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Zhonghua minzu et sa portée conceptuelle····························

Chapitre 1. La notion de minzu, la question terminologique et l’histoire concep-

1.5. Minzu, nouveau débat sur le réajustement linguistique·························

1.5.3. Zhonghua minzu et sa portée conceptuelle····························

Contrairement à l’URSS qui a trop tardé à initier une formulation de la nation soviétique comme discours cohésif des populations ethniquement diversifiées, la PCC en même temps qu’il institutionnalise les minzu minoritaires, ne renonce jamais à la construction discursive de la nation chinoise. Il continue à s’en tenir à sa stratégie lors de la guerre contre le Japon, à savoir le maintien de la dualité conceptuelle de minzu qui désigne la nation et tout à la fois les groupes de population qui les composent. L’ethnologue con- temporain renommé Fei Xiao-tong a développé à ce sujet, une formulation qui est de- puis lors considérée comme classique :

J’utilise le mot zhonghua minzu pour désigner le milliard habitants ayant une identité nationale commune dans les limites du territoire de la Chine. Les cinquantaines de minzu compris sont la diversité, et le zhonghua minzu est l’unité. Bien qu’ils soient appelés minzu, leurs échelles sont différentes. [...]Le zhonghua minzu est une entité comportant les cinquante-six minzu pré- sents sur le territoire de la RPC, non pas un terme générique désignant l’agrégat des cinquante-six minzu parce que ces cinquante-six minzu regrou- pés se sont déjà unis comme une entité interdépendante, unifiée et indivisible, dont les constituants sont dotés d’une identité de minzu à une échelle supé- rieure, soit l’émotion et la morale de partager les joies et les peines, l’exis-

shuo ZHENG (dir.), Globalization and Identification - The Paradox of Contemporary Chinese Nationalism ( in tradi- tional Chinese), Hong Kong, City University of Hong Kong Press, 2012 (陈彦:《中国当代民族主义的悖论及

其特征》,载陈彦、郑宇硕主编:《认同与全球化——当代中国民族主义悖论》(繁体中文),香港,香 港城市大学出版社,2012 年)

219 Stevan H

ARRELL, « Des difficultés à l’égard de la traduction du concept de minzu », (2010) 108 Chinese Social Science Today(郝瑞:《“民族”概念翻译中的难题》,《中国社会科学报》2010 年 7 月 22 日第 108 期)

tence et la mort, l’honneur et la honte, et le sort. J’en déduis l’idée de mul- tihiérarchie de l’identité de minzu. Dans cette structure d’unité dans la diver- sité, les cinquante-six minzu sont la hiérarchie de base, et le zhonghua minzu est la hiérarchie supérieure.220

(Traduit par moi)

Voici le concept de « l’unité pluraliste de la nation chinoise » qui a obtenu le soutien du gouvernement chinois. Il n’en demeure pas moins que cette formulation limitant le

zhonghu minzu aux frontières du pays est remise en question par la diaspora chinoise à

l’étranger. Pour ce groupe d’ethnicité chinoise, mais ayant une citoyenneté étrangère, le zhonghua minzu est un concept ethnoculturel plutôt que politico-juridique. Selon les Chinois d’outre-mer, le zhonghua minzu est une ethnie qui est liée à la culture chinoise et ce concept est d’ores et déjà largement accepté sans aucune implication politique, par ceux qui à l’étranger ont reçu une éducation chinoise ou relative à la Chine. Ils préfèrent zhonghua minzu à zhongguoren parce que ce dernier terme évoque l’idée de citoyen de la République populaire de Chine. Il faut pourtant souligner que ceux qui s’identifient eux-mêmes au zhonghua minzu aiment invoquer deux autres désignations présumées synonymes du zhonghua minzu : les descendants des Empereurs Yan et Huang et les descendants du dragon. La vérité est que les Empereurs Yan et Huang et le dragon sont tous les représentations mythiques des Han ! La correspondance du

zhonghua minzu avec les descendants des Empereurs Yan et Huang ou du dragon chez

la diaspora chinoise rétrécit le champ significatif de ce même terme employé en Chine. Autrement dit, ce terme qui n’a pas de sens ethnique en Chine décrit une réalité ethnique hors de la Chine.

