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Évaluation de l'impact de la litière de fumier recyclé sur le confort des vaches laitières en stabulation entravée

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Academic year: 2021

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Texte intégral

(1)

© Salma Oueslati, 2020

Évaluation de l'impact de la litière de fumier recyclé sur

le confort des vaches laitières en stabulation entravée

Mémoire

Salma Oueslati

Maîtrise en sciences animales - avec mémoire

Maître ès sciences (M. Sc.)

(2)

II

Résumé

Le présent mémoire porte sur le confort des vaches laitières logées en stabulation entravée vis à vis la litière de fumier recyclé. Une expérience a été réalisée dans le but de comparer la paille hachée à une profondeur de 6 centimètres (2 pouces) à du fumier recyclé à 6 centimètres et 15 centimètres (6 pouces) de profondeur. Les mesures ont été prises sur 18 vaches Holstein et sur l’état de la litière dans les stalles. Alors que la litière de fumier recyclée a entraîné des surfaces de stalles plus humides et plus sales, le temps de couchage, les blessures, la boiterie ainsi que la propreté des pattes et du pis n'ont pas été affectés par les traitements. Cependant, la litière de fumier recyclé a réduit la propreté des trayons, des flancs et des jarrets et augmenté les durées des mouvements de lever et de coucher. Nos résultats montrent que la litière de fumier recyclé pourrait être une bonne alternative de litière pour les vaches laitières maintenues dans des stabulations entravées sur la base des indicateurs de confort mesurés. Toutefois, les producteurs qui décident d’adopter la litière de fumier recyclé doivent accorder une plus grande attention au nettoyage des trayons avant la traite.

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III

Abstract

While many studies have evaluated deep bedding’s impact on cow comfort, few of those studies have been done in tie stall barns. To get a better understanding on that matter, this thesis deals with the effect of using recycled manure solids as bedding for dairy cows housed in tie-stall. An experiment was conducted to compare straw bedded stalls at a depth of 6 centimeters (2 inches) to recycled manure solids at 6 centimeters and 15 centimeters (6 inches) of depth. Measurements were taken on 18 Holstein cows and stalls. While recycled manure solid bedding led to wetter and dirtier stall surfaces, lying time, injuries, lameness, along with leg and udder cleanliness, were not impacted by the bedding treatments. However, recycled manure solids decreased teat, flank, and hock cleanliness and increased the duration of the lying and rising movements. Our results show that recycled manure solids could be a good bedding alternative for dairy cows kept in tie stalls based on tested comfort indicators. However, those who use recycled bedding solids must place greater attention to teat cleaning prior to milking.

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IV

Table des matières

Résumé ... II

Abstract ... III

Table des matières ... IV

Liste des tableaux ... VI

Listes des figures ... VI

Remerciements ... VII

Avant-propos ... VIII

Introduction ... 1

Chapitre1. L’évaluation du bien-être de la vache dans l’étable ... 3

1.1. Notions de base ... 3

1.2. Critères d’évaluation du confort des vaches ... 5

1.2.1. Blessures ... 5

1.2.2 Boiterie ... 6

1.2.3 Propreté ... 8

1.2.4 Le comportement de repos ... 9

1.3. Les facteurs d’influence du confort de la vache ... 12

1.3.1. Types de stabulation ... 12

1.3.2. Dimensions de la stalle ... 14

1.3.3. Plancher ... 17

1.4. L’impact de la litière sur le bien-être ... 18

1.4.1 Choix et épaisseur ... 18

1.4.2 L’impact de litière sur les blessures ... 18

1.4.3. L’impact de la litière sur les boiteries ... 20

1.4.4. L’impact de la litière sur la propreté ... 22

1.4.5. L’impact de litière sur le temps de repos ... 23

1.4.6. Impact de la litière sur la santé du pis ... 25

1.5. La litière de fumier recyclée ... 28

1.5.1 Les principes de base ... 28

(5)

V

1.5.3. Effet de litière du fumier recyclé sur le confort des vaches laitières ... 30

1.6. Liste des ouvrages cités ... 34

Chapitre 2. Évaluation de l’impact de la litière de fumier recyclé sur le confort des vaches laitières en stabulation entravée ... 42

Résumé ... 42

Introduction ... 43

2.1. Matériel et méthodes ... 44

2.1.1. Évaluation des blessures ... 45

2.1.2. Évaluation des boiteries ... 46

2.1.3. Évaluation de la propreté ... 46

2.1.4. Évaluation du temps passé couché ... 46

2.1.5. Évaluation de la litière ... 47

2.1.6. Analyses statistiques ... 48

2.2. Résultats ... 48

2.2.1. Évaluation des blessures et de la boiterie ... 48

2.2.3. Évaluation de la propreté ... 49

2.2.4. Évaluation du temps passé couché ... 51

2.2.5. Évaluation de la litière ... 52

2.3 Discussion ... 54

Conclusion ... 57

Conclusion générale ... 58

(6)

VI

Liste des tableaux

Tableau 1.1. Les principes, les critères et les mesures utilisés par Welfare Quality® pour l’évaluation du

bien-être en élevage ... 4

Tableau 1.2. Notation des blessures aux jarrets, aux genoux et au cou utilisée par le programme proAction® ... 5

Tableau 1.3. Les indicateurs comportementaux de la boiterie en stabulation entravée selon Leach et al., (2009) ... 7

Tableau 1.4. Description des étapes de « coucher » et « lever » ... 11

Tableau 1.5. Dimensions des stalles pour la race Holstein selon le stade de lactation selon les recommandations de House et al. (1995) ... 15

Tableau 1.6. Recommandations pour le logement en stabulation entravée (cm) selon Anderson (2014a) . 15 Tableau 1.7. Effet de litière sur le confort des vaches laitières en fonction de type et de profondeur ... 27

Tableau 2.1. Information sur la litière ... 45

Tableau 2.2. Notation des blessures chez les vaches laitières ... 45

Tableau 2.3. Notation de la propreté des vaches laitières ... 46

Tableau 2.4. Notation de l’humidité de surfaces des stalles ... 47

Tableau 2.5. Impact des traitements sur l’indicateur de confort et de propreté ... 50

Tableau 2.6. Moyenne du temps passé couché total (h / j) en fonction de type de la litière ... 51

Tableau 2.7. Evaluation de l’aisance de lever et coucher ... 52

Tableau 2.8. Évaluation de l’impact des traitements sur l’humidité de la surface de la stalle ... 54

Listes des figures

Figure 1.1. Évaluation de la propreté utilisée par le programme proAction® ... 9

Figure 1.2. Les différentes positions de repos selon Anderson (2008) ... 10

Figure 1.3. Schéma représentatif d’une stalle en stabulation entravée ... 16

Figure 1.4. Diagramme explicatif des interactions animal, environnement et blessures des membres en stabulation libre selon Zaffino Heyerhoff et al.(2014) ... 20

Figure 1.5. Diagramme explicatif des interactions ; animal, environnement et boiterie en stabulation libre selon Solano et al.(2015) ... 22

Figure 1.6. Organigramme d’un séparateur mécanique type solide-liquide du fumier ... 29

Figure 1.7. Propreté des vaches, locomotion et blessures des jarrets en fonction de la litière ... 31

Figure 1.8. Pourcentage de vaches couchée en fonction de traitement ... 31

Figure 2.1. Prévalence des vaches guéries (score <4) en fonction du type de litière ... 48

Figure 2.2. Prévalence des vaches non boiteuses à la fin de l’étude ... 49

Figure 2.3. Prévalence des vaches sales (score ≥ 3) en fonction du type de litière ... 49

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VII

Remerciements

La réalisation de ce mémoire de maîtrise n’aurait pas été possible sans le travail acharné de toute une équipe et de plusieurs collaborateurs. Il va donc de soit de prendre ces quelques lignes pour les remercier.

Premièrement, j’exprime toute ma reconnaissance à mes directeurs de maîtrise. Dr Doris Pellerin pour son support tout au long de ce projet. Je me considère chanceuse de l’avoir croisé dans ma vie. C’était un honneur de travailler avec lui. Merci Dr Stéphane Godbout pour m’avoir proposé de participer à ce merveilleux projet de recherche sur le confort des vaches comme étudiante à la maîtrise.

