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Chapitre 2 L’intervention dans ses contextes

2.2 Des violences coloniales aux violences contemporaines

2.2.2 Les violences en continuum

2.2.2.1 Cycles et similitudes

Comme on peut le comprendre à partir de la perspective historique brossée ci-dessus, les Congolais sont entrés dans la modernité au travers de régimes de violence successifs qui ont introduit une forte dose d’incertitudes transformant les représentations. J’aborde ici cette succession à la lumière des travaux de Ndaywel è Nziem (2009, 2016a), qui propose de « revisiter dans leur ensemble [l]es pages douloureuses de l’histoire du Congo pour tenter de comprendre les mécanismes récurrents de ‘production’ des violences armées et les modes de connexion et d’enchainement qui existeraient entre elles » (2016a : 141).

Se penchant sur la succession des violences de l’ère coloniale et postcoloniale, et s’inspirant des travaux de Vellut (1984, 1987, 1992), Ndaywel è Nziem décrit huit cycles45 de violences « d’en haut » et de résistances autochtones formant des ensembles homogènes, dont il détache de nombreuses similitudes. La première d’entre elles est le caractère multiforme des violences perpétrées qui, outre leur intensité, leur fréquence et leur portée —dont la statistique constitue de constants sujets de débats, comme si les chiffres étaient seuls capables de prouver l’importance des désastres qu’elles engendrent— se démarquent par des registres arbitraires, brutaux et dégradants, associés à des modalités structurelles symboliques et silencieuses engendrant la destruction systématique des normes sociales, religieuses, et culturelles des populations, et participant de la création d’un processus de détestation de soi et de dépendance.

44 Un article du Monde du 15 août 2016 parlait de « délestage alimentaire » à Kinshasa (en référence au délestage électrique courant dans la cité), pour nommer la pratique de nombre de kinois qui ont du mal à se nourrir chaque jour. http://www.lemonde.fr/afrique/article/2016/08/15/a-kinshasa-la-souffrance- ordinaire-du-delestage-alimentaire_4983031_3212.html, page consultée le 7 février 2017

45 Au début de la section traitant du sujet, il présente sept cycles : « [pour la période coloniale], celui de la guerre de conquête, ensuite celui de la mise en valeur économique et, enfin, celui de la lutte contre les mouvements messianiques. L’âge postcolonial se chargea de produire quatre autres : le cycle de la décolonisation, celui des rébellions mulelistes, des guerres du Shaba et de la guerre des grands lacs. (2016a : 153). Il rajoute plus loin, entre le cycle des rébellions et celui des guerres de Shaba, le cycle policier mis en œuvre en même temps que la période dite de « paix retrouvée » (2016a : 157)

L’indigène était constamment amené à transgresser ses propres interdits, à mettre en cause ses prescriptions sociales et à encaisser une violence morale d’une portée inédite. Un vieillard, subissant un fouet, nu, devant les femmes et les enfants, vivait, au-delà de la souffrance physique, une blessure morale qui devenait ineffaçable. Pour les stratèges et les professionnels de la violence, l’exercice de l’art, comme on le verra plus loin, consistera dans le choix des recettes qui permettait une combinaison réussie entre les blessures physiques et morales.

Ndaywel è Nziem 2016a :146

S’y ajoute le fait que ces pratiques, qui, au temps de la colonie, étaient généralement mises en œuvre de manière spectaculaire pour marquer fortement la population locale, l’étaient de manière suffisamment discrète pour n’attirer l’attention de l’opinion internationale qu’après coup, comme dans le cas des « mains coupées ». On les retrouve reproduites sous le régime de Mobutu avec les manœuvres destinées à mâter les rébellions et les assassinats d’étudiants ou de personnalités politiques assorties de tortures, mais aussi durant les guerres des Grands Lacs et leurs suites avec le sort fait aux réfugiés hutus poursuivis et massacrés des forêts de l’Ituri jusqu’aux frontières Sud et Ouest du pays en 1996-9746, les violences

sexuelles publiques, les pratiques supposées de cannibalisme ou autres transgressions des tabous culturels et sociaux, et plus récemment les affrontements entre miliciens Kamwina- Nsapu et forces de sécurité dans la région du Kasaï qui ne se révélèrent qu’après l’assassinat de deux experts des Nations unies, et où ne cessent d’être découverts de nouveaux charniers47.

