Nom commun : Siber süme Titre : Qotala tegüsügsen süme
Bannière, ligue : bannière Üüsin, ligue des Ordos.
Situation : Yeke siber. Les sources décrivent le site au nord-ouest de la plaine du Yeke siber, au sud de la bannière, près du Hongliu he 紅柳河 ou Lanni he 爛泥河, près de la source Mangru bula. Mostaert (1956a) situe Yeke siber à l’emplacement de l’actuelle Haizitan 海子灘 (Haizetan 海則灘), alors dans le Shaanxi, à 8 ou 10 lieues au sud-est du Sharli-un süme (Mostaert, 1934).
État actuel : le monastère fut détruit pendant la révolution culturelle et reconstruit en 1987.
Histoire : temple familial sans doute édifié après la visite de bSod-nams rgya-mtsho (1586) réservé au culte privé de Qututai secen qong taiji et de ses descendants, situé à Yeke siber, lieu de naissance de Saang secen et de Qututai secen qong taiji. En 1738, le Siber süme devint un monastère, où l’on y perpétuait le culte de l’étendard de guerre de Qututai secen qong taiji. D’après Van Hecken (1963), ce temple fut fondé par un envoyé du Dalaï lama. Il fut détruit sous Tongzhi puis reconstruit (Clunas, 1982, p. 150).
Plan : le sanctuaire arrière est dédié aux bouddhas des Trois Ères (Van Oost, 1932).
Références : Van Oost, 1932, p. 71 ; Mostaert, 1934, p. 56 ; Mostaert, 1956a, p. 10, n. 31, p. 11, n. 32 ; Van Hecken, 1963, p. 132, n. 20 ; Clunas, 1982, p. 149-152 ; Narasun & Temürbaatur, 2000, p. 242-244.
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4. LIGUE DE L’ULAΓANCAB
Bannières Urad (Wulate 烏拉特) :
bannière du duc de l’est : Jegün güng qosiu (Donggong qi 東公旗) — bannière arrière des Urad : Urad-un qoitu qosiu (Wulate houqi 烏拉特後旗)
bannière du duc de l’ouest : Baraun güng qosiu (Xigong qi 西公旗) — bannière avant des Urad : Urad-un emünetü qosiu (Wulate qianqi 烏拉特前旗)
bannière du duc du centre : Dumda güng qosiu (Zhonggong qi 中公旗) — bannière centre des Urad : Urad-un dumdatu qosiu (Wulate zhongqi 烏拉特中旗)
Bannière Dörben keüked : Dörben keüked qosiu (Siziwang qi 四子王旗), bannière des « Quatre fils » Bannière qalqa du Darqan beile : Darqan beile qosiu (Daerhan beile qi 達爾罕貝勒旗)
Bannière Mau mingan : Mau mingan qosiu (Mao ming’an qi 茂明安旗) Territoires indépendants du Badar coiling süme et du Siregetü juu de Kökeqota
La steppe de l’Ulaancab fait partie du désert de Gobi, à l’exception de la région bordant le fleuve Jaune. Entre le XIIe et le XIVe siècle, elle était habitée par les Ongud avant que des Mongols oirad, tümed et ordos s’y établissent. En 1638, les Qing installèrent les Urad, ainsi que des Qalqa et des Uriyangqai, sur un territoire précédemment occupé par des Oirad et des Tümed au nord de la plaine des Tümed, créant ainsi la ligue de l’Ulaancab (Wada Sei, 1984 [1959], p. 612 ; Wang Longgeng, 1992, p. 183-185). Les nobles urad sont des descendants d’un frère de Gengis Khan, Qabutu qasar, et nomadisaient jusque là dans les steppes du Kölün Buir. Ils furent divisés par les Qing en trois « duchés ». Puis en 1653, des Mongols qalqa de la bannière Tüsiyetü qan, qui émigrèrent sous le règne de Shunzhi (1644-1662) après s’être querellés avec leur prince, créèrent la bannière qalqa du Darqan beile (Serruys, 1959 ; Jagchid & Hyer, 1979 ; Miller, 1959, p. 56-57).
