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Le rôle de l'Etat dans l'industrialisation : biais technologique, apprentissage institutionnel et politiques sélectives

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Academic year: 2021

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Le rôle de l’Etat dans l’industrialisation : biais

technologique, apprentissage institutionnel et politiques

sélectives

Aouatif El Fakir

To cite this version:

Aouatif El Fakir. Le rôle de l’Etat dans l’industrialisation : biais technologique, apprentissage insti-tutionnel et politiques sélectives. 2010. �hal-01511778�

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Le rôle de l’Etat dans l’industrialisation : biais technologique,

apprentissage institutionnel et politiques sélectives.

Aouatif El Fakir

Laboratoire Techniques, Territoires et Sociétés (LATTS),

Champs-sur-Marne (France)

Résumé :

Le rôle de l’Etat dans le développement industriel fait toujours débat entre les néoclassiques et les hétérodoxes. Les premiers défendent la supériorité indiscutable du marché dans l’orientation de l’investissement vers des industries données et les deuxièmes la constante nécessité de l’intervention de l’Etat dans ce sens. La théorie évolutionniste, qui fait partie des approches hétérodoxes, considère que le développement industriel est « techno-centré » et que le rôle de l’Etat est de mettre en place des politiques spécifiques (pour une ou plusieurs industries considérées comme stratégiques) et un cadre institutionnel qui correspond aux dynamiques techno-industrielles. Dans cet article, nous questionnons cette assertion évolutionniste et montrons que le développement industriel peut se baser sur un cadre institutionnel et des politiques génériques ; mais qu’il faut rendre spécifiques à un moment donné.

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Introduction :

Deux principaux courants dominent le débat autour du rôle de l’Etat dans le développement industriel : Les néoclassiques d’une part et les économistes du développement et les structuralistes de l’autre. L’économie institutionnelle et la théorie évolutionniste proposent également des alternatives à la vision néoclassique. Nous avons choisi, dans cet article, de nous concentrer sur la théorie évolutionniste dans la mesure où elle a mis en évidence le rôle central du changement technique et l’importance du cadre institutionnel dans l’industrialisation. Les évolutionnistes ont notamment mis au point le concept de la co-évolution des technologies, institutions et industries que nous exposerons plus tard.

Du point de vue évolutionniste, le rôle de l’Etat est de mettre en place des politiques et un cadre institutionnel spécifiques qui coïncident avec les dynamiques techno-industrielles. Nous entendons par « spécifiques » un cadre et des politiques qui couvrent des industries que l’Etat a sélectionnées parce qu’il les considère comme stratégiques. Cependant, la théorie évolutionniste est largement basée sur les observations de ce qui se passe dans les pays développés. Elle se focalise sur les nouvelles technologies comme source de croissance et de développement. Ceci pose donc un certain nombre de questions lorsqu’il s’agit des pays en développement. Le retard technologique, industriel et institutionnel de ces derniers les empêche de tirer d’emblée profit des nouvelles technologies. Ils tendent plutôt à utiliser des technologies matures pour déclancher le processus d’industrialisation.

Nous essayons, dans cet article, de savoir si un pays peut maintenir son industrialisation à long terme (sustainable) en exploitant des technologies matures ; si elle s’appuie sur des politiques génériques ou spécifiques et si l’Etat arrive toujours à jouer son rôle « évolutionniste ». Dans ce but, nous avons réalisé une étude longitudinale sur l’industrie marocaine de textile & habillement (T&H dorénavant). Si la technologie de production mature, utilisée dans le T&H, a fourni au Maroc la possibilité de déclencher son industrialisation, elle a néanmoins connu des changements significatifs : Nous étudierons les effets de ces changements sur l’avantage comparatif du Maroc et les ajustements qui s’en sont suivis.

Dans la section 1, nous faisons une revue des différents travaux théoriques et empiriques qui ont porté sur le rôle de l’Etat dans l’industrialisation. Dans la section 2, nous exposons notre cadre analytique, nos hypothèses et la méthodologie de notre étude. Nous présentons et discutons les résultats dans la section 3. En guise de conclusion, nous esquissons les nouvelles questions de recherche auxquelles notre étude a donné lieu.

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1. Le rôle de l’Etat dans l’industrialisation : Un rôle à minima vs. un interventionnisme nécessaire :

L’hypothèse principale des néoclassiques est la suivante : les marchés envoient les bons signaux aux entrepreneurs et fournissent les ressources nécessaires (capital, technologie, travail) pour entrer dans des nouvelles industries. Par conséquent, le rôle de l’Etat se limite à fournir les biens publics (travailleurs qualifiés ou infrastructures) et à établir des règles de jeu précises. Les néoclassiques sont fondamentalement contre des politiques industrielles spécifiques et considèrent que l’intégration des pays en développement dans la chaîne mondiale de production à travers un marché libre suffit pour tirer profit de leurs avantages comparatifs (Lall 2005). La protection des industries naissantes est non seulement superflue mais source de comportements rentiers, d’altération de la concurrence et de performances économiques médiocres.

À l’opposé, les économistes de développement et les structuralistes se font les avocats d’une intervention active de l’Etat dans l’industrialisation. Les premiers économistes du développement, notamment Rosentein-Rodan, Fleming, Nurkse, Hirschman et Lewis, ont mis en évidence l’incapacité des marchés à fournir les capitaux, la technologie et l’entreprenariat nécessaires pour la mise en place des nouvelles industries. A titre d’exemple, les imperfections du marché peuvent enrayer l’épargne ou l’allocation efficace des capitaux. Les risques relatifs à la technologie ainsi que les externalités pécuniaires conduisent au sous-investissement. La faiblesse ou l’aversion au risque du secteur privé freinent l’entreprenariat. Toutes ces défaillances justifient pleinement l’intervention de l’Etat.

Les structuralistes (Chenery et Bruno, Prebisch, Furtado, Singer et Myrdal) estiment que les défaillances du marché et les rigidités–du ratio de l’import ou de l’offre- dans les pays en développement combinées aux distorsions du commerce international ne génèrent pas de croissance. L’industrialisation de ces pays nécessite l’intervention de l’Etat et surtout la substitution des importations et le protectionnisme (pour une bonne revue des théories de développement voir Dutt et Ros 2003, Dutt 2002, Ros 2000).

