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Une vision différente de l’environnement

5.1. Le développement de la conscience écologique dans le cadre du cours

5.1.2. Une vision différente de l’environnement

Notre analyse a relevé que la représentation de l’environnement des étudiants a évolué suite à leur participation au cours. Ce qui confirme ce que Hattie et al. (1997) soulignent, à savoir que les programmes d’aventure influencent la représentation de l’environnement des participants puisque ceux-ci sont en immersion dans la nature tout au long du programme. Les entrevues réalisées avec les étudiants dans le cadre de cette recherche ont révélé que leur représentation de l’environnement s’est enrichie au terme des 18 jours du cours. Notre analyse des entretiens met en évidence cet enrichissement de leur représentation en démontrant qu’elle passe d’une représentation de l’environnement plus générale, davantage considéré comme un tout indéfini, à une vision plus définie, soit un ensemble d’éléments singuliers en interaction qui forme un tout. Les étudiants perçoivent davantage l’environnement comme un ensemble d'éléments singuliers qui sont en interaction. Par exemple, ils ne désignent pas seulement une forêt comme un tout en soi, mais bien comme plusieurs espèces d’arbres réunit dans un tout. Plus précisément, les étudiants ont

mentionné qu’ils perçoivent désormais la nature comme étant composée de plusieurs espèces vivantes et que chacune de ces espèces est composée d’individus. Les étudiants ont mentionné qu’avant le cours, ils se représentaient la nature comme un ensemble, mais que le cours a contribué à mieux définir ce tout. De plus, ils ont souligné qu’ils comprennent davantage les interactions entre les espères vivantes, de même que le milieu physique. Cette compréhension intègre désormais le souci des impacts de leurs actions sur l’environnement, au sens où ils semblent s’intégrer dans cette dynamique. Cette définition plus détaillée de l’environnement rejoint les conclusions de l’étude de Alagona et Simon (2010), qui soulignent que les étudiants perçoivent mieux la complexité, la complémentarité et l’interdisciplinarité des problématiques environnementales, suite à leur participation à un projet d’ERE en contexte d’aventure. Haluza-Delay (2001) mentionne également que ce sont les expériences significatives avec le milieu naturel, qui permettent de mieux définir notre vision de la nature. Sauvé (2009) mentionne que cette construction de la vision du monde est primordiale en éducation relative à l’environnement, car c’est par cette reconstruction de la signification du monde que nous favoriserons l’agir pour l’environnement. Broom (2017) et Grimwood, Haberer et Legault (2016) ajoutent que ces expériences significatives et positives en milieu naturel permettent le développement d’une vision plus définie et positive de l’environnement. En somme, nos résultats ont permis de constater que les étudiants ont vécu une expérience positive avec le milieu naturel lors du cours. Ils ont tous signifié que leur expérience du cours fut positive et marquante. Dans un premier temps, nous voyons que le cours a permis aux étudiants de vivre une expérience positive du milieu naturel, puis dans un second temps, nous voyons que cette expérience a contribué à modifier leur représentation de l’environnement. Cette modification s’est traduite par une prise de conscience de la complexité de l’environnement, tel que présenté précédemment. Toutefois, cet enrichissement de leur représentation de l’environnement s’est aussi opéré dans une prise de conscience de la liaison à l’environnement, au sens où les étudiants parlent d’une interdépendance. En ce sens, tout comme l’étude de Pruneau et Lapointe (2002), le cours a permis aux étudiants de percevoir le milieu naturel comme un lieu d’interaction dont ils font partie.

Ils ont souligné que le cours

leur a permis de mieux comprendre que nos actions ont un impact sur l’environnement. Cette liaison à la nature et compréhension des répercussions des actions humaines sur le milieu furent également observées dans d’autres études (Martin, 2004 ; Monroe et Chen-Hsuan, 2010 ; Okada et al., 2013 ; Gravel et Pruneau, 2004). Il importe de comprendre quelles furent les dimensions du cours qui ont permis d’atteindre ce sentiment de connexion avec l’environnement dans le cours. La section 5.6 discutera davantage des dimensions du cours qui ont influé sur l’expérience des étudiants. Pour le moment, il convient de rappeler que le cours a permis aux étudiants de vivre une expérience positive de la nature. En ce sens, les expériences positives permettent le développement d'un attachement aux lieux visités et à la nature (Gravel et Pruneau, 2004).

Dans un second temps, il est intéressant de souligner que l’analyse des résultats a permis de soulever que les étudiants pensent que la notion nature renvoie au milieu naturel. Pour eux, la nature ne peut se trouver dans l’environnement urbain. Ce constat rejoint les conclusions de Beringer (2004) et de Haluza-Delay (2001), qui ont indiqué que suite à une participation à des expéditions en milieu naturel, les étudiants avaient tendance à posséder une vision dichotomique de l’environnement ; soit un milieu construit par l’homme et un milieu sauvage. De sorte, Chawla (2010) souligne qu’il importe de demeurer vigilant envers le développement de cette vision dichotomique, où les participants auront tendance à vouloir entreprendre des actions pour préserver le milieu naturel, mais pas nécessairement leur milieu de vie. Dans cette optique, le cours a noté également la présence chez les étudiants de cette vision dichotomique de l’environnement qui oppose le milieu naturel au milieu construit. Par conséquent, dans le cadre de cette étude, les étudiants se référaient à la nature comme étant quelque chose d’intact, au sens que le milieu ne devait pas avoir subi de transformation par l’homme. Cela se perçoit par exemple chez E4 qui mentionne que les parcs urbains ne sont pas des milieux où l’on peut être en contact avec la nature, car ils ont été aménagés par l’humain. Beringer (2004) souligne notamment dans son étude que les participants se rapportent à trois types de milieux lorsqu’ils traitent d’un lieu visité. Pour lui, il y a les milieux

sauvages, semi-aménagés et aménagés. Néanmoins, les étudiants ont tout de même la tendance à opposer le milieu naturel au milieu aménagé par l’humain, créant cette vision dichotomique de l’environnement.

De même, il est intéressant de souligner que les étudiants ayant participé à la recherche se référaient au milieu naturel en le qualifiant de fragile. Ils ont souligné que l’équilibre qui maintient les écosystèmes peut être fragile et qu’il faut faire attention à la nature. Cet élément s’avère intéressant, car il témoigne d’une sensibilisation aux impacts de nos actions. Enfin, tout comme le montre l’étude de Palmberg et Kuru (2000), l’expérience vécue dans le cours a permis de conscientiser les participants sur les impacts de notre style de vie sur notre environnement et particulièrement sur le milieu naturel. En ce sens, il devient intéressant de voir comment cette prise de conscience s’articule autour de la relation à l’environnement et du lien au milieu naturel qui s’est développé dans le cadre du cours.