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L’assimilation des idées politiques occidentales

Chapitre 2 : Tsiang Tingfu pendant ses études

3. La vie de Tsiang comme étudiant diplômé à l’Université de Columbia

3.1 L’assimilation des idées politiques occidentales

Selon les Mémoires de Tsiang, pendant les années à Columbia, il a constamment changé de spécialité. En l’été 1919, lorsqu’il a commencé ses études diplômées, il avait eu l’intention de se concentrer sur le journalisme. Il lisait les éditoriaux ayant fait une grande influence sur son opinion publique. Il rêvait de jouer le rôle similaire en politique chinoise. Après un semestre d’étude en journalisme, il a découvert que les journalistes peuvent seulement observer les réalités d’apparence. Ils ne sont pas capables d’approfondir les phénomènes politiques, et ils sont habitués à suivre le courant des opinions et à complaire à l’ère. Ainsi, Tsiang s’était tourné vers la science politique afin de travailler en politique dans le futur.2 Le 20 septembre 1919, il s'était inscrit à la Faculté de science politique, sélectionnant la théorie politique comme son domaine d'intérêt majeur. Au fur et à mesure qu’une année passe, la science politique lui déplaisait. Dans ses Mémoires, Tsiang affirme que la science politique comme une spécialité était trop théorique et manquait des fonctions pratiques. Par ses études en politique, il n’avait pas la chance de toucher les causes fondamentales

1 TIASNG, Tingfu et Zhonglian Xie. 2016. Les mémoires de Tsiang Tingfu. Chapitre VII 2 Ibid. Chapitre VIII

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des changements sociaux.1

En automne de 1920, il a choisi de se spécialiser dans l'histoire européenne moderne, où il pourrait trouver les connaissances de la politique. La décision s'est avérée être satisfaisante et lui a permis de concentrer ses énergies sur ses études. Au cours des deux dernières années à l'Université de Columbia, les études en doctorat de Tsiang ont porté sur l'histoire et la sociologie européennes modernes. Il a appris l'histoire européenne sous les professeurs Carlton J. H. Caues, William R. Shepherd et Robert L. Schuyler, et c'était Carlton J. H. Hayes, l'un des premiers chercheurs de l'histoire européenne moderne, qui a dirigé la thèse de Tsiang.2

3.1.1 Le nationalisme comme le centre de sa pensée

Zhang Yulong accorde beaucoup d’attention aux réflexions de Tsiang sur le nationalisme et l’impérialisme à Columbia. Selon lui, Tsiang, inspiré par professeur Shepherd et Hobson, avait connu le nationalisme en critiquant l’impérialisme et le colonialisme.3 Dans le cours The

Expansion of European Civilization de Shepherd, lorsque Shepherd a interprété l’expansion

européenne, il n’a ni utilisé le terme de « l’impérialisme » ni discuté la valeur morale de ce type d’expansion. Il s’est concentré sur ses effets mondiaux et continuels. D’après Shepherd, au cours du développement vers l’extérieur, les Européens ont mené leur civilisation politique, économique et religieuse aux nouvelles régions. D’autre part, ils ont aussi connu les nouveaux animaux, les nouvelles plantes et les nouvelles sociétés dans les régions occupées. En comparaison avec les régions en dehors de l’Europe, les Européens ont connu la vie humaine entière et les substances matérielles. Par conséquent, la révolution scientifique et technologique et le mouvement des Lumières ont lieu.4 Même si Tsiang ne pourrait pas refuser de reconnaître les concepts de Shepherd, il avait encore soupçonné la valeur morale de l’expansion européenne, car la Chine était aussi une des victimes de l’impérialisme européen.

