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De l’Occident à la Chine en passant par le Japon······················

Chapitre 1. La notion de minzu, la question terminologique et l’histoire concep-

1.2. Le mot minzu, un terme agaçant·····················································

1.2.1. De l’Occident à la Chine en passant par le Japon······················

L’idée de nation est née moderne, et sa racine ancienne, on l’a vu, se trouve en France. La version chinoise, à savoir le minzu (en caractères 民族) elle aussi remonte au temps

85 Pierre B

OURDIEU, J.C. CHAMBOREDON, Jean Claude PASSERON et Beat KRAIS, Le métier de sociologue : préalables épistémologiques, Paris, Mouton de Gruyter, 2005

86 P-J. S IMON, préc., note 61, p.26-27 87 P-J. S IMON, préc., note 61, p.42 88 W. C ONNOR, préc., note 26

89 Voir par exemple, Jie-gang Gu, « La nation chinoise est une entité », (1939) 9, Journal Yishi-hebdomataire des Frontières (顾颉刚:《中华民族是一个》,《益世报·边疆周刊》1939 年第 9 期) ; Ke WANG, « Minzu, une

méprise en provenance du Japon – examinatio historique sur l’essence des premières pensées nationalistes en Chine », (2010) 70, Sociology of Ethnicity(王珂:《“民族”,一个来自日本的误会——中国早期民族主义思想实质 的历史考察》,《民族社会学研究通讯》 ,2010 年第 70 期)

passé. On la trouve dans d’importants textes classiques ou anciens90. Cependant, leur utilisation à ces époques-là est loin d’être systématique comme dans le vieux français. Leur présence avait des connotations indéterminées sans rapport à l’usage moderne.

Ce mot composé de deux morphèmes, à savoir min (民) et zu (族), dans l’ usage de la littérature ancienne, peut renvoyer à divers sens, mais aucun ne s’approche des concepts modernes. L’apparition simultanée de ces deux caractères dans l’antiquité chinoise ne peut que se comprendre séparément. Le concept de zu (族), qui a une histoire aussi longue que celle de la Chine, réfère dans son premier sens, à une catégorie de groupe ayant une certaine communauté. L’utilisation de min dans la Chine prémoderne, quant à elle, est généralement une notion qui décrit les sujets ou les gens ordinaires par oppo- sition à l’empereur. Le combiné de ces deux caractères pouvait donc signifier les per- sonnes subalternes par opposition à la lignée impériale. Ici, le min sert d’adjectif. La deuxième explication de ces deux caractères conjoints touche l’appartenance à un cer- tain clan familial ; soit le deuxième sens de zu tout seul. Dans ce sens-là, le caractère

min qui le précède ne signifie rien. Troisièmement, cette expression peut pourtant dési-

gner dans certains cas un groupe culturel particulier tel que le peuple des Han ou les peuples non sinisés91. Somme toute, ces utilisations étaient loin d’être systématiques à cause de leurs interprétations variées.

Il ressort de là que les anciens Chinois ne manquaient jamais d’auto-identification. En fait, les empires chinois se sont construits sur une longue tradition de civilisation dont

90 Shi-yuan H

AO, « La recherche textuelle de la source et la course du mot minzu en chinois », (2004) 6, Ethno- National Studies(郝时远:《中文“民族”一词源流考辨》,《民族研究》2004 年第 6 期)

91 Dans l’ancienne Chine, il n’existait pas de concept de « race » ou de « nation ». Les cinq « peuples » dont les huaxia (les ancêtres des Han) civilisés se trouvant au pays du milieu (zhongguo) sont environnés par les zu étrangers et non civilisés, à savoir les yi à l’est, les man au sud, les di à l’ouest et les rong au nord.

le peuple huaxia (les ancêtres du peuple Han) constituant le centre exerçait un pouvoir magnétique sur les « barbares » qui l’entouraient et susceptibles d’être civilisés (sini- sés). Ces « barbares » non-Han étaient traditionnellement désignés par le terme yizu (异 族)92. Selon le culturalisme confucéen, l’ancienne Chine se voyait comme un orga- nisme universel sans frontières délimitées, à savoir le tianxia (sous-le-ciel) basé sur un ensemble de règles et de valeurs morales issues de Confucius et qui légitiment un pou- voir politique dominateur. Si les conquérants « barbares » tels que les Mongols (qui ont fondé la dynastie des Yuan) ou les Mandchous (qui ont fondé la dynastie des Qing) consentent à adopter des principes en partie basés sur le confucianisme, le peuple chi- nois peut les accepter ou les tolérer.

