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CHAPITRE 4 : MÉTHODOLOGIE

4.1 T YPE DE RECHERCHE

4.1.1 Une approche exploratoire

Le renouveau syndical par les coalitions est un phénomène qui reste encore aujourd’hui peu étudié (Dixon et Martin, 2012; Tattersall, 2010), très peu de données existent alors sur le sujet. Cette situation nous amène à recourir à une approche de recherche exploratoire dans laquelle nous voulions recueillir de nouvelles données qui pourront nous permettre d’éclaircir le phénomène complexe représenté par les coalitions et de mieux définir le fonctionnement de celles-ci. Nous avons utilisé une démarche de type hypothético-inductif, c’est-à-dire que nous avons débuté notre processus de recherche par une question générale à partir de laquelle nous avons formulé des propositions de recherche que nous avons ensuite validées, nuancées ou infirmées, selon le cas, par des observations empiriques sur le terrain (Dépelteau, 2010).

4.1.2 Une récolte de données qualitatives

L’étude des coalitions est un phénomène complexe : la plupart des chercheurs (Dibben et Nadin, 2011; Dufour-Poirier, 2016; Tattersall, 2006, 2010) sur le sujet utilisent alors une approche exploratoire et des données qualitatives lors de leurs recherches. Le caractère émergent de notre sujet de recherche nécessite la récolte de données qualitatives pour arriver à expliquer théoriquement en profondeur un phénomène peu connu (Fortin, 2010). La méthode qualitative, en plus de donner des explications riches et précises au contexte du cas étudié, peut nous mener à des découvertes inattendues qui vont au-delà de notre cadre conceptuel de départ (Miles et Huberman, 2003).

4.1.3 Une étude de cas

Aux fins de notre recherche, la méthode d’étude de cas a été privilégiée pour étudier le choix d’une organisation syndicale à se coaliser : encore une fois plusieurs auteurs (Fantasia et Voss,

2004; Tattersall, 2006, 2010) utilisent cette méthode pour l’étude des coalitions comme stratégie de renouveau syndical.

4.1.4 Le choix du cas

Initialement, nous avions élaboré notre question de recherche et nos objectifs de recherche et nous avions construit notre cadre conceptuel de recherche afin d’étudier les modalités de participation à une coalition hétérogène d’un syndicat local affilié à l’OS. Toutefois, au contact de notre terrain, nous avons constaté que l’étude du cas d’un syndicat local ne pouvait pas nous fournir suffisamment de données pour compléter une recherche approfondie en la matière. C’est pourquoi nous avons décidé de nous pencher sur le cas de l’OS dans son ensemble et d’étudier plutôt le choix de l’OS de se coaliser. Ainsi, nous avons modifié notre question de recherche et nos objectifs de recherche et nous avons apporté les modifications nécessaires à notre cadre d’analyse et à notre grille d’entrevue afin de mener nos travaux à terme.

Nous avons choisi d’étudier le cas d’une organisation syndicale des Philippines. En effet, le peuple philippin serait reconnu pour son militantisme et sa capacité à se mobiliser autour d’enjeux de nature sociale, politique ou économique (Caouette, 2012). De plus, certaines organisations syndicales des Philippines seraient particulièrement reconnues pour leur implication dans des alliances et des coalitions, notamment à l’international (Anonuevo, 2000).

L’organisation syndicale à l’étude (OS) est l’une des plus grandes organisations syndicales du pays. Les effectifs syndicaux de l’OS sont composés majoritairement d’hommes alors que ceux-ci comptent pour 74 % des effectifs. L’OS est présente dans toutes les sphères d’activité, notamment à l’intérieur des zones économiques spéciales (ZES), mais elle ne représente toutefois que des travailleurs provenant du secteur privé.

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L’OS est composée de 12 fédérations nationales et de 4 formations régionales, qui elles supportent environ 200 syndicats locaux affiliés selon le secteur d’activité. Au niveau national, 10 départements (voir tableau 6) appuient les fédérations nationales et les formations régionales affiliées dans leurs activités. Ces départements sont sous la direction du comité exécutif, qui lui est composé du président, du vice-président exécutif, du secrétaire général, du secrétaire général adjoint et du trésorier national.

Tableau 6 : Liste des départements nationaux de l’OS Départements

Éducation et formation Département des travailleurs

Luttes de masse Sociaux économiques

Affaires politiques et externes Département de la santé Informations publiques et affaires culturelles Département des femmes Relations internationales Assistance légale

Les fédérations nationales et les formations régionales sont, quant à elles, composées d’un président, d’un vice-président, d’un secrétaire général, d’un secrétaire départemental, d’un trésorier et de volontaires. Les fédérations nationales ou les formations régionales offrent du soutien direct aux syndicats locaux (ex. : éducation, mobilisation, protestation, organisation, aide à la négociation, propagande, etc.). La figure 5 expose la structure décisionnelle34 de

l’OS.

Figure 5 : Structure décisionnelle de l’OS

La structure de représentation au niveau des syndicats locaux est un calque de celle utilisée au niveau national et régional. La structure de représentation de l’OS est représentée par la figure 6 ci-dessous.

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L’OS est considérée comme l’une des organisations syndicales les plus militantes et radicales du pays. L’OS s’inspire de la tradition des luttes révolutionnaires de la classe ouvrière aux Philippines et elle prône ce qu’elle appelle le Genuine Trade Unionism (GTU). Au regard de nos entretiens de terrain, nous y reviendrons plus tard, le GTU est basé sur trois concepts : le syndicalisme authentique, ce qui signifie que l’OS doit être entièrement contrôlée et dirigée par ses membres ; le syndicalisme militant, par la mobilisation de ses bases, l’OS agit toujours selon les intérêts de la classe ouvrière, et ce, au péril de leur vie ; et le syndicalisme nationaliste, ce qui signifie que l’OS défend le principe que les richesses du pays doivent appartenir au peuple et que la souveraineté du pays ne peut jamais être compromise.

Contrairement à d’autres organisations syndicales des Philippines, l’OS entretient des relations avec d’autres acteurs et mouvements sociaux dans l’ensemble du pays : l’OS cherche à élargir son action au-delà de la représentation des salariés dans les milieux de travail et à transformer la société sur toutes ces facettes (économique, politique et culturelle) pour arriver à éliminer les iniquités sociales (West, 1997)35