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N’ayant pas trouvé trace d’étude similaire, notre travail vise à dresser un état des lieux en matière de victimation en milieu scolaire au Maroc. De ce fait, dans ce chapitre nous exposerons les résultats de victimation et de perception du climat scolaire issus de notre enquête. Ne pouvant évidemment pas tout présenter, nous nous limiterons aux résultats qui concernent les formes les plus répandues de la violence en milieu scolaire. Par ailleurs, nous mènerons, dans la mesure du possible, une comparaison entre nos résultats et ceux des enquêtes de victimation menées en France, pays dans lequel notre outil méthodologique a été conçu en premier lieu pour les enquêtes de victimation. Il s’agit de celles de 2017 concernant les collégiens et de 2018 pour les lycéens.

Victimations en milieu scolaire au Maroc : Résultats de l’enquête

1. Des conceptions contextualisées de la violence scolaire au Maroc

Dans la plupart des définitions données par notre échantillon interviewé, la violence scolaire est assimilée à sa dimension physique. En effet, malgré que la quasi-totalité de cet échantillon ait suivi des formations pour enseigner, la définition de la violence scolaire reste, pour eux, à dominante physique. Zidane, professeur du secondaire collégial, la définit comme étant une maltraitance physique ou verbale. Il stipule que la violence est :

« La maltraitance physique ou verbale qui a lieu entre les élèves d’une part et d’autre part entres les élèves et les professeurs. » (Entretien 13, ligne 19-20)

Brahim, jeune professeur de 26 ans, fait appel à la notion du harcèlement dans la définition de la violence. Toutefois, sa définition aborde la violence commise par le professeur. Pour lui, cette dernière est :

« Le fait de recourir à la force et au harcèlement lors de l’incapacité

d’expliquer ses actes, de gérer sa classe ou de maitriser son public. De ce fait, le professeur est, souvent, l’élément qui peut, à la fois, remédier à cette violence ou l’enrichir. » (Entretien 5, ligne 19-22).

Pour sa part, Lhoucine, professeur du secondaire qualifiant, fait appel à la dimension morale de la violence. Pour lui, elle est :

« Un acte ou attitude qui fait mal, moralement ou physiquement, à l’autre au sein d’un établissement scolaire, cet acte pourrait être : soit

Partie II. Chapitre V : Victimations et perception du climat scolaire au Maroc

entre les élèves eux-mêmes, soit un élève à l’encontre de son professeur, soit un professeur à l’égard de son élève. » (Entretien 9, ligne 22-25).

Souhayl, professeur du secondaire qualifiant, aborde la dimension symbolique de la violence. Elle la considère comme :

« Tout acte de violence physique, verbale ou symbolique, exercé soit sur un élève par un enseignant, soit sur un enseignant par un élève, soit sur un élève par un autre élève. » (Entretien 12, lignes 18-20).

Par ailleurs, les causes de la violence en milieu scolaire au Maroc sont multiples selon les propos des professeurs marocains. Pour Anana, professeur du secondaire qualifiant, l’échec scolaire en est la principale cause. Il stipule que :

« La principale cause de la violence scolaire est l’échec scolaire. Par ailleurs, la déperdition scolaire peut aussi la causer. (Entretien 3,

lignes 25-26).

De sa part, Badiaa, professeure du secondaire collégial pense que la famille en est la principale cause. Pour elle,

« La violence est le résultat de la pression que subit l’élève de ses parents, dans la maison, l’entourage, les pairs » (Entretien 4, lignes 27-

28).

Rachid professeur du secondaire collégial souligne que les causes de la violence scolaire sont multiples. Pour lui,

« Les causes de la violence scolaire sont multiples : l’absence de communication permanente avec les apprenants. Le charisme de l’enseignant. La méthodologie d’enseignement non adaptée aux attentes des apprenants. » (Entretien 11, lignes 29-31).

Par ailleurs, les conséquences de la violence scolaire au Maroc sont aussi multiples selon les résultats ressortant des entretiens. Khalid, professeur du secondaire qualifiant, aborde le côté humain et matériel des dégâts. Pour lui,

« La violence scolaire peut causer des dégâts humains et matériels : dégradation de l’état de l’établissement. Elle cause aussi une mauvaise réputation de l’établissement, le recul du niveau d’apprentissage, la déperdition scolaire, … » (Entretien 8, lignes 39-41).

