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Les régimes de l'open source : solidarité, innovation et modèles d'affaires

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Les régimes de l’open source : solidarité, innovation et

modèles d’affaires

Nordine Benkeltoum

To cite this version:

Nordine Benkeltoum. Les régimes de l’open source : solidarité, innovation et modèles d’affaires. Ges-tion et management. École NaGes-tionale Supérieure des Mines de Paris, 2009. Français. �tel-00467849�

(2)

Ecole Doctorale n°396 (Economie, Organisations & Société)

THESE

pour obtenir le grade de Docteur de Mines ParisTech Spécialité « Sciences de Gestion »

présentée et soutenue publiquement par

Nordine BENKELTOUM

Le mercredi 9 décembre 2009.

LES REGIMES DE L’OPEN SOURCE : SOLIDARITE,

INNOVATION ET MODELES D’AFFAIRES.

Directeur de thèse : Armand HATCHUEL

Jury :

Frank AGGERI Professeur à Mines ParisTech.

Albert DAVID Rapporteur Professeur à l’Université Paris-Dauphine.

Armand HATCHUEL Professeur à Mines ParisTech.

Grégory LOPEZ Responsable du Centre de Compétences

Open source de Thales D3S.

François Xavier de VAUJANY Rapporteur Professeur à l’Université Paris-Dauphine. N° attribué par la bibliothèque _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _

(3)

Travail distribué sous licence Creative Commons 2.0.

(4)

AVERTISSEMENT

Mines ParisTech n’entend donner aucune approbation ni improbation aux opinions émises dans cette thèse. Ces opinions doivent être considérées comme propres à l’auteur.

(5)
(6)

REMERCIEMENTS

Du point de vue académique, je tiens tout d’abord à exprimer ma reconnaissance à Armand Hatchuel qui a réellement donné le temps et l’attention nécessaires au bon déroulement de mon travail de thèse. Je suis tout particulièrement reconnaissant pour le rôle structurant de ses orientations méthodologiques et bibliographiques.

J’adresse également mes chaleureux remerciements à Pascal Roos sans qui ce travail n’aurait pu voir le jour ainsi qu’à Christian Simon pour son soutien constant et inchangé au cours de ces dernières années.

J’exprime ma gratitude à Jean-Claude Sardas et Olivier Favereau pour le soutien qu’ils ont apporté à mon projet de recherche.

Je remercie Akin Kazakci et Blanche Segrestin pour les discussions informelles que j’ai eu le plaisir de partager avec eux.

Merci également à Mathias Béjean, Sébastien Gand, Mathias Szpirglas pour leur aide, leurs pertinentes remarques au cours de mes interventions. Je remercie aussi les doctorants du CGS pour nos échanges et plus particulièrement Emmanuel Coblence, Sophie Hooge, Paris Chrysos et Cédric Dalmasso.

Je tiens aussi à formuler un grand merci à l’équipe administrative du CGS : Martine Jouanon, Céline Bourdon et Christine Martinent pour leur efficacité et leur professionnalisme.

Je remercie également Pascal Le Masson et Benoit Weil du CGS, Dominique Frugier et Michel Bigand de l’Ecole Centrale de Lille pour m’avoir donné la possibilité d’enseigner mes recherches sur la stratégie d’entreprise et l’innovation.

J’exprime aussi mes profonds remerciements à Benjamin Grassineau pour sa précieuse aide pour la relecture des premières versions de ce manuscrit et pour nos discussions

« énergiques » sur l’open source. Merci aussi à Rémi Bachelet pour son accueil à l’Ecole

Centrale de Lille et nos différentes collaborations. J’adresse aussi une pensée à Vincent Meissner du secrétariat du Laboratoire de Génie Industriel de Lille pour son aide et son grand professionnalisme.

Je transmets également mes remerciements à Albert David et Sébastien Damart ainsi qu’aux participants du CDEG (Cercle Doctoral Européen de Gestion) et tout particulièrement à Loïc Cadin, Gérard Charreaux, Gilles Garel et Martine Girod Seville pour leurs pertinentes remarques et suggestions lors de notre présentation à mi-parcours (Benkeltoum 2008a).

Je remercie de même John Christiansen et les participants de l’atelier doctoral de la conférence IPDM (International Product Development Management) qui fut très riche en débats et en enseignements (Benkeltoum 2008b).

Je tiens à remercier Donald White pour son aide en écriture scientifique anglo-saxonne et ses suggestions, Paul Duguid pour ses explications sur les communautés de pratique et Frank Piller pour ses intéressants commentaires sur nos différents travaux.

(7)
(8)

Du point de vue empirique, cette thèse n’aurait pas été possible sans le soutien des professionnels de l’open source.

J’exprime tout d’abord mes remerciements à Grégory Lopez, Responsable du Centre de Compétences Open Source au sein de Thales D3S pour le soutien institutionnel de Thales D3S, son implication dans la mise à disposition de son réseau d’industriels, ainsi que pour sa disponibilité malgré ses responsabilités.

Je remercie ensuite Serge Druais, Directeur de la Recherche et de l’Innovation de Thales D3S, pour le temps qu’il a bien voulu consacrer à notre recherche et pour ses contributions pertinentes et éclairantes à notre thèse.

Je remercie également Viet Ha et Julie Marguerite, Open Source Architects de Thales D3S, pour le temps qu’ils ont bien voulu m’accorder pendant mes recherches empiriques.

Je suis particulièrement reconnaissant envers Laurent Clévy, Chercheur Industriel de Bell Labs pour sa précieuse expertise de l’industrie informatique et de l’open source en particulier.

Merci également à Marc-Aurèle Darche, Membre du conseil d’administration de l’AFUL pour nos différents échanges et discussions animées sur l’open source. Sans oublier également Sophie Gautier, Membre du community council d’OpenOffice.org pour le temps qu’elle a bien voulu accorder tout au long de notre recherche.

Je remercie de même Eric-Marc Mahé (Sun Microsystems), Jean-Noël De Galzain (Wallix), David Ascher (Mozilla Messaging Inc.), Tristan Nitot (Mozilla Europe) Jean-Michel Delettre (Freeworks) François Bancilhon (ex-Mandriva), Pierre-Yves Gibello (Experlog) et Serge Lacourte (ScalAgent Distributed Technologies) pour le temps qu’ils ont bien voulu accorder pour m’expliquer le fonctionnement de leur organisation respective.

J’exprime une profonde gratitude à l’ensemble des contributeurs à cette thèse dont les apports trouvent un remerciement symbolique à la fin de ce document où nous avons inscrit les noms reproduisant ainsi l’esprit ouvert de l’open source.

Bien que ce travail ait reçu la contribution de différentes personnes, j’assume l’entière responsabilité de toutes les erreurs que ce document pourrait contenir.

(9)
(10)

Les régimes de l’open source : solidarité, management et modèles d’affaires.

LES REGIMES DE L’OPEN SOURCE : SOLIDARITE,

MANAGEMENT ET MODELES D’AFFAIRES.

PARTIE I.

L’OPEN

SOURCE :

DE

LA

MUTATION

D’UNE

INDUSTRIE A LA REVISION CONCEPTUELLE D’OBJETS EN SCIENCES

DE GESTION. 23

C

HAPITRE

1.

L

ES REGIMES DE L

OPEN SOURCE

:

UNE SYNTHESE DES ENJEUX DE

LA DIFFUSION DU LOGICIEL LIBRE

... 23

1. Une synthèse des enjeux organisationnels, économiques et technologiques de la diffusion du logiciel libre : apports des régimes de l’open source. ... 23

2. Les principaux résultats et méthodologies. ... 34

C

HAPITRE

2.

