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I - L'HABITAT RURAL APPROCHE DES DEFINITIONS

Une relation dialectique

I - L'HABITAT RURAL APPROCHE DES DEFINITIONS

Relevant de la géographie humaine et traitant des facteurs de la création agraire, Lebau. R (1972) le définit comme « le mode de répartition des maisons paysannes à l’intérieur d’un finage donné, compris comme le territoire sur lequel un groupe rural, une communauté de paysans s’est installée, pour le défricher et le cultiver sur le quel il exerce ses droits agraires. »

Les caractéristiques de l’habitation rurale sont issues du milieu sur lequel elles sont édifiées, c’est ce qui est connu sous le nom de « ruralité » ou « paysannerie ».

L’habitation rurale est en forte relation avec les paramètres de l’existence humaine à la fois :

Culturels : sédentarité ou nomadisme selon les conditions géographiques et climatiques ;

Sociologiques : triple appartenance communautaire/familiale/individuelle ; Economiques : espace agropastoral/condition juridico sociales d’utilisation du sol et de production

L’habitation rurale est connue pour sa double fonction

Unité résidentielle, siège d’un groupe familial et foyer autour duquel s’organise la vie domestique ;

Unité productive : L’habitation est au même temps le siège de l’exploitation agricole en général, mais peut être aussi pastorale et parfois même artisanale (tissage poterie).

D’ailleurs Ibn Khaldoun dans son étude des deux types socio spatiaux ‘’Badawa ‘’ et

‘’Umran ‘’ définit les ruraux « comme ceux qui subsistent par l’agriculture et l’élevage, qui sont appelés par la nécessité impérieuse de mener la vie bédouine » et ceux qui par opposition aux citadins qui s’adonnent à leur habitudes de luxe « s’attèlent à rechercher l’indispensable ». Quant à l’habitation rurale, il l’inséra dans une gamme allant des

« tentes en poile de chèvre et de chameaux à des cabanes de bois d’arbres faites d’argile et de pierres dénuées de tout aménagement » (Ibn Khaldoun, trad de Slane,1956).

Les anthropologues définissent l’habitat rural compte tenu de sa dimension écologique comme le groupement des établissements humains primitifs dans un finage donné. Ils

appréhendent le phénomène de l’habiter de façon absolue en confondant toutes époques et contrées et par de là les stades de civilisation, tel que l’étude d’Amos Rapoport (1972) où il met en exergue la relation « des facteurs déterminants » sociaux –culturels avec la forme de la maison.

Les ethnologues assimilent les différents types d’habitat comme autant d’alluvions laissées par les peuples se succédant sur un sol ; telle que l’étude d’Albert Dausat (1932) : les maisons gauloises, les maisons latines, les maisons alpestres, les maisons basques, les maisons normandes, les maisons flamandes et les maisons de l’Est.

Les sociologues, le considèrent comme l’élément principal qui permet de décrypter le système social de la communauté qui y vit, il est ainsi vu comme le support des relations socio domestiques et de leur évolution telle que l’étude de Georges Calvet (1970) dans laquelle, il s’est concentré sur les modes de vie et les rapports sociaux et domestiques qui transparaissaient dans le bâti.

Les historiens ont appréhendé l’habitat rural, selon une approche à la fois diachronique et technologique (telle que l’étude d’Adolphe Riff et de l’abbé Jacques Choux, 1960) alors que les économistes, ils le considèrent comme représentatif de l’investissement et par conséquent des structures économiques d’accumulation, l’exemple de l’étude de Pierre Chaunu, 1971)

Les architectes associent l’habitat rural à l’habitat vernaculaire. C’est l’expression, le consensus des habitants sur un style porteur d’une identité à laquelle une société donnée adhère au même temps qu’aux valeurs sociales qui lui sont sous-jacentes. Hassan Fathy (1970) atteste que les formes architecturales et les détails architectoniques étaient jusqu'à l’abolition des frontières culturelles au XIX è siècle, le fruit merveilleux de l’heureuse alliance de l’imagination du peuple et les exigences du paysage. Alain Viaro (1984) considère l’architecture rurale indissociable de l’architecture traditionnelle, où apparaît l’évidence de l’adéquation entre production du bâti et identité culturelle. Jacques Fréal (1977), définit l’architecture de la maison rurale comme celle d’un outil conçu en vue de l’exploitation du sol, utilisé par les individus, sinon propriétaires, au moins utilisateurs dont, le souci de subsistance va de pair avec une préoccupation d’économie excluant le superflu.

Dans sa recherche à s’adapter aux configurations foncières, topographiques et environnementales ou à gérer, de la meilleur façon, les ressources locales telle que la disponibilité d’eau de source, l’habitat rural se réparti selon différents modes :

1. L’habitat rural groupé : qui a prit naissance afin de répondre soit aux besoins de défense en pays de compagne, soit pour une mise en commun des forces contre l’hostilité naturelle. En effet, l’eau rare ou profonde amène le groupement des maisons autour des sources pour favoriser un type de culture, telle que la culture de la vigne, qui ne peut pousser à la dispersion de l’habitat sur les parcelles. La propriété doit être morcelée entre divers coteaux pour mieux lutter contre le gel ;

2. L’habitat rural a dispersion intermédiaire : Les maisons s’étalent le long des rues.

L’espace qui les sépare les unes des autres est plus ou moins important ;

3. L’habitat rural dispersé ou dilaté : dont l’origine se trouve dans les activités agricoles. Une agriculture tournée vers l’élevage a tendance à placer la ferme au milieu des près pour une meilleure surveillance du bétail. Certaines maisons sont dissimilées au milieu de grandes parcelles servant de pâture.

Plusieurs formes de distribution de l’habitation dans l’espace rural sont alors observées : - Linéaire : c’est le type de village rue. La voirie peut y être constituée d’une voirie

unique bordée de maisons. Cette forme d’habitat s’est souvent formée le long d’une sente de défrichement, comme elle peut avoir répondu aussi à d’autres besoins telle que l’organisation communautaire pour certains travaux agricoles ;

- Semis ; - Ramassé.

Comme on distingue une variété dans sa constitution :

- Les zones rurales en cours de transition : généralement situées à proximité des grandes villes, bénéficient de l’attractivité et l’encadrement des grands centres régionaux, et sont caractérisées par une mobilité rurale et une diversification économique ;

- Les zones rurales de niveau moyen : moins attractives du fait de leur éloignement des centres régionaux, elles sont caractérisées par une faiblesse dans leur économie, leur mobilité sociale ainsi que dans leur développement humain;

- Les compagnes rurales enclavées et en retard : caractérisées par une pauvreté économique, par une carence au niveau des infrastructures de base et en équipement ne présentant aucune attractivité et mobilité;

Ces trois zones peuvent être regroupées soit dans des douars, soit dans des centres ruraux telles que :

- Agglomération au bord de route ;

- Agglomération aux nœuds de circulation ; - Agglomération autours d’anciens souks;

L’habitat rural est la manière de regroupement de l’ensemble des maisons paysannes à l’intérieur d’un territoire, c’est un habitat vernaculaire qui a pris naissance des valeurs culturelles, sociales et économiques en s’adoptant au relief et aux conditions écologiques du site. Il fait partie d’une organisation sociale plus large d’où il tire sa spécificité.

II – CONCEPTIONS RURALES : FORMATION, HISTORIQUE ET MODELES