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La voix de l’enseignant au cœur de la communication en langue étrangère

1. La communication en classe et la voix de l’enseignant de langue étrangère

1.1 Le principe de la communication en classe de langue étrangère

1.1.1 La voix de l’enseignant au cœur de la communication en langue étrangère

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1. La communication en classe et la voix de l’enseignant de

langue étrangère

Communiquer un message est le fait de « faire savoir, faire connaître » le message, c’est aussi le fait de « le transmettre » 97, d’établir une relation avec autrui. Pour communiquer un message, il faut un ensemble de moyens et de techniques permettant la diffusion d’un message auprès du récepteur. Mais dans quelle mesure la voix peut-elle porter le message et contribuer à sa communication ?

1.1 Le principe de la communication en classe de langue

étrangère

Pour communiquer à ses élèves les connaissances qui se rapportent à la matière qu’il enseigne, l’enseignant se sert des moyens verbaux, et des moyens non verbaux. La voix de l’enseignant entre dans ce qui est à la fois verbalisé et non verbalisé. Elle peut être séparée du verbal dans la mesure où nous pouvons produire des sons sans prononcer des mots (signes linguistiques) et communiquer un message à un auditeur quelconque, et de même, nous pouvons produire le même mot de différentes manières en ayant à chaque fois un sens différent. Selon I. Fonagy (1983), les organes de la parole n’étaient pas destinés à l’origine à véhiculer les messages linguistiques; ils remplissaient plutôt certaines fonctions biologiques. C’est essentiellement la glotte, premier niveau dans la genèse des messages verbaux vocaux, qui est l’organe des messages vocaux émotifs non articulés.

Le message peut être soit affectif (une attitude, une émotion, un sentiment), soit cognitif (les objectifs cognitifs en rapport avec la matière enseignée), soit interactionnel (les tâches que l’enseignant demande à ses apprenants de faire).

1.1.1 La voix de l’enseignant au cœur de la communication en langue étrangère

Toute communication ne peut être prise et définie en dehors de son contexte, du contact établi entre les entités de la communication, et du code utilisé. C’est-ce que fait introduire le linguiste R. Jakobson (1969 : 209-248) dans son schéma de la communication humaine:

CONTEXTE

DESTINATEUR………MESSAGE……….DESTINATAIRE CONTACT

CODE

Figure 4 schéma général de la communication humaine introduit par R. Jakobson.

R. Jakobson développe dans ce schéma un point de vue centré sur le message lui-même. Le schéma est composé de six facteurs. À chacun de ces facteurs est liée une fonction du message :

 La fonction référentielle : elle concerne principalement le référent auquel renvoie le message. Autrement dit à cet état du monde dont parle le message. Il s'agit de la fonction informative de tout langage.

 La fonction expressive : elle est centrée sur le destinateur, sur l'émetteur et lui permet d'exprimer son attitude, son émotion, et son affectivité par rapport à ce dont il parle. Tous les traits dits suprasegmentaux – intonation, timbre de la voix, etc. – du langage parlé se rattachent à la fonction expressive.

 La fonction conative : Elle est centrée sur le destinataire. Il s'agit de reconnaître au langage une visée intentionnelle sur le destinataire et une capacité d'avoir sur ce dernier un effet. C'est cette dernière orientation qui a été développée par les pragmaticiens. Le vocatif, l'impératif sont les formes grammaticales qui permettent l'instanciation de cette fonction.

 La fonction phatique : Cette fonction sert "simplement" à établir la communication, à assurer le contact et l'attention entre les interlocuteurs. Il s'agit de rendre la communication effective car ressentie. Il existe donc des modalités de régulation de la communication qui sont contraintes par le contact direct des deux partenaires de la communication. L’absence de ces modalités peut entraver la convivialité et l'efficacité de la communication.

 La fonction métalinguistique

La fonction métalinguistique répond à la nécessité d'expliciter parfois les formes mêmes du langage.

Cinquième Partie : les facteurs liés au contexte présent

167  La fonction poétique

Cette dernière fonction met l'accent sur le message lui-même et le prend comme objet. Il s'agit donc de mettre en évidence tout ce qui constitue la matérialité propre des signes, et du code. Il s'agit de tous les procédés poétiques comme l'allitération par exemple.

Le modèle de Jakobson devait permettre de classer les différentes formes de production langagière selon des genres en fonction de la fonction dominante puisque, évidemment, les différentes fonctions existent à un degré divers dans toute production langagière.

La fonction expressive du message relative au destinateur est celle que nous prenons en compte dans la mesure où elle se rapporte à la voix comme moyen d’expression. Or, elle n’est pas considérée de manière indépendante des autres facteurs. Les messages que l’enseignant veut communiquer en classe se rapportent au métalangage de la langue cible, à l’organisation et à l’orientation des paroles et des réponses des apprenants.

