• Aucun résultat trouvé

4.1. Le vécu antérieur des étudiants en milieu naturel

4.1.1. Le vécu lié à la famille

L’exposition des étudiants au milieu naturel par leur famille revient dans les discours des étudiants interviewés. Toutefois, le degré et la nature de cette exposition varient d’un étudiant à l’autre et prennent différentes formes. Cette exposition a commencé pour certains dans un chalet familial en campagne, d’autres lors d’expériences de camping en terrain aménagé et certain lors d‘excursions en milieu sauvage. Nous constatons à la lecture des discours des étudiants produits dans le cadre des entrevues que le milieu familial représente l’élément qui influence en premier la nature et le degré de l’exposition au milieu naturel. Ainsi dans le cas de l’étudiant E5, sa famille a su lui insuffler un intérêt pour le plein air en l’initiant à différentes activités. Les sorties en milieu naturel représentent pour la famille de cet étudiant des activités à moindre coût, ce qui les rend plus accessibles. Ces diverses expériences au contact de la nature ont marqué E5 dans la mesure où elles ont été l’élément déclencheur de son intérêt pour les activités en plein air et, donc, de son rapport au milieu naturel. Il mentionne, par exemple, que ce sont toutes ces expériences qui ont su le conduire à préférer être en milieu naturel qu’en milieu urbain.

Dans le fond j'avais fait, euh… ma famille fait beaucoup de plein air, on est souvent allé en camping, en canot-camping, puis toute ça, puis, euh… On faisait souvent des randonnées en forêt, on allait à la Forêt Noire, à la montagne du Diable, sentier renard blanc. Dans le fond ce que je retenais du plein air, c'est que ma famille faisait ça, parce qu’on n’avait pas beaucoup d'argent […] Dans le fond mes parents m'ont montré ça, profites-en. C'est gratuit, fait qu’on allait glisser, faire du vélo, on allait faire... Moi, c'était vraiment plus ça, le milieu naturel. Mon milieu naturel c'était de sortir dehors, d'être dans ... euh… d'être dehors, de faire de l'activité physique à un endroit où pas beaucoup de gens veulent aller. il y'a ben du monde qui ont peur de ça ou qui, I guess [Je pense] qui n’aiment pas ça pantoute. Moi, j'ai été trop élevé là-dedans. Pour moi c'est naturel, je préfère aller là qu'aller en ville. (E5, entrevue)28

28 Veuillez noter que certains tics de langage (Tsé, ouin) furent retirés des extraits d’entrevue afin de rendre la lecture de ces extraits plus fluide.

Il en est de même pour E6 qui soulève que ce sont justement les nombreuses expériences en plein air avec son père, qui lui ont transmis un intérêt pour le milieu naturel. Ce sont celles-ci qui l’ont habitué à partir en expédition en milieu naturel et que cela a contribué à développer un intérêt qui l’a incité à s’inscrire au cours.

Depuis que j'ai 8 ans, il m'amène à faire des randonnées d'une semaine en forêt. C'est sûr que c'est lié à ça. J'ai déjà fait cette affaire-là du backpacking où tu es loin de la civilisation, tu as juste ta tente. C'est lui qui m'a initié à cela. C'est pour cela que le 18 jours [le cours] m'appelait, parce que j'étais habitué à ce genre d'activité là. (E6, entrevue)

Ce contact plus fréquent avec le milieu naturel dans le cadre du milieu familial, que nous avons observé chez E6 et E5, n’est pas le cas des autres étudiants. Pour sa part, E4 précise avoir eu des expériences en milieu naturel avec sa famille, mais que celles-ci étaient de courte durée. Il souligne que « ce n’était jamais long » (E4, entrevue). Il ajoute que ce qui distingue l’expérience vécue dans le cadre du cours de celle vécue avec sa famille est la durée et l’intensité de son expérience. Il ajoute que contrairement à ses expériences en famille, l’expérience a su le sensibiliser davantage à minimiser son impact sur le milieu. La taille du groupe plus importante que ces expériences familiales, fut une source de motivation à être plus sensibilisé à minimiser son impact sur le milieu naturel. Bien qu’il souligne que son père ait débuté une sensibilisation à minimiser son impact sur le milieu naturel, c’est davantage le cours qui lui a fait prendre conscience de l’importance de minimiser ses impacts.