220 Xiao-tong F

EI, La structure de la diversité dans l’unité de la nation chinoise, édition révisée, Beijing, Central

University for Nationalities Press, 1999, p.3 et p.13( 费孝通:《中华民族多元一体格局》,修订版,北京, 中央民族大学出版社,1999 年)

Cela aussi pose une question aux libéraux chinois qui favorisent la construction de la nation chinoise dans une perspective de citoyenneté libérale et de constitutionnalisme patriotique. Pour eux, le zhonghua minzu devra être le concept de base qui règne sur les cinquante-six ethnies et qui façonne l’allégeance du citoyen individuel par rapport à la nation dont les limites territoriales sont les frontières de la RPC. Autrement dit, la ci- toyenneté et la nationalité chinoises sont congrues. Ainsi, la diaspora chinoise n’en fera pas partie. Cependant, les dirigeants communistes tendent à employer ce terme au sens plus étendu pour nommer tous les « Chinois » liés, politiquement, juridiquement, cul- turellement et ethniquement à la RPC.

Bilan : le concept de minzu en contestation

Lisons maintenant des extraits de la Constitution en vigueur de la RPC. Et commençons par une version française221 :

À partir de 1840, la Chine féodale est peu à peu devenue un pays semi-colonial, semi-féodal. Pour gagner l’indépendance nationale, la libération des ethnies et les li- bertés démocratiques, le peuple chinois a entrepris des combats courageux qui se sont succédé les uns aux autres. (Le préambule, 2e paragraphe)

En 1949, toutes les ethnies de Chine, sous la direction du Parti communiste chi- nois mené par le Président Mao Zedong, après une longue période pleine de vicissi- tudes et de combats difficiles, qu’ils soient sous forme armée ou d’autres formes, ont finalement renversé l’impérialisme, le féodalisme et le capitalisme bureaucratique. (Le préambule, 5e paragraphe)

La République populaire de Chine est un pays multiethnique unifié fondé en com- mun par toutes les ethnies du pays. [...] Dans le combat pour la sauvegarde de l’union des ethnies, il faut s’opposer au chauvinisme de grande ethnie, et en particulier au chauvinisme grand Han, il faut aussi s’opposer au nationalisme local. L’État doit con- sacrer tous ses efforts à la prospérité commune de toutes les ethnies. (Le préambule, 11e paragraphe)

Elle continue de s’opposer à l’impérialisme, à l’hégémonisme et au colonialisme, elle renforce sa solidarité avec les peuples du monde entier, soutient les ethnies oppri- mées et les pays en voie de développement dans leur juste lutte pour l’acquisition et la protection de leur indépendance nationale et le développement de leur économie na-

tionale, elle consacre tous ses efforts au maintien de la paix mondiale et au progrès de

l’humanité. (Le préambule, 12e paragraphe)

221 http://www.chine-informations.com/guide/constitution-de-la-republique-populaire-de-chine_3258.html consulté

Toutes les ethnies de République populaire de Chine sont égales. L’État protège les droits et intérêts légitimes de toutes les ethnies, maintient et développe des relations interethniques fondées sur l’égalité, la solidarité et l’entraide. Toute discrimination ou oppression d’une ethnie, quelle qu’elle soit, est interdite ; tout acte visant à briser l’unité nationale et à établir un séparatisme ethnique est interdit. (L’article 4)

Les organes autonomes des zones ethniques autonomes administrent librement l’éducation, les sciences, la culture, la santé et les sports de la zone, protègent et or- donnent le patrimoine culturel ethnique, développent et font rayonner la culture des

ethnies. (L’article 119)

Dans cette version, traduite et interprétée par le traducteur, les mots que je souligne en gras sont tous à l’origine d’une même notion chinoise, celle du minzu. Il convient d’imaginer la perplexité d’un citoyen chinois lorsqu’il lit la loi fondamentale de son pays. Un tel concept comme celui de minzu, une fois inscrit dans la langue juridique se devait d’être précis, explicite et univoque. Toutefois, le terme en question, qui apparaît dans le texte juridique – notamment dans le texte de la loi fondamentale d’un État – a parfois des significations bien variées. Il est utilisé tantôt dans le sens de « nation chi- noise », porteuse de la souveraineté, par opposition à d’autres États-nations dans le monde, tantôt dans le sens de « groupes ethniques », soit des subdivisions de la nation chinoise.

