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Termes et généalogie du partenariat avec les participants à la recherche

Chapitre 3 Choix méthodologiques

3.2 Répondre aux défis posés par le terrain

3.2.3 Termes et généalogie du partenariat avec les participants à la recherche

Comme je l’évoque plus haut sur la question de l’intersubjectivité, les relations établies avec divers interlocuteurs au cours de cette recherche ont été diverses et ont évolué au fil des activités, établissant une forme de partenariat, dont il me semble important d’expliciter ici les termes et la généalogie.

3.2.3.1 Identification d’interlocuteurs

Dans la perspective de recueillir discours et pratiques entourant la mise en œuvre du PNDDR des enfants associés aux forces et groupes armés (EAFGA) à Gemena, je souhaitais rencontrer à la fois des protagonistes et bénéficiaires de l’expérience passée, ainsi que différents acteurs de l’entourage pouvant éclairer le sujet. J’avais l’intention de collecter des données couvrant une diversité de perspectives, sans toutefois chercher à obtenir une représentativité exacte de la population concernée (par exemple en

échantillonnant précisément les participants en fonction des statistiques de l’ONG). J’avais cependant établi que les personnes rencontrées en tant que « protagonistes » devaient, pour la plupart d’entre elles, avoir été en relation avec le programme mis en œuvre par l’ONG avec qui je collaborais et qui était au centre de mon investigation (même si je suis restée ouverte à toute autre participation).

Du point de vue des théories féministes et postcoloniales, une recherche menée par une européenne en RDC, n’ayant pas été initiée ni imaginée par ou avec les acteurs concernés, a toutes les chances d’aboutir à une forme d’appropriation de l’histoire locale, et de perpétuer un regard subalternisant sur ses acteurs. Comme je l’ai évoqué aux chapitres précédents, il est en effet courant que des recherches portant sur les enfants soldats soient agrémentées de regards de type intrusif sur leurs modes de vie, regards qui servent à prouver la vulnérabilité des enfants, l’inhumanité des militaires, l’incompétence de l’État et des adultes de l’entourage et/ou la nécessité d’une intervention extérieure, comme l’a montré Koddenbrock (2012) à propos de l’aide humanitaire en RDC. De telles considérations n’échappent pas aux acteurs de l’ONG qui ont vu passer un certain nombre d’évaluateurs au fil des ans, ni aux habitants de Gemena qui sont très réactifs aux prises de photos par des étrangers, et qui marchandent leurs témoignages de manière habile et sans concession, sur le mode raconté ci-dessous par Brandon Stanton, photographe célèbre sur les réseaux sociaux, à propos d’une rencontre au cours d’un voyage en RDC.

Figure 2- She said she'd let me take her photo if I bought some peanuts from her. Afterward, I asked if she could remember the saddest moment of her life. She laughed, and said: "You're going to need to buy some more peanuts."

Il me fallut donc user d’une variété de stratégies (autres que des peanuts), d’abord pour identifier des interlocuteurs; ensuite pour obtenir leur accord et leur témoignage; enfin pour faire en sorte qu’un certain nombre d’entre eux s’associent à cette recherche, devenant alors, à mon sens, des participants. L’ONG actionna le premier levier de ce processus en organisant une rencontre avec un groupe de six éducateurs, qui nous mirent en contact avec des bénéficiaires des programmes de démobilisation et réinsertion destinés aux enfants et aux adultes. Ce procédé, auquel s’ajoutèrent quelques identifications plus informelles, nous permit de rencontrer vingt-quatre anciens bénéficiaires : seize d’entre eux (douze hommes et quatre femmes) avaient été démobilisés en tant qu’enfants, deux avaient bénéficié du programme en tant que « vulnérables » et six (dont deux femmes) avaient bénéficié de services destinés aux adultes démobilisés. Puis, avec l’aide du coordinateur de l’ONG et de ces premiers participants, nous identifiâmes une trentaine d’autres interlocuteurs liés de près ou de loin au programme (autres éducateurs, volontaires, psychologue, parents, familles d’accueil, artisans, associations coopératives, associations de jeunes, représentants de la société civile, personnalités de la cité, chefs de quartier), aboutissant à un total d’une soixantaine de personnes. La confiance qui m’était accordée était alors le résultat de la confiance accordée aux intermédiaires qui nous avaient présentés, prouvant ainsi la considération portée envers l’ONG et les encadreurs. L’ONG n’a jamais tenté de savoir qui étaient les personnes qui acceptèrent ou refusèrent de participer, caractéristique d’une ouverture plus forte que lors d’évaluations où les entrevues sont choisies pour fournir des preuves de réussites ou pointer les difficultés. La seule limite que l’ONG ait posée, sous forme d’une constante procrastination, est relative à un accès approfondi aux dossiers des enfants, aspect sur lequel je n’ai pas insisté, ayant constaté le peu d’informations qu’ils contenaient (vacuité qui est peut-être à l’origine de la réticence à me laisser les consulter).

