Discussion

D’une manière générale, une litière souple et profonde réduit les prévalences des blessures au niveau des genoux et des jarrets. Husfeldt et Endres (2012) ont observé une amélioration du confort des vaches dans les fermes utilisant la litière de fumier recyclée. Selon leurs résultats, la litière de fumier recyclée diminue les prévalences des blessures aux jarrets (40-53 %) par rapport aux matelas couverts ou non de litière conventionnelle (63-72 %). Un autre essai expérimental a été réalisé, sur une ferme commerciale auxÉtats-Unis durant deux mois, dans le but de comparer l’effet de litière organique (la litière de fumier recyclée [RMS]) par rapport à l’effet de litière inorganique (calcaire dolomitique [DL]) sur le confort des vaches laitières. La litière de fumier recyclé diminue les prévalences des blessures aux jarrets (Hippen et al., 2007). Les mêmes auteurs ont démontré une corrélation positive entre la saleté et les blessures. Les vaches sales ont été plus souvent les mêmes vaches blessées.

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En moyenne, la prévalence de la boiterie au Canada est de l’ordre de 24% en stabulation entravée (Bouffard et al., 2017). Cette moyenne est le résultat d’une grande variété des prévalences de la boiterie dans les étables à stabulation entravée. Chaque étable à ses particularités en plus que la boiterie est un indicateur de confort multifactoriel. C’est l’exemple dans notre expérience, la prévalence de départ était de l’ordre de 67%. Le logement des vaches sur les différents types des litières testés n’a eu aucun effet sur la diminution des prévalences de boiterie. Plusieurs études ont trouvé le même résultat, c'est-à-dire aucunes différences significatives entre les litières utilisées. En opposition, d’autres études ont rapporté qu’une litière profonde et souple réduit le risque de boiterie. Husfeldt et Endres (2012) ont observé une diminution des prévalences de boiterie chez les vaches logées en stabulation libre sur la litière de fumier recyclé comparativement à celles logées aux matelas couverts ou non de litière conventionnelle. Des résultats comparables de faibles prévalences de boiterie ont été signalés dans les fermes utilisant le sable ou la litière profonde (dans la plupart du temps du sable) par rapport aux matelas ou la litière peu profonde (Espejo et Endres, 2007; Ito et al., 2010; Cook et al., 2016). Un essai a été réalisé par l’équipe de Barbari et al. (2008) pour étudier l’effet de la litière de fumier recyclée fraîche sur le confort des vaches. La litière de fumier recyclée fraîche a été comparée à la paille hachée et entière, aux copeaux de bois et aux matelas (avec et sans litière). Le plus intéressant de cette étude c’est qu’elle que soit le type de la litière utilisée lorsque la quantité des litières dépasse les 2 kg le score de locomotion diminue.

La présente étude montre une relation positive entre l’utilisation de la litière de fumier recyclé et l’augmentation des scores de propreté (vaches plus sales), ce qui est en accord avec l’étude de Barbari et al. (2008) comparant l’effet de litière de fumier recyclé à la paille. En particulier, la propreté au niveau des trayons qui est en relation étroite avec les mammites (Husfeldt et Endres, 2012). Nos résultats montrent que l’utilisation de la litière de fumier recyclé a diminué la propreté des trayons (score ≥ 3). Ces résultats peuvent être expliqués par le taux d’humidité de la litière de fumier recyclé qui a été plus élevé que celui de la paille. De plus, les vaches avec de la litière de fumier recyclé était significativement plus sales que celles de la paille hachée. L’humidité élevée de la litière permet au matériel souillé de coller plus facilement aux animaux, ce qui augmente le score d’hygiène (Eckelkamp et al., 2016). Bien que la litière de fumier recyclée améliore la propreté des vaches laitières selon l’étude de Hippen et al. (2007), les auteurs ont expliqué leurs résultats de la même façon ; le calcaire dolomitique a été moins

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absorbant et plus collant aux poils des vaches. Comme plusieurs études précédentes, nous n’avons pas enregistré des différences significatives pour la propreté des pattes et des pis en fonction des traitements. Eckelkamp et al. (2016) n’ont pas enregistré de différence du score moyen d’hygiène des vaches entre la litière accumulée et le sable. Ces résultats semblent en accord avec ceux de Van Gastelen et al., 2011) qui n’ont noté aucune différence entre les différents types des matériaux (litière accumulée, litière recyclée de chevaux et matelas) pour tous les paramètres de mesure de la propreté (propreté de pis, propreté de flanc, propreté des membres et propreté de la partie arrière de la vache). De même pour Gouin Legault (2012) qui n’a pas remarqué de différence au niveau de la propreté des vaches couchées sur le panic érigé haché ou sur la paille d’avoine. Selon l’auteur, la capacité d’absorption de la litière est la clé de garder les animaux propres.

