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1.2. Synthèse de bioconjugués de type polymère-peptide

1.2.2. Voie "Grafting-onto"

Cette stratégie repose sur la synthèse indépendante des deux participants (partie peptidique et

partie polymérique) puis leur couplage. Il est donc nécessaire ici d’obtenir des espèces fonctionnelles

en vue du couplage. L’utilisation de cette stratégie, par rapport à la « grafting-from », permet de

caractériser plus facilement les espèces avant couplage et de s’affranchir d’éventuelles réactions

secondaires avec les peptides durant la polymérisation. Ici aussi, la préparation des polymères se fait

par PRC (NMP, RAFT, ATRP) pour obtenir des polymères bien définis. On distingue deux types de

couplages :

-Chimie « click » est, de loin, la plus répandue dans ce domaine car simple à mettre en œuvre, à

haute efficacité et hauts rendements. Les principales réactions de chimie « click » sont la réaction la

cycloaddition 1,3-dipolaire (azoture-alcyne) de Huigsen catalysée par le cuivre (copper(I)-catalyzed

azide alkyne cycloaddition, CuAAC), les réactions de couplage thiol-ène et la cycloaddition [4+2] de

Diels-Alder

6

(voir Figure 42 (a), (b) et (c)).

Chapitre 2 1.2 - Synthèse de bioconjugués de type

polymère-peptide

carboxyliques

101,102

ou encore les fonctions aminooxy

103,104

. De plus, on peut parfois également

relever l’utilisation d’associations non-covalentes pour la préparation de bioconjugués

105,106

.

Chimie « click » CuAAC

La CuAAC étant la méthode de couplage que nous utiliserons dans ce chapitre, nous allons en faire

une brève description. Initialement décrite par Huigsen

107

, la cycloaddition 1,3-dipolaire la plus

utilisée est la formation du cycle triazole à partir des fonctions azoture et alcyne (voir Figure 42 (a)).

Cette réaction est très largement utilisée grâce à la grande stabilité des azotures vis-à-vis de l’eau,

l’oxygène et des conditions de synthèse organique

108,109

. Cette réaction est thermodynamiquement

stable mais, en l’absence de catalyseur, n’est pas régiosélective et nécessite de travailler à haute

température en raison d’une cinétique très lente à température ambiante. L’équipe de Sharpless a

apporté une contribution majeure à cette réaction en utilisant un catalyseur (sel de Cu(I)) permettant

de la démarrer à la température ambiante avec de très bonnes régiosélectivité et vitesse de

couplage

110

. Ainsi, les acteurs de cette réaction sont :

-Un composé dipolaire (portant la fonction azoture).

-Un dipôlphile (portant la fonction alcyne).

-Un complexe catalytique : c’est généralement un complexe métallique, Cu(I)Ln, se composant d’un

ligand et d’un catalyseur (sel de Cu(I)). Ce dernier provient souvent d’une réaction de réduction in

situ entre un sel de Cu(II), à savoir CuSO

4

, et un agent réducteur, par exemple l’acide ascorbique ou

l’ascorbate de sodium

110–112

. Les sels de Cu(I), à savoir CuCl, CuOTfC

6

H

6

et [Cu(NCCH

3

)

4

][PF

6

] peuvent

aussi être utilisés directement comme catalyseur sans agent réducteur. Dans ces derniers cas, un

ligand à base d’amine est nécessaire (2,6-lutidine, triéthylamine, diisopropyléthylamine ou pyridine)

dans un milieu organique ou l’utilisation d’un mélange binaire eau/acétonitrile

110

. L’inconvénient lié à

l’utilisation de sels de Cu(I) est la formation de produits secondaires, par exemple acétylènes

primaires, bis-triazoles et 5-hydroxytriazoles

110,113,114

. L’utilisation de certains ligands, comme la

2,6-lutidine, et l’exclusion de l’oxygène dans le milieu réactionnel peuvent limiter ces réactions

secondaires et augmenter la pureté du produit final

110

.

Le mécanisme complexe de cette réaction à été étudiée par plusieurs équipes telles que Sharpless et

al.

112

, Rodionov et al.

115

et Bock et al.

116

; la Figure 40 présente le mécanisme proposé par ce dernier.

Figure 40 –Mécanisme réactionnel de la CuAAc proposé par Maarseveen et al.

116

La chimie « click » CuAAC reste, grâce à ses caractéristiques, la méthode de choix pour les couplages

réalisés lors de la synthèse des bioconjugués de type peptide-polymère. Ainsi, Dirks et al. couplent

via CuAAC un PS préparé par ATRP à un oligopeptide

117

. Lecommandoux et al. préparent aussi un

bioconjugué polypeptidique-PDMAEMA (poly[2-(dimethylamino)ethyl methacrylate], polymérisé par

RAFT) en utilisant la « click » CuAAC

118

. La synthèse d’un bioconjugué BSA-pNIPAM (polymérisé par

RAFT) est reporté par Sumerlin et al

119

. La Figure 41 présente les stratégies de synthèse utilisées par

(a) Chaikof et al.

120

et (b) Stenzel et al.

121

pour l’obtention de bioconjugué en utilisant plusieurs

techniques de couplage. Sur la Figure 41 (a), les auteurs fonctionnalisent un support en silice pour

venir y coupler un PEG fonctionnalisé alcyne par réaction de Diels-Alder. L’alcyne terminal est utilisé

dans un second temps pour y coupler par CuAAC une biotine. D’autres chimie « click » utilisées

seules, ou de façon combinée, ont également été décrites pour la préparation de bioconjugués par

une stratégie « grafting-onto ». Par exemple, la stratégie utilisée par Stenzel et al. (Figure 41 (b))

utilise le caractère hétérotéléchélique d’un polymère préparé par RAFT. Ainsi, la CuAAC est utilisée à

une extrémité pour coupler une biotine et une réaction thiol-ène est utilisée de l’autre pour coupler

un peptide. Enfin, ces auteurs mettent aussi en œuvre un couplage non-covalent entre biotine et

l’avidine. Selon une approche apparentée, Oupicky et al. préparent un bioconjugué

PEG-pNIPAM-biotine en polymérisant le NIPAM à partir d’un PEG macroamorceur RAFT ; puis la PEG-pNIPAM-biotine y est

couplée par réaction thiol-ène

122

. Enfin, Liu et al. utilisent une réaction thiol-ène pour coupler le GSH

(glutathione) à un glycocopolymère pour en faire des micelles à taille variable en fonction du pH ; à

visée thérapeutique

123

.

Chapitre 2 1.2 - Synthèse de bioconjugués de type

polymère-peptide

Figure 41 – Utilisation des trois principales réactions de chimie « click » pour l’élaboration de

bioconjugués type peptide-polymère; (a) Diels-Alder et cycloaddition 1,3-dipolaire (azoture-alcyne)

Figure 42 – Différents types de couplages covalents rencontrés lors de la synthèse de bioconjugués

par voie « grafting-onto » ; réactions de chimie « click » : (a) CuAAC, (b) thiol-éne, (c) cycloaddition de

Diels Alder et autres types de couplage avec (d) fonctionnalité aldéhyde

98

, (e) fonctionnalité ester

NHS

95

, (f) fonctionnalité acide carboxylique

101

et (g) fonctionnalité aminooxy

103

.