1 Charles R. Lilley, Tsiang ting-fu: Between Two Worlds: 1985-1935, p.130 2 Ibid, p.131

3 ZHANG, Yulong. 2008. La recherche sur la pensée sociale et politique de Tisang Tingfu. p.45 4 TIASNG, Tingfu et Zhonglian Xie. 2016. Les mémoires de Tsiang Tingfu. Chapitre IX

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Après avoir lu Imperialism, A Study de John A. Hobson, l’inquiétude de Tsiang sur les concepts de Shepherd a été soulagée dans une certaine mesure. Selon Hobson, le terme de l’« impérialisme » est similaire au « colonialisme » qui peut être compris comme un type de puissance d’organisation. Autrement-fit, les personnes venant d’une certaine région exercent leurs forces sur celles de l’autre région. Si la colonie et la métropole ont la même puissance, le problème colonial ne peut pas avoir lieu. Tsiang, qui avait accepté ce principe d’équilibre de puissance, n’a pas haï l’impérialisme à mort.1 C’est pourquoi Tsiang n’avait pas présenté une attitude active envers la vague anti- impérialiste et l’abolition des traités inégaux après son retour en Chine. Au contraire, il pensait que l’impérialisme et les traités n’étaient pas l’obstacle fondamental du sous-développement chinois. Selon Tsiang, avec un peu de volonté et d’effort, la Chine peut obtenir les mêmes capacités d’organisation, politique et niveau économique. Pour les victimes du colonialisme, elles peuvent améliorer leurs situations en remplaçant du moins la situation de la domination par l’égalité et les avantages réciproques.2 Grâce à son modèle cognitif de faire de l'autocritique, Tsiang a acquis la

conscience de l’ouverture et le concept diplomatique de la coopération. C’est aussi la source primaire de ses croyances en modernisation, en nationalisme et en internationalisme.3

L’idée du nationalisme de Tsiang est devenue mûre par à travers son professeur, Carlton J. H. Hayes. Hayes était une autorité dans le domaine de la recherche nationaliste. Il voyait les avantages du nationalisme dans l’unification et la prospérité d’un pays. Il avait aussi souligné ses graves abus comme la source de l’impérialisme et le militarisme. Ainsi, Hayes adoptait toujours une attitude critique et réservée envers le nationalisme. Il avait préconisé d’employer l’internationalisme modéré, incluant le patriotisme sain, l’assistance mutuelle internationale et la réciprocité économique, pour remédier aux problèmes du nationalisme étriqué.4 En général, Tsiang était d’accord avec Hayes, la Chine était la victime des pays extrêmes nationalistes. Cependant, peu importe pour l'esprit du peuple ou pour l'unification du pays, le nationalisme répondait au besoin

1 TIASNG, Tingfu et Zhonglian Xie. 2016. Les mémoires de Tsiang Tingfu. Chapitre IX 2 Ibid.

3 ZHANG, Yulong. 2008. La recherche sur la pensée sociale et politique de Tisang Tingfu. p.46

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de la situation chinoise d’alors.1 D’une part, tous les Chinois étaient nationalistes. Dans l’histoire, la Chine était profondément influencée par le régionalisme et le concept du clan pendant mille ans. C’était exactement les traditions morales et éthiques qui ont rendu la Chine faible et sous- développée. Il fallait que la Chine mette en œuvre le nationalisme au plus haut degré. D’autre part, la Chine, comme pays semi-démocratique et semi autocratique, dépendrait du nationalisme du peuple pour établir le système démocratique.2 Zhang Yulong admet que, pour le nationalisme de Hayes, Tsiang s’est concentré sur sa valeur comme un instrument effectif dans la transformation la Chine.3

3.1.2 L’internationalisme comme la suppléance

Selon la recherche de Zhang Yulong, Tsiang n’était pas seulement un nationaliste, ses idées politiques sont compliquées. Il a également souligné l’effet de l’internationalisme. Il a discuté les deux idéologies dans le contexte de la relation entre la Chine et les étrangers. Pour la Chine intérieure, il a préconisé le nationalisme, vu comme la motivation de la renaissance nationale, afin d’empêcher que la Chine ne soit battue dans la compétition des puissances. Pour l’extérieur, il a pris l'initiative de l’internationalisme afin de réprimer l’expansionnisme des puissances et de défendre la souveraineté d’État-nation. D’ailleurs, l’internationalisme est le remède contre les abus du nationalisme.4 D’après Tsiang, si la Chine tente de maintenir la souveraineté nationale et l’intégrité territoriale, on ne devrait pas mettre en œuvre les politiques anti-internationalistes, peu importe dans le domaine politique, économique ou éducatif. La prospérité de la Chine avait nécessairement besoin de la sympathie et la coopération internationales. La demande excessive du nationalisme provoquerait la crainte des puissances envers ses intérêts acquis en Chine, et leur donnerait les raisons d’envahir la Chine.5 Par conséquent, Tsiang prônait l’internationalisme en contexte du nationalisme. Pour la renaissance de la nation, « la Chine doit absorber les ressources