La seconde grande similitude entre les différents cycles est le fait que ces violences sont téléguidées (soutenues, encouragées ou provoquées à distance) et mises en œuvre par le biais « d’exécuteurs locaux », obligés de s’écarter des normes sociales et devenant par là des parias, dont la seule porte de sortie est un positionnement à l’écart de la société avec

46 En 1996, suite au déclenchement de la guerre de libération qui les menaçait directement, environ 800 000 réfugiés Hutus s'enfuirent vers le Rwanda, alors que plusieurs centaines de milliers d'autres s'éparpillèrent dans les forêts du Kivu, exposés à la famine, aux maladies, aux fauves et aux bandes armées. On soupçonne fortement les forces armées rwandaises, en connivence avec l’AFDL, d’avoir procédé à la poursuite et au massacre de ces populations civiles qui étaient pourtant loin de constituer une sérieuse menace pour le pays. Ces massacres ont été documentés par le Haut-Commissariat aux droits de l’homme : « Les réfugiés, que les ex-FAR/Interahamwe ont parfois encadrés et utilisés comme boucliers humains au cours de leur fuite, ont alors entrepris un long périple à travers le pays qu’ils ont traversé d’est en ouest en direction de l’Angola, de la République centrafricaine ou de la République du Congo. Au cours de ce périple, des ex-FAR/ Interahamwe et des réfugiés auraient parfois commis des exactions, dont un grand nombre de pillages, à l’encontre des populations civiles zaïroises. » (2010 : 81) 47 https://www.irinnews.org/analysis/2017/07/31/briefing-conflict-kasai-drc

des pratiques antisociales perpétrées comme une fuite en avant. Ndaywel è Nziem (1998a) mentionne les pombeiros, intermédiaires des marchands négriers, les sentinelles de la période de l’EIC et les soldats de la Force publique, exécutants des comportements brutaux sous la colonie belge et sous Mobutu. La situation de ces personnages résonne fortement avec celle des forces armées congolaises (FARDC) de nos jours, dont la population se méfie largement, tout comme des kadogos et « démobilisés » qui bénéficient des programmes humanitaires post-conflits, au sujet desquels je reviendrai de manière plus approfondie dans la présente thèse.

2.2.2.2 Résistances

Au cœur et en miroir de la succession des violences traversant le pays, s’inscrit aussi la succession des résistances qui ont émergé. Qu’elles se soient développées sur un mode messianique (avec par exemple les Kimbanguistes), sous forme de grèves, de jacqueries paysannes, de mutineries, de guérillas révolutionnaires ou de révoltes sécessionnistes, ce qui les relie est qu’elles furent toutes, une à une, avec ou sans aide internationale, violemment étouffées par des campagnes de « pacification » et de répression dont les formes sont répliquées jusque dans les opérations policières contemporaines 48 .

L’application à réprimer en usant de manœuvres d’envergure alliant brutalité physique et propagande (par exemple en ordonnant un conseil de guerre condamnant à mort Kimbangu qui n’était que catéchiste, et en déportant 37.000 familles de ses adeptes), avait pour but d’établir à chaque fois la preuve qu’il est vain de résister. Selon Ndaywel è Nziem qui se penche sur la période de l’indépendance, la dramatisation de l’échec des lumumbistes (fruit de discours religieux et de propagande du pouvoir en place) aurait entrainé « une sorte de désacralisation de la guerre révolutionnaire et suscité un sentiment de frustration, voire de fatalisme » (1998a : 423) qui s’est perpétué avec la répression systématique des protestataires. Suite à un processus de monopolisation de la violence, malgré l’espoir

