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La vie comme bénévole en France

Chapitre 2 : Tsiang Tingfu pendant ses études

2. L’éducation pré-universitaire et universitaire aux États-Unis

2.2 La période à l’Université d’Oberlin

2.2.3 La vie comme bénévole en France

Pendant la Grande Guerre en Europe, quarante-quatre des camarades américains de Tsiang ont manqué leur diplôme parce qu'ils se sont joints aux forces armées peu de temps après que les États- Unis avaient déclaré la guerre à l'Allemagne en avril 1917. Deux d'entre eux étaient morts au combat. En 1917, le Comité international de l'Association chrétienne des jeunes hommes (Y.M.C.A.) a lancé un projet pour éduquer les travailleurs chinois analphabètes sur le front européen. Durant la guerre, les gouvernements britannique et français avaient recruté de nombreux travailleurs chinois comme soldats de soutien. Le Y.M.C.A. a invité les étudiants chinois aux États- Unis pour participer au projet. Parmi les étudiants chinois aux États-Unis, quarante personnes ont finalement servi en France, Tsiang était parti le premier et a fait du bénévolat au sein du Corps du travail chinois.3 Dans les Mémoires de Tsiang, il déclarait qu’il est allé en France en raison de

l’invitation de son ami, James Yen. Selon la recherche de Zhang Yulong sur la situation d’alors de Tsiang, en réalité, gagner l’argent pour supporter ses frais des études suivantes à l’Est des États- Unis était la raison ultime de son déplacement en France.4

1 TIASNG, Tingfu et Zhonglian Xie. 2016. Les mémoires de Tsiang Tingfu. Chapitre VII 2 T. F. Tsiang, 1916, “The True ‘Young China’”, pp. 27

3 Charles R. Lilley, Tsiang ting-fu: Between Two Worlds: 1985-1935, p.109

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Tsiang et les autres bénévoles ont donné des cours sur l'histoire, la citoyenneté, la conscience nationale et l'hygiène. Ils ont organisé les compétitions sportives et ont offert les démonstrations dans des domaines comme la maçonnerie, la menuiserie et la plomberie. Tsiang a également organisé les groupes de discussion en ce qui concerne la source ultime et les caractéristiques de la puissance de l'Occident. Pour les bénévoles, la mission la plus importante était l'utilisation expérimentale d'un système phonétique pour enseigner aux travailleurs les mots chinois.1 Depuis sa première arrivée aux États-Unis en 1912, les connaissances de Tsiang sur la Chine étaient issues des livres et des journaux. L’expérience de vivre avec les travailleurs chinois en France était une opportunité de connaître les bas-fonds de la société chinoise. Dans l’article « l’idéologie chinoise en France », Tsang affirme que les travailleurs étaient les meilleurs représentants des classes laborieuses ouvrières chinoises. Ils ont sérieusement observé les sources de la prospérité occidentale et ont mené leurs nouvelles connaissances et leurs découvertes en Chine.2

Après 1908, à la suite de la fondation du fonds de bourses d'indemnisation de la Révolte des Boxers3, le nombre de Chinois qui ont étudié aux États-Unis a rapidement augmenté. Entre 1914 et 1925, le nombre s’est élevé à environ 1,200 et a progressivement augmenté dans les années suivantes. Grâce aux bourses d’études, les étudiants n’ont jamais rencontré les difficultés financières. Ils sont devenus « les élites sans rapport avec la vie réelle » et « ils ne connaissaient pas du tout des conditions véritables dans l'ensemble du pays ».4 Bien que Tsiang fasse partie des élites intellectuelles modernes de la Chine, il n’a pas bénéficié de cette bourse d’études. Il a travaillé pour financer les frais de scolarité et le coût de la vie. Durant ses expériences du travail-études, en particulier dans le bénévolat en France, il s'est familiarisé avec les systèmes occidentaux et la réalité des sociétés américaines, européenne et même chinoise. En raison de l’intégration profonde dans

