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L'A39 et le tourisme : effets attendus ...et inattendus

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HAL Id: hal-00948091

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Submitted on 18 Feb 2014

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L’A39 et le tourisme : effets attendus ...et inattendus

Anne Griffond-Boitier, Céline Gardy

To cite this version:

Anne Griffond-Boitier, Céline Gardy. L’A39 et le tourisme : effets attendus ...et inattendus. Images de Franche-Comté, Association pour la cartographie et l’étude de la Franche-Comté, 2005, 32, pp.14-17. �hal-00948091�

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En 1996, la volonté de mesurer l’impact de l’A39 sur la fréquentation touris-tique du Haut- Jura engage une réflexion prospective dont les premières hypo-thèses sont livrées dans un article du n°20 d’Images de Franche-Comté (1999). Le présent article s’inscrit dans la continuité de cette analyse et donne des conclusions, sept ans après l’ouver-ture de l’A39.

Rappelons que l’autoroute ne pénètre pas à l’intérieur du massif et laisse les

automobilistes à une soixantaine de kilomètres des stations touristiques. Cependant, elle représente un gain de temps d’une vingtaine de minutes pour l’automobiliste qui emprunte le réseau autoroutier nord et sud. Nous avions alors imaginé qu’elle pouvait avoir des retombées positives sur la fréquenta-tion touristique. En renforçant le transit au sud du territoire régional, elle pou-vait aussi accroître la notoriété des sec-teurs touristiques par le biais des

pan-neaux disposés le long de l’autoroute ou de l’effet vitrine des aires de repos. Pas d’effet spectaculaire de l’A39 sur la fréquentation

du massif jurassien

Au terme d’une période d’observation de sept ans, la fréquentation touristique ne semble pas avoir subi un profond bouleversement. Toutefois, selon les modes d’hébergement, les lieux

géo-L’A39 et le tourisme : effets attendus… et inattendus

Anne GRIFFOND-BOITIER, Céline GARDY, laboratoire ThéMA, UMR 6049 CNRS, Université de Franche-Comté

50 100 150 200 Nuitées Arrivées 2000-20 01 1999-2000 1998-19 99 1997-19 98 1996-19 97 1995-19 96 1994-19 95 1993-19 94 1992-19 93

Evolution de la fréquentation hôtelière du massif du Jura - période hivernale

en milliers

Source : INSEE, C.R.T. Franche-Comté 30 40 50% 2001-2002 2000-2001 1999-2000 1998-1999 1997-1998 1996-1997 1995-1996 1994-1995 1993-1994 1992-1993

Taux d'occupation dans l'hôtellerie en hiver 2001-20 02 2003-20 04 2004-20 05 2002-2003 2002-2003 2003-2004 2004-2005 0 1 000 2 000 3 000 4 000 5 000 6 000 7 000 8 000 2004-2005 2003-2004 2002-2003 2001-2002 2000-2001 1999-2000 1998-1999 1997-1998

Chiffre d'affaires des remontées mécaniques et de la redevance du ski de fond

en milliers d'euros

Remontées mécaniques Redevance ski de fond

nombre de jours vendus par 2 centrales de réservation du Haut-Jura

1995-19961996-19971997-19981998-19991999-20002000-20012001-20022002-20032003-20042004-2005

0 5 10 15

Haut-Jura St-Claude Les Rousses Haut-Jura

Evolution de la fréquentation des gîtes ruraux du massif du Jura - période hivernale

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graphiques ou les indicateurs pris en compte, les évolutions sont contrastées (figure 1) :

– les hôtels, bien que leur nombre régresse légèrement, connaissent une activité plus soutenue depuis 1999, l’été comme l’hiver. Leur taux d’occupation progresse également. – Les gîtes ruraux présentent une

acti-vité globalement stable, avec une ten-dance très récente à la baisse, en liai-son avec la réduction du parc. En hiver, l’évolution varie beaucoup selon les centrales de réservation et les espaces géographiques concernés. – Le chiffre d’affaires des remontées mécaniques s’envole à partir de 2002-2003, mais pour des années exceptionnellement enneigées. À conditions égales d’enneigement, il est sensiblement équivalent à celui des années 1990. Et la redevance du ski de fond se maintient à un niveau comparable.

– Les campings affichent une activité nettement moins favorable qu’au début des années 1990, au-delà de ce que justifie la réduction du nombre d’emplacements, et mise à part l’année 2003 où la canicule dope momentanément la fréquentation. Comparé à la décennie précédente, le taux d’occupation s’est aussi large-ment tassé. Le point positif est l’aug-mentation de la fréquentation étran-gère, comme d’ailleurs dans l’hôtel-lerie, mais pas forcément depuis des pays qui bénéficient d’une améliora-tion de l’accessibilité par l’A39 ! Ces quelques indicateurs résument l’inégale évolution de l’activité touris-tique. Ils montrent la difficulté de com-parer, par périodes, des chiffres de fré-quentation « toutes conditions égales par ailleurs », surtout dans un contexte national de remaniement de l’infra-structure d’accueil touristique. Ils montrent aussi la nécessité d’une observation sur un temps long pour lis-ser les inévitables variations conjonc-turelles.