Après la crise de la dette des années 1980 et le fiasco des politiques de substitution d’importations dans certains pays en développement, le courant néoclassique et le scepticisme vis-à-vis de l’Etat ont dominé à travers ce qu’on appelle le « consensus de Washington »1. Cependant, les néo-structuralistes estiment que le rôle de l’Etat est toujours vital car, pour citer Taylor (1992), le développement se déroule selon des processus cumulatifs de changements distributionnels, institutionnels et technologiques. Le résultat de ces processus est fortement influencés par les interventions publiques et l’arrière-plan politique.

Paradoxalement, les dragons asiatiques ainsi que la Chine ou l’Inde ont tous suivi des politiques interventionnistes alors que les performances des pays qui ont suivi le consensus de Washington sont plus médiocres. De 1980 à 2000, la part des pays de l’Est asiatique dans la valeur ajoutée manufacturière mondiale est passée de 29 à 58%. A l’opposée, la part des pays d’Amérique Latine et des Caraïbes, qui ont typiquement suivi le credo du consensus, est passée de 48 à 22%. De même, la part de ces pays dans les exportations manufacturières mondiales a baissé de 3,2 à 2,4% alors que les dragons asiatiques ont vu leur part passer de 7 à 18% (Lall 2005).

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Les néoclassiques expliquent le succès asiatique par des circonstances particulières à ces pays que les gouvernements des autres pays en développement ne peuvent pas reproduire à volonté. Cependant, ils reconnaissent que des réformes institutionnelles sont nécessaires pour permettre aux marchés de fonctionner efficacement. En somme, il existe une certaine convergence entre les différents courants autour des synergies entre le marché et l’Etat ; même si les uns veulent un Etat à minima alors que les autres prescrivent le contraire.

Le développement économique a donc fait l’objet de nombreux travaux avec des arrière-plans théoriques différents. Cependant, les recherches sur le changement technique ont apporté un nouvel éclairage sur la question. C’est pour cela que nous avons choisi ici de nous y intéresser du point du vue évolutionniste. Dans cette perspective, la croissance et le développement émanent principalement de l’innovation et du changement technique. Les évolutionnistes ont ainsi démontré que l’intervention de l’Etat permet de combler les défaillances du marché concernant l’innovation (c’est-à-dire, le changement technique dans un système donné). Premièrement, l’innovation est une activité risquée dont la réussite commerciale ne peut pas être toujours prévue. L’innovation est risquée aussi parce que les connaissances nécessaires n’existent pas toutes en interne et qui faut aller les chercher à l’extérieur de l’entreprise. Par conséquent, les entreprises peuvent se montrer réticentes à se lancer dans l’innovation. Deuxièmement, cette dernière peut-être tellement coûteuse que les entreprises se trouvent incapables de la financer. La recherche de gains à court terme et l’incertitude quant aux fruits de l’innovation font que les sources de financement externes sont limitées. Troisièmement, les innovateurs sont motivés par des rentes de monopole que leur confèrent leurs innovations et tentent de dissuader les imitateurs le plus longtemps possible, à l’aide de droits sur la propriété intellectuelle, secret, etc.

Le rôle de l’Etat est donc d’entreprendre une ingénierie institutionnelle favorable à l’innovation (Nelson et Samapt 2001, Edquist 1997, McKelvey 1997). D’après Cimoli et al. (2006), l’ingénierie institutionnelle affecte les capacités technologiques aussi bien des individus que des entreprises ainsi que la vitesse à laquelle ils acquièrent les connaissances nécessaires, les signaux économiques qu’ils perçoivent et la façon avec laquelle ils interagissent avec des institutions non marchandes. Autrement dit, les lois de propriété intellectuelle, les fonds publics de soutien à l’innovation, les dépenses nationales d’éducation entre autres déterminent la capacité systémique à poursuivre le progrès technique.

Dans les pays en développement, l’innovation et le changement passent d’abord par l’utilisation de technologies déjà existantes pour lancer des nouvelles activités économiques. Cela paraît simple, les technologies existantes ont fait leurs preuves, sont plus accessibles et leur prix est abordable. Pourtant, l’utilisation de la technologie pour déclencher l’industrialisation est plus complexe.

D’une part, pour que des entrepreneurs se saisissent d’une technologie pour initier une nouvelle activité économique, il faut qu’ils aient une garantie du retour sur investissement. Rodrik (2001) explique que les entrepreneurs locaux investiront dans des activités nouvelles et donc risquées s’ils ont sûrs que la rente à partir de cette activité ne sera pas dissipée par les concurrents étrangers. Dans le même sens, Shapiro (2007) estime que dans les pays en développement, les entreprises locales peuvent être poussées hors certaines industries si l’écart de productivité est trop grand entre elles et les concurrents étrangers. Ainsi, l’argument que List a avancé en 1841 sur la nécessité de protéger les industries naissantes est encore d’actualité.

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D’autre part, l’utilisation proprement dite d’une technologie nécessite une combinaison particulière d’investissements fixes (dans les machines), de connaissances, d’expérience et d’externalités selon la phase du cycle de vie technologique. Perez et Soete (1988) ont été les premiers à mettre en évidence que l’utilisation d’une technologie de production mature nécessite des investissements fixes élevés. En revanche, on a moins besoin de connaissances scientifiques poussées et des techniques pointues ou une très grande expérience pour exploiter la technologie de production. Les formations, les manuels d’utiliser et les normes ou standards permettent de combler les lacunes en connaissance. Une localisation avantageuse (proximité du marché final, réseaux de transport) compte beaucoup dans ce cas. À l’opposée, un niveau élevé de connaissances scientifiques et techniques est indispensable pour l’assimilation et l’utilisation d’une technologie émergeante avec un minimum d’investissements fixes mais une localisation avantageuse.

Deux facettes de l’industrialisation (l’utilisation de la technologie et l’entreprenariat) demandent donc l’intervention de l’Etat parce que le marché ne peut pas les assurer. D’abord, un marché libre apporte de la concurrence trop tôt et érode la motivation d’investir lourdement dans une nouvelle activité. L’Etat apporte la protection nécessaire pour préserver cette motivation. Puis, c’est aussi le rôle de l’Etat d’investir pour créer des localisations avantageuses et de former des travailleurs capables d’assimiler des technologies de production. La nouvelle économie géographique, portée notamment par le prix Nobel Paul Krugman, a mis en évidence l’importance de la localisation.

