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Les activités des étudiants chinois à l’Université de Columbia

Chapitre 2 : Tsiang Tingfu pendant ses études

3. La vie de Tsiang comme étudiant diplômé à l’Université de Columbia

3.2 Les activités des étudiants chinois à l’Université de Columbia

Après que Tsiang s’était rendu de la France aux États-Unis, il s'est engagé dans les affaires de l’Association des étudiants chinois aux États-Unis.4 Les activités des étudiants ont constitué une partie importante de ses expériences éducatives aux États-Unis.

3.2.1 Travailler à C.S.C.A.

À la réunion annuelle du Comité exécutif central de l'Association chrétienne des étudiants chinois (C.S.C.A), James Yen a été élu président et Tsiang a été nommé rédacteur en chef du Journal chrétien des étudiants chinois (CSCJ). Au cours de l'année suivante, Tsiang a réalisé son ambition d’étendre l'influence du CSCJ. Comme l’éditorial, Tsiang a écrit la majorité des éditoriaux du CSCJ et contribuait par plusieurs articles en vedette, tels que Shandong in Perspective (avril 1920) et

Social and Political Determinants of Chinese Education (mai-juin 1920). Dans le journal, Tsiang

1 TSIANG, Tingfu. 1944. « Guan meiguo bing huiguan zhongguo II » (Regards croisés Chine – États-Unis II),

Journal de Ta Kung, publié le 14 décembre 1944.

2 ZHANG, Yulong. 2008. La recherche sur la pensée sociale et politique de Tisang. p.59 3 TSIANG, Tingfu. 1944. « Regards croisés Chine – États-Unis II »

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a souvent discuté le rôle futur des étudiants chinois à l’étranger dans la modernisation de la Chine. Il a constamment encouragé ses collègues à réfléchir sérieusement à la manière dont ils pourraient aider à promouvoir les réformes pratiques en Chine. Il a également utilisé le journal comme un forum pour se prononcer contre le traitement des pouvoirs de la Chine à la Conférence de paix de Paris et pour dénoncer les clauses du Shandong du traité de Versailles.1 Les missions de gérer le CSCJ à Columbia lui ont donné l’expérience riche d’employer le média à influencer les masses. En 1931, sous l’insistance de Tsiang, Critique Indépendante a été fondée à Pékin et était devenue le journal le plus influant en Chine.

Le 3 juillet 1920 à New York, Tsiang a été élu au président de la C.S.C.A et au président de sa section de l'est des États-Unis. Sous le leadership de Tsiang, le C.S.C.A a lancé plusieurs programmes des services communautaires visant aux étudiants chinois. L'une de ses innovations les plus importantes a été un comité d'accueil qui rencontrait les nouveaux étudiants à leur arrivée à San Francisco. À partir de l'été de 1920, les officiers de la section de l’ouest du C.S.C.A. ont rencontré 419 étudiants qui ont reçu toutes les aides et les guides du comité, comme le transport, la nourriture, l’orientation des cours, etc.2 Tsiang était également intéressé par le problème de Chinatown. Contrairement à de nombreux étudiants qui regardaient les immigrants chinois avec mépris, il pensait que les étudiants chinois devraient respecter et honorer le patriotisme splendide de ses compatriotes nés aux États-Unis. Ils travailleraient non seulement pour l'industrialisation de la Chine, mais ils s'efforceraient également de donner à leurs enfants une éducation moderne et contribueraient à la croissance du nationalisme. D’ailleurs, les idées fausses américaines sur la Chine et les Chinois étaient la principale préoccupation de Tsiang. Il a encouragé la participation des étudiants américains à l'Association, en particulier en période de nationalisme croissant. Il a adopté une politique que les officiers et les membres de l'Association devraient faire des discours et introduire la Chine partout aux églises américaines, aux écoles dominicales et aux conférences des garçons, afin de corriger les idées fausses populaires et de renforcer l'amitié du peuple sino-

1 Charles R. Lilley, Tsiang ting-fu: Between Two Worlds: 1985-1935, pp.114 2 Ibid, pp.116

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américain. 1 Lorsque Tsiang a servi successivement en tant que rédacteur en chef de Christian China, président de la C.S.C.A., et président de la section d’Est de l'Association des étudiants chinois, il s'est activement engagé dans l’explication des relations triangulaires parmi la Chine, le Japon et les États-Unis au public américain. Après la Conférence de paix de Paris, Tsiang a rejoint plusieurs étudiants diplômés et avait prononcé des discours contre les clauses du Shandong du Traité de Versailles, en expliquant la nature du problème du Shandong.2