P

ROBLEMATIQUE ET METHODOLOGIE

. ... 36

1. La diffusion du logiciel libre : révisions conceptuelles et questions de recherche. . 36

1.1. Une nouvelle forme de solidarité. ... 36

1.2. Le nouveau rôle de la production non marchande. ... 37

1.3. La mutation de l’industrie du logiciel. ... 38

2. Méthodologie : le web comme instrument de recherche... 40

2.1. L’histoire au service de la recherche en gestion... 40

2.2. Les méthodes d’investigation par internet : une nouvelle forme d’immersion.43 2.3. Les études de cas : capturer la variété des formes de l’open source... 49

C

HAPITRE

3.

L

ES DEBATS DE LA LITTERATURE SUR LES FORMES D

ORGANISATIONS DE L

OPEN SOURCE

. ... 52

1. Les structures des communautés de l’open source... 52

1.1. Les communautés de l’open source comme modèle d’innovation distribué. ... 52

1.2. La gouvernance et la division du travail dans les communautés open source. 55 2. Les firmes et l’open source. ... 58

2.1. Les rapports entre firme et communautés. ... 59

2.2. Les firmes comme initiateurs des communautés. ... 61

PARTIE II.

CARACTERISATION ET GENEALOGIE DU MODELE

RACINE : LA COMBINAISON INEDITE ENTRE UN SYSTEME DE

MANAGEMENT

DE LA SOLIDARITE ET UN

SYSTEME DE

PRODUCTION DISTRIBUE. ... 65

C

HAPITRE

1.

L

ES APPORTS ET LIMITES DE LA LITTERATURE EXISTANTE SUR LA CARACTERISATION DES COMMUNAUTES

... 65

1. Cadre 1 : Les communautés de pratique et épistémique. ... 66

1.1. La notion de communauté de pratique. ... 66

1.2. Les limites du rapprochement entre communauté de pratiques et communauté d’utilisateurs-développeurs. ... 67

1.3. Les communautés épistémiques... 68

2. Cadre 2 : La « collective invention ». ... 69

2.1. Les travaux de R. Allen ou l’émergence de la « collective invention »... 69

2.2. Les communautés open source comme cas de « collective invention ». ... 70

3. Cadre 3 : Les réseaux coopératifs. ... 71

(11)

Les régimes de l’open source : solidarité, management et modèles d’affaires.

3.2. La communauté d’utilisateurs-développeurs comme réseau coopératif... 72

C

HAPITRE

2.

A

LA RECHERCHE DES RACINES DE L

OPEN SOURCE

(1)

:

RETOUR SUR L

HISTOIRE DE L

ACTION COLLECTIVE SOLIDAIRE

. ... 75

1. De la notion de solidarité à la définition du diptyque charité/marché... 75

1.1. La notion de solidarité en sciences humaines et sociales. ... 75

1.2. Définition d’un cadre théorique : le diptyque charité/marché. ... 80

2. Entre la charité et le marché. ... 82

2.1. Le cas de la souscription : entre charité et donnant-donnant... 83

2.2. Le cas de la « Rotating Credit Association » : l’archétype du donnant-donnant. 85 3. Les formes historiques de la solidarité collective. ... 87

3.1. Les collectifs à objet de solidarité stable. ... 87

3.2. Les collectifs à objet de solidarité instable. ... 91

4. Vers la caractérisation d’une action collective solidaire. ... 94

5. Caractérisation de la communauté d’utilisateurs développeurs. ... 96

5.1. La communauté d’utilisateurs-développeurs : un cas particulier de Système de Management de la Solidarité. ... 97

5.2. La communauté d’utilisateurs-développeurs, un SMS au fonctionnement paradoxal : apports à la littérature... 98

C

HAPITRE

3.

A

LA RECHERCHE DES RACINES DE L

OPEN SOURCE

(2)

:

RETOUR SUR LES FORMES DE PRODUCTION DISTRIBUEES

... 100

1. L’histoire des formes d’organisations collectives distribuées... 100

1.1. La manufacture dispersée de Diderot et Alembert... 100

1.2. L’industrie domestique. ... 101

1.3. La franchise... 103

2. La communauté d’utilisateurs-développeurs : une organisation collective distribuée. 104 2.1. Caractéristiques communes à l’ensemble des formes d’organisations collectives distribuées. ... 104

2.2. Distribution et agglutination : deux notions pour décrire les systèmes de production distribués... 105

2.3. Regard sur les éléments ayant permis l’apparition de la conception distribuée de logiciels par des communautés d’utilisateurs-développeurs... 106

PARTIE III.

DU

MODELE

RACINE

A

LA

VARIETE

DES

ORGANISATIONS : L’EMERGENCE DES REGIMES DE L’OPEN

SOURCE.

113

C

HAPITRE

1.

D

E LA VARIETE DES ORGANISATIONS OU L

EMERGENCE DES REGIMES DE L

OPEN SOURCE

. ... 113

1. Les fondements théoriques et pratiques des régimes de l’open source. ... 114

1.1. Les limites de la notion de « community ». ... 114

1.2. La technique de l’échantillonnage théorique... 115

1.3. Les critères de sélection des cas. ... 116

2. L’hétérogénéité des organisations de l’open source : une étude empirique... 118

2.1. Le cas Kexi ou un exemple du modèle racine. ... 119

2.2. Le cas Freeworks : un modèle associatif. ... 124

2.3. Le cas Mandriva : une firme de l’open source... 129

2.4. Le cas OpenOffice.org : une communauté interentreprises... 137

2.5. Le cas OW2 Consortium ou un exemple de consortium industriel. ... 144

(12)

Les régimes de l’open source : solidarité, management et modèles d’affaires.

1. La définition de paramètres organisationnels... 156

2. De l‘étude de cas multiple à la génération d’idéaux-types... 158

3. La caractérisation des régimes de l’open source. ... 158

3.1. La firme de l’open source... 159

3.2. La communauté d’utilisateurs-développeurs. ... 159

3.3. L’association d’utilisateurs-développeurs. ... 160

3.4. La communauté inter-organisations. ... 160

3.5. Le consortium de l’open source. ... 161

4. Des idéaux types au service de la description des formes hybrides de l’open source. 162 4.1. Relecture des cas sous l’angle de l’hybridation... 162

4.2. L’utilisation du modèle du pentagone pour décrire les formes hybrides... 163

PARTIE IV.

LES STRATEGIES DANS L’OPEN SOURCE : DES

COMBINAISONS NOUVELLES ENTRE LE MARCHAND ET LE

NON-MARCHAND. 167

C

HAPITRE

1.

V

ALORISATION ECONOMIQUE DE L

OPEN SOURCE ET STRATEGIES

.

167

1. Les stratégies de valorisation ouvertes et hybrides. ... 167

1.1. Les stratégies ouvertes. ... 167

1.2. Les stratégies hybrides. ... 170

1.3. Synthèse des modèles économiques ouverts et hybrides. ... 172

2. Les stratégies de verrouillage. ... 176

2.1. Les stratégies d’intégration de logiciels libres dans du matériel. ... 177

2.2. Les stratégies de création de logiciels non libres et services en ligne... 179

C

HAPITRE

2.

S

TRATEGIES INDUSTRIELLES ET CONCURRENCE

... 185

1. La stratégie open source d’un groupe industriel : le cas Thales... 185

1.1. Thales : du monde fermé à l’open source. ... 185

1.2. Thales et l’open source. ... 189

2. La dynamique concurrentielle et coopérative dans l’open source. ... 196

2.1. L’imbrication des connaissances dans l’open source : généralités... 196

2.2. L’imbrication des connaissances vue sur le terrain... 198

2.3. Modélisation du couple code source/connaissances (SC/K)... 201

C

HAPITRE

3.