On dirait le fait que là on était en groupe, en gros groupe, j'avais plus l'impression que c'était encore plus important de ne pas perturber, parce que c'est plus facile laisser des traces justement quand on est plusieurs. D'habitude nous on partait et on était peut-être cinq. Veut, veut pas, notre père nous a tout le temps sensibilisés à sans trace29, puis tout ça, c'est sûr. Mais, je l'avais, mais pas aussi comme... je n’étais pas aussi sensibilisé peut-être, à l'effet de groupe que l'on peut avoir sur la nature et sur l'environnement. (E4, entrevue)

De son côté, E2 différentie, lui aussi, ses expériences vécues avec sa famille de son expérience du cours. Pour lui, il semble qu’il n’avait pas eu d’expérience en

29 « Sans trace » est un mouvement qui a élaboré des principes qui vise à diminuer l’impact des utilisateurs sur le milieu naturel dans les activités de plein air. Le mouvement originaire des États-Unis porte le nom en anglais de « Leave no trace ».

milieu sauvage, plutôt dans un milieu naturel aménagé, soit un chalet. Ainsi, il souligne que pour lui, cette expérience du milieu naturel était différente de ce qu’il avait vécu auparavant.

Je n’en avais pas fait tant que ça. C'est pas mal mes seules expériences. J'avais un chalet, fait que j'ai vécu plein de choses, mais du gros plein air, ça je n’en ai pas fait ben, ben. C'était comme, pas un choc, mais quelque chose de nouveau. (E2, entrevue)

Pour certains étudiants, le milieu familial a su également transmettre un intérêt pour la protection du milieu naturel. E6 mentionne, par exemple, que son père est très impliqué localement pour la préservation de portion de territoire, et que celui-ci lui a communiqué une partie de ses connaissances pour développer son intérêt à la préservation de la nature. On retrouve ce même cas de figure chez E4 dont le père lui a inculqué une certaine conscience écologique, à travers certaines actions et certains gestes en lien avec la protection du milieu naturel.

Bien, avant ça j'étais assez ouvert par rapport à ça [la protection de l’environnement]. Bien, mon père est impliqué depuis longtemps. Depuis que je suis jeune, ça fait longtemps là […] Mon père c'est un observateur d'oiseaux, puis des arbres et des plantes. J'avais une base... j'habite quand même à Cantley dans le bois. Je passais mon temps à courir dans le bois et à connaître les arbres. Il me disait tout le temps des affaires, des trucs environnementaux. (E6, entrevue)

C'est sûr que mon père… des fois on arrivait à un site de camping, mettons Poisson Blanc là, c'est comme un très bel exemple de site, c'est vraiment ravagé. Des fois tu arrives, il y a des bouteilles de bière à terre, puis tu es voyons donc. Nous on les pognait, puis on repartait avec ça même si ce n'était pas nos déchets, des petites choses comme ça. (E4, entrevue)

Somme toute, nous pouvons voir que les étudiants n’étaient pas à leur première exposition au milieu naturel. Cette première caractéristique est commune chez la population à l’étude. Dès lors, l’intérêt de ses étudiants à s’inscrire au cours est sans doute guidé par leur exposition dans le passé au milieu naturel. Bien que cette exposition diffère d’un individu à l’autre, il semble évident que pour l’ensemble des étudiants de notre échantillon, le milieu familial a su éveiller la sensibilité au milieu naturel de différentes façons. Ce premier volet du vécu antérieur, a su regrouper les expériences liées au milieu familial. Maintenant,

poursuivons avec les autres sources d’expériences, qui caractérisent le vécu antérieur des étudiants avec le milieu naturel. Nous poursuivrons avec les expériences issues du milieu scolaire, puisqu’il existe dans cette région des programmes scolaires initiant les étudiants à la pratique de certaines activités de plein air.