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La citoyenneté environnementale dans l’ERE

2.2 L’éducation relative à l’environnement

2.2.1 La citoyenneté environnementale dans l’ERE

Afin d’être en mesure d’étudier les apports de l’ERE, des auteurs ont décidé de mettre de l’avant un nouveau concept, qui serait une façon d’opérationnaliser les objectifs de l’ERE. Le concept de citoyenneté environnementale (Boutet, 2003 ; Dobson, 2003) apparaît dans la littérature au début du millénaire. Dans ses écrits, Dobson (2003) associe la notion de citoyenneté environnementale avec la notion de droits environnementaux et de la sphère publique des États-nations. C’est ainsi qu’il affirme que ce concept est en quelque sorte une extension de la notion de revendication des droits (Dobson, 2003, p.89). De son côté, les écrits de Boutet (2003) abordent plutôt le concept en s’inspirant de la vision de Leopold (1949), en parlant plutôt de la nécessité d’adopter une position éthique de l’humain par laquelle celui-ci est un citoyen et non un propriétaire du milieu naturel. Dès lors, c’est à titre de citoyen que

l’humain possède des responsabilités envers l’environnement et non seulement des droits. Dans cette perspective, nous retenons la définition suivante de Boutet (2003) qui s’est inspiré des travaux de Hungerford et Volk (1990) :

Posséder une conscience et une sensibilité à l’environnement total et à ses problèmes associés, une compréhension de base de l’environnement et de ses problèmes associés, des sentiments de préoccupation à l’égard de l’environnement et une motivation à participer activement dans l’amélioration et dans la protection de l’environnement, des aptitudes pour identifier et résoudre des problèmes et des problématiques environnementaux, une participation active à tous les niveaux pour résoudre les problèmes et/ou problématiques environnementaux. (Boutet, 2003, p. 67)

Cette définition nous donne des indicateurs afin de permettre l’évaluation de l’impact des enseignements en ERE. De sorte, nous dégageons de cette définition que la citoyenneté environnementale passe par une prise de conscience et une sensibilité à l’environnement, par une capacité d’action et une capacité à cerner les problèmes environnementaux, ainsi que d’une participation active à la résolution de problèmes environnementaux. Boutet (2003) regroupe ces éléments en deux grandes catégories : soit une relation de solidarité avec les autres êtres vivants et une relation de responsabilité envers les systèmes de maintien de la vie. Il qualifie la relation à l’environnement sous les thèmes de la solidarité et de la responsabilité envers le milieu naturel. Pour mieux nous aider à cerner ces éléments, Boutet (2003) propose cinq composantes de la citoyenneté environnementale. Pour l’auteur, c’est par l’intermédiaire de ses cinq composantes, présentées ci-dessous, qu’il est possible d’analyser la portée des enseignements en ERE :

• La sensibilité envers le milieu naturel ; • La conscience de son pouvoir d’action ; • L’exercice d’une pensée critique ;

• L’acquisition d’habiletés de participation démocratique ;

• La mobilisation des connaissances nécessaires pour cerner les enjeux environnementaux

Ces composantes de la citoyenneté environnementale regroupent plusieurs éléments se rapportant à la relation à l’environnement. Nous passerons en revue de façon plus détaillée chacune de celles-ci. Premièrement, Boutet et al. (2009) affirment que la sensibilité envers le milieu naturel est à la source d’un engagement durable pour la protection de l’environnement. Pour les auteurs, il s’agit d’une composante importante pour favoriser l’engagement des personnes. Celle-ci se manifeste par un sentiment d’empathie, un sentiment d’humilité et un sentiment de respect envers le milieu naturel (Boutet et al., 2009, p.118). Ensuite, la conscience de son pouvoir d’action se définit comme un centre de contrôle internalisé de l’action du participant. Cela signifie que le participant connaît les stratégies d’action et qu’il exprime son intention d’agir, mais également qu’il est en mesure de prendre action. Boutet et al. (2009, p.118) désignent par l’exercice d’une pensée critique, l’idée que le participant est en mesure de saisir les enjeux sociopolitiques et éthiques liés à toute action environnementale. De cette façon, le citoyen responsable est en mesure d’avoir une compréhension d’ensemble du problème et qu’il est en mesure de produire des arguments pour soutenir son action. Cet élément est également mis de l’avant par plusieurs autres auteurs (Marleau, 2009 ; Stern et al., 2008 ; Pruneau et Lapointe, 2002). En participant à différents projets, les apprenants développent l’exercice d’une pensée critique, qui leur permet de se positionner de façon éclairée envers les problématiques environnementales et de justifier leur action.

Dans une perspective de citoyenneté, Boutet et al. (2009) soulignent l’importance d’acquérir des habiletés de participation démocratique. L’auteur définit ces habiletés avec la considération et l’écoute des autres, puis d’une capacité à communiquer de façon authentique dans un groupe. Il avance que ces habiletés permettent d’agir avec les autres et qu’elles permettent également de reconnaître l’importance d’une action concertée. Cette composante revient également chez Dobson (2003) qui traite de l’importance de la question de citoyenneté dans le concept de citoyenneté environnementale. Cette composante rejoint bien l’idée de

Dewey (1966) qui soulignait l’importance que l’éducation implique les aspects de la vie démocratique actuelle.

Finalement, Boutet et al. (2009) parlent de la mobilisation des connaissances nécessaires pour cerner les enjeux environnementaux. Cette mobilisation des connaissances se base sur la culture scientifique et technique du citoyen et lui permet d’adopter des comportements responsables et de porter des jugements sur ces actions. Elle lui permet aussi de s’engager de façon active dans son rôle de citoyen en favorisant des comportements positifs envers l’environnement. La figue ci-dessous nous permet de bien illustrer le lien qui unit le concept de citoyenneté environnementale à notre question de recherche qui désire explorer le développement de la conscience écologique dans le cadre d’un cours d’ERE et de l’utilisation du concept de citoyenneté environnementale comme indicateur de développement.

Figure 2. La citoyenneté environnementale et l’ERE

Bref, nous voyons par cette figure que l’éducation par l’environnement peut contribuer au développement de la conscience écologique. Afin de vérifier le degré de développement, Boutet et al. (2009) ont proposé d’utiliser le concept de citoyenneté environnementale comme

indicateur des apports de l’ERE chez l’individu. Parmi ces indicateurs, nous porterons une attention particulière à la sensibilité environnementale, car il s’agit de la principale composante à être influencée par une exposition au milieu naturel dans un contexte d’expédition. En ce sens, nous approfondirons l’étude de cette composante.