A

NALYSE DYNAMIQUE DES REGIMES DE L

OPEN SOURCE

. ... 203

1. Modélisation de la dynamique des régimes. ... 203

2. Le Cas OpenOffice.org : une histoire mouvementée. ... 205

2.1. Première interprétation de l’histoire d’OpenOffice.org ... 205

2.2. Autres interprétations de l’histoire d’OOo. ... 208

2.3. Le cas OpenOffice.org ou la réouverture de la concurrence... 212

3. Le cas Mozilla : le marchand au service du non-marchand. ... 213

3.1. Phase 1 : L’émergence de Navigator. ... 214

3.2. Phase 2 : La libération de Communicator. ... 215

3.3. Phase 3 : La création de la Mozilla Foundation. ... 216

3.4. Phase 4 : la création de la Mozilla Corporation. ... 217

3.5. Phase 5 : La création de la Mozilla Messaging Inc... 218

3.6. Mozilla : un paradoxe technologique et économique. ... 218

PARTIE V.

L’INNOVATION DANS LES REGIMES DE L’OPEN

SOURCE :

COMPENSER

LES

DEFAILLANCES

DE

L’OFFRE

(13)

Les régimes de l’open source : solidarité, management et modèles d’affaires.

C

HAPITRE

1.

L’

ETAT DE L

ART SUR LA

«

USER INNOVATION

»

ET L

EVALUATION

DE L

INNOVATION DANS L

OPEN SOURCE

. ... 229

1. De la « user innovation » aux communautés open source. ... 229

1.1. L’identification des utilisateurs comme source d’innovations... 230

1.2. Le rôle des utilisateurs dans la définition d’une offre radicalement innovante. 230 1.3. Les conditions de l’émergence de communautés d’utilisateurs indépendantes. 231 2. Les limites de la littérature existante sur l’évaluation de l’innovation des logiciels libres. ... 233

2.1. La confusion entre processus innovant et produit innovant. ... 233

2.2. L’analyse des études proposant d’évaluer l’innovation produit des logiciels libres. 235 2.3. Le manque de critères pertinents pour évaluer l’innovation dans l’industrie du logiciel. ... 241

2.4. Le logiciel libre vu par quelques praticiens... 243

C

HAPITRE

2.

D

E LA METHODE

D

ELPHI A LA CONSTRUCTION DE LA

«

WEB

-

BASED

D

ELPHI

» :

ETUDE EMPIRIQUE DE L

INNOVATION

. ... 245

1. D’un problème de mesure au couplage de méthodes qualitatives et quantitatives pour étudier l’innovation. ... 246

1.1. Le problème de mesure de l’innovation. ... 246

1.2. Les techniques d’évaluation de l’innovation... 246

2. De la technique Delphi à une « web-based Delphi » : une vue générale. ... 247

3. Les apports de l’approche « web-based Delphi » : la mobilisation d’experts dans un contexte distribué. ... 248

3.1. Etape 1 : la définition qualitative de cinq types d’innovation. ... 248

3.2. Etape 2 : Test des types d’innovations via l’évaluation d’experts de 25 logiciels libres en utilisant la Web-based Delphi... 251

3.3. Etape 3 : La modélisation de l’innovation logicielle basée sur la moyenne des évaluations des experts... 258

3.4. Etape 4 : une extension de la procédure d’évaluation à 152 logiciels par une auto-évaluation guidée. ... 259

4. Discussion et implications : les communautés d’utilisateurs-développeurs ou la compensation des défaillances marchandes. ... 262

C

HAPITRE

3.

L

ES MODELES D

INNOVATION LIBRES ET FERMES

:

DE L

OPPOSITION A LA CONTINGENCE

. ... 265

1. La caractérisation du modèle d’innovation de l’open source : un modèle d’innovation par les extrémités. ... 265

1.1. Bases théoriques et empiriques de l’innovation par les extrémités. ... 265

1.2. Théorisation de l’histoire du développement des logiciels libres : une structuration technologique et sociale. ... 267

1.3. Vers une réorganisation du « bazaar »… ... 274

2. Les enjeux de la conception de logiciels fermés. ... 276

2.1. Confrontation de cas empiriques. ... 277

2.2. Théorie de la conception du logiciel. ... 280

2.3. Le logiciel fermé répondant à une demande. ... 283

3. Les enjeux de la conception de logiciels libres. ... 284

3.1. Le logiciel libre créé par une communauté d’utilisateurs-développeurs... 284

(14)

Les régimes de l’open source : solidarité, management et modèles d’affaires.

PARTIE VI.

CONCLUSION :

APPORTS,

APPLICATIONS

ET

IMPLICATIONS DES REGIMES DE L’OPEN SOURCE. ... 293

1. Les régimes de l’open source : une synthèse des enjeux organisationnels, économiques et technologiques de la diffusion du logiciel libre. ... 293

1.1. De l’identification d’un système solidaire et distribué inédit à la modélisation des régimes de l’open source. ... 293 1.2. La valorisation des logiciels libres : une dynamique nouvelle entre le

marchand et le non-marchand. ... 294 1.3. L’innovation dans l’open source : de l’ouverture de la concurrence à la

compensation de l’offre marchande. ... 295

2. Les stratégies d’ouverture ou de fermeture des technologies logicielles : de l’arbitrage à la rationalisation... 296

2.1. Rationaliser les décisions d’ouverture ou de fermeture technologique (1) : la proposition d’un modèle d’aide à la décision. ... 296 2.2. Rationaliser les décisions d’ouverture ou de fermeture technologique (2) : cas d’application ex-post et ex-ante. ... 298

3. Implications théoriques et managériales des régimes de l’open source : vers une contingence des stratégies ouvertes et fermées ? ... 302

3.1. Les stratégies d’ouverture et de fermeture : de l’opposition à la

complémentarité. ... 302 3.2. Le rôle des activités de R&D dans la construction de l’avantage concurrentiel des firmes de l’open source. ... 303

(15)
(16)

Introduction.

l’origine, l’industrie informatique confondait le matériel (« hardware1 »)

et le logiciel (« software ») en une seule et même économie (Dalle, David, Ghosh, et Steinmueller 2005: 413). Les fabricants n’avaient aucun intérêt à vendre composants et logiciels séparément puisqu’ils n’étaient pas utilisables individuellement du fait de l’hétérogénéité des systèmes et de la non compatibilité des instructions écrites entre ces derniers. C’est pourquoi, il n’y avait pas vraiment d’économie du logiciel autonome (Rannou et Ronai 2003b: 20). Par exemple, la Star Workstation de Xerox intégrait aussi bien du matériel que du logiciel (Chesbrough 2003: 78). L’une des conséquences de la « non valorisation » autonome du logiciel sur le marché, se traduisait par un phénomène de partage de code entre les utilisateurs. En effet, pendant cette période les utilisateurs étaient principalement des professionnels ou des chercheurs académiques ayant des connaissances pointues en informatique. Le partage de code source n’est donc pas un phénomène récent. Selon Richard Stallman, il s’agissait d’une pratique courante dans les années 70 (Nuvolari 2003: 5). De même en 1967, Robert Fano du MIT expliquait que les utilisateurs bâtissaient des logiciels en se basant sur le travail des uns et des autres. Il ajoutait que plus de la moitié des commandes du système d'exploitation à temps partagé, utilisé au MIT, furent développées par des utilisateurs (Ilkka Tuomi 2005: 430). L’essentiel des échanges était réalisé sur support matériel puisqu’il n’y avait pas encore d’infrastructure réseau permettant l’échange en ligne : ceci correspond à la première phase de développement du phénomène open source (Phase 1 : l’échange matériel de code

informatique).

Parallèlement à cette situation, plusieurs changements technologiques eurent des répercussions sur la structure de l’industrie informatique. Le premier changement connu par cette industrie fut, sans commune mesure, l’évolution des langages de programmation provoquant une séparation progressive entre les instructions écrites en « langage homme2 » et

les instructions exécutées sur la machine alors qu’auparavant le premier langage de programmation « se rapprochait plus de la machine3 ». Le point de départ de cette séparation

est la création du premier compilateur4 par Grace Hopper en 1951.