Merci au Ministère d’agriculture tunisienne et au Ministère d’éducation supérieure pour la confiance et pour la bourse accordée. Sans cette bourse je n’aurais pas été capable de finir mes études supérieures au Canada.

Un merci tout spécial à la Dre Marianne Villettaz Robichaud pour son support tout au long de ce projet. Dès la phase préparatoire et jusqu'au dépôt du mémoire.

Merci au personnel de Centre de recherche en sciences animales de Deschambault (CRSAD) qui nous ont permis de réaliser ce projet dans un environnement adéquat malgré leurs ressources limités.

Finalement je dédie ce travail à ma famille et à mes amis. Tout d’abord, merci papa et maman, ma sœur, mon frère pour vos encouragements constants. Je suis chanceuse d’avoir une famille comme vous. Merci pour votre soutien, votre aide, votre patience et votre présence tout au long de mes études. Je n’y serais pas arrivée sans vous. Mon mari, merci, merci et merci ! Ton amour, tes encouragements, ton support et ton immense patience font en sorte que je suis une meilleure personne tous les jours. Je me considère chanceuse de t’avoir à mes côtés. Mes collègues Amal et Ofla, merci pour avoir pu supporter tout le bruit que j’ai fait ! Merci à Amira et Sabrine que j’ai toujours trouvé à l’écoute malgré les distances et le décalage horaire.

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VIII

Avant-propos

Ce mémoire contient un chapitre rédigé sous forme d'article scientifique. Je suis l'auteure principale de cet article, les coauteurs sont les chercheurs Marianne Villettaz Robichaud, Stéphane Godbout et Doris Pellerin Toutes ces personnes se sont impliquées dans les travaux. L’article portera le titre « Évaluation de l’impact de la litière de fumier recyclé sur le confort des vaches laitières en stabulation entravée ».

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1

Introduction

Au Canada, la filière laitière a connu des changements importants dans les dernières années. La production totale de lait du pays a augmenté de 15,5 % dans la dernière décennie (2008-2017) (CCIL, 2018) pour atteindre 9 586 kg/ vache /an (Valacta, 2018). Cette hausse de production est répartie sur 10 951 troupeaux dont 75 % sont en stabulation entravée (CCIL, 2018). Pour favoriser l’atteinte d’une telle production, les vaches doivent être logées dans des conditions environnementales favorables. Plusieurs recommandations ont été suggérées pour assurer aux vaches laitières un certain confort (Anderson, 2014a; Bouffard et al., 2017). Dans ce contexte, le programme proAction® a été mis en place pour améliorer la position du lait canadien au marché tout en respectant le bien-être des vaches laitières (PLC, 2015).

Pourtant, le secteur de l’élevage des bovins laitiers a enregistré de hautes prévalences de blessures et de boiteries ainsi que d’autres problèmes de confort (Bouffard et al., 2017). D’où la nécessité d’examiner les causes de cet inconfort. Ces causes sont multiples ; la mauvaise conception des étables, les dimensions inappropriées des stalles ou des logettes sont des sources d’inconfort des animaux (Bouffard et al., 2017). L’un des aspects qui est fréquemment souligné dans la littérature est l’impact de la litière sur la santé et le bien-être des vaches laitières. En effet, la présence de celle-ci améliore les conditions d’élevage et son utilisation est de plus en plus répandue et surtout recommandée par le code de pratiques canadien (Kull et al., 2017; Wolfe et al., 2018). Toutefois, la plus grande demande exerce une pression à la hausse sur les prix de la litière qui est accentuée par la diminution des superficies en céréales à paille avec l’augmentation des surfaces en maïs et soya. Ce coût de plus en plus élevé des litières conventionnelles empêche les éleveurs de fournir aux vaches laitières une litière abondante malgré ses avantages pour le confort animal.

La litière de fumier recyclé semble être une alternative intéressante puisqu’elle offre des avantages majeurs en termes de coût et de disponibilité par rapport aux sources de litières traditionnelles (Husfeldt et al., 2012). De plus, plusieurs études démontrent son impact positif pour le confort des vaches laitières en stabulation libre (Timms, 2008; Adamski et al., 2011; Husfeldt et al., 2012). Cependant, aucune étude traitant de l’influence de la litière de fumier recyclé sur le confort animal en stabulation entravée n’est encore disponible. Ainsi, la présente

(10)

2

étude a pour objectif d’étudier l’effet de la litière de fumier recyclé sur le confort des vaches laitières logées en stabulation entravée.

(11)

3

Chapitre1. L’évaluation du bien-être de la vache dans

l’étable

1.1. Notions de base

La recherche a suggéré plusieurs définitions du bien-être des animaux de ferme. Le Farm Animal Welfare Council (FAWC, 1993 cité par FAWC, 2009) propose de respecter cinq droits de base qui constituent la norme internationalement reconnue au chapitre des soins aux animaux. « 1. Le droit de ne pas souffrir de la faim ou de la soif grâce à un accès immédiat à de l’eau fraîche et à une alimentation assurant santé et vigueur ; 2. Le droit de ne pas subir d’inconfort en fournissant à l’animal un environnement approprié, y compris un abri et une zone de repos confortable ; 3. Le droit d’être affranchi de la douleur, des blessures et de la maladie grâce à la prévention ou à un diagnostic et un traitement rapides ; 4. Le droit de manifester un comportement normal en fournissant un espace suffisant, des installations appropriées et la compagnie d’un animal de la même espèce ; 5. Le droit de ne pas subir la peur et la détresse en assurant des conditions et un traitement qui écartent toute souffrance psychologique. »

Les normes, qui ont été établies dans le cadre du projet européen « Welfare Quality® », donnent un aperçu général sur le niveau de bien-être dans les bâtiments d’élevage (Veissier et al., 2010). La méthode Welfare Quality® repose sur l’évaluation de quatre grands principes qui doivent être respectés, indépendamment les uns des autres, pour garantir le bien-être des animaux : « bonne alimentation », « bon logement », « bonne santé » et « possibilité d’exprimer des comportements appropriés ». Ces quatre principes sont divisés en 12 critères plus précis, chaque principe comportant deux à quatre critères. Pour pouvoir être mesurés sur le terrain, ces 12 critères ont été déclinés à leur tour en une à plusieurs mesures en fonction de l’espèce considérée, par l’intermédiaire desquelles le bien-être est évalué. Le tableau 1.1 résume les principes, les critères et les mesures utilisés par Welfare Quality® pour l’évaluation du bien-être des vaches laitières (Welfare Quality®, 2009).

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4

Tableau 1.1. Les principes, les critères et les mesures utilisés par Welfare Quality® pour l’évaluation du bien-être en élevage

Principes Critères Mesures

Alimentation adaptée

Absence de faim prolongée Note d’état corporel

Absence de soif prolongée Approvisionnement en eau, propreté des points d’eau,

nombre d’animaux utilisant les points d’eau

Logement correct Confort de couchage Temps nécessaire pour se coucher, propreté de l’animal

Confort thermique Pour le moment, aucune mesure n’est développée

Facilité de déplacement L’accès à la zone de pâturage en plein air ou au pâturage, caractéristique de la population scorée le jour de l’évaluation selon le poids vif

Bonne santé Absence de blessures Boiterie, altérations du tégument Absence de maladie Toux, écoulement nasal, écoulement

oculaire, respiration gênée, diarrhée, ballonnement du rumen, mortalité Absence de douleur causée par les

pratiques d’élevage Ébourgeonnage/écornage, caudectomie, castration Comportement approprié Expression de comportements sociaux Comportements agonistiques, comportements cohésifs Expression des autres comportements Accès au pâturage Bonne relation homme-animal Distance d’évitement

État émotionnel positif Évaluation du comportement qualitatif

Tiré de Welfare Quality® (2009)

À l’échelle canadienne, le programme proAction®, est une initiative des Producteurs laitiers qui englobe plusieurs aspects de la production laitière. L’objectif de ce programme est de positionner le lait canadien auprès des consommateurs comme l’un des meilleurs au monde et répondants aux plus hautes normes. (“proAction® - L’excellence à la ferme,” n.d.) ProAction® est aussi l’occasion pour les producteurs laitiers d’améliorer leurs pratiques à la ferme et d’ainsi en retirer des bénéfices. Le confort des vaches laitières est un axe fondateur de ce programme. Ainsi, tous les producteurs sont évalués selon un programme d’évaluation du bien-être des animaux qui s’appuie sur les exigences du Code de pratiques pour le soin et la manipulation des bovins laitiers (“proAction® - L’excellence à la ferme,” n.d.).