L’ancienne ligue de l’Ulaancab (Wulanchabu meng 烏蘭察布盟) fut morcelée à l’époque moderne : elle se composait des actuelles bannières arrière, avant et centre des Urad de la ligue Bayan naur/Bayan naoer, de la bannière des Dörben keüked dans l’actuelle ligue de l’Ulaancab, de la ville de Boutu/Baotou 包頭, du district de Guyang 固陽 et des bannières réunies Darqan-Mau mingan (Daerhan Mao ming’an lianheqi 達爾罕茂明安聯合旗) dans la « municipalité » (ville et région environnante) de Boutu, enfin, d’une partie du district de Wuchuan dans la « municipalité » de Kökeqota. Les bannières Urad ont été complètement remodelées : l’ancienne bannière du duc du centre occupait jadis les trois quarts de leur territoire total, au nord-ouest. La frontière avec la bannière Qanggin des Ordos changea plusieurs fois. La « municipalité » de Boutu a récemment incorporé les bannières réunies Darqan et Mau mingan (incluses dans l’Ulaancab de 1957 à 1990) de sorte qu’elle représente maintenant une région de la taille d’une ligue, comparable aux municipalités de Kökeqota et de Chifeng.
Les bannières de l’Ulaancab sont peu peuplées et conservent un mode de vie traditionnel. Cette région était majoritairement mongole au début du XXe siècle (la bannière Darqan beile comptait seulement 10 à 20% de Chinois dans les années 1930). À partir du XIXe siècle, les nobles se firent bâtir des résidences chinoises : au nord du Beile-yin süme [74], le prince Darqan beile fit édifier un palais chinois ceint de fortifications défensives (Montell, 1945, p. 346 et pl. 7) ; le prince des Dörben keüked vivait également dans un palais chinois jouxtant son temple familial [78] (2 800 m2, construit en 1905 par le 13e jasa, conservé, voir Zhongguo wenwu ditu ji : Nei Menggu zizhi qu fence, 2003, vol. II, p. 527-528). Toutefois, les grands campements nomades de la noblesse mongole se sont maintenus jusqu’au XXe
siècle. Dans les années 1930, le duc Deva des Dörben keüked (tusalaci, assistant du jasa) nomadisait encore avec son campement, incluant un temple itinérant, tout en possédant un monastère familial fixe, le Qabcil-un süme [79] (Hedin, 1943, vol. II, p. 72). De même, le tusalaci beise de la bannière Darqan beile vivait dans un
170 campement comprenant une grande yourte-temple, à vingt kilomètres au sud du palais du Darqan beile (Montell, 1945, p. 346 et pl. 4). Les Chinois payaient alors l’impôt au prince des Dörben keüked mais ils avaient annexé sur le papier une partie de la bannière qu’ils nommaient « préfecture des cinq rivières » (Wuchuan ting 五川廳).
La ligue de l’Ulaancab est particulièrement renommée pour ses gravures rupestres du Néolithique. Autre vestige notable, l’ancienne ville nestorienne d’Olan süme (Alun simu 阿倫斯木, Durong aobao 都 榮敖包 sumu), située à trente kilomètres au nord du Beile-yin süme [74] (bannières réunies Darqan-Mau mingan, municipalité de Boutu/Baotou). Capitale des Ongud nestoriens au XIIIe siècle, la ville fut réoccupée à l’époque d’Altan qan (Egami Namio, 1952 ; Heissig, 1955 ; Heissig, 1966a ; Heissig, 1976 ; Deng Hongwei & Zhang Wenfang, 1992).
Souvent adossés à des collines en forme d’amphithéâtre, les monastères académiques de la ligue de l’Ulaancab ressemblent pour beaucoup aux « villes-monastiques » d’architecture tibétaine, comme le Bayan shanda-yin süme [68] et le Sira mören süme [77]. Le plus grand et le seul à avoir été presque intégralement préservé est le Badar coiling süme [65]. La documentation sur les autres monastères de cette ligue provient en grande partie des collectes de l’expédition de Sven Hedin et de Kasuga Reichi (1972), et de l’ouvrage de Mandumui Medeltü (1996).