Le second changement majeur apparu dans l’industrie informatique est l’émergence de standards de fait (Osterloh et Rota 2007: 163). Pour ne citer que les plus centraux : le PC

1 Hardware désigne du matériel informatique. 2

Le langage homme correspond aux instructions écrites dans un langage de programmation compréhensible par l’homme.

3 Nader, TDR, entretien téléphonique avec l’auteur, mercredi 29 novembre 2006.

4 Un compilateur est un programme permettant de convertir des instructions écrites dans un langage de programmation en langage machine ou binaire.

(17)

Introduction.

(Personal Computer), Unix et Windows. Le PC (inventé par IBM) est devenu une infrastructure standardisée pour la quasi-totalité de l’industrie. De ce fait, les acteurs de l’industrie informatique devaient concevoir leurs composants en respectant certaines normes de conception. Le système d’exploitation Unix (commercialisé par Bell Labs) était distribué sous une licence permettant à la fois la lecture, la modification et le partage du code source. Ce système fut donc décliné en de nombreuses versions plus ou moins dérivées : BSD, Solaris, Xenix, Mac OS X, Minix, Linux, etc. Windows, à travers ses différentes versions, eut un succès sans précédent dans l’histoire des systèmes d’exploitation. Suite à ces changements technologiques, l’industrie informatique s’est scindée en deux parties : l’industrie des composants et celle des logiciels.

C’est seulement à partir du moment où les concepteurs de logiciels eurent la possibilité de convertir les instructions lisibles par l’homme (« code source5 ») en instruction machine

(« code objet6 ») par le biais du compilateur, que ces derniers eurent la possibilité de cacher la

source de leur travail à leurs clients et plus largement à tous les utilisateurs. Du fait de ces changements, une nouvelle dichotomie s’opéra au sein même des logiciels : les logiciels dont le code source était disponible et modifiable ; les logiciels dont le code source était ni disponible, ni modifiable. En fait, ce qui fut inventé ce n’est pas le logiciel libre, c’est plutôt le logiciel fermé puisqu’au commencement de l’informatique les logiciels étaient libres. Actuellement, la séparation entre le langage de programmation et langage machine est de plus en plus marquée grâce aux progrès scientifiques réalisés dans ces cinquante dernières années (Bancilhon 2007).

Par conséquent, l’industrie du logiciel s’est elle-même séparée en deux parties appelées plus tardivement : logiciels libres7 et logiciels fermés. Selon la Free Software Foundation8 (FSF), un logiciel est considéré comme libre s’il possède quatre libertés : l’exécution, l’étude, l’amélioration et la distribution. A contrario, un logiciel non libre se définit comme un logiciel auquel il manque une ou plusieurs de ces libertés. Dans la majorité des cas, les licences des

5

Un code source est un ensemble d’instructions écrites dans un langage de programmation.

6 Un code objet est le résultat d’un processus de compilation de code source. Il représente des instructions binaires c'est-à-dire une suite de caractères composée de « 0 » et « 1 ».

7 Pour une introduction générale sur les logiciels libres nous invitons lecteur intéressé à lire (Guérin 2001; Rastetter 2002).

8 La Free Software Foundation est une organisation à but non lucratif fondée par Richard Stallman. Elle assure la promotion et la défense des logiciels libres au niveau international. Elle est à l’origine de la General Public Licence (GPL), la licence la plus populaire dans le domaine du logiciel libre. La GPL est un instrument juridique visant à protéger les quatre libertés du logiciel libre.

(18)

Introduction.

logiciels non libres9 donnent uniquement le droit à une exécution limitée10 en restreignant les droits des utilisateurs en termes de modification du programme (Johnson, 2002 : 638).

En 1969, la création d’Arpanet permettait aux chercheurs universitaires de partager du code mais seulement pour des fragments car Arparnet avait des capacités limitées en termes de bande passante. A ce moment les firmes étaient peu impliquées dans les échanges et concernaient principalement des universitaires ayant accès à ce réseau. Pour preuve, le projet GNU11 est issu du milieu universitaire. Ce projet fût initié en 1983 par R. Stallman12 alors qu’il faisait parti d’un laboratoire d’intelligence artificielle du MIT, celui-ci disait : «

commençant ce Thanksgiving je vais écrire un système complet compatible avec Unix appelé GNU (pour Gnu's Not Unix), et donner celui-ci gratuitement à tous ceux qui veulent l’utiliser » (Stallman 1983). Il s’agit de la seconde phase de développement de l’open source (Phase 2 : l’échange partiellement électronique de code informatique).

Jusqu’au début des années 90, les logiciels libres n’étaient pas intégrés dans une dynamique économique. L’émergence du système d’exploitation « GNU/Linux » né de la convergence entre le projet GNU et le noyau Linux initié par Linus Torvalds13, bouleversa une bonne partie des composantes de l’industrie informatique.

Grâce à la propagation d’internet, le phénomène open source n’était plus seulement cantonné au milieu universitaire puisque n’importe quel développeur pouvait télécharger du code et procéder à des modifications ou encore partager du code qu’il avait initialement réalisé pour ses propres usages. Cette phase de démocratisation s’est largement fondée sur le développement d’internet à la fois le fruit et l’engrais du développement de l’open source (Deek et McHugh 2007: 11). Le TCP/IP14, le HTML15 et BIND16 sont quelques-uns des

9 Les logiciels non libres sont aussi appelés logiciels closed source (Johnson, 2002 : 638). Nous utiliserons ces expressions de manière interchangeable dans notre travail. A noter également que l’on rencontre fréquemment la notion de « logiciel propriétaire » qui porte selon nous à confusion car le logiciel libre a aussi un ou des propriétaire(s). C’est la licence qui donne au logiciel sont statut libre ou non libre et non pas le fait qu’il soit détenu par un propriétaire.

10 L’exécution peut être limitée par exemple en nombre de postes ou d’utilisateurs.

11 Gnu is Not Unix ou GNU est un projet initialement fondé dans le but de créer un système d’exploitation libre. Historiquement, le Projet GNU connaissait des difficultés pour concevoir Hurd : le noyau du système. Linux, un noyau initié par Linus Torvald, a remplacé le balbutiant Hurd donnant naissance au Projet GNU/Linux : le premier système d’exploitation entièrement libre.

12 Richard Stallman est une figure emblématique à l’origine de la notion de « Free Software » et du Projet GNU. Il est connu dans le monde de l’informatique pour ses capacités techniques. Aujourd’hui, il fait toujours preuve d’un activisme zélé pour la promotion et la défense des logiciels libres.

13 Linus Torvald est l’initiateur du noyau Linux devenu célèbre pour ses capacités techniques d’intégration de contributions.

14

Le TCP/IP (Transmission Control Protocol/Internet Protocol) est un protocole de communication conçu en 1974 afin de contourner la disparité des systèmes.

15 HTML (Hypertext Markup Language) est un langage de balisage permettant d’afficher des pages web.

16 BIND (Berkeley Internet Name Domain) est un système d’adressage des sites internet permettant de ne pas avoir à entrer l’adresse au format numérique mais sous forme de noms de domaines.

(19)

Introduction.

standards libres sur lesquels internet est basé illustrant bien le fait que le « réseau des

réseaux17 » est le produit du phénomène open source (Phase 3 : la phase de démocratisation).

En 1998, un événement important marqua l’entrée des firmes dans l‘open source : la libération de Navigator par Netscape. La firme avait en effet libéré son navigateur internet en réaction à la stratégie de Microsoft qui embarquait gratuitement Internet Explorer dans son système d’exploitation. D’après L. Torvald, la libération de Navigator constituait une stratégie de la dernière chance (mentionné par Torres-Blay (2003: 16)). Le second événement important de la fin des années 90 est la création de SourceForge.net en 1999. SourceForge.net proposait gratuitement aux programmeurs de logiciels libres un ensemble d’outils nécessaires au développement et à la diffusion de leurs créations.