48 « Le gouvernement congolais a lancé l'Opération Likofi le 15 novembre 2013, à la suite d’un

engagement public du président Joseph Kabila de mettre fin à la criminalité des gangs à Kinshasa. […] Initialement, les policiers semblaient utiliser leurs tactiques brutales comme un avertissement pour les autres. De nombreuses victimes ont été battues et humiliées par la police devant une foule avant d'être tuées, et les policiers ont parfois appelé les gens à venir regarder le corps après l'exécution d'un suspect. Dans un grand nombre de cas, ils ont laissé le corps dans la rue, peut-être pour effrayer les autres, et ne l’ont récupéré que plus tard pour le transporter dans l’une des morgues de la capitale. » (HRW 2014)

suscité par l’indépendance, Mobutu et ses successeurs auraient par là démontré aux congolais que « la violence d’en haut est la seule légitime » et qu’elle « finit toujours, et en définitive par avoir raison de la violence « d’en bas », même si cette dernière donne des signes de réussite, celle-ci ne peut être que provisoire » (Ndaywel è Nziem 1998a : 424). Car la répression n’est pas seulement physique, elle est aussi morale, et se nourrit des échecs des luttes successives.

De nos jours l’initiative de protestation parce que productrice d’une certaine forme d’agressivité est, dans son essence même, devenue objet de discrédit. Enfermée et prisonnière du jugement dépréciatif, la violence armée est incapable de légitimer cette initiative. La réaction typique du Zaïre des années 1990 se lit dans les conseils de prudence prodigués couramment aux candidats des manifestations de rue. « Que celui qui prend l’initiative d’une marche se mette en tête de la colonne avec les membres de sa famille au lieu d’envoyer les enfants des autres servir de chair canon. »

Ndaywel è Nziem 1998a : 418-424

Cette logique implacablement prouvée par l’usage de la force contre toute velléité de protestation a ainsi abouti à une paralysie de l’opposition politique et une pratique d’autocensure. Pourtant, lorsqu’en 1990, Mobutu pensant se débarrasser des tensions internes, ouvrit la boite de Pandore avec le lancement d’une Consultation Nationale Souveraine, des espoirs de jours meilleurs renaquirent, qui rendirent impossibles la résignation au moment où, de peur des conséquences, le « chef suprême » interrompit le processus. Dès lors, de l’avis commun de tous les chercheurs, c’est la violence de l’incertitude et l’anomie de la situation qui furent productrices de la violence de la rue, celle qui aboutît aux pillages dans les villes, et aux révoltes dans les campagnes. Interprétées par Devisch comme l’illusion d’une capacité de renverser l’ordre des choses, les jacqueries qui avaient pris la forme de rixes carnavalesques du milieu rural, « ont fait resurgir le règne de l’imaginaire « de la nuit », celui de la malédiction et de la sorcellerie. […] Beaucoup de Kinois en éprouvent de la honte et sont troublés par cette vague destructrice portée à son paroxysme qui a envahi la population kinoise ainsi que les forces de l’ordre » (Devisch 1998 : 447-448). Pour Ndaywel è Nziem, le processus autodestructeur de la violence des pillages était une marque d’impuissance, qui se retourna contre la population, la privant des derniers moyens de subsistance qui lui restaient. Et aujourd’hui, les tentatives de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) et de la Lutte pour le changement (LUCHA) d’adopter un mode d’action non-violent, prônant comme attitude l’effort de vaincre la peur

pour faire face aux brimades du régime, trouvent leurs limites dans le même retournement que le pillage, car comme le mentionne Makal (2017) « la pauvreté et la faim désamorcent les révoltes ».

La leçon que l’on peut tirer des manifestations successives, c’est que la pauvreté protège le régime à Kinshasa. Quoi qu’ils fassent, au troisième jour de paralysie des villes, la tentions [sic] retombe comme un fruit mûr. Non, un fruit secoué par un ouragan : la faim. Non pas que Kabila ait inventé cette stratégie pour se maintenir au pouvoir. Mais ayant testé son succès, il ne s’en est pas départi.