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1.2. Critères d’évaluation du confort des vaches

1.2.1. Blessures

La présence de blessures est à la fois une source de douleur et un indicateur d’inconfort animal. Il existe une grande plage des lésions selon le type (des abrasions superficielles de la peau, des hématomes et gonflements de membre), l’endroit et la gravité (Lensink et Leruste, 2006). Tous les types de blessures, peu importe leur gravité, signifient qu’il s’agit d’un problème à résoudre (Baillargeon et al., 2014). Toutefois, la documentation canadienne (tableau 1.2) traite seulement celles situées au cou, aux jarrets et aux genoux (Gibbons et al., 2012).

Tableau 1.2. Notation des blessures aux jarrets, aux genoux et au cou utilisée par le programme proAction®

Blessures Scores et description

Score 0 Score 1 Score 2 Score 3

Blessures aux jarrets - Pas d’enflure - Poils intacts, un peu d’usure ou de poils endommagés - Pas de lésion - Pas d’enflure ou enflure mineure (≤ 1 cm) - Zone dégarnie - Pas de lésion - Enflure moyenne (1-2, 5 cm) et/ou lésion sur la zone dégarnie

- Enflure importante (≥ 2,5 cm)

- Peut y avoir une zone dégarnie ou lésée Blessures aux genoux - Pas d’enflure - Pelage intact, un peu d’usure ou de poils endommagés - Pas de lésion - Pas d’enflure - Zone dégarnie - Pas de lésion - Enflure moyenne (≤ 2,5 cm) et/ou peau lésée ou croûte - Peut y avoir une zone dégarnie

- Enflure importante (≥ 2,5 cm)

Peut y avoir une - Zone dégarnie ou lésée Blessures au cou - Pas d’enflure - Pelage intact, un peu d’usure ou de poils endommagés - Pas de lésion - Pas d’enflure - Zone dégarnie - Pas de lésion - Peau lésée ou croûte et/ou enflure - Peut y avoir une zone dégarnie Adapté de Gibbons et al. (2012)

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1.2.2 Boiterie

1.2.2.1 Définition et causes

La boiterie est une pathologie causée par de nombreux facteurs et les études n’orientent pas toutes dans la même direction. En fait, certaines ont observé uniquement les stabulations entravées et son effet sur le confort. Ces études ont démontré que la conception des stabulations entravées est l’une des causes de la boiterie (Nash et al., 2016; Bouffard et al., 2017). Les autres articles ont comparé les types de stabulations et n’ont pas révélé de différence significative entre les stabulations entravées et les stabulations libres (Cook, 2002; Zurbrigg et al., 2005).

1.2.2.2 La grille de notation pour les vaches en stabulation libre

La fréquence de boiteries dans un troupeau peut être utilisée comme un critère d’évaluation du bien-être. La présence peut être évaluée à l’aide de procédures standardisées d’évaluation (Van Gastelen et al., 2011). Les observations doivent être faites régulièrement pour chaque vache, et les résultats doivent être conservés afin de pouvoir contrôler l’évolution (Cazin et al., 2014). Selon Hulsen (2006), les observations doivent être réalisées sur des animaux qui marchent naturellement sur une surface plane. La grille de notation pour les vaches en stabulation libre de Hulsen (2006) comprend 5 niveaux et se présente comme suit :

« Note 1 : la démarche est stable et normale. La vache se tient debout, pose ses pieds sans hésitation. Elle pose les pieds arrière à l’endroit où étaient les pieds avant. Le dos est plat et horizontal au repos comme en mouvement. Note 2 : La démarche est légèrement anormale. À l’arrêt, le dos est plat et horizontal tandis qu’en mouvement, le dos est courbé. La tête est tenue plus éloignée et plus basse que le corps. Note 3 : À l’arrêt comme en mouvement, le dos est légèrement courbé. La vache fait de petits pas avec un ou plusieurs membres. Note 4 : La vache boite franchement et soulage un ou plusieurs membres. Le dos est courbé à l’arrêt comme en mouvement. Note 5 : La vache boite gravement, se lève difficilement, est souvent couchée. Elle évite de mettre du poids sur un de ses membres. »

Pour leur part Flower et Weary (2006) proposent un système de notation de la locomotion également à cinq niveaux soit : 1 = locomotion normale, 2 = locomotion imparfaite, 3 = boiteux, 4 = modérément boiteux et 5 = sévèrement boiteux.

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7

Le score de locomotion doit être effectué par un seul observateur lorsque les vaches quittent la salle de traite. La prévalence de la boiterie sévère a été calculée comme le nombre d’animaux ayant reçu une note de boiterie ≥ 4 divisé par le nombre total d’animaux observé le jour de la visite (Lobeck et al., 2011).

1.2.2.3 La grille de notation pour les vaches en stabulation entravée

Des chercheurs du Royaume-Uni, de l’Allemagne et de l’Autriche ont développé un système de notation qui peut être utilisé pour évaluer les vaches logées en stabulation entravée (Leach et al., 2009). Cette méthode d’évaluation (la technique SLS : Stall Lameness Scoring) est basée sur l’identification de quatre comportements (tableau 1.3) qui peuvent être associés à la boiterie (le changement de poids [transfert de poids], debout sur le bord de la stalle [sabot sur le bord], le lever d’une partie du sabot ou le sabot entier pendant le repos [repos] et le poids inégal en se déplaçant d’un côté à l’autre [mouvement inégal]). Selon cette méthode, une vache qui présente au moins deux de ces comportements est boiteuse (Palacio et al., 2017).

Tableau 1.3. Les indicateurs comportementaux de la boiterie en stabulation entravée selon Leach et al., (2009)

Indicateur comportemental

Description

La vache est en position debout (mouvement volontaire)

Sabot sur le Rebord La vache place l’un ou les deux sabots postérieurs sur le rebord, lorsqu’elle est debout, pour soulager la pression sur une partie de l’onglon. Il ne faut pas prendre en considération, les moments où les deux sabots postérieurs sont dans le caniveau et où la vache place brièvement son sabot sur le rebord en faisant un mouvement ou un pas.

Transfert de Poids Transfert de poids régulier et répété d’un sabot à l’autre. Le transfert répété consiste à soulever du sol chaque sabot postérieur au moins deux fois (Gauche-Droit Gauche-Droite ou vice versa). Le sabot doit être soulevé et reposé au même endroit sans que la vache fasse un pas en avant ou en arrière.

Poids inégal (repos) Repos répété sur un sabot plus que sur l’autre : la vache soulève du sol une partie du sabot ou le sabot entier. Cela n’inclut pas le fait de soulever le sabot pour lécher ou pour ruer.

La vache se déplace d’un côté à l’autre

Mouvement inégal Port poids inégal du poids sur un sabot et l’autre lorsque la vache est encouragée à se déplacer d’un côté à l’autre. Il s’agit d’un mouvement plus rapide d’un sabot par rapport à l’autre ou à la réticence manifeste à faire porter le poids sur un sabot en particulier.

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1.2.3 Propreté

La propreté est un bon indicateur de confort animal (Rushen et al., 2009). La propreté des vaches dépend de la propreté de l’environnement, surtout des surfaces des stalles et de la litière (Munoz et al., 2008), ainsi que de la santé de la vache ; une vache boiteuse a tendance à passer plus de temps coucher, ce qui augmente son contact avec le fumier (Juarez et al., 2003).

La notation de la propreté a évolué au fil de temps. Elle est passée de systèmes de notation traditionnels de la propreté qui ont scoré la vache entière en accordant une seule note globale de propreté sur la totalité du corps (Verbist et al., 2009) à des méthodes plus évoluées qui ont eu recours à la division du corps de la vache en différentes régions pour les scorer séparément. Les vaches ont été notées sur une échelle de 1 à 4 (1 = très propre à 4 = très sale) en évaluant trois régions du corps (les membres postérieurs inférieurs et supérieurs, le pis et les flancs). Si les trois régions sont dépourvues de saleté, la vache obtient le score 1. Si n’importe quelle région est un peu sale (contiens un peu du fumier), la note accordée est 2. Si l’une des trois régions est très sale, la note accordée est 3. Dans le cas où au moins deux régions sont très sales, le score accordé à la vache est 4 (Munoz et al., 2008). Reneau et al., (2005) ont utilisé un score pour évaluer la propreté de la queue, des membres supérieurs et inférieurs arrière, de l’abdomen ventral et du pis en utilisant une charte de propreté à 5 niveaux allant de 1 = propre à 5 = sale.

