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2. Les influences reçues dans la période du choix du métier

2.2 Le « non-choix » dans le choix du métier

2.2.4 La formation vocale : la phase manquée

La formation générale à l’enseignement de FLE ne tient pas compte jusqu’à présent de l’éveil vocal qui permet à tout enseignant de contrôler l’émission et la projection de sa voix dans le but qu’il veut lui même. L’absence remarquable de cette formation connote une première limite pour la possibilité de travailler sa voix.

L’art de parler consiste en une maîtrise technique de l’intonation, du timbre, du rythme et du débit de la voix. Cette maîtrise, une fois réalisée par l’enseignant pourrait lui permettre dans une grande mesure de ne projeter que l’intonation et le rythme qui conviennent le plus à sa volonté et à son intention de communiquer son message. C’est une technique qui permettrait de passer d’un comportement spontané complexe, affecté par plusieurs facteurs70 (imbrications, émotionnelles, psychologiques, contextuelles, héréditaire…) à la maîtrise des variations tonales de la voix.

L’enseignant utilise essentiellement sa voix pour montrer la façon de parler en langue cible, mais aussi pour expliquer, diriger, réparer, évaluer, informer etc.

Pour ce fait, il faudra faire une étude qui montre comment sa propre voix pourra être utilisée dans ces différentes fonctions. Nous ferions dans la partie suivante du présent

mémoire une étude détaillée des manières dont un enseignant particulier (N) utilise sa voix pour des objectifs didactiques.

Sa voix se fatiguera donc beaucoup plus vite s’il n’a pas su comment la maîtriser, donc s’il ne l’a pas travaillée auparavant, c’est que dans les situations pédagogiques il faut selon Guimbretière

[…] toujours forcer […] c'est-à-dire de contracter l’ensemble de l’appareil

phonatoire au risque, à la longue, d’avoir besoin des soins d’un phoniatre ou d’un orthophoniste pour soigner une inflammation des cordes vocales- maux courants chez les enseignants- par un mauvais placement de la voix et une crispation des muscles du larynx .

(2000 : 304).

Dans le cadre de l’enseignement d’une langue, surtout étrangère, l’efficacité de la voix projetée par l’enseignant est nécessaire, et être efficace vocalement ne veut pas dire nécessairement qu’on doit monter dans les aigus de la voix :

Il n’est nul besoin de crier, c'est-à-dire de monter dans l’aigu pour se faire entendre même si l’on sait que les aigus sont plus audibles, il suffit de placer sa voix vers l’avant, vers l’extérieur, de la projeter au moyen de la respiration […] par exemple. Les techniques employées par les comédiens devraient faire partie des apprentissages de base des enseignants. (ibid. : 305).

Il s’agit en premier lieu de réaliser et de maintenir un équilibre dans la dynamique respiratoire et dans celle des muscles de phonation.

Rappelons que l’appareil vocal est constitué de quatre éléments : « La soufflerie », « le vibrateur », « les résonateurs » et « l’espace articulatoire » (C. Fournier 1989 : 45). Chaque élément exige un travail approfondi de détente générale, d’analyse et de précision des actions musculaires et d’indépendance et de coordination. Une connaissance de son anatomie est importante selon E. Guimbretière.

Pour connaître comment peut-on travailler sa voix dans le but de ne pas la casser nous nous référons à C. Fournier (1989) qui propose des exercices pratiques de dix séries Pour savoir respirer et bien projeter sa voix sans crier. Nous n’allons pas présenter les exercices mais nous en donnerons une idée. Ces exercices se font à différentes parties du corps : le squelette vertébral, la musculature abdominale, le thorax et les mouvements respiratoires, le larynx, la bouche et le visage. Fournier souligne que « seule » leur coordination volontaire

Troisième Partie la voix perçue et pratiquée parmi les influences du passé

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permet la maîtrise de la voix à des fins précises. Ces exercices mettent donc en relief le rapport qui joint les rythmes corporels, la respiration et la tonalité de la voix.

La recherche d’un « bon équilibre » s’effectue en essayant dans un premier temps de coordonner les « muscles antagonistes » insérés sur la colonne vertébrale et sur les membres inférieurs, et dans un second temps, de se concentrer et d’écouter se propre voix pour effectuer l’échauffement du médium de la voix71. De plus, il faudra adopter la respiration au discours projeté sans perturber le rythme respiratoire. Le travail de détente sera donc le plus à mettre en évidence puisqu’il permettra à l’émetteur de maîtriser ses émotions, son stress, son trouble et tout ce qui pourrait perturber le sens « voulu » de la projection vocale.