3.2.3.2 Une participation évolutive

Suite à cette introduction privilégiée, excepté dans le cas des encadreurs sociaux réunis en début de séjour pour faciliter l’identification de jeunes bénéficiaires, ma première rencontre avec nos interlocuteurs était celle correspondant à l’entrevue. Je m’attachai donc avant chaque entrevue, à exposer mon parcours de praticienne à chercheure, mon projet, sa visée et son origine, de la manière la plus claire possible. Je souhaitais montrer que je ne

cherchais pas à enquêter sur les conditions de vie des enfants au sein des forces ou groupes armés, ni à évaluer les compétences des encadreurs ou autres intervenants et de l’ONG ; mais que, m’inscrivant dans le cadre d’un programme de doctorat, j’avais pour ambition de participer à la réflexion sur l’intervention humanitaire de protection des enfants; que pour cela j’aspirais plus particulièrement à comprendre la manière dont le programme avait été considéré, adapté et apprécié par ses acteurs et bénéficiaires à Gemena ; enfin que si cela était pertinent, dans la mesure du possible, je m’efforcerai d’en communiquer les résultats aux preneurs de décisions nationaux et globaux. J’expliquais aussi qu’il était selon moi nécessaire que cette recherche se bâtisse à partir du point de vue de ceux et celles qui avaient directement vécu cette expérience (eux et elles en l'occurrence), et leur demandais s’ils voulaient participer à cette entreprise, après m’avoir posé les questions supplémentaires qui leur paraissaient opportunes, avec la possibilité de se rétracter à tout moment, et de rester anonymes. J’affirmai aussi clairement que je n’avais aucun bénéfice matériel ou financier à offrir en échange de leur témoignage, hormis un dédommagement des frais ou du temps engagé si nécessaire; mais que si l’occasion m’était donnée, je ferais en sorte de les aider110 de manière peut-être plus immatérielle.

Alors, quels sont les éléments qui ont pu progressivement amener mes interlocuteurs à souhaiter s’associer à cette entreprise ? Et quels sont les indicateurs d’une telle intention, qui me permettent de considérer que, d’une certaine manière, cette thèse est le résultat d’une production au moins « partiellement » collaborative ? De manière pragmatique, on peut penser que les personnes qui ont accepté de nous recevoir une première fois, puis après présentation du projet et clarifications de notre part, de nous confier une partie de leur histoire —tout comme celles qui ont, par la suite, répondu positivement à l’invitation de participer à un atelier, puis à une réunion de discussion sur les résultats intermédiaires de la recherche— ont trouvé un intérêt à une telle entreprise, qui n’est pas seulement d’ordre matériel ou financier. L’adhésion à la première phase de la recherche (une entrevue) a certes pu être accordée par respect et politesse envers nos intermédiaires, mêlée de curiosité

