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Chapitre II : Protocole expérimentale de collecte et d’analyse des échantillons

II.1. Présentation des zones d’étude

II.1.1. Ville d’Abidjan (Côte d’Ivoire)

II.1.1.1. Situation géographique et socio-économique d’Abidjan

Ville cosmopolite de l’Afrique subsaharienne, Abidjan est la capitale économique de la Côte d’Ivoire. Située dans le sud du pays au bord du golfe de Guinée et à une altitude de 18 m, le district d’Abidjan est compris entre les latitudes 5°00’ et 5°30’ Nord et entre les longitudes 3°50’ et 4°10 Ouest (Olahan, 2010). Son rayonnement économique rapide a favorisé un fort exode rural des populations ivoiriennes et a attiré un grand nombre de populations étrangères venant principalement de la sous-région ouest-africaine (Dongo et al., 2009; Zoro, 2001). Les différents courants migratoires internes ont déplacé vers Abidjan plus de 29 499 citadins entre 1997 et 1998 (Zanou, 2001). Sa population est estimée aujourd’hui selon le Recensement Général de la Population et de l’Habitat (RGPH) 2014 à plus de 4 707 404 habitants soit 20,8 % de la population totale de la Côte d’Ivoire (INS, 2015). Cette démographie galopante entraîne un accroissement de sa superficie vers les banlieues (Bingerville, Songon, Bassam et Anyama). En effet l’ex ville d’Abidjan d’une superficie de 422 km2 avec une densité de 16 075,6 habitants au km2 a été érigée en District Autonome par la loi N° 2001 - 478 du 09 Août 2001, faisant passer ainsi sa superficie à 2119 km2. L’agglomération abidjanaise s’étend désormais sur un périmètre de 53 km sur 40 km soit 0.6 % du territoire national. Les limites territoriales du District d’Abidjan se confondent avec le département d’Abidjan. La population abidjanaise se répartie donc sur 10 communes et 3 sous-préfectures que sont Abobo, Adjamé, Anyama, Attécoubé, Bingerville, Cocody, Koumassi, Marcory, Plateau, Port-Bouët, Treichville, Songon et Yopougon. Le nouveau schéma directeur d’urbanisme du District appelé le « Grand

30 Abidjan » prévoit son extension à 6 autres communes périphériques (Grand-Bassam, Bonoua, Alépé, Azaguié, Dabou et Jacqueville). Le District passera alors de 13 à 19 communes à l’horizon 2030 avec une population estimée à 8 414 000 habitants.

Véritable poumon économique de la Côte d’Ivoire, Abidjan abrite le premier port de marchandises en Afrique de l’ouest avec plus de 20 millions de tonnes et le deuxième en Afrique après celui de Durban. Ce port situé dans la commune de Treichville est la principale porte sur l’océan des pays de l’hinterland qui sont le Mali, le Burkina Faso, le Niger. Le port assure plus de 70 % des échanges extérieurs de ces pays. Cette position stratégique du port entraîne une forte circulation automobile et ferroviaire entre Abidjan et les autres capitales.

65 % des unités industrielles du pays exercent sur la zone portuaire d’Abidjan. L’activité économique sans cesse croissante de la ville et les nombreuses demandes d’installation d’entreprises ont obligé les autorités en 2014 à entamer des travaux d’aménagement, de modernisation et d’agrandissement de la zone industrielle de Yopougon et la création de nouvelles zones industrielles telle que la zone industrielle PK24. Abidjan compte maintenant quatre principales zones industrielles couvrant une superficie totale de 1825 ha. La plus importante est celle du PK24 (940 ha), suivi des zones industrielles de Yopougon (645 ha), de Vridi dans la commune de Port-Bouët (120 ha) et de Koumassi (120 ha) (ICI, 2014). La plupart des industries installées dans ces zones sont spécialisées dans les secteurs secondaires et tertiaires. Cette forte industrialisation au sud comme au nord de la ville entraine une forte circulation des populations. Les besoins en transport se sont accrus ces dernières années avec le développement des moyens de transport en commun et l’autorisation d’importation de véhicules usagés dits France-au revoir depuis 1996. En 2016, 77975 nouvelles immatriculations de véhicules ont été enregistrées par le guichet de l’automobile représentant une croissance de 29 % par rapport à l’année 2015. Selon la Société Ivoirienne de Contrôle Techniques Automobiles et Industriels (SICTA), ce sont 482 870 véhicules qui ont été contrôlés et jugés aptes à circuler en 2014. Les ménages Abidjanais utilisent le charbon de bois (47 %), le bois (35 %) et le gaz naturel comme source d’énergie pour la cuisson (UNDP, 2015).

II.1.1.2. Situation climatique et météorologique de la ville d’Abidjan

Le profil climatique saisonnier dans le Golfe de Guinée est lié aux migrations du front intertropical FIT dont le passage le long des côtes Ouest Africaines provoque l’alternance des saisons sèches et humides (Longhurst, 1962; Morlière et Rebert, 1972). Le climat à Abidjan est de type équatorial marqué par 4 saisons subdivisées dans le cycle annuel comme suit :

31 • la grande saison sèche de Décembre à Mars ;

• la grande saison de pluies d’Avril à Juillet ; • la petite saison sèche d’Août à Septembre ;

• la petite saison des pluies d’Octobre à Novembre (Ernest et al., 2005; Konate et al., 2016). La pluviométrie moyenne annuelle à la station météorologique de l’aéroport d’Abidjan définie sur la période 1937-2000 est de 1920 mm (Soro et al., 2006). Les moyennes mensuelles présentées à la figure 2.1 montrent la présence de maxima et de minima d’amplitude inégale. En moyenne l’année type présente une structure bimodale. Le maximum principal est obtenu au mois de Juin avec 600 mm de pluies alors que le maximum secondaire centré sur les mois d’Octobre à Novembre n’excède pas 200 mm. Les minima sont obtenus en Janvier et en Août avec une pluviométrie n’atteignant pas 40 mm (Colin et al., 1993).