De son côté, Elhouat, inspecteur de l’enseignement primaire, souligne que la violence scolaire peut avoir beaucoup de conséquences. Pour lui,

« La violence scolaire peut avoir beaucoup de conséquences. Je peux en citer le manque de concentration, de réponses, de participation. Le climat scolaire aussi devient offensif. En outre elle engendre la

répulsion des relations. Sans oublier l’abandon scolaire » (Entretien 6,

lignes 39-42).

De sa part, Lhoucine souligne que

« Les conséquences de la violence scolaire sont multiples je peux en citer : le décrochage scolaire, la vengeance, la délinquance, la criminalité, la drogue… » (Entretien 9, lignes 58-59).

2. Des disparités entre les différentes victimations 2.1 Des violences verbales assez répandues

Les violences verbales s’expriment sous différentes formes : des surnoms méchants, des insultes, des injures proférées par les pairs, des paroles moqueuses, dévalorisantes ou condescendantes de la part des professeurs ou des membres de l’administration, des moqueries, etc. Dans cette section nous chercherons à évaluer l’intensité de cette violence perçue par les élèves, et son incidence dans le contexte marocain. Nous essayerons également de vérifier la dépendance entre les variables étayées dans notre problématique et la violence verbale. En somme, l’ensemble des réponses concernant ce type de victimation a montré que celle-ci est assez répandue dans les établissements du secondaire marocain. Cependant, dans un souci de clarté, nous n’en citerons que les formes les plus récurrentes. Ainsi, aborderons-nous les victimations basées sur les insultes et sur les surnoms méchants.

2.1.1 Les insultes : une violence assez fréquente

L’insulte est toute parole ou tout acte qui offense ou qui blesse la dignité de l’individu. Elle a pour objectif de dévaloriser la personne et toucher son estime de soi. C’est une pratique assez fréquente chez les collégiens et les lycéens marocains. La question posée aux élèves est la suivante : depuis le début de l'année scolaire, as-tu été insulté(e) dans

cet établissement ou sur le chemin ? Les réponses (tableau 13) montrent que 39,3% des

élèves déclarent en avoir été victimes au moins une fois soit 43,9% des collégiens et 35,3% des lycéens. En France, le taux est de 50,5% des collégiens en 2017 et 22,4% des lycéens en 2018. Nous pouvons constater un taux plus élevé de victimation chez les collégiens dans les deux pays avec une légère avance des collégiens français. La tendance décroissante aux lycées interroge sur les raisons de cette baisse considérable surtout en

Partie II. Chapitre V : Victimations et perception du climat scolaire au Maroc France. Nous reviendrons sur ce sujet lors de la présentation du lien entre victimation et l’âge de la victime dans le chapitre VI.

Tableau 13 : Pourcentage des insultes

Insulte Échantillon

Non Oui Total

Collège 56,1% 43,9% 100% Lycée 64,7% 35,3% 100%

Total 60,7% 39,3% 100%

La dépendance est très significative. Chi2 = 15,91, ddl = 1, 1-p = 99,99%.

Les cases grisées en gras (italique) sont celles pour lesquelles l'effectif réel est nettement supérieur (inférieur) à l'effectif théorique.

Comme dans la plupart des pays, les professeurs marocains sont protégés par le code pénal contre toute menace, injure ou diffamation en raison de leur qualité ou de leur fonction d’enseignants. Les élèves marocains, eux, ne le sont pas. En effet, aucun texte clair ne les protège contre les insultes proférées par leurs pairs ou leurs enseignants. Par ailleurs, comme pour les autres types de violences, les insultes varient suivant les contextes des établissements avec des taux différents d’un établissement à l’autre. Nous en reviendrons un peu plus loin lorsque nous aborderons la composition sociale de l’établissement et son lien avec la victimation.

Tableau 14 : Auteurs des insultes

Auteurs des insultes Nombre de citations Pourcentages

Un élève 323 34.0%

Un groupe d'élèves 209 22.0%

Un professeur 125 13.2%

A l’établissement par des personnes qui n'y travaillent pas 44 4.6% Un autre adulte travaillant dans l’établissement 35 3.7% Un ou des jeunes sur le chemin de l’établissement 107 11.3% D'autres personnes sur le chemin de l’établissement 60 6.3%

Par sms ou sur internet 47 4.9%

Total 950 100%

La différence avec la répartition de référence est très significative. Chi2 = 599.93, ddl = 8, 1-p = >99.99%. Les cases grisées en gras (italique) sont celles pour lesquelles l'effectif réel est nettement supérieur (inférieur) à l'effectif théorique.