1 ZHANG, Yulong. 2008. La recherche sur la pensée sociale et politique de Tisang Tingfu. p.47 2 TIASNG, Tingfu et Zhonglian Xie. 2016. Les mémoires de Tsiang Tingfu. Chapitre IX 3 ZHANG, Yulong. 2008. La recherche sur la pensée sociale et politique de Tisang Tingfu. p.47 4 Ibid, p.50-51

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mondiales tant matérielles que spirituelles. »1 Ainsi, il encourageait à la coopération mutuelle et la réciprocité dans la relation internationale, et espérait que les pays du monde se respectent et essayent de se trouver des compromis. Les pays sous-développés, comme la Chine, peuvent bénéficier de l’internationalisme.

3.1.3 Le libéralisme comme l’instrument

En tant qu’étudiant vivant dans l’environnement libéral pendant plus de dix ans, Tsiang a confirmé l’identité naturelle du libéralisme qui jouait un rôle très important dans sa pensée. En 1916, il affirmait déjà que, pour résoudre les problèmes dans la société de la Chine, il faut que cette génération chinoise reçoive les concepts occidentaux, en particulier la valeur libérale.2 Pendant toute sa vie, le libéralisme était la valeur suprême de Tsiang. Pourtant, dans le contexte de la Chine qui faisait face à la menace d’invasion et d’extinction, le libéralisme possèdait une présupposition : l’indépendance d’État.

Selon la recherche de Zhang Yulong, les libéraux modernes chinois, de Yan Fu, Liang Qichao à Tsiang Tingfu, étaient tous d’abord les patriotes sincères. Face à la nation souffrante de graves crises intérieures et extérieures, ils ont insisté sur le fait que le dégagement de l’oppression étrangère était la présupposition qui doit être mise avant la liberté individuelle. Cependant, ils ontsouvent considéré la liberté comme un instrument efficace d’obtenir la prospérité et la puissance d’État. C’est-à-dire, pour les libéraux chinois, la liberté de la nation était l’élément primordial que celle de l’individu en Chine d’alors.3

Mise à part la considération de la réalité chinoise, Tsiang avait adopté l’attitude conservative et critique envers le libéralisme lui-même. Zhang Yulong pensait que son attitude a un lien avec la vague du progressisme des États-Unis, et même avec son observation directe sur le bas-fond de la société américaine.4 Lorsque Tsiang a étudié aux États-Unis, l’autocritique du libéralisme s’était

1 TIASNG, Tingfu et Zhonglian Xie. 2016. Les mémoires de Tsiang Tingfu. Chapitre IX 2 T. F. Tsiang, 1916, “The True ‘Young China’”, pp. 31

3 ZHANG, Yulong. 2008. La recherche sur la pensée sociale et politique de Tisang. p.57-58 4 Ibid, p.58

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vivement déroulée dans la société occidentale. A ce moment-là, il était profondément influencé par les journaux de cette vague, tels que The Nation et The New Republic.1 D’une part, la Révolution industrielle et le système politique libéral ont offert un progrès matériel remarquable. D’autre part, la civilisation industrielle a détruit le système de la valeur de la société entière. Le libéralisme a fait preuve des grandes crises aux États-Unis : une grande division entre les riches et les pauvres, la confrontation des classes, la corruption en politique, la dépravation de l’esprit culturel, etc. Pour la vie de Tsiang aux États-Unis, il a eu l’expérience de travail-études pendant longtemps. Il a bien connu la réalité du peuple dans la société démocratique et leurs plaintes concernant la tromperie des politiciens, la manipulation de la presse de l’opinion publique, et l’agrandissement de l’inégalité économique, etc.2 À cause des expériences américaines, Tsiang affirmait que la

constitution, le parlement et l’élection n’étaient pas suffisants à l’égard de la liberté des Chinois.3