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CHAPITRE 2. ÉTAT DES CONNAISSANCES

2.4 VIOLENCE ENVERS LES FEMMES ET TRANSMISSION DU VIH

2.4.2 VIOLENCE ENVERS LES FEMMES DANS LE MONDE

Un récent rapport de l’OMS révèle que la violence perpétrée contre les

nombre d’entre elles quel que soit le pays, le milieu socio-économique ou le groupe d’âge (OMS 2002). Dans certains pays la violence envers les femmes est tellement présente qu’elle est perçue presque normale et jusqu’à un certain point acceptée. En effet, dans les sociétés où les traditions patriarcales dominent, on considère que si un homme bat sa femme c’est qu’il a le droit de lui infliger des châtiments physiques. Dans plusieurs endroits, on s’attend à ce que la femme s’occupe des enfants, de la maison et qu’elle soit obéissante et respectueuse envers son mari. Ainsi, il arrive que l’homme recoure à la violence lorsqu’il croit que sa femme n’a pas tenu son rôle ou a dépassé les limites. Selon le rapport de l’OMS, entre 10 % (Paraguay, Philippines) à 69 % (Managua, Nicaragua) des femmes auraient été victimes de violence physique par leur partenaire au cours de leur vie (OMS 2002). La prévalence des femmes agressées physiquement au cours de la dernière année variait entre 3 % ou moins en Australie, au Canada et aux États-Unis à 27 % au Nicaragua (Managua), 38 % en République de Corée, 52 % chez les femmes palestiniennes mariées vivant en Cisjordanie ou dans la bande de Gaza. Pour ce qui est des Caraïbes, 30 % des femmes vivant à Antigua et à la Barbade ont affirmé avoir été victimes de violence physique par leur partenaire (OMS 2002).

La violence physique s’accompagne souvent de violence sexuelle. Une

des formes les plus courantes de violence sexuelle dans le monde est celle perpétrée par un partenaire intime (OMS 2002). En effet, le pourcentage de

femmes qui avaient déclaré avoir été victimes de violence sexuelle par un partenaire intime au cours de la dernière année variait de moins de 3 % au Japon (1,3 %), en Finlande (2,5 %) et en Serbie-et-Monténégro (1,1 %) à plus de 20 % au Bangladesh (24 %), au Pérou (23 %) et en Éthiopie (45 %) (OMS 2002). Le mariage est souvent utilisé comme moyen pour légitimer la violence sexuelle envers les femmes, et particulièrement les jeunes filles et fillettes. La violence sexuelle est également utilisée comme une forme d’attaque contre l’ennemie lors de conflit ou comme punition lorsque des femmes transgressent les codes sociaux ou moraux.

Toujours selon le rapport mondial sur la violence de l’OMS, la prévalence d’agression sexuelle chez les femmes au cours de cinq dernières années va de moins de 2 % aux Philippines (0,3 %), au Botswana (0,8 %), en Bolivie (1,4 %), à Beijing (1,6 %) à plus de 5 % en Argentine (5,8 %), en Albanie (6,0 %) et au Brésil (8,0 %) (OMS 2002). Cependant, aucune distinction n’a été faite entre la violence sexuelle faite par des étrangers ou un

partenaire intime lors de ces enquêtes, ce qui pourrait sous-estimer la prévalence (Jewkes and Abrahams 2002). Malheureusement, les données sur la violence sexuelle sont insuffisantes et fragmentées. Plusieurs femmes ne signalent pas les actes de violence sexuelle, car elles ont honte ou peur qu’on ne les croit pas ou les maltraitent.

Plusieurs études, effectuées principalement en Afrique, ont rapporté que l’initiation sexuelle forcée et la coercition étaient également courantes chez les jeunes filles. Selon le rapport de l’OMS, le pourcentage de jeunes filles ayant eu une première relation sexuelle forcée variait de moins de 10 % aux États- Unis (9,1 %) et en Nouvelle-Zélande (7,1 %) à plus de 25 % en Afrique du Sud (28,4 %), en Tanzanie (29,1 %) au Pérou (40 %) et au Cameroun (37,3 %) (OMS 2002). Dans les Caraïbes, une étude a montré qu’environ la moitié des adolescentes interrogées avaient rapporté que leur première relation sexuelle avait été forcée (Halcon, Blum et al. 2003).

Haïti est considéré comme une société violente. La situation économique et politique précaire, la corruption endémique8 ainsi que la recrudescence de gangs armées ont créé un niveau de violence généralisé (Wucker 2004). Une récente étude a observé une augmentation de la fréquence et de la sévérité des violations des droits humains depuis l’instabilité du pays lié au départ d’Aristide en 2004 (Horton and Summerskill 2007). Les auteurs ont

estimé que durant les 22 mois qui ont suivi, 8000 meurtres et 35 000 viols, dont la moitié chez les jeunes filles de moins de dix-huit ans, auraient été commis dans la grande région de Port-au-Prince. En Haïti, la prévalence des actes de violence faits aux femmes est difficile à estimer, car ceux-ci ne sont pas souvent rapportés. Cependant, elle pourrait être élevée, car selon l’enquête EMMUS,

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En effet, selon l’organisation non-gouvernemental britannique Transparency International (TI), en 2007 Haïti se classait 177 sur 179 pays en ce qui concerne le niveau de corruption. Il était suivi respectivement par l’Iraq, le Myanmar et la Somalie.

plus du quart des femmes croient qu’il est normal qu’un homme batte sa femme lorsqu’elle néglige les enfants ou sort sans l’avertir (EMMUSIII 2000). Selon la plus récente enquête, le quart des femmes ont déclaré avoir subi des violences physiques, émotionnelles ou sexuelles de la part de leur partenaire actuel ou celui le plus récent (EMMUSIV 2006). Une enquête récente chez les femmes fréquentant une clinique de santé a révélé que 54 % d’entre elles avaient déjà été forcées d’avoir une relation sexuelle (Smith Fawzi, Lambert et al. 2005). De plus, une autre étude effectuée dans le département de l’Artibonite auprès de Haïtiennes enceintes a démontré que, durant la dernière année, 9 % des femmes avaient été victimes de violence physique, 37 % de violence émotionnelle et 39 % avaient été forcées à avoir des relations sexuelles contre leur gré (Kershaw, Small et al. 2006). Malheureusement, il n’existe pas de lois spécifiques concernant la violence domestique en Haïti (Fuller 1999). De plus, les agresseurs ne sont pas toujours punis étant donné le système judiciaire inefficient et corrompu ainsi que la destruction de plusieurs prisons et tribunaux.

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