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1.1- Bases méthodologiques de la typologie

Etat de l'art et positionnement épistémologique

I – REFLEXIONS SUR LE CADRE METHODOLOGIQUE

I. 1.1- Bases méthodologiques de la typologie

La typologie comme base méthodologique permettant la lecture de l’espace bâti dans la cité

connu par le mouvement de l'architecture urbaine représenté par l'école de Venise et certains urbanistes français qui mettent en évidence les structures de la forme urbaine comme composante essentielle de la culture et comme méthode du projet d'aménagement urbain.

- Carlo Aymonino, à l'occasion de ses séminaires donnés à l'IUAV démontre le rapport dialectique des édifices à l'ensemble urbain en attestant que " le concept de type formulé à la période classique est dépassé pour fonder le couple typologie des édifices/morphologie urbaine" (Graci. G, 1983).

- Muratori en engageant le retour d'une réflexion sur la forme de la ville, considère que le type ne pourrait pas se caractériser en dehors de son application concrète: le tissu constructif. Les bâtiments, eux, ne sont que des éléments d'un "tout" qui n'est autre que le tissu urbain. C'est la "typolgia edilizia" qui englobe les bâtiments et les murs, rues, jardins…afin de les classer par rapport à la forme urbaine d'une période historique classée, une analyse typologique qui tente d'éviter de tomber dans la classification

purement abstraite et refuse de se cantonner dans une contemplation purement esthétique (Giancarlo. C, 2002);

- Gianfranco Caniggia s'intéresse à l'étude historique de la genèse et des caractères morphologiques des habitations. Dans la conclusion du premier volume de son cours de composition architectonique et de typologie des bâtiments, où il expose sa "vision du monde", considère l'organisation interne de l'environnement construit comme l'effet de son processus de formation. La structuration du territoire a lieu par adjonction successives d'éléments nouveaux et par occupation graduelle d'espaces supplémentaires. Quant à sa définition du type, il s'aligna à l'école Muratorienne et l'entend comme "

l'ensemble des conventions et des normes qui sont acquises au cours de l'expérience constructive… C'est de l'information opératoire enracinée dans une tradition expérimentale".

- Aldo Rossi s'intéresse au mode opératoire du projet en réduisant le type a des invariants formels déracinés de leur origine sociale et historique, un élément de composition irréductible "Quelque chose de permanent et de complexe un énoncé logique qui précède la forme et la continue" (Scaletsky. C-C, 2003).

- Christian Devillers s'attache a justifié, à préciser et à positionner une définition théorique du type architectural donné comme hypothèse de travail dans la perspective d'une pratique du projet tout en essayant d'une certaine manière de lui identifier une capture du social "Le problème de la production et de la transformation des types doit toujours être envisagée du double point de vue de leur valeur sociale actuelle et de leur potentialité […]Cette capacité d'adaptation des types qui leur permet d'évoluer constamment, nous permet également aujourd'hui d'en récupérer des éléments potentiels dans un projet architectural" (Devillers. C, 1974). Le type est donc pointé comme le support du travail du projet, c'est ce que Givalio Carlo Argan considère comme

"moment du type" dans le processus de conception. D'autre par il, attribue à la notion de type la même définition que celle émise par De Quincy. C (1832) à

savoir que "le type n'est pas seulement une catégorie de l'analyse élaborée à posteriori par l'historien mais d'abord un élément structurant la production de l'espace bâti". De là il affirme que la typologie peut ne plus reposer sur des critères arbitraires définis par les seuls besoins du classement, mais sur l'analyse d'une structure historique réelle.

- Les urbanistes français, l'équipe de Pannerai, Castex, Dépaule, Demorgan et Veyrenche (1980) définissaient les types à partir de caractères physiques en écartant dans un premier temps, pour mieux les cerner, les relations avec l'histoire et la pratique. Ils proposaient en référence aux travaux de Carlo Aymonino, de mettre en œuvre l'analyse typologique à plusieurs parties de bâtiments à des fragments de tissus. Ils appréhendaient donc l'analyse typologique à partir d'un ensemble d'objets très variés au sein même d'une ville, puis font ressortir pour chaque famille le type, afin de comprendre les lois de variation à l'intérieur de chaque type ainsi que les lois de passage d'un type à l'autre pour enfin établir une correspondance entre tel type défini par les critères morphologiques et telle fonction ou telle catégorie d'habitants. Le type est alors définit comme étant "Un objet abstrait construit par l'analyse, qui reproduit les propriétés essentielles d'une catégorie d'objets réels et permet d'en rendre compte avec économie".