Makal 2017 : en ligne 2.2.2.3 L’extraction des ressources au cœur des violences

Pour conclure son raisonnement sur les violences, la lecture globale des cycles successifs amène Ndaywel è Nziem à différencier des violences primaires inscrites dans un temps long, de violences secondaires, conséquences des précédentes. Il met alors en évidence que « ce sont les impératifs économiques et stratégiques qui ont servi de matrices aux multiples cycles de violence identifiés » (Ndaywel è Nziem 2016a : 164).

Dans ce schéma d’évolution, les violences se seraient toujours imposées comme conséquences des besoins de maximisation de la production, dans le but de répondre au mieux à la demande extérieure. Il n’est donc guère étonnant que le régime des terreurs ait connu lui aussi une certaine forme de circulation et que celui-ci ait pratiquement toujours coïncidé avec celui de la succession des « Congo utiles », en se focalisant particulièrement dans l’espace du produit en vedette.

Ndaywel è Nziem 2016a : 169

C’est ainsi qu’après la traite négrière destinée à fournir la main d’œuvre, l’appareil léopoldien s’engagea dans l’extraction du caoutchouc et de l’ivoire, et que la colonie belge perpétua la prédation, laissant en héritage une pratique où Congolais et étrangers rivalisent d’inventivité, passant d’une région à l’autre du pays, selon la disponibilité des ressources. Selon la journaliste et essayiste Colette Braeckman, le modèle s’est perpétué.

Après 1908, la Belgique s’emploie à abolir et à faire oublier les abus les plus flagrants du système léopoldien, la prédation pure et simple cède la place à la « mise en valeur » de la colonie. Les réquisitions des travailleurs se transforment en prestations de travail obligatoire, portage, construction de routes, cultures dites « éducatives » (le coton par exemple) et les Congolais, de gré ou de force, seront obligés d’entrer dans l’économie mondialisée où, depuis plus d’un siècle, ils occupent une place de choix, produisant chaque fois ce que réclame l’économie mondiale : après le caoutchouc des premières automobiles viendra le cuivre des fusils et des blindés durant la première guerre,

l’uranium durant la deuxième, puis le cobalt, l’or, le diamant et de nos jours, le colombo tantalite et la cassitérite….1908 : c’était hier. C’est aujourd’hui…

Braeckman 2008

C’est précisément ce facteur qui motiva le déclenchement de la guerre de libération à l’Est, puis son renouvèlement et sa perpétuation dans l’ensemble du pays avec la guerre d’agression. Car, loin d’être la simple expression de rivalités ethniques importées du Rwanda voisin, ils relèvent de l’enchevêtrement de manœuvres politico-économiques liées aux migrations, à l’attribution de la nationalité congolaise, à la distribution foncière, et aux nouveaux régimes d’extraction minière, entrainant une fragilisation des jeunes générations. Deux dynamiques économiques en forment le contexte.

Sur le plan foncier, le système de distribution/attribution des terres mis en place par l’autorité coloniale et transformé par Mobutu, fut au cœur des désaccords à l’Est du pays, en lien direct avec les pouvoirs dont disposaient les chefs coutumiers et autres élites. Ainsi, avec les lois foncières des années 1970, les terres passèrent d’un régime de propriété communautaire lié à l’organisation coutumière, à une logique marchande liée aux profits et aux systèmes de « débrouille ». Cette logique ouvrit la voie à un phénomène conséquent de spoliation des terres devenues objets de transactions marchandes et politiques, facilité par la collusion entre chefs coutumiers et autorités politico-administratives. Les alliances traditionnelles que les populations autochtones entretenaient avec leurs chefs coutumiers et qui assuraient une relative stabilité de l’organisation sociale devinrent alors obsolètes et l’incertitude fut de mise. Dans ce nouveau système en effet, plus rien n’assurait aux paysans qu’un service rendu aux chefs leur garantisse une réciprocité sociale. Et cette insécurité toucha en premier lieu les jeunes dénués de ressource, entrainant des changements à l’intérieur-même de l’organisation familiale basée sur l’héritage patrilinéaire. « At the level of the family, there are reports that the intensified economic strife led to strong inter-generational competition within the same household. There have been some instances - for example in Walungu - in which sons tried to poison their fathers to gain access to land. » (van Acker 2005 : 93). En revanche, du côté des populations d’origine rwandaise qui avaient progressivement migré dans ces régions, la donne était sensiblement différente : non liées aux chefs locaux, familières du système de propriété