Sur ce point, Yang Du, l’une des élites de la fin de la dynastie des Qing93, a remarqué en 1907 :

Malgré l’absence depuis toujours du mot minzu, différents titres existent en effet pour désigner différentes populations. Le plus ancien minzu en Chine d’aujourd’hui, à savoir le minzu Han était toutefois baptisé par le nom de la dynastie où la famille de Liu qui était au pouvoir. Il y a depuis l’antiquité un minzu plus civilisé et plus peuplé vivant en Chine, qui appelle son pays par le terme zhongguo94, leur nation par celui de zhonghua [...] La différence entre

92 Le caractère yi signifie étranger, étrange, anormal et anormalité. Yizu utilisé par les Han désignait l’Autre, à savoir

tout ce qui était étranger à une civilisation chinoise supposée spécifique, unique et supérieure.

93 Spécialisé en sciences politiques à l’Académie Hongwen à Tokyo, destinée spécialement aux étudiants chinois, et

à l’Université de Hosei, Yang Du a revendiqué une réforme constitutionelle par rapport à la Révolution. Il a co-fondé la publication polémique Youxuebianyi (La compilation traduite des recherches à l’étranger) pour diffuser ses pen- sées politiques.

94 Le terme zhongguo, littéralement le pays du milieu, trouve sa première apparition durant la dynastie de Zhou ouest

(1042-1021 avant J.-C). C’était au début un concept purement géographique désignant une part de la région du Fleuve Jaune. Dans la longue durée de l’histoire, le concept de zhongguo ainsi que ses limites étaient ambigus et en mutation. La plupart du temps, zhongguo signifie le territoire des Huaxia (les ancêtres des Han). Ce territoire ayant une civilisation distincte et dominante, constitue la région centrale de l’ancienne Chine par rapport aux tribus péri- phériques. Jusqu’à la fin de la dynastie des Qing, zhongguo était assimilé à l’empire des Qing dans des échanges internationaux aux critères modernes occidentalisés. Il faut attendre la fondation de la République de Chine en 1911 pour que le terme devienne officiellement le nom de l’État, ou plus précisément, l’abréviation du nom Zhonghua

les nations consiste en une différence de la culture [...] Le mot zhonghua n’est ni le nom d’un État au sens du territoire, ni le nom d’une race au sens con- sanguin, mais le nom d’un peuple au sens culturel [...] La Chine (zhonghua) peut régresser en barbares et les barbares peuvent s’avancer en Chine. Le critère de distinction entre l’un et l’autre est l’adhérence aux normes confu- céennes plutôt qu’aux caractéristiques ethniques [...] Après des milliers d’an- nées de fusion de plusieurs centaines de races, le peuple a fini par s’appeler zhonghua.95

(Traduit par moi)

Cette vision a fait écho aux observations des chercheurs occidentaux. John Fitzgerald, par exemple, a indiqué que « les Chinois s’habituent à se référer à leur communauté historique en termes de dynasties plutôt que de pays, ce qui implique qu’il n’y avait en réalité pas de nation chinoise du tout ».96 En effet, outre l’absence de la nation chinoise, l’État chinois au sens souverain n’existait non plus jusqu’à ce que le nationalisme d’ori- gine européenne soit introduit. L’universalisme confucéen selon lequel la Chine se trouve au centre de la civilisation a engendré une vision géopolitique de rayonnement liée à la hiérarchie et à un système tributaire international. Historiquement, la Chine constituait le centre économique, politique et diplomatique de l’Asie ainsi que le cœur de l’innovation technologique et culturelle de la région. Plus l’Empire chinois était puissant, plus les pays vassaux y étaient attachés. Dans cet ordre d’idées, les vassaux, y compris la Corée, le Vietnam, la Thaïlande, l’Indonésie, les Philippines, les îles Ryükyü, le Laos, la Birmanie et la Malaisie, bien qu’ils se soient vus reconnaître un

minguo. Voir par exemple Gang ZHAO, «Reinventing China: Imperial Qing Ideology and the Rise of Modern Chinese

