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CHAPITRE 2. ÉTAT DES CONNAISSANCES

2.5 LE CONTEXTE D’HAÏTI

La République d’Haïti occupe le tiers de la surface de l'île d’Hispaniola

située dans les Caraïbes, soit 27 750 km dans sa partie occidentale. L’île est divisée en dix départements, dont la région de l’Artibonite qui est située un peu au nord de la capitale haïtienne (Port-au-Prince). La population haïtienne est estimée à plus de 8 millions d’habitants, dont 1 million vit dans le département de l’Artibonite, principalement dans les villes côtières de St-Marc et Gonaïves, chef-lieu du département. La majorité des Haïtiens habitent en milieu rural et un peu plus du tiers les régions urbaines (61 % versus 39 %) (UN 2007). Avec 42 % des personnes âgées de moins de 15 ans, Haïti se caractérise par une population jeune dans laquelle les femmes sont plus nombreuses que les hommes (52 %). L’espérance de vie est d’à peine 53 ans pour les hommes et 56 ans pour les femmes (UNAIDS 2006). Le taux de fécondité est de 3.9 enfants par femme et le taux annuel de croissance démographique est de 1.3 % (UNAIDS 2006). Cependant, Haïti a un taux de mortalité infantile élevé et sur 1000 enfants nés vivants, 57 décèdent avant leur cinquième anniversaire (EMMUSIV 2006).

Haïti est l’un des pays les plus pauvres des Amériques où la majorité des habitants vivent sous le seuil de la pauvreté. D'après l'indice de développement humain des Nations Unies, prenant en compte le caractère multidimensionnel du développement (longévité, scolarisation et alphabétisation, niveau de vie), Haïti se classe 153e sur les 177 pays recensés (UN, 2005). L’industrie

touristique, autrefois prospère, a disparu sous les conditions économiques et politiques précaires ainsi que l’apparition du VIH dans l’île. Les forêts ont été rasées, ce qui a engendré une érosion des sols, qui à son tour, a entraîné sécheresses et infertilité des terres. L’exode rural vers les grandes villes a contribué à la création des bidonvilles, à une détérioration des conditions de vie et à l’augmentation des problèmes de santé. En raison de la forte croissance démographique et des conditions économiques difficiles, seulement 42% des femmes et 64% des hommes travaillaient selon la dernière enquête populationnelle (EMMUSIV 2006). Les conditions de vie de la majorité des Haïtiens (ne)s sont précaires. Une personne sur trois a accès à l’eau potable et l’électricité, et cette proportion est beaucoup plus faible en milieu rural. De plus, 56 % des ménages urbains ne possèdent pas d’infrastructure sanitaire (p. ex. les toilettes) et ce nombre augmente à 74 % pour les ménages ruraux. Malgré les améliorations récentes, les niveaux de scolarisation demeurent faibles. En effet, selon la dernière enquête EMMUS, une femme sur cinq (20 %) n’a jamais fréquenté l’école contre 16 % pour les hommes (EMMUSIV 2006).

Par ailleurs, les inégalités entre les genres et les conditions socioéconomiques précaires en Haïti amènent plusieurs femmes à avoir des relations sexuelles en échange d’argent, de biens matériels ou de nourriture, et ces femmes ne se considèrent pas toutes comme des TS. Il existerait donc deux types de réseaux de prostitution en Haïti, l’un formel et l’autre informel qui

inclurait les TS occasionnelles, les « étudiantes de jour/TS le soir et les « clandestines » (CCISD-CECI 2002). Selon un article récent, 6 % des Haïtiens ont rapporté avoir eu une relation sexuelle avec une TS dans la dernière année (Carael, Slaymaker et al. 2006). D’autre part, une enquête effectuée à St-Marc chez les jeunes écoliers de 15-24 ans a montré que 16 % de ceux-ci avaient déjà eu une relation sexuelle avec une TS (CCISD-CECI 2005b).

Sur le plan politique, au cours des trois dernières décennies l’absence de consensus de la part des différents secteurs politiques pour un projet de société et l’incapacité des différents acteurs sur la façon de répondre aux exigences politiques et organisationnelles d’un certain ordre démocratique, a entretenu une instabilité politique et économique qui a entraîné, entre autres, une détérioration des conditions de vie de la population. Malheureusement, la situation politique et économique ne s’est pas arrangée après le départ du président Aristide en 2004. De plus, la fréquence et la sévérité des violations contre les droits humains n’ont fait qu’augmenter avec l’instabilité lié à cette situation (Horton and Summerskill 2007). Heureusement, il semble y avoir quelques progrès depuis l’arrivée du président René Préval en 2006 et grâce à la Mission de stabilisation des Nations Unies en Haïti (MINUSTAH)

La majorité des statistiques sur le VIH et les ITS sont basées presque exclusivement sur les personnes qui ont consulté les services de santé. Les structures sanitaires étant rares et les soins médicaux d'un coût élevé, beaucoup

de personnes infectées par le VIH/SIDA ne sont ainsi pas répertoriées. En effet, les femmes n’ont pas toutes accès aux consultations prénatales, accouchent majoritairement à la maison, ne connaissent souvent pas leur statut sérologique et transmettent donc le virus à l’enfant (EMMUSIV 2006). Ce phénomène aurait entraîné une augmentation de la transmission verticale mère- enfant et par le fait même, des infections chez les enfants de moins de quinze ans (CCISD-CECI 2002). En plus de faire augmenter la mortalité infantile, l’épidémie de VIH/SIDA a eu comme conséquence d’entraîner l’apparition de centaines de milliers d’orphelins qui se retrouvent maintenant dans une situation de grande vulnérabilité. De plus, l’enquête EMMUS de 2000 rapporte qu’environ une personne sur cinq (17-20 %) croit que le VIH/SIDA pouvait être transmis par sorcellerie (EMMUSIII 2000). En conséquence, ces personnes se tournent vers les médecines traditionnelles et vont rechercher en vain la guérison chez les “houngans” ou prêtres vaudou.

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