Verbist et al. (2009) ont choisi d’utiliser un système de notation modifié. Ce système consiste à évaluer cinq parties plus spécifiques de la vache (partie inférieure de la queue, partie caudale du pis, partie inférieure des pattes postérieures, partie latérale du pis et partie supérieure des membres postérieures). Chaque partie a été scorée indépendamment sur échelle de 0 à 2 : 0 (pas de saleté), 0,5 (moins de 50 % de la superficie est sale), 1 (50 % de la superficie est sale), 1,5 (plus de 50 % de la superficie est sale) à 2 (la saleté couvre la totalité de la surface). Ensuite, une note totale est accordée à la vache et correspond à la somme des scores des cinq régions. L’évaluation de la propreté des vaches (figure 1.1), reconnue par le programme canadien proAction® et par le programme de lait canadien de qualité a pour but principal de déterminer les problèmes d’hygiène ainsi que les problèmes de conception des stalles et des surface de repos pour apporter les correctifs nécessaires (PLC, 2015).

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Figure 1.1. Évaluation de la propreté utilisée par le programme proAction® Tirée de Lévesque et al. (2004).

1.2.4 Le comportement de repos

Le repos est un comportement naturel particulièrement important pour le bien-être des bovins laitiers. Selon les auteurs, dans les conditions optimales, le temps standard passé au repos varie entre 12 heures (Gomez et Cook, 2010) et 14 heures par jour (Tucker et Weary, 2004; Fregonesi et al., 2007). Pour les mouvements de couchers/levers, une vache se lève normalement entre 10 et 15 fois par jour (Krohn et Munksgaard, 1993).

La durée moyenne du mouvement de coucher est de 8 secondes tandis que la durée moyenne du mouvement de lever varie de 5 à 10 secondes (Lensink et Leruste, 2012). Dans des conditions d’inconfort, le temps de repos diminue au-dessous de 9 heures par jour (Fregonesi et al., 2007) et le risque des boiteries augmentent (Bell et al., 2009). De même pour les fréquences des mouvements couchers/levers qui s’éloignent des normes ce qui conduit à des risques accrus de blessures au niveau des trayons et des jarrets (Krohn et Munksgaard, 1993).

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Selon Anderson (2008), les positions de repos les plus communes sont « en long » qui se caractérise par l’allongement de la vache sur le sternum, sa tête étirée et ses pattes repliées, « en large » décrit le la position couchée de la vache sur le flanc avec l’allongement de ses pattes en avant, « en boule » la vache ramène sa tête sur le flanc et « étroite » lorsque le cou légèrement plié, les pattes en arrière repliées et celles en avant repliées ou étendus (figure 1.2). Il existe une autre posture de repos qui n’est pas illustrée dans la figure 1.2, c’est la position « étendue » comme indique son nom les quatre membres sont complètement étendus et la vache est allongée sur le flanc (Lensink et Leruste, 2012). Le tableau 1.4 décrit en détail les étapes de coucher et de lever.

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Tableau 1.4. Description des étapes de « coucher » et « lever »

Illustration Description des étapes de coucher

Illustration Description des étapes de lever

La vache renifle et inspecte le sol en baissant la tête et en balançant de gauche à droite.

La vache rapproche le membre postérieur (du dessus) près du corps et se met en position sternale droite. Le poids est réparti de chaque côté de l’animale. Elle soulève un membre

antérieur, plie le genou sous elle et le pose à terre. Elle effectue le même mouvement pour l’autre genou.

La vache étend la tête vers l’avant. Ce mouvement lui permet de passer son poids vers l’avant pour soulever son arrière (mouvement de bascule).

Ce mouvement est

primordial pour que la vache puisse se lever. Cela nécessite qu’il n’y ait pas d’objet (mur, barreau, chaîne trop courte) sur la trajectoire du cou et de la tête et que la surface ne soit pas glissante. La vache avance

légèrement la tête pour faire basculer son poids vers l’avant et positionne ses membres postérieurs sur le côté. Elle descend l’arrière-train du côté opposé à ses membres postérieurs et se laisse tomber.

Elle termine le mouvement en positionnant les pattes antérieures. On entend souvent la vache expirer fortement après cet effort. Le mouvement de coucher dure quelques secondes sur une surface souple (comme en pâture).

Il peut prendre plusieurs minutes sur une surface telle qu’un tapis ou un matelas glissant (hésitation de l’animal).

Une vache se couchera rapidement si la surface est confortable et si aucune structure (de la logette) ne la gêne dans ce

mouvement.

La vache est à genoux (membres antérieurs pliés, membres postérieures tendues).

Elle fait basculer son poids sur le genou 1 et déplie le genou 2.

Elle pose sa patte environ 45 cm en avant de son épaule.

Elle pousse avec le genou 2 (déplié) et effectue de la tête un mouvement vers l’arrière et le haut pour déplier le genou 1.

La vache s’étire à fin du mouvement (souvent au pâturage). L’ensemble du mouvement de lever dure de 5 à 10 secondes.

Au-delà de 10 secondes, il faut considérer que la vache rencontre des problèmes pour se lever.

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12

Le temps de repos et les fréquences de mouvements coucher/lever sont de bons indicateurs du bien-être animal (Fregonesi et Leaver, 2001). L’évolution de la technologie des capteurs, principalement la technologie des accéléromètres, offre de nouvelles possibilités de surveillance automatique et d’enregistrement du comportement animal (Mattachini et al., 2011; Charlton et al., 2016). Ces technologies remplacent les méthodes basées sur les mesures de comportement chez les bovins à l’aide d’observations directes ou à base de vidéo qui prennent beaucoup plus de temps (Charlton et al., 2016).

Selon Mattachini et al. (2011), les activités comportementales à suivre sont : lever, coucher, s’alimenter, boire et se déplacer. Une vache est classée en position levée lorsqu’elle est debout et soutenue sur au moins trois pattes. La position de repos est définie comme le contact corporel avec le sol. Une vache est considérée « en train de manger » quand sa tête est au-dessus ou dans la mangeoire, et en buvant lorsque sa tête est au-dessus ou dans l’abreuvoir. Le déplacement est défini comme le déplacement d’au moins trois pattes en avant dans l’ordre (Mattachini et al., 2011). Le comportement debout est subdivisé en trois positions ; debout entièrement dans la stalle (les quatres pattes dans la stalle), position perchée (les deux pattes en avant dans la stalle et les deux pattes en arrière dans l’allée) et debout complètement en dehors de la stalle (dans l’allée) (Cook et al., 2005).

1.3. Les facteurs d’influence du confort de la vache

1.3.1. Types de stabulation

Plusieurs paramètres influencent le confort des vaches laitières, entre autres, le logement. L’élevage des vaches québécois est réalisé principalement en stabulation entravée, au contraire des autres provinces canadiennes qui sont caractérisées par la stabulation libre. Au Québec, plus de neuf producteurs sur dix optent pour la stabulation entravée pour une question de choix personnel ou de tradition (CCIL, 2018). Aux États-Unis, près de 40 % des fermes laitières utilisent des stalles entravées pour les vaches en lactation (USDA, 2016). Chaque type de stabulation a ses avantages et inconvénients.

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1.3.1.1. Stabulation entravée

La stabulation entravée est un mode de conduite où la vache laitière reste attachée et occupe une stalle à l’intérieur d’une étable (Denis et Meyer, 1999). L’animal attaché a peu de liberté et les fonctions d’affourragement, de traite, de paillage, d’évacuation des déjections, de contrôle et de surveillance sont toutes réalisées à l’intérieur de l’étable par un opérateur (Morabito et Bewley, 2015). En général, la stabulation entravée est utilisée pour les troupeaux de petite taille (60 vaches et moins) (Dussault et Leblanc, 2008). Les avantages majeurs de ce système sont la facilité de reconnaissance des vaches puisqu’elles sont toujours attachées à la même place, la conduite et le traitement individuel des animaux. Tandis que les inconvénients sont le temps fourni pour les tâches de nettoyage et de la traite qui est plus important par rapport à la stabulation libre (El Himdy et Hassan, 2009).

