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Le développement du sens de responsabilité

5.1. Le développement de la conscience écologique dans le cadre du cours

5.1.5. Le développement du sens de responsabilité

Nous avons présenté dans notre cadre conceptuel que la seconde caractéristique pour observer le l’évolution de la conscience écologique est le développement de

responsabilité envers les impacts des comportements humains sur l’environnement (Kollmuss et Agyeman, 2002 ; Sauvé, 1992 ; Jeronen et al., 2009 ; Khasikhanov, 2008 ; Marleau, 2010). Ce sens de responsabilité est lié à l’agir environnemental, qui permet de voir quelles sont les modifications de comportements et d’habitudes des étudiants. Les résultats de notre étude ont permis de démontrer que le cours Plein air expérientiel a contribué au développement d’une motivation à agir pour protéger l’environnement chez les étudiants. À cet effet, ils nous ont tous mentionné qu’ils percevaient la nature comme étant fragile et qu’ils désiraient la protéger. Ce désir de protection provenait de l’association de certaines conséquences négatives des actions humaines à cette fragilité du milieu. Dès lors, ils ont mentionné vouloir contribuer à préserver le milieu naturel suite à leur expérience du cours. Au cours de chacune des entrevues étudiées, les étudiants mentionnaient que le cours fut un facteur de motivation à agir pour l’environnement, ce qui appuie l’étude de Stern et al. (2008) qui ont rapporté que les étudiants démontraient une augmentation de la motivation à agir pour l’environnement suite à leur participation à un programme d’ERE expérientiel en plein air. Les participants du programme étudié mentionnaient avoir développé une plus grande conscience écologique, ce qui contribuait à une augmentation de leur motivation à agir. Tel que mentionné précédemment, ces retombées se sont également manifestées dans notre étude. De plus, tout comme les conclusions de Stern et al. (2008), cette motivation à agir a diminué quelques mois après la fin du cours. Les participants de notre étude soulignent que cette diminution est attribuable au fait qu’ils ont moins été en contact avec des milieux naturels et qu’une fois qu’ils ont réintégré leur milieu familial ils ont repris certaines de leurs anciennes habitudes. Ce constat soulève l’importance de recréer des expériences en milieu naturel récurrentes afin de pouvoir maintenir un niveau de motivation plus élevé. Ce constat fut notamment établi par les études de Gravel et Pruneau (2004), Chawla et Cushing (2007) et de Stern et al. (2008), ainsi que Monroe et Chen-Hsuan (2010) qui notent que lorsque les individus profitent de la nature et s’y sentent liés, ils développent un plus grand sens de responsabilités envers les différentes actions possibles pour protéger l’environnement.

Dans cet esprit, nos résultats ont démontré que ce sens des responsabilités s’est concrétisé par des gestes concrets pour l’environnement une fois le cours terminé. Ces gestes ont pris différentes formes que nous avons regroupées dans les catégories d’analyse suivantes : le recours au transport actif, la modification d’habitudes alimentaires, la modification de leurs habitudes de vie et le renforcement de gestes pro-environnement. Ces gestes ont tous été pratiqués pendant le cours et notre étude montre que les étudiants ont réinvesti ces gestes dans leur vie quotidienne une fois le cours terminé. Rappelons que l’étude de Hanna (1995) a montré que pour favoriser leur réinvestissement, la programmation du cours doit permettre aux participants d’expériencier les différentes actions. Marleau (2010) insiste aussi sur l’importance de l’approche expérientielle dans l’optique de modifier les comportements et l’importance de créer un environnement où les étudiants peuvent mettre en pratique les actions environnementales souhaitées afin de favoriser un réinvestissement dans leur vie. Dans cette optique, le cours Plein air expérientiel a permis aux étudiants de développer ce sens des responsabilités grâce à des expériences concrètes d’actions environnementales. Tout au long du cours, les étudiants se sont déplacés en ayant recours à des transports actifs, tel que la marche, le vélo, le canot, le kayak et la course, ils ont adopté une alimentation végétarienne, ils ont géré de façon très serrée les déchets qu’ils produisaient, puis ils ont vécu pendant 18 jours avec beaucoup moins de biens matériels. Les étudiants de notre recherche ont tous rapporté avoir adopté ces gestes dans leur vie quotidienne suite au cours. Par exemple, nos résultats montrent que les étudiants ont maintenant davantage recours aux transports actifs pour leurs déplacements urbains, ce qui n’était pas le cas avant leur participation au cours. Ils ont tous signifié que le fait d’avoir parcouru de longues distances en vélo pendant le cours leur a permis de voir qu’il était possible d’avoir recours au vélo comme alternative à la voiture. Cela appuie, entre autres, les conclusions de Hanna (1995) sur l’importance de vivre les alternatives afin de les intégrer dans notre vie. Une expérience d’éducation par l’aventure devient un catalyseur qui permet de vivre l’expérience de nouvelles habitudes et qui agit comme source de motivation. Dans une autre étude, Bloom (2017), expose que le cours d’éducation par l’aventure a directement contribué à l’adoption de

comportements respectueux de l’environnement chez les participants une fois celui-ci terminé. À cet effet, les études de Kollmuss et al. (2002) et de Sibthorp et al. (2007) permettent d’interpréter que les modifications d’habitudes sont aussi liées à la conscience de son pouvoir d’action31, qui est augmenté suite à la participation au cours d’éducation par l’aventure. Les étudiants comprennent qu’ils ont la capacité et les compétences de modifier certaines habitudes. Alors il leur est plus facile d’adopter, de modifier ou d’adopter de nouveaux comportements. Cette conscience de leur pouvoir d’action est l’un des éléments qui revient dans le discours des étudiants ayant participé à notre recherche. Ils rapportent que le cours leur a permis d’augmenter la confiance en leurs moyens et donner une plus grande détermination à agir. Nos résultats exposent clairement comment les étudiants soulignent que le cours leur a permis d’avoir une plus grande confiance en leur capacité d’action et dans le développement de leur autonomie. En somme, notre étude soulève bien l’incidence du cours d’éducation par l’aventure sur la modification de certaines habitudes de vie des étudiants. Ces modifications furent toutes liées à des actions qui étaient pratiquées pendant le cours. Cela nous permet de conclure que les réinvestissements d’actions sont possibles, notamment si ces actions ont été pratiquées par les étudiants. Nous voyons que ces réinvestissements s’opèrent tous chez les étudiants, une fois le cours terminé, soutenu par une motivation émergente de leur expérience. Toutefois, nous avons noté qu’une perte de motivation était observée chez certains sujets quelques mois après avoir suivi le cours. Ce constat suscite un questionnement sur les façons de prévenir cette perte de motivation en favorisant le réinvestissement durable des acquis du cours Plein air expérientiel durant le cours.

5.2. Les dimensions du cours Plein air expérientiel contribuant au développement de