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Chapitre 1. Régionalisation et découpages de l’espace

C. Villes et zonages des territoires

En restant sur le cas du territoire français, tout en sachant que dans les autres pays européens la tendance est identique (Pumain D. et al., 1992 ; Le Gléau J.-P., Pumain D., Saint-Julien Th., 1996 ; Moriconi-Ébrard Fr., 1993 ; Ferlaino F., 1998 ; Köhler S., 1998), de nombreux zonages, principalement classés dans les zonages de savoir ou d’étude, sont déterminés à partir de flux (une approche spatiale), et de ressemblances (approche territoriale) entre des villes. D’autres zonages sont issus de choix politiques et institutionnels. Les villes sont alors mises en réseaux pour former souvent des zones, parfois des mailles.

Les zonages institutionnels et administratifs réalisés autour de villes en réseau sont construits à partir de similitudes et par contiguïtés des unités spatiales. Ils se calquent parfois sur des réalités culturelles ou symboliques comme dans le cas des Pays, pour lesquels on constate une rupture dans des pratiques, ou sur des réalités sociales ou économiques comme dans les cas des SIVOM (syndicat de communes). Les flux entre les villes ne sont jamais directement à la base de zonages institutionnels même s’ils sous- tendent certains des regroupements comme dans le cas des communautés urbaines ou d’agglomérations. Ils permettent alors, comme tous ces types de zonages, la gestion et l’aménagement de territoire, et constituent, pour beaucoup de villes, des possibilités qu’une ville seule ne peut assumer, comme pour la construction de grandes infrastructures (réseau de transport, piscines, musées …). Communautés urbaines, communautés d’agglomérations ou de communes, districts, SIVOM, font partie des zonages institutionnels français. Tous ces zonages utilisent les mailles administratives existantes par commodités politique et administrative et par agrégation d’unités spatiales contiguës (les communes), pour former des réseaux de complémentarité ou « structures de

coopération » (Le Gléau J.-P., 1998).

Des regroupements de villes permettent une meilleure analyse et une meilleure connaissance spatiale avec création de zonages. Ces zonages d’étude et de savoir utilisent, par commodité et disponibilité de données spatialisées (Grasland Cl., 1998), les maillages administratifs et institutionnels. Certains se construisent autour d’une ville centre par contiguïté et par similitude. Aussi, certaines définitions de la notion de ville reprennent ce type de regroupement et, dans ce cas, la ville est une entité morphologique calquée sur la continuité du bâti. Ce zonage délimite une forme particulière, voire une configuration ou une structure spatiale. C’est le cas de la ville définie comme une agglomération ou une « Unité urbaine », basée sur population supérieure à 2000 habitants et une continuité du

bâti inférieure à 200 mètres. Elle est très utile sur le plan statistique pour des analyses comparatives au niveau européen ou mondial (Pumain D. et al., 1992 ; Moriconi-Ébrard Fr., 1993, Le Gléau J.-P., Pumain D., Saint-Julien Th., 1996) et diffère de l’agglomération vue comme un zonage institutionnel.

D’autres zonages d’étude et de savoir prennent appui sur des similitudes et des flux, sur des contiguïtés et des connexités. Le zonage d’étude élaboré par l’INSEE en 1996 (Tableau 2, p.52), bonne illustration de ce type de zonage, a permis d’améliorer la grille de lecture des territoire et des villes (Terrier C., 1998). Ce Zonage en Aires urbaines (Z.A.U.) donne une « déclinaison du territoire métropolitain ». Les Aires urbaines, dans ce zonage, trouvent leur origine sur les connexités et les bassins d’emplois, en mesurant les migrations quotidiennes domicile-travail. Ce zonage respecte cependant les limites de la maille administrative la plus fine : la commune. Bien que ce zonage prenne en compte l’ensemble du territoire français, nous ne pouvons pas parler de maillage territorial car toutes les aires urbaines forment des enclaves entourées d’espaces à dominante rurale (Tableau 2, p.52).

D’autres zonages d’étude et de savoir réalisés à partir de la mise en réseau de villes existent. Ils sont fonction des thématiques des attributs et hypothèses des zones créées. Ils dépendent également des méthodes et techniques utilisées pour les mettre en place.

Dans le registre des regroupements de villes, ajoutons le Réseau de villes qui est une alliance de villes proches et de tailles comparables. Un Réseau de villes est une démarche volontaire de regroupement en vue, également, de coopération et de complémentarité. Ces Réseaux de villes ont été institutionnalisés en 1991 dans une circulaire du Premier ministre, mais il faut attendre la loi du 4 février 1995, et le CIADT de décembre 1997, pour que le poids donné à ces réseaux soit plus fort29. Contrairement aux regroupements précédents, ils ne conduisent jamais à des zonages de l’espace et concernent surtout des villes moyennes qui se joignent pour encore exister au niveau européen (Offner J.-M., Pumain. D., 1996). Soutenus par la DATAR dans leur mise en place, il existe aujourd’hui 27 Réseaux de villes sur tout le territoire français30.

De nombreux zonages dessinent les contours de villes en réseaux mais aucun ne détermine des maillages territoriaux, qu’ils soient zonages de savoir et d’étude ou institutionnels et administratifs. Des regroupements de villes peuvent-ils conduire à un maillage territorial, une régionalisation du territoire ? Si nous considérons que le territoire dans son ensemble n’est pas constitué que des villes alors la réponse est négative. Par

29 Bernard M., 2000 ; Royoux et al., 1996.

contre, si nous considérons que les espaces autour des villes peuvent être associés par proximité, voisinage31 ou similitude, comme dans les aires urbaines avec les communes rurales associées aux pôles urbains (Encadré 1, p.56), alors la réponse devient positive.