En matière de type de stalles, il y a aussi une grande variété de types d’attaches, dont les plus populaires est la stalle avec barre d’attache (Zurbrigg et al., 2005), stalle avec joug, stalle en « M » avec obstruction mineure, stalle en « M » avec obstruction majeure et la stalle avec carcan (Bouffard, 2016). En plus des modèles d’attaches adaptés au type de stalles, ces dernières doivent être équipées de mangeoires, d’un dispositif pour l’abreuvement, d’un couloir d’alimentation devant les animaux et d’un caniveau. Il existe plusieurs formes de caniveaux qui varient selon le système d’évacuation des fumiers (Anderson, 2014a).

1.3.1.2. Stabulation libre

La stabulation libre est un ancien modèle de logement des bovins laitiers. Ce type de bâtiment est recommandé par les chercheurs depuis longtemps (Kalbfleish et al., 1952). Dans les étables à stabulation libre, les vaches ne sont pas attachées ; de ce fait, la stabulation libre nécessite moins de main-d’œuvre par rapport à la stabulation entravée. L’aire d’alimentation est plus rapide à remplir, ce qui réduit le temps investi pour alimenter les animaux. En revanche, les autres tâches telles que le nettoyage et le paillage varient selon la conception de la stabulation. Puisqu’il existe une grande variété de conception, chacune a ses particularités, ses avantages et ses inconvénients (Cauty et Perreau, 2009).

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1.3.1.3. Impact de type de la stabulation sur le confort

Le choix d’un type de stabulation est réalisé généralement en fonction du contexte technico-économique et législatif de l’exploitation (Leblanc, 2008). Quel que soit l’endroit où vit la vache, son environnement doit préférablement rassembler au maximum à celui qu’elle aurait dans la nature (Endres, 2017), c’est-à-dire que la vache a besoin de suffisamment d’espace pour pouvoir se lever, se reposer et se coucher avec facilité dans l’étable comme au pâturage (Anderson, 2014b). Plusieurs études s’intéressent aux effets du type de stabulation sur le bien-être des vaches laitières. Une partie de ces études a démontré que la stabulation libre est plus confortable pour les animaux que la stabulation entravée, alors que l’autre partie a démontré le contraire. Par exemple, une étude réalisée en Norvège a enregistré une prévalence de lésions au niveau des onglons de l’ordre de 48 % pour les vaches logées en stabulation entravée et 72 % pour les vaches logées en stabulation libre (Sogstad et al., 2005). Au Canada, les prévalences des boiteries, blessures au niveau des jarrets, au niveau des genoux et au niveau du cou en stabulation libre sont respectivement 21 % (varie de 0 à 69 %) (Solano et al., 2015), 47 %, 24 % et 9 % (Zaffino Heyerhoff et al., 2014). Alors que Bouffard et al. (2017) ont démontré que l’incidence élevée de blessures et de boiterie en stabulation entravée (33 % au niveau du cou, 44 % au niveau des genoux, 58 % au niveau des jarrets et 58 % pour les boiteries). Ce qui confirme que les vaches logées dans les stabulations entravées sont susceptibles aux problèmes de confort comme celles logées en stabulation entravée (Endres, 2017). De ce fait, l’utilisation de la stabulation entravée est de plus en plus remise en question (European Food Safety Authority, 2009).

Le type de la stabulation n’affecte pas significativement le temps de repos (Krohn et Munksgaard, 1993; Haley et al., 2001). Quel que soit le type de la stabulation, la propreté de l’étable a une influence importante sur la propreté et la santé de l’animal (Rushen et al., 2009). Les stalles qui ont été fortement utilisées ont été les plus sales nécessitant plus d’entretien (Tucker et al., 2004; Fregonesi et al., 2007).

1.3.2. Dimensions de la stalle

En stabulation entravée comme en stabulation libre, les stalles sont conçues à différentes dimensions selon la taille et selon la race (tableau 1.5) (Dussault et Leblanc, 2008). De ce fait, les stalles doivent être conçues d’une manière spécifique pour la conformation des primipares, des multipares et des vaches taries (House et al., 1995) afin d’améliorer le confort des vaches,

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faciliter le travail et la gestion générale de l’étable (Haley et al., 2000). Le tableau 1.6 présente les dimensions de la stalle en stabulation entravée, ces dimensions ont été élaborées par Anderson, (2014a) et sont citées dans plusieurs guides de vulgarisation canadiens (figure 1.3). D’une manière générale, la longueur de la stalle est déterminée par l’espace occupé par une vache lorsqu’elle est couchée, y compris l’espace de son genou à sa queue. Ceci est souvent décrit comme étant la longueur d’empreinte (Ceballos et al., 2004). En stabulation entravée, la longueur de la stalle représente la distance horizontale entre le dalot et le muret séparant la stalle de la mangeoire. Contrairement aux logettes en stabulation libre où la longueur inclut l’espace en avant de la bordure d’arrêt, la longueur des stalles en stabulation entravée n’inclut pas le « lunge

space » (Bouffard, 2016).

Tableau 1.5. Dimensions des stalles pour la race Holstein selon le stade de lactation selon les recommandations de House et al. (1995)

Dimension (cm) (Vache Holstein)

A B C Largeur Longueur de chaîne Primipare 213 178 117 137 C - 20

En lactation 218 183 123 137 C - 20

Tarie 218 183 123 152 C - 20

Tableau 1.6. Recommandations pour le logement en stabulation entravée (cm) selon Anderson (2014a)

Dimension de la stalle Ratio selon les dimensions de la vache

A Distance barre d’attache - dalot (1,2 x HH1) + 14

B Longueur de la stalle 1,2 x HH

C Hauteur barre d’attache 0,8 x HH

D Hauteur bordure d’arrêt ≤ 20

E Hauteur abreuvoir ≤ 46

F Distance division - dalot ≥ 76

G Longueur chaîne (0,8 x HH) — 20

H Hauteur entre le dessus de la mangeoire

et le dessus de la litière ≈ 10

I Largeur stalle 2 x LH2

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Figure 1.3. Schéma représentatif d’une stalle en stabulation entravée Tirée de Lapointe et al. (2010)

1.3.2.3. Impact des dimensions sur le confort

Quel que soit le type de la stabulation, la conception et les dimensions des stalles doivent être adaptées au comportement naturel des animaux (Algers et al., 2009). Les vaches laitières passent environ la moitié de la journée au repos. Une stalle inconfortable peut réduire le temps de repos jusqu’à 4 h/j (Haley et al., 2000). Par exemple, lorsque la partie antérieure de la stalle est trop petite, l’ouverture empêche la vache de se reculer lorsqu’elle est allongée, ce qui réduit la surface utilisable de la stalle (Haley et al., 2001). Selon Anderson (2008), une stalle confortable doit permettre à la vache une certaine liberté de mouvement c’est-à-dire la vache doit être capable de manifester ses quatre positions naturelles lorsqu’elle est couchée (en long, en large, en boule et étroite). Pour cette raison, le design de stalle doit être adéquat pour encourager les vaches à se coucher confortablement (Algers et al., 2009), et à avoir la possibilité de tenir debout au besoin, sans hésiter ou toucher les séparations et sans avoir des blessures ou des frustrations (Balbian, 2013). En raison de la variation de taille inter race, le calcul des dimensions appropriées est important. D’où la recommandation de mesurer les vaches pour avoir plus de précision (Anderson, 2008).

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Au Canada, la majorité des stabulations entravées et libre ne respectent pas l’ensemble des recommandations des dimensions des stalles, malgré le fait que le confort des vaches soit amélioré dans les fermes où les dimensions des stalles respectent les recommandations (Vasseur et al., 2015). D’une part, dans le cas de stalles entravées, Bouffard et al. (2017) ont observé une augmentation temps de repos et diminution des prévalences des blessures et des boiteries dans les cas où les dimensions des stalles se rapprochent des recommandations. Les mêmes auteurs ont observé une variété de blessures, lorsque les dimensions sont inférieures aux recommandations. Un cas très fréquent, la hauteur de la barre d’attache augmente les prévalences blessures au cou lorsqu’elle est placée trop haut ou trop bas (Zurbrigg et al., 2005).

