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24] Yamun süme/Yanfu s

Nom commun : Yamun süme (« monastère du yamen »), Yamen miao 衙門廟, Wangye miao 王爺廟, Wangfu si 王府寺 (« monastère de la résidence princière »). Le nom de Yamun süme ne signifie pas que le monastère est un organe du pouvoir administratif, mais simplement qu’il se situe à côté de la résidence princière et du yamen.

Titre officiel : Yanfu si 延福寺, Buyan arbitqaci süme.

Bannière, ligue : bannière Alashan, dans l’actuelle bannière de gauche de la ligue Alashan. Situation : dans la ville de Dingyuan ying/Bayanqota.

État actuel : la partie centrale est bien conservée (282 jian de bâtiments, 6 700 m2) ; la première cour et l’aile occidentale ont été détruites. En 1978-1979, on rassembla 260 000 yuan pour le réparer. Le temple est devenu un musée et un lieu de culte populaire, il n’y a plus de moines. La résidence du prince, partiellement préservée, est aujourd’hui le musée d’histoire de la ligue Alashan. Visité en 1995.

Histoire : à Dingyuan ying, il y avait un temple des arhat (Luohan tang) construit sous les Tang. Abuu, le 2e jasa de la bannière, fit appel à des artisans chinois et mongols, et transforma le temple des arhat en temple des Jina (Rulai dian 如來殿, 11 jian) ; il y plaça les statues des bouddhas des Trois Ères ainsi que les seize statues restaurées de l’ancien temple des arhat. De 1731 à 1739, il construisit une salle des lokapâla (3 jian) et un pavillon octogonal à deux niveaux abritant un grand moulin à prières en bois renfermant un exemplaire du Kanjur de sNar-thang —d’où son nom de Falun si 法輪寺, « temple de la roue du Dharma ». Dans les temples latéraux, on vénérait Lha-mo et les « Cinq empereurs » (les cinq rois, Pehar et ses quatre manifestations ?). L’épouse d’Abuu finança la construction des pavillons du tambour et de la cloche. On le nomma Wangfu si car c’était le monastère privé des princes de la bannière. L’abbé du monastère était Monici blama, connu sous le nom d’Avang dansang vangjil. On y installa cent moines.

En 1745, Lubsang dorji (m. 1782), le 3e jasa, fils et successeur d’Abuu, dépensa 10 000 liang d’argent pour agrandir le monastère afin d’acquérir du mérite pour ses parents. Il fit bâtir deux pavillons à étage, agrandir le oul cocin (49 jian) qu’il entoura de 108 moulins à prières et restaurer des temples chinois situés hors de la ville. Il construisit en même temps à côté de sa résidence un temple de Târâ et un temple de la divinité locale, et rebâtit l’ancien temple de Hayagrîva. Les temples situés hors des murs passèrent sous l’administration du monastère ou de la résidence princière. À la demande du prince, Qianlong octroya en 1760 au monastère le titre de Yanfu si.

De temple familial, le Yanfu si se développa sur une grande échelle avec le soutien du VIe Dalaï lama, et devint un monastère académique, doté de quatre facultés monastiques (médecine, Kâlacakra, abidharma et doctrine bouddhique). Le 4e jasafit édifier la faculté de médecine et d’autres temples. En 1790, il fit fabriquer une grande cloche produisant huit sons avec une inscription dédicatoire en quatre langues, et un grand tambour tendu de peau de cerf. En 1797, on bâtit encore des temples et un labrang. En 1805, le 5e jasa, Mahabala, construisit un temple à Târâ avec une grande salle dédiée à Avalokiteshvara et un jardin floral à l’ouest. De 1805 à 1840, Mahabala fit agrandir le temple des lokapâla, les salles latérales de 18 jian et le temple de Bhaishajyaguru. Le monastère fut réparé en 1833. En 1922, le anjurwa qututu construisit une salle (25 jian) pour étudier les textes religieux et un sang. En 1931-1932, la famille princière finança l’agrandissement et la décoration du oul cocin. On fit fabriquer un trône pour accueillir le IXe Panchen lama, des tapis pour décorer les piliers, et des costumes de cam. En 1937, la bannière

112 finança la construction d’un pavillon à étage dédié au dieu local de l’Alashan (12 jian, détruit en 1941).