Figure 2.1: Diagramme ombrothermique de la ville d'Abidjan sur la période de 1937 à 2000 (Colin et al., 1993).

II.1.1.3. Localisation et caractéristiques des sites de mesures DACCIWA d’Abidjan Lors de cette étude, plusieurs campagnes de mesures ont été réalisées à Abidjan dans le cadre du programme DACCIWA. Il s’agit, d’une part, d’une campagne de mesures à moyen-terme d’une durée de 28 mois (Décembre 2014-Avril 2017) sur 3 sites représentatifs des principales sources de pollution en Afrique de l’Ouest que sont les feux domestiques, les feux de décharge et le trafic routier et, d’autre part, de campagnes intensives menées sur 27 sites au total à Abidjan pendant la grande saison sèche. Dans ce qui suit, les caractéristiques des sites de mesure à moyen-terme identifiés dans le cadre du programme DACCIWA seront données.

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Site feux domestiques d’Abidjan

Le site feux domestique d’Abidjan est situé dans la commune de Yopougon à la latitude 5°19’44’’N et à la longitude 4°06’21’’W. Il est localisé dans le marché de Bracodi à Niangon à droite à l’intersection de 2 grandes voies de circulation du carrefour Lubafrique. Ce site est caractérisé par différentes activités de fumage de denrées alimentaires (poissons, viandes) et de grillage d’arachides. La figure 2.2 présente des photos du site en pleine activité et en fin d’activité. Ces activités sont principalement organisées et réalisées par des femmes. Le combustible utilisé est essentiellement le bois de chauffe. Ce bois est issu des vieilles plantations d’hévéa. L’activité de fumage est pratiquée en continue tous les jours de la semaine et atteint des pics aux premières heures de la journée car les produits fumés sont aussitôt revendus sur le marché. Cependant, les foyers restent allumés pour répondre à d’autres commandes éventuelles dans la journée ou pour alimenter de plus petits marchés. Le marché de Bracodi est représentatif des principaux marchés de la commune de Yopougon qui en compte 46 selon l’Union Nationale des Marchés de Côte d’Ivoire (UNAMACI). Outre les polluants issus des feux domestiques, ce site est aussi impacté par les polluants issus du trafic routier compte tenu de sa proximité avec les voies de circulation du grand carrefour Lubafrique.

Figure 2.2: Activités utilisant le bois de chauffe sur le site feux domestiques de Yopougon : a) fumage de poissons, b) grillage d’arachides, c) une vue des équipements installés, d) une vue des foyers de fumage.

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Site trafic d’Abidjan

Le site trafic d’Abidjan, choisi pour cette étude, est situé dans la commune d’Adjamé non loin du carrefour Liberté à la latitude 5°21’14’’N et à la longitude 4°01’04’’W. Les appareils de mesures ont été placés sur le toit de la pharmacie des 220 logements et en face de la gare des véhicules de transport appelés communément « Gbakas ». Ce site se caractérise par le trafic routier qui y est particulièrement intense à tout moment de la journée avec de nombreux embouteillages. Les véhicules qui empruntent ce tronçon de voie sont principalement des gbakas, des cars, des taxis et des camions. Ces véhicules sont généralement vétustes. La figure 2.3 présente quelques photos pour illustrer le trafic à Adjamé liberté.

Figure 2.3: Site trafic d'Adjamé Liberté (Abidjan) a) une vue du trafic constitué de taxis compteurs, gbaka et de véhicules personnels, b) coffret de mesures d’aérosols sur le toit de la pharmacie des 220 logements, c) vue de face de la pharmacie des 220 logements, d) gbaka dans un embouteillage.

Site feux de décharge d’Abidjan

Le site feux de décharge d’Abidjan est situé dans la commune de Cocody à proximité du village d’Akouédo. Il est situé à une latitude de 5°21’12’’N et une longitude de 3°56’16’’W. Créée en 1965 sur une superficie de 153 ha, la décharge d’Akouédo est l’unique décharge de la ville d’Abidjan. Elle reçoit aujourd’hui environ 1 000 000 tonnes d’ordures par an (Adjiri et al., 2015). C’est une décharge « sauvage » car il n’y existe pratiquement aucune réglementation

34 pour le traitement des ordures. Cette décharge à ciel ouvert reçoit des déchets aussi bien industriels, ménagers, hospitaliers que des déchets dangereux et toxiques. L’accumulation des ordures et leur décomposition est la source de production de biogaz, tel que le méthane, qui peut s’enflammer. Le méthane produit est très souvent à l’origine de la combustion des déchets sur le site de la décharge. Le feu est également mis par les gestionnaires de la décharge pour détruire certains déchets végétaux et industriels bien que la législation l’interdise. La figure 2.4 présente quelques photos pour illustrer l’amoncellement des ordures à la décharge d’Akoudo, la combustion à ciel ouvert des déchets et les travailleurs sur la décharge.

Figure 2.4: Site feux de décharge (décharge d'Akouédo) : a) amoncellement d’immondices, b) fouilleurs d’ordures, c) combustion de biomasse d) déchets plastiques.