Le nombre de participants dans le processus d’industrialisation semble être un facteur capital pour pouvoir créer de la richesse d’une manière significative, le nombre d’entreprises doit dépasser un seuil critique. Les premiers économistes du développement avaient étudié la question et tenté d’esquisser des thèses pour en appréhender les différents aspects. Rosentien-Rodan (1943) considère que la taille de l’industrie doit être suffisamment grande pour absorber le surplus des facteurs de production (le travail typiquement dans les pays en développement) et pour devenir une source considérable de richesse. Fleming (1955) avait également mis en lumière les interactions entre l’offre des facteurs nécessaires (capital, technologie, travail) et les économies d’échelle.

Dans une approche évolutionniste de l’industrie allemande des colorants, Murmann (2003) explique que la première partie de la séquence du développement industriel est l’entrée d’un grand nombre d’entreprises dans l’industrie. Il en découle que la gestion des facteurs de production et la recherche des économies d’échelle nécessite un agent coordinateur qui ne peut être que l’Etat.

Par ailleurs, Lall (2005) explique que la conception de politiques industrielles sélectives se justifie par 3 éléments : les facteurs de production nécessaires pour une industrie donnée sont particuliers, les marchés peuvent proposer des facteurs qui correspondent pas aux besoins de l’industrie, les marchés peuvent ne pas orienter les facteurs de production vers l’industrie en question. Sachant que les facteurs de production ne sont pas infinis dans une région ou un pays donné (même avec un apport d’autres régions et pays), l’Etat doit donc assurer aussi une fonction de sélection. Résumons toutes les actions envisagées que l’État prend en charge : - Sélection et protection des industries stratégiques

- Incitations à l’entreprenariat

- Coordination des acteurs et marchés

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2. Cadre analytique et méthodologie :

En somme, les fonctions de sélection, protection, incitations, investissements et coordination incombent à l’Etat. Les différentes études empiriques des dragons asiatiques montrent que le succès de leur industrialisation est dû à une succession d’interventions publiques qui ont accéléré le passage d’un modèle de production à un autre et en termes de spécialisation commerciale.

Aussi, nous soutenons que l’industrialisation dépend d’un cadre institutionnel qui prend en compte les caractéristiques de la technologie de production envisagé. Cependant, un cadre institutionnel adéquat à l’entrée dans une industrie ne garantit pas le soutien à long terme de l’industrialisation (sustainable). D’où la nécessité de mettre en place les cadres institutionnels adéquats tout au long de l’industrialisation. C’est ce que Nelson (2008) appelle « la coévolution des technologies, des structures des entreprises et des industries et des institutions administratives et de soutien ». En d’autres termes, l’industrialisation est un processus dynamique et techno-centré. Cependant, se basant sur ce qui se passe dans les pays développés, la théorie évolutionniste restreint le cadre de son analyse au rôle du gouvernement pour favoriser l’émergence et la diffusion de nouvelles technologies.

Or, ce sont les technologies matures qui intéressent les pays en développement, car elles sont d’un abord plus aisé et demandent un apprentissage plus court. D’où le sujet de notre recherche sur les possibilités d’une industrialisation soutenable à long terme fondée sur des technologies matures.

Nous voulons savoir si le choix technologique est un biais qui préfigure le succès future de l’industrialisation et comment l’évolution des politiques publiques peut assurer ce succès. Nous nous situons dans le cadre évolutionniste en se basant sur deux notions. La première est que l’industrialisation constitue une séquence variation-sélection-rétention. Cette séquence commence par l’entrée d’un nombre important d’entreprises dans une nouvelle industrie, suivie par une concurrence entre elles qui éliminent les moins compétitives pour finir par la rétention des celles capables de survivre à cette compétition. La co-évolution, concept exposé plus haut, consiste à l’évolution simultanée du cycle de vie technologique, des cadres institutionnels et de la structure industrielle et corporative des différentes entreprises engagées Nous allons donc réaliser une étude longitudinale de l’industrie de textile et habillement au Maroc afin d’observer la séquence de variation-sélection-rétention et la co-évolution qui les aurait accompagné, si elle a eu lieu. D’une part, cette industrie présente des barrières peu élevées pour les pays en développement. D’autre part, elle a connu trois cycles de croissance successifs qui ont changé d’une manière considérable la base de la compétition, déplaçant l’avantage comparatif des vieux pays industrialisés vers leurs voisins moins développés puis finalement vers les lointaines contrées asiatiques.

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Sub-contracting cycle

Direct distribution and Fast fashion

Technical textiles

The 1970s The 1990s The 2000s Production

Schéma 1 : Cycle de croissance dans l’industrie T&H

New

value

chain

Existing

Value chain

Architecture

innovation:

Sub-contracting

Fast-fashion

Incremantal

innovation

Existing

technology

Radical

innovation

Platform

innovation

New

technology

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2.1 Cycles de croissance dans l’industrie T&H:

Alors que les machines sont généralement standardisées dans l’industrie T&H, de nouveaux modes de production et de distribution ont chamboulé les positions des différents acteurs mondiaux depuis 4 décennies. Les années 1970 ont vu émerger le cycle de la sous-traitance grâce aux codes barres qui permettent de faire remonter l’information du terrain sur les goûts des consommateurs plus rapidement vers les centres de productions et leur prise en compte dans les ajustements de l’offre possible. Les grands détaillants comme Wall Mart (un pionnier dans ce cycle) définissent une nouvelle chaîne de valeur en commandant en grande quantité des produits standards ou bas de gamme non à leurs fournisseurs traditionnels (locaux) mais à plusieurs fournisseurs moins coûteux de par le monde entier. En revanche, des petites commandes s’adressent fréquemment à des fournisseurs plus proches du marché final qui offrent le meilleur prix et livrent juste à temps. Dans cette nouvelle organisation de la chaîne d’approvisionnement, les détaillants occupent une position centrale. Cette nouvelle organisation ouvre des créneaux pour les pays en développement dont la main d’œuvre est bon marché n’ont pas tardé à saisir. La cadence de production dépend donc des commandes que les détaillants passent via des centrales d’achat auprès des confectionneurs. En outre, ils en définissent les termes en fournissant aussi les tissus, les accessoires et les patrons ainsi que le seuil de malfaçon toléré pour réceptionner au bout de quelques semaines les produits finis. L’accord multifibre (AMF) signé en 1974 était le principal outil pour réguler la concurrence entre les pays en développement à travers les quotas (Nordas 2004).