Le temps passé couché n’a pas été influencé par le changement de litière. Par contre, il est important de mentionner que les valeurs trouvées de temps passé couché ont été dans les normes (tableau 2.6) malgré le taux d’humidité élevé de la litière de fumier recyclé (figure 2.4). Dans les conditions optimales, le temps standard passé au repos en stabulation entravée varie entre 12 à 14 heures par jours (Haley et al., 2001).De plus, l’accès à de la litière sèche a augmenté le temps de repos à 13,8 heures par jour par rapport à 5 heures par pour les vaches qui ont accès à la litière humide (Fregonesi et al., 2007). C’est évidant que les vaches ont eu des difficultés à se coucher sur les surfaces dures (Rushen et al., 2007) et qu’elles ont été plus à l’aise avec la litière profonde (Solano et al., 2015 ; Morabito et al., 2017). Ces deux derniers points peuvent expliquer nos résultats de la sorte ; d’une part, le type de litière n’a pas d’influence sur le temps passé couché c’est plus la souplesse de matériel qui affecte ce paramètre de confort. D’autre part, cinq centimètres est un minimum de profondeur suffisant, ce qui est similaire aux constatations de House (2012) pour assurer le confort des vaches laitières de moins pour le temps passé couché. L’aisance de lever et de coucher est caractérisée depuis longtemps comme un bon paramètre d’évaluation de l’environnement des vaches laitières (Lidfors, 1989). La facilité de lever de coucher parmi les principaux critères à regarder. Elle est déterminée par le temps nécessaire pour réaliser le mouvement et d’une manière générale, plus la durée est courte mieux c’est (Gustafson et Lund-Magnussen, 1995). La durée moyenne du mouvement de coucher est de 8 secondes tandis que la durée moyenne du mouvement de lever varie entre 5 à 10 secondes (Lensink et Leruste, 2012). Les valeurs enregistrées pour les mouvements et pour les trois traitements étaient

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dans cette plage. Herlin (1997) a démontré que les surfaces souples ont facilité les mouvements de lever et de coucher lorsqu’il comparait l’effet de béton et deux types de tapis en caoutchouc sur l’aisance de lever et de coucher. Dans notre cas, les vaches logées sur la litière de fumier recyclé 15 cm ont eu besoin plus de temps pour se lever et se coucher comparativement à celles logées sur la litière de fumier recyclé 6 cm et la paille hachée. Donc il y’a pas eu de différence entre la souplesse de la paille hachée et la litière de fumier recyclé, en revanche la profondeur de litière a été la cause principale d’allongement des durées des mouvements de lever et de coucher. À la lumière de ces résultats la profondeur 6 cm est une profondeur adéquate pour le comportement de confort étudié.

Conclusion

La comparaison entre les différentes litières de fumier recyclé, 6 et 15cm, et la paille hachée n’a pas montré d’effet sur les prévalences des blessures, la boiterie, le temps passé couché et la propreté des pis et des membres. Par contre, la litière de fumier recyclé a réduit la propreté des trayons, du haut des flancs et du bas des flancs à cause de son humidité et sa saleté plus élevée comparativement à la paille hachée. Une profondeur de litière de 6 cm a été adéquate pour obtenir un temps passé couché et des temps de lever et de coucher dans les normes. Ainsi, la litière de fumier recyclé pourrait être une bonne alternative à la litière de paille pour les vaches laitières maintenues en stabulation entravée, sur la base des indicateurs de confort mesurés, mais son utilisation nécessite une plus grande attention au nettoyage des trayons lors de chaque traite.

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Conclusion générale

La problématique générale qui a mené au présent projet est la suivante : les prix élevés de la litière conventionnelle et la difficulté de la fournir dans toutes les saisons comparativement à la litière de fumier recyclé (Leach et al., 2015). Cette dernière est avantageuse par sa disponibilité en tout temps. En plus, les études réalisées pour l’évaluation du confort des vaches laitières, logées sur la litière de fumier recyclé en stabulation libre, montrent une amélioration des indices de confort (Husfeldt et Endres, 2012), ce qui encourage à étudier l’effet de ce nouveau type de litière sur les vaches logées en stabulation entravée.

