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VOS QUESTIONS / NOS RÉPONSES

Dans le document > Revue trimestrielle de l’INRS (Page 167-170)

Oen connaissant le contexte du chantier actuel (travaux d’extraction de déchets enfouis et terres polluées ? opérations de traitements sur place des déchets ?),

Oen déterminant les sujets potentiellement les plus exposés en fonction des postes de travail, des tâches effectuées, des mesures de prévention mises en place.

Durant une dépollution de site, il est intéressant de cibler les moments de prélèvement en priorité sur les zones d’intervention les plus polluées, la cartographie des « carottages » donnant fréquemment des indices sur ces zones.

L’évaluation objective des expositions (rarement réalisée sur ce type de chantier) comporte idéalement les mesures de concentrations atmosphériques (au mieux individuelles sur plusieurs jours) et la surveillance biologique de l’exposition (SBE) chez les salariés de ces chantiers ; la SBE est d’autant plus justifiée que les expositions peuvent se faire tant par voie inhalatoire (poussières, gaz), cutanée (contact avec les terres souillées...) que digestive (défaut d’hygiène...). Toutes deux (métrologie atmosphérique et biométrologie) sont d’interprétation délicate en raison du nombre de polluants présents et de la variabilité temporelle et spatiale des expositions et du problème de la représentativité des résultats. Ces démarches sont lourdes pour tous les acteurs de la prévention : elles nécessitent un travail préliminaire de tous les intervenants et des salariés concernés sur les enjeux, la qualité des informations à collecter et la logistique.

Dans le cas présent, les salariés travaillent sur un chantier de réhabilitation d’un ancien site de réparation de matériels roulants et sont potentiellement exposés à de nombreux produits chimiques, principalement des composés métalliques et métalloïdes. Il existe déjà une caractérisation des sols qui, même si elle est incomplète, est très utile ; il faut essayer d’en disposer afin de mieux cerner les polluants auxquels les salariés sont susceptibles d’être exposés.

Ces salariés devraient bénéficier d’une surveillance médicale renforcée en raison de leur exposition probable à des substances cancérogènes, mutagènes et/ou toxiques pour la reproduction (CMR) de catégorie 1 et 2 (mais aussi de leur exposition au

bruit, aux vibrations…) et le médecin du travail est seul juge des modalités de cette surveillance médicale (articles R. 4624-18 et R. 4624-19 du décret du 30 janvier 2012, applicable au 1er juillet 2012).

En matière de surveillance biologique des expositions aux composés métalliques, il est intéressant de mettre en place un protocole d’échantillonnage, au mieux avec un bilan de référence avant le démarrage du chantier (particulièrement utile pour les opérateurs qui enchaînent des interventions sur des chantiers différents) qui facilitera l’interprétation des résultats ultérieurs.

Le choix des paramètres à doser, principalement des composés métalliques au vu des premiers résultats de la caractérisation des sols, n’est pas simple, en raison du nombre des composés identifiés, du problème de la représentativité des prélèvements effectués, de l’absence d’information précise et exhaustive sur les substances chimiques susceptibles d’être rencontrées et sur leurs

concentrations respectives. Dans un premier temps, les dosages des substances les plus toxiques et les plus bio-accumulables comme le plomb et les cancérogènes avérés, en l’occurrence le cadmium, le chrome, le cobalt, le béryllium, le nickel, pourraient être réalisés chez les salariés les plus exposés.