A cette même période, la bulle spéculative liée aux NTIC (Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication) avait de sérieuses répercussions sur les « dot.com18 »

provoquant des faillites en chaîne. En revanche, les organisations de l’open source ne furent pas vraiment touchées par l’éclatement de cette bulle car pour la plupart, elles n’avaient pas de modèle d’affaires et étaient encore moins cotées sur les marchés financiers. Au fur et à mesure les firmes commencèrent à libérer des logiciels fermés et à participer aux communautés existantes. C’est ce qui correspond à la quatrième phase du développement de l’open source (Phase 4 : la phase de coopération).

Pendant la phase de coopération, les firmes ont appris comment gérer des communautés distantes et ont par conséquent copié le modèle des communautés d’utilisateurs-développeurs pour leurs propres développements. Ainsi, les firmes commencèrent à rationnaliser le développement de logiciels libres. Ceci correspond à la cinquième phase de développement de l’open source (Phase 5 : la phase d’industrialisation). Les entreprises sont passées d’observateurs passifs, au statut d’investisseurs et désormais au statut de principaux acteurs. Pour reprendre la terminologie de Lerner et Tirole, les entreprises sont passées d’une

« reactive strategy » à une « proactive strategy » (Lerner et Tirole 2000: 26-27).

Depuis que Linus Torvald mit à disposition du public le noyau de système d’exploitation sur lequel il travaillait, le phénomène a connu de profondes mutations. Selon nos analyses, ces modifications importantes sont principalement dues à l’implication croissante de firmes dans le phénomène et à l’évolution technologique. Le tableau ci-dessous résume l’évolution du

17 L’expression « réseaux des réseaux » est l’autre appellation d’internet.

18 Les « dot.com » sont les start-up ayant émergé lors de la phase d’engouement liée au développement d’internet.

(20)

Introduction.

phénomène open source en mettant en évidence l’impact croissant des firmes dans cette industrie.

Tableau 1 : L'évolution de l'open source.

Phases de développement

Acteurs

principaux Evénements importants Période Rôle des entreprises

Phase 1

Phase d’échange matériel de code informatique.

Chercheurs

universitaires / Avant 1970 Faible.

Phase 2 Phase d’échange électronique de code informatique (partielle). Chercheurs universitaires Arpanet (69) ; TCP/IP (72) ; CNET (79). 1970 - 1990 Faible. Phase 3 Phase de démocratisation

Utilisateurs-développeurs Popularisation d’internet. 1990 - 1998

Premiers investissements dans

le phénomène

Phase 4 Phase de coopération

Utilisateurs-développeurs et entreprises Libération de Netscape Communicator (1998) ; Création de SourceForge.net (1999) Eclatement de la bulle internet (2000). 1998 - 2002 Création d’organisations avec des acteurs individuels. Phase 5 Phase d’industrialisation Entreprises Création d’ObjectWeb (2002) Depuis 2002 Libération massive de code ; création de communautés inter-organisations et de consortiums.

Depuis le début de ce XXIème siècle, le logiciel libre est devenu un élément incontournable de l’industrie du logiciel. Des firmes ont rapidement bâti des modèles économiques19 adaptés aux propriétés des logiciels libres. Différentes études ont chiffré à plusieurs milliards leur potentiel économique : l’IDC estime qu’en 2011 les revenus liés aux logiciels libres devraient atteindre 5,8 milliards de Dollars (IDC 2007).

Les logiciels libres (traduit de « Free Software ») sont aussi appelés logiciels « Open

Source ». La notion de logiciel « Open Source » fut créée par Bruce Perens car l’expression « Free Software » faisait apparaître en anglais une ambigüité entre liberté et gratuité. La

volonté des partisans de l’open source était de promouvoir les logiciels libres auprès des entreprises en créant l’Open Source Initiative (OSI)20.

19 La notion de modèle économique est une traduction de l’expression « business model ». Selon Chesbrough, un business model a deux fonctions : créer et capturer de la valeur (Chesbrough, 2007 : 12).

20 L’OSI est une organisation à but non lucratif créé afin de promouvoir les logiciels libres dans le domaine professionnel. La principale différence entre l’OSI et la FSF concerne leur vision respective des logiciels libres

(21)

Introduction.

D’après Loïc Dachary, Fondateur de la FSF Europe, « le logiciel libre dit que la liberté du

logiciel est une affaire de philosophie et l’open source s’en distingue car il rejette toute philosophie21. C’est le motif de création du mouvement open source, de rejeter la philosophie du logiciel libre. Les auteurs, fondateurs du mouvement open source ne s’en sont pas cachés du tout22. » D’après la FSF, aujourd’hui le mouvement de l’Open Source et celui du Free Software sont séparés (Free Software Foundation 2005: 54). Toutefois selon d’autres « les définitions de l'OSI […] et de la FSF sont les mêmes, et pour moi, le distinguo fait entre les deux est artificiel, et purement sur la forme23. » Pour ne pas rentrer dans ce débat

terminologique, nous considérerons que « Free Software », « Open Source Software » et

« Logiciel Libre » sont synonymes. De ce fait, nous utiliserons de manière interchangeable

ces différentes expressions, conformément à l’avis de la plupart des universitaires de ce champ de recherche (von Hippel et von Krogh 2003: 210).

L’analyse de l’impact des logiciels open source est un objet d’étude complexe puisque celui-ci met en relation des domaines hétérogènes. Tout d’abord, le logiciel libre met en jeu le domaine technologique puisqu’un logiciel est avant toute chose un objet virtuel. Ensuite, le logiciel libre défie l’économie et les modèles d’affaires étant donné qu’aujourd’hui « l’open

source ce n’est plus seulement des particuliers, les entreprises se sont appropriées le phénomène pour faire de l’argent24 ». Puis, il interroge le droit parce que les licences des logiciels libres ont ouvert de nouveaux débats juridiques25. Enfin, il pose de nouvelles questions en sciences de l’organisation car la production du logiciel libre a provoqué une remise en question des formes productives existantes en couplant à la fois les propriétés d’un mouvement social (O’Mahony 2002), d’un réseau coopératif (Grassineau 2009), d’un régime de solidarité ouvert et d’une structure productive distribuée. Afin de rendre compte de cette richesse dans notre travail, nous avons fait le choix d’avoir des méthodes et des sources pluridisciplinaires.

Dans cette thèse, nous détaillerons ce que nous nommons les régimes de l’open source. Mais qu’entendons-nous par cette expression ? Par régimes de l’open source, nous faisons

et fermés : pour l’OSI, un logiciel fermé est simplement un choix d’auteur et une méthode de développement ; tandis que pour la FSF, le logiciel fermé est un problème social.

21 La philosophie du logiciel du libre repose sur les quatre libertés du logiciel.

22 Loïc Dachary (Fondateur et vice-président, FSF Europe), entretien en face à face avec l’auteur, mardi 21 novembre 2006.

23

Cooker, Communauté Mandriva, Entretien en ligne avec l’auteur, Lundi 15 mai 2006.

24 Grégory Lopez, Responsable du Centre de Compétences Open Source, Thales D3S, entretien en face à face avec l’auteur, mardi 23 janvier 2007.

25 A ce sujet, voir le travail pionnier de M. Clément-Fontaine (1999) portant sur la licence la plus populaire de l’open source : la GPL (General Public License).

(22)

Introduction.

référence aux éléments qui caractérisent à la fois : le processus de conception des logiciels libres : c’est-à-dire la description des différentes manières dont ces logiciels sont produits [Partie II et III] ; leur exploitation marchande : autrement dit la manière dont les firmes et les autres organisations génèrent des revenus grâce à ces logiciels [Partie IV] ; leurs propriétés notamment en matière d’utilisation et d’innovation [Partie V]. Mais au préalable, il convient de présenter comment des mutations industrielles ont conduit à la révision conceptuelle de certains objets en sciences de gestion [Partie I].

