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VI – SOCIETE RURALE : NECESSITE DES DEFINITIONS

Une relation dialectique

VI – SOCIETE RURALE : NECESSITE DES DEFINITIONS

La société rurale est une société traditionnelle fondée sur la ressemblance qui existe entre les individus et sur la force des sentiments communs à tous. C'est une société de taille réduite, à faible division du travail. Le lien social repose sur une forte conscience collective selon trois niveaux:

1. Sang : Famille;

2. sol : Voisinage, Village;

3. Spirituel : religion.

La société rurale est connue par son historicité, ses rythmes d’évolution ainsi que les changements affectant ses modes organisationnels. Elle est reconnaissable à sa stabilité, à sa lenteur dans le changement, son haut degré de connexité, un contrôle social fort et une fermeture devant l’étranger même si l’hospitalité est considérée comme valeur cardinale.

Ainsi Robert Redfield (1955) construit un modèle des sociétés rurales : il qualifie les réseaux d’interconnaissance comme denses, les membres sont en communication étroite

les uns avec les autres. La mobilité géographique est nulle ou suffisamment réduite évitant ainsi le bouleversement des relations internes et limitant l’accroissement des influences externes. Quant aux valeurs, elles sont universellement partagées et le sentiment d’appartenance est fort.

La société rurale tire sa définition, de la comparaison avec les autres sociétés substitutives ou dualistes, telles que la société urbaine industrielle et poste industrielle. Louis Wirth (1990) dans sa description de la société urbaine oppose presque point par point dans une dialectique des différences complémentaires, la société traditionnelle rurale. A la différence du village, il atteste que « la ville est caractérisée par des contacts secondaires plutôt que primaires. Les citadins s’y rencontrent dans des rôles segmentaires. Ils dépendent de plus de personnes que les ruraux pour assurer leurs besoins vitaux, mais sont moins dépendants des personnes particulières et leurs dépendance vis-à-vis des autres est limitée à son aspect très parcellisé du système d’activité d’autrui » (Louis Wirth, 1990).

Les relations sociales s’appuient sur des droits et des obligations liées à la parenté, au voisinage, à l’entretien des édifices communautaires et à la conduite des manifestations officielles du groupe. Elles sont d’une remarquable stabilité, puisque les villageois se voient tous les jours et ne font que très rarement l’expérience de modifications de leur mode de vie, susceptible de rompre les liens mutuels qui les unissent (Hannerez. U, 1983).

En général, on peut aligner la société traditionnelle rurale à quelques points tel que :

- Confusion famille/entreprise dans un système économique agencé selon la logique de l’autosuffisance (Mendras. H, 1984). Cette organisation peut être assise sur un espace /substrat continu ou discontinu, avec des niveaux sociaux d’utilisation différenciée, des règles et des conventions collectives d’utilisation des ressources naturelles disponibles : Eau, terre, parcours et foret ;

- La société forme une collectivité d’interconnaissance. Le tissu social est dense et forme un mode si anomique « si tout le monde ne connait pas tout le monde, tout le monde sait quelque chose sur tout le monde » (Flish. B, 2004). Ce qui constitue la raison principale de la différence de mode de vie entre la ville et le village ;

Les modes idéologiques définis par l’échelle des valeurs, le contrôle social et les modes de socialisations régissent tous les actes et assurent à la société rurale son existence.

VII.1 - L'ECHELLE DES VALEURS

C'est la hiérarchie établie entre les principes moraux (Larousse, 1997). Les valeurs constituent l'idéal propre à une société donnée ou à un groupe d'individus (Biscay. M, 2005.) C'est la manière d'être ou d'agir qu'une collectivité reconnaît comme idéale et à laquelle il est souhaitable que chacun se conforme en s'en inspirant dans la production des actes et des pensées. Les sociétés connaissent une pluralité des valeurs. Le système de valeur est lié aux normes et, ces dernières sont indispensables au bon fonctionnement de la société." Le système de valeur doit être congruent sous la forme pratique avec l'organisation et le fonctionnement de la vie sociale et économique" (Mendras. H, 1984).

La cohérence entre les normes et le système de valeur n'est pas toujours appliquée d'où la nécessité d'un contrôle social.

Fondées sur les valeurs, les normes sont des règles de conduite plus ou moins institutionnalisées. Elles doivent être conformes avec les coutumes et traditions de la société. Celles qui s'en divergent sont sanctionnées par le contrôle social. La norme assure la cohésion sociale, c'est l'expression du pouvoir (le pouvoir politique impose des normes juridiques). Les normes évoluent dans le temps et leur évolution constitue le moteur principal du changement à travers lequel une société rurale tend à s'approcher des traits culturels d'une société urbaine.

VII.2 – LE CONTROLE SOCIAL / REGULATION SOCIALE

Lecontrôle social est l'ensemble des moyens et des ressources par lesquelles une société parvient à faire respecter ces normes. L'ensemble des processus permettant un fonctionnement correct de la société en réduisant les conflits est appelé régulation sociale.

Le contrôle social s'exprime par deux types de régulation

• S'il y a imposition de règles obligatoires aux individus en dehors de leur volonté.

Il s'agira de régulation externe;

• S'il y a intériorisation des normes par les membres de la société en réussissant à s'imposer eux même le maintien d'un minimum de conformité dans leur conduite il s'agira alors de régulation interne.

La société rurale assigne aux membres des positions et des rôles auxquels ils doivent se conformer. En effet contrairement à la société post industrielle ‘ moderne ’, où l’individu est appelé à remplir différents rôles et de produire sa position dans l’échelle sociale ; la société traditionnelle rurale comme il a été démontré par Chombart de Law. P-H (1975), reproduit les aspirations en tant que moyen à la fois résultat du maintient de l’immuabilité de la structure des statuts socio professionnels et occupationnels. Dans la société urbaine, le contrôle social est plutôt formel exercé par les institutions spécialisées (police, justice), dans la société rurale, c'est le control de tous par tous qui domine. Le contrôle social est beaucoup plus un contrôle informel qui s'exerce directement entre les membres de la société. Le groupe tout entier décide des sanctions à appliquer : réprobation, regard des autres.

VII.3 – LES MODES DE SOCIALISATION

La socialisation est l'apprentissage des comportements, des valeurs et des normes sociales; c'est l'apprentissage de la vie en société. C'est l'acquisition des "manières de faire" et de "penser" des groupes et à la société où l'individu est appelé à vivre. Par le processus de socialisation l'on acquiert des valeurs, des normes et des rôles. Le rôle est le comportement que quelqu'un doit suivre en fonction de la position, du statut qu'il occupe dans la société. Ces normes et ces valeurs inculquées aux membres de la société forgent les traits fondamentaux de la personnalité et de là l'identité culturelle du groupe. " C'est ainsi que le temps, l'espace, la distance, le rythme et la couleur sont culturellement définis " (Herskovits. M-J, 1962).

Dans la société rurale, la socialisation se fait selon le Modèle "Holiste"1 où l'homme est considéré comme un être passif et est façonné par la société, cette dernière par sa primauté sur l'individu, lui impose des valeurs, des normes, des rôles et exerce sur lui des

1 - Le holisme ou déterminisme social est un modèle de socialisation dont l'auteur représentatif est Emile Durkheim (1858-1917) qui s'oppose à la théorie sociologique et psychologique de Max Weber (1864-1920) L'Individualisme

contraintes ce qui permet d'instaurer une société conformiste respectant les normes et dont les individus agissent conformément aux rôles qui leur ont été attribués.

VII – STRUCTURATION DE LA FAMILLE PAYSANNE : UNE