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- Une catastrophe d’origine volcanique : hypothèse défendue par Vincent Courtillot. Paris.

En 1983, W. Zoller a montré que le Kilauea, volcan des îles Hawaii, rejetait lors de son éruption, une quantité appréciable d’iridium. Les anomalies chimiques de la limite secondaire-tertiaire pouvaient donc s’expliquer par des phénomènes volcaniques.

On pense aux fantastiques éruptions qui se sont produites à l’Ouest de l’Inde à l’époque. L’Inde se trouvait alors à 6000 km au Sud de sa position actuelle. Ces éruptions ont formé les "Traps" (=

"marches d’escalier" en néerlandais) constituées de basalte du Deccan. Ces coulées recouvrent actuellement une surface de 500 000 km2 - soit l’équivalent de celle de la France – et s’étendaient beaucoup plus à l’origine (de l’ordre de 2 millions de km2), atteignant parfois 2,4 km d’épaisseur.

Les spécialistes estiment le volume total de lave émis à 2 millions de km3.

On a retrouvé des dents et des œufs de dinosaures intercalés entre les premières coulées basaltiques.

Ces épanchements ayant duré près de 500 000 ans auraient envoyé dans l’atmosphère d’incroyables quantités :

* de poussières (absorbant la lumière solaire, stoppant la photosynthèse et bouleversant les chaînes alimentaires),

* de soufre (donnant naissance à des pluies acides sulfuriques qui d’acidifiaient les océans),

* de gaz carbonique (qui crée un « effet de serre » et augmente la température : si le CO2 est X 8, la température s’accroît de 5°C.)

* et libéré de l’iridium.

Les perturbations climatiques ainsi provoquées et les modifications chimiques de la composition des océans auraient été responsables de la disparition des dinosaures et des autres espèces.

- Une collision avec une énorme météorite (environ 10 km de rayon) ou une comète. Hypothèse défendue par Luis Alvarez, Walter Alvarez et Franck Asaro.

Californie.

* La découverte relativement récente dans la couche d’argile à iridium de minéraux : magnétites et quartz à structure particulière (ils présentent des déformations cristallines et clivages cristallins ne pouvant s’expliquer que par des contraintes extrêmes) a contribué à renforcer l’hypothèse de l’impact d’un très gros objet extraterrestre (lire l’article de Robert Rocchia : "La catastrophe de la fin de l’ère secondaire" dans "La Recherche" n° 260 de décembre 1993). De telles structures lamellaires déformées ne se rencontrent en effet que dans des cratères d’impact de météorites et dans la paroi des cavités où se déroulent des explosions nucléaires souterraines. On parle de « métamorphisme de choc ».

Quartz avec déformations lamellaires multiples que l’on ne rencontre que dans les sites d’essais nucléaires ou

au voisinage d’impacts.

On observe au microscope optique, en lumière polarisée, des quartz de 50

à 300 microns présentant des anomalies du réseau cristallin : des

structures en lamelles ou des entrecroisements de défauts.

Photo extraite de « Pour la Science » n° 158, décembre 1990 : « Un impact d’origine extraterrestre par W. Alvarez et F. Asaro.

Il est vrai que des chercheurs ont cru découvrir de telles structures dans les produits d’éruption volcanique mais l’étude au microscope électronique à transmission a montré qu’elles n’étaient pas de même nature.

* La couche d’argile renferme également des cristaux microscopiques de « magnétites nickélifères » (mot à mot : "magnétites" = fer + magnésium "porteuses de nickel" auxquels il faut ajouter du chrome).

Ces magnétites nickélifères sont sans équivalent dans les roches terrestres. Par contre de telles magnétites existent dans les sphérules cosmiques que l’on retrouve en abondance au fond des océans et dans les glaces polaires et qui sont les restes des poussières cosmiques à l’origine des étoiles filantes quand elles rentrent dans l’atmosphère terrestre.

Lorsqu’il s’agit de grosses météorites, les magnétites nickélifères ne se forment qu’à la périphérie de l’objet (pellicule superficielle appelée croûte de fusion), là où il est en contact avec l’oxygène, et dans les gouttelettes arrachées aux météorites par friction aérodynamique.

Sur la Lune, qui a conservé les traces d’un abondant bombardement de météorites, on ne trouve pas de magnétites nickélifères du fait de l’absence d’atmosphère.

B) LA METEORITE DU YUCATAN ET LE CRATERE DE CHICXULUB : On estime qu’un choc similaire de météorite avec la Terre se produit en moyenne tous les 50 millions d’années.