Durant la diction, toute « exagération » en vue d’influencer l’auditoire sera à éviter. L’influence pourrait se réaliser sans effectuer un effort exagéré. Chercher à augmenter sa capacité pulmonaire par un travail musculaire démesuré serait aussi à éviter. « L’inspiration

diaphragmatique » dit C. Fournier est « suffisante ». Elle poursuit :

« Une pression exagérée entraîne généralement une crispation des abdominaux, une

résistance glottique trop importante et corrélativement, un forçage vocal et l’impossibilité d’obtenir des nuances ». (1989 :191)

Les nuances semblent être nécessaires dans le comportement vocal de l’enseignant. Elles lui permettraient de se faire comprendre et de communiquer ses intentions, d’attirer l’attention des apprenants ou de mettre en relief une information ou un sens donné. L’obtention de ces nuances exige un état d’équilibre et de détente.

D’autre part, lors du passage à l’action vocale, c’est le souffle qui est tout d’abord concerné. Un double travail concerne l’appareil respiratoire lors de la phonation : continuer à assurer la respiration vitale et fournir un souffle ajusté aux nécessités de la production vocale. Cette double fonction perturbe généralement le rythme régulier de la respiration si l’émetteur ne travaille pas son appareil respiratoire en vue de maintenir cet équilibre. La maîtrise des émotions et de l’équilibre respiratoire et musculaire serait-elle le point de départ pour une phonation qui pourrait être conçue comme « agréable » et « souple » ? C. Fournier précise que « seul un mouvement tonique partant de l’état d’équilibre est juste » (ibid. p. 233)

Ainsi, le but essentiel de l’éveil vocal est de connaître et d’effectuer des mouvements justes par des exercices fonctionnels. Le contrôle de ces mouvements et de l’émission vocale

71 S’échauffer consiste à passer du repos à l’action sans perturber la tonicité musculaire et l’équilibre des mouvements antagonistes.

nécessite à la fois une « bonne » écoute et une réflexion raisonnée. L’émetteur devrait donc utiliser son intelligence pour parvenir à ce but.

Ce double appel à « l’oreille » de l’émetteur et à son intelligence introduirait peut être des limites du travail de la voix dans le cadre de l’enseignement. Agir sur le débit, la durée, l’intensité, les pauses, est beaucoup plus facile et plus efficace dans les situations pédagogiques mais la grande difficulté, selon E. Guimbretière, réside dans le fait de devoir toujours « faire preuve de vigilance et de maîtrise de soi, lorsqu’on est en situation de classe, mais n’est-ce pas là le risque du métier, la grande contrainte qui demande […] une concentration et une dépense d’énergie maximum”. (2000 : 305).

Les exigences du travail de la voix pourraient rendre son application hors de la portée de l’enseignant pour les raisons suivantes : réaliser et maintenir un équilibre dans l’appareil vocal exige un travail conscient des muscles respiratoires et vocaux. Pour parvenir à ce travail, l’enseignant devrait avant tout être préparé à l’écoute raisonnée du rythme de son corps sous forme de tension et de détente. L’écoute raisonnée de son rythme n’est pas une faculté innée. Son acquisition demanderait aussi des règles précises et des circonstances appropriées.

Nous ne pouvons pas parler du « comment travailler » sans connaître l’existence du milieu pédagogique censé formé l’enseignant au « comment ». Il faudrait avant tout dans le « comment » sensibiliser l’enseignant à l’écoute de sa voix externe projetée et non pas à l’écoute de sa voix interne. Cette dernière donnerait une image fausse de la tonalité de la voix externe. Elle est immédiate tandis que l’écoute de la voix externe exige une attention « voulue » et médiate. A ce travail qui demande une préparation et une formation guidées s’ajoute la nécessité de l’entraînement. Apprendre théoriquement la manière de travailler sa voix ne suffit pas pour qu’il sache contrôler son comportement vocal en classe. De plus, si la formation à ce travail est guidée, l’entraînement pratique devrait s’effectuer seul. Ce travail exige donc la patience de l’enseignant. Celle-ci consiste tout d’abord à savoir mener ce travail individuel « régulièrement » en respectant ‘le programme de progression » (C. Fournier, 1989 : 236)

Pour toutes ces raisons, la phase de la formation vocale s’avère une phase « manquée » car conditionnée à la fois par une grande conscience et une connaissance de son profil vocal tel qu’il est au départ et par un travail conscient de la projection vocale de manière à en profiter dans les situations pédagogiques particulières, ce qui est absent actuellement dans les programmes de formation à l’enseignement des langues.

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2.3 Les résultats des influences reçues dans la période du choix du

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