Deux hypothèses ont été émises : la litière de fumier recyclé peu profonde n’influence pas le confort par rapport à la paille peu profonde alors que la litière de fumier recyclé profonde améliore le confort des vaches laitières en stabulation entravée par rapport aux litières moins profondes. Pour confirmer ou réfuter ces hypothèses, l’objectif principal de ce projet de maitrise était de comparer l’impact de litière conventionnelle de la paille hachée (6 cm de profondeur) par rapport celui de la litière de fumier recyclé en deux profondeur (6 cm et 15 cm) sur différents indicateurs de confort de 18 vaches logées en stabulation entravée.

La comparaison de litière de fumier recyclé à 6 cm, 15 cm et la paille hachée montre que la litière de fumier recyclé n’a aucun effet sur les prévalences des blessures, la boiterie, le temps passé couché et la propreté des pis et des membres. Par contre, la litière de fumier recyclé réduit la propreté des trayons, du haut des flancs et du bas des flancs comparativement à la paille hachée. Aussi, la surface de litière de fumier recyclé était significativement plus humide et sale que celle de la paille hachée. La profondeur adéquate pour le temps passé couché et des temps de lever et de coucher dans les normes est celle de 6 cm.

Pour les blessures, les résultats non significatifs peuvent être expliqués par la courte durée de l’expérimentation. Il en est de même pour la boiterie, la courte durée d’expérimentation a pu joué un rôle important dans l’absence de différences entre les prévalences. Quant à la boiterie, la courte durée n’était pas le seul facteur qui est pu influencer les résultats. La prévalence de la boiterie était déjà très élevée au départ (67 %) par rapport à la moyenne canadienne stabulation entravée (24%) (Bouffard et al., 2017). En plus, avec le dispositif utilisé pour conserver la litière, les observateurs ont eu des difficultés de marquer le comportement « onglon sur le rebord » à

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cause de la configuration de la stalle. La durée de l’expérimentation peut donc être un sujet important recherche c'est-à-dire déterminer les périodes nécessaires et exactes pour l’évaluation des blessures et de la boiterie.

« Une litière sèche est la clé de garder les animaux propres » (Fulwider et al., 2007). Dans notre cas, la surface de litière de fumier recyclé était significativement plus humide et sale que celle de la paille hachée. Ce qui influence automatiquement la propreté des trayons des vaches logées sur la litière de fumier recyclé. De plus, l’expérimentation a été réalisée en hiver. La saison peut avoir joué un rôle sur l’humidité des matériaux. D’ailleurs, en été 2018, la matière sèche de la litière de fumier recyclé sous les vaches dépassait les 50% comparativement à 35% en hiver. Cette différence semble intéressante pour étudier l’effet de la saison. Le facteur saison n’était pas abordé dans cette recherche. En plus, l‘instabilité de la matière de la litière de fumier recyclé tout au long de l’expérience à cause de la mise en place du dispositif de séparation de la litière de fumier recyclé pourrait être un autre facteur des résultats enregistrés de l’humidité.

Le temps passé couché n’a pas été influencé par le changement de type et profondeur de la litière. Les vaches ont été couchées environ 14 h/ jours sur toutes les litières testées, ce qui est dans les normes pour la stabulation entravée et ce qui signifie que le changement vers la litière de fumier recyclé 6 cm ne réduit pas les heures passées couchées. Finalement, les vaches logées sur la litière de fumier recyclé 15 cm ont besoin de plus de temps pour se lever et se coucher comparativement à celles logées sur la litière de fumier recyclé 6 cm et la paille hachée. La profondeur a été la cause principale d’allongement des durées des mouvements de lever et de coucher. Comme pour le temps passé couché, la profondeur 6 cm est une profondeur adéquate pour ce comportement.

En conclusion, à la lumière de tous ces résultats, la litière de fumier recyclé pourrait être une bonne alternative pour la litière de paille des vaches laitières en stabulation entravée, sur la base des indicateurs de confort mesurés, mais son utilisation pourrait nécessiter plus d’attention portée au nettoyage des trayons lors de la traite.

En guise de perspectives futures, puisque l’effectif des vaches qu’on a utilisé aurait pu être plus important, en plus des points cités au paravent, nous proposons de refaire la même expérience en

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été pour tester l’effet saison, augmenter l’effectif de la population étudié et allonger la durée de l’expérimentation.

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