A. GIORDAN, J.-L. MARTINAND et D. RAICHVARG, Actes JIES XXVI, 2004 1
ÉDUCATION À LA SANTÉ EN COLLÈGE ET LYCÉE.
PRATIQUES ET REPRÉSENTATIONS DES ENSEIGNANTS D’EPS
EN RÉGION AUVERGNE
François BERTIN*, Jacques FIARD**, Didier JOURDAN*, Marie-Noëlle ROTAT*
(*) I.U.F.M d’Auvergne, (**) Université B. Pascal. Clermont-Ferrand
MOTS-CLÉS : EPS – ÉDUCATION À LA SANTÉ – REPRÉSENTATION – FORMATION
RÉSUMÉ : L’étude analyse les pratiques en matière d’éducation à la santé (ES) représentations des enseignants d’EPS (Éducation Physique et Sportive) : modalités de leur mise en œuvre, représentations des enseignants EPS à propos de l’ES, obstacles et réticences dans la mise en œuvre de ces actions d’ES, recensement des bénéfices et insuffisances de la formation initiale. 57,1 % déclarent faire des actions en ES, la formation (initiale et/ou continuée) étant déterminante.
ABSTRACT : The aims of the survey were to analyse the practices, to identify the representations of physical education’s teachers about their role in health education (HE), to analyse the reluctance of the teachers about HE, to evaluate the impact of initial teacher training. The results show that 57,1 % of them had implemented HE in their courses. The parameter which influences practices and representations is the experience of initial or in-service training.
2 1. INTRODUCTION
Cette recherche s’inscrit dans une volonté d’approcher et d’analyser les connaissances implicites des enseignants en ce qui concerne les pratiques pédagogiques dans le domaine de l’éducation et de la promotion de la santé qu’ils proposent à leurs élèves. Nous avons lancé, en janvier 2003, un questionnaire auprès d’une population de 698 enseignants d’éducation physique et sportive (EPS). Ce questionnaire permettait :
- d’évaluer les pratiques en éducation à la santé (ES) déclarées ainsi que les modalités de leur mise en œuvre ;
- de mettre en évidence les connaissances en quelque sorte « disciplinaires », voire identitaires des enseignants EPS à propos de l’ES ;
- de situer obstacles et réticences dans la mise en œuvre des actions en matière d’ES ;
- de recenser dans les dires, les bénéfices et insuffisances de la formation initiale, ainsi que les demandes en formation continue et partenariats (cet axe est à ce jour en cours de réalisation).
2. RÉSULTATS
Un total de 156 questionnaires a été analysé (29 % de retour). Globalement, plus d’un enseignant sur 2 (57,1 %) déclare faire, cette année, des actions d’ES. On observe une corrélation forte entre le fait d’avoir proposé l’année précédente et de proposer cette année une ES (53,8 % disent proposer une ES, et en avoir proposé l’an passé, p < 10-3).
La pratique de l’ES n’est corrélée ni à la variable du sexe, ni à la catégorie d’établissement, ni à l’influence d’un projet disciplinaire, ni à la spécialisation sportive ni, paradoxalement, à la présence d’un CESC (comité d’éducation à la santé et à la citoyenneté). On pourrait néanmoins pencher pour une pratique plus intense en ZEP (62 % contre 56 %), mais la différence n’est pas significative (p = 0.83 NS).
C’est la formation à l’ES (en formation initiale et/ou continuée) qui est déterminante (p < 0,05). Tout se passe comme si le fait d’avoir eu une formation (c’est le cas de 45 % d’entre eux) inclinait à la fois à la mise en œuvre d’une ES (et aussi, corrélativement, une relative insatisfaction des résultats) en même temps qu’une demande forte de formation (60 % de ceux-là, la demandent, contre 44 % de « non-pratiquants » à l’ES), même si la demande en formation est d’une manière générale massive (121 des 156 répondeurs).
Sur des propositions ciblées et sur une échelle usuelle d’avis (tout à fait d’accord, plutôt d’accord, plutôt pas d’accord, pas du tout d’accord), les enseignants d’EPS de la région Auvergne affirment
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majoritairement (96,1 %) que c’est un des rôles de l’enseignant que de contribuer à l’épanouissement de l’enfant dans le domaine de la santé et optent encore massivement (98 %) pour une option de l’ES visant l’apprentissage de comportements favorables à la santé. Éduquer à la santé, « c’est donner les moyens de vouloir, pouvoir, et savoir faire de choix responsables » (98,1 %).
Alors qu’ils refusent l’idée d’une ES qui serait « seulement l’affaire des médecins » (accord + tout à fait d’accord = 79,5 %), interrogés sur une demande de partenaires éventuels, ils désignent majoritairement des intervenants du secteur médical et paramédical (32 des 76 réponses exprimées). Appelés à présenter les pratiques qui servent de support de la promotion de la santé, ils proposent majoritairement des pratiques d’exercices fonciers. Le choix des thèmes, supports de l’ES est assez révélateur et dévoile, finalement, une conception de l’ES à la fois liée à la course, la fonction cardiaque, l’effort, l’endurance et la préparation à cet effort. On peut penser qu’il s’agit là d’une conception spécifiquement professionnelle, liée à la fois à l’histoire des sujets, leur formation (on notera une moyenne d’âge relativement élevée des répondeurs et l’on sait que celle-ci fut par le passé très « physique »). Etre en bonne santé (et s’y préparer), c’est être un sujet en action, en quelque sorte « énergétiquement » en action.
3. CONCLUSION
Ces données confirment les travaux déjà publiés. Elles montrent que la dimension physiologique reste dominante dans les représentations et les pratiques des enseignants d’EPS dans notre pays. De plus, contrairement à ce qui était attendu, on n’observe pas d’effet de l’âge : les conceptions des jeunes enseignants ne diffèrent pas de celles de leurs aînés quand bien même les formations initiales (STAPS et IUFM) aient-elles grandement évolué.