2. Synthèse des additifs pseudopeptidiques
2.2.3. Synthèse de bioconjugués pseudopeptidiques : stratégie « grafting-onto »
2.2.3.3. Synthèse de bioconjugués pseudopeptides-PEDEGA par chimie « click » : CuAAC 114
Les deux partenaires PEDEGA α-azidé 20 et pseudopeptides dimère 17 et tétramère 18ω-alcynés ont
ensuite été couplés par chimie « click » CuAAC pour obtenir les bioconjugués, suivant le schéma
réactionnel présenté sur la Figure 64. De façon classique, les espèces ont été couplées dans la DMF à
l’aide du catalyseur Cu(I)Br, pendant 24 h à température ambiante et sous Argon. Il est important de
noter qu’aucun ligand n’a été ajouté pour aider à solubiliser le Cu(I)Br. Ce choix a été fait pour éviter
la formation d'une espèce radicalaire à l'extrémité de la chaîne PEDEGA par rupture de la liaison C-Br
terminale suivant un mécanisme d'ATRP. De plus, cela a permis de simplifier l’extraction du Cu(I)Br à
la précipitation. En effet, le ligand PMDETA a été dissous dans le milieu de précipitation (eau) ce qui
limite l’effet de « piège » du Cu(I)Br dans le polymère final. Les bioconjugués ont été purifiés et
récupérés avec de bons rendements de l’ordre de 90 % ; ce sont malgré tout des huiles légèrement
verdâtre.
Figure 64 – Schéma réactionnel de la synthèse de bioconjugués dimère 21 et tétramère 22 selon une
stratégie « grafting-onto »
La réaction de couplage par CuAAC a été suivie par SEC MALLS THF, RMN
1H et HSQC. Le suivi par
chromatographie nous permet de faire plusieurs conclusions. On voit en effet que dans le cas de
chacun des pseudopeptides dimère et du tétramère (voir Figure 65 (a) et (b)), un mélange
pseudopeptides + PEDEGA donne des signaux aux mêmes volumes d’élution que les constituant
seuls. Cette information permet d’affirmer qu’avant le démarrage de la réaction de couplage
(introduction du Cu(I)Br), il n’y a pas de réaction ni d’agrégation entre les pseudopeptides et le
PEDEGA. On voit qu’après une nuit de réaction de couplage par CuAAC, on n’observe quasiment plus
de signaux dus aux pseudopeptides (signaux « Bioconj dimer » et « Bioconj tetramer » Figure 65). De
plus, le signal principal du à chacun des deux bioconjugués dimère et tétramère, subit un léger
déplacement vers les temps d’élution plus court ; signe que la masse molaire augmente :
Chapitre 2 2.2 - Synthèse de bioconjugués
pseudopeptides-polymère
Bioconjugué dimère : la masse molaire du bioconjugué déterminée par SEC MALLS est ������ = 3717
g/mol, ce qui correspond assez bien avec le couplage du dimère (������ = 415 g/mol) et du polymère
(������ = 3444 g/mol).
Bioconjugué tétramère : la masse molaire du bioconjugué déterminée par SEC MALLS est ������ = 4311
g/mol, ce qui correspond assez bien avec le couplage du tétramère (������ = 703 g/mol) et du polymère
(������ = 3536 g/mol).
Remarque : Les différences observées ci-dessus sur les masses molaires du PEDEGA sont dues au fait
que nous les recalculons à chaque fois sur les chromatogrammes correspondants et témoignent en
partie de l’erreur de la technique utilisée dans cette gamme de masses molaires.
Finalement, la SEC MALLS THF nous a permis d’observer le bon déroulement du couplage et de
valider sa réalisation.
Figure 65 – Vérification des réactions de couplage conduisant aux bioconjugués dimère (a) et
tétramère (b) par SEC MALLS dans le THF.
Les analyses RMN ont également permis de valider la formation des bioconjugués :
Bioconjugué dimère :
Le spectre du bioconjugué (Figure 66, (a)) permet d’observer que les groupements caractéristiques
des deux précurseurs (Figure 66, (b) et (c)) sont présents. En effet, on note que les protons du groupe
aromatique du peptide sont bien présents sur le spectre du bioconjugué dans un massif centré sur δ
= 7.31 ppm. De même pour les groupements méthyle venant de la leucine à δ < 1 ppm. Les signaux
du polymère sont aussi bien présents sur le spectre du bioconjugué, en témoigne le signal ayant un
déplacement δ situé entre 3,4 et 3,7 ppm induit par les chaînes pendantes d’oxyde d’éthylène. De
plus, on remarque l’apparition d’un nouveau signal ayant pour déplacement δ = 7.55 ppm induit par
la formation du triazole par chimie "click". L'attribution de ce signal au proton du cycle triazole peut
se vérifier sur le spectre RMN 2D HSQC présenté sur la Figure 67. La fonction triazole est facilement
identifiable et nous permet donc de confirmer que le couplage covalent dimère-PEDEGA par CuAAC a
fonctionné et donc que le bioconjugué souhaité a été obtenu.
