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VOLET QUANTITATIF

Un questionnaire d’enquête s’est adressé à un échantillon de 1532 étudiants sélectionnés de façon aléatoire dans l’ensemble des collèges publics et privés du Québec. L’échantillon de collégiens, de type systématique et probabiliste, a été déterminé à partir des effectifs étudiants inscrits au secteur

régulier de l’enseignement à l’automne 2008. Au total, 27 collèges (23 du secteur public et 4 du secteur privé) ont participé à la recherche. Les collèges participants représentent plus du tiers de la population des collégiens au Québec (36,8 %). Un total de 611 étudiants a complété le questionnaire. La taille de l’échantillon assure un degré de confiance de 95 % sur le plan des résultats pour les 27 collèges participants, ce qui respecte les standards retenus en sciences sociales pour ce type de recherche (Mayer et Ouellet, 1991).

Pour l’élaboration du questionnaire d’enquête (voir annexe), nous avons puisé à diverses sources, dont nos propres travaux, ceux de Tremblay et al. (2006) et ceux de Pronovost (2007). En parallèle, nous avons également consulté des écrits en sociologie des valeurs pour ce volet spécifique. Les paramètres suivants ont été pris en considération dans l’élaboration du questionnaire :

• un certain nombre de caractéristiques personnelles des étudiants (type de ménage, pays d’origine, langue, etc.);

• le collège comme milieu de vie (perception qu’a l’étudiant du collège, temps accordé aux travaux scolaires, relations avec les intervenants et les services, etc.). Dans cette section, une place de choix est réservée aux relations entre professeur et étudiant et à la participation aux activités parascolaires, conformément aux dimensions spécifiques définies dans l’étude;

• les réseaux familial et social (soutien parental, liens avec les amis, bénévolat dans la communauté, etc.). Dans cette section, l’accent est mis sur les relations entre parents et étudiant, conformément aux dimensions spécifiques définies dans l’étude;

• le bien-être personnel (indicateurs de santé mentale, tels que le stress, le sentiment d’être déprimé, le degré d’autosatisfaction, la consommation d’alcool ou de drogues, etc.);

• la situation économique (participation au marché du travail, situation financière, sources de revenus, etc.);

• le système de valeurs (défini selon deux modes : les valeurs telles qu’identifiées par les étudiants eux-mêmes et les valeurs sélectionnées sur la base de propositions d’énoncés couvrant un éventail varié de valeurs et d’aspirations). Nous utilisons l’expression « système de valeurs » dans le sens d’une typologie regroupant des valeurs associées positivement ou négativement ou ayant un effet neutre sur les indicateurs de la réussite scolaire.

En complément au questionnaire d’enquête, une banque de données du système interne des collèges a permis de jumeler des informations d’ordre personnel et scolaire (âge, sexe, résultats scolaires, nombre de sessions complétées et programme d’études) avec celles du questionnaire. Les deux sources d’informations ont été fusionnées pour faciliter l’analyse et le traitement de l’information1. L’étude est de type transversal, c’est-à-dire que les étudiants ont complété une seule fois le questionnaire d’enquête à l’automne 2008.

La recherche a comme pivot central l’analyse de la question de la réussite scolaire selon le genre. Pour les fins de l’étude, nous avons choisi de circonscrire le concept de réussite scolaire selon deux dimensions : le rendement scolaire et la persévérance aux études. Bien que ces deux dimensions se recoupent potentiellement, il n’en demeure pas moins qu’elles expriment des réalités parfois distinctes qui peuvent conduire à des interventions différentes. De plus, le caractère opérationnel de ces dimensions favorise le développement d’analyses avec les autres variables du questionnaire, permettant ainsi de quantifier des tendances et de mettre à jour des profils étudiants, associés à la réussite scolaire. Sur le plan technique, le rendement scolaire a été mesuré à partir des résultats scolaires cumulatifs de l’étudiant dans son programme de formation actuel (automne 2008). Quant à la persévérance aux études, elle fut appréciée à partir d’une question portant sur l’abandon scolaire dans le questionnaire d’enquête2.

La réussite scolaire est la variable dépendante. Toutes les analyses statistiques mesurant le degré d’association et de corrélation des variables ont été systématiquement reproduites distinctement, selon le genre des étudiants.

Les questionnaires ont été informatisés et un plan de codification a été élaboré pour les questions ouvertes. Nous avons eu recours au progiciel SAS pour le traitement et l’analyse des données. Diverses analyses statistiques ont été effectuées sur le matériel de la recherche (test du Khi carré, analyses factorielles, analyses uni-variées, régressions logistiques et multiples).