Dans les années 1990, l’industrie T&H a dû faire face à une croissance faible de la demande mondiale, car les consommateurs consacraient un pourcentage de moins en moins important à l’habillement. Pour pallier à cette faible croissance, les industriels et les détaillants ont cultivé le goût de la variété en offrant une large gamme de couleurs, de tailles et de styles. L’étape suivante, celle de la « fast fashion », s’est basée sur des séries de production limitées et des collections renouvelées régulièrement afin d’inciter les consommateurs à acheter tout le long de l’année. La vente en détail a également connu un changement majeur avec l’arrivée de la distribution directe, c’est-à-dire un réseau de magasins dédiées à une seule marque. Les détaillants (Zara et Mongo en étaient des pionniers) ont mis en place une nouvelle organisation employant un nombre limité d’intermédiaires et délocalisant progressivement les fonctions de la chaîne de valeur (Fianti et al. 2006). Les chaînes de distribution mono-marque constituent une innovation dans l’architecture de la production et de la distribution, car elles court-circuitent les centrales d’achats en deçà d’un certain volume et traitent directement avec les fabricants. Ceux-ci ont été alors conduits à développer des relations directes avec leurs fournisseurs de textiles et d’accessoires ainsi qu’à internaliser les fonctions comme le design ou le marketing. L’avantage comparatif d’un confectionneur devient dès lors, en plus de la maîtrise des coûts de production, la flexibilité de la production et les délais de livraison ; ce qui a représenté une nouvelle opportunité pour les pays en développement à proximité des grands marchés européens et américains comme le Mexique, les caraïbes, les pays de la rive sud de la Méditerranée et les pays de l’Europe de l’Est. Les confectionneurs dans ces pays ont créé les fonctions de design, de marketing, d’achat et de logistique en interne et se sont mis en relations avec des fournisseurs nationaux et internationaux de tissus et accessoires.

Le prochain cycle de croissance semble se baser sur les textiles techniques pour développer des produits dont les fonctionnalités et les propriétés totalement inédites (innovation de plateforme ou innovation radicale). Les nanotechnologies permettraient d’améliorer la fonction des vêtements (fonction antibactérienne, imperméabilité), d’accroître leurs

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développer des vêtements intelligents avec des appareils de divertissement et de communication, des ordinateurs portables sur soi ou des vêtements dynamiques pour expression artistique (Meoli et May-Plumlee 2002, Berzowska 2005, Kaounides et al. 2007). En somme, les codes barres, la délocalisation de certaines fonctions de la chaîne de valeur et la réorganisation de la distribution ont créé des opportunités pour les pays en développement dont le travail était bon marché (pour diversifier la production et les exportations, et créer des emplois).

2.2 Hypothèses et méthodologie :

Pour rappel, notre question de recherche est la suivante : est-ce que l’industrialisation à long terme est possible lorsque la technologie est mature et est ce qu’elle peut s’appuyer uniquement sur des politiques génériques? Pour répondre à cette question dans le cas de l’industrie marocaine de T&H nous faisons les hypothèses suivantes :

- L’industrie marocaine de T&H a émergé parce que le Maroc avait l’avantage comparatif correspondant au stade de la sous-traitance de masse dans les années 1970. - Les incitations génériques (adressées à toutes les industries) à l’investissement et à

l’exportation combinées aux signaux du marché ont suffit pour attirer les entreprises dans l’industrie T&H marocaine,

- L’accès facile de pays encore plus compétitifs en termes de coût à l’industrie T&H et l’avènement du cycle de la fast fashion ont poussé les entreprises et l’Etat marocains à procéder à des ajustements pour rester compétitifs.

- Pour rester compétitives dans le nouveau cycle, les entreprises marocaines ont intégré les fonctions de design, de marketing, d’achat et de logistique en interne et se sont mises en relations avec les fournisseurs nationaux et internationaux de tissus et accessoires.

- L’Etat marocain a mis en place des politiques publiques pour accompagner spécifiquement l’industrie T&H.

Pour valider nos hypothèses, nous réalisons une étude de l’industrie marocaine de T&H de 1980 à 2007. Cette étude consiste à :

- Mesurer les performances de l’industrie T&H en termes d’investissement, d’emploi et d’exportations,

- Identifier l’avantage comparatif au début et à la fin de la période, - Analyser les politiques publiques et leur évolution durant ladite période,

- Examiner l’organisation ou la réorganisation de l’industrie durant ladite période. Cette industrie, stratégique pour la majorité des pays en développement et non seulement pour le Maroc, a été largement étudiée. Nous nous baserons donc sur les études, enquêtes et rapports produits ainsi que sur les bases de données statistiques au niveau national et international.

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3. L’industrie du textile au Maroc:

Le Maroc a et continue d’avoir un large secteur informel essentiellement pour l’habit traditionnel tout en développant un secteur industriel intégré au marché mondial à partir des années 19702. Ce dernier a connu son essor au cours du cycle de la sous-traitance et une deuxième renaissance durant le cycle de la « fast fashion ». Les exportations T&H (notamment l’habillement) ont été multipliées par 100 entre 1962 et 1990 faisant de cette industrie la première (24%) au niveau national au même titre que pour l’emploi (41%) en 20073. En termes de valeur ajoutée, le secteur formel a progressivement dominé le secteur informel comme le rapport entre eux est passé de 66/34% en 1980 à 37/63% en 1998 (Belghazi 2005b). dans ce qui suit, nous allons mettre en lumière comment cette industrie a évolué en fonction de l’ingénierie institutionnelle et la réorganisation de l’industrie au fur et à mesure que la base de compétition changeait. La présence de différents types d’entreprises ont permis à l’industrie T&H d’émerger mais aussi de se réorganiser et en voici une taxonomie :

Microenterprises: focus on handicraft, subcontracting and production for domestic market. Local producers: produce for the domestic market and use local subcontractors or a network

of microenterprises managed by merchants- collectors.