Cette ambiguïté sémantique est « avant tout une décision réfléchie, moins soucieuse de scientificité que d’efficacité politique »222 si l’on considère le cheminement de l’his- toire de ce concept. Cette ambiguïté remonte loin dans l’histoire de la Chine. Depuis le début de son introduction, elle agite et conditionne la politique identitaire de l’Empire

222 Joël T

HORAVAL, « L’usage de la notion d’« ethnicité » appliquée à l’univers culturel chinois», (1999) Perspectives chinoises

du Milieu. Les intellectuels et les autorités chinoises ont voulu, à un moment, rejeter ce concept, mais ils ont finalement dû continuer à en faire usage.

Les discours modernes chinois, peu importe les questions sociales ou idéologiques, sont articulés dans une large mesure dans des termes qui sont créés et normalisés par des traductions de type occidental. La notion de nation, sans nul doute, n’y échappe pas. Le terme nation dans son sens moderne, dès son apparition en Europe occidentale, consti- tue l’un des concepts fondamentaux de la politique et des sciences sociales. Ils sont devenus indispensables comme slogans de mobilisation particulièrement pour ceux qui s’engagent dans des conflits de pouvoir. Par sa nature manipulable due à son ambiguïté sémantique difficile à définir, ce concept fait l’objet de contestations interminables, parce qu’il porte des sens variés selon les nouvelles circonstances et les nouveaux en- vironnements sociaux. Par l’instrument de la traduction, toute société acquiert de nou- veaux concepts ; elle les emprunte et les adapte selon les nouveaux besoins.

La Chine a introduit ce nouveau concept de nation, au moment même où la modernisa- tion était engagée à la fin du 19e siècle, transition de l’Empire à l’État-nation par le prisme de la traduction des langues occidentales d’abord et par l’interprétation japo- naise des textes occidentaux ensuite. Ce concept d’origine occidentale est ambigu, con- troversé ; il est contesté notamment sous ses deux aspects sémantiques basés sur des interprétations françaises et allemandes bien différentes. Il semble ainsi inévitable que la traduction tende à ne pas pouvoir saisir le sens de la langue d’origine lors de sa trans- mission d’un contexte à l’autre. Cette inévitabilité est d’autant plus susceptible d’émer- ger que la société réceptrice est dotée d’une histoire, d’un ensemble d’institutions, d’une culture politique, d’une structure démographique et d’une langue complètement

différentes. Les obstacles à la compréhension de la société étrangère par le traducteur et à la fois par l’audience sont ainsi redoutables. Dans la longue durée de l’histoire de la Chine moderne, le concept de nation ainsi que son adaptation à la société chinoise par des traductions constituent alors une entrave sémantique instable, ambigüe et indé- terminée.

Au début de son introduction en Chine sous la dernière dynastie des Qing, parallèlement à l’introduction des idées sur la diplomatie moderne basée sur le système d’État-nation, le concept de nation était interprété par les missionnaires et les diplomates étrangers, comme l’État souverain. Toutefois, c’est après le fiasco de la première guerre sino- japonaise en 1895 que le concept de nation a été présenté, expliqué et employé par les intellectuels chinois partis au Japon pour chercher des remèdes à la crise nationale. Le mot minzu est alors entré en grand usage dans le vocabulaire chinois.