110 Ce que je fis, par exemple, en invitant lors du premier atelier avec les anciens bénéficiaires du programme, un préfet d’école, pour leur exposer les modalités selon lesquelles ils pouvaient intégrer gratuitement le système scolaire du primaire et du secondaire, puis en organisant une seconde réunion entre lui et ceux qui voulaient en savoir plus sur la question; ou encore en référant un des jeunes qui débutait un élevage, à un vétérinaire rencontré à la pension.

et de quelques questionnements111. Mais une telle curiosité n’est pas suffisante pour que certains des participants parcourent des kilomètres à moto ou à vélo et prennent deux à trois journées de leur temps (en comptant les durées de voyage et de séjour sur place), pour participer aux ateliers et réunions qui ont suivi les entrevues. À mon questionnement sur le sujet lors de l’introduction des ateliers qui les voyait nous revenir, tous ont exprimé avoir apprécié notre rencontre qui leur avait permis de se souvenir d’une partie de leur histoire personnelle enfouie ou mise de côté qu’ils n’avaient jamais eu l’occasion de raconter de la sorte (un des jeunes bénéficiaires la comparant à un parent perdu de vue, qu’on a plaisir et étonnement à retrouver aussi familier qu’auparavant). Ils exprimèrent aussi leur intérêt à poursuivre la conversation, pensant que leur expérience valait la peine d’être partagée pour améliorer de tels programmes dans le futur. Leur participation témoigne donc d’un intérêt qui consiste, pour les jeunes comme pour les intervenants, à se faire entendre par les décideurs des sphères nationales et globales112. Me basant sur leur confiance renouvelée, je les ai alors sollicités pour produire ensemble un regard critique sur leur propre expérience, exercice auquel ils se sont associés de manière active. Les jeunes gens, en particulier, ont été particulièrement sensibles à la possibilité de porter leur voix à l’extérieur, exprimant même leur volonté de ne pas apparaitre sous forme anonyme dans la thèse (au contraire des intervenants), lors de la réunion de restitution à laquelle ils ont activement participé. Cette affirmation de leur part vient d’ailleurs confirmer l’esprit revendicatif qui ressort de leurs témoignages sur leur expérience, que ce soit dans les pratiques décrites ou les discours qu’ils y articulent. Elle marque aussi la volonté d’utiliser ma positionnalité, mon appartenance au monde global et mes connexions à l’espace national, pour porter leur message. En témoigne aussi l’insistance de certains d’entre eux, de mener les entrevues en français, montrant, en utilisant cette langue, qu’ils font aussi partie de ces mondes. Ce qui rejoint une conscience générale de la part de la population, que les étrangers produisent et portent une image d’eux, image qu’ils souhaitent légitimement pouvoir contrôler. Pour

111 Les questions posées par mes interlocuteurs avant les premières entrevues portaient soit sur les retombées positives ou négatives potentielles (nouveau projets ou risques de ré-enrôlement de force), soit sur ma positionnalité.

112 Il est intéressant de souligner que cette intention de communication ne s’adresse pas au monde local, puisque, par exemple, aucun des deux groupes de participants n’ont trouvé pertinente, l’idée que je leur exposais de témoigner de leurs expériences auprès de la population locale, même sous forme anonyme, par des moyens comme la radio ou des bandes dessinées.

exemple, la demande de cette femme portant du bois, qui, me voyant prendre des photos d’une palmeraie abandonnée aux abords de la cité, a insisté pour que je la « capture » portant son fagot.

Figure 3 - « Prends-moi en photo, avec mon tas de bois, pour montrer chez toi qu’ici, les vieilles mamans travaillent dur. » (Photo Sylvie Bodineau, Quartier de l’usine COMINGEM - Gemena 11 novembre 2013)