3.2.2 Participer à la Conférence de Washington

En août 1921, le président américain, Warren G. Harding avait invité la Grande-Bretagne, la France, l'Italie, le Japon et la Chine à participer à une conférence de limitation des armements. Il a annoncé que la réunion discuterait des questions relatives à l'Extrême-Orient et au Pacifique. Les étudiants chinois aux États-Unis ont chaleureusement accueilli la réunion en la considérant comme une opportunité pour reprendre le Shandong et de libérer la Chine des servitudes et des entraves des concessions étrangères, des restrictions tarifaires et de la compétence extraterritoriale.3 Les

étudiants chinois espéraient que les États-Unis deviendraient le meilleur ami de la Chine et l’aideraient à récupérer son indépendance, intégrité et souveraineté.

Le régime séparé en Chine a influencé la représentation chinoise à la conférence. Il y avait trois groupes politiques opposés présentés à la conférence. L'un était pro-Pékin, et il s'agissait principalement de ceux qui avaient reçu des bourses d'études des régimes des seigneurs de la guerre en Chine du Nord. Un deuxième groupe était anti-Pékin, ce groupe avait embrassé les sympathisants du régime nationaliste de Sun Yat-sen à Canton. Le troisième groupe était neutre. Ils n’ont supporté ni la délégation de Pékin ni celle de Canton. Ils étaient simplement nationalistes, dirigés par Tsiang, qui voulaient protester les intérêts de la Chine.4 Tsiang et les autres étudiants neutres ont trouvé un compromis. Finalement, les deux parties ont accepté la création du Comité

1 Ibid pp.120 2 Ibid, pp.124-126

3 TIASNG, Tingfu et Zhonglian Xie. 2016. Les mémoires de Tsiang Tingfu. Chapitre IX 4 Charles R. Lilley, Tsiang ting-fu: Between Two Worlds: 1985-1935, pp.127-128

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d'aide aux étudiants chinois (Chinese Students' Assistance Committee) pour surveiller la délégation de Pékin qui était finalement admise comme le seul représentant officiel chinois. En novembre 1921, lorsque la Conférence de Washington s'est ouverte, Tsiang a été secrétaire personnel de l'un des représentants chinois à la conférence, Yu Jih-chang. Yu était secrétaire général et chef du département de conférences du Comité d’aide aux étudiants chinois.1 Grâce à ses tâches de secrétariat, Tsiang a pu observer le processus diplomatique à la conférence importante de première main. Tsiang a beaucoup appris des étiquettes diplomatiques et a obtenu les ressources diplomatiques qui l’ont aidé à commencer sa carrière comme un officiel diplomatique sans obstacle dans le futur. D’ailleurs, par la participation à la conférence internationale, Tsiang a profondément réfléchi sur le nationalisme et l’internationalisme, mais a également compris les réalités politiques en Chine et dans le monde.

Depuis son départ pour les États-Unis à l’âge de 16 ans jusqu’à son retour en Chine à l’âge de 27 ans, onze ans sont passés. Tsiang d’alors n’était plus d’une adolescence pauvre avec grande inquiétude sur son futur. Il est devenu un intellectuel moderne qui a été bien éduqué par les connaissances occidentales et a répondu au besoin du développement chinois. Pendant plus de dix ans, par le biais d’une éducation systématique et spécialisée d’un type occidental et d’assimilation des idéologies occidentales, Tsiang a eu un grand changement dans son concept et ses comportements. Lorsqu’il a fini ses études aux États-Unis, il a appris à penser en anglais. En réalité, l’anglais est devenu sa langue « naturelle ». Certes, ce n’était pas difficile pour lui de réfléchir en chinois, mais l’anglais était son premier choix dans la pensée et l’écriture.2 En conclusion, le mode de pensée, la valeur et la structure de connaissance occidentale ont fondé la base de sa pensée politique et sociale. Tout ceci était aussi la source de son choix de carrière future. La vie aux États- Unis lui a offert les expériences et les compétences pour se consacrer au mouvement de la

1 Ibid, p.129

2 LILLEY, Charles R. 1999. « Jiang Tingfu: junei de juwairen » (Tsiang T'ingfu: Outsider in the Inside). Archives and

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modernisation chinoise, à la réforme de la politique de la République, au soutien de la guerre sino- japonaise et à la construction économique civile.

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