient du ressort de la psychanalyse. Mais il existe d'autres motifs inavouables qui font que nous trouvons fascinantes ces lectures. Pour Georges MAY, cela s'apparente au voyeurisme, tout lecteur aime ˆ lire les penchants, vices et travers d'un autre et cela active la lecture de rŽcits de vie, le lecteur a l'impression de recueillir des confessions. Ainsi tout grand homme vole, ment est mesquin par moment et chacun se sent soulagŽ, comme dŽculpabilisŽ en lisant ce que d'autres ont pu faire. Quelle consolation !

Ç Rousseau pissait dans la marmite de sa voisine et Jean-Paul Sartre mettait du sel dans la bassine de confitures de sa grand-mre È.16

G. SCARPETTA prolonge ce propos Ç ...on ne peut s'empcher de lire par rapport ˆ soi : on s'identifie ˆ l'Žcrivain ou on s'y oppose, on confronte des expŽriences, des sensations-en bref, on lit 'mal' selon les canons de la 'littŽraritŽ'. Ensuite, [É] on n'est pas tenu de tout lire. Enfin, [É] ce type de lecture joue essentiellement sur 'l'effet rŽel' : elle suppose cette 'illusion reprŽsentative' que les avant-gardes rŽcentes rejetaient... È 17.

Les motivation du lecteur et donc celles de lÕauteur alternent toutes entre objectivisme et subjectivisme, affectif et rationnel. Le rŽcit de vie met en Ïuvre toute la culture et on serait tentŽ de dire tout l'homme. Ne serait-ce pas car il se situe ˆ la frontire entre littŽrature et rŽel ?

16

Georges May, Rousseau, Seuil, coll. Ecrivains de toujours, Žd de 1994 17

(36)

4) Un support privilŽgiŽ pour motiver lՎcriture en

Ç je È : la poŽsie

Ç LՎcriture est une pratique sociale impliquant la mise en Ïuvre de savoirs, de reprŽsentations, de valeurs, dÕinvestissement et dÕopŽrations par laquelle un ou plusieurs sujets visent ˆ (re)produire du sens linguistiquement structurŽ ˆ lÕaide dÕun outils sur un support conservant durablement ou provisoirement de lՎcrit dans un espace socio institutionnel donnŽ.18

La motivation pour Žcrire ne va pas de soi et beaucoup dÕenfants se sentent rapidement dŽcouragŽs par lÕidŽe dՎcrire car cÕest une activitŽ qui revt un caractre trs complexe, ce qui provoque le plus souvent un abandon de leur part. Il faut alors trouver un mŽdiateur qui permette ˆ lՎlve de franchir le pas, une activitŽ motivante et constructive ˆ la fois.

LՎcriture a un certain pouvoir, celui dÕextŽrioriser et de matŽrialiser la pensŽe, elle permet un autre regard sur soi. Elle est lÕaboutissement dÕun ressenti, dÕun sentiment, dÕune idŽe et permet donc une nouvelle approche de soi.

La poŽsie offre un autre regard sur le monde, elle permet dՎtablir un autre rapport au langage. La langue y est utilisŽe dÕune faon originale et permet de sortir des fonctions habituelles que lÕon associe ˆ lՎcrit. La poŽsie appara”t comme une activitŽ idŽale pour permette aux Žlves de jouer avec la langue, les sons et dŽcouvrir le plaisir des mots. La poŽsie offre un aspect ludique ˆ la langue tout en imposant des contraintes qui peuvent, paradoxalement, se rŽvŽler libŽratrices de lՎcrit. CÕest par la poŽsie que lÕacte dՎcrire va tre Ç dŽmystifiŽ È car elle reste une source de plaisir et offre un nouveau visage ˆ lՎcriture, une nouvelle libertŽ.

18

(37)

Ç cÕest beau et tu peux tÕexprimer en tout libertŽ È19

MalgrŽ son aspect qui para”t formel, elle est bien lÕespace o sÕexprime la libertŽ sans pour autant tre synonyme de chaos. En poŽsie beaucoup de choses sont permises ˆ partir du moment o lÕon respecte certaines contraintes qui sont le plus souvent des contraintes formelles. DÕailleurs, de faon Žtrange, ce cadre est rassurant. Certains Žlves ont besoin de se sentir sŽcurisŽs et de savoir o ils vont, vers quel but ils se dirigent, la contrainte poŽtique est alors une rŽponse adaptŽe. La Ç page blanche È peut alors tre apprŽhendŽe de manire diffŽrente et moins angoissante. Dans le respect de cette contrainte lՎlve sait que tout est permis et se sent comme guidŽ plut™t que restreint. LՎlve peut alors Žcrire ce quÕil veut et le plaisir retirŽ de cet exercice agira de faon positive sur sa motivation ˆ Žcrire.