(23)
(24)

Partie I. Chapitre 1. Les régimes de l’open source : une synthèse des enjeux de la diffusion du logiciel libre.

PARTIE I.

L’OPEN SOURCE : DE LA MUTATION D’UNE

INDUSTRIE A LA REVISION CONCEPTUELLE

D’OBJETS EN SCIENCES DE GESTION.

Chapitre 1.

L

ES REGIMES DE L

OPEN SOURCE

:

UNE SYNTHESE DES

ENJEUX DE LA DIFFUSION DU LOGICIEL LIBRE

.

1.

Une

synthèse

des

enjeux

organisationnels,

économiques

et

technologiques de la diffusion du logiciel libre : apports des régimes de

l’open source.

Partie I : L’open source : de la mutation d’une industrie à la révision conceptuelle d’objets en sciences de gestion.

Le but de cette partie est d’exposer les enjeux et les problématiques liés au développement de l’open source qui sont au cœur de cette thèse.

Nous décrivons d’abord les mutations provoquées par l’open source ainsi que la méthodologie adoptée pour notre recherche [Chapitre 2]. Plus précisément l’open source a conduit à trois grandes révisions conceptuelles [1.]. Premièrement, l’apparition d’un nouveau type de solidarité compatible avec : une distribution géographique, une ouverture à d’autres que le groupe initial et une implication des entreprises [1.1.]. Deuxièmement, le rôle de la production marchande est renouvelé. En effet, dans l’industrie informatique le non-marchand a des liens très intenses et complexes avec le marché : d’un côté, certaines firmes utilisent le non-marchand comme un outil pour relancer la concurrence ; et d’un autre coté, certaines organisations à but non lucratif utilisent l’activité marchande pour remplir leurs objectifs [1.2]. Troisièmement, l’open source redéfinit la structure de l’industrie du logiciel en remettant en question le rôle des éditeurs, utilisateurs et intégrateurs ainsi que les rapports entre ces acteurs [1.3].

(25)

Partie I. Chapitre 1. Les régimes de l’open source : une synthèse des enjeux de la diffusion du logiciel libre.

L’ampleur et l’intensité des changements provoqués par le logiciel libre fait émerger un ensemble d’interrogations synthétisées sous la forme de questions de recherche générales portant sur trois volets : l’organisation, la valorisation et l’innovation.

Volet 1 : l’organisation de l’open source.

QR 1 : D’où provient le modèle racine à l’origine du premier logiciel libre ?

QR 2 : Quelles sont les expansions de ce modèle, sur quels critères distinguer les formes résultantes et comment suivre les transformations organisationnelles dans l’open source ?

Volet 2 : la valorisation de l’open source.

QR 3 : Comment les logiciels libres sont-ils financés et valorisés ?

QR 4 : Quel est l’impact de l’open source sur l’industrie du logiciel ?

Volet 3 : l’innovation dans l’open source.

QR 5 : Quels types d’innovations les organisations de l’open source produisent-elles ?

QR 6 : Quelle différence y a-t-il entre l’innovation dans les domaines du logiciel libre et du logiciel fermé ?

Ensuite, nous décrivons les principales méthodes employées dans le cadre de notre recherche [2.]. En premier lieu, nous présentons notre approche historique pour caractériser des objets émergents mettant en défaut les connaissances existantes et pour analyser des cas sur une longue période [2.1.]. En second lieu, nous présentons les opportunités offertes par internet en termes de nouvelles techniques de recherche [2.2.]. D’une part, l’entretien par internet introduit une dynamique inédite des savoirs au cours des entretiens : l’apprentissage externe. Ce mode d’entretien permet de mobiliser des connaissances autres que celle du chercheur et du répondant pour générer des questions qu’il n’aurait pas été possible de poser sans internet. D’autre part, la création d’un collège d’experts en ligne basé sur la logique et l’esprit de la technique « Delphi » propose une méthode contingente et innovante pour étudier l’innovation dans l’industrie du logiciel. De manière beaucoup plus classique, nous avons réalisé des études de cas pouvant être classifiées en deux catégories : les cas majeurs et mineurs. D’un côté, les cas majeurs ont largement contribué à la construction des différentes parties de notre travail ; de l’autre, les cas mineurs y ont apporté une contribution beaucoup moins importante.

(26)

Partie I. Chapitre 1. Les régimes de l’open source : une synthèse des enjeux de la diffusion du logiciel libre.

Dans le troisième chapitre, nous réalisons une revue de la littérature sur les organisations de l’open source [Chapitre 3]. Nous décrivons d’abord la littérature sur les communautés open source [1.]. Ce faisant nous centrons notre lecture autour de deux types de travaux : d’une part, ceux se focalisant sur l’aspect indépendant et distribué des acteurs [1.1.] ; d’autre part, ceux portant sur la gouvernance et la division du travail dans les communautés [1.2.].

Ensuite, nous étudions les travaux sur le rôle des firmes dans l’open source [2.]. Ces derniers sont regroupés en deux thèmes : d’un côté, l’étude des rapports entre firmes et communautés [2.1.] ; et de l’autre, la revue des quelques auteurs analysant les firmes comme créateurs de communautés [2.2.]. Globalement dans la littérature, l’aspect distribué des communautés est bien pris en compte. En revanche, l’état des connaissances sur les éléments de solidarité liant les participants des différentes organisations est particulièrement lacunaire. Peu de travaux existent également sur les organisations constituées majoritairement d’entreprises.

Partie II : Caractérisation et généalogie du modèle racine : la combinaison inédite entre un système de management de la solidarité et un système de production distribué.

L’objectif de cette partie est de caractériser le modèle racine à l’origine du premier logiciel libre. Pour cela, nous réalisons un détour historique.

Dans le premier chapitre, nous analysons les travaux sur la caractérisation des communautés afin de mettre en évidence leurs apports et limites ainsi que notre positionnement vis-à-vis de la littérature [Chapitre 1].

Les travaux sur la caractérisation des communautés se regroupent en trois cadres d’analyse : les communautés de pratiques et épistémiques, la « collective invention » et les réseaux coopératifs. Nous montrons d’abord que la communauté d’utilisateurs-développeurs n’est pas une communauté de pratique mais que celle-ci a toutefois une dimension épistémique [1.].

Puis, nous soulignons que la notion d’invention n’est pas adaptée pour nommer le phénomène décrit par Allen. En effet, il s’agissait d’un cas où des producteurs de fer au XIXème siècle partageaient les améliorations de performances de hauts-fourneaux utilisés comme outil de production. En outre, la littérature confirme que les communautés open source ont deux différences avec les cas historiques de « collective invention » : d’une part dans la « collective invention », il y a une uniformisation des objectifs alors que dans les communautés open source les participants ont des objectifs divergents (Henkel 2006: 955) ;

(27)

Partie I. Chapitre 1. Les régimes de l’open source : une synthèse des enjeux de la diffusion du logiciel libre.

d’autre part, Osterloh et Rota (2007) ont souligné que lorsqu’une technologie passait au stade de l’exploitation les groupes de « collective invention » disparaissaient alors que les communautés open source existent toujours en dépit du fait que le phénomène soit également passé au stade de l’exploitation [2.].

Enfin la littérature sur les réseaux de collaboration souligne que la production non-marchande a pris une ampleur particulièrement considérable et plus encore sur internet. Dans ce cadre, la production non-marchande en ligne a reçu plusieurs qualificatifs : elle est tantôt nommée « peer-production » (Benkler et Nissenbaum 2006), « social production » (Benkler 2006) ou « réseau coopératif » (Grassineau 2009). D’autre part, certains auteurs défendent l’idée que le modèle des communautés open source n’est pas un nouveau modèle de production du point de vue de historique (Dalle et al. 2005: 397) [3.]. Le cadre des réseaux coopératifs est le cadre avec lequel nous partageons le plus d’affinités.