3.2.3.3 Les ingrédients de nos relations

Dans le cadre du dispositif de cette recherche, la soixantaine de personnes que j’ai formellement rencontrées s’y sont engagées sur un mode et avec une intensité différente, en fonction des sujets abordés et des propos échangés, et au travers des relations que nous avons établies au fil du temps. Ces relations ne se sont pas définies seulement par opinions ou intérêts communs ou divergents clairement exprimés, mais elles se sont bâties aussi au fil des rencontres et des situations partagées à deux, trois, quatre, huit, ou quinze personnes, en entrevues, ateliers, réunions, et de manière plus informelle dans les interstices de ces espace-temps, nous permettant d’aller au-delà des positionnalités qui nous caractérisaient en premier lieu et nous liaient ou distanciaient les uns vis-à-vis des autres, s’approchant de ce qu’exprime Jackson en introduction de son ouvrage Minima Ethnographica:

In exploring the social contexts I assign priority to lifeworld (lebenswelt) over worldview (weltanschauung), and give more weight to the ways in which the relationship between the one and the many arises in practical contexts of everyday life than to the ways it has been treated philosophically. Fieldwork experience has taught me that notions of shared humanity, human equality, and human rights always come up against the micropolitical exigencies of ethnic, familial, and personal identity, and the

dialectic between particular and universal frames of reference often dissolves into a troubled dialogue between the privileged microcosm of anthropologists and the peoples of the Third World whose voices, struggles, and claims define with far more urgency the conditions that define our global future. The reflexive dimension of this work testifies to the ways in which one’s ethnographic understanding of others is never arrived at in neutral or disengaged manner, but is negotiated and tested in an ambiguous and stressful field of interpersonal relationships in an unfamiliar society. As I noted in 1977, any interpretive synthesis one presents is the product of dialogue: a « thinly-disguised allegory of culture contact mediated by personal relationships » (Jackson 1977, xiii; cf. Riesman 1977, 1-2).

Jackson 1998 : 5

Les éléments les plus notables qui ont caractérisé nos relations et teinté mon appréhension puis ma compréhension de mon objet de recherche sont nombreux. J’en retiens ici trois formes : l’interpellation mutuelle, le partage d’émotions, et la relation d’aide.

Les modes d’interpellation que nous employons les uns vis-à-vis des autres font partie, dans une société donnée, des allant-de-soi quelquefois méconnus par les étrangers, qui s’y trouvent cependant embarqués. À Gemena, comme dans d’autres parties du Congo, on est interpelé soit par un terme qui qualifie notre relation, quelquefois placé avant notre nom le plus familier (prénom ou nom de famille): mon petit, mon vieux, mon ami; soit par notre qualification ou statut (qui peut aussi marquer notre relation) : coordo, chef, ingénieur,

docteur, préfet, doyen; soit encore par un titre générique : monsieur, madame, qui se

transforme, quand familiarité et respect apparaissent, en papa, maman, ou tantie, introduisant un lien et une certaine tendresse dans l’interpellation. Ces interpellations sont quelquefois utilisées sous forme de plaisanterie, pour se taquiner, et marquent indéniablement le degré de distance ou de proximité entre les personnes mais aussi les droits et devoirs qui l’accompagnent, la réciprocité qu’ils impliquent. En outre, lorsque le français est utilisé, on use du vouvoiement, même avec des personnes familières, excepté avec les cadets. Comme je l’ai évoqué précédemment, la première interpellation qui était utilisée à mon égard est celle de mundele, c’est-à-dire de blanche, portant à la fois l’histoire de la racialisation et les inégalités qui la caractérisent dans le Congo postcolonial contemporain, interpellation qui ne m’était cependant jamais adressée directement. Au début de mon séjour, les personnes qui me connaissaient un peu m’appelaient madame

Sylvie, les membres de l’ONG et de la mission utilisant simplement Sylvie, suivant le

par leur prénom. Souhaitant ne pas faire de bévue, avec les adultes, j’utilisais généralement la même forme que celle employée envers moi (vouvoiement ou tutoiement), quand ce n’était pas une forme plus respectueuse, notamment lorsque c’est moi qui entamais la conversation ou lorsque je m’adressais à une personne d’autorité comme les chefs de quartier ou le président d’une association; et suivant l’exemple d’Appolinaire, je tutoyais les jeunes, qui, eux, me vouvoyaient. Le tutoiement et le vouvoiement ne changèrent pas beaucoup avec le temps. Mais les interpellations, oui. Et ce changement qui vit les jeunes, les encadreurs et les membres de l’ONG m’appeler maman Sylvie plutôt que madame