Car il est plus facile pour les Chinois d’apprendre le japonais que les langues occiden- tales ; les textes japonais sont plus faciles à transférer dans le système d’écriture chi- noise. Le mot chinois minzu a donc été transféré de cette manière. Il a été emprunté directement du Kanji, avec les deux caractères du mot minzoku. Contrairement au Japon qui se trouvait par hasard être un pays insulaire uninational, ce même mot, ne corres- pondait pas à la nation chinoise, celle-ci n’étant pas une entité ethniquement homogène. Le même mot minzu était pourtant utilisé d’une façon incontestée pour désigner diffé- rents constituants humains aux confins d’un empire multinational. L’empire multina- tional de la Chine, lui, était dominé par une « nation » culturellement subordonnée et perçue comme barbare par une autre « nation » conquise, mais culturellement et démo- graphiquement dominante. Dès lors, le terme minzu joue un rôle tant centrifuge que

centripète sous la même égide d’« un État, une nation » dans le courant de la moderni- sation et de la construction de la nation chinoise.

C’est l’interprétation raciale de la nation qui a amené les révolutionnaires radicaux issus du minzu Han à déclencher une révolution contre le minzu mandchou. Les Han ont voulu avoir recours à leur nationalisme « racial » pour fonder un État des Han. Leur adversaire, les constitutionnalistes quant à eux, proposaient de fonder un État chinois qui couvre le pays chinois en son entier et qui rassemble toute la population de l’ancien empire.

La révolution – qui a vaincu – a trouvé un compromis. Devant le risque d’éclatement de la nouvelle république, d’autres minzu gouvernés autrefois par les Mandchous ten- taient, eux aussi, de s’inspirer de cette stratégie nationaliste, avec le soutien des impé- rialistes pour créer leurs propres États-nations. La République de Chine a choisi de gouverner le territoire de l’Empire renversé au nom du zhonghua minzu comme déten- teur de la souveraineté et par la suite, a initié la construction de la nation chinoise avec une approche assimilationniste qui met les Han au noyau du pouvoir.

La pensée favorisant le droit à l’autodétermination nationale (minzu zijue) qui progressa après la Première Guerre mondiale et après la Révolution d’Octobre en Russie, a attri- bué à divers minzu, notamment les minzu minoritaires dans la République, un autre genre de légitimité en matière d’indépendance nationale. L’absence d’une solidarité citoyenne révélée par l’accès à l’indépendance de la Mongolie extérieure a incité les élites chinoises à revoir le concept de nation.

Le Parti KMT au pouvoir a insisté sur le discours de zhonghua minzu. Ce serait le seul porteur du droit à l’autodétermination nationale. Ce parti utilise le terme guozu, le state

nation pour souligner la limite du concept de nation, celle-ci étant réduite à celle de

l’État. Le Parti communiste chinois, influencé par le Komintern, s’en tenait au nationa- lisme léniniste. Il reconnaissait le droit à l’autodétermination de toutes les minzu mino- ritaires même si cela devait conduire à la scission du pays. Le Parti de la jeune Chine, lui, proposait de remplacer minzu par guojia pour désigner la nation. Selon leur guojia

zhuyi, la Chine se devait promouvoir un nationalisme sur la base de la citoyenneté égale

en particulier chez les minorités dont l’ethnicité se trouvait au-dessus de la citoyenneté chinoise.

En ce temps-là, la crise territoriale s’est d’autant plus aggravée que l’invasion globale des Japonais a duré de 1937 à 1945. « Le zhonghua minzu est en grand danger » comme le chante l’hymne national de la République populaire de Chine. Le discours de divi- sion, catéchisé par l’agresseur, a obligé les patriotes chinois à entreprendre une contre- attaque nationaliste sous le couvent du zhonghua minzu. Il s’est agi toutefois d’une « dénationalisation » des minzu minoritaires présumés désunis. Le titre de minzu oc- troyé à diverses minorités a été officiellement supprimé par le gouvernement, tandis que le PCC n’a pas renoncé à sa tactique de solliciter le nationalisme des minorités pour disposer d’elles-mêmes.