Local subcontractors: produce for exporters or for local producers or even foreign prime

manufacturers.

Subcontractors-exporters: formal small and medium enterprises (SMEs) producing for

foreign prime manufacturers.

Producers-exporters: large formal companies producing for stable foreign prime

manufacturers and domestic up-market.

Encadré 1: Taxonomie des entreprises marocaines de textile et habillement (l’auteur et Belghazi 2005a).

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Les entreprises formelles sont minoritaires dans l’industrie T&H au Maroc. Le recensement économique de 2002 fait état de 44.217 unités dans cette industrie alors que le ministère de l’industrie ne compte que 1800 entreprises déclarées. Le secteur informel compte les ateliers de couture traditionnelle ainsi que les ateliers clandestins créés par les contremaîtres qui quittent les entreprises formelles. Ces derniers peuvent fabriquer tous types de vêtements. Ce sont des entreprises familiales qui ont évolué vers des modèles capitalistes même si ce n’est pas irréversible. L’organisation de la production y est similaire à celle des entreprises formelles mais pour des tailles beaucoup plus réduites. D’après Bleghazi (2005b), ces entreprises

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3.1 Cycles de croissance du T&H et les performances de l’industrie marocaine :

L’industrie marocaine de T&H a connu son essor au cours du cycle de la sous-traitance de masse à la fin des années 1970. Cependant, elle fait face à une première crise au début des années 1990 avec la guerre du golf comme déclencheur mais surtout à cause d’une hausse sensible des salaires. Cette industrie connut une deuxième renaissance durant le cycle de la « fast fashion » et un relèvement des performances à la fin des années 1990.

Investment (in tousands US$) Exports (in tousands US$) Employees

1980 40 000 121 788 62 711 1984 43 000 115 409 57 586 1987 80 000 164 696 68 082 1990 160 000 202 645 101 110 1991 205 000 186 103 113 043 1992 180 000 177 912 127 687 1993 140 000 165 212 132 219 1994 133 000 155 345 141 683 1995 173 000 177 199 145 078 1996 200 000 158 362 156 909 1997 200 000 134 924 171 313 1998 210 000 128 497 189 946 1999 252 000 131 008 211 500 2001 NA 143 058 200 000 2002 NA 138 219 292 747 2006 120 000 241 895 195 910 2007 153 000 325 969 187 761

Source: HCP and UNO Comtrade database. SITC Rev 1.

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3.1.1 La sous-traitance de masse et les années textile :

Le début des années 1980 ont connu l’entrée des entreprises marocaines sur le marché mondial grâce au cycle de la sous-traitance. Elles ont principalement bénéficié des incitations publiques que nous détaillerons dans la section 3.2 ; de l’accès préférentiel au marché européen et la protection douanière. A cette époque, les pays asiatiques avaient un accès limité au marché européen dans le cadre du AMF. Les années 1980 étaient les années textile par excellence car il était facile de trouver des commandes et gagner de l’argent.

Les salaires bas et la proximité de l’Europe étaient des avantages comparatifs stratégiques à cette époque pour que les entreprises marocaines se positionnent sur le marché de l’habillement comme sous-traitantes. Elles recevaient des donneurs d’ordre (les centrales d’achat des détaillants) le tissu, les patrons et les accessoires et réexpédiaient les vêtements assemblés. Les donneurs d’ordre étaient soit des entreprises qui délocalisaient soit des centrales d’achat ou des détaillants avec noms de marque et circuits de distribution. Ainsi, le nombre des entreprises est passé de 670 à 1900 entre 1984 et 1992 dans l’industrie marocaine du T&H.

3.1.2 La fast fashion et la restructuration de l’industrie T&H :

Les années 1990 peuvent être baptisées les années de restructuration pour l’industrie marocaine de T&H qui a dû faire face à une sérieuse crise de compétitivité pour plusieurs raisons. Premièrement, le salaire moyen au Maroc a augmenté de 30% entre 1985 et 1990 (de 1230 à 1954 dhs) alors que les pays asiatiques, avec des salaires encore plus bas, faisaient leur entrée. Deuxièmement, la baisse du prix final, sur le marché européen, s’est répercutée sur le prix à l’export d’autant plus que le taux de change de la monnaie marocaine avait augmenté (Belghazi 2005a). De plus, la faiblesse de l’offre textile, la bureaucratie, le coût levé de la facture énergétique et du crédit (notamment avec la suppression des lignes de crédit à l’export) n’ont fait que dégrader la situation (HCP 2000, ministère marocain de l’économie et des finances 2000 et Okessou 2001).

Par conséquent, les exportations marocaines ont baissé durant cette décennie alors que l’emploi et l’investissement ont évolué en dents-de-scie. Environ 500 entreprises ont péri alors que la rentabilité (la marge nette) a baissé puisque une plus grande part de la valeur ajoutée rémunérait le travail ( Duhautois et al. 2007, Belghazi 2005a).

Malgré une crise sans précèdent, les années 1990 ont apporté des opportunités avec la fast fashion et ont connu une restructuration de l’industrie marocaine du T&H. Ce qui a permis à cette dernière de survivre. Les besoins des clients en délais de livraison plus courts, en flexibilité pour produire des petites séries ainsi que l’externalisation de certaines fonctions de la chaîne de valeur par les distributeurs des mono-marques ont rendu les concurrents asiatiques moins compétitifs par rapport aux pays plus proches du marché européen.

Face à une compétition de plus en plus dure, un premier groupe des entreprises marocaines de T&H a choisi de maintenir l’avantage comparatif des bas coûts. Elles ont recruté des femmes ou des travailleurs inexpérimentés qui acceptaient des salaires plus bas ou ont sous-traité chez des entreprises informelles (Belghazi 2006, 2005b). Selon Laval et al. (2000), 43% des sous-traitants marocains ont choisi cette stratégie alors qu’elle est marquée par une forte instabilité

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Un autre groupe des sous-traitants marocains (17%) se sont positionnés sur une sous-traitance « qualité conforme » en respectant scrupuleusement les cahiers de charge des donneurs d’ordre. Cette stratégie s’est traduite par la réorganisation de la production en filiales plus petites et spécialisées sur un nombre réduit de produit (2 ou 3). Cette spécialisation a permis des gains de productivité, une plus grande flexibilité et une meilleure collaboration entre différentes entreprises (puisqu’elles appartenaient à la même personne). Ce groupe d’entreprises est celui qui a le plus bénéficié de la fast fashion et de la nouvelles chaîne de valeur. Elles ont internalisé les fonctions de logistique, de marketing et parfois de design que les distributeurs mono-marque (principaux acteurs) ont externalisées.