On comptait entre 200 et mille moines au milieu des Qing. En 1895, on dénombrait 253 moines, dont 55 avaient un certificat. Le qubilan était nommé anjurwa qututu (il enseignait le Kanjur au IIe gegen du Baraun keid ; il ne s’agit pas de la réincarnation résidant au Badar coiling süme [63]) ; les quatre premières réincarnations naquirent dans la région du Koukounor. Le Ve gegen naquit en 1948 dans la bannière Alashan.

Le monastère possédait des troupeaux (plus de 1 600 bêtes), des maisons à louer, des champs (380 mu) et deux mines de charbon ouvertes en 1862. Huit monastères de l’Alashan étaient sous la juridiction du Yanfu si, qui nommait leurs abbés (leurs noms sont donnés par He Quanxi, 1997, p. 109).

Sur ses possessions, ses revenus, son organisation et sa lignée de réincarnations : voir He Quanxi (1997).

Plan : le Yanfu si et le palais sont côte à côte, et leur situation au sud de la ville s’explique par la configuration du terrain : ils sont adossés à une petite colline [24A]. Une photographie ancienne montre la forte densité de bâtiments dans l’enceinte et la présence de bâtiments construits sur la colline (Nei Menggu zizhi qu zhongdian wenwu, 1988, p. 82). Un pailou simple, aujourd’hui disparu, précédait l’entrée du monastère (Fletcher, 1979, p. 88).

Les bâtiments visibles aujourd’hui sont organisés selon un axe sud-nord fermé par une enceinte : • un pavillon d’entrée couvert de tuiles jaune-orangé, orné de peintures d’arhat ;

• deux pavillons au toit de tuiles jaune-orangé abritant des stèles. Ces pavillons ne figurent pas sur le plan dessiné dans le Zhongguo wenwu ditu ji : Nei Menggu zizhi qu fence (2003), peut-être sont- ils des ajouts récents ;

• une salle des lokapâla au toit de tuiles grises ;

• deux pavillons latéraux du tambour et de la cloche avec un rez-de-chaussée voûté et un étage en bois ;

• un pavillon octogonal à auvent de type beiting abritant un grand moulin à prières — sans doute le Falun si construit en 1731-1739 [24B] ;

• un temple des Jina (7,50 m de haut) ouvrant au nord, qui abrite les statues des bouddhas des Trois Ères et des Dix-huit arhat— sans doute est-ce le premier temple construit ;

• deux temples latéraux adoptent un style mixte. Ils sont en briques, à un niveau, avec des murs peints en rouge, un toit à versants au centre du toit en terrasse dans la partie avant et un toit de type yingshan couvrant toute la partie arrière, supportés par une charpente de style chinois (fig. 76). Ces deux lha-khang, aujourd’hui fermés, étaient certainement les facultés monastiques (doctrine et médecine) — He Quanxi (1997) mentionne un temple de la faculté de médecine (25 jian) et un temple « Ageba » 阿 格巴 (25 jian) dans la partie centrale, mais ils ne correspondent pas aux dimensions de ces lha-khang. Par ailleurs le plan du Zhongguo wenwu ditu ji : Nei Menggu zizhi qu fence (2003) et la photographie ancienne publiée dans Nei Menggu zizhi qu zhongdian wenwu (1988) montrent à la place de ces temples deux petites salles de 3 jian identiques au temple d’Avalokiteshvara. Si ce plan est plus ancien que nos observations, alors les deux lha-khang seraient des constructions récentes (?) ;

• le oul cocin ;

• un temple d’Avalokiteshvara et de Târâ (ou Nöngnei-yin süme), à l’ouest. Une salle parallèle, à l’est, a disparu.

Les sources mentionnent en tout treize temples (326 jian) et treize bâtiments annexes (185 jian), dont le nom ne correspond pas toujours avec les temples nommés ci-dessus dans l’histoire du monastère. Outre les édifices de la partie centrale, il y avait également une salle de méditation (25 jian), une bibliothèque à étage (12 jian), un temple de l’Alashan (12 jian), un temple de la prière annuelle Yarnai (12 jian) ; et autour, le grand sang du monastère, le sang du Nöngnei-yin süme (temple d’Avalokiteshvara), le sang du temple Yarnai, le sang du temple « Ageba », le sang de la faculté de médecine, le labrang du

113 anjurwa qututu, le sang du temple « Moni » 摩尼, le sang du temple « Zhunzha » 准扎, et 55 habitations monastiques (550 jian).

Si le plan reproduit dans Zhongguo wenwu ditu ji : Nei Menggu zizhi qu fence (2003) est antérieur aux reconstructions des années 1980, on peut en déduire que les facultés, les kiosques abritant des stèles, les mâts, le brûle-encens et les lions de pierre sont des éléments récents.