Pour compléter ces données statis-tiques, des séries d’enquêtes ont été programmées en 1997, puis en 2002, auprès des automobilistes de passage sur l’autoroute (enquêtes de circula-tion) d’une part, des municipalités et des responsables d’hébergements, d’autre part. Elles permettent d’appré-hender l’opinion des populations sur les retombées éventuelles de l’A39, précieuse information pour affiner l’analyse.

D’autres effets moins attendus… Dans les enquêtes de circulation menées le long des routes, avant et après l’ouverture de l’A39, 20 % des auto-mobilistes déclarent un changement d’habitude dans leurs déplacements touristiques, suite à l’ouverture de l’A39. Contrairement à nos hypo-thèses, ils ne correspondent pas uni-quement à des clientèles de proximité. Les départements d’origine peuvent

être relativement proches du Jura (Côte d’Or, Aube, Haute-Saône, Loire…), mais aussi plus lointains, dans le bassin parisien ou dans l’Ouest breton et nor-mand (figure 2).

On avait pourtant supposé qu’un gain de temps de 20 minutes était plus sen-sible pour des déplacements de courte durée, pour ceux du week-end ou pour la fréquentation des résidences secon-daires ! Or, là encore, on constate que ces automobilistes ne sont pas forcé-ment des propriétaires de résidence secondaire : pour l’enquête d’hiver, 66 % sont hébergés en gîte ou en loca-tion, 18 % en hôtel et 7 % seulement disposent d’une résidence secondaire. Ainsi, l’A39 n’a pas beaucoup boule-versé les habitudes de déplacements touristiques, mais elle a paradoxale-ment contribué à motiver des popula-tions lointaines. D’ailleurs, les études de marché réalisées sur les clientèles européennes montrent que celles-ci sont en nette progression entre 1998 et

Nombre d'automobilistes

enquêtés

Source : CETE de Lyon, enquêtes de circulation routière 2002

1 16

52

© ThéMA, Observatoire A39, 2003

Fig. 2 - Effets de l’A39 sur la fréquentation du massif du Jura lors des vacances d’hiver : les départements où l’on déclare un changement

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2002, surtout dans l’hôtellerie. Bien sûr, toutes n’empruntent pas l’A39, mais ce nouvel axe a pu participer à l’amélioration de la notoriété régio-nale.

L’origine géographique des touristes qui fréquentent le Jura paraît se diver-sifier au cours de la période 1997-2002 (figure 3). La clientèle provient tou-jours essentiellement d’une moitié nord de la France, mais on observe un important glissement vers l’ouest : Basse-Normandie, Bretagne ou Pays de Loire. Pourtant, les statistiques pro-duites en France sur le suivi des dépla-cements touristiques ne confirment pas clairement cette observation. Elles montreraient plutôt une variabilité croissante de l’origine des clientèles les plus éloignées de la région Franche-Comté. Selon les années, elles viennent plus massivement du nord, de l’ouest ou encore du sud-est, sans qu’il y ait de constante. Est-ce là le résultat d’un ren-forcement global du réseau autoroutier français permettant aux touristes d’élar-gir leur champ d’investigation et de

renouveler rapidement leurs destina-tions touristiques ?

La figure 3 montre que la faible emprise du massif jurassien sur la partie méri-dionale du pays persiste en 2002, même si elle semble légèrement s’atté-nuer. L’amélioration du réseau auto-routier et l’évolution des habitudes de déplacement finiront peut-être par réduire ces différences de comporte-ment nord/sud.

L’opinion des populations locales : nuancée et réaliste

Pour un grand nombre de communes du département jurassien, l’A39 repré-sentait un rapprochement effectif à une bretelle d’autoroute et par là même une amélioration de l’accessibilité. Or, en 2002, les enquêtes réalisées auprès des municipalités et des responsables d’hébergements sur l’ensemble du département ne permettent pas de conclure à un quelconque effet de l’A39 sur l’activité touristique. Elles

laissent pourtant penser qu’il participe à l’émergence progressive d’un éco-tourisme qui valorise et diversifie l’activité agricole : les rares évolutions constatées se traduisent par l’installa-tion de chambres et tables d’hôtes, goûter à la ferme, vente de produits locaux… En outre, seulement 25 % des municipalités et 16 % des profession-nels considèrent que l’A39 n’a pas eu du tout d’impact sur l’activité touris-tique. Les personnes dont l’espoir est déçu sont peu nombreuses ; elles cor-respondent, le plus souvent, à des res-ponsables d’hébergements dont l’inté-rêt financier est plus direct. En revanche, plus d’un quart des répon-dants soulignent l’intérêt de l’A39 en termes de communication et d’image. Et, plus de 40 % estiment que l’A39 n’a pas encore produit tous ses effets, ce qui paraît raisonnable.