Les deux stratégies de sous-traitance semblent avoir été efficaces car leurs parts de marché ont augmenté significativement entre 1992 et 1999. D’après Belghazi (2005a), leur part a augmenté de 6,7% à 23,8% en bonneterie et de 26,8 à 40,8% en habillement.

Le dernier groupe, constitué notamment par les grandes entreprises ayant des relations stables avec leurs clients, a évolué vers le co-traitance. Ces entreprises ont investi dans des nouveaux équipements et recruté les meilleurs travailleurs et managers de la place pour augmenté leur productivité. Elles ont parfois intégré l’ensemble de la chaîne de valeur allant du design jusqu’à la logistique et développé leur capacité d’innover. Il faut signaler qu’une partie de la production de ce groupe a été redirigé vers le marché local du haut de gamme afin de tirer profit de cette demande solvable, de réduire les charges fixes, constituer des réserves financières et tester les produits avant de les exporter. Selon Belghazi (2005a), leur part du marché domestique est passée de 41 à 43,3% en bonneterie et de 25,7 à 34,3% en habillement alors que leur part des exportations est passée de 92,5 à 75,7% et de 72,6 à 58,7% respectivement. Ce groupe d’entreprises marocaines se positionne sur ce segment en amont des détenteurs de marques connues (Diesel, Lacoste par exemple) et prend en charge l’ensemble de la chaîne de valeur.

En somme, les nouvelles stratégies industrielles (que nous détaillerions dans la section qui suit) ont permis une reprise des exportations marocaines de T&H, une stabilisation de la production, de la valeur ajoutée et de la population des entreprises dans les années 2000. Ces nouvelles stratégies ont été soutenues, comme nous le verrons, par des mesures institutionnelles.

Au niveau de l’industrie, la restructuration s’est illustrée par l’apparition des micro-entreprises (souvent informelles) qui ont pris en charge la sous-traitance. L’industrie a également connu une intégration en amont avec une offre un peu plus étoffé pour le textile et en aval pour intégrer les contraintes logistiques imposées par les clients. L’industrie a également diversifié ses débouchées en réorientant une partie de la production vers le segment haut de gamme du marché local. Mais les marques marocaines ne sont pas très connues pour le moment.

Dans la section suivante, nous examinerons comment les actions de l’Etat génériques et spécifiques ont influencé l’entrée des entreprises dans l’industrie T&H, l’intensité de la concurrence et l’émergence de « champions ».

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3.2 L’Etat et l’ingénierie institutionnelle:

À l’exception du gouvernement de 1960-1964, tous les gouvernements marocains ont invariablement mis en place des mesures pour encourager le secteur privé, l’export et la création d’emploi. Les politiques publiques se sont focalisées sur l’agriculture exportatrice, le tourisme et les industries légères. L’industrie chimique, l’industrie T&H et l’agroalimentaire ont émergé progressivement sur la base des avantages comparatifs du Maroc. Ainsi, l’industrie chimique s’est développée pour valoriser le phosphate, la matière première la plus importante du pays. L’industrie T&H a profité du travail bon marché et de la proximité de l’Europe alors que l’agroalimentaire a transformé les produits agricoles et les produits de la mer.

3.2.1 Politiques génériques et réservation du marché :

Dans les années 1970, l’Etat marocain a mis en place un centre et un code des exportateurs afin de promouvoir l’exportation des produits manufacturiers. Il a également instauré une exonération de la taxe sur les bénéfices pendant 10 ans dans le même but. Le code des investissements a tenté d’attirer les investisseurs étrangers en garantissant le transfert de dividendes et le re-transfert des capitaux aux pays d’origine4. La crise de la dette au début des années 1980 a conduit au plan d’ajustement structurel sous le contrôle de la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International. Dans le cadre de ce plan, il s’agissait de promouvoir les exportations, de libéraliser les marchés, de déréglementer les prix, de dévaluer la monnaie marocaine, de réformer la fiscalité et de réduire le rôle de l’Etat dans la production et la coordination de l’économie.

Au-delà des incitations à l’investissement et à l’export, le Maroc avait signé un arrangement textile avec l’Union Européenne en 1978 qui exonérait les exportations marocaines des droits de douane. Cet accord a coïncidé avec l’expansion de la sous-traitance. Plus tard dans les années 1980, les entreprises européennes ont bénéficié d’exonération de droits de douane lorsqu’elles délocalisaient la production dans les pays du sud et de l’Est de la Méditerranée. Enfin, l’industrie marocaine naissante de T&H a bénéficié d’une protection douanière longtemps même après les réformes de libéralisation. En effet, les barrières tarifaires et non tarifaires ont commencé à baisser effectivement à partir de 1993 (Belghazi 2005a, Chaponnière 2003).

3.2.2 Politiques spécifiques et coopération État industriels :

Durant les années 1990, le gouvernement marocain a mis en place de nouvelles incitations pour soutenir les industries. Des exonérations fiscales ont bénéficié aux investissements supérieurs à 500 millions de dhs et aux investissements dans les régions défavorisées du Maroc. Les importations des véhicules et des machines ont été exonérées des droits de douane alors que les produits manufacturés et les services ont été exonérés des certaines taxes (Ministère marocain de l’économie et des finances 2000). Des lignes de crédit et de garantie ont été établies pour promouvoir la mise à niveau de la compétitivité, la dépollution, l’immobilier et la création d’entreprises. D’autres lignes de crédit européennes ont mis en place pour inciter les entreprises marocaines à acquérir des produits et services de l’Europe. Les lignes de crédit des pays arabes et musulmans promouvaient la création d’entreprises, les exportations et le commerce. Enfin, le cadre institutionnel a été renforcé pour améliorer le

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climat des affaires à travers la création des tribunaux de commerce et des agences d’investissement, la promulgation de lois, les fonds de développement, etc.