privée et soucieuses de sécurisation foncière, ces communautés toujours considérées comme étrangères comprirent l’opportunité ouverte par les nouvelles procédures. Lorsque à l’occasion de la Conférence nationale souveraine (CNS), promesse fut faite que la nationalité congolaise attribuerait un droit de vote et donc une potentialité supplémentaire de négociation individuelle et collective, les marchandages autour de leur nationalité prirent une importance capitale, et l’argument ethnique devint, on le comprend, l’outil privilégié des politiciens locaux pour tenter de manœuvrer les populations. Entre des communautés paysannes où la place des jeunes et l’autosubsistance vivrière étaient largement compromises, la nationalité et l’origine ethnique occupèrent une place centrale alimentant les tensions. En 1993 comme en 1996, les leaders locaux n’eurent donc plus qu’à s’appuyer sur ces tensions pour engager dans des combats meurtriers les jeunes générations qui, désireuses d’échapper à une aliénation grandissante, trouvèrent dans les milices armées des opportunités d’intégration et de gain.

Le second ressort perpétuant les conflits lié aux ressources est celui de l’extraction des diamants et du coltan, autant du fait de la compétition qu’elle introduit (notamment en attirant les intérêts étrangers), que du fait de ses modalités d’exploitation et de commercialisation. En effet, alors que, à la suite des pillages et de la « cannibalisation » exercée par Mobutu et son entourage, la compagnie nationale Gécamines (qui exploitait cuivre, cobalt, zinc, nickel et uranium) s’était effondrée, chacune en leur temps, l’extraction de diamants et de coltan attira les populations urbaines sans salaire et les paysans sans terre, comme vers une planche de salut, car elle promettait à tout individu qui en prenait l’initiative et se lançait dans l’aventure, un gain immédiat et conséquent, l’inscrivant dans une modernité caractérisée par la débrouille.

Environ 90 % des jeunes hommes font cela aujourd’hui. On entend parler d’une colline avec des gisements et on va de ce pas négocier avec le propriétaire, le chef local ; on lui paie un pourcentage. Bien sûr, avec les régions forestières tellement à l’écart de tout le monde, sans aucune route, les exploiteurs sont complètement à la merci des acheteurs.

Mais l’incertitude produite par la haute variabilité des marchés49 conjuguée à l’insécurité, généra un nouveau rapport avec la temporalité, invalidant la capacité de se projeter dans le futur, et perpétuant l’exploitation dans un cycle sans fin, comme l’explique Smith.

The dispossession of Congolese from their capacity to produce predictable time is a major feature of their violent and unequal insertion in global capitalism. As a young man said to me during my first visit to the Eastern Congo in 2003, “In Congo, we cannot make plans. If someone says to me, ‘Today you go here,’ because there is some opportunity, then I’ll just go.”[…] Thus, the violence meted out to Eastern Congolese civilians has been not only physical but also social and temporal: People have been made to feel that their actions will not have enduring effects, and they have been dispossessed of the social things through which they might build the future. These things (like livestock, which are concretely linked to actual people) foster and symbolize progressive temporality and, ideally, continuity between the past, present, and future. […] It is the resulting unpredictability that is among the primary reasons most ordinary Congolese participate in mining as diggers, even though digging is not particularly remunerative (the average coltan or cassiterite digger might earn a dollar a day). Despite this, money from mining is regular and consistent, whereas one must wait months for an agricultural harvest, which a military unit (including Congolese army soldiers) could always decide to expropriate

Smith 2011 : 21

Dans cette perspective autour de la temporalité, les violences contemporaines semblent se trouver attachées à une spirale sans issue, les revendications sociales à la base des