1.3.3. Plancher

Les vaches préfèrent les surfaces souples pour se tenir debout et marcher (Haley et al., 2001). Dans les allées des stabulations libres, le plancher peut augmenter l’incidence de la boiterie en fonction de la durée pendant laquelle la vache se tient debout sur une surface dure, de la rugosité de la surface, de la glissance, de l’humidité et de la distance à parcourir par les vaches, surtout sur une surface inconfortable (Endres, 2017). Plusieurs auteurs se mettent d’accord sur le fait que couvrir les planchers par des tapis en caoutchouc améliore le confort des vaches (Cook et Nordlund, 2009) et surtout la santé des onglons (Vanegas et al., 2006). L’utilisation des tapis en caoutchouc ou des matelas diminue la prévalence de boiterie (Cook et Nordlund, 2009) par opposition aux planchers glissant comme le béton (House et al., 1995; Cook et Nordlund, 2009). Dans les allées de circulation, les tapis avec un coefficient de fortement élevé (high-friction) améliorent la mobilité (locomotion) des vaches boiteuses (Flower et al., 2007) et des vaches non boiteuses par rapport au béton, qui est considéré comme la surface la plus glissante (Telezhenko et Bergsten, 2005). Le plancher couvert par les tapis en caoutchouc a diminué le glissement, le nombre de foulées et le temps nécessaire aux vaches pour traverser la passerelle expérimentale par rapport au béton (Rushen et de Passillé, 2006). Malgré, que les chances de boiterie ont été beaucoup plus élevées dans les fermes ayant un plancher glissant comparativement aux planchers non glissants, il n’existe aucune preuve qui montre une influence directe du plancher sur la boiterie (Solano et al., 2015).

L’impact du plancher sur le confort des vaches en stabulation entravée est moins abordé dans la littérature. Haley et al. (2001) ont constaté que le plancher en béton diminue le temps passé coucher de 1,8 h/j en comparaison avec les matelas géotextiles. Rushen et al. (2007) ont

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remarqué une tendance à ce que l’incidence de gonflement des genoux et des jarrets est plus faible chez les vaches gardées sur des tapis de caoutchouc que sur du béton.

1.4. L’impact de la litière sur le bien-être

1.4.1 Choix et épaisseur

Le choix d’une bonne litière n’est pas facile à faire, ce choix est lié aux installations de l’étable, au budget, à la disponibilité de la litière, au nettoyage et à la qualité de la litière. Plusieurs études démontrent que l’essentiel pour la vache est de pouvoir se coucher sur une surface molle, douce, stable, antidérapante, propre et sèche (Vanegas et al., 2006; Fregonesi et al., 2007; van Gastelen et al., 2011; Husfeldt et Endres, 2012; Balbian, 2013). Entre autres, la quantité de litière agit sur le confort des vaches (tableau 1.7). Une litière profonde peut aider à réduire l’apparition de blessures (Rushen et al., 2007) et à augmenter le temps de repos (Lombard et al., 2010). Selon House et al.(1995), l’idéal serait de maintenir une couche de 76 à 102 mm (3 à 4 po) de paille, de bran de scie ou de copeaux de bois, mais il est toutefois difficile de maintenir uniforme une telle quantité de litière.

1.4.2 L’impact de litière sur les blessures

Le couchage sur des surfaces dures provoque des lésions aux jarrets et aux genoux (Rushen et al., 2007). L’étude d’Andreasen et Forkman (2012), réalisée au Danemark sur 37 fermes laitières en élevage en stabulation entravée, a montré l’effet positif de la litière profonde de sable par rapport aux matelas et aux tapis en caoutchouc sur le confort des vaches. Les fréquences de lésions et de gonflements au niveau des jarrets ainsi que la perte du poil étaient moins importantes dans les logettes avec surface recouverte de sable. Les pourcentages des blessures et la perte de poils ont été respectivement de 78 % et 37 % lorsque les logettes sont équipées de tapis en caoutchouc, de 86 % et 32 % lorsque les logettes sont équipées de matelas et de 12 % et 3 % pour les vaches sur le sable (Andreasen et Forkman., 2012). Les fermes équipées par des tapis ou des matelas ont présenté les pourcentages les plus élevés des lésions graves (score 3) au niveau des jarrets en comparaison avec les fermes où les vaches couchent directement sur la terre (2,3 % vs 1,8 %) (Lombard et al., 2010).

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Van Gastelen et al. (2011) ont comparé la litière accumulée compostée au sable et aux matelas ; les résultats étaient en faveur de la litière compostée dû à des prévalences de blessures aux jarrets les plus basses. D’une manière générale, les vaches maintenues sur des litières profondes et souples souffrent rarement des lésions sévères (Livesey et al., 2002 ; Barberg et al., 2007 ; Lobeck et al., 2011 ; Brenninkmeyer et al., 2013) par rapport aux tapis et matelas qui causent des lésions sévères (Weary et Taszkun, 2000; Wechsler et al., 2000; Fulwider et al., 2007).

Il existe quand même un certain désaccord à propos de l’influence de différentes sortes de matières utilisées comme source de litière pour les aires de repos sur le confort des vaches. Il y a ceux qui pensent que le sable est le meilleur (Weary et Taszkun, 2000), d’autres qui pensent que la paille est la plus confortable (Keil et al., 2006). Weary et Taszkun, (2000) ont testé l’effet de la litière (sciure de bois et sable) et l’effet des matelas sur les lésions au niveau des jarrets. La prévalence la moins élevée est enregistrée dans les fermes utilisant le sable (24 %), alors que la prévalence la plus élevée est enregistrée dans les fermes équipées par les matelas (91 %). Ultérieurement, Keil et al. (2006) ont démontré que la meilleure litière est la paille entière, en comparant la paille entière à la paille hachée, le copeau de bois et à la litière combinée, puisqu’elle a provoqué le moins des blessures au niveau des jarrets par rapport aux autres. Les matelas réduisent les blessures aux jarrets par rapport aux tapis (Tierney et Thomson, 2001; Livesey et al., 2002). Il faut prendre en considération l’effet de l’interaction entre le type, la qualité de la litière et la nature de la surface sur laquelle couchent les animaux (Keil et al., 2006). Finalement Zaffino Heyerhoff et al. (2014) ont confirmé les résultats publiés dans les études précédentes. Dans un premier temps, ils ont montré que les surfaces profondes et à texture souple causent moins des blessures. Dans un second temps, les auteurs se sont intéressés à tous les facteurs causant les blessures. Les blessures sont le résultat d’un environnement inapproprié. Les différentes variables sont illustrées dans la figure 1.4.

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Figure 1.4. Diagramme explicatif des interactions animal, environnement et blessures des membres en stabulation libre selon Zaffino Heyerhoff et al.(2014)

1.4.3. L’impact de la litière sur les boiteries

La boiterie a un impact majeur aussi bien sur la rentabilité de la ferme, que sur le bien-être des animaux (Cook, 2003). Alors, plusieurs études essayent d’ajuster les différents paramètres environnementaux pour réduire le risque de boiteries dans les fermes laitières ; entre autres, l’effet de litière. Par exemple, l’utilisation de sable pour les vaches protège non seulement contre les boiteries, mais aussi contre les lésions au jarret (Adams et al., 2017). En contrepartie, il est important de mentionner qu’il y a quelques études qui n’ont pas menées à des différences significatives pour l’effet des différents types des litières testées. A titre indicatif, une première étude qui a fait la comparaison entre le sable profond, le béton et les tapis couverts par le copeau de bois (De Vries et al., 2015). De même pour une deuxième étude qui a comparé le béton, les matelas souples, les tapis durs et la litière profonde (Vokey et al., 2001) et une troisième étude qui a comparé la litière accumulée et le sable profond (Eckelkamp et al., 2016a).

