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SECTION 1 L’INFORMATION, UN BIEN PUBLIC ET UN BIEN D’EXPERIENCE EXEMPTS DE RIVALITE

3. Web, une information aux multiples facettes

L’information sur le Web est difficilement qualifiable tant elle ressemble à tout et à rien. Immergée dans un océan de connaissances, elle passe d’un statut planétaire qui permet à l’internaute français de s’intéresser à la réforme du système de santé aux États-Unis, à une dimension très locale que lui offre le site maville.com (groupe Ouest-France) en lui proposant le programme de spectacles et l’information dans 80 villes de France.

Hétérogène par essence, elle met à disposition toutes les formes et tous les contenus, quel qu’en soit le producteur, simple particulier ou firme spécialisée. Parfois spécifiquement créé tantôt adaptée, voire simplement copiée et diffusée à partir d’une source primaire, elle est aussi durable qu’éphémère, disparaissant du jour au lendemain.

Multilingue et immédiatement accessible, en tout lieu et à toute heure, elle ressemble à un

patchwork. Gratuite ou payante, elle se lit autant qu’elle se regarde, s’écoute (webcasting) ou

se télécharge (podcasting). Elle est désormais plurimédia.

Renouvelée en permanence, elle est parfois dépourvue de structuration éditoriale, comme elle peut être parfaitement éditorialisée. Fiable autant qu’erronée, elle se connecte à l’actualité au gré des pages et s’enchevêtre dans une somme d’informations abyssale qui permet au lecteur

d’avancer dans ses recherches en même temps que ses lectures, sachant que les liens peuvent aussi le diriger vers d’autres sites. Non limitative, elle regroupe toutes les rubriques possibles des médias traditionnels en offrant la possibilité de recherche immédiate et intemporelle. Infinie dans son fond et dans sa forme, elle s’offre une identité à la croisée des chemins de la presse, de la télévision ou de la radio et poussant l’interactivité à son extrémité de l’espace public par l’apparition des réseaux sociaux.

Dans cet immense univers, l’information se perd parfois, sauf à être identifiée et identifiable de sorte que chaque facette de cette immense boule de contenus soit l’une des portes d’entrée reconnues à une information définie. Avec une écriture et une présentation « ni unifiées, ni

stabilisées de sorte que d’un site à l’autre, d’un journaliste à l’autre, les pratiques varient sensiblement et peuvent évoluer de manière assez contradictoire » [Charon, 2010],

l’information en ligne offre une autre expérience de lecture [Attias, 2007].

La relation avec le contenu primaire lorsqu’il existe est d’ailleurs différente d’un support à l’autre. Le site du figaro.fr propose ainsi dans sa partie gratuite un traitement plus consensuel que ne peuvent l’être son édition papier et la partie payante du site. Cette différence de traitement se retrouve pour lemonde.fr qui depuis mars 2010 a retiré les articles du quotidien, mais de proposer un flux classiques de dépêches, des papiers de l’équipe dédiée au Web ainsi qu’une production spécifique des journalistes de l’édition imprimée.

Le choix se porte aussi dans la gestion de la communauté des internautes avec des niveaux d’intervention variables selon les rédactions et le type de production [Charon, 2010].

Dans cet univers d’abondance, Jean-Marie Charon [2010] propose « une typologie à grands

traits » qui, même si elle est évidement contestable, s’avère être une approche pragmatique

fondée sur six types de sites :

Premier type, « les sites d’informations généralistes en pointe dans la course à l’audience (qui) se doivent d’offrir un suivi des principaux domaines d’actualité, à un rythme rapide, à

flux tendu. » [Charon, 2010]. Ils sont parmi les plus fréquentés (voir chapitre I, partie II) à

l’instar du monde.fr ou du figaro.fr, et oscillent entre la dépêche relayée et l’article de fond. Deuxième type, « les sites d’informations locales, principalement articulés à la presse

régionale et qui, sans ignorer l’information politique et générale, livrée chaude et brute, se concentrent sur le développement d’une information de proximité, évènementielle, pratique et servicielle. » [Charon, 2010].

À côté des sites plus traditionnels comme leparisien.fr ou maville.com, d’autres fleurissent dans un esprit plus local, fortement identitaire, sites de journalistes locaux ou plus simplement

blogs de citoyens désireux de participer à la vie locale, d’une ville le plus souvent, à l’instar

de greblog.free.fr fondé en 2006, d’essonneinfo.fr créé en 2010 ou encore de dijonscope.com né en 2009. Mais si le Web offre cette opportunité, il n’est pas garant de sa pérennité, les huit

blogs Libévilles du journal Libération ayant été fermés en mars 2011, les premiers datant de

septembre 2007.

Troisième type, « les sites d’enquête, d’analyse ou de critique dans lesquels l’information,

développée, approfondie implique un décrochage de rythme et de l’exhaustivité de l’actualité. » [Charon, 2010]. Parmi eux figurent notamment les pure players comme rue89.com, atlantico.fr ou encore mediapart.fr, s’inscrivant dans l’esprit de salon.com ou de politico.com. Il se distingue en cela des « sites plus expérimentaux », le quatrième type, à

l’instar de la filiale du monde.fr, lepost.fr, ou encore de backchich.fr qui proposent des positionnements éditoriaux difficiles à classer.

Cinquième type, « les sites d’analyses, de critiques où l’identité éditoriale et la référence que

constituent l’opinion défendue ou la signature de journalistes prestigieux priment sur la recherche du référencement et ses contraintes. Le contenu est principalement une reprise- adaptation d’articles imprimés, voire de sites partenaires (Slate). » [Charon, 2010].

Sixième type, « les sites d’informations spécialisées : articulant les registres de l’actualité

très chaude, de l’expertise et du documentaire, ils traitent de sports ou d’économie. »

[Charon, 2010] à l’instar des pure players comme e24.com ou sport24.com et des sites compagnons du journal La Tribune ou de L’Équipe.

Sur le plan publicitaire et commercial, le Web offre une combinaison identique à celle des autres médias, tout en accentuant le rôle d’intégrateur social en réduisant les coûts de transaction du consommateur et en ajoutant à son tableau toutes les nouvelles formes possibles que la technique lui autorise, la liste des inventaires disponibles étant différente d’un site à l’autre suivant l’ampleur et la nature de la présence que ce dernier souhaite octroyé à la publicité dans un contexte où l’abondance et les articulations avec le texte limitées.

Elle s’offre finalement différents costumes, entre lien structuré et accès direct. Des sites des éditeurs traditionnels (presse, télévision, radio) aux réseaux sociaux (Facebook, Twitter, etc.), des pure players de l’information en ligne aux usines à contenus, des spécialistes de

l’agrégation aux blogs, les chemins d’accès à cette tour de Babel sont considérables. Il ne lui reste plus qu’à donner tort à Joseph Joubert lorsqu’il considère que « ce n’est pas

l’abondance, mais l’excellence qui est richesse. »I-2