Conformément à notre cadre de référence sur la socialisation différenciée, notre examen se concentre sur quatre dimensions qui, selon nos travaux antérieurs, sont étroitement associées à la

1 Un numéro attribué aléatoirement à chaque étudiant nous a servi de jonction entre les deux banques de données. Seuls les services administratifs des collèges pouvaient avoir accès aux informations nominales des étudiants. La confidentialité a ainsi été garantie par rapport à l’équipe de chercheurs.

2 Pour qualifier la persévérance scolaire, la question est la suivante : « Songes-tu présentement à abandonner tes études au collège? » Trois réponses possibles : 1. Pas du tout; 2. J’y songe à l’occasion; 3. J’y songe sérieusement.

réussite scolaire et constituent un laboratoire fertile pour observer des traits de socialisation différenciés selon le genre. Il s’agit des valeurs des étudiants, de la relation « professeur et étudiant », de la relation « parents et étudiant » et de la pratique d’activités parascolaires au collège. Pour chacune de ces dimensions, des hypothèses de travail ont été formulées à partir de notre recension des écrits et de nos travaux :

Valeurs

Hypothèse 1 : Les valeurs des filles s’accorderaient plus avec les exigences du milieu scolaire; Hypothèse 2 : Les valeurs des garçons seraient davantage de nature « expressive » alors que celles des filles seraient davantage de nature « instrumentale ».

Relation « professeur et étudiant »

Hypothèse 1 : Les filles seraient généralement plus satisfaites de leur relation avec leurs professeurs;

Hypothèse 2 : Les filles se conformeraient plus aux exigences des professeurs (cette hypothèse sera examinée plus spécifiquement dans le volet qualitatif de l’étude).

Relation « parents et étudiant »

Hypothèse 1 : Les filles auraient plus de relations avec leurs parents;

Hypothèse 2 : Les filles seraient plus soutenues par leurs parents dans leurs études.

Pratique d’activités parascolaires

Hypothèse 1 : Les filles pratiqueraient plus d’activités socioculturelles alors que les garçons seraient davantage engagés dans des activités sportives;

Hypothèse 2 : Les filles se serviraient plus des activités parascolaires pour nouer avec les étudiants des relations d’entraide sur le plan scolaire (cette hypothèse sera examinée plus spécifiquement dans le volet qualitatif de l’étude).

Sur le plan technique, nous avons procédé à des analyses statistiques (factorielles, uni-variées et multi-variées) des variables portant sur le champ des valeurs (questions 43 à 46 du questionnaire d’enquête), sur les relations avec les professeurs (questions 17 et 18), sur la participation à des activités parascolaires au collège (questions 19 à 22) et, enfin, sur la relation parentale (questions 26 à 30), en distinguant selon le genre et en tenant compte des relations existantes entre ces variables et les deux indicateurs de la réussite scolaire.

En complément à ces informations, certaines autres analyses de variables du questionnaire d’enquête permettent de rendre compte de traits de socialisation potentiellement différenciés selon le genre. Il en est ainsi pour les questions suivantes :

question 1 sur le type de ménage;

question 5 sur le nombre d’heures consacrées aux études;

question 6 sur l’intérêt porté aux études;

question 8 sur les motifs d’abandon des études;

question 12 sur la perception concernant le collège;

question 13 sur le recours aux services du collège;

question 14 sur la charge de travail dans le programme d’études;

question 38 sur le niveau de stress;

questions 39 à 42 sur la consommation d’alcool et de drogues;

question 49 sur le nombre d’heures consacrées à un emploi rémunéré;

question 50 sur les périodes de travail rémunéré en semaine et en fin de semaine;

question 52 sur la principale source de revenu.

Au terme des analyses statistiques distinguant les informations selon le genre, nous avons procédé à une autre étape qui consiste à retraduire ces analyses selon un cadre interprétatif identifiant des traits de socialisation afférents aux constats enregistrés. Par cet exercice, nous avons tenté de mettre en lumière une toile de fond plus générale des formes de socialisation différenciées existant entre filles et garçons. Les écrits sur le sujet, tels que recensés plus haut, nous ont servi de point de référence pour effectuer cet examen. Ce matériel est repris à la faveur de l’exploration qualitative de notre recherche afin de mieux décrypter et de comprendre les formes de socialisation agissant selon le genre.