Dans ce contexte de multiexpositions mal caractérisées et afin de permettre un repérage des différents composés métalliques sans multiplier le nombre de prélèvements et d’analyses d’un coût non négligeable, une analyse de plusieurs éléments à partir d’un seul prélèvement urinaire serait utile dans un premier temps et pourrait guider le choix des indicateurs biologiques d’exposition (IBE) à suivre lors des prélèvements ultérieurs. Une étude a été réalisée à l’INRS en 2010-2011 avec pour objectif la validation d’une méthode d’analyse multi-élémentaire dans l’urine par ICP-MS (Inductively Coupled Plasma Mass Spectrometry) ; cette méthode a été validée du point de vue analytique, mais également sur le terrain, pour les urines (dans le secteur de la métallisation, du recyclage des déchets d’équipements électriques et électroniques) pour 27 éléments et est utilisable en routine. Les 27 éléments sont : aluminium, arsenic, baryum, béryllium, cadmium, chrome, cobalt, cuivre, étain, fer, indium, manganèse, mercure, molybdène, nickel, platine, plomb, sélénium, strontium, tellure, thallium, titane, tungstène, uranium, vanadium,

zinc, zirconium. Cette méthode ne permet pas la spéciation (seul l’arsenic total est dosé et non les dérivés méthylés par exemple). Pour des raisons de conservation des échantillons, après recueil des urines, différentes précautions doivent être prises : les urines sont classiquement conservées dans des flacons en polypropylène neufs et préalablement lavés ; généralement, une acidification nitrique et une conservation à 4 °C suffisent pour une bonne stabilisation des éléments ; par contre, le mercure sera stabilisé par addition d’un oxydant fort tandis que le tungstène ne demande pas d’additifs pour sa conservation. Les limites de quantification de chaque élément analysé vont du ng.L-1 (cas du béryllium urinaire) à la dizaine de μg.L-1 (cas du sélénium urinaire) et permettent d’apprécier des niveaux d’imprégnation de l’ordre de ceux rencontrés dans la population générale. Cette méthode est, d’un point de vue analytique, adaptable pour d’autres milieux comme le sang total, le plasma, le sérum, les érythrocytes et applicable aux frottis de surface mais n’a pas été validée sur le terrain.

Le large éventail des éléments susceptibles d’être analysés par cette méthode de screening et la disponibilité de la méthode analytique (ICP-MS) au sein de nombreux laboratoires ne doit pas inciter le médecin à demander toutes les analyses (métaux) ; l’évaluation préalable des dangers et des risques permettra de cibler certains de ces éléments, qu’ils aient été retrouvés lors de la caractérisation des sols ou lors de prélèvements atmosphériques ou suspectés lors de l’analyse des risques. Cette première étape de débrouillage, qui implique nécessairement le médecin du travail, devrait permettre d’affiner le protocole de suivi biologique de l’exposition. En fonction des premiers résultats, les prélèvements pourront être étendus à d’autres salariés et leur périodicité sera déterminée en fonction des polluants (demi-vie), du niveau d’imprégnation retrouvé, du cycle de travail…

Il faut rappeler que le dosage de la plombémie devra être réalisé par un laboratoire accrédité COFRAC, selon les exigences de la norme NF EN ISO 15189 pour le dosage de la plombémie dans le cadre de l'article R. 4412-152 du Code du travail.

En cas de multiexpositions, l’interprétation des résultats des dosages biologiques de composés métalliques reste difficile ; ces derniers pourront être comparés aux valeurs de référence de la population

générale ainsi qu’aux valeurs de référence des populations professionnellement exposées quand elles existent (base de données Biotox).

La mise en place d’une surveillance biologique des expositions chez les salariés intervenant sur des sites pollués, qui nécessite l’implication du médecin du travail en amont du démarrage du chantier, doit permettre d’orienter la mise en place de nouvelles mesures ou la correction des mesures de prévention existantes, et peut entraîner des arrêts temporaires de chantier. Elle est d’autant plus importante que le contenu de la surveillance médicale, élément important de la prévention des risques professionnels, est complexe à mettre en place du fait de la multiplicité des polluants, de la difficulté d’obtention d’informations sur l’exposition et de la multiplicité des entreprises (utilisatrice et sous-traitants). Il ne faut pas perdre de vue que l’objectif final de la démarche d’évaluation a priori des risques sur ces chantiers est la prévention : à cette fin, la mise en œuvre de mesures de prévention technique (protection collective à type d’arrosage, de captage des polluants, de travail confiné… et individuelle) et organisationnelle (cartographie des sols, isolation du chantier, signalisation…) doit être la priorité.