Cependant, force est de constater que cette notion de typologie a fait l'objet de vifs débats et de controverses sur son utilisation, sa place dans l'histoire de l'architecture ou dans l'activité du projet (Haumont. B, 1991).

• La typologie comme base méthodologique permettant

- L'étude des propriétés géométriques des plans pour relever les éléments qui les composent et les articulent (Durand.J-L, David. J-C, Glassie, 1975; Steadman, 1991). Cette portion de l'analyse typologique est qualifiée d'analytique et a constitué les prémisses d'une typologie générative entendu par Pannerai Ph et al (1980) comme " une typologie explicite qui ne serait pas seulement l'analyse d'une

production passée, mais le moyen d'une projetation actuelle, où le type n'est plus déduit après coup de l'analyse, ni proposé à priori pour une reproduction en série, à l'identique, mais élaboré pour engendré une famille". Une typologie qui ne prend plus en compte les conditions locales de l'architecture et la diversité des cultures, mais opère par composition d'unités plus vastes: "les unités signifiantes ";

- La définition anthropologique utilisée dans le classement des maisons en genre et en type (Giordani et Ravi, 1977; Le Coedic. D et Trochet. J-R, 1985).

- La définition constructive dans le classement ethnique des types primaires (Shwab, 1918 et Gurber, 1926);

- l'étude de la distribution des espaces (Golvin. L; Revault .J).Cette section d'analyse typologique se base sur la description de la qualité spatiale. Elle définit les caractéristiques de l'objet architectural d'un point de vue esthétique par la description sans s'approfondir dans la compréhension des origines et de la signification des éléments composants. Elle fait ressortir le type comme terme culturel et stylistique;

- L'étude de l'étroite relation entre la nature, l'économie et la sociologie dans la reconnaissance du mode de vie produit, autrement dit celle qui vise à formuler une théorie du type comme nœud d'articulation du social sur l'architectural. (Weiss, 1978; Raymond. H, 1984 et Doepper, 1990). En effet, si Christian Devillers (1974) tente d'identifier une capture du social dans la pratique du projet, Henri Raymond (1984) tente d'identifier, selon Dieu donné (1985), l'inverse c'est-à-dire une saisie de l'architecture par le social. Il considère qu'un travail se limitant au relevé d'éléments matériels de l'habitat resterait insuffisant et vain, si l'on ne lui adjoint pas la substance même de la parole sociale qui seule permet d'assigner une signification. Il définit d'ailleurs un type très proche du type architectural qu'il nomme plutôt type culturel, présenté comme "l'ensemble des éléments spatiaux correspondant à des modèles sociaux ou culturels caractéristiques de tout ou partie d'une société donnée, définis par les habitants eux-mêmes".

En réinterrogeant cette panoplie de recherches architecturales se référant à la notion de type et à la notion de typologie, différents auteurs (Bradel.V, Vigatto. J-C et Dieudonné.

P, 1985) adhèrent à la thèse de Carlo Aymonino en attestant que les points de vue développés par ces recherches typologiques diffèrent sensiblement. En effet si les méthodes d'analyse de Devillers, Panerai et l'école italienne se présentent comme des mises au point de la dualité typologie architecturale/ morphologie urbaine, celle des sociologues architectes et anthropologues tel Raymond., Croise, Pinon et Frey s'inscrit tant dans le domaine de l'histoire architecturale et urbaine que dans celui de la sociologie de l'habitat. De même, si Pannerai et Devillers considèrent que l'analyse typologique pointe avant tout une compréhension structurelle du corpus qu'elle investit, le bâti en l'occurrence, n'étant objet d'analyse qu'au travers de l'étude plus globale du processus de production de l'espace qui l'a engendré; Devillers et Raymond visent à formuler une théorie du type comme nœud d'articulation du social sur l'architectural.