Durant cette décennie, le gouvernement et les industriels du T&H représentés par l’AMITH5 ont mis sur pied, pour la première fois, une coopération fructueuse pour pallier les difficultés de l’industrie. Des mesures spécifiques ont également été mises en place dans le domaine de la formation professionnelle dans le T&H car une des difficultés été justement le manque de travailleurs qualifiés. En effet, les entreprises marocaines avaient besoin de travailleurs peu qualifiés dans les années 1980 mais, les changements liés à la fast fashion, l’internalisation de plusieurs fonctions supplémentaires et l’accroissement de la concurrence ont changé la donne.

Le Maroc s’était doté de centres de formation professionnelle dans le T&H, géré par l’office de la formation professionnelle et la promotion du travail (OFPPT). Néanmoins, le système de formation T&H a connu une véritable impulsion durant les années 1990. L’école supérieure de textile et d’habillement (ESITH) a été créée en 1996 pour former des techniciens spécialisés, des ingénieurs et des designers et pour prendre en charge la formation continue. Les industriels ont été, pour la première fois, responsables de la programmation pédagogique et de la gestion financière de l’ESITH. En 2008, cette dernière formait 300 ingénieurs, 330 étudiants en licence professionnelle et 90 étudiants en master.

L’OFPPT et l’AMITH ont également mis sur pied des programmes de formation en alternance et des formations contractuelles au profit des entreprises. Aussi, un accord entre l’AMITH et le gouvernement a été signé pour créer un GIAC (Groupement Interprofessionnel d'Aide au Conseil) qui a reçu 3 millions de dhs d’aides publiques afin de prendre en charge l’ingénierie de la formation continue des entreprises (Benkerroum et El Yacoubi 2006, Medddab 2000).

En 1999, 13 centres de formation professionnelle étaient alloués au textile et à l’habillement, supervisés par l’OFPPT et l’AMITH. Ces derniers décident des priorités en termes de formation, évaluent les résultats des centres et restructurent les centres défaillants. Il existe dans ces centres :

- 4 filières de spécialisation en habillement pour les diplômés du primaire.

- 1 filière de qualification en habillement pour les étudiants n’ayant pas achevé le premier cycle de l’éducation secondaire (collège).

- 1 filière pour techniciens en habillement pour les étudiants n’ayant pas achevé le deuxième cycle de l’éducation secondaire (lycée).

- 1 filière pour techniciens spécialisés en habillement pour les bacheliers. - 1 filière pour techniciens spécialisés en textile pour les bacheliers.

- 2 filières pour techniciens en textile pour les étudiants n’ayant pas achevé le deuxième cycle de l’éducation secondaire (lycée).

- 3 filières pour techniciens de qualification en textile pour les étudiants n’ayant pas achevé le premier cycle de l’éducation secondaire (collège).

Selon, l’enquête économique du Haut Commissariat au plan de 1998, les entreprises T&H déclarent employer 40% de travailleurs qualifiés, 3% de techniciens et 49% de travailleurs non qualifiés.

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Durant les années 2000, l’ingénierie institutionnelle a été plus focalisée dans la mesure ou l’AMITH et le gouvernement ont renforcé leur coopération pour achever le développement en amont de la filière textile et améliorer l’offre de formation. L’accord signé entre les deux parties en 2002 encourage surtout l’augmentation de la productivité et non seulement la réduction des coûts afin d’améliorer la compétitivité de l’industrie. Selon les termes de cet accord, le gouvernement marocain s’est engagé à réduire le coût du capital fixe et la circulation des actifs, la facture énergétique pour les entreprises de textile et les taxes sur la masse salariale de 50% sur les salaires inférieurs à 2500 dhs6. De son côté, l’AMITH s’est engagée à promouvoir la formation et l’alphabétisation fonctionnelle (écrire/lire et initiation au calcul) ainsi qu’à améliorer les conditions de travail dans les entreprises. L’AMITH a entrepris de faire bénéficier 45.000 travailleurs de la formation professionnelle, alphabétiser 50.000 personnes et former 30.000 apprentis à la fin de 2010. l’ensemble des bénéficiaires représente environ la moitié des travailleurs dans l’industrie T&H au Maroc.

En 2005, l’accord multifibre ayant pris fin, le gouvernement a signé un nouvel accord avec l’AMITH sur la mise œuvre du plan Emergence relatif à l’amélioration des performance du T&H. Ce plan se basait sur la réduction des coûts, la diversification des marchés, la montée en gamme et la transformation des entreprises en co-traitants et en fabricants de produits finis. Le design, la logistique et l’offre de travailleurs qualifiés s’avèrent nécessaires pour réussir cette transformation. Le plan Emergence fournit des outils spécifiques : une assistance à la mise à niveau technique, un fonds de garantie pour la restructuration financière des entreprises, le démantèlement des barrières douanières sur les matières premières et les produits intermédiaires, la promotion des plates-formes d’export et le financement et la stimulation de l’investissement à travers le fonds Hassan II pour le développement économique et social. A l’horizon de 2013, l’industrie T&C devrait contribuer au PIB à hauteur de 3 milliards de dhs et créer 32.000 nouveaux emplois.

En somme, l’industrie marocaine de T&H s’est restructurée dans un nouvel environnement façonné par des politiques publiques un peu plus spécifiques et par les opportunités offertes par le cycle de la fast fashion et la coopération entre l’Etat et les industriels. D’une part, les incitations publiques destinées à toutes les industries ont encouragé les investissements nécessaires pour réaliser la transformation en co-traitants ou la réorganisation en petites unités dans le cadre de la sous-traitance « qualité conforme ». D’autre part, la coopération public-privé en matière de formation professionnelle a permis de fournir les travailleurs spécialisés et les contremaîtres efficaces qui ont amélioré la qualité, la flexibilité et la réactivité des entreprises marocaines vis-à-vis de leurs clients. Cet effort a également permis de former des designers et des ingénieurs dont les grandes entreprises avaient besoin pour devenir co-traitantes. Enfin, la mobilisation du secteur informel a maintenu la stratégie de sous-traitance low-cost de certaines entreprises marocaines. Le réseau informel s’avère crucial pour l’industrie marocaine T&H car il absorbe le surplus de travail et les fluctuations de la demande tout en formant les diplômés de la formation professionnelle qui iront ensuite dans des entreprises formelles.