Dans le deuxième chapitre, nous partons du constat qu’il n’existe pas de cadre analytique permettant de caractériser l’ensemble des systèmes de production marchands et non-marchands. En effet, il est nécessaire d’avoir un cadre dépassant la dichotomie hiérarchie/marché [Chapitre 2].

En premier lieu, nous faisons le lien entre deux corpus théoriques : d’un côté, la littérature en sciences sociales sur la solidarité et le don ; et d’un autre côté, la littérature en sciences économique et de gestion [1.]. Pour ce faire, nous introduisons en premier lieu la notion de solidarité pour laquelle nous présentons une généalogie des travaux de différents auteurs en sciences sociales ayant utilisé cette notion : More, Fourier et l’Ecole sociétaire, Tönnies, Durkheim, Bourgeois, Praca, Buchanan, et Mance [1.1.]. En nous inspirant des travaux sur le

« paradigme du don », nous suggérons un nouveau cadre capable d’intégrer l’ensemble des

systèmes de production marchands et non-marchands : le diptyque charité/marché [1.2.]. Suite à cela, nous décrivons la variété des structures productives entre la charité et le marché [2.]. Il y a premièrement les structures se trouvant entre la charité et le donnant-donnant (la souscription) [2.2.] et celles représentant purement du donnant-donnant-donnant-donnant (la caisse d’épargne rotative) [2.3.]. Deuxièmement, il y a les formes historiques de la solidarité collective [3.] avec d’un côté les systèmes de solidarité à objet stable : cela signifie que l’on connaît à peu près ce qui est donné et ce qui est reçu en retour (l’Utopie, le Phalanstère et la Corporation) [3.1.] ; et d’un autre côté, il y a les systèmes de solidarité où l’objet est instable : c'est-à-dire que l’on sait ce que l’on doit donner mais on ignore ce que l’on va recevoir en retour (la Ghilde et la Tontine) [3.2.].

(28)

Partie I. Chapitre 1. Les régimes de l’open source : une synthèse des enjeux de la diffusion du logiciel libre.

Ensuite, en nous basant sur ces cas historiques nous définissons la notion d’action collective solidaire [4.]. Puis nous appliquons cette notion pour décrire le modèle de la communauté d’utilisateurs-développeurs [5.]. Grâce à cette notion, nous détaillons les liens de solidarité liant les acteurs de cette structure : nous prouvons que la communauté d’utilisateurs-développeurs est un système de management de la solidarité particulier puisqu’il s’agit du seul système doté d’une solidarité ouverte sur l’extérieur du groupe [5.1]. Enfin, nous présentons nos apports vis-à-vis de la littérature [5.2.].

Dans le troisième chapitre, nous soulignons que les systèmes de production distribués ne sont pas nouveaux dans l’histoire des organisations et que les communautés open source n’ont pas l’exclusivité sur cela [Chapitre 3]. Nous nous intéressons d’abord à l’histoire des systèmes de production distribués [1.] : nous nous focalisons sur trois cas : la manufacture dispersée [1.1], l’industrie domestique [1.2] et la franchise [1.3].

Pour caractériser la communauté d’utilisateurs-développeurs [2.], nous identifions tout d’abord les éléments communs à l’ensemble des systèmes de production distribués [2.1.]. Plus précisément, ces systèmes ont deux caractéristiques communes : la distribution des acteurs et

l’agglutination de l’objet de production [2.2.]. Ensuite, nous décrivons les éléments rendant

possible la production distribuée de logiciels [2.3.] en décrivant l’influence de quatre facteurs : la création d’un nouvel objet virtuel aux propriétés particulières (le logiciel), le partage de langages de programmation, le développement de la micro-informatique et d’internet.

Grâce au travail réalisé dans cette partie, nous répondons à la première question de recherche : D'où provient le modèle racine à l'origine du premier logiciel libre ? (QR 1) par la première thèse de ce travail : La communauté d’utilisateurs-développeurs s’appuie : d'une

part sur un système de management de la solidarité ouvert où les individus sont unis par une solidarité de conception, d’apprentissage et d’usage ; d'autre part sur un système de production distribué nécessitant un faible investissement capitalistique et dont l’objet réalisé a des propriétés fortement agglutinantes (TH 1).

Partie III : Du modèle racine à la variété des organisations : l’émergence des régimes de l’open source.

(29)

Partie I. Chapitre 1. Les régimes de l’open source : une synthèse des enjeux de la diffusion du logiciel libre.

L’objectif de cette partie est de présenter les propriétés et expansions des régimes de l’open source sur la base d’un travail empirique réalisé sur une longue période.

Dans le premier chapitre, nous détaillons la construction des régimes de l’open source [Chapitre 1]. Tout d’abord, nous en présentons les fondements théoriques et pratiques. Pour ce faire, nous décrivons les cinq études de cas sélectionnées grâce à la méthode de l’échantillonnage théorique sur la base de quatre critères : le type d’acteurs, le mode de financement, le système de rémunération et la structure juridique [1.].

Ensuite, nous réalisons cinq monographies [2.] sur les cas suivants : Kexi, une communauté d’utilisateurs-développeurs assurant le développement d’un système de gestion de base de données avec une interface graphique [2.1.] ; Freeworks, une association de loi 1901 gérant différentes initiatives autour du concept de l’open source [2.2.] ; Mandriva, une société française éditant une distribution Linux et gérant une communauté d’utilisateurs-développeurs contribuant à ce logiciel [2.3.] ; OpenOffice.org, une communauté rassemblant principalement des firmes de l’industrie informatique développant une suite bureautique à environnements multiples [2.4.] ; OW2 Consortium, un consortium industriel rassemblant plus de 60 entreprises et instituts de recherche travaillant sur les problématiques du middleware [2.5.].

Dans le second chapitre, nous modélisons les régimes de l’open source dérivés des cas étudiés [Chapitre 2]. Dans un premier temps, nous définissons les paramètres organisationnels dominants des organisations étudiées [1.] grâce auxquels nous produisons le modèle du pentagone comprenant cinq formes organisationnelles [2.].

Puis dans un second temps, nous décrivons chaque idéal-type [3.] : la firme de l’open

source [3.1.], la communauté développeurs [3.2.], l’association d’utilisateurs-développeurs [3.3.], la communauté inter-organisations [3.4.] et le consortium de l’open source [3.5.].

Enfin dans un troisième temps, nous analysons les formes hybrides existantes de l’open source [4.]. Nous relisons les cas étudiés sous l’angle de l’hybridation [4.1.]. Puis, nous utilisons le modèle du pentagone pour détailler quelques formes hybrides [4.2.].

Suite aux réflexions de cette partie, nous apportons une réponse à la seconde question de recherche : Quelles sont les expansions de ce modèle, sur quels critères distinguer les formes

résultantes et comment suivre les transformations organisationnelles dans l'open source ?

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Partie I. Chapitre 1. Les régimes de l’open source : une synthèse des enjeux de la diffusion du logiciel libre.

modèle racine à l’origine de différents régimes de production celui-ci a connu différentes expansions (synthétisées dans le modèle du pentagone) dues à l’implication croissante des firmes dans le phénomène open source. (TH 1).

Partie IV : Les stratégies dans l’open source : des combinaisons nouvelles entre le marchand et le non-marchand.

Dans cette partie, nous étudions les stratégies des entreprises et des autres organisations impliquées dans l’open source.