Sylvie, et Appolinaire vieux ou papa Appolinaire, plutôt que secrétaire (sa fonction à la

Croix-Rouge), marqua une proximité plus grande, une confiance mutuelle, permettant, j’en fais l’hypothèse, des échanges plus approfondis, et impliquant une réciprocité, qui m’engage à un degré plus élevé, dans l’intention de rendre compte de notre entreprise mutuelle. Anaïs Rességuier, chercheure en éthique de l’humanitaire, évoque dans un blogue publié sur un site de partage entre acteurs humanitaires, l’importance des small things.

They may be a particular look or smile, a cigarette shared with a beneficiary, a brief chat with a refugee child, or a sense of shared commitment across one’s team or organisation, as I recently heard in my interviews with humanitarian actors in Jordan and Lebanon. These experiences are not the “cherry on the cake”, they are the cake itself : the main chunk of what makes our lives meaningful and worth living. […] in the face of the great human sufferings that we are surrounded by, a rejoicing over what is small, is not just small, it is also ugly and sick – a negation of life. But small can also be intense and beautiful when it comes to touch us from within. It is what connects us to the real matter, to what really matters. In that sense, it is the heart of the ethical experience.

Rességuier 2015

L’approche existentialiste défendue par Jackson (1998, 2005) cité plus haut, nous aide à comprendre combien ces petites choses dont parle Rességuier, devraient aussi faire partie d’une éthique de l’expérience partagée dans le cadre d’une anthropologie de l’intervention humanitaire critique et engagée. Non seulement elles réaffirment notre humanité partagée, mais elles participent aussi de notre appréhension des mondes autres, en apportant une texture aux propos tenus qui nous recentre sur ce qui « importe vraiment ». L’émotion est un des ingrédients de nos connections, qui se manifeste au détour des récits et des échanges informels. Lors de cette recherche, elles ont indéniablement teinté notre appréhension des choses, apparaissant d’une manière ni linéaire, ni prévisible, mais pas inattendue, car nous

étions, Appolinaire et moi, conscients de la part qu’elles prenaient dans la conversation. J’évoque plus loin le soin que nous prenions à accorder le ton de nos propos à celui de nos interlocuteurs (donné par leur premier récit lors des entrevues, ou par leurs premiers partages lors des ateliers). Dans le même esprit, avant les rencontres, nous nous efforcions de nous débarrasser au mieux de nos propres préoccupations pour être pleinement disponibles et suivre au plus près leur humeur, la laissant orienter notre relation du moment, ce qui nous permettait de percevoir, outre leur manière de vivre les évènements présents, celle de se remémorer ceux passés que nous évoquions ensemble. Nos interactions furent diverses, faites à la fois de discussions âpres, de provocations, de joutes, de taquineries, de plaisanteries et envolées enthousiastes, mais aussi de moments de silence et d’écoute intenses, marqués par des regards croisés, des sourires en coin, des pleurs, des éclats de rire, de la fierté, des agacements, de la tristesse, de la déprime, des évitements, des airs blasés, du partage, et de la reconnaissance. Il y avait parfois comme un moment de grâce lors des entrevues ou des ateliers, tendus les uns les autres dans le même effort d’articulation de leur expérience (eux d’expliquer le mieux possible, moi de questionner au plus juste, et Appolinaire de traduire ces deux mouvements). En partageant ces efforts au sein d’un groupe, nous avons finalement créé un récit commun non uniforme, incluant même certaines histoires très personnelles —le degré de confiance des uns vis-à-vis des autres m’ayant surprise à plusieurs reprises alors qu’ils témoignaient en groupes de détails intimes (par exemple les relations conjugales d’Alphonsine113 et son mari). Il résulte de cette dynamique la volonté des jeunes de se retrouver de temps en temps à la suite de cette