Figure 66 – Compilation des spectres RMN
1H (CDCl
3; 300MHz) du dimère ω-alcyné 17 (a), du
PEDEGA α-azidé 20 (b) et du bioconjugué dimère-PEDEGA 21 (c) ; indexation des protons (d)
Chapitre 2 2.2 - Synthèse de bioconjugués
pseudopeptides-polymère
Figure 67 - Spectre RMN HSQC (CDCl
3; 300MHz) du bionconjugué dimère-PEDEGA
Bioconjugué tétramère :
Comme avec le dimère, le spectre du bioconjugué (Figure 68, (a)) nous permet d’observer que les
groupements caractéristiques des deux précurseurs (Figure 68, (b) et (c)) sont présents. En effet, on
note que les groupes aromatiques du peptide sont bien présents sur le spectre du bioconjugué avec
un massif à δ = 7,30 ppm, ainsi que les groupements méthyle venant de la Leucine induisant un signal
dans une zone de déplacement δ < 1 ppm. Les signaux du polymère sont aussi bien présents sur le
spectre du bioconjugué, en témoigne le signal ayant un déplacement δ situé entre 3,4 et 3,7 ppm
induit par les chaînes pendantes d’oxyde d’éthylène. Cependant, le signal du proton du cycle triazole
n'est pas détectable sur le spectre RMN
1H. La présence de la fonction triazole peut néanmoins se
vérifier sur le spectre RMN 2D HSQC présenté sur la Figure 69.
Figure 68 - Compilation des spectres RMN
1H (CDCl
3; 300MHz) du tétramère ω-alcyné 18 (a), du
PEDEGA α-azidé 20 (b) et du bioconjugué tétramère-PEDEGA 22 (c) ; indexation des protons (d)
Chapitre 2 2.3 - Conclusion sur la synthèse des additifs
pseudopeptidiques et leurs bioconjugués
Figure 69 - Spectre RMN HSQC (CDCl
3; 300MHz) du bioconjugué tétramère-PEDEGA
2.3.Conclusion sur la synthèse des additifs pseudopeptidiques et leurs
bioconjugués
La synthèse de pseudopeptides dimère et tétramère 1:1[α/α-N
α-Bn-hydrazino] et des bioconjugués
pseudopeptides-PEDEGA correspondants a été réalisée avec succès. La synthèse et la caractérisation
des pseudopeptides ont été effectuées en suivant des travaux réalisés par l’équipe de Brigitte
Jamart-Grégoire
1. Les structures ont été vérifiées par RMN et les produits ont été obtenus avec de
très bons rendements, en bon accord avec les données de la littérature.
Deux stratégies de synthèse, « grafting from » et « grafting onto », ont été développées pour
synthétiser des bioconjugués à partir de ces pseudopeptides. La stratégie « grafting from » a consisté
à polymériser, par voie contrôlée, un monomère (EDEGA) à partir d’un amorceur pseudopeptidique.
Après avoir validé, par suivi cinétique, que l’EDEGA était polymérisable par SET-LRP de façon
contrôlée avec un amorceur modèle, la synthèse d’un amorceur pseudopeptidique a été réalisée.
Néanmoins, il s’est avéré que cet amorceur ne permet pas de polymériser l’EDEGA de manière
« contrôlée » par SET-LRP. Ainsi, avant même l’introduction du système catalytique, le monomère
polymérise instantanément et on obtient des masses molaires bien au-delà des masses molaires
attendues. Nous n’avons pas pour l’instant identifié la source du problème mais il semblerait que la
structure de cet amorceur pseudopeptidique soit en cause. Heureusement, la seconde stratégie
« grafting-onto » a finalement permis d’obtenir les bioconjugués. Cette dernière a impliqué la
préparation indépendante d’un polymère et de pseudopeptides fonctionnalisés pour la chimie
« click », pour ensuite les lier l’un à l’autre par CuAAC. Ainsi, la modification de pseudopeptides en
pseudopeptides « clickables », couplée à la synthèse d’un oligomère (PEDEGA) « clickable », a permis
de synthétiser les bioconjugués pseudopeptidiques dimère et tétramère. La RMN
1H, HSQC 2D et la
SEC THF nous ont permis de valider nos le bon déroulement de ces différentes réactions et la
structure des différents produits obtenus.
Dans la troisième partie de ce chapitre, nous nous proposons d’étudier l’influence des additifs
pseudopeptidiques dans une membrane polymère de référence pour la séparation du CO
2.
Chapitre 2 2.3 - Conclusion sur la synthèse des additifs
pseudopeptidiques et leurs bioconjugués
3. Additifs pseudopeptidiques pour membrane de séparation
Dans le document
Nouveaux matériaux polymères pour la capture du CO2 par un procédé de séparation membranaire
(Page 123-131)