National Identity in the Early Twentieth Century», (2006) 32 Modern China, pp.3-30

95 L’extrait de son article Jintiezhuyishuo (De l’or et fer-isme) paru en feuilleton dans le mensuel Zhongguoxinbao

(Nouvelle Gazette de Chine), inclu dans Qing-bo LIU (dir.), Le Recueil de Yang Du, 1, Changsha, Hu’nan Renmin

Publishing House, 1986, p.373-374(刘晴波主编:《杨度集》(一),湖南人民出版社,长沙,1986,第 373-374 页)

96 John F

ITZGERALD, «The Nationless State: The Search for a Nation in Modern Chinese Nationalism», (1995) The Australian Journal of Chinese Affairs, pp.75-104

statut d’entités souveraines, exerçant leur autorité sur une aire géographique délimitée, les relations internationales s’appuyaient néanmoins sur un système de hiérarchie.

Fondamentalement, dans le système tributaire, les États vassaux devaient reconnaître leur statut inférieur et la supériorité de la Chine en présentant régulièrement à l’Empe- reur chinois un tribut composé de produits locaux, en exécutant certaines cérémonies rituelles – notamment le « kowtow » (trois génuflexions et neuf prosternations) – en demandant l’investiture de leurs dirigeants par l’Empereur et en adoptant le calendrier chinois97. Les Chinois croyaient que l’Empereur pouvait attirer irrésistiblement les « barbares » par sa conduite juste et sa noble vertu et que la meilleure façon d’assimiler ces derniers était de gagner leur respect et leur admiration par la grandeur de la civili- sation chinoise98. En pratique, la Cour Impériale chinoise se préoccupait de leur bien- être par sa générosité et sa bienveillance. En contrepartie, les pays subordonnés cher- chaient volontairement à être transformés pour participer au monde chinois, notamment par les transactions commerciales. Il faut souligner que la subordination des États vas- saux était basée sur la reconnaissance de la supériorité culturelle de l’Empereur chinois, non pas sur son autorité politique sur un territoire ; il ne s’agissait pas d’une autorité proprement souveraine.

Cependant, un tel ordre hiérarchique ainsi que le sentiment de supériorité de l’Empire céleste furent ébranlés au fur et à mesure de la fréquentation – la plupart du temps imposée par la force – entreprise avec des puissances occidentales. Celles-ci impo- saient, entre les États-nations, une égalité des valeurs du point de vue diplomatique et

97 Zhao-jie L

I, «Traditional Chinese World Order», (2002) 1 Chinese Journal of International Law 98 J.L. C

commercial. Par exemple, la défaite cuisante contre le Japon a particulièrement boule- versé non seulement la Cour impériale, mais aussi les intellectuels soucieux du destin de leur patrie et désireux de la secourir. Financés par le gouvernement central ou les administrations locales, des centaines de milliers d’étudiants chinois étaient envoyés au pays du soleil levant avec une grande aspiration, celle d’accéder aux savoirs de la mo- dernisation, lesquels, d’après eux, avaient réussi à transformer le Japon féodal en une puissance impériale. C’est à cette période que les intellectuels chinois ont été exposés aux idées et aux théories du Japon contemporain, soit par leur impatience à transmettre la science à leur pays natal qu’ils avaient à cœur de secourir.