S’agissant des auteurs d’insultes, ils sont multiples et restent en général des personnes que côtoie l’élève. En effet, nos résultats, tels que ceux figurant dans le tableau 14,

montrent que les pairs (élève ou groupe d’élèves), avec un taux de 56%, représentent les principaux insulteurs. Les enseignants et les adultes de l’établissement constituent 16,9% des victimations. Comme nous l’avons déjà évoqué l’élève n’est pas protégé contre les insultes de ses professeurs et du personnel administratif. D’autre part 17,8% des élèves insultés déclarent l’être sur le chemin et en dehors de l’établissement, interrogeant ainsi sur la sécurité aux alentours de ces structures scolaires.

2.1.2 Les surnoms méchants : une violence assez répandue

L’emploi de surnoms méchants constitue la deuxième forme de violence verbale répandue au sein des établissements scolaires marocains. C’est un type de violence qui vise à causer des dommages psychologiques chez la victime que l’agresseur tente de dévaloriser. C’est une pratique très fréquente chez les élèves marocains. En effet, tel que le montre les données du tableau 15, plus d’un tiers des élèves du secondaire en ont été victimes répartis entre un taux surreprésenté de 38,9% pour les collégiens et de 29,7% pour les lycéens. En France, ce taux est de 45,8% des collégiens en 2017 et 27% des lycéens en 2018.

Tableau 15 : Pourcentages des surnoms méchants

Surnom méchant Echantillon

Non Oui Total

Collège 61,1% 38,9% 100% Lycée 70,3% 29,7% 100%

Total 66,1% 33,9% 100%

La dépendance est très significative. Chi2 = 19,40, ddl = 1, 1-p = >99,99%.

Les cases grisées en gras (italique) sont celles pour lesquelles l'effectif réel est nettement supérieur (inférieur) à l'effectif théorique.

Les surnoms méchants prennent différentes formes. Nous avons procédé à une analyse de

verbatim des réponses des élèves à la question concernant les types de sobriquets usités,

nous permettant ainsi de les classer en plusieurs catégories. Ainsi, 4% des surnoms sont à caractère sexuel dont les principales victimes sont les filles avec, en tête, le sobriquet vulgaire « Kahba » que l’on peut traduire par le vocable tout aussi vulgaire en français de « pute » ou « putain ». Toutefois, cela pourrait être considéré plutôt comme une insulte sauf que leurs réponses concernaient la question relative aux surnoms méchants. Par ailleurs, 14% des élèves se voient attribuer des surnoms d’animaux, avec en tête du

Partie II. Chapitre V : Victimations et perception du climat scolaire au Maroc palmarès, celui de « hmar »)رامح( , « l’âne », animal qui au Maroc, symbolise la stupidité. C’est un surnom très populaire, méchant et dévalorisant, souvent utilisé pour décrire les « moins intelligents ». Les anecdotes racontées ont mis en évidence ce statut en société marocaine. Malheureusement, les contenus des manuels scolaires alimentent ce statut inférieur de l’âne comparativement à d’autres animaux présentés comme plus intelligents notamment le singe. Il y a aussi, pour 2% des citations, des surnoms puisés dans les dessins animés où les personnages symbolisant le mal sont les plus utilisées.

D’autres surnoms puisent leur origine dans la sphère de la télévision et du cinéma. Ils représentent 12% des citations et concernent plus des personnages humoristiques (Mr Bean, Hdiddan30 ناديدح, Kabbour31 روبك,…). D’autres surnoms se réfèrent au handicap ou à des caractéristiques corporelles (couleur, taille, obésité, …). Ils représentent 19% des citations et ne touchent pas seulement les enfants handicapés. Ici, l’objectif est de porter atteinte à la dignité de la personne. En effet, l’agresseur tente de déstabiliser sa victime en la faisant douter de ses caractéristiques corporelles. Une autre catégorie concernant des surnoms dévalorisants (des surnoms stigmatisants) avec 11% des citations se compose d’un ensemble de surnoms décrivant les comportements de l’individu (menteur, rapporteur, mouchard, …). En outre, certains surnoms, dénués de sens, se présentent sous la forme de mots inventés qui, à force d’être répétés, prennent une connotation péjorative. Ils représentent 24% des citations. Aniba )ةبينع est un surnom dénué de sens mais qui est ( devenu une appellation d’un garçon « lèche-botte » des filles. D’autres surnoms sont liés à l’alimentation (5% des citations). Une autre catégorie concerne la radicalisation (Daech, Ben Laden, …). Elle représente presque 2% des citations.