Sur les cartes de la figure 4, les per-sonnes qui pensent que l’autoroute n’a eu « aucun effet » sont issues de petites communes souvent peu touristiques, situées à proximité de l’axe autoroutier Fig. 3 - Origine des vacanciers du Haut-Jura en transit sur la N83 en 1997, puis sur l’A39 en 2002

de 17 à 73.15 de 5 à 17 de 2 à 5 de 0.23 à 2 absence de flux 348 90 4 nombre d'automobilistes nombre d'automobili. / population du départem. (pour 100 000 hab.) Hiver 1997 0,2 à 0,4 0,5 à 2 2,1 à 5 5,1 à 17 17,1 à 35,4 35 110 243 421 nombre d'automobilistes / population du département (pour 100 000 habitants) Hiver 2002 absence de flux

Source : CETE de Lyon, enquêtes de circulation routière, 2002 © ThéMA, Observatoire A39, 2003

Fait avec Philcarto - http://perso.club-internet.fr/philgeo

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et qui n’observent, peut-être légitime-ment, aucun changement depuis l’ouverture de l’A39. Ces personnes déçues sont issues de communes peu nombreuses et assez hétérogènes. Les réponses positives sont très disper-sées dans l’espace (figure 5) et mettent en valeur certains secteurs dans la mouvance des villes et de zones touris-tiques émergentes ou plus confirmées : le duo Arbois - Salins, le secteur de Lons-le-Saunier, Arinthod, Morez… L’opinion des responsables d’héberge-ments est, quant à elle, assez variable selon le type d’établissements (figure 6). Les propriétaires de cam-pings sont les plus déçus. Dans les gîtes, nombreuses sont les personnes à n’avoir constaté aucun effet de l’auto-route. En revanche, dans les hôtels et les gîtes, les avis sont assez positifs sur l’effet d’image ou sur l’impact à plus long terme de l’A39.

Paradoxalement, ce sont les héberge-ments les plus éloignés de l’A39, situés aux confins de la haute chaîne (Les Rousses, Chapelle des Bois, Pontarlier…) qui déclarent une meilleure lisibilité du tourisme grâce à l’A39. Ainsi, la distance qui sépare les secteurs touristiques de l’autoroute ne semble pas jouer un rôle prédominant pour expliquer l’effet de l’A39. Celui-ci semble plutôt révéler certains sec-teurs géographiques qui portaient peut-être les germes d’un développement touristique ou qui ont su tirer parti de l’amélioration de l’accessibilité. Au final, l’A39 accompagne une évo-lution « en douceur » du tourisme jurassien, sans bouleverser la fréquen-tation qui reste très dépendante des aléas climatiques. Mais se dessine un ajustement progressif de l’offre qui pourrait pallier l’effet d’une météo capricieuse, en développant, par exemple, des activités d’intérieur, à la fois diversifiées et de haute qualité, (écomusée, visite et goûter à la ferme, dégustation en cave…). Alors seule-ment, l’A39 jouera peut-être un rôle plus convaincant

Fig. 4 - Opinion négative des municipalités sur les effets induits par l’A39

Fig. 5 - Opinion positive des municipalités sur les effets induits par l’A39

0 % 20 % 40 % 60 % 80 % 100 %

Pourrait encore accroître l'activité dans l'avenir

A contribué à une meilleure lisibilité

N'a pas eu l'effet espéré

Aucun effet

hôtels campings gîtes

Source : enquêtes « hébergements », février 2002

Fig. 6 - Opinion des professionnels sur les effets induits par l’A39, par type d’hébergement non-réponses 6 144 172 16 Nombre d'habitants

L'A39 n'a pas eu les effets espérés sur l'activité touristique L'A39 n'a eu aucun effet sur l'activité touristique

Les Molunes Pimorin Morez Courlans Salins-les-Bains Doubs Moirans Mouthe Mouthe Longchaumois Saint-Maurice -Crillat Moirans

Sources : RGP de 1999 et enquête "municipalités", février 2002 © 2004, Observatoire A39, SAPRR SETRA, ThéMA UMR CNRS 6049

non-réponses

6 144

172 16 Nombre d'habitants

L'A39 pourrait encore contribuer à accroître l'activité touristique L'A39 a contribué à une meilleure lisibilité

de l'activité touristique du Jura

Sources : RGP de 1999 et enquête "municipalités", février 2002 © 2004, Observatoire A39, SAPRR SETRA, ThéMA UMR CNRS 6049

Les Bouchoux Chaffois Morez Arinthod Salins-les-Bains Beaufort Mouthe Nanc-lés-Saint-Amour Nozeroy Arbois Morez Jougne Ney Voiteur Arinthod Mouthe

Figure

Fig. 1 - Quelques indicateurs qui montrent l'évolution de l'activité touristique dans le massif du Jura
Fig. 2 - Effets de l’A39 sur la fréquentation du massif du Jura lors des vacances d’hiver : les départements où l’on déclare un changement
Fig. 5 - Opinion positive des municipalités sur les effets induits par l’A39

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