Notre travail propose des mises en réseaux de villes et des régionalisations du territoire (zonages institutionnels ou administratifs) autour de ces réseaux sur la base de zonages d’étude et de savoir. Cependant certaines de ces mises en réseaux ne permettent pas de dégager de découpage spatial. Dans ces cas, les mises en réseaux servent uniquement à l’étude du territoire. Les mises en réseaux suivront des hypothèses de connexités entre les villes sur lesquelles nous reviendrons après avoir présenté les méthodes et technique de découpages de l’espace qui peuvent parfois conduire à des maillages spatiaux.

P ôle urbains. U nité urbaine* offrant 5000 em plois ou plus et n’appartenant pas à la couronne

périurbaine d’un autre pôle urbain. Certaines unités urbaines dépassant le seuil de 5000 em plois sont sous la dépendance économ ique d’une unité urbaine plus im portante : plus de 40% de leur population active résidente travaille dans le pôle ou dans les com m unes attirées par celui-ci. Ces unités urbaines sont alors incluses dans la couronne périurbaine du pôle sous l’influence duquel elles se trouvent.

Aire urbaine. E nsem ble de com m unes d’un seul tenant et sans enclave, constitué par un pôle urbain, et

par une couronne périurbaine form ée de com m unes rurales ou d’unités urbaines dont au m oins 40% de la population résidente ayant un em ploi travaille dans le pôle ou dans des com m unes attirées par celui-ci. Il peut arriver qu’une aire urbaine se réduise au seul pôle urbain. P our la définition des aires urbaines des pôles frontaliers, dont une partie de l’agglom ération est situé à l’étranger, sont com ptabilisés les flux à destination de la partie étrangère de l’unité urbaine pour déterm iner les com m unes appartenant à la couronne périurbaine.

Couronne périurbaine (d’un pôle urbain). Ensem ble des com m unes de l’aire urbaine à l’exclusion de

son pôle urbain

Com m unes m ultipolarisées. Com m unes rurales et unités urbaines situées hors des aires urbaines, dont

au m oins 40% de la population résidente ayant un em ploi travaille dans plusieurs aires urbaines, sans atteindre ce seuil avec une seule d’entre elles, et qui form ent avec elles un ensem ble d’un seul tenant.

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Espace urbain. Ensem ble d’un seul tenant de plusieurs aires urbaines et des com m unes m ultipolarisées

qui s’y rattachent. D ans l’espace urbaine m ultipolaire, les aires urbaines sont soit contiguës, soit connexe. U n espace urbain com posé d’une seule aire urbaine est dit m onopolaire.

Espace à dom inante urbain e. E nsem ble des aires urbaines et des com m unes m ultipolarisées. Il peut

égalem ent se définir com m e l’ensem ble des espaces urbains.

Espace à dom inante rurale. E nsem ble des com m unes n’appartenant pas à l’espace à dom iante urbaine.

Cet espace com prend à la fois des petites unitésurbaines et des com m unes rurales. http://www.insee.fr/fr/nom enclatures/zau/index.hm tl (relevé le 8 nov. 2001)

Encadré 1 : le zonage en aire urbaine de l’INSEE (1998)

Conclusion

Les différents résultats des découpages, des zonages, des maillages et de la régionalisation proposent une progression du simple découpage de l’espace à la constitution de territoires qui couvrent tout l’espace et dont les limites sont adjacentes. Ces régionalisations servent d’abord à gérer les territoires. Nous avons montré que les villes et les relations qu’elles entretiennent tiennent une place prépondérante dans l’organisation des territoires et dans la conception de maillages. Puisqu’elle se base sur des lieux socialisés, appropriés et organisés par l’homme (les villes), une régionalisation autour d’un ensemble de villes est de fait une régionalisation de territoire.

Dans notre travail, les territoires régionalisés sont des ensembles de villes en relation. Leur régionalisation conduit à d’autres territoires, des réseaux de villes, où toutes les villes appartiennent à un réseau de villes et à un seul.

Mais plus que les délimitations dans la régionalisation, c’est à l’analyse des structures spatiales régionales que nous nous consacrons, nous inspirant par là des travaux dits de la « science régionale » (Lajugie J., Delfaud P., Lacour Cl., 1979). Les villes en relation offrent la possibilité de régionalisations des territoires en mettant en évidence des structures spatiales « régionales » ou locales, sans pour autant définir leurs délimitations.

Le prochain chapitre revient sur les villes et développe l’analyse des territoires par une approche interurbaine et par son organisation spatiale.

Bien que n’ayant pas pu la définir comme un concept, la définition région s’en rapproche. Nous montrerons avec l’apport d’une nouvelle approche dans les années 1960, que la notion devient concept avec la région-système ou le système-région (cf. p.65).

À partir des définitions données de la région, il nous semble que les entités spatiales que nous mettrons en place seront proches des régions métropolitaines ou des régions urbaines. Mais nous conserverons l’expression « réseaux de villes » pour définir les « régions » élaborées à partir de nos méthodes (n’allant cependant pas jusqu’au bout de la régionalisation).

Chapitre 2.

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