Les mots sont des représentations des idées. L’introduction de nouvelles idées signifie donc l’introduction de nouveaux mots. Le pèlerinage intellectuel des Chinois vers l’Est a, avant toute chose, exposé les étudiants chinois à un nouvel environnement langagier. Cette langue, le japonais, ayant des affinités avec la langue chinoise d’une part, mais adoptant de nombreux nouveaux lexiques modernes occidentaux d’autre part, leur a fait une impression de déjà-vu malgré leur spécificité. Ainsi, les étudiants chinois au Japon avaient tendance à profiter de cette affinité de sens, mais sans en saisir parfaitement la signification. Généralement, pour rendre ce qui était inconnu en Chine, le processus a pu être réalisé soit par des mots empruntés aux sources traditionnelles, mais en leur conférant une autre signification, ou par l’invention de nouveaux termes. Dans les deux cas, on risque d’avoir une description déformée: si on choisit des termes traditionnels pour les nouvelles idées, le traducteur risque de répandre des significations indési- rables ; et si on choisit de nouveaux termes pour les nouvelles idées, on n’est pas sûr qu’ils seront tout à fait compréhensibles.99 La transplantation des concepts d’origine

99 Marc Andre M

ATTEN, «“China is the China of the Chinese”: The Concept of Nation and its Impact on Political

européenne en Chine fut en effet pénible parce que certains mots eux-mêmes furent ambivalents et d’autant plus difficiles à saisir que la société chinoise elle-même con- naissait des mutations considérables. Le concept de nation en était un bon exemple.

Avant la guerre de 1895 entre la Chine et le Japon, la signification de ce mot européen,

nation, dans les textes chinois, était plutôt équivalente à celle d’État ou de pays. Dans

le dictionnaire anglais-chinois publié en 1866-1869, édité par Wilhelm Lobscheid, le mot nation est traduit par Guo (État), Bang (pays) et Bangguo (État, pays).100 La même traduction peut aussi se trouver dans le dictionnaire contemporain français-chinois.101 Dans un article intitulé China-The Sleep and the Awakening, écrit en 1887 en anglais par Zeng Ji-ze, ministre envoyé en Angleterre, en France et en Russie, le mot nation apparaît 13 fois102. Dans la version chinoise publiée peu après, le mot est traduit par

Guo pour traiter de la Chine, des États-nations étrangers et des affaires internatio-

nales.103L’implantation graduelle de l’idée de souveraineté westphalienne104, notam- ment après la guerre sino-japonaise qui s’est soldée par la défaite écrasante des Qing, a permis aux Chinois de préférer de titrer les choses avec le qualificatif Guo, ce qui cor- respondait à national.105 Force est de constater que jusqu’ici, la compréhension des

100 Wilhelm L

OBSCHEID, English and Chinese Dictionary, with the Punti and Mandarin Pronunciation, Part III, Hong

Kong, Daily Press Office, 1869

101 Gabriel L

EMAIRE et Giquel PROSPER, Dictionnaire de poche Français-Chinois : suivi d’un dictionnaire technique des mots utilisés à l’arsenal de Fou-tcheou/Han-Fa yuhui bian lan, Shanghai, American Presbyterian Press, 1874 102 Cet article a été publié dans The Asiatic Quarterly Review à Londres.

103 La version chinoise traduite par Yan Liang-jing et Yuan Zhu-yi a été publiée dans le journal Shenbao du 14-15

juin 1887.

104 La transition de l’empire vers l’État-nation correspondait également à la transformation de la conception du

monde. En raison du grand écart des pouvoirs, des pressions occidentales sont parvenus à imposer les normes réa- gissant les relations internationales basées sur l’égalité souveraine au gouvernement des Qing. En 1864, Wheaton’s

International Law a été introduit en Chine par la traduction de W. A. P. Martin. La guerre franco-chinoise (1883- 1885) et la guerre sino-japonaise (1895) ont conduit au détachement du Vietnam et de la Corée du système tributaire par les traités ayant force juridique. L’envoi systématique des ambassades à l’étranger a marqué l’acceptation de cette implication dans le nouveau système des échanges internationaux. La mutation de la conception diplomatique s’est produite simultanément à la pénétration du nationalisme.

105 Par exemple, guojiao (religion nationale), guoxue (études nationales), guowen (langage national), guoyue (mu-

sique nationale), guohua (peinture nationale), guochi (humiliation nationale) etc. Il est intéressant de remarquer que l’adjectif « national » per se est paradoxal. Il touche couramment l’ensemble d’un État plutôt qu’une nation.