Dans le premier chapitre, nous exposons les stratégies de valorisation économique des logiciels libres [Chapitre 1]. Tout d’abord, nous réalisons une revue de la littérature [1.] dans laquelle nous identifions deux types de stratégies : les stratégies ouvertes (basées sur de la prestation de services) [1.1.] et les stratégies hybrides (couplant services et licences) [1.2.]. Puis, nous synthétisons les modèles de valorisation des logiciels libres sur la base des différents travaux réalisés dans ce champ [1.3.]. Enfin, nous introduisons une troisième catégorie de modèles économiques reposant sur des stratégies de verrouillage [2.]. Ces stratégies insèrent un véritable paradoxe en faisant un bien privé à partir de ressources collectives, inversant en quelque sorte la logique du « private-collective model » (Stuermer, Sebastian, et von Krogh 2009; von Hippel et von Krogh 2003; von Krogh 2006). Plus précisément, trois stratégies sont identifiées : les stratégies d’intégration de logiciel libre dans du matériel [2.1.], les stratégies de « forking26 » non libre et les stratégies basées sur une

logique de services en ligne [2.2.].

Dans le second chapitre, nous nous intéressons aux stratégies industrielles et à la concurrence [Chapitre 2]. Premièrement, nous analysons la stratégie de Thales, un groupe industriel spécialisé en électronique et en systèmes d’information dans les domaines de la défense, l’aéronautique et la sécurité [1.]. Nous exposons comment la stratégie du groupe est passée d’une logique de développement fermée à une logique plus ouverte motivée par de réels enjeux technologiques et économiques [1.1.]. Ensuite, nous étudions l’implication de Thales dans l’open source [1.2.]. Nous scindons les activités du groupe en deux parties : les activités non stratégiques et stratégiques. Nous décrivons la manière dont l’industriel mutualise une partie de ses développements avec d’autres organisations dans divers

26 Une stratégie de « forking » consiste à créer un logiciel libre sur la base d’un autre. Normalement, l’œuvre dérivée doit adopter la même licence que l’œuvre originale toutefois sur le terrain nous découvrons que certaines firmes développent différentes stratégies afin de fermer le logiciel ainsi créé.

(31)

Partie I. Chapitre 1. Les régimes de l’open source : une synthèse des enjeux de la diffusion du logiciel libre.

consortiums et projets industriels pour des raisons d’indépendance technologique et économique. D’autre part, nous découvrons que Thales ne fait pas de valeur sur les logiciels libres en soi mais sur les parties « hautes27 » que la firme ajoute aux logiciels libres qu’elle

utilise comme composants.

Deuxièmement, nous nous penchons sur la dynamique coopérative et concurrentielle dans l’open source [2.]. En premier lieu, nous exposons les raisons ayant motivé nos investigations théoriques et empiriques sur la question de l’imbrication des connaissances [2.1.]. En second lieu, nous étudions deux cas (Thalix et Joram) afin d’offrir une vision pratique de ce phénomène [2.2.] En analysant ce matériau à travers le prisme de la théorie CK employée comme cadre analytique, nous modélisons le couplage entre le code source (SC) et les connaissances (K) issues de l’activité de développement. Grâce à cette modélisation, nous soutenons l’idée que des connaissances non génériques sont développées pendant le processus de conception permettant à des firmes de créer un modèle économique reposant sur une expertise. En somme, nous démontrons que la mise à disposition du code source d’un logiciel ne signifie pas forcément libre concurrence pour les services associés à cette technologie surtout lorsque le logiciel repose sur un socle technologique28 complexe [2.3].

Dans le troisième chapitre, nous nous sommes intéressés à la dynamique des régimes de l’open source [Chapitre 3]. Dans un premier temps, nous explicitons ce concept [1.]. Puis dans un second temps, nous analysons la dynamique de deux cas d’un point de vue longitudinal. Premièrement, le cas OpenOffice.org illustre la manière dont le logiciel libre est employé par un ensemble d’entreprises afin de relancer certains marchés caractérisés par une domination monopolistique. [2.]. Deuxièmement, le cas Mozilla présente un cas singulier d’utilisation du marché pour financer des objectifs non-marchands. En outre, le cas Mozilla suggère également que la valorisation des logiciels orientés utilisateurs-finaux est difficile avec un modèle libre [3.].

Grâce au travail réalisé dans cette partie, nous suggérons des réponses aux deux questions de recherche portant sur la valorisation des logiciels libres : Comment les logiciels libres

sont-ils valorisés ? (QR3) et QR 4 : Quel est l'impact de l'open source sur l'industrie du logiciel ?

27 En informatique, la structure d’un système comprend trois parties : les couches basses (le matériel), les couches intermédiaires (le « middleware » ou intergiciel) et les couches hautes (les applications utilisateur-final ou métier).

28 Un socle technologique est un ensemble de technologies pouvant être un standard industriel, une norme certifiée, un langage de programmation, etc. sur lequel un logiciel s’appuie dans une large mesure. Par conséquent, la maîtrise du logiciel nécessite également la connaissance de ce socle.

(32)

Partie I. Chapitre 1. Les régimes de l’open source : une synthèse des enjeux de la diffusion du logiciel libre.

(QR4) par les deux thèses suivantes : Les logiciels libres sont valorisés par des modèles : (1)

ouverts, (2) hybrides et (3) fermés (basés sur des stratégies de verrouillage). Toutefois, les logiciels orientés utilisateur final sont difficilement valorisables avec un modèle ouvert. Seules trois possibilités sont empiriquement identifiées : le financement publicitaire, le modèle de la souscription ou la cession de licence (modèle hybride ou fermé) (TH 3) et Les logiciels libres sont utilisés comme des composants génériques sur la base desquels la valeur est créée dans l’industrie permettant l’indépendance technologique. Néanmoins leur pleine exploitation économique nécessite deux catégories de connaissances : l’une est générique (intégration), l’autre repose sur une expertise (édition) (TH 4).

Partie V : L’innovation dans les régimes de l’open source : compenser les défaillances de l’offre marchande.

Dans cette partie nous étudions l’innovation produit et applicative dans les régimes libres et dans une moindre mesure dans les régimes fermés.

Dans le premier chapitre, nous suggérons un état de l’art sur la « user innovation » et sur l’évaluation de l’innovation dans l’open source [Chapitre 1]. Premièrement, nous retraçons la construction de la littérature sur les communautés open source comme un prolongement des travaux sur la « user innovation » [1.]. Tout d’abord, nous décrivons les travaux identifiant l’utilisateur comme une source d’innovations [1.1.]. Puis, nous exposons les résultats d’une récente recherche étudiant le rôle des utilisateurs dans la construction d’une offre radicalement innovante (Scheid 2007, 2009) [1.2.]. Et enfin, nous exposons les conditions de l’émergence d’une communauté d’utilisateurs indépendante [1.3.].

Deuxièmement, nous caractérisons les limites de la littérature existante sur l’évaluation des logiciels libres [2.]. Dans un premier temps, nous montrons qu‘il existe une confusion entre processus innovant et innovation produit [2.1.]. Dans un second temps, nous analysons les recherches proposant une évaluation de l’innovation des logiciels libres [2.2.]. Dans un troisième temps, nous expliquons qu’il existe un manque de critères pertinents pour évaluer l’innovation dans l’industrie du logiciel [2.3.]. Pour finir, nous exposons la vision du logiciel libre de quelques praticiens [2.4.]

Dans le second chapitre, nous évaluons l’innovation produit des logiciels libres [Chapitre 2]. Primo, nous détaillons notre démarche de couplage de méthodologies [1.] dans laquelle nous exposons le problème de mesure de l’innovation rencontré [1.2.] et les différentes

Figure

Tableau 1 : L'évolution de l'open source.
Tableau 3 : Synthèse des méthodologies.
Figure 1 : Comparatif entre l’étude de cas classique et historienne.
Tableau 4 : Durée moyenne des interviews dans quelques études sur l’open source.
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Références

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