Dans les stabulations libres paillées, lorsque la quantité de paille est inférieure à 5 kg par vache et par jour, le nombre des vaches boiteuses augmente (Faye et Barnouin, 1988). Dans une étude menée sur 30 troupeaux au Wisconsin, Cook (2003) a constaté que la prévalence de la boiterie était plus importante pour les stalles couvertes par une matière autre que le sable (33,7 % en stabulation libre et 21,7 % en stabulation entravée) par rapport des stalles couvertes par le sable

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(21,1 % en stabulation libre et 12,1 % en stabulation entravée). De la même façon, un impact positif de la litière de sable était ressorti d’une étude réalisée par Cook et al. (2004). L’étude a comparé l’effet du sable et des matelas sur la prévalence de la boiterie chez 12 troupeaux de vaches. Cette étude a enregistré une moindre prévalence des boiteries pour les vaches disposant de logettes couvertes de sable (11,1 %) comparativement à celles utilisant des logettes couvertes de matelas (24 %).

Des résultats comparables de faibles prévalences de boiterie ont été signalés dans les fermes utilisant le sable ou la litière profonde (dans la plupart du temps du sable) par rapport aux matelas ou la litière peu profonde (Espejo et Endres, 2007; Ito et al., 2010; Cook et al., 2016). Par exemple, Andreasen et Forkman, (2012) ont rapporté que le sable améliorait le confort des vaches laitières. Ainsi selon leurs résultats, le sable a engendré la moindre prévalence de boiterie (44 %) par rapport aux tapis et aux matelas (61 % et 60 %, respectivement). Lobeck et al., (2011) ont trouvé que le risque de boiteries pour les vaches placées sur une litière accumulée compostée était significativement inférieur à celui des vaches placées sur le sable. De même pour la litière recyclée, les troupeaux couchant sur la litière recyclée profonde avaient une prévalence plus faible de boiterie que les troupeaux couchant sur des matelas (Husfeldt et Endres, 2012).

La litière profonde offre une surface de couchage confortable qui affecte le comportement de coucher des vaches boiteuses, influençant leur rétablissement et réduisant ainsi le risque de boiterie (Cook et al., 2008). Malgré l’importance des litières profondes pour le confort des vaches laitières, seulement 11 % des fermes (stabulation libre) au Canada utilisent le sable (Solano et al., 2015). Finalement, la figure 1.5 explique les interactions possibles des facteurs causant la boiterie.

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Figure 1.5. Diagramme explicatif des interactions ; animal, environnement et boiterie en stabulation libre selon Solano et al. (2015)

1.4.4. L’impact de la litière sur la propreté

Normalement, un des rôles d’une bonne litière est de garder les vaches propres et sèches tout en minimisant les besoins quotidiens en main-d’œuvre (Chaplin et al., 2000). Chaplin et al. (2000) ont montré que les vaches couchées sur des matelas souples étaient plus sales que celles couchées sur des tapis durs. De même pour la propreté des pis, les pis des vaches couchées sur les matelas ont été significativement plus sales. L’explication selon ces chercheurs est la suivante : lorsque le temps de repos augmente sur les surfaces souples, la durée d’exposition de l’animal à la saleté augmente aussi, comparativement aux surfaces dures. Toutefois, Hultgren et Bergsten (2001) ont conclu que les tapis en caoutchouc avaient considérablement amélioré la propreté de la partie postérieure des vaches en stabulation entravée par rapport au béton.

Il existe un certain désaccord à propos de l’influence du sable sur la propreté des vaches. Bewley et al. (2001) ont trouvé que les éleveurs utilisant le sable en stabulation libre ont été plus satisfaits de la propreté et la santé des pis de leurs vaches par rapport à ceux utilisant des matelas. Par contre, Fulwider et al. (2007) ont trouvé que les vaches couchées sur les matelas ou les lits remplis d’eau étaient plus propres que celles couchées sur le sable à cause de la capacité du sable

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souillé de fumier de s’accrocher au corps de la vache. Les auteurs ont conclu que les trois types de matériaux, utilisés pour les surfaces de coucher, pouvaient être utiles avec la bonne gestion (la fréquence de renouvellement de litière, la quantité de litière, la fréquence du nettoyage). Un essai a été réalisé par l’équipe de Barbari et al. (2008) pour étudier l’effet de la litière de fumier recyclé fraîche sur le confort des vaches. La propreté des vaches était l’un des paramètres de cette étude. La litière de fumier recyclée fraîche a été comparée à la paille hachée et entière, aux copeaux de bois et aux matelas (avec et sans litière). Le pourcentage des vaches sales couchées sur la litière de fumier recyclée était plus élevé chez celles couchées sur des matelas sans litière que chez celles couchées sur des matelas couverts par les copeaux de bois.

Lobeck et al. (2011) ont rapporté que les animaux hébergés dans des endroits de repos à litière accumulé présentaient un score global d’hygiène plus élevé (plus sales) que les systèmes ventilés à litière de sable (3,18 vs 2,77 respectivement). Le score global d’hygiène le plus élevé a été dû probablement à des scores d’hygiène hivernaux plus élevés dans les endroits de repos à litière accumulée. Les producteurs ont signalé avoir de la difficulté à maintenir la litière accumulée sèche et à une température optimale en hiver (Lobeck et al., 2011). L’humidité élevée de la litière permet au matériel souillé de coller plus facilement aux animaux, ce qui diminue le score d’hygiène (Eckelkamp et al., 2016). Eckelkamp et al. (2016) n’ont pas enregistré de différence du score moyen d’hygiène des vaches entre la litière accumulée (2,19 ± 0,05) et le sable (2,26 ± 0,06). D’après ces auteurs, cela indique que les animaux des deux systèmes restaient propres tout au long de l’étude. Ces résultats semblent en accord avec ceux de Van Gastelen et al. (2011) qui n’ont noté aucune différence entre les différents types des matériaux (litière accumulée, litière recyclée de chevaux et matelas) pour tous les paramètres de mesure de la propreté (propreté de pis, propreté de flanc, propreté des membres et propreté de la partie arrière de la vache). De même pour Gouin Legault (2012) qui n’a pas remarqué de différence au niveau de la propreté des vaches couchées sur le panic érigé haché ou sur la paille d’avoine. Selon l’auteur, la capacité d’absorption de la litière est la clé de garder les animaux propres.

1.4.5. L’impact de la litière sur le temps de repos

Le repos est un comportement nécessaire pour la croissance (Mogensen et al., 1997a), la productivité (Mogensen et al., 1997b) et le confort des bovins (Haley et al., 2000). Lorsque les vaches sont incapables de se reposer suffisamment, des signes de stress et d’épuisement physique

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sont observés (Phillips, 2002). Il faut être prudent lors de l’évaluation du temps de repos, car parfois le temps de repos augmente à cause des facteurs d’inconfort, tels que la boiterie (Solano et al., 2015).

Lors de tests de préférence, les vaches ont montré une nette préférence aux logettes paillées et logettes équipées de tapis comparativement aux logettes couvertes de sable (20 cm d’épaisseur) (Manninen et al., 2002; Norring et al., 2008). Quatre-vingts pourcent des positions couchées ont été observées sur tapis et seulement 20 % sur du béton paillé (Norring et al., 2010). Alors que d’autres études ont montré que les vaches préféraient le sable en comparaison avec les litières organiques, ainsi elles se couchent plus longtemps lorsque le sable est profond et bien reparti (Lombard et al., 2010).

L’humidité de la litière, tout comme la qualité de la litière, influence le temps de repos des vaches laitières. Une étude, réalisée au Canada, avait pour objectif de tester deux niveaux d’humidité (sèche ou humide) sur le confort des vaches (Fregonesi et al., 2007). Dans un premier temps, les vaches ont été exposées à un test de préférence. Elles ont préféré la litière sèche. Dans un deuxième temps, un seul type de litière a été disponible (soient des logettes au plancher recouvert de copeaux secs ou humides). L’accès à la litière sèche a augmenté le temps de repos à 13,8 heures par jour par rapport à seulement 5 heures par jour lorsqu’elles ont été obligées à coucher sur la litière humide (Fregonesi et al., 2007). Reich et al. (2010) ont rapporté des résultats comparables. Leur expérience consistait à comparer l’effet de cinq taux d’humidité de la sciure de bois sur le temps passé couché des vaches laitières logées en stabulation libre durant la saison estivale et hivernale. Les taux de la matière sèche des cinq traitements étaient les suivants (moyenne ± ET) : 89,8 ± 3,7, 74,2 ± 6,4, 62,2 ± 6,3, 43,9 ± 4,0 et 34,7 ± 3,8 %. La MS de la litière a affecté le temps de repos, avec une moyenne de 10,4 ± 0,4 h/j sur le traitement le plus humide et de 11,5 ± 0,4 h/j sur la litière la plus sèche. Le temps de repos variait avec la saison, atteignant en moyenne 12,1 ± 0,4 h/j entre les traitements en hiver et 9,9 ± 0,6 h/j en été. Tucker et al. (2007) ont comparé le comportement de deux groupes de vaches, pour démontrer l’importance de l’abri, a prouvé que les vaches maintenues à l’extérieur dans des conditions humides ont passé moins de temps couchées (4 h/jour) par rapport celles maintenues sous abri (12 h/jour).