Les évènements se seraient déroulé ainsi (Cf. film) : la chute du (ou de la) météorite aurait eu lieu dans le Yucatan, péninsule mexicaine de l’Amérique centrale, créant un cratère de 180 km de rayon. En ce lieu se trouvent, sous-jacent au cratère, de très épaisses couches (des centaines de mètres) d’anhydrite qui est un minéral correspondant au sulfate de calcium (CaSO4).

Sous le formidable impact de la météorite arrivant à la vitesse de 30 à 45 km par seconde, il y a éjection de tectites (verres fondus) propulsées à des centaines et milliers de km du cratère (la couche à iridium renferme des microtectiques) et la matière constitutive de l’astéroïde se volatilise.

Simultanément, il y a production d’une quantité inimaginable d’acide sulfurique (H2SO4) dérivant de l’anhydrite : 600 milliards de tonnes vaporisées dans l’air : c’est « l’effet de cible ».

La collision dégage une quantité d’énergie considérable et la température aurait atteint 18 000 degrés entraînant :

* Une combinaison de l’oxygène et de l’azote avec formation d’énormes quantités d’oxyde d’azote retombant sous forme d’une pluie d’acide nitrique.

* l’incendie de toutes les forêts du globe et donc une pénurie en oxygène consécutive et un accroissement considérable de la teneur en gaz carbonique.

Magnétites nickélifères de la couche d’argile à iridium dégagées ici de leur gangue argileuse.

Clichés E. Rodin et C. Jéhanno.

"Toutes les forêts du globe s’embrasent (la couche à iridium renferme une grande quantité de suie qui semble en fait ne correspondre qu’à 25 % de la biomasse continentale de la fin du crétacé). La couche d’ozone se déchire. Les rayons ultra-violets bombardent la terre.

L’acidité des mers augmente tuant le plancton. Un nuage de vapeurs et de poussières envahit l’atmosphère plongeant la Terre dans l’obscurité pendant des mois, des années peut-être. Chute de température, disparition des plantes : les dinosaures meurent comme dans un hiver nucléaire" (texte extrait du film).

Du fait de l’obscurcissement de l’atmosphère, la température serait descendue jusqu’à – 30 °C à l’intérieur des terres durant, pense t-on le plus souvent, de 3 à 6 mois.

Ensuite, le gaz carbonique, par "effet de serre" aurait été à l’origine d’un été caniculaire succédant à l’hiver d’impact.

Il est probable qu’il a existé, en fait, plusieurs impacts de météorite à la limite crétacé-tertiaire car la composition des magnétites nickélifères varie d’un site à l’autre (1 à 2 % de chrome en Italie mais

18 à 20 % en Tunisie).

Outre les traces de choc dans le Yucatan, on peut citer le cratère de Manson en Amérique du Nord

dans l’Iowa et probablement un impact dans la partie Nord-Ouest de l’océan Pacifique (on a trouvé des débris riches en iridium sous forme

de sphérules et d’éléments anguleux dispersés sur 2 millions de km2).

Remarques :

* Si l’on retient l’hypothèse de l’impact, la couche d’argile sombre s’est formée en moins en quelques années. Si on considère celle du volcanisme, la couche s’est déposée en environ 50 000 ans.

* Au moment où le phénomène s'est produit,

beaucoup de dinosaures avaient déjà disparu mais il persistait encore de nombreuses espèces et on ne parle plus actuellement de déclin... De plus, d'autres organismes comme les mammifères, les oiseaux, les crocodiles, les tortues, les serpents, les lézards, les amphibiens et les poissons ont survécu en majorité. Le fait que les mammifères et les oiseaux aient persisté s’explique probablement par leur température interne constante. La survivance des autres espèces reste à comprendre, dans l'hypothèse de n'importe quelle catastrophe.

Sphérule issue de la météorite (d’un diamètre estimé à 2 km) ayant frappé

l’océan Pacifique. Elle renferme de l’iridium et de la magnétite nickélifère (spinelle formée en présence d’oxygène).

Cliché Eric Robin. CFR.

II-

LES HYPOTHESES NON CATASTROPHIQUES = GRADUELLES :

A. LA REGRESSION MARINE :

Hypothèse de Léonard Ginsburg (paléontologue français).

Le niveau marin baisse de presque 200 mètres. C’est l’une des régressions les plus importantes qui se soient produites au cours de l’histoire de la Terre. Les mers épicontinentales où la vie était très intense se vident (leur surface serait divisée par 350) ce qui crée une terrible concurrence entre animaux d’une même espèce et entre espèces. Enormément vont disparaître.

Pourquoi la mer s’est-elle retirée ?

Certains auteurs comme Michel Mazin ont pensé à un effondrement très important du plancher océanique. D’autre comme Léonard Ginsberg ont envisagé une glaciation (mais celle-ci n’a pu être mise en évidence).