La victimation basée sur le surnom méchant a montré que l’origine des auteurs est multiple avec des élèves, des professeurs, des adultes et des jeunes, étrangers à l’établissement. Cependant, les pairs constituent les principaux acteurs constituant 65,9% des auteurs tel que le montre l’analyse des résultats du tableau 16. Par ailleurs, les professeurs et les adultes de l’établissement arrivent en deuxième position avec 19,7% des cas. D’autre part, 10 % des cas sont commis sur le chemin de l’établissement par des jeunes ou d’autres personnes.

30 Personnage d’un feuilleton marocain connue pour être rusé.

Tableau 16 : Auteurs des surnoms méchants

Auteur surnom méchant Nombre de citations Pourcentages

Un élève 284 35.1%

Un groupe d'élèves 249 30.8%

Un professeur 125 15.5%

Un autre adulte travaillant dans l’établissement 34 4.2% Dans l’établissement, une ou des personnes qui n’en font pas partie 11 1.4% Un ou des jeunes sur le chemin de l’établissement 48 5.9% D'autres personnes sur le chemin de l’établissement 33 4.1%

Par sms ou sur internet 25 3.1%

Total 2297 100%

La différence avec la répartition de référence est très significative. Chi2 = 808.57, ddl = 8, 1-p = >99.99%. Les cases grisées en gras (italique) sont celles pour lesquelles l'effectif réel est nettement supérieur (inférieur) à l'effectif théorique.

2.2 Violences psychologiques

Les violences psychologiques sont de différents types. Elles sont à effets destructifs. En effet, elles ont des impacts sur la personnalité de la victime et peuvent engendrer des dégâts psychiques irréversibles. Elles sont de gravités différentes en variant de la simple moquerie, à la mise à l’écart et à l’humiliation pour arriver jusqu’au racisme. Chaque type de ces violences est en soi une expérience victimaire. Dans cette section nous aborderons ces quatre types pour en dresser un état des lieux au sein des établissements secondaires marocains. Il s’agit de la mise à l’écart, de la moquerie, du racisme et de l’humiliation.

2.2.1 La mise à l’écart: la violence silencieuse

La mise à l’écart est un type de sanction entre pairs, qui pour différents motifs met des élèves à l’écart. Notre enquête révèle que cette pratique est d’ampleur dans les établissements scolaires au Maroc avec une différence très significative entre collèges et lycées. En effet, l’analyse des résultats du tableau 17 montre que 30,6% des élèves du secondaire déclarent être mis à l’écart soit 24,7% des collégiens et 35,4% des lycéens. Cela révèle que c’est une pratique qui s’opère plutôt au lycée. En France, 38,5% des collégiens en 2017 et 35,2% des lycéens en 2018 en ont été victimes. Les résultats sont presque similaires aux lycées des deux pays contre un taux plus élevé de victimation des collégiens français.

Partie II. Chapitre V : Victimations et perception du climat scolaire au Maroc

Tableau 17 : Pourcentages de la mise à l’écart

Mise à l'écart Echantillon

Non Oui Total

Collège 75,3% 24,7% 100% Lycée 64,6% 35,4% 100%

Total 69,6% 30,4% 100%

La dépendance est très significative. Chi2 = 27,84, ddl = 1, 1-p = >99,99%.

Les cases grisées en gras (italique) sont celles pour lesquelles l'effectif réel est nettement supérieur (inférieur) à l'effectif théorique.

2.2.2 La moquerie entre bonne conduite et sexe

Par ailleurs, être bon élève, assidu et de bonne conduite n’est pas toujours bénéfique et peut entraîner de la maltraitance à son égard. La moquerie est le type répandu de cette violence. La bonne conduite renvoie parfois au stéréotype du « lèche-botte » et du « bouffon » du professeur. Pour Passérieux (2008), il y a une catégorie des élèves perçus comme faisant partie d’une bande à part et refusant d’adhérer aux normes du groupe de pairs. Ils sont rejetés pour cela mais aussi parce qu’ils accordent beaucoup d’importance au travail scolaire. Ils sont le symbole de la figure du dominant, proche des structures de pouvoir dispensant du savoir reconnu comme légitime. Ce dominant surnommé « intello » ou « bouffon » est plus sujet d’acte de violence dont la moquerie. Pour Passérieux (2008), « son sérieux et ses envies de travailler sont interprétés par le reste

