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cathédrale.
Chacun fonde et enracine la position de l'autre.
Dans cet enchaînement, l'arbre joue un rôle absolument non ornemental : élémentaire et fondamental à la fois. Présence dusacré
-en un doublesens.
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.4.MOTIF
:L'AssiSE
Expression minérale, ce motif fait jouer au végétal un rôle que joue la pierre ordiruûrement. Deux dimensions conjointes doivent être distinguées
:
ladimension matérielle du fondement,
de la base ou du soubassement (connotations topologiques), et ladimension logicielle de la
fondation,
du pouvoir et du judiciaire (connotations rituelles et sociologiques). L'assise, comme motif, désigne àla fois le fondement et la
fondation.
La connotation topologique est évidemment première : comme on l'a
vu, le groupe d'arbres de l'esplanade constitue l'assise végétale de la
Cathédrale
(ils
en sont le soubassement, la base ou le "tombé"); en mêmetemps,
ils
représentent l'assise du banc, au sens oùils
fondent sa position,son orientation et son usage (c'est un appui, une protection, un arrière).
Mais la
connotation socio-culturelle
n'est pas moins forte, puisque l'onvient s'y asseoir, rituellement, que l'on y pratique le culte du regard, et que l'on y ressent de manière prégnante le poids et la puissance fondatrice du sacré : lieu élevé, cultuel et culturel, sombres frondaisons porteuses d'une mémoire médiévale, méditation solitaire, rendez-vous amoureux, charivaris étudiants et fêtes annuelles.
A l'inverse d'Ouchy, qui a une position basse, aux pieds de la ville, mais dont le motif dominant est
le balcon
31, l'Esplanade de la Cathédrale est en position de balcon sur la ville, mais son motif fondamental estl'assise.
7 .S. EFFEl' D'EPIPHANIE
Effet senstble et imaginaire par lequel une configuration végétale occulte ou estompe l'entrée en scène d'une personne pour en valoriser tout-à-coup la présence, comme si elle avait toujours été là. En un premier sens, c'est l'effet, presque magique ou surnaturel, d'une
apparition subite et inattendue :
il est des lieux où les gens "apparaissent",78
sans que l'on sache commentils
sont apparus. "On ne l'avait pasvu
venir".D
n'y avait personne et pourtant, il a l'air d'être là depuis toujours et de"faire partie des lieux". En un autre sens, c'est la
manifestation visible
d'un être ou de quelque
chose
d'invisible 32 : on voit le type de
personnage et non la personne réelle, le type de comportement et non l'action réelle, ... - ou inversement. Dans l'exemple précédent, des
personnages
surgissent des Escaliers du marché : figures du Touriste, del'Amoureux ou de l'Errant, mais aussi personnalités locales, un conseiller d'Etat, un écrivain ou un architecte connu, qui ne font là qu'une brève apparition sur scène.
Cinématographiquement, cet effet renvoie directement à la technique de l'incrustation.
Ici,
lefilm
est saisissant parce que l'effet d'épiphanie est réel sur le lieu lui-même.Le film
est irréel (c'est une image), et pourtant c'est bien comme celadans
le réel (ce n'est pas une image). L'épiphanie, c'est alors la fonction icônique dufilm
-la façon dont
l'image se confond avec le réel.
Que l'on se situe dans le réel oudans
la fiction, il y a effet d'épiphanie lorsquel'apparition compte plus que l'image.
Matériellement, l'effet peut apparaître pour des raisons topologiques (l'arrivée des personnes est effectivement masquée par une haie, un alignement, un jeu alterné de troncs d'arbres, ... ) ou pour des raisons de comportement induit (leur arrivée
dans
le champ visuel est discrète). Ces deux raisons s'associent sur l'Esplanade de la Cathédrale : la configuration des lieux, l'ombre portée par les arbres, le retrait des accès latéraux (Escaliers du marché, Ancien Evêché) et du passage principal autour de la Cathédralefont surgir
les personnesdans
la zone lumineuse antérieure de l'Esplanade. En outre,la discrétion
est de mise en ce haut-lieu : on se pose sur le bancsans
fracas, on y accède tranquillement, un peu fatigué par la montée, de la démarche calme et assurée de celui qui arrive et qui va être récompensé de sa peine.7.6. FIGURE :
LE VISITEUR
Figure prégnante,
dans
la tension qu'elle établit entre son sens le plus prosaïque (aller rendre visite à quelqu'un) et ses connotations imaginaires fantastiques (le visiteur du soir).n
y a toujours unedimension
32 A l'inverse de ce que nous disions de la figure de l'Absent (Place Artaud - Figures du vide, 3.6.), caractérisée comme la manifestation invisible d'une présence. La figure de l'Absent était une figure de l'effacement (quasi-absence), l'effet d'épiphanie est
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sur-réaliste
chez le Visiteur (la raison de la visite reste toujours inconnue ou mystérieuse à l'observateur extérieur); en même temps, il manifeste et suscite toujours du respect, du calme etde la retenue
:la démesure du
Visiteur tient à la mesure de son comportement.
On vient sur cette esplanade comme on vient
rendre visite
à une vieille dame, de manière rituelle, respectueuse et un peu distante en même temps. L'arbre est un abri pour de telles visites, répétées, visuelles.Le
touristevient visiter
la Ville, la Cité, la Cathédrale etil
n'échappera pas à ce banc-là, incontournable. Plus généralement, on ne vientlà
que pour la visite, c'est-à-dire, comme le rappelle l'étymologie,pour la vue
33, c'est à-dire finalement, comme on l'a vu, pour rien.33 Etymologiquement le latin visitare est le fréquentatif de visere, voir. VISiter consiste donc à voir et à revoir de manière répétée ...
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