Construction : chinoise, également tibétaine pour le oul cocin.

Temple principal (conservé) : le oul cocin (7x7 jian, 17 m de haut, 22 m de large et 26,4 m de profondeur) est le dernier bâtiment au nord du monastère. C’est une salle d’assemblée de plan carré précédée d’un porche simple, à un niveau. Les piliers tibétains soutiennent une toiture-terrasse au premier étage, excepté quatre piliers longs au centre, qui supportent un lanterneau coiffé d’un toit xieshan. Ce dernier est couvert de tuiles jaune-orangé décorées d’un motif de trois losanges. Les murs de briques, peints en rouge au premier niveau et décorés de branchages coupés à l’aplomb du mur au second, sont percés de fenêtres aux deux étages (excepté au nord) (fig. 76). Des rangées de tuiles vernissées jaunes décorent le parapet du toit et du porche. Une photographie datant du début du XXe siècle [24C] révèle que la décoration est récente : le temple était alors précédé d’un petit porche au toit chinois et entouré d’un péristyle aux piliers chinois, couvert d’un auvent de tuiles (Lesdain, 1908, face p. 104). La façade sud était en bois à l’étage, et les murs latéraux étaient orbes et sans décoration, couronnés par une frise de branchages. Ces modifications datent peut-être de la restauration de 1931-1932.

Statuaire : le monastère abritait une icône de Lha-mo apportée du Turkestan oriental par le prince Qoruli peu après 1686, ainsi que cinq statues en bronze offertes par une princesse de la famille impériale. Décor intérieur : à l’intérieur du temple principal sont disposés une statue de Tsong-kha-pa et d’immenses thang-ka. Le monastère abritait une robe monastique de Tsong-kha-pa venant du Koukounor, apportée par Qoruli, et un Kanjur de sNar-thang.

Épigraphie :

• deux stèles (inaccessibles, non publiées). Il s’agit probablement de stèles récentes gravées à l’occasion de la restauration.

• inscription tétraglotte de la cloche fabriquée en 1790 (reproduite par He Quanxi, 1997, p. 110). Références :

• Lesdain, 1908, p. 97 ; Ma Hetian, 1949, p. 187 ; Alashan qi qingkuang, 1957-1958, p. 82-83 ; Nei Menggu zizhi qu zhongdian wenwu, 1988, p. 82-83 ; Barnett, 1993, p. 172 ; Qiao Ji, 1994, p. 68-70 ; documents consultés dans le musée-résidence princière de Bayanqota ; He Quanxi, 1997 ; Delege, 1998, p. 637-642 (citant He Quanxi, 1997) ; Damcoiragba, 2011.

• Plan : Zhongguo wenwu ditu ji : Nei Menggu zizhi qu fence, 2003, vol. I, p. 342.

• Photographies : Lesdain, 1908, face p. 100 (pavillon octogonal), face p. 104 (façade du grand temple), face p. 112 (shanmen) ; Koslow, 1925 [1917], p. 55 ; Fletcher, 1979, p. 88 (expédition Wulsin, 1923 : pailou) ; Nei Menggu gu jianzhu, 1959, fig. 54-55 (façade et intérieur du oul cocin) ; Nei Menggu zizhi qu zhongdian wenwu, 1988, p. 83 (ill. : vue d’ensemble).

114 [24A]. Yanfu si (Dingyuan ying/Bayanqota, Alashan, état en 1995). Plan de la partie centrale. © I. C.

1. Pavillon d’entrée ; 2. Pavillons abritant des stèles ; 3. Salle des lokapâla ; 4. Salles latérales ; 5. Pavillon du

tambour ; 6. Pavillon de la cloche ; 7. Dugang ; 8. Moulin à prières ; 9. Salle des Tathagâta ; 10. oul cocin ; 11. Temple d’Avalokiteshvara ; 12. Ancienne résidence du prince.

115

Yanfu si (Dingyuan ying/Bayanqota, Alashan, état en 1995). oul cocin (1745) et faculté

occidentale. © I. C. Lors du remaniement du oul cocin en 1931-1932, la décoration extérieure fut modifiée et le péristyle supprimé.

[24C]. Yanfu si (Dingyuan ying/Bayanqota, Alashan, état avant 1908). oul cocin (extrait de Lesdain, 1908, face p. 104).

116 [24B]. Yanfu si (Dingyuan ying/Bayanqota, Alashan). Pavillon octogonal abritant un moulin à prières (état en 1995). © I. C.