Ç on se lse entrnŽ par les rimes È20

Cependant ce Ç cadre È si rassurant au dŽpart pourra peu ˆ peu tre abandonnŽ par les Žlves quand ils nÕen ressentiront plus le besoin. Ecrire se fera de manire encore plus naturelle sans avoir besoin dÕautres contraintes que ses idŽes et son envie. Les ateliers poŽtiques agissent comme des mŽdiateurs vers lՎcriture. Les textes poŽtiques font rarement lÕobjet dÕune approche spontanŽe. Divers ateliers dՎcriture poŽtique peuvent permettre aux Žlves dÕapprivoiser les textes poŽtiques et dÕen mettre en Žvidence quelques procŽdŽs dՎcriture. Ces ateliers peuvent tre conus comme des bo”tes ˆ outils dans lesquelles on puisera ce quÕon estime utile de travailler en fonction dÕun contexte particulier. Une typologie permet de dresser une liste des activitŽs dՎcritures :

¥

Les lettres imposŽes.

¥

La syllabe imposŽe.

19

Propos formulŽ par un Žlve de CM2 20

(38)

¥

Le lipogramme.

¥

Le logo-rallye.

¥

Exercices de style.

¥

LÕalphabet parlant.

¥

Les bouts-rimŽs.

¥

ƒcrire en rythme.

¥

Le calligramme.

Ç La poŽsie est un bon moyen dՎcrire mieux ce que tu pense, les rve que tu a fait,

raconter ta vieÉ È21

LՎcriture lyrique se prte rarement ˆ la construction dÕun personnage identifiŽ. En poŽsie on oscille trs souvent entre un Ç tu È anonyme et un Ç je È tant™t auteur, tant™t narrateur. Le personnage en poŽsie est souvent ce quÕon pourrait qualifier de Ç double autobiographique È profondŽment enracinŽ dans la subjectivitŽ de son pote. LÕart du portait ou de lÕautobiographie sert souvent trs gŽnŽreusement la poŽsie. Cela en fait un support remarquable et presque idŽal pour lՎcriture ˆ la premire personne car elle offre, comme dit ci-dessus, un espace vaste, libre mais avec des contraintes. CÕest par des jeux dՎcriture autour du portrait et du Ç je È que les Žlves vont construire des compŽtences qui vont leur permettre de rentrer dans lՎcrit plus facilement quÕen sÕessayant ˆ lÕautobiographie ou au rŽcit de vie, Žcrits trs complexes qui peuvent faire peur et ne pas trouver leur place dans une classe. Voici quelques ateliers dՎcriture qui peuvent tre mis en place autour du portrait :

¥

Faire son autoportrait.

¥

Le portrait chinois.

¥

LÕacrostiche.

¥

Les mots que jÕaime / les mots que je hais.

¥

Faire un inventaire.

21

(39)

¥

Jouer avec les couleurs.

¥

Les associations dÕidŽes.

¥

ƒcrire ˆ partir dÕune photo.

¥

Inventer son futur

Références

Documents relatifs

Nous avons choisi de travailler sur une période plus longue que celle observée dans les précédentes études (17-41 mois contre 16-20 ou 18-24 mois) car les

Un animal se présente au lion tous les matins pour se faire manger.. Il lui sauta dessus : Il pense que c'est un autre lion mais c'est

Gros monstre à pustules ou petit monstre à dents pointues… il vient forcément un jour (ou une nuit) où le monstre vient s’immiscer dans les rêveries des enfants.. Dans

* Martin ne trouve plus ses gants pour aller au ski.. Mettre au pluriel les mots soulignés et récrire

La surface d’un quadrilatère est maximum quand celui-ci est inscriptible dans un cercle.. Cette propriété résulte de la formule de Bretscheider qui donne l’aire A

S’il est facile d’imaginer la configuration de l’énoncé, sa construction effec- tive demande

Il a donc un centre de sym´ etrie qui est confondu avec O puisqu’il est le point de concours des parall` eles aux c´ eviennes ` a mi-distance entre les c´ eviennes et les hauteurs

1) Soit un polygone P et un triangle T qui ont un côté commun. Dans la figure ci-après, à titre d’exemple, le quadrilatère ABCD est le polygone P et ADE est le triangle T. Ils