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Nom commun : Baozi miao 堡子廟 (« temple-forteresse »)

Titre officiel : Huayan si 華嚴寺 (« monastère du “Sûtra de la Guirlande de Fleurs” » — Avatamsaka sûtra)

Bannière, ligue : bannière de gauche des Tümed. Actuellement dans la banlieue de Kökeqota, municipalité de Kökeqota.

Situation : au nord-est du canton de Sumuci, à 80 li (40 km) à l’est de Kökeqota, au sud-ouest de l’actuelle Yulin 榆 林 , sur une colline au nord de la crête de Naiman baising (actuel village Naiman baising/Naimoban cun).

État actuel : détruit.

Histoire : construit en 1576, par Bayaud baatur taiji ou Buyan taiji, petit-fils d’Altan qan (voir Chap. I, « Premières fondations de monastères 1572-1576 »). Il fut réparé sous Qianlong par des généraux mongols. Plan : monastère fortifié.

Épigraphie :

• Une stèle bilingue datée de l’année xinsi (1581?) dont l’endroit, écrit en mongol, n’a pas été conservé. L’envers, en chinois, est recopié dans le Guisui xian zhi (1934, p. 450-451). La stèle est haute de 3 chi et large de 2 chi. Sans le texte mongol, sa traduction est délicate : voir les différents problèmes soulevés par Huang Lisheng, 1995, p. 308 ; Serruys, 1958b, p. 101-113 ; Serruys, 1962, p. 357-378. En particulier, la chronologie des dynasties non-chinoises semble inversée (Yuan, Grands Jin et Liao) : « Grands Jin » pourrait désigner la dynastie jürchen des Jin (1115-1234), mais le qualificatif de « grands », habituellement réservé à la dynastie régnante, paraît déplacé. « Grands Jin » pourrait alors désigner les Tümed : Altan qan aurait pu nommer sa dynastie à partir de son nom personnel (altan et jin 金 signifiant « or »). Le traducteur chinois, sans comprendre, aurait rajouté les Liao — à moins qu’il ne s’agisse d’une erreur de traduction ou de copie. On peut également penser à l’Altan uru, nom du clan impérial gengiskhanide. Les Chinois de l’entourage d’Altan qan appelaient-ils celui-ci « Empereur des Jin postérieurs » ?

À midi, le 2e jour du Ve mois, dans la décade du milieu de l’été, l’année bingzi, la quatrième année de

102 Baatur bayaud taiji [« Baduer baiyao taiji »] pour accumuler du mérite.

J’ai examiné le Yijing qui dit que : « Les familles qui accumulent les mérites reçoivent inévitablement de plus grandes récompenses » [citation du Zhouyi 周易, « Kun » 坤, éd. Sishu wujing, Beijing : Zhongguo shudian, 1985, p. 6]. D’après le Shujing : « Faire le bien attire les bénédictions » [citation abrégée du Shujing, « Yi xun » 伊訓]. C’est là la manifestation éclatante d’un principe limpide. Depuis la dynastie des Yuan, des grands Jin et des Liao, ceux qui ont réalisé des œuvres méritoires sont devenus moins nombreux ; mais Bayaud taiji, comprenant que la réalisation d’œuvres méritoires est la première bonne chose, vénéra le Bouddha et les trois Trésors.

Il [Baatur bayaud] savait que le bouddha était originaire de Sukhâvatî des régions occidentales [Terre Pure d’Amitâbha, en tib. bDe-ba-chen, « grand bonheur »]. Il désirait aller voir en personne l’éclat doré [du bouddha], mais la distance était infranchissable à pied. Dans ces conditions, à moins de construire des sanctuaires pour le bouddha, même avec un esprit porté aux actions méritoires, il n’aurait eu nulle part où se convertir à la sainte loi. À ce moment, il visita le nord des monts Daqing [Qarauna], choisit un emplacement pour fonder un sanctuaire [litt. un abri pour le bouddha], fonda un temple sur un site escarpé et fit fabriquer des statues et peintures bouddhiques. Chaque matin, à l’aube, empli de ferveur, afin de témoigner de sa foi en bouddha, il purifie son esprit, se prosterne, fait le vœu de vénérer bouddha et exulte d’ardeur. Il a respectueusement fait dresser cette stèle afin que les générations futures aient sur quoi prendre modèle.