La communication présentée par R. Jakobson fait penser au fait qu’elle est un système complexe qui prend en compte tout ce qui se passe lorsque des individus entrent en interaction et fait intervenir à la fois des processus cognitifs, affectifs et interactionnels (conscients et inconscients). Dans cette optique, nous considérons que les informations transmises sont toujours multiples, que la transmission d'informations n'est qu'une partie du processus de communication et que différents niveaux de sens circulent simultanément : des informations se rapportant au destinateur, au destinataire, au contexte, au code utilisé, au type de contact établi. La voix peut d’abord communiquer des messages qui se situent au niveau de la personnalité, de l’image de celui qui parle :

La « voix » canal de la parole, est un attribut personnel et social de l’individu. Cet attribut participe activement à la présentation de soi en public, au même titre que l’aspect physique et le vêtement. (G.-D de Salins 2000 : 262).

Ainsi, au moyen de sa voix se révélant dans sa parole, l’individu peut communiquer ses caractéristiques personnelles, notamment son aptitude physiologique de production vocale, ses attitudes (ses intentions, ses sentiments et ses émotions), mais aussi il peut donner une « image de lui-même», de son statut social, du type de la relation et de l’interaction qu’il entretient avec ses écouteurs.

Mais pour communiquer, l'émetteur et le récepteur doivent disposer d'un code commun. La communication se caractérise alors surtout par l'utilisation d'un code établissant les

correspondances entre un signe et son sens qui doit être commun aux interlocuteurs. Si nous appliquons ce schéma à la communication en classe de langue étrangère entre l’enseignant et ses apprenants nous aurons l’explication suivante : Le destinateur est l’enseignant lui même étant censé communiquer aux apprenants destinataires le savoir et savoir faire scientifique, précisément linguistique à travers la parole. Celle-ci fait partie des moyens de communication du message linguistique en classe. Les récepteurs auditeurs doivent suffisamment connaître le code de la communication car, bien entendu, c’est le code qui permet de produire le message.

Mais étant une langue étrangère, le code serait donc totalement ou partiellement inconnu des apprenants. La communication paraît plus ou moins difficile à réaliser surtout au début de l’apprentissage où les apprenants sont incapables encore de saisir le message linguistique. L'absence de code linguistique commun entre l’enseignant-émetteur et l’apprenant-récepteur sera l'une des sources d'échecs de la communication, chacun pouvant supposer que l'autre comprend son code, sans que ce soit le cas. Le contact aura lieu moins au niveau intellectuel conceptuel qu’au niveau sonore, plus entre sons et oreille qu’entre mots et pensée.

Lorsque nous essayons d’appliquer la relation ternaire évoquée par E. Lhote (1990), le même phénomène se présente quand il s’agit de comprendre le message verbal produit en langue étrangère

Figure 5 : la relation ternaire introduite par E. Lohte (1990).

Pourtant, la finalité du processus d’enseignement / apprentissage est bien la communication en langue étrangère qui exige une aptitude à produire et à comprendre un message verbal. Dans la mesure où, selon R. Jakobson, la communication est gravée dans un contexte, et qu’elle peut avoir lieu à un instant donné, dans un lieu donné, et vis à vis d'une situation, nous ne pouvons pas parler de communication verbale et/ou vocale entre l’enseignant et ses apprenants en dehors du contexte de la classe, loin du moment de sa production et de la manière dont l’enseignant produit son message. Ainsi, étudier la manière

PRODUCTION PERCEPTION

Cinquième Partie : les facteurs liés au contexte présent

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dont un enseignant quelconque parle en langue étrangère en classe dans le but de la faire communiquer nécessite de localiser les conditions de sa production.

Dans la mesure où le message vocal (parallèle, simultané ou distinct du message verbal) produit par l’enseignant d’une langue étrangère n’est pas nécessairement celui reçu par les apprenants, il vaudra étudier d’abord les facteurs qui interviennent dans production vocale, surtout quand il s’agit d’enseigner une langue étrangère.

Au moyen de sa voix se révélant dans sa parole, l’individu semble communiquer ses caractéristiques personnelles, notamment son aptitude physiologique de production vocale, ses attitudes et ses émotions, mais aussi il donne une « image de lui-même» (son ethos), de son statut social, du type de la relation et de l’interaction qu’il entretient avec ses écouteurs.

Les indices vocaux contribuent à la communication du message à transmettre dans la mesure où ils reflètent, si le locuteur s’en rend compte, ses intentions de communication et ses stratégies explicatives.

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