De nombreuses études ont montré que le temps de repos augmentait avec l’augmentation de la quantité de la litière (Drissler et al., 2005 ; Tucker et al., 2003 ; 2009 ; Solano et al., 2015 ;

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Morabito et al., 2017) . Le dépôt de 7,5 kg de sciure sèche sur des matelas augmente le temps de repos de 1,5 heure et le nombre de périodes couchées de 1,5/jour comparativement à des stalles équipées seulement par des matelas (Tucker et Weary, 2004). D’ailleurs, les vaches préfèrent les tapis et les matelas aux surfaces bétonnées (Haley et al., 2000 ; 2001) et litière profonde aux tapis (Van Gastelen et al., 2011). Les vaches ont des difficultés à se coucher sur des planchers de ciment (Rushen et al., 2007). Elles ont passé deux heures de moins en repos sur ces surfaces et souffrent davantage des blessures aux genoux que les vaches qui ont accès à un tapis de caoutchouc (Haley et al., 2001; Rushen et al., 2007). Les surfaces de repos souples améliorent non seulement le confort des vaches en augmentant la durée totale de repos (Chaplin et al., 2000 ; Van Gastelen et al., 2011), mais aussi la capacité de lever et coucher en augmentant le nombre de fréquences de repos (6-13 fois d’une durée de 55 à 90 minutes) (Haley et al., 2001). Une étude récente a montré que le comportement de repos des vaches boiteuses gardées dans des enclos-hôpitaux individuels (hospital pens) était affecté par le type de surface de couchage (Bak et al., 2016). Les vaches boiteuses avaient moins de difficulté à se coucher sur la litière profonde (sable) que sur les surfaces couvertes en caoutchouc, indiquant que le sable profond était plus confortable pour ces vaches (Bak et al., 2016).

1.4.6. Impact de la litière sur la santé du pis

Plusieurs études se sont intéressées à l’effet de la gestion de la litière sur la santé de pis (Barberg et al., 2007 ; Lobeck et al., 2011 ; Black et al., 2014 ; Eckelkamp et al., 2016). Les matériaux de litière peuvent être une source d’exposition bactérienne aux trayons (Eckes et al., 2001). De même, la propreté des vaches est un facteur relié à la santé de pis. Ainsi, le maintien de pis propres et secs réduit le risque des infections intra-mammaires (Neave et al., 1969). Une étude a montré que l’effet bénéfique de la litière accumulée sur la propreté des pis et des membres arrière des vaches se manifeste avec les bonnes pratiques (le renouvellement de la litière) (Black et al., 2013).

Une autre étude a été réalisée au sein 113 fermes laitières réparties dans cinq états américains (Wisconsin, Minnesota, New York, Iowa, Indiana) pendant une période de 4 mois. Durant cette étude Fulwider et al. (2007) ont utilisé le taux de nouvelles infections mammaires comme outil indirect pour mesurer le confort des vaches laitières dans les étables en stabulations libres, à litière accumulée, à litière profonde (sable), des étables équipées de tapis et de matelas pour les aires de repos. Le type de la surface de repos n’a pas affecté significativement le nombre de

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cellules somatiques. Mais, Fulwider et al., (2007) ont signalé une corrélation positive et significative entre le nombre de cellules somatiques et le score de lésions des jarrets le plus élevé (r = 0,32, P = 0,003), entre le nombre de cellules somatiques et le taux annuel de mortalité (r = 0,34, P = 0,002) et entre le nombre de cellules somatiques et le pourcentage de vaches boiteuses le jour de la visite (r = 0,45, P <0,001).

Ultérieurement, Lobeck et al. (2011) ont utilisé l’infection par la mammite pour tester le confort des vaches laitières hébergées dans les étables en stabulation libre à litière accumulée et les étables en stabulation libre à ventilation naturelle. Une vache était considérée infectée lorsque le SCC était supérieur à 200 000 cellules/ml. En se basant sur leur modèle statistique le type d’aménagement de l’étable n’était pas associé à l’infection par la mammite (i.e. aucune différence significative n’a été enregistrée entre les trois types d’étables). Dans une autre étude, la prévalence des vaches infectées dans les étables à litière accumulée (33,4 %) était similaire de celles qui ont signalé dans 12 étables à litière accumulée (27,7 %) (Barberg et al., 2007). La bonne gestion de la litière est plus importante que la nature de la litière elle-même selon Adams et al. (2017). D’ailleurs, les pratiques de gestion appropriées restent la clé de la réussite de l’exploitation pour réduire les prévalences des mammites et améliorer la qualité du lait (Rowbotham et Ruegg, 2015). Surtout, la propreté de l’étable en générale et la fréquence du nettoyage des enclos de vêlage en particulier (Dufour et al., 2011).

Le choix d’une bonne litière n’est pas facile à faire, ce choix est lié aux installations de l’étable, au budget, à la disponibilité de la litière, au nettoyage et à la qualité de la litière. Plusieurs études démontrent que l’essentiel pour la vache est de pouvoir se coucher sur une surface molle, douce, stable, antidérapante, propre et sèche (Vanegas et al., 2006; Fregonesi et al., 2007; van Gastelen et al., 2011; Husfeldt et Endres, 2012; Balbian, 2013). Entre autres, la quantité de litière agit sur le confort des vaches (tableau 1.7). Une litière profonde peut aider à réduire l’apparition de blessures (Rushen et al., 2007) et à augmenter le temps de repos (Lombard et al., 2010). L’idéal est de maintenir une couche de 76 à 102 mm (3 à 4 po) de paille, de bran de scie ou de copeaux de bois. Il est toutefois difficile de maintenir uniforme une telle quantité de litière (House et al., 1995).

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0. Effet de litière sur le confort des vaches laitières en fonction de type et de profondeur

Type de litière Profondeur Effet sur le confort Références

Sable Profonde + Andreasen et Forkman,

2012 Matelas et aux tapis en

caoutchouc

NA - Andreasen et Forkman,

2012

Sable Profond + Lombard et al., 2010

Matelas et aux tapis en caoutchouc

NA - Lombard et al., 2010

Sable Profonde + Van Gastelen et al., 2011

Litière accumulée compostée

Profonde + Van Gastelen et al., 2011

Matelas NA - Van Gastelen et al., 2011

Sciure de bois 7 cm - Weary et Taszkun, 2000

Sable 15 cm + Weary et Taszkun, 2000

Matelas NA - Weary et Taszkun, 2000

Litière de fumier recyclé 9 kg/ vache/J + Barbari et al., 2008 Copeaux de bois >2kg/vache/J + Barbari et al., 2008 Copeaux de bois <1kg/vache/J - Barbari et al., 2008

Matelas 0 - Barbari et al., 2008

Quel que soit la litière <= 2 cm - Solano et al., 2015 Quel que soit la litière >2cm + Solano et al., 2015

Sable Profonde + Adams et al., 2017

Paille <5kg/ vache/J - Faye et Barnouin, 1988

Litière de fumier recyclé Profonde + Husfeldt et Endres, 2012

Matelas - Husfeldt et Endres, 2012

Sable 20 cm + Norring et al., 2008

Béton paillé NA - Norring et al., 2010

Béton - Haley et al., 2001

Tapie en caoutchouc + Haley et al., 2001

Litière accumulée Profonde + Black et al., 2013

Litière accumulée Profonde + Lobeck et al., 2011

Paille 7.6 à 10.2 cm + House et al., 1995

Figure

Tableau 1.2. Notation des blessures aux jarrets, aux genoux et au cou utilisée par le programme  proAction®
Figure 1.1. Évaluation de la propreté utilisée par le programme proAction®  Tirée de Lévesque et al
Figure 1.2. Les différentes positions de repos selon Anderson (2008)
Tableau 1.4. Description des étapes de « coucher » et « lever »
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