En ce jour faste de l’automne de l’année xinsi, cette stèle a été dressée par l’administrateur croyant Baatur bayaud taiji.

Minglai, moine en charge du Huayan si, et les fidèles donateurs : « Zhubi Xieqi », « Wukeqi », Sun Zhuya, « Tuerqi », « Xiaoze » ; les fidèles du village de Luanguan, préfecture de Fen au Shanxi, et Nanzhanbu zhou [?] du pays des grands Ming, Su Tingyu, chef de milice, sa femme née Wang, Ma Ming, « Maoke », secrétaire au bureau de gauche de Wanquan, préfecture de Xuan[hua], sa femme née Zhou ; le croyant et donateur Guo Jingyang ; le graveur de pierre Wang Cang, madame Ding d’une famille de fidèles vertueux, l’épouse de Li Rui, née Hou, Yan Gui, artisan peintre de Yanghe cheng. Guisui xian zhi, 1934, p. 450-451, trad. I Charleux.

• Une autre stèle bilingue, certainement plus tardive, était écrite en tibétain (endroit) et en mongol (envers). Elle a aujourd’hui disparue. La traduction chinoise du texte tibétain est recopiée dans le Guisui xian zhi (1934, p. 451-452). Elle est également datée de l’année xinsi, mais il s’agit probablement de 1641 puisqu’elle mentionne le IVe Dalaï lama, né en 1589 (Huang Lisheng, 1995, p. 308). La stèle est haute de 3 chi, large de 2 chi 5 cun. Huang Lisheng (1995, p. 308) pense qu’il ne s’agit pas d’une, mais de deux stèles différentes ; en effet cette stèle est présentée en deux parties dans le Guisui xian zhi. Cependant l’auteur précise qu’il y avait en tout cinq stèles et qu’il n’en a copié que deux, celle de 1581 donc, et celle de 1641.

Première partie :

Dans le village [de Naiman Baising], il y avait un taiji du nom de Bayaud, descendant de la dynastie Jin. Il était croyant en la religion jaune des lamas, et toute sa famille, son père, sa mère, sa [ses] femme[s] et ses enfants étaient dévots de bouddha, qu’ils honoraient avec une piété inégalée. À cette époque, le Dalaï lama s’était réincarné chez les Tümed, il s’appelait bSod-nams rgya-mtsho et sa réincarnation, Yon-tan rgya-mtsho. C’est pourquoi Bayaud éleva un temple avec sa fortune propre, se rasa la tête et devint moine, afin d’accomplir son vœu.

Une fois la construction du temple achevée, l’on invita les lamas de partout à lire des sûtras pendant plusieurs jours, l’on invita l’esprit du Dalaï lama dans le temple [dans une statue ?] et l’on offrit de l’encens. À cette époque, la nombreuse population du village louait le mérite du taiji, [estimant que] dans l’avenir, il ne manquerait pas de se rendre au pays des immortels en Occident [Sukhâvatî]. Ce pourquoi l’on rassembla l’argent nécessaire pour élever cette stèle afin de proclamer éternellement son mérite et sa vertu inaltérables. Fait le premier du Ve mois du calendrier mongol, l’année xinsi [1641].

Deuxième partie :

Ce temple a été fondé l’année wuyin [1578]. L’année suivante, yimao [1579], Bayaud taiji l’inaugura. Quand le Dalaï lama vint en Mongolie pour prêcher, il alla à sa rencontre sur la route pour l’accueillir

103 et se prosterner devant lui, de plus il lui demanda d’apporter les trois sections du Namujing 納木經 formant en tout 21 volumes. L’année gengchen [1580], il invita les lamas de ce lieu à réciter les sûtras pendant trois jours et convia le Dalaï à visiter le temple. Tous les villageois louaient le mérite du taiji et l’on érigea cette stèle en commémoration. Guisui xian zhi, 1934, p. 451-452, trad. I Charleux. Références : Guisui xian zhi, 1934, p. 310, 431, 450-451 ; Huang Lisheng (1995, p. 308) confond le temple Huayan et la pagode Wanbu huayan et situe celui-ci à Fengzhou, l’ancienne ville kitan.