B) L’APPARITION DE SAISONS PLUS MARQUEES :

Pendant toute la durée de l’ère secondaire, la température était restée élevée (20°C en moyenne) et l’atmosphère humide (type climat de mousson).

Vers la fin du crétacé, du fait entre autres du rétrécissement des mers épicontinentales, il n’y a eu une continentalisation du climat : pas un véritable refroidissement, mais plutôt un accroissement de la « saisonnalité », le climat devenant tempéré-chaud. Les étés sont plus chauds et les hivers plus froids (la baisse serait de 8 à 10 °C).

La zone localisée à la périphérie de la Mésogée (la Méditerranée constitue un reliquat de cette mer) conserve une température élevée mais tend, elle, vers l’aridité.

Ce serait donc l’apparition de saisons (à caractères tranchés) et une évolution vers un climat plus aride dans la région péri-mésogéenne qui auraient été les

causes de la disparition des espèces uniquement adaptées à un climat de type tropical. Insistons sur le fait que l’on ne dispose pas d’indices permettant de dire qu’il y a eu un brusque refroidissement, même de courte durée.

Les crocodiles vivent bien à 15 ° C, à 14 ° C, à 13 °C mais à 12°C, les œufs ne contiennent plus que des femelles ! Il existait peut-être de tels phénomènes chez les dinosaures.

B.

Voilà pourquoi je n’aime que les bains chauds !

Carte paléogéographique de l’Europe à la limite crétacé - tertiaire.

Carte paléogéographique de l’Europe au milieu du crétacé supérieur.

C. D’AUTRES HYPOTHESES : On nous raconte aussi :

* Que les dinosaures auraient été décimés par des maladies… ceci est pure spéculation… Il est vrai que l’on a décrit des œufs à coquilles épaissies ou amincies et des œufs de tailles anormales (œufs nains ou atteints de gigantisme), mais ceci ne relève que de l’anecdotique.

* Que les dinosaures n’aurait pas su s’adapter à l’évolution de la végétation (diminution des gymnospermes et développement des angiospermes)… mais ceci n’explique pas les extinctions massives d’autres groupes, en particulier dans les océans.

* Que les premiers mammifères se seraient nourris des œufs de dinosaures, les faisant disparaître.

Cette théorie a maintenant bien peu d’adeptes… comment peut-on, là encore, expliquer l’extinction simultanée d’animaux marins comme les protozoaires du groupe des foraminifères et des mollusques des groupes des rudistes, des ammonites et des bélemnites ?

CONCLUSION :

Les plus récents ossements de dinosaures ont été trouvés 4 mètres sous la couche à iridium soit environ 150 000 ans avant. Les dernières empreintes de pas de dinosaures ont été observées 30 cm (soit 10 000 ans) sous l’argile à iridium. Un cataclysme peut donc fort bien expliquer leur totale disparition. L’hypothèse du météore, dans l’actuel état de la recherche, est la plus plausible. Pour en être certain, il faudrait trouver les ossements des derniers dinosaures mêlés à des quartz choqués et à des magnétites nickélifères.

Les extinctions massives de la limite secondaire-tertiaire ont libéré des places. Les survivants ont pu évoluer dans les niches écologiques libérées… c’est comme si la moitié des professeurs étaient renvoyés du jour au lendemain : les perspectives de carrière des nouveaux venus seraient grandement améliorées. Les mammifères vont connaître une évolution explosive et vont pouvoir constituer le groupe dominant d’où émergera l’homme.

Mammifère du secondaire s’attaquant à des œufs de dinosaures.

Dessin extrait du livre de David Lambert : "les dinosaures".

Editions « Rouge et or ». 1979.

Sur les 900 espèces décrites dans le monde, seulement une 30 aine ont été recensées sur notre sol.

Les 7 principales sont représentées sur la carte ci-dessous.

Espèces Groupes Lieux Mensurations

Platéosaure Prosauropode Trias supérieur de Lons-Le-Saunier (Jura) 6 à 8 mètres Lexovisaurus =

"reptile de Lisieux"

Stégosauriens Jurassique moyen d’Argences (Calvados) 5 m Mégalosaure Carnosaure Jurassique supérieur de Boulogne-sur-Mer

(Pas-de-Calais)

9 m et 1 tonne Compsognathus Cœlurosaures Jurassique supérieur du camp militaire de

Canjuers dans le var

60 cm.

3 à 3,5 kg Iguanodon Ornithopodes Début crétacé de St-Dizier

(Haute-Marne)

9 m. 4,5 tonnes Titanosaure Sauropodes Crétacé d’Esperaza dans la vallée de

l’Aude

10 à 15 m Hadrosaure

telmatosaurus

Ornithopodes Fin du crétacé à Fontjoncouse (Aude) 4 à 14 m

Les

dinosaures