On trouvera des listes de monastères des bannières de l’Ulaancab et des cartes les situant dans les ouvrages suivants :
• Wuchuan xian zhi lüe, 1940 ; Suiyuan gaikuang, 1933, vol. II, chap. 3 ; Suiyuan tongzhi gao, juan 13 ; MengZang fojiao shi, 1935, juan 5, p. 167 ; monastères visités par l’expédition sino-suédoise : Hedin, 1943, vol. III, p. 16, Bergman, 1945, p. 6-7, 167 etMontell, 1945, p. 363, 419 ; Cammann, 1949 ; Cammann, 1951 ; Kasuga Reichi, 1972, p. 56-60 ; Zhao Guoyu, 1989 ; Mandumui Medeltü, 1996 ; Delege, 1998, p. 501-504, 518-520, 522-523 ; Zhongguo wenwu ditu ji : Nei Menggu zizhi qu fence, 2003, vol. II, p. 56-74, 521-528, 615-630.
• Cartes : Hs. or. 35, Hs. or. 36, Hs. or. 37 (listes de noms de monastères de ces cartes dans Heissig éd., 1961, p. xxi, xxiv, n. 168, 194, 209) ; Heissig, 1966 ; Wang Zhiguo éd., 1997, vol. II, p. 1512-1523 ; Delege, 1998, p. 803-804, 807-808 ; Zhongguo wenwu ditu ji : Nei Menggu zizhi qu fence, 2003, vol. I, p. 126-133, 240-241, 266-273.
B
OΓUTU/B
AOTOU包頭
Principal centre industriel actuel de Mongolie-Intérieure, Boutu/Baotou était au début de l’ère Kangxi (1662-1723) un village en terre appuyé sur une colline. En 1666, Mongols et Chinois fondèrent ensemble un temple au roi dragon (Nan Longwang miao 南龍王廟, préservé), tandis que la première mosquée (également conservée) était construite en 1743. Dans la ville même, le temple principal était le Boutu juu [66]. Avec la sinisation des Mongols au cours du XIXe siècle, Boutu se transforma en une grosse bourgade commerçante qui comptait 2 800 foyers en 1870, protégés par un petit rempart. Boutu et Saraci étaient au XIXe siècle deux petites villes fortifiées qui semblent complètement dominées respectivement par le Köndelen juu [65] et le Saracin juu [22] (fig. 51). Boutu doit sa prospérité aux grandes entreprises de commerce dont une majeure partie était dirigée par des Hui (musulmans chinois). Ces derniers ont laissé une architecture – mosquées, bazars, caravansérails et grands entrepôts avec porte cochère voûtée et cour où stationnaient les caravanes de chameaux – en partie conservée dans la vieille ville (photographies de l’expédition Wulsin, 1923, dans Fletcher, 1979, p. 55). En 1923, la cité dynamisée par l’arrivée du chemin de fer comptait 150 000 habitants, han pour la plupart d’entre eux (Fletcher, 1979, p. 55 – à la fin des années 1940, Barnett, 1993 ne compte que 78 000 habitants). L’urbanisme de Boutu explosa dans les années 1950 avec l’établissement des aciéries (Barnett, 1993, p. 43-80). Le Köndelen juu
171 [65] fut alors inclus dans la nouvelle banlieue ouest (Kundulun qu 昆都侖區), à dix kilomètres de la vieille ville (Donghe qu東河區).
Bien implantée à Boutu, la communauté chinoise fréquentait dès l’ère Kangxi les monastères mongols et parfois se les réappropriait : la vieille ville comptait deux autres sites religieux, tous deux mongols à l’origine. Le Longquan si (ou Zhuanlongzang 轉龍藏) fut fondé par le Ier
Doingqur bandida en 1726, puis reconstruit par des moines chinois (préservé, il abrite aujourd’hui des tombes de révolutionnaires). Le Miaofa chansi 妙法禪寺 ou Lüzu miao 呂祖廟, temple taoïste construit sous Xianfeng et agrandi en 1866, aurait été auparavant un sanctuaire de Maitreya construit par le prince de l’ouest des Urad (un bâtiment a été préservé, le reste a été reconstruit). Sur ces architectures : Ba Zhuanyuan, 1992 ; Zhongguo wenwu ditu ji : Nei Menggu zizhi qu fence, 2003, vol. II, p. 56-57.