La prise du pouvoir du PCC en 1949 a permis de restaurer le statut « national » des minorités selon le modèle soviétique. Par le moyen de sa mainmise politique relative à la catégorisation du minzu, la RPC a finalement reconnu cinquante-six minzu, présumés

unis par l’identité de la classe ouvrière. La théorie stalinienne de nation posait une nou- velle question de compréhension conceptuelle lors de son insertion dans l’État chinois communiste. En chinois, on ne pouvait pas trouver les mots parfaits pour correspondre au minzu pré – ou post-capitaliste. Par conséquent, les cinquante-six minzu socialistes ont été couronnés de leur titre anglais de « nationalities ». Ce terme aurait dû être ré- servé au « minzu » en phase transitoire, soit entre la tribu des périodes esclavagiste et féodale et la nation en phase capitaliste. De toute façon, le terme chinois minzu, dont le concept connotait les cinquante-six groupes ethniques identifiés par le gouvernement central s’est cristallisé. Avec la promotion constante d’une série des politiques favo- rables aux minzu minoritaires, le sens de minzu glisse graduellement vers le synonyme de minzu minoritaire (shaoshu minzu).

Durant le mouvement radical de la Révolution culturelle, les minzu sont devenus la proie de nouvelles interprétations. Cette fois-ci, la « classe » a fait disparaître la recon- naissance de minzu. Tout minzu qu’il soit majoritaire ou minoritaire, a alors fait l’objet d’une lutte des classes. Le concept de minzu est devenu un faux concept impliquant la particularisation identitaire à l’encontre de l’unification de la classe. Cette grande cala- mité politique n’a pas laissé moins de traumatisme pour les minorités que pour les Han, notamment pour ce qui concerne la mise en cause de la légitimité de l’État.

La fin de l’ère de Mao a marqué la reprise de la structure de minzu à la soviétique, sauf que l’autonomie octroyée aux minorités était strictement contrôlée par le pouvoir cen- tral. La réouverture vers l’Occident a permis à la société chinoise de faire référence à des concepts occidentaux, dont celui du groupe ethnique (l’ethnie) qui s’est permis de contester celui de minzu. Le débat autour du remplacement du terme minzu politisé par

zuqun apolitique pour désigner les cinquante-six groupes officiellement reconnus a été

déclenché. Ce débat est devenu d’autant plus vif que la désagrégation de l’URSS s’est réalisée. Des organismes gouvernementaux relatifs aux affaires des minzu ont ainsi changé leur nom anglais officiel de « natio » en celui d’« ethno », afin de ne pas signa- ler le moindrement l’encouragement à la revendication séparatiste des minorités. Ré- cemment, l’émergence de la Chine comme nouvelle puissance mondiale pousse des intellectuels chinois, notamment les nationalistes, à insister sur l’internationalisation du mot sinisé minzu dans tous les discours destinés à l’extérieur.

Or, cela n’exorcise pas la malédiction laissée par ce même mot. Depuis sa naissance, il existe une tension interne de ce mot, tension entre la division et la cohésion. D’une part, lorsqu’il est utilisé pour catégoriser les citoyens de ce pays, il crée de manière rigide une démarcation identitaire ; d’autre part, il sert de mot-clé dans la construction natio- nale destinée à unir tous les citoyens chinois. Cette tension se manifeste en particulier dans le discours général chinois envers l’autodétermination nationale (minzu zijue). Les impérialistes étrangers qui ont transgressé l’indépendance et la souveraineté de la Chine dans son histoire moderne depuis une centaine d’années ont imposé un traumatisme tellement durable et profond que les Chinois tendent à se poser en victimes d’oppres- sion par rapport à la concurrence avec d’autres États-nations. C’est pourquoi le principe d’autodétermination nationale est promu pour contrer l’intervention extérieure et pour lutter pour la libération nationale. Mais la promotion de ce principe présuppose l’exis- tence même du territoire de l’État chinois, que ce soit la République de Chine ou la République populaire de Chine. Pour ceux qui promeuvent le minzu zijue (l’autodéter-