1 Charles R. Lilley, Tsiang ting-fu: Between Two Worlds: 1985-1935, p.110

2 WU, Xiangxiang. 1981. Yan Yangchu zhuan (Biographie de Yan Yangchu). Édition Shibao, Taipei.

3 Le programme de bourses d'indemnisation de Boxer (chinois: 庚子赔款奖学金) était un programme de bourses

financé par l'indemnité de la Rebellion des Boxers versée aux États-Unis pour les étudiants chinois aux États-Unis. Il a été appelé « le schéma le plus important pour l'éducation des Chinois Étudiants en Amérique et sans doute le plus conséquent et réussi dans l'ensemble du mouvement d'étude étrangère de la Chine du XXe siècle ».

4 Y. C. Wang, Chinese Intellectuals and the West, 1872-1949 (Chapel Hill, North Carolina: The University of North

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la vie des Américains, il a connu plus de parts négatives des systèmes politiques occidentaux. C’est pourquoi il considérait la pensée démocratique de Hu Shih comme un rêve naïf et trop idéal. Pendant une année passée en France, les événements importants internationaux se sont déroulés autour de lui. La Première Guerre mondiale s'est terminée trois mois après son arrivée, et, en janvier 1919, la Conférence de paix de Paris s'est réunie. Tsiang était parti à Paris plusieurs fois et a suivi le cours des négociations. Comme ses camarades en Chine, aux États-Unis et en Europe, il estimait que la troisième décision du 3e avril qui a permis de transférer les privilèges de l'Allemagne dans la province du Shandong au Japon avait trahi la Chine. Il s’était montré perplexe et inquiet envers le futur du monde. Tsiang a toujours cru à l’autodétermination préconisée par Wilson, il n’a pas compris pourquoi Wilson a trahi son propre principe dans le problème du Shandong. Il pensait que Wilson avait une raison qui ne pouvait pas être rendue publique.1 L’internationalisme a influencé sa pensée politique jusqu’au milieu des années 1930. Dans sa pensée pendant 1920-1930, beaucoup d’articles constataient les coopérations internationales et la dépendance de la Société des Nations. À l’issue de son bénévolat en France, Y.M.C.A. a organisé une conférence parmi ses membres afin de discuter leurs expériences du travail en France et le bien-être des ouvriers chinois dans la future. Comme le résultat principal de la discussion, les mouvements d'éducation de masse, dirigés par James Yen2, ont débuté en Chine après son retour en Chine en 1921 afin d'alphabétiser les masses chinoises. Travaillant avec les ouvriers chinois pour lire et écrire leurs lettres, Yen a découvert que les Chinois ont le plus manqué l’éducation. Yen a rédigé par conséquent un manuel d'alphabétisation dans lequel il a enseigné les 1 000 caractères de base les plus pratiques. Tsiang a écrit le résultat de ce mouvement dans ses Mémoires. Après une année d’expérimentation à la campagne, Yen s’était rendu compte que le travail de l’alphabétisation n’est pas suffisant pour la Chine sous-développée. Il y avait beaucoup de problèmes qui se trouvaient plus urgents que

1 TIASNG, Tingfu et Zhonglian Xie. 2016. Les mémoires de Tsiang Tingfu. Chapitre VII

2 James Yen (chinois : 晏阳初), (1890-1990) est un pédagogue chinois connu pour son travail d'alphabétisation du

peuple et de reconstruction rurale en Chine et dans d'autres pays. Après son diplôme de l’Université de Yale en 1918, Il se rend en France pour participer aux travaux de l'Union Chrétienne de Jeunes Gens dans les corps de travailleurs chinois qui sont partis pour soutenir les Alliés dans la guerre.

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l’alphabétisation : la pauvreté, la maladie et la réforme de la production, etc. En somme, le remède fondamental de la Chine consistait en la modernisation sociale par la science et la technique.1 L’expérience en France comme bénévole avait aidé Tsiang à comprendre la réalité et le problème de base en Chine. La science et la technique étaient toujours le noyau de sa pensée politique et sociale mûre.