Une démarche semblable à celle de la SBE aux composés métalliques doit être mise en place lors d’expositions à des hydrocarbures et/ou à des composés organiques volatils (COV). Une méthode analytique utilisant la technique de l’espace de tête (Headspace) dynamique couplé à un chromatographe en phase gazeuse et à un spectromètre de masse (CPG-SM) est en cours de mise au point à l’INRS pour mesurer des concentrations résiduelles de COV non métabolisés dans l’urine. L’objectif est d’utiliser cette technique pour réaliser en une seule analyse le suivi de salariés exposés simultanément à plusieurs COV (dichlorométhane, hexane, chloroforme, benzène, trichloroéthylène, toluène, tétrachloroéthylène, xylènes et styrène) de structure et de propriétés chimiques différentes et de proposer ainsi un outil d’évaluation des multiexpositions professionnelles alternatif et complémentaire de la surveillance atmosphérique.

La conduite à tenir, en termes de SBE, devrait pouvoir être extrapolée à d’autres situations de travail dans lesquelles les expositions sont multiples et/ou mal caractérisées.

VOS QUESTIONS / NOS RÉPONSES

QHÉRY M, MOUTON C, MAISON A, FALCY M – Réhabilita-tion de sites industriels pollués : prévenRéhabilita-tion des risques professionnels. Dossier médico-technique TC 83. Doc Méd Trav. 2001 : 291-320.

QDOR F - Pollution des sols et santé publique. Arch Mal Prof Environ. 2006 ; 67 (1) : 40-48.

QPROTECTIONDESTRAVAILLEURSSURLESCHANTIERSDERÉHABILI

-TATIONDESITESINDUSTRIELSPOLLUÉS. Édition INRS ED 866.

Paris : INRS ; 2002 : 209 p.

QFONTENEL F - La prévention des risques profession-nels lors de la dépollution des sites et sols pollués en Ile-de-France. Mémoire de prévention d’Ingénieur Conseil. Paris : CRAM Ile-de-France ; 2009 : 35 p.

QNISSE C - Sols pollués : évaluation des risques chimiques et surveillance des personnels. In : 30es Journées nationales de santé au travail dans le bâtiment et les travaux publics. Risques chimiques dans le BTP. Blois, 10-12 juin 2009. Blois : GNMST BTP ; 2009 : 116-22, 153 p.

ÉLÉMENTS BIBLIOGRAPHIQUES

POUR EN SAVOIR +

ADEME (Agence de l’environnement et de la maitrise de l’énergie) : www.ademe.fr

Base de données Biotox : www.inrs.fr/biotox

Pollution des sols. Base de données Basol : http://basol.

environnement.gouv.fr

1 | ENSTYLEDECARACTÈREDANSDOSSIER BIBLIOGRAPHIE ENCADRÉ : 01-TEXTE CAP ROUILLE Dans Bibliographie Encadré 01-Texte En syle de caractère Dans dossier Bibliographie Encadré : 01-Texte Ital

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BIBLIOGRAPHIE La réponse de Colette Le Bâcle,

département Études et assistance médicales, INRS.

Un cas de mégalérythème chez un jeune enfant a été signalé dans une crèche. Deux femmes enceintes y travaillent : l'une d'elles a une sérologie positive contre le parvovirus B19 et l'autre non. Toutes les deux, très inquiètes, et leur directrice de crèche cherchent des informations pour savoir quelle conduite adopter.

La réponse se situe à plusieurs niveaux.

La maladie et les risques

Le parvovirus B19 est un virus ubiquitaire responsable du mégalérythème épidémique ou 5e maladie infantile, maladie évoluant par épidémies se produisant généralement au printemps. Peu de données sont disponibles sur cette maladie éruptive souvent asymptomatique. La contamination se fait tout au long de la vie et environ 40 % des femmes âgées de moins de 30 ans seraient réceptives au

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