Chinois du concept de nation provenait principalement des textes anglais ou français, dont la traduction était au début effectuée par des missionnaires ou des diplomates oc- cidentaux. Pourtant, face à une foule de concepts politiques peu familiers qui entrent en collision avec l’épistémologie traditionnelle chinoise, les élites chinoises se sont ré- vélées incapables et incertaines d’en préciser le sens. En 1899, Liang Qi-chao a publié un essai intitulé Guojia Lun (La Théorie de l’État) dans le Qingyibao, premier journal fondé par Liang à Yokohama au Japon. Cet article est présumé avoir été plagié de l’œuvre traduite par Azuma Heiji 吾妻兵治106 en chinois classique à partir de l’œuvre d’origine allemande, Deutsche Staatslehre fur Gebildete de Bluntschili. Dans son ar- ticle, Liang a omis par intention le deuxième volume inclus dans l’œuvre d’Azuma Heiji consacré à la relation conceptuelle entre le Volk et la Nation. Il s’est probablement trouvé incapable d’en saisir la distinction.107 Il est à noter que, le terme nation dans l’article d’Azuma Heijiest était traduit par zumin (族民). Liang, lui, l’a modifié en

minzu (民族) par inversement de l’ordre des caractères, probablement parce qu’il le

106 Selon la recherche textuelle d’un autre chercheur chinois Zheng Kuangmin, la version d’AZUMA Heiji provient

probablement de la version de 1889 traduite par HirataTosuke 平田东助 et HiratsukaTejiro 平冢定二郎. Cependant, Zheng indique également que, n’importe quelle version à laquelle Liang fait référence pour adopter les doctrines de Bluntchili, la substance est peu différente. Kuang-min ZHENG, Le contexte intellectuel japonais dans les idées éclai- rées de Liang Chi-chao, Shanghai, shanghai Bookstore Publishing House, 2003 (郑匡民:《梁启超启蒙思想的

东学背景》,上海书店出版社,上海,2003 年). Or, pour l’audience chinoise, la version de référence importait peu parce que les lecteurs les prenaient pour l’article de Liang.

107 Marianne B

ASTID-BRUGUI RE, « L’origine de la conception de l’État en Chine moderne - sur la traduction du guo jia lun de Bluntschili », (1997) 4 Modern Chinese History studies(巴斯蒂:《中国近代国家观念溯源——关于

伯伦知理〈国家论〉的翻译》,《近代史研究》1997 年第 4 期). En fait, dans l’œuvre traduite par Azuma Heiji, le traducteur a déjà perçu la perplexité des termes dans les commentaires suivants :

Le zumin (la nation) et le guomin (le Volk) ont des sens si similaires qu’ils apparaissent interchangeables. Ils sont en fait totalement différents. La Nation en langue allemande signifie le peuple de même ethnie. Le Volk se réfère au peuple vivant dans un même pays. Il arrive par conséquent que le peuple de même ethnie se répartit dans plusieurs pays et il arrive aussi qu’un pays comporte plusieurs ethnies. Le Volk est bien différent. Le Volk existe sûrement aux frontières du territoire d’un pays. Il s’agit de l’ensemble des personnes qui ont droit à la participation à la politique d’un État. Parmi les pays européens, les Français et les Anglais accordent à la Nation un sens politique pour dési- gner ce que désigne le terme guomin (le Volk) utilisé dans notre pays. Par contre, ils emploient le terme renmin (the people, le peuple) pour signifier ce que signifie notre terme zumin (la nation). C’est pourquoi les politologues sont perplexes. Heiji AZUMA, La Théorie de l’État, Tokyo, ZenrinYakushokan, 1899, pp.22-24(吾妻兵治:『国家

trouvait plus conforme au style de la langue chinoise contemporaine.108 C’est avec l’ar- rivée du nouveau siècle, que le néologisme minzu, emprunté directement par les kanji pour désigner la nation dans son sens moderne, s’est disséminé en Chine.