de la classe comme du mépris et de la distance à l'égard de la communauté juvénile. « L’intello » est accusé collectivement de devenir un « bouffon ». Face au groupe et à ses comportements déviants par rapport à la norme scolaire, « l’intello » prend le parti de l'école. » (p. 93). Cette violence peut causer des dégâts psychologiques

chez la victime. Celle-ci peut parfois jouer le jeu et accepter d’enfreindre ces règles pour plaire aux groupe de pairs dans la quête d’une intégration.

Au Maroc, ce type de violence touche 34,6% des élèves tel que le montre l’analyse des résultats du tableau 18. La différence entre les collèges et les lycées est très significative. Les lycéens en souffrent plus avec un taux de 39,5% contre 28,7% pour les collégiens. En France, cette pratique touche 24,7% des collégiens en 2017 contre 22,4% des lycéens en 2018. Ainsi, nous pouvons constater qu’au Maroc les lycéens sont plus victimes que les collégiens. Tandis qu’en France, les collégiens en sont plus victimes.

Tableau 18 : Pourcentages de moquerie pour bonne conduite

Moquerie pour bonne conduite Echantillon

Non Oui Total

Collège 71,3% 28,7% 100% Lycée 60,5% 39,5% 100%

Total 65,4% 34,6% 100%

La dépendance est très significative. Chi2 = 26,41, ddl = 1, 1-p = >99,99%.

Les cases grisées en gras (italique) sont celles pour lesquelles l'effectif réel est nettement supérieur (inférieur) à l'effectif théorique.

Par ailleurs, la moquerie sur la base du sexe est un comportement qui reflète la socialisation sexuée dans la société marocaine. Elle décrit une culture de ségrégation sexuée. Cette culture accompagnant les élèves au sein des établissements scolaires les amenant à une séparation entre filles et garçons. Dans la cours de récréation un ou une élève peut être victime de moquerie s’il ou elle joue avec un pair du sexe opposé. Les acteurs de cette violence sont des deux sexes. Cependant, nous avons pu constater que les filles sont plus confrontées à ce type de violence avec 12,1% d’entre elles victimes contre seulement 4,9% des garçons. Cela peut être interprété par le statut inférieur attribué par la société marocaine aux femmes, société qui demeure à dominante patriarcale.

2.2.3 Racisme et xénophobie régionale

Le racisme constitue un type de violence fondé sur l'idée de la supériorité de certains hommes sur d'autres basée sur des critères précis conduisant à la ségrégation et la discrimination raciale. Les définitions en sont multiples et ne font pas l’unanimité. Toutefois, la définition de Memmi (1982) est la plus récurrente dans la littérature scientifique. Pour lui, « le racisme est la dévalorisation profitable d'une différence" ou,

plus techniquement, "le racisme est la valorisation, généralisée et définitive, de différences réelles ou imaginaires, au profit de l'accusateur et au détriment de sa victime, afin de légitimer une agression » (cité par Eckmann et al., 2009, p. 21). De manière

générale, 14,9% des élèves marocains déclarent en être victimes avec une différence très significative entre collèges et lycées tel montré dans le tableau 19. En France, ces résultats ne sont pas disponibles. La sensibilité de cette question serait probablement à l’origine de la non publication de ces données qui sont pourtant collectées par les différentes enquêtes de victimation.

Partie II. Chapitre V : Victimations et perception du climat scolaire au Maroc

Tableau 19 : Pourcentages de racisme

Racisme Echantillon

Non Oui Total

Collège 81,7% 18,3% 100% Lycée 88,0% 12,0% 100%

Total 85,1% 14,9% 100%

La dépendance est très significative. Chi2 = 15,97, ddl = 1, 1-p = 99,99%.

Les cases grisées en gras (italique) sont celles pour lesquelles l'effectif réel est nettement supérieur (inférieur) à l'effectif théorique.

Le racisme prend différentes formes. Cette étude est concernée par deux notamment la couleur de peau et l’appartenance à une région. Le racisme sur la base de l’appartenance régionale est une pratique assez répandue dans le monde. Cela peut parfois se traduire en actes violents. Les élèves issus de différentes régions ont recours à ce type de violence