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3.3 Discussion :

Notre étude montre bien que l’industrie marocaine de T&H est née et s’est développée selon une logique évolutionniste. D’abord, il y a eu une entrée d’entreprises dans le segment d’exportation encouragée par les incitations publiques, l’arrangement textile avec l’Europe, l’accord multifibre et les droits de douane protectionnistes. Puis, la concurrence a augmenté au fur et à mesure du démantèlement des quotas et des droits de douane ; ce qui a conduit à l’élimination des entreprises les plus faibles. Ensuite, les plus compétitives ont pu bénéficié par la suite de mesures publiques plus spécifiques.

Ceci dit, l’étude de l’industrie marocaine de T&H a confirmé les conséquences du biais technologique dans l’industrialisation. Les caractéristiques de la technologie T&H correspondait au départ au niveau du développement du Maroc. Les équipements standardisés ont permis aux industriels marocains de bénéficier des connaissances et expériences accumulées dans ce secteur. Malgré le coût élevé des lignes de production, il s’est trouvé des investisseurs suffisamment motivés pour se lancer dans l’industrie naissante. Les travailleurs marocains avaient les compétences de base requises pour fabriquer les articles demandés tandis que la proximité de l’Europe, les infrastructures de transport et les facilités de communication ont fait du Maroc une localisation privilégiée pour la sous-traitance.

Notre seconde hypothèse est que l’Etat peut mettre en place des mesures génériques pour lancer l’industrialisation. Ce n’est pas tout à fait le cas pour l’industrie T&H dans la mesure où l’arrangement textile est une mesure spécifique qui a incité les entreprises à entrer dans cette industrie naissante parce qu’elles avaient un accès garanti et privilégié au marché. En revanche, au début des années 1990, l’Etat n’a pas mis en place des mesures suffisamment spécifiques pour soutenir l’industrie T&H face à la crise. Cette dernière avait besoin de mesures ciblées en termes d’éducation, de marketing, d’intégration en amont et d’assistance technique pour rester compétitive. Comme ce n’était pas le cas, les capacités des entreprises et des travailleurs ont stagné et les performances de l’industrie se sont détériorées. À partir du milieu des années 1990 et jusqu’à 2007, la coopération entre l’AMITH et le gouvernement a amélioré les capacités des entreprises et des travailleurs et donc la compétitivité de l’ensemble de l’industrie. Ainsi, comme nous l’avons supposé, l’ingénierie institutionnelle ne doit pas seulement garantir l’entrée des entreprises dans l’industrie naissante mais également sa maturation et sa pérennisation. En d’autres termes, la coévolution entre technologies, institutions et organisations.

Cette ingénierie nécessite une sorte d’anticipation de la dynamique de l’industrie en question que le gouvernement et les industriels marocains ont parfois ratée. Ils ont eu souvent une attitude réactive plus que proactive vis-à-vis du marché et de la concurrence. Les ajustements en termes de formation sont arrivés bien après le début de la crise des années 1990 alors que les entreprises ont commencé à se réorganiser à la fin de la décennie et que l’intégration en amont a démarré au milieu des années 2000 surtout parce que le ministre de l’industrie était l’ancien président de l’AMITH. Aussi, le nouveau cycle qui émerge actuellement, qui se base sur les textiles techniques pour créer des vêtements innovants, est ignoré par le Maroc qui continue à exploiter la fast fashion.

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Il s’avère enfin que dans l’ère de la mondialisation, l’intervention de l’Etat comprend des outils traditionnels comme le protectionnisme mais aussi des outils supranationaux comme l’accord multifibre ou la politique européenne de délocalisation. Ces derniers ont d’abord maintenu artificiellement la compétitivité les entreprises marocaines en les protégeant de la concurrence asiatique. Le démantèlement de l’AMF et de l’arrangement textile a sonné comme une libéralisation trop vite et top tôt pour le Maroc.

Conclusion :

Notre étude de l’industrie T&H au Maroc donne lieu à des nouvelles questions que nous esquissons ici. D’abord, il n’y a eu que des politiques spécifiques dans le cas de l’industrie marocaine de T&H. Est-ce un cas particulier ou est-ce que le développement industriel nécessite forcément une sélection en termes des industries et des soutiens à leur apporter ?. Ensuite, le manque d’anticipation dans le cas d’une industrie stratégique sur celle du T&H pour le Maroc pose la question des arrangements institutionnels qui peuvent assurer cette anticipation. Plus généralement, quel type d’ingénierie peut anticiper ce qui est requis quand un cycle de croissance décline et un autre émerge ?

Par ailleurs, l’accord multifibre et l’arrangement textile avec l’Europe servaient d’abord les intérêts des pays développés . Les pays en développement n’ont profité que des retombées de ces accords. Il n’est pas clair dans quelle mesure les pays en développement pourrait manipuler des outils supranationaux en leur faveur alors que leur marge de manœuvre en termes de politiques nationales se réduit comme peau de chagrin sous les nouvelles lois du commerce international et de propriété intellectuelle? Enfin, il semble que l’Etat marocain soit mieux armé depuis le début des années 2000 pour mettre en œuvre des politiques spécifiques avec des résultats pour telle ou telle industrie (plan Azur pour le tourisme et le plan émergence pour certaines industries). Est-ce dû à un apprentissage institutionnel de l’Etat ? Est-ce le résultat d’assistance technique plus efficace de la part des donateurs, institutions et autres cabinets de conseil ? Des travaux de recherche devraient s’attaquer à toutes ces questions.

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نــﻋ ثﻴدــﺤﻝا ﻰــﻝإ ﺎــﻤﺘﺤ ﻲــﻀﻔﻴ ﺎــﻤ وــﻫو ،بوــﺘﻜﻤو قوــطﻨﻤ وــﻫ ﺎــﻤ لوﻘﻝﺎــﺒ دــﺼﻘﻨو ،ﻩدﺎــﻘﺘﻋا لــﻴﻠﺤﺘ مــﺜ ﻪــﻝوﻗ لــﻴﻠﺤﺘ نــﻤ ةرـﻜﻓ لوـﺤ

La répartition par sexe montre que : chez la femme, le taux brut d’incidence de cancers est de 162,9 pour 100 000 habitants, avec un taux standardisé de 195,4 pour 100